Nino Migliori (1926) photographe italien, né Antonio Migliori à Bologne. Très jeune, il s’intéresse à la photographie et trouve le moyen de poursuivre avec Veronesi Grignani et Munari, la recherche des avant-gardes, celle de Man Ray et Moholy-Nagy. Son intérêt pour l’expérimentation l’amène à porter son attention sur le didactique.


Depuis la fin des années 1940, son parcours artistique est un des plus intéressants de la culture photographique italienne et européenne. Sa carrière commence dans les rues de sa ville natale de Bologne, il y photographie, les architectures, les habitants et le milieu artistique. Entre les jeux des enfants dans les rues pavées, le ballet des hommes en rut autour des femmes à poitrines pigeonnantes, les scènes pittoresques chez le coiffeur ou à la trattoria, il s'impose comme un cadreur impeccable, rapide et un grand humaniste.

Ce qui le fascine, ce sont surtout les murs, sur lesquels se déposent la vie et l’histoire d’une cité vive et palpitante, pendant plus de 30 ans, il consacre une série photographique aux murs, une recherche formelle, esthétique et sociologique.

Il ne s’intéresse très peu au marché de l’édition et à la photographie documentaire qui à l’époque sont en vogue. Il préfère fréquenter les artistes, les intellectuels de sa génération, et la veine expérimentale prend le dessus, qui caractérise toute sa production dans les années suivantes.

C’est avant tout deux passions qui l’animent, la photographie et les expérimentations, comme la « Off Camera », il utilise un matériel et des techniques inédites, le bleaching, le cliché verre, les manipulations sur Polaroid, le collage, les montages, les images arrêtées sur vidéo, les abrasions, les brûlures.

Rare sont les photographes qui savent comme Migliori développer une œuvre aussi bien humaniste que surréaliste, il produit un nombre considérable de photos abstraites qui témoignent de son goût surprenant pour l'expérimentation. Images obtenues à partir de procédés tous plus inventifs les uns que les autres. Pour réaliser ses « hydrogrammes », qui imitent les drippings de Pollock, il laisse tomber quelques gouttes d'eau entre deux plaques de verre et réalise des tirages directs. Pour ses « cellogrammes », qui jouent des effets changeants de lumière et de transparence comme ceux émis par les kaléidoscopes, ce sont des petits triangles de cellophane qu'il glisse entre les plaques. Dans Ses « pyrogrammes », c'est la chimie même de la couche sensible qu'il attaque. Quant aux « sténopéogrammes », qui ressemblent à une flambée de vermicelles incandescents, ce sont des images bougées prises avec une camera obscura à plusieurs trous.

Virtuose et versatile, producteur frénétique de formes et d'écritures lumineuses qui se répondent et se contredisent, Nino Migliori l'alchimiste questionne inlassablement la matière et les processus argentiques et s'impose comme un phénomène insolent et singulier de l'histoire de la photographie.

Il échappe à toute classification, il est défini comme un architecte de la vision, pour le photographe l’appareil n’est pas seulement  un instrument objectivation du réel, mais il est aussi une parfaite opportunité pour l’invention et la mutation. Mieux que les autres, il sait utiliser l’électricité de la photographie qui assume les contenus et les valeurs liés à l’art, à l’expérimentation et au jeu.

Le plongeur, Rimini, Italie, 1951


Dans cette image du plongeur à Rimini, il conjugue un esprit néoréaliste avec le désir de produire une image créative et abstraite. Ce cliché se révèle à la fois singulier et significatif de sa simplicité articulée, les équilibres de la gravité mènent à l'abstraction, et le jeu des deux garçons au bord de la mer devient pure composition constructiviste, une image liée à la situation, dans laquelle émerge toutefois un rapport entre hasard et inconscient.