Dennis Stock (1928-2010) photographe américain, né à New York. À l'âge de seize ans, il quitte la maison et s’enrôle dans la marine des États-Unis. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, il étudie à la New School, se tourne vers la photographie et suit les cours de Berenice Abbott.
En 1947 il apprend la photographie aux côtés de Gjon Mili, puis devient son assistant.
En 1951, il remporte le premier prix des jeunes photographes, d'un concours organisé par le magazine Life, grâce à un reportage sur l'arrivée d'un bateau de réfugiés venu d'Europe.
Suite à cette récompense, il est repéré par Robert Capa qui devine chez lui une capacité à saisir le monde des stars, il devient membre associé de l'agence Magnum Photos, et membre à part entière en 1954. S'installe à Hollywood à l'instigation de Capa, pour y travailler en tant que photographe de plateau, il débute sur les longs métrages, de Oklahoma et Arrêt d'Autobus.
A l’hiver 1954-1955, lors d’une soirée chez Nicholas Ray, il rencontre James Dean qui vient de terminer, A l’est d’Eden. Après la disparition tragique de l'acteur, avec lequel il entretenait une amitié, il quitte la Californie pour se consacrer à sa passion pour la musique.
De 1957 à 1960, il se plonge intensivement dans le monde du jazz, il photographie, Louis Armstrong, Billie Holiday, Miles Davis, Gene Krupa, Sidney Bechet, Bill Crow, Duke Ellington, Ella Fitzgerald qui tous sont immortalisés dans son ouvrage « Jazz Street » publié en 1960.
En 1962, il se retire à la campagne, influencé par Ernst Haas, se tourne vers la photographie couleur de nature et paysage.
En 1968 , il quitte l’agence Magnum pour créer Visual Objectifs, société de production cinématographique qui lui permet de réaliser plusieurs documentaires.
A la fin des années 1960, il s'intéresse à la communauté hippie de Californie, parcourant les festivals de musique, il est fasciné par ces marginaux, apprend à connaître, les représentant à travers ses images comme des êtres libres et respectables, en quête de spiritualité.
Dans les années 1970, il s’installe à Woodstock. Dans les années 1990, il retourne à ses origines urbaines et se met à explorer l'architecture moderne des grandes villes. Il disparait en Floride à 81 ans.
Connu pour ses photographies de l'acteur James Dean, celles sur le jazz et des hippies, il est un biographe visuel. Son style n’est pas de prendre des photographies au hasard, avec une incroyable patience, il attend toujours le bon moment, compose, construit et travail habilement ses prise de vues, leurs donne de la profondeur, crée des ambiances, doué, techniquement virtuose, sa photographie est à l’image d’un style raffiné du personnage à la fois dans les rapports aux êtres, une technique limpide et structurée.
« Au rythme effréné où vont nos vies, l’image arrêtée est devenue une impérieuse nécessité. » Dennis Stock
Dennis Stock et James Dean se rencontrent à l’hiver 1954-1955 lors d’une soirée chez Nicholas Ray, au moment ou l’acteur vient de terminer « A l’est d’Eden ». Cinq jours plus tard l’acteur l'invite chez lui pour une projection privée du film, Dennis impressionné par la performance de James, lui demande la possibilité de le photographier, c’est alors qu’un grand chapitre de la vie de Stock s’ouvre.
« En 1955, j’ai eu envie de faire un série de photos de James Dean car j’avais été très impressionné par son jeu et je trouvais important de retranscrire l’énergie du personnage. » Dennis Stock
Ses photos du futur acteur légendaire deviennent célèbres dans le monde entier comme celle, ou James marche transi, le col relevé sous la pluie à Times Square en 1955. Suite à une commande du Life Magazine, les deux partent une semaine à Fairmount dans l’état de l'Indiana, dans la ferme familiale de James Dean, à l’endroit ou il a passé sa jeunesse, il enchaine les clichés, au milieu des vaches, avec son chien ou au coté des cochons. « J’ai proposé à Dean, allons chez toi dans ta famille », tout comme Marlon Brando qui est originaire du Middle West, les deux acteurs ne viennent pas des grandes villes, ils les ont rejoints uniquement pour les studios cinématographiques. Ces photographies sont les toutes dernières, quelques jours plus tard James trouve la mort dans un accident d’automobile. Cette séance, est un adieu à la ferme de ses origines, que James ne reverra jamais. Fairmount l’a marqué et New York transformé en demi-dieu. Sans s’en rendre compte, Stock devient le témoin en illustrant la vie de quelqu’un qui allait être une star, une icône et un mythe, d'un garçon rebelle, tourmenté et fragile.
« Je ne suis pas un photojournaliste et n’ai jamais voulu en être un, je suis un essayiste photographe. Je ne colle jamais aux nouvelles du jour, je trouve mes propres histoire sur la base de ce qui m’illumine, de ce qui m’aide à grandir, de ce qui me donne une compréhension spirituelle, l’intention est à l’opposé de la majeure partie du photojournalisme. » Dennis Stock
Lorsqu'il l'intègre Magnum photos, au sein de l'agence, il est le photographe dans le Hollywood des florissantes années 1950, évoquant l'esprit de l'Amérique à travers ses portraits de stars, Audrey Hepburn, Marilyn Monroe, John Wayne, Marlon Brando, Orson Welles, Grace Kelly, Frank Sinatra, Dean Martin, Katherine Hepburn, Charlton Heston et surtout James Dean font tous partie de sa galerie.
« Ceux que je choisis de photographier, sont toujours des gens qui ont décidé de vivre autrement pour mieux analyser l’existence conventionnelle que nous menons au quotidien. Et c’est la fascination de les voir continuer à vivre comme ils l’entendent qui éveille sans cesse le désir de sortir mon appareil. » Dennis Stock
Il est l'un des grands photographes américains à s'illustrer dans la photo de jazz, à l’égal de ses deux compatriotes, Herman Leonard et William Claxton. Très en avance sur son époque, il n’hésite pas à recadrer de très près, installe de temps à autre des effets de flou, et se permet de saisir les musiciens dans leurs environnements avec tout un jeu sur les formes. Ses photographies indiquent le degré d’intimité qu'il peut avoir avec ses sujets, les photographiant à la sortie d’un bus, dans une loge, ou encore chez eux.
« J'ai eu le privilège de voir la majeure partie de ma vie à travers l'objectif de mes appareils photos, ce qui a illuminé mon parcours. » Dennis Stock