Dennis Stock (1928-2010) photographe américain, né à New York. À l'âge de 17, il a quitté la maison pour rejoindre la marine des États-Unis. En 1947 il apprend la photographie aux côtés de Gjon Mili devenant son assistant au LIFE magazine. Il remportera le concours du premier prix des jeunes photographes. Repéré très vite par Robert Capa qui devine chez le jeune photographe une capacité à saisir le monde des stars, il sera alors le photographe dans le Hollywood des florissantes années 1950. Il entre à l'agence Magnum en 1951 en évoquant l'esprit de l'Amérique à travers ses portraits iconiques des stars hollywoodiennes. Devant son objectif, de grandes stars américaines : Audrey Hepburn, Marilyn Monroe, John Wayne, Marlon Brando, Orson Welles, Grace Kelly, Frank Sinatra, Dean Martin, Katherine Hepburn, Charlton Heston et surtout James Dean.

Après la mort de James Dean, dont il était un ami proche, le photographe quitte la Californie pour se consacrer à sa passion de la musique. De 1957 à 1960 Stock photographie les portraits de musiciens de jazz, il photographie alors les plus grands noms du jazz : Louis Armstrong, Billie Holiday, Miles Davis, Gene Krupa, Sidney Bechet, Bill Crow, Duke Ellington, Ella Fitzgerald qui seront immortalisés dans son recueil de photographies « Jazz Street » paru en 1960.

    • En 1968 Stock quitte l’agence Magnum pour créer Visual Objectifs, une société de production cinématographique en tournant plusieurs documentaires. A la fin des années 1960, il s'intéresse à la communauté hippie de Californie, parcourant les festivals de musique, fascinés par ces " marginaux" qu'il apprend à connaître. Le photographe les présentait comme des êtres libres et respectables, en quête de spiritualité.

    • Puis, dans les années 1970, après avoir réalisé plusieurs films, le photographe, installé à Woodstock, passe à la couleur et publie de nombreux ouvrages consacrés autant aux paysages naturels qu'urbains. Il soulignera avec ces derniers clichés la beauté de la nature et du paysage à travers les détails. Dans les années 1990, il retourne à ses origines urbaines à explorer l'architecture moderne des grandes villes. Il décède en Floride à 81 ans.

    • Dennis Stock et James Dean : Ils se rencontrent à l’hiver 1954-1955 lors d’une soirée chez Nicholas Ray, au moment ou l’acteur venait de terminer « A l’est d’Eden ». Cinq jours plus tard l’acteur invitera chez lui le photographe pour une projection privée du film. Stock impressionné par la performance de James, lui demandera la possibilité de le photographier, c’est alors qu’un grand chapitre de la vie de Stock va s’ouvrir.

      • Ses photos du futur acteur légendaire deviendront célèbres dans le monde entier. On connaît du photographe forcément une image, inoubliable, celle de James Dean marchant transi, le col relevé sous la pluie à Times Square en 1955.

      • « en 1955, j’ai eu envie de faire un série de photos de James Dean car j’avais été très impressionné par son jeu et je trouvais important de retranscrire l’énergie du personnage » Dennis Stock

      • Les deux jeunes gens étaient amis, Stock réalisera aussi un reportage pour le magazine LIFE en Indiana, dans la ferme familiale de James Dean, le photographe va réaliser un reportage en Indiana, à l’endroit ou la star à vécu sa jeunesse. Cette série de photographies seront les dernières, devenant un testament, quelques jours plus tard James Dean devait trouver la mort dans un accident d’automobile.

      • Stock racontera « J’ai proposé à Dean : allons chez toi dans ta famille », voulant retrouver les origines de James Dean. Tout comme Marlon Brando qui venait du Middle West, ces deux acteurs ne venaient pas des grandes villes, ils les avaient rejoints uniquement pour les studios cinématographiques. James et Dennis vont partir une semaine dans cette petite bourgade de Fairmount dans l’Indiana en improvisant totalement ensemble des poses ou l’acteur exprimera ce qu’il ressentait, en accord avec la conception des prises que Stock réalisera.

      • Les Photos réalisées par Stock ont contribué à la création d’un mythe et immortalisé à tout jamais le garçon rebelle, tourmenté et fragile qu’était James Dean. Stock à su traduire l’exil intérieur de James, au milieu des vaches, avec un chien ou au coté des cochons, une affinité que l'acteur avait avec les animaux comme une métaphore de sa solitude.

      • Cette séance photographique, sera un adieu à la ferme de ses origines, que James ne reverra jamais. Fairmount l’aura marqué et New York transformé en demi-dieu. Dennis sans s’en rendre compte, deviendra alors un biographe visuel en illustrant la vie de quelqu’un qui allait être une star, une icône et un mythe.

    • Stock n’est pas un photographe qui prend des photos au hasard, lorsqu’il sort son appareil, il attend le bon moment, compose, construit et travail habilement sa prise, donne de la profondeur, crée une ambiance, définition inédite de son style par excellence. Doué, techniquement virtuose, Dennis Stock sera l’un des plus grands photographes de portraits de célébrités, au sein de l’agence Magnum. Sa photographie est à l’image d’un style raffiné du personnage à la fois dans les rapports aux êtres, dans la maitrise technique, toujours limpide et structurée. Ses photos ont une qualité rarement présente ailleurs.

    • « Ceux que je choisis de photographier, sont toujours des gens qui ont décidé de vivre autrement pour mieux analyser l’existence conventionnelle que nous menons au quotidien. Et c’est la fascination de les voir continuer à vivre comme ils l’entendent qui éveille sans cesse le désir de sortir mon appareil » Dennis Stock

    • Dennis Stock sera connu pour ses photographies de l'acteur James Dean et ses nombreux reportages sur le jazz. Il deviendra un biographe visuel en illustrant le monde du Jazz, écrivant au fil de sa carrière des chroniques sur cette musique venant de la rue. Il est l’un des plus grands photographes américains à s’être illustrés dans la photo « de jazz », à l’égal de deux grandes figures de la photographie que sont Herman Leonard et William Claxton. Très en avance sur son époque, Dennis Stock n’hésitait pas à recadrer de très près, donnant parfois des effets de flou, et se permettait de saisir les musiciens dans leurs environnements avec tout un jeu sur les formes. Ses photographies, stupéfiantes, indiquent le degré d’intimité que Stock était parvenu à avoir avec ses sujets, il les captait à la sortie d’un bus, dans une loge, ou encore chez eux.

« J'ai eu le privilège de voir la majeure partie de ma vie à travers l'objectif de mes appareils photos, ce qui a illuminé mon parcours. » Dennis Stock

Audrey Hepburn, Sabrina, New York, 1954

Audrey Hepburn, Sabrina, New York, 1954

Portrait Study of James Dean, 1955

James Dean and Pig, on the farm of his uncle Marcus Winslow Fairmount, 1955

James Dean, Fairmount, Indiana, 1955

James Dean, Fairmount, Indiana, 1955

James Dean, Fairmount, Indiana, 1955

Au cours d'une lecture de son poète favori

James Withcomb Riley

James Dean, Times Square, New York, 1955

Le décor n’est pas dû au hasard, mais que serait cette photo sans la pluie qui oblige James à marcher légèrement courbé, la tète rentrée dans les épaules, New York, Times Square, Broadway lui sert de théâtre, un théâtre en réalité partout ou il se trouve, il ne joue pas, il vit sa vie et face au public, à l’appareil de Dennis Stock, la frontière entre rêve et réalité s’annule. Ce n’est pas un hasard s’il flâne, une cigarette Chesterfield au coin des lèvres, dans Times Square, il l’a traversé des centaines de fois.

Dans la rue trempée, la façon dont Dennis Stock utilise la flaque pour redoubler en quelque sorte la figure de son héros, James parait émergé entre les gratte-ciel de New York qui s’estompent dans les brumes et les vapeurs de l’arrière plan, alors que l’acteur de par sa constitution râblée, gagne en taille. Stock a su traduire avec un coup de génie, un géant aux épaules rentrées.

James Dean, Manhattan, 1955

Bill Crow, Times Square, New York, 1958

Trombonist Backstage, 1958

Café de Flore, Paris, 1958

Marilyn Monroe, The Misfits, 1960

Marilyn Monroe et Paula Strasberg, The Misfits, 1960

Festival rock, Venice Beach, Los Angeles, 1968

Road People, 1971