J.R Eyerman (1906-1985) photographe américain, né à Butte dans l’État du Montana, de parents tous deux photographes. Enfant il prend des milliers de photos en compagnie de son père dans le parc de Yellowstone se rendant jusqu’au glaciers. A l’âge de 15 ans, il entre à l’université de Washington pour suivre des études d’ingénieur. Effectuant du design structurel, il supervise la construction de l'autoroute de Seattle avant de s’établir à son compte en créant sa propre firme d'ingénierie. Mais très vite sa passion pour la photographie l’emporte, il se tourne vers une nouvelle carrière et commence à prendre des photos lors des audiences à la cour de justice, puis enchaîne avec des clichés sur l’architecture, le théâtre et la publicité.

    • En 1932, sa compagnie d'ingénierie devient une compagnie de photographie illustrative. Il réalise sa première photo pour le magazine LIFE en 1938, celle du tramway de Tacoma. En 1942, il rejoint l'équipe photographique du LIFE à San Francisco, et publie de nombreuses photos dont une image qui fait la « Une » de la revue, celle d'infirmiers soignant les soldats de l'infanterie américaine.

    • En 1943, il est affecté au sein de la flotte atlantique, il embarque avec un convoi pour Casablanca, et effectue avec deux appareils photos en main, un reportage photographique sur les opérations de la flotte pendant les campagnes d’Afrique du Nord et de Sicile.

    • Après un bref retour aux USA, il repart en mars 1944 dans le Pacifique auprès de l'armée, couvrant la première attaque, celle de Manille en novembre 1944, qui n'a pas encore été photographiée, en restant le seul à le faire. Il découvre par hasard le nom de code pour l’invasion du Japon « Olympic », mais il garde sa bouche close et son objectif ouvert. Il rejoint à nouveau la flotte à Honolulu en mars 1945. Ses photographies de l'installation sur l’ile de Guam font l'objet d'un reportage de 13 pages dans la revue du LIFE du 2 juillet 1945. Il est l’un des premiers photographes à atteindre Hiroshima après l’explosion de la bombe atomique.

    • Après la guerre, il travaille pour la presse new-yorkaise durant deux ans et commence grâce à ses connaissances, à mettre au point de nouvelles techniques photographiques. En 1947 il rejoint de nouveau les bureaux du LIFE, cette fois ci à Los Angeles.

    • En parallèle, il dresse de nombreux portraits les stars de cinéma sur leur lieu de tournage, tel que James Stewart, Kim Novak, Gene Kelly, Walt Disney, Humphrey Bogart et Lauren Bacall. Il photographie Marilyn Monroe de 1949 à 1954, lors de séances en studio, des photos publicitaires pour « Love Happy », des clichés spontanés de chant avec Phil Moore, des prises de vues extérieures sur les collines d'Hollywood, ainsi que sur les tournages de film comme « La Rivière sans retour ».

Eyerman est une photographe ingénieur, il fait lui même le design de ses appareils et de ses équipements. Ses innovations techniques sont nombreuses et impressionnantes qui ce sont par la suite largement répandues dans le domaine photographique.

Pour photographier les essais de la bombe atomique dans le Nevada, il perfectionne un œil mécanique électrique sur l'obturateur de neuf appareils afin de capter l'instant où le crash du souffle se produit.

Il crée par la suite un appareil fonctionnant dans l’océan à plus de 1000 mètres de profondeur, des robots capables de prendre des photos à 160 kilomètres d’altitude dans une des premières fusée américaines, ainsi qu'un film couleurs spécialement accéléré pour réaliser des photos détaillées d’aurores boréales.

J.R Eyerman sous l'eau lors d'une photographie sous-marine

Howard Hughes, Cockpit Spruce Goose, Los Angeles, 1947

3-D Movie Bwana Devil, Paramount Theater, Hollywood, 1952

Cette photo est réalisé à la demande du magazine LIFE, pour le premier long métrage de l'histoire du cinéma sorti en 3-D couleur du film « Bwana Devil » réalisé par Arch Oboler. La projection en 3 Dimensions (Natural Vision à l’époque) a lieu le 26 novembre 1952 au Théâtre Paramount en Californie à Hollywood, Eyerman prend une série de photos de l'audience portant des lunettes 3D, totalement inédites à l'époque.

Le film atteint une recette de 100.000 dollars en une semaine. De quoi réveiller l'intérêt des majors. A l'époque, Hollywood a besoin de se positionner face à la concurrence de nouveaux loisirs populaires, la télévision, les disques ou les parcs d'attractions. Le cinéma américain est à la recherche d'innovations lui permettant de renouveler son offre.Le succès inattendu de « Bwana Devil » donne le coup d'envoi d'une course effrénée qui voit s'affronter la plupart des grands studios dès le mois d'avril 1953, les studios Columbia sorte « Man In The Dark », la Warner « House of Wax » suivit par « Universal », « Paramount », « Walt Disney » et « MGM ».

Warner annonce que tous ses prochains films seront tournés en relief, et demande à Alfred Hitchcock d'adopter cette technologie pour « Le Crime était presque parfait ». Cette frénésie pousse les exploitants à s'équiper en un temps record, près de 2.000 salles peuvent diffuser des films 3D dès l'été 1953, et ce chiffre double à la fin de l'année. Mais le public ne suit pas, après avoir connu l’âge d’or et un succès de courte durée, le cinéma en relief tombe dans l'oubli, détrôné par le Cinémascope.

Essai nucléaire, Yucca Flat, Nevada, 1953

Moving Day, Los Angeles, 1953