Valérie Belin (1964) photographe française, née à Boulogne-Billancourt, tout à la fois artiste plasticienne. Après des études à l’école d’art de Versailles, puis à l’école nationale supérieure d'art de Bourges, elle obtient le diplôme national supérieur d'expression plastique en 1988.
En 1989, elle est titulaire d’un DEA en philosophie de l’art de l’université de Paris Panthéon-Sorbonne.Inspirée par différents courants artistique minimalistes et conceptuels, elle s’oriente très tôt vers la photographie, qu’elle choisit comme moyen d’expression plastique. En 1995, elle présente une première série de photographies au Printemps de Cahors.
En 2001, elle est lauréate du Prix « CCF » de la Fondation HSCB pour la photographie et la même année reçoit le prix « Altadis », elle séjourne à New York dans le cadre de la Villa Médicis hors les murs, grâce l'obtention d'une bourse d’étude attribuée par l’Association française d'action artistique, l'AFAA, du ministère des Affaires étrangères et celui de la Culture, ce séjour est déterminant pour la suite de sa carrière.
En 2008, son travail fait l’objet d'une exposition rétrospective à la « Maison européenne de la photographie » de Paris.
En 2015, elle est récompensée du prix Pictet avec sa série photographique « Disorder », qui est présentée la même année au musée d'art moderne de la Ville de Paris, et enchaine avec une exposition intitulée « Les images intranquilles », au Centre Pompidou.
En 2017, son travail est présenté en Chine dans le cadre d’une exposition itinérante intitulée « Méta-Clichés », réalisée en coproduction avec Three Shadows à Pékin, Shanghai Center of Photography (SCôP) à Shanghai et le musée national de Chengdu.
En 2019, trois expositions personnelles lui sont consacrées, « Reflection » au Victoria and Albert Museum de Londres, « Painted Ladies », aux Rencontres de la photographie d'Arles et « China Girls » au Multimedia Art Museum de Moscou.
En 2020, deux de ses photographies sont présentées lors de la grande exposition virtuelle « Noir & Blanc » au Grand Palais.
« Pendant mon enfance, l'art était un moyen d'échapper à l'ennui. J'ai intégré les Beaux-Arts sans trop me poser de question. Je n'étais pas totalement douée pour l'art. Qu'à cela ne tienne, c'était un challenge d'aller vers la difficulté. Il faut être un peu inconscient pour être artiste. Mes enseignants ont été des pierres angulaires à l'édifice de mon enseignement. Ils transmettaient une passion avec des arguments intelligibles. Mon premier professeur de photographie était très misogyne. Lorsque je suis revenue avec mes photos, il m'a dit que "ce n'était pas des photos de femme". C'était choquant mais déterminant pour la suite. » Valérie Belin
Depuis le milieu des années 1990, elle crée méthodiquement et rigoureusement, des séries photographiques aux formats évolutifs, souvent éblouissants et imposants. Son œuvre poursuit la même idée depuis le début, la même obsession, celle des corps, des apparats aux apparences, de la mutation des objets, des transformations entre la vie et la mort, entre le vivant et l'inerte.
Dans cet esprit, c’est d’abord le medium photographique lui-même qui est le sujet principal de son travail. La lumière, la matière, le corps des choses et des êtres, ainsi que leurs représentations et leurs transformations, constituent le terrain de ses investigations et l’univers de son propos artistique. Elle compose principalement des natures mortes et des portraits, des images qui évoluent avec la prise en compte des codes propres au monde et de la représentation.
Au début des années 2000, elle attaque une série de portraits de sosies avec des images dans lesquelles il est impossible à différencier l'original à celui qui lui ressemble. Cette série sur ces sosies, aborde spécifiquement le thème du simulacre, ces personnes photographiées se veulent comme celui de Michael Jackson, un chanteur, un roi de la pop, ce sont des figures protéiforme par excellence, des maîtres de la transformation et des apparences, révélant que Michael n’est, que d'une certaine manière, une copie de lui-même.
« Au début, ça m'était difficile de faire un portrait. Les objets ont été mes premiers personnages, et ils me permettaient de repeupler un univers qui était au point de non retour. Mon travail est issu du courant moderniste, qui se définit par le lien avec le médium. C'est la lumière qui fait l'objet de la photographie. Je suis intégrée dans la photo, je suis le médiateur. Le passage de l'objet à l'humain s'est fait par des chemins détournés. Je me situe toujours sur la limite entre montrer un objet et l'abstraction pure. » Valérie Belin
Elle désigne le vertige de la représentation dans lequel s’entrelacent, de façon inextricable, le vrai et le faux, l’authentique et sa reproduction, véritable mise en abyme du processus photographique et de son pouvoir de duplication à l’infini, cet ensemble, où elle aborde le grotesque, invite à réfléchir sur la vacuité et l’absence au cœur de toute image.
Face à ses images de voitures gravement endommagées, elle imagine les blessures de leurs occupants, crée un malaise qui incite à faire preuve de curiosité malsaine et à considérer des individus comme des spécimens. Elle photographie des mannequins de vitrines comme s'ils sont vivants, et inversement, son talent est de choisir des thèmes a priori banals, puis de faire naitre des doutes.
« Je pense que la photographie a quelque chose à voir avec la féminité. » Valérie Belin
Venise I, 1997
Mariée Marocaine, 2000
Femme Noire, 2001
Michael Jackson, Sosie, 2003
Modèle II, 2006
Aura, Vitrine de Mannequin, Super Models, 2015