Pierre et Gilles, pseudonyme du couple d'artistes français formé par le photographe Pierre Commoy (1950) né à La Roche-sur-Yon, et le peintre Gilles Blanchard (1953) né au Havre. Pierre et Gilles grandissent tous deux dans des familles qui, sans être austères, leurs dictent les codes de conduites qu'ils s'empressent, dès leur adolescence à transgresser.
Pierre suit des études photographiques à Genève, après son service militaire, en 1973 il s’installe à Paris et devient photographe au sein des revues, « Rock and Folk », « Depeche Mode » et « Interview ».
Gilles obtient son diplôme à l’école d’art du Havre et entame une collaboration en 1974 avec la plasticienne Annette Messager, réalisant des peintures, collages, publicités et illustrations pour différents magazines.
En 1976, ils se rencontre à Paris lors d’une fête d’inauguration d’une boutique Kenzo, à partir de se moment, ils ne se quittent plus, entament une vie commune et une collaboration, s’installent ensemble dans un appartement parisien, rue des blancs-Manteaux.
En 1977, ils réalisent leurs premières œuvres en s’inspirant du chromatisme saturé des photomatons, Pierre assure la partie technique photographique et Gilles la retouche des tirages effectué à la main. En totale rupture avec la tradition familiale du bon goût, fortement influencée par le pop art, en s’imprégnant du cinéma coréen, chinois, hollywoodien, et de toutes les images aux couleurs saturées.
En 1979, ils déménagent dans le quartier de la Bastille et effectuent leur premier voyage en Inde, qui marque un nouveau tournant dans leur travail collectif, en découvrant « Bollywood » et ses myriades de couleurs chatoyantes. Dès lors il parviennent à développer un propre style unique, un style onirique et fantasque en s'inspirant de celui du photographe américain James Bidgood.
En 1983, leur première exposition personnelle se déroule à la Galerie Texbraun de Paris. Ils collaborent avec des chanteurs comme Étienne Daho pour la pochette de son second album « La Notte, la Notte » ou Amanda Lear, travaillent avec Thierry Mugler et réalise leur premier vidéoclip pour le groupe Mikado.
En 1996, la toute jeune « Maison Européenne de la photographie » leur consacre une grande rétrospective qui est suivie par une seconde en 2007 au Jeu de Paume. Ils reçoivent le titre honorifique de « Chevaliers des Arts et des Lettres ».
Depuis leur rencontre, Pierre et Gilles ne se sont jamais séparés et n’ont jamais séparé leur œuvre, l’amour qui les unit, scelle leurs art, leurs pratiques et énergies au sein de l’entité Pierre et Gilles, à la fois un couple, un emblème, un logo et une signature. Qu’ils réalisent une publicité, une pochette de disque, une couverture de magazine, leurs œuvres sont qualifiées d’artistiques, d'un style unique et inclassable. Union d'un photographe et d'un peintre, mais jamais l’un ne prime sur l’autre. Pour chacune de leurs images, impossible de savoir si c’est de la peinture ou de la photographie. Une carrière à la renommée internationale, ils travaillent dans le milieu de la mode, tout en dressant une grande galerie d’artistes connus, de personnalités du spectacles, chanteurs, acteurs, avec des œuvres souvent qualifiées de kitsch par la presse, comme « Le Fumeur de narguilé », une des plus célèbres de leur travail.
« Tout s'est mélangé, la vie, les images, le travail, les amis, les voyages, les chansons, on est devenu inséparables. Nous sommes comme des reporters qui s'en vont dans un autre monde, nous ramenons des images de gens que nous avons rencontrés, c'est un monde imaginaire, mais parallèle au monde existant. » Pierre et Gilles
Ils sont d’authentiques réformateurs, trouvent insupportable l’idée de laisser le monde dans un état morose et enlaidie, ils s’efforcent d’embellir d’une manière démocratique sous un signe estimable de réconciliation, par des photographies retouchées à la peinture qu'ils réalisent ensemble, des œuvres qui abordent les thèmes de la culture pop, de la culture gay, de la mythologique, du féerisme, du burlesque, de l’érotisme, du nu masculin proche de l'esthétisme ou mêlés d'une iconographie religieuse dérangeante et décalée, allant jusqu’à la pornographie, touchant la religion.
« Nous avons le goût du mystique, il est très difficile de séparer art et religion, on aime idéaliser mais on parle aussi de la mort, du mystère et de l'étrangeté de la vie. Il y a autant de douceur que de violence dans nos images. » Pierre et Gilles
Ils explorent et réinventent des images populaires sans frontières, leurs regards irriguent l'imaginaire collectif au delà des limites de l'art contemporain. Leur panthéon personnel convoque stars de la variété, du rock, de la mode, de l'art, du cinéma ou du monde de la nuit, tout autant que les anonymes rencontrés au fil d'une vie, ponctué d'autoportraits. Chaque image raconte une histoire avec l'efficacité et la tendresse souvent cruelle des contes pour enfants.
« Notre inspiration vient de ce monde ou la réalité nous échappe, nous le réinventons pour qu’il nous ressemble et nous rassure. Elle vient aussi de notre enfance, des bateaux sur la mer des marins, des stars de cinéma, des chanteurs et des chansons, des fêtes foraines, des ciels étoilés, des fées, des saints et des voyous. » Pierre et Gilles
Au centre de leurs images trône le ou les personnages principaux placés dans un décors onirique conçu par eux-mêmes, mélange de réalité et d’irréel, laissant peu de place pour le réalisme, image très colorée comme suspendues dans le temps et l'espace. Leurs œuvres passent dans le même temps devant et derrière l’objectif, un secret de fabrication, créant un univers particulier. Ils construisent une profondeur de champ, donnent l’illusion de la pluie avec un simple fil nylon, détournent les objets à leurs guises. Les stars se métamorphosent en anonymes, se prêtent à des mises en scène complexes, se mélangeant dans un art plastique percutant, ou elles sont à peine reconnaissables.
Leur travail est avant tout une recherche de mise en scène très poussée, toujours percutante, ou ensuite la peinture vient se rajouter à la surface des tirages photographiques. L’encadrement et les couleurs sont les composantes majeures à leurs yeux, ils ajoutent dans un cadre rehaussé, des étoiles, des rubans, des guirlandes lumineuses, des paillettes, des fleurs.
« Lorsque nous faisons une image, le plus important, c'est l'envie que nous avons tous les deux de la faire ensemble, avoir envie de photographier quelqu'un, en parler, faire des petits dessins, construire le décor, choisir la lumière, préparer les costumes. » Pierre et Gilles
« Nos images nous ressemblent, c'est notre vie, nos rencontres, nos amitiés, nos amours et nos rêves. » Pierre et Gilles
Zuleika, 1979
Étienne Daho, 1983
Sarasvati, Ruth Gallardo, 1988
Les amoureux de Paris, 1990
Le Petit Communiste, Christophe, 1990
Jean-Paul Gaultier, 1990
La Madone au Cœur Blessé, Lio , 1991
Blonde Venus, Julie Delpy, 1992
Nina Hagen, 1993
Ice Lady, Sylvie Vartan, 1994
Madonna, 1995
Étienne Daho, Sarah, Bob et Pete, 1996
Le Petit Roumain, Drago, 1999
Vénus Marine, Laetitia Casta, 2000