František Drtikol (1883-1961) photographe tchèque né à Příbram, troisième et dernier enfant d’une famille d’épicier. Il passe son enfance dans sa ville natale et montre très tôt une attirance pour le dessin et la peinture. Il consacre son temps à dessiner et à lire des romans plutôt qu'à travailler à l'école.

  • En 1898 il est un élève médiocre, quitte le lycée de Pribram, en voulant se destiner à la peinture, son père le fait entrer en apprentissage chez le photographe local Antonin Mattas, durant trois années comme apprenti, il acquiert une solide base pratique du métier comme assistant de son maître, en s’occupant des développements, retouches, et l’impression des tirages pour les clients.

  • En 1901, il part pour Munich et s'inscrit à la l’école de photographie « Lehr-und Versuchanstalt für », très rapidement Il s'y distingue et est considéré comme le meilleur élève de sa promotion. En parallèle il découvre les grands maîtres de la peinture, Léonard de Vinci, Dürer et Rembrandt qui lui donne l’occasion de poursuivre sa formation technique et artistique. Il suit des cours de physique, de chimie, d’optique et de dessin.

  • De 1903 à 1904, à la fin de ses études, il travaille comme assistant dans plusieurs studios photographiques, chez Schumann à Karlsruhe, Albert Böse à Chur, V.E. Gran à Turnov et Josef Faix à Prague.

  • De 1904 à 1907, il effectue son service militaire dans l'armée austro-hongroise.

  • De retour en 1907, ses parents le soutiennent financièrement pour ouvrir son studio photographique à Pribram, il fait des portraits, du paysage, des nus, et effectue un reportage sur le travail des mineurs en utilisant un flash au magnésium dans les galeries souterraines.

  • En 1910, Drtikol quitte sa ville natale de Pribram pour s’installer à Prague où il ouvre un nouveau studioave Augustin Skarda, comme associé qui se charge des questions financières. Il devient le portraitiste le plus en vue de la ville et voit défiler dans son studio toutes les personnalités de la capitale ainsi que d'illustres visiteurs étrangers. Il réalise le portrait de l'écrivain français Paul Valéry et du poète et philosophe indien Rabindranath Tagore.

  • En 1914, durant la Première Guerre mondiale, il affecté à l’arrière et échappe au grand massacre. Dès 1918 il rejoint son studio de Prague Et reprend ses activités.

  • En 1920, il épouse la danseuse Ervina Kupferova, le couple donne naissance en 1921 d’une fille Ervina.

  • En 1924, Drtikol commence à s'intéresser aux philosophies orientales, et plus particulièrement au bouddhisme.

  • En 1925, aux côtés d’autres artistes tchèques, Drtikol participe à l’exposition Art Déco à Paris, où il reçoit le Grand Prix. Suite à ce succès, en 1929, il publie un grand portfolio de nus dans une édition de collecteurs.

  • En 1935, il arrête définitivement la photographie, cède son studio et se consacre essentiellement à la peinture, à la méditation, à l'enseignement du bouddhisme et à la traduction de textes religieux indiens et tibétains.

  • De 1945 à 1946, il enseigne la photographie à « L’École d’État des Arts graphiques » de Prague.


De renommée internationale, il est connu pour ses photographies de nus et ses portraits influencés par le futurisme et le cubisme tchécoslovaque. Dans son travail il de préoccupe davantage de l’espace qu’il fractionne en formes géométriques de taille humaine, exploite les qualités architecturales, de la lumière jusqu’ a construire une dramaturgie quasi expressionniste, il réduit ses nus à des torses ou à des membres.

À ses débuts, Drtikol développe une œuvre tout à fait pictorialiste avec des paysages proches de ceux des photographes, Léonard Misonne ou de Robert Demachy et des nus, avec ou sans décor peints par lui-même, très nettement symbolistes. Il maitrise l'ensemble des procédés qui font symbolise ce mouvement pictorialiste, impression aux encres grasses, tirage au charbon, et fait breveter son procédé de photolithographie.

Pour Dritkol, les nus sont une obsession et sa passion, ses premiers nus s’inscrivent typiquement pictorialistes, flou, mousseline, drapé, gestes de ballerines de l’art nouveau. Dès 1925, sous l’influence des figurines de l’art déco, dans ses compostions, il allonge les jambes, les poses se figent, il utilise une lampe à arc afin accentuer les effets, donnant des ombres extrêmement nettes et dures, images mélangeant des fonds géométrique et des femmes stylisées au cils charbonneux.

Il est le premier photographe tchèque à produire des nus, dès les années 1907-1910. Rapidement son œuvre évolue et au début des années 1920, il abandonne les décors peints au profit de décors en bois constitués de motifs géométriques simples, cubes, cylindres, panneaux rectangulaires, ou de formes plus douces, arrondies, comme dans « La Vague », une de ses plus célèbres photos. Sa rencontre, puis son mariage, avec la danseuse Ervina Kupferova renforce son intérêt pour la danse et l'expression du mouvement dans sa photographie, en plaçant ses modèles dans des décors soulignant la tension des corps arrêtés entre deux phases de mouvement. Parallèlement, il poursuit une carrière de portraitiste avec un succès croissant.

Il arrive à la conclusion que les proportions du corps féminin ne lui conviennent pas tout à fait. C’est à l’époque de son évolution spirituelle ou il passe du temps à méditer. Pendant cette période, il créé l’ensemble clé de ses photographies, « Le monde de l’âme » qui donne énormément d’espace à l’imaginaire, où il invente et élabore son propre idéal du corps féminin. Il dessine sur des petits morceaux de bois fin un corps plus long et fin qu’en réalité, ensuite il le met en compositions sophistiquées en utilisant des jeux de lumière et d’ombre.

Proches de la photographie abstraite, il est l’auteur de l’ensemble, sa production photographique adopte un style tout a fait nouveau, celui de « la photographie imaginative. »

À partir de 1930, il cesse de photographier des modèles vivants pour se consacrer à la photo de compositions à base d'éléments de décor et de figurines aux formes étirées, parfois purement abstraites, en 1935, il quitte le domaine photographique pour se consacrer essentiellement à la peinture qui le hante depuis son jeune âge.

Dance, 1929