Raoul Hausmann (1886-1971) photographe autrichien, né à Vienne, écrivain et plasticien dadaïste, issu d’une famille dont le père Victor, peintre de tradition académique lui donne dès son plus jeune âge une formation artistique. En 1900, la famille s’installe à Berlin où il réalise ses premiers essais artistiques à l’âge de 14 ans.

  • En 1908, il se marie avec la violoniste berlinoise Elfriede Schaeffer et suit une formation jusqu’en 1911 dans les « Studios-ateliers de peinture et art plastiques » à Berlin,dans le quartier de Charlottenburg.

  • En 1912 à Berlin il découvre la grande Exposition Futuriste ainsi que le premier salon expressionniste, le « Salon Sturm », Raoul Hausmann prend conscience que l’esthétique conventionnelle ne peut traduire les émotions liées au monde moderne de ce début de siècle.

  • En 1914, au début de la première guerre mondiale, il fait la connaissance d’Hannah Höch, artiste et photographe, avec laquelle il a une liaison passionnelle et particulièrement fertile sur le plan créatif, avec elle, il développe des techniques de collages.

  • Connaissant déjà Johannes Baader depuis 1905, il rencontre Hans Richter et Emmy Hennings.

  • En 1916, dès la naissance du mouvement Dada à Zurich, il collabore aux revues « Die Aktion » et « Die Freie Strasse », autour de l’écrivain et poète Hugo Ball, réunissant Marcel Janco, Tristan Tzara, Jean Arp, et rejoints par Richard Huelsenbeck, Hans Richter, Sophie Taeuber et Emmy Hennings.

  • En 1917, Huelsenbeck quitte Zurich et introduit Dada à Berlin, et fonde le « Club Dada » en 1918 avec Raoul Hausmann, Johannes Baader, Franz Jung, George Grosz, Hannah Höch et les frères Herzfelde. C’est l’époque d’une collaboration intense et complice entre Hausmann et Baader et de la création de la revue « Der Dada », dont il dirige les trois numéros entre 1918 et 1920. Il publie « Material der Malerei », « Plastik » et « Architektur ».

  • Il devient l’un des plus ardents parmi les militants dadaïstes, au sein du « Club Dada », on le surnomme le « Dadasophe » , il est un brillant théoricien, un redoutable polémiste, et un créateur fertile en développant l’art du collage, des assemblages, des photomontages, des photogrammes et des poèmes phonétiques.

  • En 1920, à Berlin lors de la première Foire Internationale Dada, au coté de Hannah Höch, il expose ses photomontages et ses collages.

  • En 1921, il publie dans la revue « De Stijl », son manifeste « Présentiste et Dada ist mehr als Dada » (Dada est plus que Dada), marquant la fin de l’aventure Dada de Berlin, cet épisode berlinois, d’une courte durée, révèle d'une manière indélébile l’histoire de l’art du 20ème siècle par la création et la diffusion de nouveaux procédés et concepts artistiques, mais pour lui, l’aventure post dadaïste continue.

  • En 1922, il divorce Elfriede Schaeffer, se sépare d’Hannah Höch et en 1923, épouse Hedwig Manckiewitz. Il commence à s’intéresser aux possibilités offertes par les nouvelles technologies optiques. Au fil du temps, il s’éloigne de son complice berlinois, Johannes Baader et se rapproche d’Hans Richter, Viking Eggeling et László Moholy Nagy, travaillant ensemble sur l’image photographique et cinématographique. En parallèle, il contribue par ses articles à de nombreuses revues et rédige des conférences pour la radio.

  • En 1927 Il débute la photographie et rencontre en 1928, Vera Broïdo, fille de révolutionnaires russes et écrivain, avec qui il vit, en compagnie de sa femme, jusqu’en 1934. Leur vie se partage entre Berlin, Kampen, sur l’île de Sylt en mer du Nord, et un petit village de pêcheurs sur la mer Baltique, Jershöft, où il réalise de nombreuses photos.

  • En 1931, il postule pour un poste d’enseignant au Bauhaus qui lui est refusé. Il participe à l’exposition « Fotomontage » organisée par César Domela à Berlin et s’engage pleinement dans l’art photographique qu’il récusait pourtant, dix ans auparavant, dans son manifeste « Nous ne sommes pas des photographes ».

  • En 1933, déclaré « artiste dégénéré » par les nazis, il est contraint de quitter l’Allemagne et fuit Berlin pour l’Espagne, en compagnie d’Hedwig Manckiewitz et de Vera Broïdo. Pendant six années, il voyage en Europe, séjourne consécutivement à Ibiza, Paris, Zurich, Prague où il effectue des essais de photographie infrarouge, puis retourne de nouveau Paris où il se lie à de nombreux artistes de l’entre-deux-guerres. Ses années sont riche en créativité, essentiellement photographique, et sont suivies de publications et d’expositions.

  • En 1939 à Paris, l’approche de la guerre, suite aux origines juives de sa femme et à l’insécurité liée de son statut d’immigré, précipite son départ à l’automne en zone libre, refuge qu’il trouve dans le Limousin, il s’installe en compagnie de sa femme à Peyrat-le-Château ou il enseigne des leçons d’allemand, d’anglais et d’espagnol, il rencontre Marthe Prévot avec laquelle il partage une vie du couple jusqu’à la fin de sa vie.

  • En 1944, il déménage à Limoges, suite à d’importantes difficultés financières et matérielles, et se concentre sur son travail.

  • En 1946, totalement isolé, il renoue avec ses amis d’avant-guerre et entretient une correspondance avec Laszlo Moholy-Nagy et Kurt Schwitters, ces derniers disparaissant respectivement en 1946 et 1948, annulant tout espoir de réaliser les projets qu’ils ont ébauchés ensemble. Il retourne à l’expérimentation et débute une activité artistique foisonnante dans les domaines de la photographie, de la peinture, du collage et de l’écriture.

  • En 1954, il participe au mouvement de la « Subjektive Fotografie » animée par Otto Steinert.

  • Puis sans jamais cesser de dessiner, il se rapproche de la peinture par des œuvres sur papier, exécutées à l’aquarelle et à la gouache.

  • En 1959, il revient à la peinture à l’huile qu’il a abandonnée en 1915, en réaction à l’influence expressionniste.

  • En 1964, il cesse définitivement son travail à l’huile, en laissant plus d’une centaine de toiles et continue jusqu’en 1968 uniquement de peindre à la gouache et d'effectuer des collages, en jouant avec les couleurs des éléments déchirés pour atteindre la sensation qu’ils procurent au toucher, il devient avec cet apport le créateur et l’inventeur du « collage-tactile ».

  • En 1967, à Stockholm est organisée sa première grande rétrospective.

  • Entre 1957 et 1970, il rédige onze ouvrages mêlant toutes les facettes de son art, des poèmes illustrés de bois gravés jusqu’à un ouvrage sur la mélanographie, transformation photographique d’objets, ainsi que des travaux de réflexion du mouvement Dada et le monde moderne.


Raoul Hausmann est considéré comme le pionnier du collage, un des inventeurs du photomontage et un des initiateurs de la poésie sonore. Avec l’expérience Dada, il remet en cause les cloisonnements artistiques et la frontière entre l'art et la vie. Mais il est aussi un photographe hors norme, il réalise et développe une œuvre unique qui mêle esthétique de l’intime et documentaire.

Un jour il est photo-monteur, l’autre peintre, le troisième pamphlétaire, le quatrième dessinateur de mode, le cinquième éditeur et poète, le sixième optophonéticien et le septième il se repose avec Hannah, sa première femme.

Il est l’un des artiste les plus polyvalents et originaux de son époque, à la fois peintre, typographe, inventeur du photomontage dadaïste, créateur de mode et danseur, photographe et littérateur, anarchiste et utopiste. Il est le cerveau et l’âme de Dada, influence toute l’avant garde artistique, et est un électriseur intellectuel de toute une génération.

Il pense que les dispositifs collagistes déroutent, ainsi que l’invention de nouveaux langages peuvent infléchir les consciences et repousser le nationalisme.

« Pourquoi ne peignons-nous plus des œuvres comme celles de Botticelli, Michelangelo, Leonardo ou Titien, parce que nos esprits ont complètement changé. » Raoul Hausmann

À partir de 1927, il est un photographe prolifique, la pratique de la photographie est pour lui nouvelle, mais elle est immédiatement absorbante, devient la clé de voûte d’une pensée globale foisonnante qui culmine pendant une décennie, au cours de laquelle son travail est intense, il développe une méthode profondément singulière du médium, à la fois documentaire et lyrique, indissociable d’une manière de vivre et de penser.

Au même titre que la danse, la photographie lui permet de mettre ce précepte en images, des images simples en décalage complet avec les modes de son époque, lui qui a horreur des grandes villes, il déserte l’insupportable Berlin, pour des robinsonnades sur les bords de la mer du Nord, part avec ses femmes et maîtresses du moment comme Vera Broïdo, et y réalise ses premières photos de nus. Alors que se déploie la « nouvelle vision » avec l’arrivée des appareils légers portables, permettant des vues en plongées, en contre-plongées, en diagonales spectaculaires, c’est pour lui le moyen d’exalter une construction métallique, il capte la modernité sans aucun effet, des sujets ordinaires, des mauvaises herbes, des dunes, l’écume mousseuse du rivage, des nus qui se fondent dans la matière.

« Édifie toi-même les limites de ton univers. » Raoul Hausmann

ABCD, Portrait de l'Artiste, 1924

Regard dans le miroir, 1930

Enfants de la Frise, c.1930

Pied dans le sable, c.1930

Petite Fleur en Herbe, 1932

Photomontage