Boris Lipnitzki (1887-1971) photographe français, né à Oster en Ukraine. Il fuit sa terre natale lors de la révolution russe pour Constantinople, contre l’avis de ses parents qui veulent qu’il soit musicien, il commence à gagner sa vie grâce à une photographie pratiquée en amateur.

    • En 1921, il s'installe à Paris et ouvre un studio photographique rue du Faubourg St-Honoré, très rapidement il se lie au couturier Paul Poiret qui lui présente sa clientèle, il lui demande de le mettre en relation avec ses riches clientes dont il effectue leurs portraits, cette rencontre lui permet de mettre son premier pied à l’étrier, la clientèle du couturier devenant la sienne, un défi perpétuel devant son objectif, vêtues ou dévêtues, toutes les femmes, épouses, maîtresses des bourgeois aisés de l’époque.

    • Dès 1924, il publie ses premiers clichés de mode dans les revues « Femina » et « Excelsior » des modèles de Heim, Schiaparelli et Chanel. Il réalise en parallèle de nombreux portraits de personnalités et des reportages dans les milieux mondains. Il fréquente la colonie russe qui séjourne et passe à Paris, visite les ateliers d'artistes et photographie les mises en scène de ballet, de théâtre, ainsi que les auteurs et interprètes tel-que Michel Fokine, Igor Stravinsky, Serguei Prokofiev.

    • Durant la seconde guerre mondiale, il fuit la France occupée, séjourne à Trinidad et est accueilli par Marc Chagall à New York. Après la guerre, il retourne à Paris ou il ouvre un nouveau studio, « Le Studio Lipnitzky », reprenant son activité et développant une véritable agence avec une spécialité consistant à photographier les spectacles pour la presse, qu'il couvre jusqu'à la fin des années 60, celle de l'actualité parisienne du monde du théâtre, du ballet et de l'opéra.

    • Son neveu Bernard, qui est son assistant, rachète et archive son œuvre photographique, sa production photographique ainsi que celle de son Studio est considérable, contenant plus d'un million de négatifs et 600.000 épreuves

    • En 1970, elles sont acquises par l'Agence Roger-Viollet.


Son talent lui vaut rapidement une renommée, dans le monde de la mode, du spectacle et des arts. Il brosse les portraits des plus grands, Maurice Ravel, Joséphine Baker, Jean Cocteau, Pablo Picasso, Louis Jouvet, Giraudoux, Anouilh, Michel Simon, Colette, Brigitte Bardot et Serge Gainsbourg. Il évoque la mode parisienne et réalise des milliers de portraits. Chasseur de visages, il sait capter, captiver et capturer, ses portraits saisissants de lumière qu’il dresse deviennent familiers de ceux qui font les arts de son siècle, des années folles aux années 1960.

De son vaste studio de la rue du Colisée à Paris, une véritable entreprise familiale part à l'assaut du tout Paris de la culture, terrain que le Studio Harcourt vient par la suite occuper. Sa production, nombreuse, va en partie souffrir d'une inondation du théâtre de l'Athénée, c'est en effet là que son ami Louis Jouvet l'aide à cacher ses plaques durant l'Occupation.

Ses photographies témoignent d’un art simple, direct, sans complication dans les attitudes des modèles, ni sophistication des angles de prise de vue, mais il sait toujours parvenir à révéler puissamment les personnages qu’il représente grâce à un jeu très subtil d’émotions entrelacées entre eux et lui. Comme ses images avec les fins sourires de Henri Matisse ou du réalisateur danois Carl Theodor Dreyer.

Il ne déclenche jamais qu’après avoir contrôlé les places de ses sujets et suggérer leurs attitudes sans, pour autant, sombrer dans une théâtralité maniérée, piège et gouffre mortels de tant de photographes.

Joséphine Baker, Atelier Paul Colin, Paris, mai 1926