André Kertész (1894-1985) né Andor Kertész, photographe de nationalité américaine d'origine hongroise. Il est originaire d’une famille bourgeoise juive de Budapest. Il rêve très tôt de devenir photographe. Avant de devenir un maître de la photographie, c'est dans la finance qu'il débute sa carrière, après des études à l'académie de commerce de Budapest. A partir de 1912, il commence à immortaliser les visages et paysages qu'il croise. En 1913, il achète son premier appareil photo : un ICA.

  • Enrôlé dans l'armée austro-hongroise durant la Première Guerre mondiale, il capture des images du conflit, mais la plupart de ses travaux seront détruits pendant la révolution hongroise de 1918.

  • Après la guerre il arrive à Paris et s’installe à Montparnasse ou il fréquente les milieux littéraires et artistiques d’avant-garde et commence à photographier ses amis hongrois, les ateliers d’artistes, les scènes de rue, les cafés, les jardins de Paris. C'est là qu'il change son prénom pour « André », équivalent français de « Andor ». Il y rencontre des personnalités telles que Man Ray ou Brassaï son compatriote Hongrois, à qui il enseigne son savoir, ou encore Marc Chagall, Colette, Brancusi, Mondrian et autres artistes dont il se plaît à faire le portrait.

  • De 1925 à 1935 il vend des tirages pour vivre et travaille avec divers magazines. Dès 1927, il réalise ses premières expositions et collabore à la revue « Bifur ». Bien qu’il soit proche des surréalistes et des Dada, il n’appartient à aucun mouvement. André Kertész sera le Pionnier dans son domaine notamment pour avoir été l'un des premiers à utiliser l'appareil portatif Leica 35 mm. En 1932, il expose un ensemble important de ses photographies dans la galerie new-yorkaise de Julien Levy.

  • En 1933, il rencontre sa femme Elizabeth Sali avec qui il part pour New York en 1936 pour réaliser un travail pour Keystone. Du fait de la Seconde Guerre mondiale, il reste à New York, et collabore de 1937 à 1949 avec divers journaux. Comme il refuse d’adapter son style, ses reportages, incompris, ne sont pas publiés.

  • L'avant-garde le séduit, et il n'a de cesse de multiplier les angles de prises de vues, d'accentuer les contrastes et de mobiliser des techniques expérimentales. Il expose et travaille également pour plusieurs magazines comme Vu ou Vogue. En 1933, il révolutionne le nu et il réalise la célèbre série des Distorsions en offrant une vision novatrice de la photographie avec des reflets de nus dans un miroir déformant. Puis il quitte la France pour New York, et continue de travailler pour le presse. En 1944, il est naturalisé américain.

  • Son style particulier est parfois incompris, et lorsqu'il tombe malade en 1963, il cesse définitivement d'exercer son art dans un cadre professionnel.

Le travail d'André Kertész a une influence déterminante sur la reconnaissance de la photographie comme discipline artistique à part entière. Dans les années 1920, il est le seul avec Man Ray à choisir la photographie comme médium exclusif d'expression artistique. Il fait de la photographie non pas le reflet du réel, son enregistrement, mais au contraire la matrice de formes nouvelles. Avant-gardiste et talentueux, il laisse son empreinte sur le monde de la photographie.

« L'appareil photo est mon outil. Grâce à lui, je justifie tout ce qui m'entoure. » André Kertész

Dans son œuvre, il impose un sens de la douceur de la vie, un plaisir libre, enfantin dans la beauté du monde et la préciosité de la vue. Il décrit avec profondeur les moments les plus anodins de la vie. Sa photographie se distingue par des compositions et utilise des angles de prises vues innovantes et insolites, gros plan, plongée, des contrastes forts et par la grande originalité de ses diverses expérimentations. Il photographie tout ce qui l’entoure avec humour et finesse. Il est amoureux de l’image et de la composition, n’hésitant jamais pas à recadrer ses photos et ne se lasse pas de faire des prises de vue en hauteur par rapport à son sujet, il écrase ainsi les perspectives et donne une vision inhabituelle à des scènes anodines du quotidien. Il réalise des photos dites humanistes mais aussi des natures mortes, des images proches de la peinture. « Chez Mondrian », « la fourchette », « Pipes et Lunettes chez Mondrian ». A Paris, en donnant la pleine mesure de son talent.

« J’interprète ce que je ressens à un moment donné. Pas ce que je vois mais ce que je ressens. » André Kertész

La Danseuse Burlesque, Paris, 1926


Magda Förster danseuse burlesque joue les contorsionnistes dans l'atelier du sculpteur Istvan Bëothy.

Lecture sur les toits, Quartier Latin, Paris, 1926

Orages sur Paris, 1927

Meudon, 1928

Cette image est une scène comme irréelle, la locomotive tel un jouet traverse un viaduc dans la banlieue parisienne, ce train venant de la droite passe à pleine allure, crachant sa fumée noire, tandis qu’au premier plan un homme en manteau sombre, coiffé d’un chapeau et sous les bras un objet enveloppé de papier journal, traverse la rue quasiment en sens inverse. Au fond de l’image neuf personnes poursuivent leur chemin dans des directions différentes. Rien ne semble se passer dans cette image, à part le train qui la traverse, aucun événement, mais simplement un constat. Et pourtant cette photo verticale en noir et blanc a d’une certaine façon quelque chose d’inquiétant, elle ouvre des perspectives, le viaduc parait monumental alors que la locomotive à vapeur est minuscule, à l’air d’une miniature échappée d’un jeu de train électrique. Et l’homme bien apprêté ne semble pas s’accorder à l’environnement qui parait misérable. Kertész dans la même image oppose un Paris riche à une banlieue pauvre, mais il projette aussi toutes sortes de formes, des lignes verticales, horizontales, des carrés, des courbes, des arrondis. L’image bien qu’elle soit réelle, semble devenir surréelle, comme un tableau aux trouvailles picturales de Chirico, de René Magritte ou encore ressemble à une scène d'un film de Luis Buñuel.

La Fourchette, Paris, 1928

Café Terrasse, Paris, 1928

Jardin du Luxembourg, Paris, 1928

Ombres de la tour Eiffel , 1929

Au Bon Coin, Angle rue Pot de fer et rue Tournefort, Paris, 1929

L'Horloge de la Passerelle, New York, 1947

Martinique, 1er janvier 1972

Vue de Beaubourg, Paris, 1977