Martha Cooper (1942) photographe américaine, née à Baltimore. Dès l’âge de trois ans elle réalise ses premiers clichés, entourée de son oncle et de son père cameramen qu’elle accompagne très souvent dans un club de caméra à Baltimore.

  • Elle se dirige vers un cursus artistique et obtient son diplôme d’art à 19 ans au « Grinnell College » et part en Thaïlande en tant que volontaire pour y enseigner l’anglais au sein du « Peace Corps », agence indépendante du gouvernement des États-Unis créée en 1961 par John Fitzgerald Kennedy dont la mission est de favoriser la paix et l'amitié du monde.

  • Dès son retour elle se penche sur la photographie et voyage à Bangkok et à Londres, elle découvre que l’appareil photographique est un outil indispensable. Elle obtient par la suite un diplôme d’anthropologie à Oxford et démarre une carrière d’anthropologue. Elle effectue sa première expérience avec la photographie artistique au Japon en réalisant des clichés de tatouages.

  • Dans les années 1960 elle décide de se reconvertir définitivement en tant que photographe professionnel. Elle intègre le magazine du « National Géographique », puis à partir de 1977, elle rejoint et collabore pendant trois ans avec l’équipe photographique du « New York Post » en devenant la première femme photographe du magazine. C’est à cette période qu’elle commence à s’intéresser au milieu du graffiti.

  • Faire comprendre à ses collègues du journal de ses activités extra-professionnelles n’est pas des plus simples, le graffiti étant perçu comme une activité vandale et haïssable. Elle démarre son premier grand travail personnel, celui sur la scène graffiti new-yorkaise en s’imposant et devenant une figure emblématique de la street culture. Toujours préoccupée par l’anthropologie, tout au long de sa carrière, elle effectue de nombreux déplacements qui la bouleversent, elle réalise un reportage à Belize sur les personnes et vestiges archéologiques de la culture Maya. Puis se rend en Haïti, séjour qui lui déclenche une envie de photographier les enfants de New York.

  • « En Haïti j’étais impressionnée de voir des enfants fabriquer de petites voitures et des camions à partir de boîtes de conserve, les découper et les assembler. Et quand je suis arrivée à New York, je pensais, est ce que les enfants font quelque chose comme ça dans la ville ? » Martha Cooper

  • En 1984, elle rencontre le photographe Henry Chalfant avec qui elle s’associe pour publier ce qui est la bible du street art, « Subway Art », un ouvrage qui très vite devient culte, retraçant en photographies les débuts des légendes telles que Seen, Dondi, Zephyr, Blade One, Cope et Futura, et immortalise toute une générations de jeunes artistes.

  • Aujourd’hui Martha Cooper vit à Manhattan et est spécialisée dans le reportage sur l’art & l’architecture urbains de tous les jours.

  • Son travail est exposé dans les musées et galeries du monde entier et publiées dans de nombreux magazines, le National Geographic, elle est également directrice de la photographie à City Lore.


Au départ elle débute en photographiant les enfants de son quartier, un jour l’un d’entre eux, jouant au gardien de pigeons sur les toits de New York, lui demande « pourquoi ne photographiez-vous pas les graffitis ? ». C’est à compter de ce moment qu’elle se passionne pour le fonctionnement ces signatures appelées « tags », et découvre l’essence artistique de cette pratique, aux débuts des années 80, on break sur du carton, on peint avec des bombes de peinture de fortune sur les trains de la ville, et l’on organise des jams dans des caves, Martha Cooper décide de quitter son poste de photographe archiviste au New York Post, pour se consacrer à cette jeunesse qui crée d’un rien, et anime les terrains vagues et les rues désolées des ghettos du Bronx.

« C’était une documentation personnelle. J’étais là-bas avec mon appareil photo tous les jours, je passais par ce quartier en allant au journal. » Martha Cooper

Elle défend d’une main de fer cette culture underground face à la presse new-yorkaise encore très réfractaire. Ce qui a commencé par la fascination d’une société en pleine mutation, finit par devenir un devoir de mémoire d’une culture hip-hop émergente.

« Je voulais capter l’essence de cette culture qui allait disparaître, préserver une part d’histoire. Je n’aurai jamais envisagé que trente ans plus tard, le graffiti serait toujours là et vivant ! » Martha Cooper

Intronisée dans le graffiti par le writer Dondi, qu'elle a la chance de rencontrer, de suivre dans tous ses déplacements et de photographier ses graffitis. Dondi au fur et à mesure l’intègre auprès d'autres graffeurs puis dans le cercle plus large de la culture hip-hop, dans lequel elle rencontre, Futura 2000, Lady Pink, Seen, Lee, T-kid Zephyr, légendes et précurseurs du graffiti contemporain. Elle devient la mémoire et l’œil de ce mouvement, chacune de ses photos fait l’écho de cette jeunesse et de cette nouvelle culture aux rues désolées, aux ambiances de jams, B-boys à casquette, tennis et ghetto blaster à l’épaule.

Son respect et son admiration pour les artistes lui permet d’être le témoin privilégié d’une culture émergente, ses photos ne prennent aucune ride, comme si elle venait de les réaliser à l’instant.

« Je suis toujours à la recherche de la créativité, qu’elle s’exprime à travers le graffiti, un style vestimentaire ou une manière de se coiffer, peu importe. Je m’attache aux gens qui dans leur vie de tous les jours sont des vecteurs d’art. Peut-être que c’est ça mon message. L’art se dissimule dans les détails du quotidien. » Martha Cooper

Très rapidement, elle est considérée comme la pionnière et l’une des premières photographes la plus impliquée pour la culture Hip Hop à New York, toute jeune femme à pénétrer un milieu essentiellement masculin, grâce à sa sincérité, ce monde lui ouvre les portes d’un univers secret et codé. En photographe reporter, en avance sur son temps, une passionnée de l’être humain avant tout, elle devient le maillon indispensable à l’épanouissement et la reconnaissance du « Street art » à l’échelle mondiale.

« J’aime rencontrer les artistes, les regarder travailler en temps réel et suivre leur processus de création. Le graffiti est devenu essentiel à ma vie sans que je m’en aperçoive. » Martha Cooper

Son ambition première pour ce projet n’est pas d’illustrer des actes vandales mais de dévoiler au grand jour la créativité prolifique d’une jeunesse délaissée, même si elle se considère comme journaliste, elle ne cesse de photographier, en cherchant toujours à capter l’essence de la créativité humaine, avec son appareil photo à bout de bras, elle continue de sillonner les murs et les rues des villes au contact des acteurs du street art.

« L’idée sous-jacente de mes observations était que les enfants étaient créatifs, ne faisaient rien de rien, surtout quand leurs parents ne regardaient pas. Toute la culture du hip-hop était de créer quelque chose à partir de rien. » Martha Cooper

« Et qu’en est-il de la publicité ? À New York, chaque surface est couverte de publicité. Au moins les tags sont fait à la main. » Martha Cooper

Whole Car by MIDG, South Bronx, New York, 1982