Robert Lebeck (1929-2014) photographe allemand né à Berlin, ville dans laquelle il passe son enfance.
En 1944, à l'age de quinze ans, il est mobilisé par la Wehrmacht et envoyé sur le Front Est, la peur de la mort mêlée à la volonté de survivre sont deux émotions qu'il découvre derrière une mitrailleuse face à l’approche des chars soviétiques lors de la défense du fleuve Oder, il échappe à la mort, est fait prisonnier en 1945 par l'armée américaine et assiste à la la fin du régime de l’Allemagne nazie, dés la fin de la guerre il reprend ses études.
En 1948, il obtient son baccalauréat à Donaueschingen et débute la même année des études d’ethnologie en suisse à Zurich.
En 1949, par l’intermédiaire de son oncle installé aux Etats-Unis, il poursuit ses études à la Colombia University de New York, sur place il découvre la presse illustrée, les revues Life et Look, dont la photographie et la mise en page le fascine.
En 1951, il retourne en Allemagne suite à l'engagement américain en Corée et étudie la géologie à Fribourg-en-Brisgau.
A partir de 1952, équipé d'un Retina IA qui lui est offert par sa femme, il effectue ses premiers essais photographiques. Il fait la connaissance du photographe Herbert Tobias qui l'initie à la pratique laborantine. A 23 ans, le 15 juillet 1952, il publie sa toute première photographie, celle de Konrad Adenauer, au sein du « Rhein-Neckar-Zeitung » en première page.
Jusqu'en 1955, il devient Photo-journaliste indépendant pour différents journaux Heidelberg.
Puis réalise son premier grand reportage publié dans le magazine, « Revue » dont il en devient directeur dès 1955 à Francfort.
En 1960, il rejoint « Kristall » qui lui permet la même année d'effectuer son premier reportage à l'étranger, il se rend en Afrique pendant trois mois, sa série intitulée « Afrika im Jahre Null », Afrique année zéro est couronnée d'un succès internationale. Sur place il rend compte des pouvoirs européens accordant l'indépendance à leurs anciennes colonies, à Léopoldville toute la presse mondiale se rassemble pour couvrir la célébration de l'indépendance du plus grand pays d’Afrique Noire, le Congo belge. Debout dans une voiture ouverte, le Roi Baudouin parcoure la ville quand soudain un jeune noir saisit son épée et s’enfuit la brandissant comme un trophée, il effectue une photographie de la scène, une image symbolisant tout à la fois le déclin du pouvoir blanc et celle du point de départ du chaos sanglant que le Congo va devoir traverser. Un peu plus tard il déclare au sujet de son cliché avec la simplicité qui le caractérise, « On ne devient jamais quelqu’un sans un peu de chance ».
De 1966 à 1977, il est reporter photographe pour la revue, « Stern ».
De 1977 à 1978, au coté de Klaus Harpprecht, il est rédacteur en chef au sein du magazine, « Geo ».
En 1979, il retourne rejoindre l'équipe du « Stern ».
En 1991, il obtient le prix « Erich Salomon » de la Deutsche Gesellschaft fur photographie.
En 2001, le Museum Ludwig de Cologne, lui organise une exposition de ses photographies sur le thème de l'histoire du photojournalisme.
A partir de 2001 jusqu’en 2005, il s'installe à Berlin et travaille en tant que photographe indépendant.
En 2007 il est le premier photographe à recevoir le Prix de Henri-Nannen pour l’ensemble de son travail.
En 2009, Pour son 80e anniversaire, le Musée Martin Gropius Bau de Berlin, lui consacre une grande rétrospective, commémorant ses cinquante ans de photographies, de 1955 à 2005.
Depuis les années 1950, il est l'un des plus importants photographe reporter pour la presse allemande, durant trois décennies, il est le plus en vue au sein du magazine Stern. Photographe précoce, très tôt à l'age de 23 ans, il obtient la gloire qui s’accentue au fil des reportages qu’il produit suite à des commandes.
Il s’est fixé un objectif de travail, réaliser des images justes, pour lui les clichés pris par hasard sont les plus beaux et les plus authentiques, car perpétuellement à l'affût, il a une approche spontanée. Contrairement à ses confrères, il prend le temps nécessaire pour gagner la confiance des personnes qu’il photographie. Il souhaite s'approcher aussi près que possible d’elles. Une manière de travailler sur le vif qui lui permet de gagner la confiance avec ses sujets, son appareil photo devient le miroir de la réalité, comme si le modèle ne pouvait mentir face à lui. Il est capable de capter en un instant une vie, une âme ou un moment historique. Sa qualité, c’est son œil, celui que tout grand photographe se doit d’avoir pour être un photographe humaniste qui recherche la vérité, la sincérité sans artifice.
Il aborde de nombreux sujets, mariages, football, carnavals, enfants, maires, clubs de jazz, étudiants, tout est bon pour parfaire son apprentissage. Peu à peu il se spécialise dans la photographie de célébrités, Alfred Hitchcock, Elvis Presley, Herbert von Karajan, Jayne Mansfield, l’Ayatollah Khomeiny, Salvador Dali, Klaus Kinski ou Rosario Dawson passent avec bonne volonté et complicité sous son objectif.
Même si la photographie journalistique, peut être émouvante, brutale, obscène, sentimentale, la sienne n'est rien de tout cela, sa sobriété dérange, avec ses images qui dénotent toujours le regard dissecteur d'un chirurgien, c'est le détachement intérieur face à ses sujets et aux événements qui détermine l'impact de ses photographies.
Son œuvre en noir et blanc ainsi qu'en couleur, retrace l'histoire de la deuxième moitié du XXe siècle. Sa manière de travailler sur le vif lui permet de gagner la confiance des personnalités et de dévoiler leur part d'humanité.
Dans ses reportages il n’accorde pas d’importance à la technique, mais d’avantage au sujet, cela devient son fil rouge, il utilise peu la technique et affirme avoir appris les ficelles du métier en lisant les notices d'emploi de ses appareils photographiques.
« Il faut toujours sourire et persister. » Robert Lebeck
Le Roi Baudoin en visite à Léopoldville, 1960
Jeux Olympique, Munich, 1972
Romy Schneider, Quiberon, 1981