Agence Keystone, Bert Garaï (1890-1973), immigrant hongrois, en octobre 1914 il débarque en paquebot à New-York après avoir séjourné à Berlin, Paris et Londres. En Europe, c’est la guerre depuis quatre mois, le jeune homme trouve un emploi dans une agence de presse de Manhattan, la « Press illustrations service », en s’occupe du courrier dans un premier temps, puis rédige des légendes photographiques. En 1917, lorsque les États-Unis déclare la guerre à l’Allemagne, il photographie son fils de quatre ans en uniforme de soldat américain et intitule son cliché, « La plus jeune recrue de l’oncle Sam ». Sa photographie fait la Une des journaux, partout dans le monde, Il est alors promu directeur adjoint de l’agence et créée un département de reportages d’actualité.

  • En 1917, Gert s'associe avec un homme d’affaires de Pennsylvanie, Lloyd Singley, spécialisé dans la réalisation de vues en stéréoscopie, et ensemble ils fondent la « Keystone View Company ».

  • En 1918, dès la fin de la première guerre mondial, Garaï retourne en Europe pour couvrir l’actualité en tant que reporter, basé à Londres et fonde la première filiale de l’agence « Keystone », face au succès de l’entreprise, Garaï rachète l’intégralité du capital et se retrouve seul à la tête de « Keystone View Company » qu’il renomme « Keystone-Pressilu », dans la foulée il créée un bureau à Berlin en 1923.

  • En 1927, c'est celle de Paris qui voit le jour, sous direction de son frère cadet, Alexandre Garaï. Ce dernier devient l’une des grandes figures du photojournalisme en France en recrutant les meilleurs reporters de l’époque. Partout sur la planète, les photographes des agences Keystone, restent anonymes, ne signant aucune de leurs images, le seul but des agences étant alimenter la presse.

  • En juin 1940, au moment de l’occupation, l’agence connait l’exode, prend la route dans un vieux camion transformé en laboratoire photo ambulant et s’installe à Vichy. Après le conflit, aucun événement politique, historique, social, culturel ou artistique mondial n’échappent à l’œil de Keystone, et cela jusqu’au milieu des années 1980. Aujourd’hui, la presse fait encore appel à son fonds, mais elle n’est pas la seule, des historiens, des amateurs de photojournalisme font des recherchent parmi les millions de clichés qui recèlent des trésors méconnus.

  • A la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’agence réintègre ses locaux parisiens, au 25 rue Royale dont les archives ont été miraculeusement épargnées et à la même époque l'agence parisienne devient totalement indépendante de la Maison Mère Britannique.

  • En 1984, à la mort de son frère, Alexandre Garaï, l’agence Keystone de Paris passe un court moment sous le contrôle de l’ « Agence France Presse », puis est revendue à Éric Baschet propriétaire du fonds de « L’Illustration », qui la cède par la suite à Hachette Filipacchi Médias du Groupe Lagardère.

  • Depuis 2021, son fonds iconographique est diffusé par l'agence « Gamma-Rapho » et « Getty Images ».


L’Agence Keystone est la première agence au monde à s’équiper en bélinographes, appareils permettant la transmission à distance d'images fixes, par circuit téléphonique ou par radio, faits pour l’urgence inhérente à la notion de scoop.

Elle est la plus grande agence de reportages photographiques à disposer de bureaux à travers le monde, Londres, Berlin, New York, Paris. Elle acquiert de nombreuses collections lui permettant de constituer un fonds de plus de 15 millions de photographies, sur négatifs et plaques de verre, devenant l’un des plus immenses au monde, couvrant toute les périodes, de l’antiquité à nos jours, témoignant d’histoires de tous les continents et sur tous types de sujets, les arts, les sciences, la vie quotidienne, l’industrie, les transports, les paysages, les personnalités, les célébrités, la musique, ainsi que les grands événements politiques, sportifs et culturels. Keystone constitue une mémoire visuelle du 20e siècle, un héritage unique et colossal, de la révolution russe à l’avènement du 3ème Reich, de la Première Guerre Mondiale à la signature des accords de Camp David.

Les archives de Keystone, c’est comme dérouler le roman-fleuve d’un siècle, passant d’un Londres ou Paris à la Belle Époque, de la seconde guerre mondiale à la guerre d’Algérie, des grèves ouvrières à mai 1968, de Buster Keaton à la famille Kennedy, de Françoise Sagan à Grâce de Monaco.

Liverpool Street Station, Londres, 1930