Roger Schall (1904-1995) photographe français, né à Nancy, sa famille ayant rejoint la ville lors de l’occupation allemande de l’Alsace en 1872. Son père photographe depuis 1897 se spécialise dans le portrait et la photo de groupe d’école et de casernes militaires.

  • En 1911, la famille s’installe à Paris, près des Buttes-Chaumont. En 1918, après des études d’art chez « Germain Pilon », il s’initie à la photographie auprès de son père, apprend le format 24 x 30 sur plaque de verre, effectue des tirages, des retouches et des prises de vues.

  • En 1923, il monte un groupe de jazz dont il est le batteur et fait les bals le weekend au Robinson pour arrondir ses fins de mois.

  • En 1924, il effectue son service militaire à Strasbourg au 2ème régiment de chasse comme peintre, en 1925 il est détaché au Liban et en Syrie dans l’armée de l’air française à la section photographique du 39ème régiment.

  • En 1926, de retour à Paris, il reprend son travail de photographe au coté de son père et suit des cours du soir de dessin d’art et de peinture.

  • En 1929, il abandonne la musique, vend sa batterie et passe toute ses économies dans l’achat de son premier Leica, avec lequel il mitraille Paris. Il choisit alors de faire de la photographie son métier.

  • En 1931, il monte avec son frère Raymond, un studio à Montmartre et dès 1932, ses photos sont publiées dans « Paris Magazine », des séries de vues de Paris et nus d’Assia.

  • En 1934, il est repéré par Lucien Voguel, Michel de Brunhoff et Pierre Lazareff qui lui passent régulièrement des commandes pour leurs magazines illustrés.

  • En 1935, choisi par Lucien Vogel, créateur du magazine « Vu », Roger Schall au coté de Blaise Cendrars couvre la construction du paquebot Normandie aux chantiers navals de Saint Nazaire et embarque en mai à son bord pour son voyage inaugural vers New York, en tant que photographe officiel et exclusif.

  • Il réalise pour « Vu » d’autres images comme les préparatifs des JO de Berlin, pour « Vogue », des publicité de Coco Chanel, de Colette et des séries de mode dans la rue. Puis il collabore avec le « Picture Post », le « Bystander », le « Life », « Match », « L’Illustration » et le « Figaro Illustré ».

  • Son studio se transforme en une véritable agence photographique à dimension internationale avec une équipe de plus de 15 personnes, produisant des reportages dans les plus grandes métropoles, Paris, Londres, Berlin, Bruxelles et New York.

  • Entre 1932 et 1940, il publie près de 10000 photos dans plus de 200 magazines à travers le monde, avec 150 clichés faisant la Une en couverture.

  • A la veille de la seconde Guerre Mondiale, il est l’un des photographe incontournable en Europe et l’actualité l’amène plusieurs fois en Allemagne, « Match » en septembre 1938 lui commande un reportage sur le congrès de Nuremberg et la conférence de Munich et le magazine « Life » pour un reportage sur la vie d’une famille nazie à Berlin.

  • En 1939, il est mobilisé et est affecté au service cinéma des armées pour lequel il effectue plusieurs missions d’information et de propagande française à l’étranger jusqu’en 1940, son studio de Paris cessant toute activité.

  • De retour à Paris sous l’occupation, les magazines ne sont plus publiés, tout en refusant de travailler pour la presse allemande, il réalise quelques reportages pour l’hebdomadaire « 7 jours » et des photos de mode pour « Marie Claire » ou il expédie ses bobines de films vers Lyon ou la plupart des magazines sont rediffusés.

  • Le journaliste Jean Éparvier lui suggère de photographier Paris sous l’occupation, avec un projet de réaliser un ouvrage collectif au coté d’autres photographes, afin de témoigner de cette période. Il arpente la capitale en Photo Reporter avec sa carte de journaliste professionnelle qui lui permet d’effectuer des clichés dans les rues de Paris.

  • En 1943, il se marie et son fils nait un mois avant la libération.

  • En novembre 1944, son frère Raymond Schall publie l’ouvrage « A Paris sous la botte des nazis », préfacé par le général de Gaulle, le livre devient rapidement un best-seller en se vendant à 1000 exemplaires par jour, avec 5 tirages successifs.

  • En 1947, il développe au sein de son studio, une nouvelle activité, celle de la photographie publicitaire.

  • En 1946, après avoir effectué un reportage en Algérie pour la gouvernement français, il cesse le grand reportage pour se consacrer à sa famille. Il reprend alors la photographie publicitaire qui est en plein essor, travaillant pour des marques prestigieuses, Hermès, Guerlain, Rochas, Nina Ricci, Christofle, Air France et Dunlop. En parallèle il continue la photographie de mode pour les maisons de haute couture, Lanvin et Jacques Fath entre autres. Il continue à effectuer des reportages industriels en France, sur Saint Gobain, Forges et les aciéries de la Loire.

  • En 1969, Roger Schall arrête définitivement la photographie pour se consacrer à la peinture et à la gestion de sa collection, il lègue son studio de l’avenue Junot à son fils qui poursuit l’activité photographique publicitaire.

  • Depuis sa disparition en 1995, il laisse derrière lui un fond photographique de plus de 80.000 clichés et archives qui sont gérés par sa femme et se trouvent toujours dans son studio montmartrois.

Dans les années 30, la photographie est la reine des magazines, une presse moderne s’invente autant pour séduire que d’informer. Une image parle mieux que des mots, portés par cet élan, la photo de mode, la publicité, le photojournalisme viennent de naître et Roger Schall fait partie de cette nouvelle génération de photographes qui a l’œil grand ouvert partout et sa carrière, entre 1930 et 1940, illustre parfaitement ce mouvement. Tout comme André Steiner, François Kollar, Emeric Feher, Roger Parry, Pierre Boucher et André Zuber, il est un jeune photographe qui peut de plus en plus vivre de commandes de presse et de publicité.

Roger Schall, l’homme au Rolleiflex, fait partie des photographes français qui ont profondément marqué les années 30, il révolutionne la pratique de la photographie, en étant l’un des pionniers du photoreportage. Il couvre plusieurs sujets d’actualités et s’empare notamment de la vie quotidienne à Paris, son sujet favori, qu’il photographie avant, pendant et après l’occupation allemande.

Avec l’arrivée du « Leica » et du « Rolleiflex », ces deux appareil lui permettent de satisfaire sa passion afin de réaliser sur le vif de nombreux photoreportages diffusés dans les plus grands magazines internationaux.

Paris est son terrain d’exploration privilégié, et la nuit lui donne la possibilité de saisir et de révéler avec force et sensibilité les contours si particuliers d’une ville faite de contrastes, il immortalise le décor urbain, les lumières, les Parisiens. Lors de ses déambulations nocturnes solitaires, il s’intéresse autant aux rues oubliées qu’aux lieux emblématiques, la rue Saint-Julien Le Pauvre, l’Horloge de la Gare de Lyon, les ruelles désertes aujourd’hui disparues.

Schall est le témoin du Paris qui se cache, tout ce qui reste de la conscience du peuple occupé est dans l’ombre, indiscernable. Paris sommeille mais ne dors que d’un œil.

Il faut du talent pour faire sortir du bain chimique d’un studio, pour faire sécher les clichés qui dénoncent la misère de Paris, du rationnement, qui montrent la joie de l’occupant allemand paradant au musée, coursant les prostituées de Pigalle. Schall a vu tout cela, du début jusqu'à la libération. Il a l’œil du viseur sur le cœur, se promène un sourire amer sur une époque noire, pour lui la photographie est un témoignage qui peut suffire à l’histoire.

Son œuvre est diversifiée, il aborde tous les domaines, passe du nu à l’architecture, de la mode au paysage, du portrait à la publicité.

« A Paris sous la botte des nazis » : Ouvrage collectif regroupant 14 photographes dont Roger Schall, Robert Doisneau, Pierre Jahan et Roger Parry. Les images ont été prise à l'insu de l'ennemi et au péril de la liberté, voire de la vie. Le montage définitif du livre débute en mai 1944, et paraît en première édition en novembre de la même année, cet ouvrage est aventure éditoriale et un best-seller. Conçu au cours des quatre années de guerre dans la capitale française, l'éditeur Raymond Schall n'a cessé de préparer ce travail dans l'espoir de le publier un jour afin de laisser un témoignage de ce que fut cette période douloureuse de l'Histoire.

« Il y avait tant de choses à voir, savoir, découvrir, reconnaître. » Roger Schall

Métro, Paris, 1939