Roger Schall (1904-1995) photographe français, né à Nancy, sa famille ayant rejoint la ville lors de l’occupation allemande de l’Alsace en 1872. Son père photographe depuis 1897 se spécialise dans le portrait et la photo de groupe d’école et de casernes militaires.

Dans les années 30, la photographie est la reine des magazines, une presse moderne s’invente autant pour séduire que d’informer. Une image parle mieux que des mots, portés par cet élan, la photo de mode, la publicité, le photojournalisme viennent de naître et Roger Schall fait partie de cette nouvelle génération de photographes qui a l’œil grand ouvert partout et  sa carrière, entre 1930 et 1940, illustre parfaitement ce mouvement. Tout comme André Steiner, François Kollar, Emeric Feher, Roger Parry, Pierre Boucher et André Zuber, il est un jeune photographe qui peut de plus en plus vivre de commandes de presse et de publicité.

Roger Schall, l’homme au Rolleiflex, fait partie des photographes français qui ont profondément marqué les années 30, il révolutionne la pratique de la photographie, en étant l’un des pionniers du photoreportage. Il couvre plusieurs sujets d’actualités et s’empare notamment de la vie quotidienne à Paris, son sujet favori, qu’il photographie avant, pendant et après l’occupation allemande.

Avec l’arrivée du « Leica » et du « Rolleiflex », ces deux appareil lui permettent de satisfaire sa passion afin de réaliser sur le vif de nombreux photoreportages diffusés dans les plus grands magazines internationaux.

Paris est son terrain d’exploration privilégié, et la nuit lui donne la possibilité de saisir et de révéler avec force et sensibilité les contours si particuliers d’une ville faite de contrastes, il immortalise le décor urbain, les lumières, les Parisiens. Lors de ses déambulations nocturnes solitaires, il s’intéresse autant aux rues oubliées qu’aux lieux emblématiques, la rue Saint-Julien Le Pauvre, l’Horloge de la Gare de Lyon, les ruelles désertes aujourd’hui disparues.

Schall est le témoin du Paris qui se cache, tout ce qui reste de la conscience du peuple occupé est dans l’ombre, indiscernable. Paris sommeille mais ne dors que d’un œil.

Il faut du talent pour faire sortir du bain chimique d’un studio, pour faire sécher les clichés qui dénoncent la misère de Paris, du rationnement, qui montrent la joie de l’occupant allemand paradant au musée, coursant les prostituées de Pigalle. Schall a vu tout cela, du début jusqu'à la libération. Il a l’œil du viseur sur le cœur, se promène un sourire amer sur une époque noire, pour lui la photographie est un témoignage qui peut suffire à l’histoire.

Son œuvre est diversifiée, il aborde tous les domaines, passe du nu à l’architecture, de la mode au paysage, du portrait à la publicité.

« A Paris sous la botte des nazis » : Ouvrage collectif regroupant 14 photographes dont Roger Schall, Robert Doisneau, Pierre Jahan et Roger Parry. Les images ont été prise à l'insu de l'ennemi et au péril de la liberté, voire de la vie. Le montage définitif du livre débute en mai 1944, et paraît en première édition en novembre de la même année, cet ouvrage est aventure éditoriale et un best-seller. Conçu au cours des quatre années de guerre dans la capitale française, l'éditeur Raymond Schall n'a cessé de préparer ce travail dans l'espoir de le publier un jour afin de laisser un témoignage de ce que fut cette période douloureuse de l'Histoire.

« Il y avait tant de choses à voir, savoir, découvrir, reconnaître. » Roger Schall