Ferdinando Scianna (1943) photographe italien, né à Bagheria en Sicile, issu d'une famille modeste, il s'intéresse très tôt à la photographie, à l'age de seize ans, recevant de la part de son père, un appareil photo.

Ancien étudiant en lettres et philosophie, féru de littérature, il attache un intérêt particulier au livre, support naturel et privilégié de ses photographies, qu’il aime accompagner d’un texte de l’un de ses amis écrivains. Lui-même évite toujours pudiquement d’expliquer ses images, préférant paraphraser ceux qui, avec leurs mots, l’ accompagne dans son cheminement. La photographie est, pour lui, une façon d’être dans la vie. Il inaugure un chemin de photoreportage inédit, entre la photo de mode et la photo néoréaliste, ses clichés sont magnétiques, racontent avec la même rigueur la Sicile d'avant et celle d'aujourd'hui, le monde rural andin et la banlieue new-yorkaise.

« La photographie est une profession, une façon de vivre, le filtre à travers lequel nous entrons en relation le monde et moi même, c’est essayer de se comprendre mutuellement. » Ferdinando Scianna

Il est un ethnologue, le gardien d'un instant présent et positionne l'humain au cœur de son travail, dans un un monde tel qu'il le voit, sans artifices ni filtres, c'est une émotion forte et pleine d'authenticité. Il porte un regard tendre et très incisif sur ce qui l'entoure, il observe longuement un geste, qui est, soit unique et fugitif, soit répétitif qui devient pour lui intéressant à mémoriser.

Son travail, révèle une tendresse et un amour réel pour le sexe féminin, et ce sentiment ne transparait nulle part mieux que dans ses photographies de mode. Jamais figés, ses modèles sont placés dans des situations vraisemblables, en étant toujours sensuels et désirables.

« Vous pouvez mentir avec des photos, vous pouvez même dire la vérité. L'image veut que la photographie soit un miroir du monde mais je pense que le monde est le miroir du photographe. » Ferdinando Scianna

Ses images sont à la fois lumineuses et sombres, reflétant l’ambivalence qui caractérise son rapport au territoire où il est né, mélange d’attachement vibrant et de détachement lucide.

Avec ses noirs et blancs qui marquent des contrastes forts, accentués par des jeux d’ombre et de lumière, il arrête le temps, tout est suspendus devant un mouvement, un sourire, il parvient avec ces effets à créer une sorte de nostalgie et de mélancolie, comme si ces rites viennent à disparaître.

Dans chacune de ses images, il organise la cadrage dans une géométrie instinctive, il soigne et orchestre tout les éléments, jusqu'à l’arrière plan.

« Une photographie n'est pas créée par un photographe. Il ouvre simplement une petite fenêtre et la capture. Le monde s'écrit alors sur la pellicule. L'acte du photographe est plus proche de la lecture que de l'écriture. Il est le lecteur du monde. » Ferdinando Scianna