Ferdinando Scianna (1943) photographe italien, né à Bagheria en Sicile. Il commence la photographie dans les années 1960 tout en suivant des cours de lettres, de philosophie et d’histoire de l’art à l’université de Palerme. Il réalise de manière systématique de nombreux clichés de sa Sicile, de son peuple, de ses fêtes.
En 1965 il publie « Feste religioso in Scicilia » en collaboration avec le romancier sicilien Leonardo Sciascia, qui documente, dans une esthétique proche du néoréalisme italien, la ferveur des manifestations religieuses en Sicile, l’ ouvrage est distingué par une mention au Prix Nadar en 1966.
En 1966 il s’installe à Milan et travaille en tant que reporter pour « l’Europo », il devient correspondant à Paris pendant 10 ans. Il rédige en parallèle des articles sur la politique pour le « Monde Diplomatique » ainsi que sur la littérature et la photographie pour la « Quinzaine littéraire ».
En 1977 dans la même année, il publie deux ouvrages, les « Siciliens » en France et « La Villa dei Mostri » en Italie, consacré à la légendaire Villa Palagonia de sa ville natale.
En 1982, il fait la connaissance d’Henri Cartier-Bresson et intègre de suite l'agence Magnum Photos dont il devient membre à part entière en 1989.
En 1987, Sollicité par « Dolce et Gabanna », encore inconnu il s’essaye à la photographie de mode en photographiant dans les rues de Sicile, son tout premier modèle, la mannequin hollandaise Marpessa, qu’il continuera de photographier au quatre coins du monde. De cette rencontre naît le livre, « Marpessa », témoin de la passion qui l’anime dans l’exercice de la mise en scène, tout autant que dans le reportage.
A la fin des années 1980, il alterne les reportages à la photographie de mode.
En 1995, il s’intéresse à nouveau aux rituels religieux avec « Viaggio » et « Lourdes ».
En 2009, la Maison Européenne de la photographie lui consacre une exposition d ‘anthologie.
Ancien étudiant en lettres et philosophie, féru de littérature, il attache un intérêt particulier au livre, support naturel et privilégié de ses photographies, qu’il aime accompagner d’un texte de l’un de ses amis écrivains. Lui-même ayant toujours évité pudiquement d’expliquer ses images, préférant paraphraser ceux qui, avec leurs mots, l’ont accompagné dans son cheminement. La photographie est, pour Ferdinando Scianna, une façon d’être dans la vie.
Ses images sont à la fois lumineuses et sombres, reflétant l’ambivalence qui caractérise son rapport au territoire où il est né, mélange d’attachement vibrant et de détachement lucide.
Le travail de Scianna révèle une tendresse et un amour réel pour le sexe féminin, et ce sentiment ne transparait nulle part mieux que dans ses photographies de mode. Jamais figés, ses modèles sont placés dans des situations vraisemblables, toujours sensuels et désirables.
« La photographie est une profession, une façon de vivre, le filtre à travers lequel nous entrons en relation le monde et moi même, c’est essayer de se comprendre mutuellement. » Ferdinando Scianna
Marpessa, 1987
Ferdinando Scianna signe cette image en 1987 pour une des premières campagnes de Doce Gabbana , société italienne spécialisée dans le luxe, qui n’a à peine que deux ans d’existence. Une femme à l’ombre des persiennes, d’une couleur tragique, le noir qui ne cède rien au péché ni au deuil. Elle est à l’ombre de l’enfance qui la désire déjà. Scianna occupe un terrain narratif, il fait sortir de l’ombre le corps de Marpessa, mannequin Hollandaise dont les parents habitent au Surinam, et qui se partage entre Bagheria, Palerme et Porticello ou vit le photographe qui décide de la photographier sous un voile noir, le tissu laissant entrevoir les formes féminines surgissant de l’obscurité. Sans rien dire le jeu entre le photographe et son modèle s’instaure, comme de la littérature, une séduction entre homme et femme, une image belle, forte, sans détour, car riche de vitalité.