Sam Shaw (1912-1999) photographe américain, né à New York dans le Lower East Side à Manhattan, dans un premier temps, il travaille en tant que dessinateur dans la caricature politique et sportive, puis devient directeur artistique du journal quotidien, l’Aigle de Brooklyn.
En 1940, il débute sa carrière comme photojournaliste au sein du magazine Collier's, il s'aperçoit très vite que son intérêt réside plus dans le travail documentaire que dans les photos de studio mis en scène qu'on lui demande d'effectuer.
Il se met à parcourir les États-Unis de long en large, durant une décennie, il pose son regard afin de documenter. Ses différents travaux touchent les petites classes sociales, il est un photographe engagé qui s’attarde sur la vie des métayers, des mineurs de charbon, des artistes en tout genre comme les musiciens de jazz à la New Orleans. Grace à ses reportages photographiques, il collabore, entre autre, avec l'agence Magnum Photo.
En 1950, sa carrière prend un tournant, il commence à travailler pour l’industrie cinématographique hollywoodienne avec Elia Kazan sur le tournage de « Panic in the streets », il est très rapidement remarqué avec sa photographie de Marlon Brando, prise sans artifice durant le tournage du long métrage, « Un tramway nommé désir », alors il devient l'un des plus important photographes de plateau, ses images font les Unes de la presse internationale
En 1954, subjugué par la beauté de Marilyn Monroe depuis ses débuts, il collabore avec le metteur en scène, Billy Wilder sur le tournage de « Sept ans de réflexion », sur le plateau, il effectue l'une de ses plus belles images, celle de Marilyn vêtu d’une robe blanche virevoltant, au dessus d’une grille d’aération du métro, un cliché emblématique, et iconique du 20eme siècle.
Dans les années 1960, il continue en permanence à couvrir les tournages, s'introduit de plus en plus dans le milieu du cinéma, se met à produire des longs métrages, tout en continuant la photographie sur ses propres tournages, et contribue à la création de campagnes publicitaires afin de promouvoir ses films. Il produit le film de Paul Newman, « Paris Blues », des films à succès, ceux John Cassavetes, avec qui il entretient une étroite collaboration.
Non seulement, au cour de son œuvre, il réalise les plus célèbres clichés d'Hollywood mais reste aussi un pionnier d'un style artistique et d'une technique nouvelle qui ouvre la voie au cinéma d’auteur. Tout au long de sa carrière il dresse une importantes galerie, toutes les stars passent sous son objectif.
Des stars tel-que, Ingrid Bergman, Humphrey Bogart, Fred Astaire, Elizabeth Taylor, John Wayne, Alfred Hitchcock, Sophia Loren, Woody Allen, Charlie Chaplin, des photographies qui se retrouvent le plus souvent à la Une des magazines comme « Life », « Look », « Vogue », « Der Stern », « Harper’s Bazaar », « The Daily Mail », « Paris Match » ou « Connaissance des Arts ». Et parallèlement, au travers de nombreuses expositions, il fait en permanence parler de lui.
Il a une façon particulière de capturer l'esprit de ses sujets féminins, plutôt que les poses de studio classiques, il préfère les images volées sur les plateaux, sans artifices, sans maquillage, sans paillettes, ni mise en scène, en encourageant en permanence ses sujets à improviser lors de la prise. Il a ce talent de bousculer les stars pour les saisir dans l’instant et faire ainsi ressortir des émotions, des postures, des attitudes qui sont loin du paraitre de la scène et qui montrent l’essence même de ces acteurs mythiques.
Ses images sont très photographiques et authentiques, elles échappent à l’écran habituel du glamour, il y a du charisme et un magnétisme, son but est avant tout, ne pas avoir l’air de faire poser ceux qu’il photographie, c'est en cela que réside le vrai génie qu’est Sam Shaw. Il échappe à l’intrusion du banal qui affecte trop souvent la photographie du cinéma, il est spontané, sait restituer une émotion sans jamais tricher.
« Plutôt que de restituer la pose, j’essaye de créer une image qui la dépasse. Différentes interactions permettent d’arriver à cette proximité entre moi, le photographe et mon sujet, l’acteur je pourrais aussi bien le photographier dans le vide jusqu’au off, pour capturer ce moment privilégié ou l’attitude est la moins travaillée. » Sam Shaw