Sally Mann (1951) photographe américaine, née Munger à Lexington en Virginie, fille d'un père médecin de campagne, Robert Munger et d'une mère Elizabeth Munger. Elle effectue ses études dans le Vermont, au Bennington College et à la Putney School dont elle sort diplômée en 1969.
De 1966 à 1972, elle étudie au sein du Friends World College de Long Island à New York.
En 1970, très jeune, âgée de dix neuf ans, elle épouse un avocat, Larry Mann, le couple s' installe dans une maison qu'ils construisent ensemble au sein de la ferme familiale de Sally à Lexington.
Dès 1971, parallèlement, elle se forme en photographie au sein du Praestegaard Film School. En 1972, suit des cours de photographie à l'Aegean School of Fine Art, enchaine en 1973 à l'Apeiron et participe la même année au Yosemite Workshop avec le photographe Ansel Adams.
En 1974, elle est Bachelor of Arts de l'université Hollins à Roanoke en Virginie, dans la même école en 1975, elle obtient un Master of Arts en communication verbale.
Dans un premier temps, elle travaille au sein de l'université de « Washington et Lee » à Lexington en Virginie. Puis rapidement elle se consacre définitivement à la création photographique, effectuant dès la fin des années 1970, ses premières expositions collectives.
En 1982, elle est récompensée par la « National Endowment for the Arts Individual Artist Fellowship » qui lui attribut sa première bourse.
En 1984, elle entame une série pendant sept ans, d'images de ses enfants, Emmett, Jessie et Virginie qui grandissent dans une ambiance naturelle et détendue, photographiés souvent nus ou demi-nus, parfois sales, couvert de piqures d'abeilles ou de griffures et parfois plongés les rêveries de la puberté, des portraits fières, décontractés, élaborés dans le dialogue comme standards psychologiques, effectués en noir et blanc et tirés en grand format.
En 1987, elle obtient une bourse de la « Guggenheim Memorial Foundation », suivit en 1988 pour une seconde fois de celle de la « National Endowment for the Arts Individual Artist Fellowship ».
En 1988, avec la publication de son premier ouvrage chez Aperture, « At Twelve », un travail qui la fait connaître du grand public, une série de portraits de jeunes adolescentes entre l'enfance et l'âge adulte, dont elle capture leurs émotions déroutantes et leurs identités en durant leurs développements.
En 1991, sa série qu'elle a débuté avec ses enfants en 1984, est publié sous le nom d' « Immediate Family », une œuvre qui augmente autant sa notoriété mais qui lui vaut aussi des critiques et des controverses.
En 1992, elle reçoit à nouveau pour à une troisième reprise une bourse de la « National Endowment for the Arts Individual Artist Fellowship ».
Au milieu des années 1990, elle opère une rupture radicale, se tournant vers une photographie paysagère.
En 1995, elle est élue « Photographe de l'année ». En 1997, elle est présentée pour la première fois à un large public dans le cadre de son exposition, « Mother Land ».
En 2001, elle est consacrée « America’s Best Photographer » par le Times Magazine.
En 2020 elle obtient la « Centenary Medal » de la Royal Photographic Society et en 2021 le prix « Pictet » pour sa série intitulée « Blackwater ».
Sally Mann est une photographe d'une autre planète, celle du passé et de l'avenir, ses constats semblent dénier à l'enfance toute innocence et confirme l'idée que l'humanité est d'une façon ou d'une autre, pervertie par le milieu et l'exemple des adultes. Sa philosophie est que l'on nait pas si pur, mais que l’être vient au monde prêt pour l'arène.
Depuis plus de quarante ans, son œuvre composée de photographies expérimentales à la beauté obsédante, explorant les thèmes essentiels de l’existence, la mémoire, le désir, la mort, les liens familiaux, et l'indifférence de la nature envers les hommes, forme un vaste corpus de portraits, de natures mortes, de paysages et d'études diverses, reposant sur l'évocation d’un lieu, celui du Sud des États-Unis. Elle s'appuie sur l'amour profond de sa terre natale et sur la bonne connaissance de son héritage historique complexe, posant en permanence des questions fortes et provocantes, sur l’histoire, l’identité, la race et la religion, qui transcendent les frontières géographiques et nationales.
Elle photographie le plus souvent en noir et blanc en grand format, travaille elle-même ses épreuves dans son laboratoire personnel. Elle effectue ses prises de vue essentiellement en extérieur, la plupart du temps dans sa grande propriété à Lexington, isolée dans les bois des montagnes Blue Ridge.
Dans sa photographie, elle met ses formidables compétences de créatrice d'images, incluant patience, mesure, sens classique de la forme, oreille musicale pour les tons argentiques et développe une maîtrise absolue des outils et matériaux, au service de son engagement en faveur d'une approche visuelle de la jeunesse aussi lucide que possible.
Ses sujets de prédilection sont les membres de sa famille, ses amis proches, ainsi que la nature qui l'entoure et les natures mortes, dont elle explore plus récemment les effets de la mort et de la décomposition.
« J’aime mettre les gens un peu mal à l’aise. Cela les encourage à examiner qui ils sont et pourquoi ils pensent comme ils le font. » Sally Mann
Elle est réputée par son travail controversé, sa série « Immediate Family », qu'elle réalise de 1984 à 1991, dans laquelle elle ré-invente la photographie de famille. Elle y dévoile son fils Emmet et ses deux filles Jessie et Virginia dans l'intimité de la vie de tous les jours où se mêlent l'innocence des jeux d'enfants, une sensualité troublante ainsi qu'une vertigineuse mise en abîme sur la mort, la violence et la vie.
« Ces moments d’enfance capturés en photographies sont aussi éphémères que nos pas sur le sable qui longe le fleuve,et il en va de même pour notre famille elle-même, pour notre mariage, les enfants qu’on a eu, l’amour dont on a fait preuve. Tout cela, sera effacé, ce que nous pouvons espérer est que ces photographies restent, pour raconter notre courte histoire. » Sally Mann
Ses photographies lui donnent une renommée internationale mais ne tardent pas à susciter des polémiques dès la seconde moitié des années 1990, en étant accusée d'exhiber ses enfants. Désormais adultes, ils prennent sa défense face aux attaques qui persistent, comme lors de l'exposition organisée à Lausanne, en 2010, taguée et privée de sponsors.
Ses photographies jouent sur des contrastes profonds, conférant à des sujets de la vie quotidienne un caractère sensuel, mystérieux et mystique.
À contre-courant des tendances de la photographie au 20eme siècle, elle renoue avec le pictorialisme, équipée d’une chambre photographique centenaire, un appareil à soufflet 8x10, qui, de son point de vue, adoucit le résultat et rend les clichés intemporels, des photographies dans lesquelles émanent lyrisme et nostalgie, comme si elle arrêtait temps.
Elle a recourt à des plaques négatives au collodion, privilégiant des techniques artisanales, voire archaïques, qui rappellent les pionniers de la photographie de paysages, en retouchant longuement ses tirages, utilise le flou, la surexposition, la décoloration, la coloration au moyen de thé, et place des éraflures.
« J'ai une imagination vive et apocalyptique. » Sally Mann
Emmet, Jessie et Virginia, 1989
Deep-South, 1998