Albert Watson (1942) photographe britannique, né à Édimbourg. Non-voyant d’un œil depuis sa naissance, il suit des cours de graphisme et s’initie à la photographie dans le cadre de ses études au « Jordanstone College d’Art et Design » à Dundee, puis intègre le « Royal College of Art » de Londres ou il étudie l'audiovisuel. Il se voit octroyer une bourse IBM qui lui permet de partir pour Aspen dans le Colorado.
En 1970, il s’installe à Los Angeles avec son épouse, il monte son premier studio et s’adonne à la photographie en dilettante, avant de se faire remarquer par le directeur artistique des cosmétiques Max Factor, qui lui propose ses premiers shootings. Son style distinctif des autres, attire de suite l’attention des magazines de mode américains et européens telles que « Mademoiselle », « GQ », et « Harper’s Bazaar ».
En 1973, il réalise une séance photographique avec Alfred Hitchcock, tenant entre ses mains une oie déplumée, le réalisateur est le premier d’une longue liste de célébrités à passer devant son objectif.
En 1976, il s'intalle à New York, ouvre son second studio et alterne six mois de son temps en Europe, très rapidement le magazine « Vogue » succombe à ses clichés et l'embauche au sein de son équipe photographique, il devient le photographe fétiche de la revue, avec laquelle il réalise plus de 200 couvertures, période qui marque le début de sa carrière fulgurante et d'une reconnaissance internationale.
En 1978, il organise lui-même sa première exposition à Calgary au Canada. Il marque le huitième art par des publicités pour Gap, Levi Strauss & Co. Ou encore Chanel, effectue de nombreuses affiches de films ainsi que de nombreuses couvertures pour les revues, « Vogue », « Rolling Stone », et « Time ». Il met en scène, dans un style caractéristique, les icônes de la mode, du rock et du cinéma. Il réalise en parallèle, lors de ses voyages, des photographies de paysages qui sont exposées à travers le monde.
En 1986, il est nommé Royal photographer officiel pour le mariage du prince Andrew et de Sarah Ferguson.
En 1993, il photographie la toute jeune top model, Kate Moss pour son 18eme anniversaire, dénudée sur une plage de Marrakech.
Malgré l’énorme pression que les commandes exercent sur lui, il ne renonce pas à des travaux personnels d’envergure, « Cyclops » en 1994, « Maroc » en 1998 et « Strip Search » en 2010.
Il installe un immense studio dans le West Village de Manhattan, qui fait également office de galerie privée, abritant ses archives, des millions de tirages et de négatifs.
En 2003, il réalise l’affiche avec Uma Thurman du film Kill Bill de Quentin Tarantino.
Depuis 2004, son œuvre est l’objet d’exposition individuelle au « Musée d’Art Moderne » de Milan , au « KunstHaus » de Vienne, au « City Art Center » d’Edimbourg, au « FotoMuseum » d’Anvers, à « Fotografiska » de Stockholm, jusqu'au « Multimedia Art Museum » de Moscou. Un impressionnant parcours qui est récompensé par un « Lucie Award », un « Grammy Award », trois « Andys », un « Der Steiger Award », un « Hasselblad Masters Award » ainsi qu’une « Century Medal », prix d’excellence décerné par la Royal Photographic Society soulignant l’ensemble de son travail.
Il est fait « Membre de l'Ordre de l'Empire britannique » pour sa contribution active à la photographie d’art.
En 2006, il dresse le portrait de Steve Jobs pour la couverture du magazine « Fortune ».
En 2019, il réalise la 46e édition du calendrier Pirelli.
« Quand j'ai approché ce projet, je voulais m'y prendre de manière différente par rapport aux autres photographes. Je souhaitais aller au-delà des simples portraits, j'avais en tête de faire de chaque cliché un arrêt sur image cinématographique. » Albert Watson
Photographe reconnu comme le maître de la lumière et de l’image, il possède son propre langage visuel qui obéit à des règles qui lui sont propres et à une exigence stricte de qualité, ses photographies sont parfois provocatrices mais réalisées toujours avec une esthétique léchée, immédiatement reconnaissables par leur style, leur éclat et d'une technique irréprochable, la puissance visuelle et la virtuosité technique sont les deux constantes dans son travail. Extrêmement méticuleux, rigoureux, il prend le soin de développer lui-même ses tirages.
Il laisse son empreinte en tant que l’un des photographes les plus prolifiques et marquants au monde. Traçant une transversale unique entre photographie de mode, commerciale et artistique, ses images sont aujourd’hui placées au rang iconique, des portraits allant de Jack Nicholson à Steve Jobs en passant par Kate Moss, des paysages désertiques de Las Vegas aux artefacts de Toutankhamon, la diversité de son travail est sans précédent.
Le mensuel américain des photographes professionnels, le « Photo District News », le compte parmi les vingt photographes les plus influents du monde au coté de Richard Avedon, Annie Leibovitz, Nan Goldin et Irving Penn.
Ses photographies ont le pouvoir de séduire avec leur beauté virginale et leur sophistication raffinée, les genres qu'il aborde, se plient, s'entrelacent, ses sujets défient toute classification simpliste, dans une image de mode, un nu est un nature morte, un paysage devient un portrait. Elles se situent au carrefour de la sensualité et de l'objectivité, dans un espace intermédiaire entre chromatisme intense, parfois criard et riches en nuances sépia, rappelant des époques historiques quand le tirage photographique portait la trace du métier manuel. Ce sont des représentations iconiques qui se gravent dans la mémoire collective, comme celui de l’arrière de la tête du boxeur Mike Tyson, ou encore celui d'un scaphandre spatial de la NASA.
Son œuvre est multiforme, révélant un langage visuel vigoureusement minimaliste, influencé par le graphisme, la réalisation cinématographique, l'histoire de la peinture et sa connaissance de la culture qu'il a acquit au fils de ses voyages à travers le monde.
Parallèlement à ses activités commerciales, il consacre une partie de sa création à des projets artistiques destinés à être exposés dans les musées et galeries d’art, images qui reflètent ses voyages et ses intérêts personnels, il photographie un charmeur de serpents Marocain, un ouvrier Béninois, une dominatrice de Las Vegas ou encore des montagnes escarpées de l’île de Skye, en exhalant un mélange intense de puissance, de tension et de poésie.
« La grande abondance de matériaux ouvertement sexuel fait qu'il est plus difficile de surprendre les gens que dans les années 70. Pourtant la surprise est très certainement l'un des éléments-clés de la photographie érotique. » Albert Watson