Irina Ionesco (1930-2022) photographe française, née Irène Ionesco à Paris de parents immigrés roumains. Dès l'âge de quatre ans, elle rejoint la Roumanie où elle est élevée par sa grand-mère, dans la ville de Constanza.

Elle débute la photographie en autodidacte, en réalisant des clichés de ses amis et de leurs filles, utilisant des bougies pour l’éclairage, vidant les placards emplis de vêtements chics et de costumes de scène pour habiller ses modèles. Son travail est connu par ses théâtralisations de femmes savamment vêtues, parées de bijoux, gants, accompagnées d'objets symboliques, des foulards, des loups, utilisant aussi des symboles fétichistes, parvenant à des poses parfois provocante ou érotique. Ses modèles souvent dénudées sont présentés comme objets de possession sexuelle, sulfureux et qui semble déranger.

Dès le début, elle n’utilise que le noir et blanc en y restant fidèle, à partir de la fin des années 1970, elle se tourne vers la couleur, étape marquante dans sa carrière.

La réalité chez Ionesco, n’est pas moins érotique que des rêves anciens, la couleur de la chair, des cheveux, des lèvres, des ongles de la femme photographiée rend celle-ci proche et provocante. Elle est toujours à la recherche du temps perdu, elle traque le secret des visages, des corps jusqu’au fruit défendu. Ses modèles sont des créatures sortis des placards, d’elle-même.

Elle collabore au sein de nombreux magazines grands publics et artistiques comme « L’Œil », « Connaissances des arts », mais également dans certains autres érotiques ou pornographiques comme « Playboy », « Playmen » et « Penthouse ». Sous ses objectifs ont défilé des célébrités, Sylvia Kristel, Elisabeth Huppert pour l'édition française du magazine « Playboy » et d'autres modèles connus ou pas, mais qui ont contribué à l'essentiel du corpus de son œuvre photographique, Fafa, Natacha, Vivianne, Maroussia, Sacha entres autres.

« La photographie est pour moi un élément essentiellement poétique, je l'envisage comme une écriture théâtrale, où je fixe dans un déroulement obsessionnel et incessant tous mes fantasmes. Chaque séance, mise en scène, est conçue comme une séquence théâtrale, intègre la femme dans un univers de rêve, où elle-même est mythique, multiple, inventée, et revêt tour à tour les facettes des mille miroirs dans lesquels l'artiste se plonge. Je ne conçois l'érotisme qu'à travers une dimension métaphysique. J'aime l'excès, l'onirisme, l'insolite. Aussi, je fais mienne cette phrase de Baudelaire : Dans l'art, il n'y a que le bizarre qui soit beau. » Irina Ionesco