Wayne Miller (1918-2013) photographe américain, né à Chicago, il suit des études d’économie à l’université de l’Illinois, à Urbana, tout en travaillant à mi-temps comme photographe.
En 1941 et 1942 il perfectionne sa pratique photographique à l’ « Art Center School » de Los Angeles.
Il entre dans la Navy pendant la seconde guerre mondiale, affecté à l’unité d’aéronavale photographique d’Edward Steichen, il réalise de nombreux clichés d’hommes au combat, témoigne de la Seconde Guerre mondiale, des batailles dans le Pacifique, en étant l’un des premiers à photographier les ravages de la bombe atomique d’Hiroshima.
En 1943 il réalise l’un de ses clichés les plus célèbres, celui pris durant l’attaque de Rabaul en Papouasie, Nouvelle-Guinée, qui représente un aviateur blessé sorti de la tourelle de son chasseur par ses camarades.
En 1945, après la fin de la guerre, il rentre à Chicago, où il travaille comme photographe indépendant. Il obtient deux bourses consécutives de la fondation Guggenheim, en 1946 et 1948, qui lui permettent de réaliser une série aux États du Nord sur la communauté noire du South Side, quartier noir de Chicago, série intitulée « The Way of Life of the Northern Negro », relatant la condition de vie des noirs qui ont migré du sud vers le nord.
Il enseigne la photographie à l’ « Institute of Design » de Chicago, puis s’installe à Orinda en Californie et collabore avec le Life Magazine et le National Geographic jusqu’en 1953.
En 1955, il monte l’exposition « The Family of Man » en tant qu’assistant auprès du directeur du MoMA de New York, le photographe Edward Steichen, réalisant ensemble l’une des plus grandes expositions itinérantes de l’histoire, réunissant les œuvres de 273 photographes autour de différents thèmes, de l’enfance à la mort.
Membre de longue date de l’ « American Society of Magazine Photographer », en 1954 il en devient président.
En 1958 il intègre la célèbre agence Magnum Photos qu’il préside de 1962 à 1966.
Depuis les années 1960, il est défenseur de la cause environnementale, entamant une longue collaboration avec le National Park Service. En 1975, il arrête définitivement la photographie pour se consacrer à la protection des forêts du nord de la Californie.
Le principe premier qui le guide tout au long de sa carrière est selon ses propres termes de « Photographier l’humanité et d’expliquer l’homme à l’homme ».
Commencé sur le pont d’un porte-avion dans le pacifique Sud, la lutte de Miller en faveur d’une meilleure compréhension entre les hommes prouve l’importance de la photographie. Il s’est donné une mission, montrer que l’espèce humaine est une vaste famille. La race, la couleur, le langage, la fortune et les opinions politiques peuvent différer, mais il enregistre aussi ce que les êtres ont en commun, le rêve, le rire, les larmes, la fierté, la chaleur d’un foyer et le désir d’amour.
A ses yeux, l’unique moyen d’empêcher les conflits consiste à favoriser la compréhension entre les races et les cultures, à lutter contre les préjugés et le racisme.
Dans sa ville natale de Chicago, durant la grève qui touche l’industrie alimentaire en 1948, Wayne Miller couvre l’événement en pleine rue, les manifestants et ceux qui mènent le mouvement, dont les visages expriment la colère, mais aussi la prudence et une certaine impuissance dans ce qui se passe. Il réalise des clichés, prit parfois en légère contre plongée avec son appareil reflex bi-objectif, des portraits lucides rendant compte d’une forme de dignité, de droiture, et saisit l’émergence d’une conscience collective dans la communauté noire de Chicago.
L’industrie de l’emballage avec ses tapis roulants et ses postes spécialisés est alors l’un des avatars du fordisme aux États-Unis qui assujettit la force du travail à l’automatisation et à l’impératif du bénéfice. Et les ouvriers que photographie Miller, luttent à la fois contre le racisme et contre l’usine dangereuse et déshumanisante qui les attendent. Attentif aux détails du quotidien, il saisit la diversité des conditions de vie des Noirs, en photographiant leur quotidien.
Pour Edward Steichen, « The Family of Man » doit être le miroir de l’unité essentielle de l’humanité à travers le monde ce qui s’applique directement au travail de Wayne Miller qui avec Steichen, sélectionnent ensemble les photographies de 68 pays pour l’exposition au MoMA de 1955.