Daniel Masclet (1892-1969) photographe français, né à Blois. Il n’ira jamais à l’école, ses parents s’occupent de son éducation, son père lui donne des cours de dessin et sa mère lui enseigne les langues anglaise et russe. En 1902 à l’âge de dix ans il suit des leçons de violoncelle et violon, il devient rapidement sept ans plus tard un virtuose. Lors d’un concours de la « Revue Française de Photographie » il obtient une médaille d’or et se voue alors définitivement à une vocation de photographe.


Daniel Masclet reste le photographe de référence pour la photographie française, auteur de plusieurs livres de théorie photographique, « Réflexion sur le portrait en photographie », il est également critique dans de nombreuses revues comme « Photo-Revue ». Son œuvre photographique possède un mérite essentiel, celle de ne ressembler à aucune autre. Son travail est aussi vaste que varié, changeant de style constamment, passant du portrait au paysage, de la photo de rue au nu, il aborde tout les thèmes.

« Il y a de la beauté partout. » Daniel Masclet

Il se consacre aussi aux natures mortes produisant d’étonnantes compositions, annonçant la nouvelle vision photographique de la fin des années 20, son attrait pour le paysage urbain va grandissant, il est le photographe à l’œil flottant et pose son regard sur Paris, ses quais de Seine, ses vieilles rues du Marais et de l’Ile Saint-Louis. Il saisit le monde quotidien qui l’entoure, s’intéresse aux matières, arpente la capitale et se passionne pour la photo de rue en captant en grand humaniste tous les petits instants. Entre les années trente et cinquante, il est avec Emmanuel Sougez et Lucien Lorelle, un artiste central de la scène photographique française.

« Si dans ces images je n’ai montré que rarement les accomplissements monumentaux de l’homme, tels les gratte-ciel, ponts et routes, ce n’est pas par manque d’appréciation pour leur grandeur ou leur beauté, mais simplement parce qu’en l’homme, ce qui m’intéresse, c’est l’être humain avant le constructeur, car ce qu’il construit demeurera jusqu’à un certain point, tandis que l’expression de son être peut être saisi en une fraction de seconde ou vous échapper. Capter cette fraction de seconde est à mon avis la fonction la plus significative de la photographie ». Daniel Masclet

Il photographie amoureusement et par passion, sa femme Francesca tout au long de sa carrière, ses tout premiers portraits d’elle sont à la fois sensuelle et androgyne, sans aucun accessoires ni retouches, pendant de cinquante ans sa femme est dans son viseur, lui et sa muse, font une union efficace.

« II y a dans le visage humain quelque chose de transcendant. Pour le photographier, les outils n’ont pas une importance prépondérante et la technique elle-même ne compte guère. Ce qui compte avant tout, c’est celle ou celui qui se tient derrière la caméra avec son cerveau, son œil et son cœur. Le cerveau qui doit penser, peser, juger, imaginer, réfléchir, inventer … L’œil qui doit regarder, voir, toucher, découvrir, écouter, enregistrer … Le cœur qui doit sentir et aimer … On réussit un bon portrait quand on a la passion et l’instinct des visages, et il est beau quand le photographe l’a tiré du néant à l’exact instant de plus claire signification. » Daniel Masclet, extrait de Réflexion sur le portrait en photographie, 1971

« Un visage humain doit être senti, aimé, adoré… non examiné!…Alors, l’étincelle jaillira des deux pôles: le pôle positif, le modèle; le pôle négatif, le photographe. Et dans cet ordre… la sympathie, la compréhension surgiront de la caresse des deux regards, et le photographe et le modèle, chacun faisant la moitié du chemin l’un vers l’autre se rapprocheront, entreront en communication et s’uniront, à l’intérieur de cette petite chambre, noire, mystérieuse et magique, où de leur rencontre naîtra l’image… L’acte de connaissance sera remplacé par l’acte d’amour. » Daniel Masclet, extrait de Réflexion sur le portrait en photographie, 1971

« Moi, je m’occupe presque uniquement de l’homme. Je vais au plus pressé. Les paysages ont l’éternité. » Daniel Masclet

Quai d'Orléans, la fille au pot de confiture, Paris, 1950