John Singer Sargent 

John Singer Sargent appartient à l’une des plus anciennes familles coloniales d’Amérique. Son grand-père travaillait dans le commerce maritime à Gloucester (Massachussetts) puis s’installa à Philadelphie. Le père du peintre, Fitz William Sargent, devint médecin dans cette ville et épousa en 1850 Mary Newbold Singer, fille d’un riche commerçant. A la fin de l’été 1854, à la suite du décès d’un premier enfant et d’une crise dépressive de la mère, le couple s’embarque pour l’Europe. Le séjour, qui devait être temporaire, se prolongea par une vie itinérante. La famille possédait une résidence à Paris mais passait les hivers à Florence, Rome ou Nice et les étés dans des villes au climat moins chaud ou dans les Alpes.

C’est ainsi que John naît à Florence le 12 janvier 1856. Sa sœur Mary naît deux ans plus tard et quatre autres enfants suivront. Fitz William Sargent n’exerçant plus la médecine, la famille vit assez modestement d’un héritage et de ses économies. Les déplacements incessants de ses parents ne permirent pas à John de suivre des études régulières. Il étudia sous la tutelle de son père. Les voyages lui permirent de parler couramment le français, l’italien et l’allemand. Il devint également un pianiste accompli.

La mère de John pratiquait le dessin et la peinture en amateur. Très jeune, il dispose donc du matériel nécessaire et sa mère l’encourage à dessiner les paysages des endroits visités ou à copier les images de la revue The Illustrated London News à laquelle la famille est abonnée. La fréquentation des villes italiennes avait familiarisé le futur peintre avec les grands maîtres de la Renaissance et il appréciait particulièrement Tintoret, Michel-Ange et Titien. John devint ainsi un jeune homme très cultivé dans le domaine artistique et ouvert sur le monde.

Sous l’impulsion de sa mère, il s’inscrit, au cours de l’hiver 1873-74, à l’Académie des Beaux-arts de Florence. De retour en France en 1874, il réussit à la première tentative le concours d’entrée à la prestigieuse École des Beaux-arts de Paris qu’il fréquentera de 1874 à 1878. Il suit les cours de Carolus-Duran (1837-1917), portraitiste célèbre et professeur réputé. Le talent de Sargent est rapidement remarqué. Le peintre américain Julian Alden Weir (1852-1919), qui étudiait également à l’École des Beaux-arts, écrira que Sargent était « l'un de ses camarades les plus talentueux ». Sargent se lie d’amitié avec le futur peintre et graveur Paul Helleu (1859-1927), qui lui fera rencontrer de grands artistes français de l’époque comme Edgar Degas (1864-1917) ou Auguste Rodin 1840-1917).

En juin 1876, Sargent, accompagné de sa mère et de sa sœur Emily, effectue son premier voyage aux États-Unis. Il visite l’exposition du Centenaire à Philadelphie, la ville d’origine de ses parents, et va admirer les chutes du Niagara.

A l’automne 1879, Sargent entreprend une série de voyages qui le mèneront en Espagne, aux Pays-Bas et à Venise. Tout au long de ces déplacements il réalise des études saisies sur le vif, scènes de genre ou paysages. Mais à l’issue de sa formation se pose la question de l’orientation de sa carrière artistique. Sargent est exceptionnellement doué et peut peindre tout aussi bien des paysages que des portraits ou même des scènes historiques ou religieuses qui conservent un grand prestige. Il incline spontanément vers le paysage et en réalise un certain nombre 

Mais pour être exposé au Salon et trouver des commanditaires, rien ne valait le portrait si l’on avait le talent de Sargent. Il choisit donc cette spécialité et, en 1879, obtient un premier grand succès avec le portrait de son maître Carolus-Duran. Son français parfait, sa maîtrise technique et son style très apprécié font rapidement de lui un peintre réputé. Les commandes affluent et il demande donc des prix élevés.

Mais un incident va contrarier ce succès. Au Salon de 1884, Sargent présente Madame X : Ce portrait de Virginie Amélie Avegno, épouse du banquier Pierre Gautreau, fit scandale car il fut réalisé dans une première version avec la robe qui glissait sur l’épaule droite, découvrant partiellement le sein. Il s’agissait pour Sargent de mettre en valeur l’audace du personnage, mondaine réputée pour sa liberté de comportement. Le choix stylistique du peintre ne fut pas étranger à la petite cabale dont le tableau fit l’objet. En présentant une chair opalescente associée à une robe noire, Sargent s’inspirait de Manet et des estampes japonaises. La critique académique rejeta totalement le tableau, considéré aujourd’hui comme l’un des meilleurs de l’artiste. 

Profondément blessé par les critiques parisiennes, Sargent pense un instant à abandonner la peinture. Mais il décide en définitive de quitter Paris pour s’installer à Londres. Au printemps 1886, il déménage pour l’Angleterre où il vivra le reste de sa vie. Il doit conquérir la clientèle anglaise qui lui reproche dans un premier temps son style trop inspiré de l’art français. Mais peu à peu la critique anglaise lui devient favorable, avec l’aide importante de l’écrivain Henri James, admirateur de Sargent.

Carnation, Lily, Lily, Rose (1886) est le premier grand succès de l’artiste en Angleterre. L’œuvre, présentée lors d’une exposition de la Royal Academy, rencontre un immense succès et est acquise par la Tate Gallery. Elle représente des enfants allumant des lanternes japonaises le soir dans un  jardin

En 1887-88, Sargent voyage aux États-Unis et peint une vingtaine de tableaux. La première exposition consacrée à son œuvre se déroule à Boston. De retour à Londres, il est désormais un artiste consacré. Certains clients viennent même des États-Unis pour qu’il réalise leur portrait.

Au début du 20e siècle, Sargent commence à se lasser du portrait. Il voyage beaucoup et profite des paysages ou du spectacle des villes pour réaliser des aquarelles d’une grande délicatesse. Délaissant de plus en plus le portrait, il acquiert une véritable réputation d’aquarelliste.

Sargent ne s’est jamais marié mais vivait entouré de ses amis et de sa famille, en particulier sa sœur Emily. On considère aujourd’hui assez largement qu’il avait de fortes tendances homosexuelles que l’époque interdisait d’évoquer. L’analyse de ses nus masculins (nombreux dessins et quelques huiles) ne semble pas laisser de doutes à ce sujet.

John Singer Sargent est mort à Londres le 14 avril 1925.

Londres Imperial War Museum

Gazés

Gazés (Gassed) est un tableau que John Singer Sargent peignit à l'huile en 1919 et qui illustre les effets d'une attaque au gaz moutarde de la Première Guerre mondiale. On y voit des files de soldats blessés marcher vers un poste de secours, entourés d'autres soldats blessés gisant au sol. 

La composition comprend un groupe central de onze soldats qui sont presque de grandeur naturelle. Ils marchent sur un caillebotis vers un poste de secours suggéré par les haubans sur la droite. Les yeux bandés, aveuglés par le gaz, les soldats sont aidés par deux aides-soignants. La file de grands soldats blonds forme une frise allégorique naturaliste qui évoque une procession religieuse. De nombreux autres soldats morts ou blessés gisent autour du groupe central, et à l’arrière-plan un groupe semblable de blessés et d’aidessoignants s’approche. On devine un combat de biplans dans le ciel, tandis qu'un soleil couchant crée une brume jaune rosâtre qui baigne les personnages d'une lumière dorée. À l'arrière-plan, la lune se lève, et d’imperceptibles silhouettes en chemises bleues et rouges jouent au football, apparemment indifférents à la souffrance qui les entoure. 

La peinture fut achevée en mars 1919. Elle est conservée à l'Imperial War Museum à Londres. 

Rue d'Arras 

Chargé par le British War Memorials Committee (Comité britannique des monuments aux morts) de garder trace de la guerre, Sargent visita le front de l'Ouest en juillet 1918 et passa du temps avec la Guards Division près d'Arras, puis avec le corps expéditionnaire américain près d'Ypres. La peinture fut achevée en mars 1919. Elle est conservée à l'Imperial War Museum à Londres. 

Londres Tate Gallery

Oeillet, Lily, Lily, Rose

Cet oeuvre se retrouve également sur deux Blocs Feuillets : l'une en Guinée et l'autre à Bequia dépendance de Saint Vincent Grenadines

Le sujet a été saisi dans un jardin de Broadway, village situé dans les monts Cotswolds, où Singer Sargent a séjourné durant l’été 1885. Les enfants qui allument des lanternes japonaises avec des cierges sont Dolly (à gauche) et Polly Barnard. Leur père était l’illustrateur Frederick Barnard, un ami de Sargent. Sargent voulait restituer aussi exactement que possible la lumière crépusculaire ; aussi a-t-il travaillé en extérieur, de manière impressionniste. 

Aberdeen Art Gallery

Autoportrait 1886

Alors qu'il est âgé de treize ans, sa mère remarque que John dessine très bien, qu'il a l'œil sûr et rapide, mais elle sait que pour devenir un artiste accompli il doit suivre un bon enseignement. Il reçoit alors quelques leçons d'aquarelle de Carl Welsch, un peintre paysagiste allemand. Cependant son éducation est loin d'être achevée, Sargent devient un jeune homme lettré, cosmopolite, accompli en art, musique et littérature. Il parle couramment le français, l'italien et l'allemand. À dix-sept ans, Sargent est décrit comme « volontaire, curieux, déterminé et fort », par sa mère, et comme « timide, généreux et modeste », par son père. Il devient un parfait connaisseur de bon nombre de grands maîtres, comme il l'écrit en 1874 : « J'ai appris à Venise à admirer Le Tintoret et à le voir comme venant seulement après Michel-Ange et Le Titien » 

New York Brooklyn Museum

Dolce Far niente 

Après le début du siècle, John Singer Sargent ralentit sa production de portraits mondains, se concentrant sur des peintures de paysages qui rappellent ses expériences. avec les Impressionnistes.

John Singer Sargent a passé une partie de plusieurs étés à peindre des sujets en plein air dans le Val d'Aoste, en Italie. Les œuvres qui en résultent révèlent son plaisir dans la description d'une lumière d'une vive éclatance. Pour suggérer une sensualité séduisante, Sargent habillait souvent ses modèles avec des costumes qu'il avait achetés au Moyen-Orient. Ici, plusieurs personnages semblent presque se confondre avec l'eau, renforçant l'intimité du rassemblement. Les trois personnages masculins ont été modelés par Nicola d'Inverno, le serviteur de Sargent, ce qui révèle les artifices qui sous-tendent cette scène apparemment décontractée. 

Williamstown Clark Art Institute

Portrait du peintre Carolus-Duran

Carolus-Duran, pseudonyme de Charles Auguste Émile Durant, né le 4 juillet 1837 à Lille et mort le 18 février 1917 à Paris, est un peintre et sculpteur français. Parfois qualifié de « peintre mondain », il est l'un des portraitistes les plus appréciés de la haute société de la Troisième République. 

Dans les Collections Privées ...

Sibyl Sasson Comtesse de Rocksavage

Sybil Rachel Betty Cécile Cholmondeley, marquise de Cholmondeley, Commandeur de l'Empire Britannique (née Sybil Rachel Betty Cécile Sassoon le 30 janvier 1894 à Londres et décédée le 26 décembre 1989 à Cholmondeley), titrée comtesse de Rocksavage de 1913 à 1923, était une mondaine britannique, mécène des arts et chef d'état-major dans le Women's Royal Naval Service (WRNS) lors de la Seconde Guerre mondiale. Elle appartenait aux importantes familles Sassoon et Rothschild. 

Sassoon est née à Londres, dans une famille juive. Elle était la fille de Sir Edward Sassoon (1856–1912), 2e baron, et de la Baronne Aline Caroline de Rothschild (1865–1909). Son frère était Sir Philip Sassoon.

Le 6 août 1913, elle épousa George Cholmondeley, comte de Rocksavage (19 mai 1883 - 16 septembre 1968). Il devient plus tard le 5e marquis de Cholmondeley. Ils eurent deux fils et une fille 

Généreuse mécène des arts, elle possédait au moment de sa mort une vaste collection d'art.  

Elle est chef d'état-major du directeur WRNS du 12 novembre 1939 à 1946. Le 9 février 1945, elle est nommée surintendante du Women's Royal Naval Service (WRNS) et l'année suivante est nommée commandeur de l'Ordre de l'Empire Britannique (CBE). 

Modèle masculin nu sur le canapé

 L’orientation sexuelle de Sargent reste sujette à controverse, d’autant qu’il ne s’est jamais marié. Certains auteurs le considèrent comme homosexuel, d’autres comme bisexuel. Son œuvre comporte également quelques nus féminins. 

Autres oeuvres d'une autre provenance ...

La fête nautique

Sargent a d'abord rencontré Monet en 1876, mais les deux artistes ont été plus proches dix ans plus tard. C'est probablement en 1885 qu'ils ont peint ensemble à Giverny, près de Paris. Sargent admirait la façon dont Monet travaillait sur le motif et a imité certains de ses sujets et sa technique dans des études comme celle-ci. Sargent cherche à donner une vision humaniste de la pratique de Monet.