I - Peinture Polonaise

La peinture polonaise

La peinture polonaise connaît des réussites au XVIIIe siècle, avec Szymon Czechowicz (1686-1775) ou Tadeusz Kuntze (1733-1793), qui se situent dans l’héritage du baroque.Louise-Elisabeth Vigée-Lebrun se fait le chantre de la noblesse polonaise, rencontrée dans ses exils : Potocki, Sapieha, Zamoyski, Lubomirski, Branicki ou Czartoryski se succèdent sous ses pinceaux. Face à la prégnance du recours aux étrangers, les artistes locaux de talent comme Jan Bogumi, Plersch, Micha ou Kazimierz Wojniakowski ont du mal à tenir le devant de la scène. Józef Oleszkiewicz (1777-1830) fréquente le plus célèbre, celui de David, tandis que Rafal Hadziewicz (1803-1886) effectue un passage auprès de Gros en 1830, dont il perpétue les schémas de composition tardivement dans le siècle. Le plus important promoteur de l’esthétique davidienne en Pologne est toutefois Antoni Brodowski (1784-1832), qui séjourne surtout à Paris de 1805 à 1814 et passe dans les ateliers de Girodet et Gérard. D’autres tentent une conciliation avec le goût néo-classique, comme Franciszek Smuglewicz (1745-1807) qui offre une version plus classicisée aux échos sarmates. C’est plutôt Aleksander Orlowski (1777-1832) qui est généralement tenu comme précurseur du romantisme. En parallèle, Antoni Brodowski donne ses lettres de noblesse à ce grand genre. Le premier artiste que l’on considère vraiment comme d’obédience romantique en Pologne est Wojciech Korneli Stattler (1800-1875). Formé à Rome auprès de Canova, Thorvaldsen et Camuccini, proche des Nazaréens dont il subit l’influence, il reprend le flambeau de la peinture d’histoire nationale, défendue par son ami le poète Juliusz Slowacki. A l’opposé, le cas de Piotr Michalowski suscite bien des débats, il faut en convenir : il est loin d’atteindre la grandeur de Géricault. Toutefois, il semble plus qu’injuste de vouloir le réduire à un artiste de seconde zone. Le romantisme dans la peinture en Pologne ne commence véritablement que dans les années 1830 avec Micha ?owski pour s’éteindre vraisemblablement en 1863 avec Artur Grottger. Nous sommes donc plutôt en face d’un romantisme de seconde génération, et qui demeure plus mesuré tant dans son approche de la couleur que de la ligne. Teofil Kwiatkowski (1809-1891), l’un des artistes phares de cette génération de l’exil, installé définitivement en France après 1832, élève de Cogniet, il est le peintre du cercle des Czartoryski. L’autre pilier de cette génération romantique est Henryk Rodakowski (1823-1894), condisciple d’atelier chez Cogniet. Trois personnalités sont à distinguer : January Suchodolski (1797-1875), Józef Brodowski (1828-1900), le fils d’Antoni, et Juliusz Kossak (1824-1899). Tous trois se font les chantres des chevaux, des scènes de la vie militaire et de l’épopée napoléonienne, presque aussi populaire qu’en France. La figure majeure de la tendance genre historique est sans conteste Józef Simmler (1823-1868) issu d’une famille d’ébénistes d’origine zurichoise installée en Pologne, il suit une formation à Dresde et Munich auprès de Kaulbach et du nazaréen Heinrich Hess. Sa propre création s’inspire très fortement des préceptes de Delaroche. Jan Matejko (1838-1893) confesse à ses débuts la même admiration. Il se détourne toutefois rapidement des modèles étrangers pour tenter de bâtir un art spécifiquement polonais. Le paysagiste le plus important de ce courant est sans conteste Jan Nepomucen Glowacki (1802-1847) en passe de devenir un topos de la peinture de paysage en Pologne. Si les peintures d'Artur Grottger (1837-1867) sont peu nombreuses c'est à cause d’une mort prématurée. Dans la lignée de la littérature romantique, il mêle culte du héros mort pour l’indépendance de la patrie, grande religiosité, mystère de la mort, phénomènes surnaturels et goût des évocations de paysages naturels. Si la peinture d’histoire connaît une évolution dans les années 1860 qui l’écarte du romantisme, avec Wojciech Gerson puis Henryk Siemiradzki, certains des traits qui l’ont marqué perdurent dans ce domaine. Witold Pruszkowski (1846-1896) s’impose comme la figure de transition avec le symbolisme tandis que la filiation se poursuit jusqu’à la fin du siècle à travers le mouvement « Mloda Polska » (Jeune Pologne) avec Jacek Malczewski.