A -Français Renaissance

2 - La Renaissance

C'est à la fois une période de l’histoire et un mouvement artistique. Elle voit progressivement le jour en Italie, aux XIVe et XVe siècles, puis se répand dans toute l’Europe. En France, la Renaissance commence au XVe siècle et se termine au début du XVIIe siècle.

En France, l'histoire artistique est étroitement liée aux rois, qui sont de grands mécènes. François Ier (1494-1547), le grand roi de la Renaissance, fait venir à sa cour, à Fontainebleau, des architectes, des sculpteurs, des peintres et des jardiniers. Primatice et Rosso Fiorentino, grands maîtres italiens, décorent le château. Rosso aménage la Galerie du château. Il y place des peintures à sujets mythologiques entourées de sculptures de stucs (enduit à base de chaux, moins lourd et moins cher que le marbre). On désigne sous l'expression « école de Fontainebleau » ce courant de la Renaissance française.

François Ier devient également le mécène du célèbre peintre Léonard de Vinci (1452-1519). Il l'accueille dans sa demeure du Clos Lucé, près de son château. L'artiste y travaille jusqu'à la fin de ses jours. Il laisse ainsi la Joconde en héritage à la France. Bernard Palissy est un potier. Son œuvre marque fortement la Renaissance en France. Il crée des céramiques émaillées très colorées. Il s'inspire de la nature et intègre à ses plats des végétaux et des animaux. Une anecdote raconte qu'il brûla tous ses meubles pour augmenter la chaleur de son four !

Beaucoup de peintres italiens et flamands sont engagés dans la cour de François Ier et de ses successeurs et participent à la décoration des demeures royales et des châteaux de la noblesse. Ces artistes ont créé une école de peinture inspirée par le maniérisme italien tempéré appelé Ecole de Fontainebleau, rappelant le rôle décisif de ce site des Rois François Ier, Henri II et Henri IV dans l’établissement et la diffusion du style Renaissance en France. Ses représentants les plus célèbres sont Rosso Fiorentino, Primatice et Nicolò dell’Abbate sous François Ier, puis sous Henri IV, Ambroise Dubois et Toussaint Dubreu.

En France, l’art du portrait était déjà connu et répandu depuis le milieu du XVe siècle, notamment grâce à Jean Fouquet et Jean Perreal, mais il a vraiment pris de l’ampleur à la Renaissance, au XVIe siècle, grâce à Pierre et Daniel Dumonsti. Les portraitistes attitrés du roi Jean Clouet et de son fils François, dans le style de grande précision et finesse (dessins préparatoires réalisés avant l’exécution de portraits peints), perpétuent le style de Ros. Ils influencent plus tard les portraitistes tels que Corneille de Lyon et François Quesnel, tandis que Antoine Caron, ancien collaborateur du Primatice, évoque à la fois les festivités de la Cour des Valois et la violence des guerres civiles dites «religieuses», marquées par le Massacre de Saint-Barthélemy.


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Ecole de Fontainebleau

Maitre de Flore

François Clouet

Jean Clouet

Léonard Limosin

Ligier Richier

Ecole de Fontainebleau

L'École de Fontainebleau est le nom donné à deux périodes de l'histoire de l'art français, qui dominèrent la création artistique française au XVIᵉ et XVIIᵉ siècles, et qui figurent parmi les exemples les plus aboutis de l'art renaissant en France

C’est au cours des guerres d’Italie, menées par Charles VIII dès 1494, poursuivies par Louis XII et François Ier, que les rois de France découvrirent la civilisation italienne de la Renaissance et ses réalisations très différentes du style gothique. C’est à Fontainebleau que François Ier, sans doute désireux de rivaliser avec la splendeur des cours italiennes, provoqua un bouleversement fondamental dans l’évolution de l’art français. À l’homme politique, fluctuant et indécis, s’oppose le mécène au goût sur ; Il y fit venir des artistes de la péninsule :Rosso Fiorentino qui, arrivé en France en 1530, voulut auprès de lui d’autres artistes italiens : Luca Penni et surtout Primatice (1532) qui assurera la direction des travaux de décoration de Fontainebleau après la mort de Rosso, et plus tard en 1540 Niccolò dell’Abate. Le grand Léonard de Vinci arrivé en France en 1516, avait cessé de créer et mourut en 1519. À partir du décor s’impose un style dont les principes vont s’étendre d’une manière qu’on n’avait encore jamais vue en France à toutes les branches de l’art. C’est que le langage maniériste, en apparence étranger, offrait en réalité de nombreuses affinités avec le goût français.

Paris Musée du Louvre

Diane chasseresse

Diane chasseresse (portrait de Diane de Poitiers), vers 1550, peintre Anonyme de l’École de Fontainebleau (Paris, musée du Louvre). Cette peinture qui avait été attribuée dans un premier temps à l’italien Luca Penni, montre l’influence de la statuaire antique sur les peintres de l’École de Fontainebleau. L’attitude de la déesse semble s’inspirer d’une sculpture hellénistique intitulée la Diane à la Biche, dont un exemplaire fondu en bronze par Primatice se trouvait à Fontainebleau au XVIe siècle. Elle résume ces caractères et ces influences en une sorte d’archétype de l’idéal bellifontain (de l’école de Fontainebleau). L’étirement en hauteur de la figure, impression que devait accentuer le format primitif du tableau plus étroit que le format actuel, le refus de la profondeur, tout contribue à l’abstraction de la forme. L’œuvre représente très certainement un portrait idéalisé de Diane de Poitiers, maîtresse du roi Henri II.

Bale Kunstmuseum

Dame à sa toilette

"La Dame à sa toilette" satisfait à tous les critères de beauté de l'école de Fontainebleau : corps généreux à la taille peu marquée et la poitrine haute, visage aux traits réguliers, au nez droit à la bouche petite et aux sourcils fins, peau éclatante, cheveux blonds d'un éclat doré, yeux sombres. Coiffée de perles, à peine vêtue d'un voile transparent retenu par une collerette brodée d'or, elle se pare, tandis que, derrière elle, sa servante cherche des vêtements dans un coffre. Son buste presque frontal émerge curieusement derrière une tablette sur laquelle sont disposés le coussin sur lequel la dame appuie son bras, un peigne, une boite à bijoux, des fleurs et un somptueux miroir porté par des statuettes sans bras. Le regard lointain, la dame porte à sa poitrine une main gauche qui joue avec le pendentif de son collier, tandis que sa main droite tient une bague d'un geste précieux. Au mépris de toute vraisemblance, son profil se reflète dans le miroir.

Maitre de Flore

Le Maître de Flore est un peintre français de l'École de Fontainebleau, actif vers le milieu du xvie siècle.

L'identité du Maître de Flore reste inconnue. Plusieurs artistes ont apparu comme des candidats potentiels à son identification : Jean Cousin le Jeune dont la vie et l'œuvre sont mal connues, ou des artistes actifs dans l'entourage de Primatice ou de Nicolo dell'Abate : Giulio Camillo dell'Abate (fils de Nicolo), ou Ruggiero de Ruggieri.

Le nom de convention « Maître de Flore » sert à désigner une personnalité artistique aux contours encore mal définis, identifiée une première fois par Charles Sterling puis précisée par Sylvie Béguin, autour d'un corpus réduit d'œuvres de la première école de Fontainebleau. L'usage de « Maître de Flore » provient d'une peinture autrefois dans la collection d'Albenas et aujourd'hui conservée au musée des Beaux-Arts de San Francisco, identifiée autrefois comme une Flore (aujourd'hui renommée Vénus et l'Amour). Un autre exemplaire avec variante, désigné sous le nom deTriomphe de Flore est conservé dans une collection particulière.

Plusieurs autres tableaux ont été greffés par la suite au corpus du « Maître de Flore », dans un ensemble encore très fluctuant : une Naissance de l'Amour (New-York, Metropolitan Museum of Art), une Allégorie de l'Abondance (Ravenne, Académie des beaux-arts), une Charité (Paris, musée du Louvre), mais aussi une Artémise (collection particulière) aujourd'hui rattachée à l'entourage d'Ambroise Dubois, un Triomphe de Pomone, un Loth et ses filles (collection particulière), une Tête de femme (localisation inconnue), ou une Naissance d'Adonis (Moscou, musée Pouchkine ; une seconde version conservée au Norton Simon Museum de Pasadena est aujourd'hui rapprochée de Jean Cousin le Jeune). Une copie d'après le Concert peint par Primatice dans la salle de bal du château de Fontainebleau, aujourd'hui attribuée au Maître de Flore (Paris, musée du Louvre, et autre exemplaire à New Haven, Yale University Art Gallery), atteste d'une profonde connaissance des décors de Fontainebleau et désignerait peut-être un artiste actif sur le chantier dans la seconde moitié du xvie siècle, sous la direction de Primatice. Tous les tableaux rattachés au Maître de Flore se rejoignent par un goût gracile et élégant, témoignant d'une connaissance fine de l'esthétique en vogue à la cour de Fontainebleau sur les chantiers dirigés par Primatice. L'artiste se fait une prédilection des figures féminines, souples et sensuelles, aux profils en accolade, aux corps allongés, aux longs doigts mobiles, et aux grands pieds aux orteils relevés.

L'artiste a également été proposé comme auteur de plusieurs dessins : un Céphale et Procris (New-York, Morgan Library), une Annonciation (Vienne, Albertina), et surtout un Apollon et les Muses (Paris, musée du Louvre), qui prépare un médaillon du décor de la chambre des Arts au château d'Ancy-le-Franc. Le Maître de Flore pourrait ainsi avoir été sollicité par Antoine III de Clermont avant sa mort en 1578, pour achever un décor commencé plusieurs années plus tôt.


Vicenza Collection particilière

Le Triomphe de Flore

Dans les tableaux attribués à ce maître, la figure principale, passive et occupant une grande partie de l'espace pictural, s'oppose à d'autres figures plus dynamiques : putti dans le Triomphe, serviteurs dans la Naissance et enfants dans l'Abondance. Comme dans l'œuvre de Niccolò dell Abbate, mais de manière plus anecdotique, la nature est bien présente, notamment dans les fleurs qui parsèment si à profusion qu'elles pourraient presque être considérées comme la signature de l'artiste.

François Clouet

Fils de Jean Clouet, à qui il succéda dans la charge de peintre officiel de la Cour dès la mort de ce dernier, on ne possède guère plus de renseignements sur la vie de François Clouet que sur celle de son père ; son acte de décès indique qu'il n'était pas marié et qu'il avait deux filles naturelles. On ne sait rien de ses travaux pour François Ier jusqu'aux obsèques de celui-ci qu'il dut organiser (il moula le masque mortuaire du roi). Deux tableaux de lui seulement sont signés : le Portrait de Pierre Quth (au Louvre) et Le Bain dit de Gabrielle d'Estrées (coll. Cook à Richmond, copie au musée Condé de Chantilly). Néanmoins, il est probable qu'il fut l'auteur des portraits officiels des rois de France qu'on lui attribue généralement, Henri II (musée de Versailles, musée des Offices et palais Pitti à Florence), Charles IX (Kunsthistorisches, Vienne), ainsi que d'autres portraits, Claude de Beaune (Louvre), Jeanne d'Albret, Marguerite de France (musée Condé, Chantilly). Ces attributions s'appuient généralement sur les dessins de Clouet, au nombre d'une cinquantaine, conservés au Cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale à Paris, au British Museum à Londres et au musée Condé de Chantilly. Il est fort difficile de distinguer entre la main de François Clouet et celle de certains portraitistes contemporains qui furent sans doute ses auxiliaires. Les collections de portraits étaient alors très à la mode, et Catherine de Médicis les classait et les annotait par familles. Ce jeu que permettait le dessin était très prisé à la Cour; les personnes moins riches pouvaient le faire avec des gravures plus grossières. Animée par un goût similaire, la reine Victoria collectionnait les photographies des membres des grandes familles. C'est un des aspects les plus significatifs du XVIe siècle que révèlent ces galeries de portraits peints, dessinés ou gravés. Les dessins de François Clouet et de ses collaborateurs se distinguent toutefois par leur finesse et par leur expressivité de toute une production parfois d'une qualité honorable, mais souvent d'une grande médiocrité.

Paris Musée du Louvre

Charles IX en pied

Ce portrait de petit format peint sur bois par l’atelier de François Clouet (avant 1520-1572) représente le roi Charles IX de Valois (1570-1574). Peint en pied et de face, la pose altière empreinte d’une certaine raideur est toutefois atténuée par un léger hanchement suggéré par la jambe droite à peine fléchie. Richement vêtu, tenant dans sa main droite des gants alors que son bras est négligemment appuyé sur le dossier d’un fauteuil recouvert de velours rouge, le roi tient son épée dans la main gauche. Les deux pans du rideau de soie verte qui encadrent le jeune roi rappelle une scène de théâtre sur laquelle Charles IX est le seul acteur. Le rideau vient d’être levé et dévoile aux regards le prince dans sa majesté.

Paris Musée Carnavalet

Catherine de Medicis

Catherine de Médicis est née le 13 avril 1519 à Florence (Italie) sous le nom de Caterina Maria Romola di Lorenzo de' Medici et morte le 5 janvier 1589 à Blois (France).

Fille de Laurent II de Médicis (1492-1519), duc d'Urbino, et de Madeleine de la Tour d'Auvergne (1495-1519), elle grandit en Italie d'où elle est originaire par son père. À la mort de ses parents, elle hérite du titre de duchesse d'Urbino, puis de celui de comtesse d'Auvergne à la mort de sa tante Anne d'Auvergne en 1524.

Par son mariage avec le futur Henri II, elle devient Dauphine et duchesse de Bretagne de 1536 à 1547, puis reine de France de 1547 à 1559. Mère des rois François II, Charles IX, Henri III, des reines Élisabeth (reine d'Espagne) et Marguerite (dite « la reine Margot »), elle gouverne la France en tant que reine-mère et régente de 1560 à 1563.

Catherine de Médicis est une figure emblématique du XVIe siècle. Son nom est irrémédiablement attaché aux guerres de Religion opposant catholiques et protestants. Partisane d'une politique de conciliation, elle est l'instauratrice en France de la liberté de conscience pour les protestants, et a de nombreuses fois tenté de faire accepter le concept de tolérance civile.

Une légende noire persistante la dépeint comme une personne acariâtre, jalouse du pouvoir, ne reculant devant aucun crime pour conserver son influence. Aujourd'hui, la tendance historiographique la réhabilite, et reconnaît en elle une des plus grandes reines de France. Néanmoins, son rôle dans le massacre de la Saint-Barthélemy contribue à en faire une figure controversée.

Le tableau représente Catherine de Médicis en tenue de deuil, à l'âge de 40 ans environ.

Chantilly Musée Condé

Élisabeth d'Autriche

Ce portrait aurait été réalisé à l’occasion du mariage du couple royal en 1570, mariage qui n’a rien d’anodin dans le contexte des Guerres de Religion en France : la fille de l’empereur catholique du Saint- Empire romain germanique venait renforcer l’alliance avec le royaume de France. C’est à cette époque aussi que s’est développé en France l’art du portrait royal dont François Clouet est l’un des principaux représentants.

Jeanne d'Albret, reine de Navarre

Jeanne d'Albret, née le 16 novembre 1528 au château de Saint-Germain-en-Laye, morte le 9 juin 1572 à Paris, est la fille d’Henri II d’Albret, roi de Navarre, et de Marguerite d’Angoulême, sœur de François Ier.

En 1541, celui-ci la marie au duc de Clèves. Ce mariage forcé est cassé en 1545 et elle épouse en 1548 Antoine de Bourbon. En 1553, Henri de Navarre, le futur Henri IV, naît de cette union.

Devenue reine de Navarre, à la mort de son père en 1555, elle veille à maintenir l’indépendance de ses états par rapport à la France et l’Espagne. Elle se convertit au protestantisme en 1560, sous l’influence de Théodore de Bèze et impose à partir de ce moment-là sa religion à ses états. Elle promulgue des ordonnances ecclésiastiques sur le modèle genevois.

Venue à la cour de France en 1572 pour arranger le mariage de son fils avec Marguerite de Valois, sœur du roi Charles IX, elle y meurt juste avant ce mariage, ce qui recule au mois d’août 1572 la cérémonie initialement prévue en mai.

La coiffe française en forme de capuchon de Jeanne a un milieu ouvert enjambé par des rubans qui permettent de voir sa coiffure dans ce portrait de Clouet de 1570.

Portrait au petit chien de Marguerite d'Angoulême

Marguerite est la fille de Charles d’Orléans, duc d’Angoulême, et de Louise de Savoie. Elle est la sœur de François Ier sur lequel elle exerce toute sa vie un grand ascendant. Elle joue ainsi un rôle politique important à la cour du roi.

Elle épouse Charles, duc d’Alençon, en 1507. Veuve en 1525, elle se remarie en 1527 avec Henri d’Albret, roi de Navarre. Sa fille, Jeanne d’Albret, est la mère d’Henri de Navarre, futur Henri IV.

Versailles Musée National

Charles IX Roi de France

Charles IX, né le 27 juin 1550 au château royal de Saint-Germain-en-Laye et mort le 30 mai 1574 au château de Vincennes, est roi de France de 1560 à 1574.

Il est le quatrième roi de la famille des Valois-Angoulême. Fils d'Henri II et de Catherine de Médicis, il succède à son frère François II à l'âge de 10 ans et meurt sans enfant mâle légitime à près de 24 ans.

Sous son règne, le Royaume est déchiré par les guerres de Religion, malgré tous les efforts déployés par sa mère Catherine pour les empêcher. Après plusieurs tentatives de réconciliation, son règne déboucha sur le massacre de la Saint-Barthélemy.

La peinture de François Clouet est plus diversifiée que celle de son père. On peut considérer qu'elle comporte quatre volets : les miniatures, les portraits à l'huile, les tableaux divers à l'huile et les portraits au crayon.

Il fut d'abord le portraitiste officiel de la cour de France et utilisa dans cette fonction le dessin, le portrait à l'huile et la miniature. Pour les huiles, François Clouet choisit en général un cadrage plus rapproché que son père Jean. Les mains, parfois maladroitement placées chez ce dernier, disparaissent chez le fils. Il conserve le portrait à mi-corps, maîtrise les effets d'ombre et de lumière et possède un talent exceptionnel pour saisir la physionomie, voire la psychologie de son modèle. Ses portraits ont plus d'élégance et de raffinement que ceux de son père.

Florence Palazzo Pitti

Portrait du Roi Henri II en pied

François Clouet continue l’œuvre de portraitiste de son père, et son art présente beaucoup d'analogie avec le style dont Jean a été l’inventeur : même sobriété, concentration sur la recherche de ressemblance et même soin d'éviter tout détail superflu. Les dessins de François Clouet toutefois sont réputés ne pas posséder la légèreté aérienne de ceux de Jean Clouet, mais en tant que portraits ils ne sont pas moins saisissants. C'est lui qui le premier s'est avisé de leur donner un fini qui atteste qu'il ne les considérait plus comme des esquisses préparatoires, mais comme des œuvres d'art achevées en elles-mêmes.

Le portrait est un portrait grandeur nature.

Roi parfaitement représentatif de la Renaissance française, Henri II poursuit l'œuvre politique et artistique de son père. Il continue les guerres d'Italie, en concentrant son attention sur l'empire de Charles Quint qu'il parvient à mettre en échec. Henri II maintient la puissance de la France mais son règne se termine sur des événements défavorables comme la défaite de Saint-Quentin (1557) et le traité du Cateau-Cambrésis qui met un terme au rêve italien.

Son règne marque également l'essor du protestantisme qu'il réprime avec davantage de rigueur que son père. Devant l'importance des adhésions à la Réforme, Henri II ne parvient pas à régler la question religieuse, qui débouche après sa mort sur les guerres de Religion.

Washington National Gallery

Diane de Poitiers au bain

C'est l'un des trois seuls tableaux signés par Clouet, signature que l'on aperçoit ici en cartellino dévoilé sur le bord en bois de la baignoire par la main de la baigneuse qui repousse le drap.

La composition du tableau révèle plusieurs scènes distinctes même si elles sont rassemblées autour du même sujet :

  • La baigneuse à demi dévoilée dans sa baignoire de bois enveloppée d'un drap blanc.

  • La nourrice tenant et allaitant un bébé enveloppé dans ses langes,

  • Un garçonnet, qui se trouve entre elles deux, dont on n'aperçoit que la tête et les mains et qui tente d'attraper un fruit dans une coupe, coupe qui forme une nature morte formelle.

  • Une servante encadrée par les tombants du rideau rouge (symbole de royauté) se profile dans l'arrière-plan, tenant une cruche et fournissant probablement l'eau chaude pour le bain, car on aperçoit à sa droite les reflets d'un feu dans l'architecture d'une cheminée ; une tapisserie derrière elle montre une composition héraldique à la licorne et à un arbre sur fond rosâtre.

L'identité du sujet principal n'est pas totalement établie.

Jean Clouet

Jean Clouet le jeune (né en 1480 à Bruxelles, mort en 1541 à Paris) est un peintre portraitiste originaire des Pays-Bas bourguignons du xvie siècle fils de Janet très probablement né à Bruxelles, d'un père flamand, Michel Clauwet, de Valenciennes en Hainaut, qui aurait été peintre au service du Duc de Bourgogne et mort vers 1490. Ses débuts sont mal connus.

Les Clouet : nom de trois peintres français également connus dans les documents d'époque, les deux premiers sous le nom de Jean (Janet) et de Polet, deux frères, fils de Michel Clauwet, de Valenciennes en Hainaut. Et enfin le troisième Clouet, son fils François Clouet, grand portraitiste de la cour de France.

Paris Musée du Louvre

François 1er Roi de France

Ce tableau figurant François Ier est devenu célèbre, car il a fixé une sorte de portrait officiel du roi qu’estampes, gravures et manuels scolaires ont repris. Placé au château de Fontainebleau, entreposé au XVIIIe siècle dans les magasins de la Surintendance du roi, puis exposé entre 1837 et 1848 dans la salle des Rois du musée historique de Versailles, il a rejoint le musée du Louvre où il se trouve encore aujourd’hui.

Cette traçabilité et cette fortune picturales contrastent avec les longues hésitations des historiens d’art sur son attribution. Ils se sont divisés sur la part respective des influences italianisante et flamande. Celle-ci étant jugée dominante, le tableau a pu être attribué à de grands portraitistes comme Hans Holbein et Joos Van Cleve.

Finalement, un consensus s’est établi autour de Jean Clouet, ou Janet Clavet, originaire du Hainaut. Il a peut-être travaillé pour Louis XII, mais n’apparaît dans les comptes royaux qu’à partir de 1516 et jusqu’en 1536 comme valet de garde-robe. À partir de 1526, il émarge aussi parmi les peintres et gens de métier. À ces pensions s’ajoutent des paiements pour des « pourtraicts et effigies au vif ». Il épouse à Tours la fille d’un orfèvre, avant de vivre à Paris où il meurt vers 1540, sans jamais avoir reçu de lettre de naturalité du roi mais en laissant un fils, François Clouet, lui aussi grand portraitiste de la cour de France qui a peut-être exécuté avec la collaboration de François Clouet.

En matière d’art, la comparaison entre les œuvres est souvent d’un grand intérêt. Je vous propose de regarder deux tableaux du même peintre, avec le même sujet : le roi de France François 1er.

Comparons avec le tableau de Chantilly ... ici, quel contraste avec le second tableau ! Même artiste, même sujet, mais quelle magnificence dans l’œuvre peinte quinze ans plus tard ! Les traits du visage sont restés les mêmes, la coiffure n’a pas changé, mais le peintre montre combien le roi a pris de l’assurance. L’influence de l’art italien n’est pas pour rien dans l’évolution très sensible entre ces deux représentations. À l’Italie, l’artiste a emprunté le faste des étoffes et la précision du dessin, particulièrement visible dans la beauté des mains qui tiennent le pommeau d’une épée et dans le modelé des traits du visage. Les crevés du pourpoint et du manteau laissent apparaître une chemise blanche d’un tissu mat qui contraste avec le satin et les broderies précieuses des vêtements.

François 1er porte le collier de l’ordre de Saint-Michel, dont il était grand maître. La tenture du fond est ornée de couronnes fleurdelisées. Le premier tableau semble le portrait d’un homme de qualité ; le second, d’un roi.

Portrait équestre de François 1er

Ce tableau semble l'un des premiers à montrer, au XVIe siècle, dans une petite peinture autonome, le souverain à cheval et en armure. A l'exception des deux dessins de report pour des lames du gorgerin (conservés à Munich), aucun autre n'est parvenu jusqu'à nous.

Chantilly Musée Condé

François 1er Roi de France

Le premier tableau a été peint l’année du sacre du jeune roi et de la bataille de Marignan. François 1era tout juste 20 ans, sa barbe est naissante, le regard est perdu dans le lointain. Le manteau est de fourrure, mais le vêtement reste simple, aucun relief particulier n’est recherché, les crevés laissent juste entrevoir la chemise, sans travail des plis. La palette des couleurs est sourde, le fond est uni, l’ensemble dégage une certaine modestie. Cependant, le roi est bien présent, son visage est probablement assez réaliste, car les mêmes caractéristiques se retrouvent sur l’ensemble des œuvres le représentant.

Liverpool National Museums

Marguerite de Navarre

Marguerite de Navarre, née Marguerite d'Angoulême (appelée aussi Marguerite de Valois-Angoulême) le 11 avril 1492 à Angoulême et morte le 21 décembre 1549 à Odos-en-Bigorre, est la sœur de François Ier. Duchesse d'Alençon par son premier mariage en 1509, elle est faite duchesse de Berry en 1517 par François Ier, et devient reine consort de Navarre par son second mariage en 1527. En 1528, elle donne naissance à Jeanne d'Albret, reine de Navarre en 1555 et mère d'Henri de Bourbon, futur Henri IV, roi de France et de Navarre.

Elle joue un rôle capital au cours de la première partie du xvie siècle : elle exerce une influence profonde en diplomatie et manifeste un certain intérêt pour les idées nouvelles, encourageant les artistes tant à la Cour de France, elle protège notamment les écrivains Rabelais et Bonaventure des Périers, qu'à Nérac. Elle est aussi connue pour être une femme de lettres importante, surnommée la «dixième des muses», notamment pour son recueil de nouvelles connu aujourd'hui sous le titre L'Heptaméron. Les poètes de son temps l'appelaient « la perle des Valois ». Rabelais, qui éprouvait à son égard un mélange de fascination et d'effroi, la surnomme la Dame à la Licorne.

Jean Clouet fait apparaître le charme de cette intellectuelle raffinée et peint un perroquet,symbole de l'éloquence.

New York Metropolitan

Guillaume Budé

Guillaume Budé (né à Paris le 26 janvier 1467 et mort à Paris le 22 août 1540) est un humaniste français.

Ce savant avait embrassé toutes les sciences, théologie, jurisprudence, mathématiques, philologie ; mais c'est surtout comme helléniste qu'il est connu.

Il est lié avecThomas More, Pietro Bembo, Étienne Dolet, Rabelais et surtout Érasme qui écrira, après une querelle littéraire, « je ne suis point réconcilié avec Budé ; je n'ai jamais cessé de l'aimer ».

Corneille de Lyon

Originaire de La Haye, Corneille de Lyon fut ainsi surnommé à cause de sa longue résidence dans cette ville, où il vivait sans doute depuis un certain temps quand le poète Jean Second vint le voir en 1534. Corneille est mentionné comme peintre du Dauphin, le futur Henri II ; naturalisé en 1547, il porte, en 1551, le titre de peintre et valet de chambre du roi. Sa dernière mention à Lyon date de 1574; il a dû mourir peu après.

Chantilly Musée Condé

Léonard Limosin

Léonard I Limosin est un peintre, émailleur, dessinateur et graveur français du xvie siècle, né vers 1505 à Limoges, mort entre janvier 1575 et février 1577.

Léonard I est le fils aîné du courtier et aubergiste François Limosin. Une certaine obscurité entoure les débuts de sa carrière. On croit qu'il est l'élève de Léonard Pénicaud (1470-1543). Certains biographes le font venir à Fontainebleau en 1528, bien que l'école dirigée par la suite par Rosso et le Primatice n'existe pas encore. Du reste, les premières œuvres de Léonard témoignent de l'influence allemande. Peintre du roi dès 1530, mais peu ou mal payé par François Ier, il exécute de nombreux émaux pour les églises ; son talent ne s'épanouit pas encore. Cependant en 1532, date la plus éloignée de ses travaux signés, il exécute dix-huit plaques d'après la Passion d'Albrecht Dürer. Très habile dessinateur, il copie en émaux les estampes du « Maître au Dé » et fait comme lui une suite de pièces représentant les divers épisodes de la fable de Psyché d'après Raphaël, en grisaille

Ecouen Chateau

Ulysse

Le portrait d'Ulysse est une œuvre remarquable du fameux émailleur Léonard Limosin. Ce portrait représente Ulysse, roi d'Ithaque, l'un des héros de la guerre de Troie, identifié par une inscription en lettres d'or. Il s’agit d’un portrait idéalisé, qui répond à l'image de l'Antiquité que se faisaient les hommes de la Renaissance.

Cette plaque en émail polychrome peint sur cuivre a été réalisée vers 1564 et appartient à un ensemble désormais dispersé qui pourrait provenir du décor composé de trente-deux plaques du cabinet des émaux de Catherine de Médicis à l'Hôtel de Soissons (Paris), aménagé autour de 1570. Témoignant de l'influence de la culture humaniste sur les arts décoratifs de la Renaissance française, ces émaux prennent directement leur source dans les Héroïdes, poème d'Ovide qui retrace, par le biais d’un échange de lettres fictives, les amours tragiques des héros et héroïnes de l’Antiquité.

Ligier Richier

Ligier Richier, né vers 1500 à Saint-Mihiel, mort à Genève en 1567, est un sculpteur lorrain du début de la Renaissance. Attaché à la cour de Lorraine et de Bar, il a réalisé plusieurs œuvres majeures conservées dans les départements de la Meuse et de Meurthe-et-Moselle.

Saint Mihiel Eglise Saint Etienne

Sépulcre Saint Mihiel

Il s’agit d’une des dernières réalisations de Ligier Richier et la plus célèbre avec Le Transi de René de Chalon

L'œuvre représente la mise au tombeau du Christ. Treize personnages sont représentés légèrement plus grands que nature.

L'ensemble a été réalisé dans trois blocs de pierre de Saint-Mihiel, si bien agencés que jusqu'au xixe siècle les Lorrains l'ont cru sculpté dans un seul bloc.

Au centre et au premier plan, le Christ porté par Joseph d'Arimathie (à la tête) et Nicodème (à ses pieds), tous deux avec des habits de style Grand prêtre d'Israël et le visage tourné vers la figure du Sauveur. Aux pieds du Christ, Marie Madeleine, baisant les pieds du Christ, lui confère ses adieux. Elle est ornée de bouffants, de crevés qui montrent une mode Renaissance, elle a aussi une ceinture avec des chaînons ciselés. Juste derrière, Marie, en pâmoison, est soutenue par Jean et Marie Cléophée, elles sont habillées à la mode de l'époque de Ligier Richier par les coiffures et ses vêtements. Marie est ici la figure de la Mater Dolorosa. Un ange tient la croix et les instruments de la Passion du Christ.

Complètement à gauche, Marie Salomé prépare un linceul qu'elle dispose dans le tombeau ; ce sont les objets qui étaient à l'origine destinés à Joseph d'Arimathie.

À l'arrière-plan, à droite, deux comparses jouent aux dés la tunique du Christ sous le regard d'un centurion. Ici, tout est en opposition avec l'atmosphère de la scène présentée, ils sont habillés en Romains, jouent, ont une physionomie grossière, des rictus aux lèvres. Leur chef plus pensif tenait une lance aujourd'hui disparue. Tandis qu'une femme, en avant-plan, (Véronique ou Jeanne la Myrophore selon les sources) présente la couronne d'épines sur un linge, elle l'observe avec révérence et est en habit plus simple que son pendant Marie Madeleine.