G - Peinture Danoise

La peinture danoise

La figure majeure de Christoffer Eckersberg (1783-1853), de loin le plus célèbre des peintres de cet Âge d’or dont seuls quelques historiens de l’art en France peuvent se dire familiers et dont on se bornera à n’évoquer ici que quelques-uns des protagonistes. L’Âge d’or danois englobant divers courants stylistiques ainsi qu’une grande variété de moyens picturaux et de sujets.

C’est avec l’aide de son collègue Johan Ludvig Lund (1777-1867) qu’en 1822, il en réforma le programme par deux innovations audacieuses, d’abord en y introduisant un cours destiné à emmener les élèves peindre sur le motif, ce que les peintres, pour travailler en atelier jusque dans les années 1820, ne faisaient pas, puis en y intégrant l’étude de modèles féminins, ce qui pour des raisons de bienséance était jusque-là interdit à Copenhague. C’est dans ce cadre que fut peint, par exemple, ce nu de jeune femme aux larges épaules se tressant les cheveux (1839), œuvre ouvertement sensuelle de Ludvig August Smith (1820-1906). Et si aucun d’entre eux n’a véritablement répété son expérience d’un séjour à Paris, car Martinus Rørbye, en 1834, ne fit qu’y passer, il apparaît en revanche qu’à peu d’exceptions tous firent le pèlerinage obligé en Italie, dont Rome était la principale destination à commencer par Christen Købke (1810-1848), un réel maître du paysage, ayant complètement assimilé l’enseignement d’Eckersberg. Obtenant de son vivant davantage de succès que Købke, Constantin Hansen (1769-1828), lui aussi, vécut en Italie, de 1835 à 1844, notamment à Rome, dont il a laissé de très belles études aux couleurs raffinées, telles que La Basilique San Pietro in Vincoli (1836) et Le Temple de Vesta et ses environs (1837). On lui doit aussi le chef-d’œuvre de ce Groupe d’artistes danois à Rome(1837) dans lequel il s’est lui-même représenté avec ses amis (Gottlieb Bindesbøll, Martinus Rørby, Wilhelm Marstrand, Albert Küchler, Ditlev Blunck et Jorgen Sønne). De même Wilhelm Bendz (1804-1832), dont on peut difficilement imaginer adaptation plus intelligente et poétique des doctrines de ce dernier. Précoce talent à la vie brève, il mourra sitôt son arrivée en Italie. Et puis Martinus Rørbye (1803-1848), étroitement lié à Eckerberg, visitera également l’Italie tout en poussant son voyage jusqu’en Grèce et en Turquie d’où il rapportera de délicates études peintes. Enfin, Wilhelm Marstrand (1810-1873), autre élève d’Eckersberg, mais sans en suivre les sujets ni la manière, partira pour l’Italie en 1836 ainsi que Jørgen Roed (1808-1888) qui arrivera l’année suivante à Rome où il retrouvera plusieurs des anciens sites choisis par le maître. Sans oublier Jørgen Sonne (1801-1890), l’un des peintres qui, ne faisant pas partie de l’école d’Eckersberg, partira en 1831 à Rome, où il restera dix ans. En revanche Dankvart Dreyer (1816-1852) dont le style doit beaucoup à Eckersberg, ne quittera jamais le Danemark, fidèle qu’il restera à sa Fionie natale.

Après l’événement tragique du « bombardement de Copenhague » par les Britanniques en 1807, peint par Christian August Lorentzen (1746-1828) et Eckersberg, les artistes de l’Âge d’or danois contribuèrent à donner une image positive de leur capitale qu’ils aimaient arpenter. De nombreuses œuvres montrent le port foisonnant d’activités, les remparts de la citadelle, les places de marché peuplées de citadins à leurs affaires ou bien des scènes de rues, qu’elles soient sentimentales ou comiques. Wilhelm Marstrand et Albert Küchler (1803-1886) excellèrent particulièrement dans ce type de tableaux, ce dernier de finalement s’installer jusqu’à la fin de sa vie à Rome où, devenu moine franciscain, il n’exécuta plus que des tableaux à caractère religieux. P.C. Skovgaard (1817-1875), peintre le plus doué de la période d’après 1850, sans avoir été l’élève d’Eckersberg, est aussi celui dont l’apport à l’interprétation romantique du paysage danois est le plus original. Héritier spirituel de Johan Thomas Lundbye (1818-1848), son ami de jeunesse, avec lequel il partait souvent en excursion pour peindre, son style apparaît nettement avec ce magnifique Champ d’avoine près de Vejby (1843) non moins qu’avec cette Forêt de hêtres en mai. Iselingen (1857) dans laquelle les arbres s’élèvent bien au-dessus d’un chemin en laissant apparaître, entre leurs dômes, le bleu du ciel égayé de nuages blancs.