D - Renaissance Allemande

La Renaissance

Le commencement au XVIe siècle vit fleurir les principaux maîtres de l'art allemand. Ce fut alors qu'Albrecht Dürer personnifia dans sa plus grande originalité la peinture en Allemagne pour le pittoresque, et son penchant vers le fantastique : peintre assez fécond pour que toutes les galeries importantes aient pu posséder plusieurs de ses tableaux, coloriste plein de fantaisie dans le jeu de la lumière et des ombres, graveur inventif et d'une rare finesse, Dürer introduisit dans l'école allemande une manière plus franche et plus libre, et exerça sur les pays voisins une grande influence, dont les Italiens Bellini, André del Sarto, Pontormo, etc., ne cherchèrent pas à s'affranchir. Sur ses traces marchèrent Jean de Kulmbach, Scheuffelin, Aldegrever, Altdorfer, Beham, Pens, Grunewald de Nuremberg, Gutlinger et Burgmaier d'Augsbourg. A la même époque, Lucas Cranach était le chef d'une école rivale en Saxe. Dans la haute Allemagne, à Ulm, une autre école encore avait pour représentants Zeitblom et Martin Schaffner. Enfin, Hans Holbein, d'Augsbourg, avant d'aller se fixer en Angleterre, forma à Bâle une école qui a illustré la Suisse, et qui compte parmi ses maîtres Asper, Amberger, Stimmer, Amman, Meyer, les Füssli, etc.

Mathias Grunewald

Matthias Grünewald est un peintre atypique pour le début du 16e siècle, époque où l'influence de la Renaissance italienne atteint l'Europe entière. Tout d'abord, il ne s'intéresse qu'aux sujets religieux, prolongeant ainsi la thématique presque unique de la peinture du Moyen Âge. Ensuite, ses compositions ont un caractère mystique accentuant la violence de l'expression. Il utilise la couleur et la lumière pour investir ses personnages d'une véhémence étrangère à la peinture de l'époque, qui est axée sur la recherche de la beauté. Les scènes les plus sombres sont aussi les plus fortes chez cet artiste qui peint sans aucune idéalisation des corps suppliciés, désarticulés, malades. La puissance de sa peinture est stupéfiante. Elle tient probablement à une personnalité hantée par les aspects les plus tragiques de la mythologie chrétienne. Elle résulte aussi de sa capacité à s'écarter des dominantes esthétiques de son temps : Grünewald prolonge le Moyen Âge en substituant à l'illustration naïve des belles légendes du christianisme un réalisme de la douleur physique et morale qui reste unique dans l'histoire de l'art.

Matthias Grünewald est un peintre et ingénieur hydraulique allemand de la Renaissance, contemporain d'Albrecht Dürer.

Sa date et son lieu de naissance ne sont pas connus, mais il est probablement né à Wurtzbourg (Würzburg), en Bavière entre 1475 et 1480. Il s'appelait en réalité Mathis Nithart ou Mathis Gothart, selon les documents historiques conservés. Le nom de Grünewald apparaît seulement en 1675 dans l'Académie allemande (Teutsche Akademie) de Joachim von Sandrart (1606-1688). Sandrart est un peintre qui veut conserver une trace écrite de la vie et de l'œuvre de ses pairs. Il rédige donc un vaste ouvrage recensant les peintres allemands de l'époque, intitulé L'Académie allemande et inspiré des Vies des peintres de Giorgio Vasari (1550) ou du Livre des peintres de Karel van Mander (1604). Nous conserverons ci-après le nom de Grünewald, bien que les documents historiques utilisent Maître Nithart ou Gothart.

Matthias Grünewald apparaît pour la première fois en 1505 lorsqu'il entre au service de l'archevêque de Mayence, Uriel von Gemmingen (1486-1514) qui est aussi prince-électeur du Saint-Empire romain germanique. Von Gemmingen l'emploie comme maître d'œuvre à Aschaffenburg. Il est chargé, entre autres tâches, du percement d'un puits et de l'installation d'une pompe. Il poursuivra pendant plusieurs années cette spécialité d'hydraulicien puisqu'il est à nouveau mentionné pour ce type de travail dans un contrat en 1510. Au cours des années suivantes (1510-1515) apparaissent des documents le désignant comme peintre de retables. Il livre, à Aschaffenburg, deux volets du retable Heller dont le panneau central a été peint par Dürer (ce panneau a été perdu). Il est peu probable que Grünewald ait rencontré Dürer à cette occasion car le panneau central a été réalisé en 1508-09. Un document de 1517 atteste également que Grünewald a terminé en 1516 le retable d'Issenheim, considéré comme son chef-d'œuvre. A la mort d'Uriel von Gemmingen en 1514, son successeur le cardinal Albrecht de Brandebourg (1490-1545) le prend à son service à Aschaffenburg. Le cardinal, grand adversaire de Martin Luther, est un protecteur des arts et des sciences. Il charge en particulier Matthias Grünewald de la réalisation d'un triptyque évoquant la Rencontre de saint Érasme et saint Maurice (1520-1525), dont seul le panneau central a été conservé. Au cours des années suivantes, Grünewald ne reste pas au service du cardinal. Outre la peinture, il réalise encore des travaux hydrauliques. On le trouve à Mayence, à Francfort puis à Halle-sur-Saale (Saxe-Anhalt) où il meurt en 1528.

Albrecht Dürer

Albrecht Dürer est sans conteste le peintre allemand le plus populaire. Il doit cette popularité à sa capacité de représenter la nature avec un réalisme que peu d'artistes avaient atteint à son époque. Ses paysages et ses figures de végétaux ou d'animaux à l'aquarelle et à la gouache demeurent encore aujourd'hui de grands succès commerciaux pour la reproduction.

Albrecht Dürer est né le 21 mai 1471 à Nuremberg, en Bavière, où son père exerçait le métier d'orfèvre. La famille de sa mère est de Nuremberg mais son père est arrivé de Hongrie en 1455. Le jeune Albrecht passe son enfance dans l'atelier paternel et apprend le métier d'orfèvre. Dès cette époque, ses dons exceptionnels de dessinateur se révèlent. L'autoportrait ci-dessus, réalisé à l'âge de treize ans, donne une idée de ses capacités. En 1486, son père le met en apprentissage à Nuremberg dans l'atelier du peintre Michael Wolgemut (1434-1519). Son apprentissage dure trois ans et couvre toutes les techniques des arts graphiques : dessin, aquarelle, gouache, peinture à l'huile, gravure sur bois pour l'illustration de livres.

Dès 1490, Dürer commence son tour de compagnon puisqu'il est considéré comme un artisan qui termine sa formation. Il souhaite en particulier se rendre à Colmar où travaille Martin Schongauer (1450-1491), le plus illustre graveur de l'époque. Mais quand il arrive dans cette ville, Schongauer est décédé. Il poursuit son voyage en Europe du Nord : Pays-Bas, Bâle, Strasbourg. Au cours de son périple, il fait de nombreuses rencontres qui enrichissent ses connaissances : les frères de Martin Schongauer, les éditeurs Nicolaus Kessler, Johann Amerbach et Michael Furter. Il réalise surtout des dessins et des gravures.

Au printemps 1494, Albrecht Dürer revient à Nuremberg pour épouser Agnès Frey. « Et quand je fus de retour, écrit-il, Hans Frey entra en pourparlers avec mon père et me donna sa fille nommée Agnès qui reçut une dot de 200 florins ; le mariage eut lieu le 14 juillet de l'an 1494. »

Mais dès l'automne de cette même année il part pour l'Italie où il séjourne principalement à Venise. Il y rencontre Jacopo de Barbari (1445-1516), peintre et graveur sur bois et cuivre. Il découvre surtout l'art de la Renaissance italienne et la fascination pour l'Antiquité. Il aurait souhaité par-dessus tout rencontrer Andrea Mantegna (1431-1506), dont il admire les gravures, mais celui-ci travaille à Mantoue. Au cours de ce bref voyage, il copie des estampes de Mantegna et se révèle paysagiste en réalisant d'admirables aquarelles

En 1495, de retour à Nuremberg, Dürer ouvre un atelier. La ville connaît une prospérité économique favorable au développement de l'art, mais Dürer bénéficie également du mécénat du Prince-Électeur de Saxe, Frédéric III de Saxe, dit Frédéric le Sage (1463-1525). Comme beaucoup de grands artistes de l'époque, il se passionne pour les proportions des différents éléments de l'anatomie humaine et pour les lois de la perspective. Ces centres d'intérêt apparaissent nettement dans certaines œuvres de cette période : Retable Paumgartner (1503), Adam et Eve (1507).

De 1505 à 1507, Dürer entreprend un second voyage en Italie. Il séjourne surtout à Venise où il est accueilli par la famille Fugger, de riches banquiers allemands dont les activités s'étaient déployées à l'échelle internationale. Les italiens le reçoivent également comme un très grand artiste, à tel point que l'on trouve la phrase suivante dans une lettre adressée par Dürer à son ami Willibald Pirckheimer, juriste et humaniste allemand (1470-1530) : « Ici je suis un gentilhomme, chez moi un parasite ». A Venise il peint La fête du rosaire et un certain nombre de portraits.

De retour à Nuremberg, il reprend son activité de peintre mais aussi de graveur. Son goût pour la gravure, qu'il conservera sa vie durant, est dû à sa formation de dessinateur. Le dessin demeure pour lui l'essentiel, même après son voyage en Italie au cours duquel il a pu apprécier l'importance de la couleur. Un autre grand mécène apparaît dans sa vie à cette époque : l'empereur Maximilien 1er de Habsbourg (1459-1519). Celui-ci est à la tête du Saint Empire romain germanique à partir de 1508 et il s'intéresse à l'activité artistique. Des gravures et des portraits sont commandés à Dürer par l'empereur. En 1512, Maximilien lui accorde une pension et des titres de noblesse. Il devient peintre officiel de la cour.

La reconnaissance officielle est désormais complète : il fait partie du Grand Conseil de la ville de Nuremberg et siège en 1518 à la Diète d'Empire qui se tient à Augsbourg. L'artisan graveur des débuts est devenu un artiste internationalement connu et un homme dont on apprécie le savoir et la capacité de réflexion.

En 1520, Dürer effectue un dernier grand voyage. Il se dirige vers les Flandres et séjourne à Bruges et Gand où il peut admirer les chefs-d'œuvre de Van Eyck et Van der Weyden.

Il continue à peindre et à graver, mais écrit de plus en plus. Il avait beaucoup réfléchi au cours de sa vie à la théorie de l'art, à la perspective, à la représentation du corps humain et aux mesures. Souhaitant laisser à la postérité le fruit de ces réflexions, il consacre une part croissante de son temps à la rédaction de traités. Ainsi publie-t-il : Instruction sur la manière de mesurer(1525), Instruction relative aux fortifications des bourgs, villes et châteaux (1527), Traité des proportions du corps humain(1528).

Ce dernier traité sera d'ailleurs publié après sa mort qui survient le 6 avril 1528. Il est enterré à Nuremberg dans le cimetière de l'Église Saint-Jean à laquelle il avait consacré en 1489 une aquarelle qui est considérée comme le premier paysage réel en couleur de l'histoire de l'art.

Il savait tout faire dans le domaine des arts graphiques : dessin, gravure sur bois et sur cuivre, huile, aquarelle et gouache. Sa peinture subit l'influence des italiens, en particulier de Giovanni Bellini et Andrea Mantegna, mais se refuse malgré tout à l'idéalisation de la beauté formelle qu'affectionnaient les artistes transalpins. On le voit nettement dans ses tableaux religieux où la Vierge par exemple conserve une épaisseur physique toute humaine, très éloignée des madones de Bellini. Il reste ainsi un peintre du nord de l'Europe, avec une sensibilité proche de celle des flamands. Il fut surtout un graveur d'exception. Il transforme l'artisanat de la gravure, qui permettait de diffuser des estampes plutôt grossières, en un art véritable. Pourquoi ? D'abord parce qu'il est un dessinateur de génie et qu'il aime dessiner. Ensuite, parce qu'au début de sa carrière la gravure lui permet de gagner sa vie. Ses gravures dépassent en qualité tout ce qui existe alors et connaissent rapidement un succès commercial. Il poursuit tout au long de sa vie ce travail de graveur. Ses estampes se vendent dans toute l'Europe et il connaît de son vivant une célébrité internationale. La richesse et la diversité de l'œuvre de Dürer interdisent toute appréciation trop générale. Les exemples ci-après proposent un aperçu des réalisations graphiques de cet artiste attachant qui fut aussi un penseur, auteur de plusieurs traités théoriques.

Albrecht Altdorfer

Peintre, dessinateur et graveur actif à Ratisbonne, Albrecht Altdorfer (vers 1480-1538) est un artiste majeur de la Renaissance allemande. Il reste cependant moins connu que d’autres maîtres de sa génération, Albrecht Dürer, Lucas Cranach ou Hans Baldung Grien. Organisée en étroite collaboration avec le musée de l’Albertina de Vienne, l’exposition ambitionne de présenter pour la première fois au public français toute la richesse et la diversité de son oeuvre peint, dessiné et gravé, en le replaçant dans le contexte de la Renaissance allemande.

Artiste proche des cercles humanistes, Altdorfer est à la fois très original, doté d’une grande capacité d’invention formelle et iconographique, et parfaitement au fait de la création artistique de ses contemporains allemands et italiens. Le parcours de l’exposition, avant tout chronologique, réserve des sections thématiques aux grandes commandes de l’empereur Maximilien, ainsi qu’à l’orfèvrerie, au paysage et à l’architecture, genres dans lesquels Altdorfer fit oeuvre de pionnier.

Albrecht Altdorfer, né vers 1480 à Altdorf ou à Ratisbonne et mort le 12 février 1538 à Ratisbonne, est un peintre, graveur et architecte allemand de l'époque de la Renaissance, contemporain d'Albrecht Dürer.

Peintre et graveur allemand, né à Ratisbonne. La plupart de sa production artistique est de caractère réligieux, mais c'est son apport au devéloppement de la représentation du paysage en peinture qui a èté fondamental dans l'histoire de l'art.

Son travail suit le sillon tracé par l'école du Danube, formée par des artistes allemands et autrichiens. Ces peintres et graveurs plus ouverts à l'innovation, tels que Wolf Huber, Jorg Breu, Rueland Freuauf et Lucas Cranach, ont été les premiers à peindre des paysages sans la présence de figures humaines. Le Paysage avec un pont (1517-1520) de Altdorfer est considéré le premier paysage avec la technique à l'huile, réalisé d'un style qui s'inspire directement à Cranach.

Altdorfer fut un des premiers peintres à éclairer ses figurations de forêts allemandes et autrichiennes d'une lumière nocturne ou crépusculaire. Dans ses œuvres réligieuses, il peint souvent la lumière des torches, des étoiles et des crépuscules. Ses tableaux, qui présentent des sujets humains, donnent souvent l'impression d'être dominés par le paysage environnant; comme on peut bien voir dans le Saint Georges dans la forêt(1510), où le chevalier est entouré par un forêt primordial.

Son chef-d'œuvre, Alexandre et Darius à la bataille de Issos, nous donne la même impression: les armées en premier plan et un paysage dramatique qui les surmonte. L'œuvre, qui nous propose une vision catastrophique de la guerre, devint le point finale d'une phase caractérisée par la réalisation de plusieurs scènes de batailles en miniature, pour le manuscript de la Procession triomphale (1512-1514). Parmi ses peintures réligieuses les plus émouvantes, on mentionne la Résurrection du Christ (1518) et la Crucifixion(1520). Pour l'église Saint Florian, près de Linz, il peignit les Scènes de la Passion du Christ et le Martyre de Saint Sébastien.

Altdorfer a contribué à donner une certaine renommée à l'école du Danube. Ses desseins raffinés de paysages à l'encre et à l'aquarelle sur papier marron ou gris, sa manière nouvelle de peindre la lumière dans ses paysages et ses miniatures extraordinaires qui illustraient les manuscrits, ont fait de lui un des plus grands talents artistiques de son èpoque, en Allemagne. Le paysage est encore une fois le vrai protagoniste de ses meilleures gravures. Il en réalisa quatre-vingt-trois, dont la plupart sont des xylographies, et cent vingt-deux chalcographies.

Il a été aussi un artiste "engagé" à Ratisbonne, où il fut nommé architect officiel de la ville, pendant plusieurs années. Beaucoup de ses œuvres se trouvent à l'Alte Pinakothek de Munich et à la National Gallery de Londres.

Lucas Cranach l'Ancien

Le peintre et graveur Lucas Cranach (dit Cranach l’Ancien) a fait siennes les idées réformatrices de Martin Luther dès l’affichage des thèses (1517). Peintre officiel de la cour de Saxe depuis 1505 jusqu’à sa mort, il a réalisé, entre autres, le portrait de Frédéric le Sage et celui de Charles Quint. On lui doit plusieurs portraits de Martin Luther, des gravures illustrant des scènes bibliques, ainsi que des retables au service des idées de la Réforme.

Né à Cronach (Haute-Franconie) en 1472, Lucas Cranach se forme à la peinture et à la gravure, probablement à Vienne (Autriche). Il se rend rapidement célèbre par des tableaux religieux de grande intensité (le martyre de Sainte Catherine, 1506, par exemple). Si son œuvre compte beaucoup de thèmes religieux, il a aussi développé des thèmes profanes (le plus souvent mythologiques) qui sont entre autres l’occasion d’un travail novateur sur le nu (une célèbre Vénus, en 1529 et les Trois Grâces, deux tableaux qui se trouvent au Musée du Louvre à Paris).

En 1502, il est appelé à la cour de Saxe par le prince électeur, Frédéric II le Sage, et s’établit à Wittenberg. Il reste jusqu’à sa mort, en 1553, le peintre officiel de la cour de Saxe. Outre les portraits des princes régnants, dont l’exécution fait partie de ses charges, Cranach a peint celui de Charles Quint. Cette position lui donne une place de notable à Wittenberg. Il y installe son atelier ; il se rend propriétaire d’une pharmacie, ce qui lui permet de développer des commerces lucratifs ; il achète une imprimerie, celle-là même où Luther fait éditer ses thèses et par la suite ses traductions de la Bible. Il est aussi invité à faire partie du Conseil de la ville et s’en trouve Bourgmestre à plusieurs reprises.

Dès l’affichage des 95 thèses à Wittenberg, Cranach s’engage du côté de Luther. L’amitié entre les deux hommes est immédiate et ne se démentira jamais. Ils n’ont jamais, l’un et l’autre, cessé de s’entraider : Luther a été le parrain de la fille de Cranach et Cranach a été le témoin de Catherine Bora au moment du mariage de celle-ci avec Luther.

Une série de portraits de Luther et des siens, (notamment sa fille, Magdalena Luther, disparue à l’âge de 7 ans, que l’on peut voir au Louvre), peintures sur bois ou gravures exécutées au fil du temps et des événements, en porte témoignage : par exemple, en 1519, Cranach montre Luther en jeune homme concentré et amical (collection particulière, Bruxelles) ; en 1520, dans un gravure, il montre le moine augustin avec sa tonsure (Bibliothèque nationale de France) ; en 1522, il peint Luther avec la barbe qu’il a fait pousser pour ne pas être reconnu (bibliothèque royale de Belgique) ; en 1525, il peint Luther et son épouse.

Cranach soutient l’œuvre réformatrice de Luther en développant une iconographie qui vise à illustrer les principaux arguments théologiques de la Réforme. Ce sont toutes les gravures illustrant des scènes bibliques et célébrant le Sola scriptura. Ce sont aussi des retables : il y a celui de l’église Sainte Marie à Wittenberg qui illustre les principales transformations liturgiques de la Réforme ; l’importance de la prédication, le mode de célébration de la Cène. Il y a celui de Prague : La Loi et la Grâce (1529). Il y a aussi celui de Weimar (Peter und Paulkirche) qui expose le thème de la justification par la foi. Le retable fut terminé dans son atelier après la mort de Cranach, par son fils Hans Cranach (dit Cranach le Jeune, 1515- 1586). Dans l’un et l’autre cas, Luther figure dans la composition, ainsi que Cranach.

Après le Concile de Trente et l’importance donnée par celui-ci à la peinture religieuse pour empêcher la Réforme de se répandre, une certaine méfiance vis-à-vis de l’image s’est développée dans les milieux de la Réforme. Calvin lui-même était très opposé à toute représentation des scènes bibliques. L’œuvre de Cranach, comme par la suite celle de Rembrandt montrent que l’on peut surmonter cette méfiance. Et il faut reconnaître bien sûr que la Contre réforme a été à l’origine d'œuvres remarquables.

Hans Holbein l'Ancien

Hans Holbein l'Ancien est un peintre allemand des XVᵉ et XVIᵉ siècles, né vers 1460 à Augsbourg, en Bavière, et mort en 1524 à Issenheim en Alsace. Lui et son frère Sigmund Holbein ont réalisé des œuvres religieuses dans un style gothique tardif

Hans Holbein l'Ancien diffère des peintres allemands du XVe siècle en ce que sa vie comme son œuvre, malgré d'importantes lacunes, sont relativement bien connues. Né à Augsbourg, il appartient à un milieu d'artisans dont il mène la modeste existence. Après un séjour à Ulm où il exécute, en collaboration avec le sculpteur Michel Erhart, un retable destiné au monastère de Weingarten (1493 ; volets dans la cathédrale d'Augsbourg), il revient en 1494 dans sa ville natale où il réside jusqu'en 1515. Il est bientôt assailli de commandes de retables, de fresques, de projets de vitraux, surtout pour les églises d'Augsbourg, mais également pour celle des dominicains de Francfort (retable du maître-autel, 1500-1501 ; plusieurs fragments au Städelsches Institut de la ville), pour celle des cisterciens de Kaisheim (retable du maître-autel, 1502-1504 ; volets à l'ancienne Pinacothèque de Munich). Son départ d'Augsbourg a été attribué sans raisons à la gêne dans laquelle il serait tombé par suite de l'évolution du goût de la clientèle. Que les antonins d'Issenheim, pour lesquels Grünewald venait d'achever son célèbre retable, aient alors fait appel à lui prouve qu'il jouissait encore d'une grande réputation. De 1517 à 1519, il travaille à Lucerne, avec son fils Hans, à la décoration de la maison Hertenstein (détruite en 1825). De 1519 date sa dernière œuvre connue, La Fontaine de vie (Museo nacional de arte antiga, Lisbonne). L'obscurité plane sur ses dernières années.

On ne sait pas avec certitude où il reçut sa première formation ; à Ulm, selon l'hypothèse traditionnelle, ou peut-être à Augsbourg, dont la peinture est mal connue jusqu'à la fin du XVe siècle. Il a subi l'influence de Martin Schongauer et plus encore celle de la peinture flamande, manifeste dans son chef-d'œuvre, La Passion grise (volets d'un retable peint entre 1495 et 1500 ; Donaueschingen, coll. des princes de Fürstenberg). Supposer un voyage aux Pays-Bas n'est pas indispensable : le style des maîtres flamands s'était imposé, au cours de la seconde moitié du siècle, dans toute l'Europe centrale. Celui d'Holbein l'Ancien en dérive, avec certaines déviations caractéristiques de la fin de cette période en Allemagne : maigreur accusée des formes, gesticulation conventionnelle et maniérée de pantins, à laquelle s'ajoute dans son œuvre une langueur, apparente déjà chez certains Flamands, et qui va chez lui jusqu'à la fadeur, surtout dans le visage de ses Christ, d'une beauté inexpressive et monotone, et complètement détachés de l'action.

Les compositions d'Holbein l'Ancien manquent en effet d'unité dramatique. Les morceaux en valent pour eux-mêmes, en particulier les visages des acolytes et spectateurs de la Passion, le sujet qu'il a le plus fréquemment traité. Ce sont souvent des portraits d'une grande intensité. Pour les peindre, Holbein l'Ancien se servait d'études à la mine d'argent, têtes de religieux ou d'hommes du peuple dont un nombre considérable subsistent. Elles ne semblent pas avoir été exécutées directement en vue d'un tableau donné, mais avoir répondu à un intérêt constant et général de l'artiste pour la figure humaine, d'autant plus remarquable que, comme peintre, il reçut apparemment peu de commandes de portraits. Ces dessins, peut-être le meilleur de son œuvre, révèlent d'admirables dons de portraitiste dont héritera son fils Hans.

Pas plus que d'unité dramatique, ses compositions ne possèdent d'unité spatiale. Toutes les recherches sur la perspective et sur la situation des corps dans l'espace, comme toute utilisation des relations spatiales à des fins expressives, lui sont étrangères ; en cela, il reste fermé aux tendances nouvelles de la peinture allemande à son époque et ne s'est jamais départi de son attitude : si l'on observe dans ses œuvres tardives quelques architectures à l'italienne, son style est demeuré, pour l'essentiel, immuable au cours des années.

L'originalité de sa peinture, sa nouveauté et sa grande qualité tiennent à l'emploi de la couleur. Il renonce très vite aux tons locaux prisonniers de la forme et disposés en oppositions décoratives ; il aime les accords subtils, recherche les tons rompus

Hans l'Ancien fut le pionnier et le principal artisan de la métamorphose de l'art allemand depuis le gothique vers le style Renaissance.

Le peintre illustra également quelques livres, le plus célèbre d'entre eux ayant été l'Éloge de la Folie d'Érasme. Ses deux fils, Hans Holbein le Jeune et Ambrosius Holbein, reçurent leurs premières leçons de peinture directement de leur père.

Christoph Amberger

Peintre allemand (Franconie ou Souabe v. 1505 – Augsbourg 1561 ou 1562), Christoph Amberger fut probablement formé par Hans Burgkmair. Il travailla essentiellement à Augsbourg, où il devint membre de la guilde des peintres en 1530.

En 1548, il rencontra Titien, alors de passage à Augsbourg. Plus que ses tableaux religieux solennels qui accusent l'influence de l'Italie : Vierge et l'Enfant entre saint Ulrich et sainte Afra (1554, cathédrale d'Augsbourg), Christ avec les vierges folles et les vierges sages (1560, Augsbourg, église Sainte-Anne), ou ses décorations de façades, ce sont ses portraits de la haute bourgeoisie augsbourgeoise qui établirent sa réputation. Le portrait de Charles Quint (v. 1532, musées de Berlin) fut, à l'époque, comparé aux œuvres de Titien. Généralement traitées avec un modelé ferme et dans de chauds coloris (Christoph Fugger, 1541, Munich, Alte Pin. ; Sebastian Münster, 1552, musées de Berlin), les effigies expressives et aristocratiques conçues par Amberger se rangent au nombre des meilleures créations de l'école d'Augsbourg, après celles de Holbein le Jeune.

Tobias Stimmer

La réputation de Stimmer lui vint surtout des gravures qu’il avait lui-même gravées ou seulement inspirées, et que Rubens en personne a qualifiées de «joyaux». Il a notamment illustré la Bible.

Né à Schaffhouse en Suisse en 1539 et mort à Strasbourg en 1584, fils d’un maître d’école lui-même artiste, Tobias Stimmer, qu’on appelle parfois en France Tobie Stimmer, fut un décorateur, dessinateur, peintre et graveur réputé, qui mit résolument son talent au service de la Réforme.

Il ouvrit en 1565 à Schaffhausen un atelier qui produisait toutes sortes de dessins, y compris bannières et écussons. Nombre de ses réalisations à grand format, et notamment des fresques murales, sur les façades de plusieurs maisons depuis détruites, ne nous sont connues que par des dessins ou des sources écrites (quoiqu’on cite encore de lui la fresque de la maison dite du Cavalier à Schaffhouse), mais il a aussi donné des portraits d’une grande pénétration psychologique qui nous sont conservés.

Stimmer s’installa en 1570 à Strasbourg où il illustra notamment des ouvrages et des pamphlets anti-catholiques. Pendant cette période il fut le premier à introduire la technique du clair-obscur dans la gravure sur bois et réalisa de nombreux portraits, dont celui de Jean Casimir que nous reproduisons dans cette page. Il conçut la décoration de l’horloge astronomique de la cathédrale de Strasbourg, qui était ornée d’un portrait de Copernic de sa composition. Il y fit de plus autorité en matière de géométrie et d’architecture, et on lui attribue l’introduction de la polychromie dans l’architecture strasbourgeoise. Son influence fut très grande sur les artistes suisses de cette période.

Lucas Cranach le Jeune

Lucas Cranach le Jeune a adopté le même style que son père, de sorte qu'il est souvent difficile de distinguer ses œuvres de celles de la dernière période de son père dans une surabondante production d'atelier, de plus en plus routinière, qui comprend surtout des portraits et des tableaux religieux, pesantes allégories de la foi luthérienne.

Peintre, dessinateur et graveur allemand. Lucas Cranach le Jeune est né le 4 octobre 1515 à Wittenberg en Allemagne et mort à Weimar en 1586. Il est le fils de Lucas Cranach l'Ancien (1472-1553) qui lui enseigne la peinture et la gravure dans son atelier dès 1525. A la mort de son père en 1553, il prend lui-même la direction de l'atelier.

En 1540, il se marie avec Barbara Brück, la fille de Gregor von Brück, (Chancelier de l'électeur de Saxe Frédéric le Sage), puis,veuf, se remarie avec Magdalene Schurff, nièce de Philippe Melanchthon (un humaniste réputé). En 1550, àla captivité de son père, il prend la tête de l'atelier, et à la mort de celui-ci en 1553, en devient le propriétaire.

De 1549 à 1568, il sert le conseil municipal de Wittenberg, occupant successivement les postes de chancelier puis de bourgmestre. Les commandes des princes de Saxe lui assurent la prospérité, jusqu'à sa mort, en 1586.

Le « Portrait de Margarethe Elisabeth von Ansbach-Bayreuth à Munich » peint en 1579 par Cranach le Jeuneinspira une peinture de Picasso, « Portrait de Jeune Fille, d'apres Cranach le Jeune »

Hans Holbein le Jeune

Hans Holbein le Jeune est un peintre et graveur allemand, né à Augsbourg vers 1497 et mort à Londres entre le 8 octobre et le 29 novembre 1543 . Il est l'un des peintres les plus importants de la Renaissance. Une de ses œuvres les plus connues est Les Ambassadeurs, qu'il a peinte en 1533.

La date de naissance exacte d'Holbein n'est pas connue. Il naît en 1497 ou 1498 à Augsbourg, ville bavaroise en relation avec l'Italie et économiquement très active. La voie était toute tracée pour ce fils d'un peintre connu. Son père, Hans Holbein l'Ancien (v. 1465-1524) est apprécié pour ses retables et ses portraits qui se situent dans la filiation des artistes flamands du 15e siècle (Van Eyck, Van der Weyden). Son oncle Sigmund Holbein (v. 1470-1540) est également peintre. Holbein l'ancien a deux fils qui deviendront tous deux peintres : Ambrosius (v. 1494-1519) qui n'eut pas le temps de s'affirmer, et Hans, dit le Jeune, qui deviendra un grand portraitiste. La formation des deux frères commence dans l'atelier paternel à Augsbourg. En 1515, ils quittent tous deux Augsbourg pour Bâle où ils entrent dans l'atelier de Hans Herbst (1470-1552), le peintre le plus réputé de la ville. Holbein le Jeune se fera remarquer par Erasme dès 1516. Celui-ci vit à Bâle et a pu apprécier le talent de dessinateur du jeune homme. Il lui demande d'illustrer son livre Éloge de la folie.

Hans Holbein a certainement voyagé en Italie fin 1517 et début 1518 et y a étudié les œuvres de Léonard de Vinci dont il s'inspirera dans certains tableaux. Son frère Ambrosius, plus âgé, ouvre un atelier à Bâle vers 1517 puisqu'il devient membre de la guilde des peintres de la ville au cours de cette même année. Hans travaille avec lui. A la mort d'Ambrosisus en 1519, il reprend l'atelier de son frère. En 1520, il épouse la veuve d'un tanneur, Elsbeth Bizenstock, ce qui lui permet de devenir citoyen de Bâle en tant qu'époux d'une citoyenne de la ville.

Au cours de la décennie passée à Bâle de 1516 à 1526 l'activité d'Holbein le Jeune est diversifiée : portraits de notables locaux, décoration de maisons, retables pour les églises. Son talent de portraitiste apparaît déjà avec éclat par exemple dans le portrait d'Érasme de 1523.

En 1524, Holbein fait un séjour en France, probablement pour rechercher des mécènes plus prestigieux. Brillant dessinateur, il y apprendra la technique des crayons de couleur auprès de Jean Clouet et des disciples de Léonard de Vinci qui est mort en 1519 au château du Clos Lucé à Amboise.

Bâle est secouée par les troubles de la Réforme. Cette insécurité politique nuit à l'activité économique et les commandes aux artistes se font plus rares. Par ailleurs, Bâle ne constitue pas pour un artiste ambitieux un champ d'activité suffisant. Holbein se propose donc de gagner l'Angleterre où il restera pendant dix-huit mois. Érasme lui fournit une lettre de recommandation auprès de Thomas More (1477-1535). Celui-ci l'accueille dans sa maison de Chelsea et l'introduit auprès des humanistes anglais et de la cour. Il reçoit d'importantes commandes de portraits de l'aristocratie anglaise.

Holbein est de retour à Bâle en 1528. Il y poursuit principalement la réalisation de portraits. La situation économique de la ville s'est dégradée du fait des querelles religieuses et les commandes de retables ont disparu. Les controverses idéologiques et religieuses, aussi dépourvues d'intérêt soient-elles, impriment leur marque à la société toute entière et impose aux individus de prendre parti contre leur volonté. Holbein se verra ainsi reprocher de ne pas avoir communié selon le rite réformé. Proche des humanistes, il devait se sentir bien loin des petitesses des clans opposés. Il reçoit malgré tout la commande de la décoration des volets de l'orgue de la cathédrale de Bâle et de fresques pour la salle du grand conseil de la ville.

La situation instable à Bâle conduit Holbein à retourner en Angleterre au printemps 1532. Toujours muni de lettres de recommandation d'Érasme, il doit affronter une situation nouvelle. Thomas More n'a plus la faveur du versatile Henry VIII. Fort heureusement, il existe à Londres une communauté de marchands allemands de la Ligue hanséatique. Cette ligue est une association des villes marchandes d'Europe du nord qui a obtenu des privilèges commerciaux de divers souverains. Elle est économiquement très puissante. Les commerçants allemands de Londres commandent de nombreux portraits à Holbein qui recevra également de l'ambassadeur français Jean de Dinteville la commande de l'un de ses tableaux les plus célèbres : Les Ambassadeurs (1533).

Ce tableau propulse Holbein dans le milieu politico-diplomatique et lui permet, en 1536, d'obtenir le titre de Peintre du roi. Il réalise de nombreux portraits du roi Henri VIII et de sa famille, mais également des travaux de décoration, des miniatures et des études de bijoux.

En 1538-1539, il doit peindre les portraits de Christine de Danemark et d'Anne de Clèves et rejoint à nouveau le continent. Henri VIII cherche en effet à se remarier et il convient de lui fournir des portraits des prétendantes éventuelles. Christine de Danemark échappera à ce triste sort mais Anne de Clèves (1515-1557) deviendra la quatrième épouse du roi, qui en eut six.

Holbein le Jeune finira sa vie à Londres malgré des propositions de retour de la ville de Bâle. Peintre d'un roi puissant, sa renommée est immense car il est le plus grand portraitiste de la première moitié du 16e siècle. Il meurt à 45 ans, le 29 novembre 1543, au cours d'une épidémie de peste qui ravage Londres.


La gloire d'Holbein le Jeune fut considérable de son vivant et après sa mort. Son effacement relatif aujourd'hui, si l'on excepte l'engouement pour Les Ambassadeurs et ses pseudo-mystères, tient sans doute, paradoxalement, à ses qualités. Il est un dessinateur exceptionnel et un peintre qui maîtrise sa technique jusqu'à rendre plus vrais que nature ses portraits tout en les parant de la beauté qu'en attendaient ses contemporains. La peinture choisira, à partir du 19e siècle, des voies radicalement différentes. Mais les 16e et 17e siècles placent Holbein au sommet de la hiérarchie des artistes de tous les temps, aux côtés de Raphaël et de Michel-Ange. Avec l'emphase qui caractérise la prose de l'époque, et qui fait tout son charme aujourd'hui, Karel van Mander s'exprime ainsi à propos d'Holbein :

« Il n'entre pas dans mes vues de disserter sur le point de savoir si, par grâce divine, quelques individus ont, de naissance, le sentiment de l'art, ou s'il est des régions fortunées où la limpidité de l'air a pour effet d'aiguiser l'entendement, de provoquer au travail et de donner le moyen de triompher des difficultés les plus ardues des sciences et des arts ; je laisse à chacun là-dessus son sentiment. Une chose est certaine, c'est qu'on a vu des illustrations de notre art naître en ces contrées où elles ne trouvaient point de devancières, comme pour mieux prouver que le génie et le savoir ne sont les privilèges d'aucune race, ni d'aucun pays. Le célèbre Hans Holbein, par exemple, qui a porté un si grand nom, et qui a fait retentir le monde de sa gloire, est né, pour autant que je sache, à Bâle, au sein des solitudes rocheuses de la Suisse, en l'an 1498. »

Van Mander se trompe sur le lieu de naissance, qui est Augsbourg. Il ne se trompe pas sur le « génie et le savoir » de l'artiste qui est l'un des plus grands portraitistes. Son savoir, sa maîtrise technique sont au service de son art et cherchent à reproduire sur le tableau la réalité dans ses moindres détails : vêtements et accessoires rendus avec une précision extrême, physionomie des modèles laissant percer le tempérament. Holbein dispose d'une vision du réel qui sait capter ce qui est essentiel pour reproduire ce réel avec précision tout en le magnifiant. Il ne faut pas chercher ailleurs son succès exceptionnel à la cour d'Angleterre : il ravissait ses commanditaires par la qualité de son travail.

Il connaît bien la peinture flamande et son réalisme minutieux. Mais il a voyagé en Italie et vu les œuvres de Vinci et de ses disciples en France. Il parvient à produire une synthèse du réalisme flamand et le l'idéal de beauté italien qui en fait l'un des peintres majeurs de la Renaissance.