Fra Angelico

Fra Angelico 

Vasari voyait dans la peinture lumineuse et délicate de Fra Angelico ( v. 1400-1455) un message divin. Certes, cette peinture n'est pas séparable du contexte religieux de l'époque et, pour le peintre, il s'agit bien d'une sorte de prédication par l'image. Mais son art constitue aussi une transition entre le Moyen Âge et la Renaissance.

Guido di Pietro, en religion Fra Giovanni ou encore « Le Peintre des anges », né entre 1387 et 1395 selon les sources, à Vicchio et mort le 18 février 1455 à Rome, est un peintre italien du Quattrocento de qui Giorgio Vasari disait qu'il avait un « talent rare et parfait » 

On ne sait rien de la jeunesse de Guido di Piero (ou di Pietro), véritable nom de Fra Angelico. Sa date de naissance elle-même est incertaine. Georgio Vasari (*) la situait en 1387, mais les historiens penchent aujourd'hui pour l'extrême fin du 14e siècle : retenons donc 1400. Il est né près du château de Vicchio, dans le Mugello, vallée située à une trentaine de kilomètres de Florence. Pour les dix sept premières années de sa vie, il n'existe aucun document et on ignore donc qui étaient ses parents. Un document de 1417 mentionne déjà son activité de peintre. Fin 1417, il entre au couvent San Domenico de Fiesole appartenant à l'ordre des Dominicains où il sera rebaptisé Fra Giovanni (Frère Jean). Au cours de la période 1422-1426, il est très lié avec le prieur (supérieur de la communauté religieuse) du couvent, Antonino Pierozzi (1389-1459) qui devint par la suite archevêque de Florence puis sanctifié sous le nom de saint Antonin. Fra Giovanni est ordonné prêtre en 1427. Quant au surnom de Fra Angelico, on le trouve peu après sa mort dans certains documents, mais il n'est pas prouvé qu'il lui ait été attribué de son vivant. 

Jusqu'à 1438, l'activité artistique de Fra Angelico est intense ; il peint un grand nombre de retables d'églises. Simultanément, en 1432 et 1433, il assume les responsabilités de vicaire au couvent San Domenico de Fiesole. En 1438, Fra Angelico quitte Fiesole pour s'installer à Florence. C'est en effet à cette date que commence la restauration des bâtiments du couvent San Marco de Florence sous l'impulsion et avec le financement de Cosme de Médicis (1389-1464), dit Cosme L'Ancien. Les travaux de rénovation sont dirigés par l'architecte Michelozzo (1396-1472) qui emprunte largement les conceptions architecturales de Brunelleschi (1377-1446). C'est dans cet ensemble architectural que Fra Angelico réalise l'un des plus émouvant cycles de fresques de l'histoire de l'art. Il y travaille longuement, certainement jusqu'à 1445 et peut-être jusqu'à 1450. Antonino Pierozzi, l'ancien prieur de Fiesole et ami de Fra Angelico, était devenu prieur de San Marco entre 1439 et 1444. Il joua un rôle important pour définir avec le peintre le programme de fresques à réaliser. Fra Angelico réalisera également le grand retable de l'église du couvent de San Marco.

En 1445, le pape Eugène IV (1383-1447) fait appel à Fra Angelico pour décorer la chapelle du Sacrement du Vatican. Selon Vasari, le pape aurait proposé au peintre la fonction d'archevêque de Florence mais il refusa et elle fut attribuée à Antonino Pierozzi (saint Antonin). Rien ne permet cependant de corroborer l'affirmation de Vasari. Fra Angelico poursuivra sa carrière artistique à Orvieto (fresques de la voûte de la cathédrale) puis au Vatican (fresques de la chapelle Nicoline). Il retourne au couvent de Fiesole pour occuper la charge de prieur de 1450 à 1452. Il revient à Rome en 1453-1454 et y meurt en 1455. 

Fiesole Retable San Domenico

Retable San Domenico

C'est la plus ancienne peinture connue de Fra Angelico, retouchée en 1501 par Lorenzo di Credi. La Vierge portant l'enfant Jésus est entourée d'anges de petites tailles et de quatre saints. La taille représentée correspond au statut des personnages dans le dogme. Les quatre saints sont les fondateurs de l'ordre des Dominicains auquel appartenait le couvent de Fiesole : à gauche, saint Thomas d'Aquin et saint Barnabé ; à droite, saint Dominique et saint Pierre de Vérone. 

La Vierge et le Christ enfant restent encore imprégnés du style Gothique international. Fra Angelico a été l'élève de Lorenzo Monaco (1370-1424), l'un des principaux représentants de ce style en Italie. L'élégance un peu précieuse reste éloignée du réalisme qui caractérise la Renaissance 

Cortone Musée Diocésain

Annonciation di Cortina

Il s'agit de l'une des trois Annonciations de Fra Angelico sur tableau : les deux autres sont celle du musée du Prado à Madrid et celle de San Giovanni Valdarno. Deux autres, mais peintes à fresque, figurent au couvent San Marco de Florence, une en haut de l'escalier d'accès et une autre dans la troisième cellule.

Il existe également des scènes du thème combinée à une Adoration des mages au musée San Marco, et sur un diptyque à la Galerie nationale de l'Ombrie de Pérouse.

Destinée aux fidèles et non seulement aux dominicains du couvent florentin de San Marco, l'image fait appel à tous les prestiges de la couleur et les matières précieuses.

Scène typique de l'iconographie chrétienne, L'Annonciation faite à Marie par l'archange Gabriel est décrite dans les Évangiles et d'une façon très détaillée dans La Légende dorée de Jacques de Voragine, l'ouvrage de référence des peintres de la Renaissance, qui permet de la représenter dans toute sa symbolique (jardin clos, colonne, présence du Saint-Esprit, évocation d'Adam et Ève chassés du Paradis). 

Ce tableau est le panneau principal d'une œuvre polyptyque. 

La scène de gauche invoquant le péché originel est conforme aux principes de l'iconographie de la peinture chrétienne : le couple d'Adam et Ève chassés du Paradis est situé hors du jardin clos de Marie (vierge comme elle), placé loin sur une colline, au-delà d'une clôture.

Contrairement aux autres Annonciations de Fra Angelico, le point de fuite de la perspective mono focale centrée est situé dans la gauche du tableau : la perspective mène ainsi le regard vers une zone où, dans la « profondeur », sont représentés Adam et Ève chassés du paradis. Toutefois cette construction est troublée de plusieurs manières :

L'ange et Marie s'échangent des paroles qui figurent souvent dans les représentations de l'Annonciation 

Pérouse Galleria Nazionale dell'Umbria

Saint Dominique

Ce timbre présente également le portrait de Fra Angelico peint par Luca Signorelli.

Le Polittico Guidalotti ou Pala di Perugia, est une peinture réalisée par Fra Angelico en 1438 ou 1447-1448, conservée à la Galerie nationale de l'Ombrie, à Pérouse. 

L'œuvre fut commandée à Fra Angelico par Elisabetta Guidalotti, sœur de l'évêque de Recanati, Benedetto, trésorier du pape Martin V, pour être montrée dans la chapelle familiale, consacrée à saint Nicolas de Bari, de l'église San Domenico de Pérouse.

Le personnage de saint Nicolas aurait selon certains historiens d'art les traits du pape Nicolas V, élu en 1447 et humaniste, à qui feraient également allusion les mots "Quand je viendrai... amenez-moi des livres, en particulier des parchemins" figurant au bas du livre tenu par saint Dominique, ce qui permettrait de dater le polyptyque de 1447 ou 1448. Cette datation esr toutefois contestée, ainsi que la référence à Nicolas V, au profit d'une datation plus traditionnelle vers la fin des années 1430, fondée notamment sur des critères stylistiques.

Le polyptyque fut démembré et dispersé, les panneaux de gauche et du centre de la prédelle aujourd'hui aux musées du Vatican, ont été remplacés par des copies ainsi que son cadre reconstitué. Le cadre actuel a été réalisé par Francesco Moretti et Ludovico Caselli en 1915.

Le cadre du polyptyque dans sa présentation au musée, est entièrement doré, fortement architecturé néo-gothique, à gables et pinacles, colonnes torsadées... 

Panneau central (128 × 88 cm) : La Vierge à l'Enfant trône habillée de bleu ; elle porte l'enfant debout sur ses genoux ; des anges dans des postures identiques, ailes déployées, s'affichent sur le fond doré, deux de chaque côté du trône : ceux du premier rang portent chacun un plateau rempli de roses tressées et blanches ; celui de gauche est habillé de rose, celui de droite, en bleu. Des roses identiques sont placées dans trois vases en rang dans le bas du panneau. Chacune des figures porte une auréole dorée circulaire et rayonnée. Seuls le trône de la Vierge du panneau central et les scènes extérieures de la prédelle usent de perspective.

Panneaux latéraux (102 × 75 cm chacun) : Saint Dominique et saint Nicolas de Bari sont à gauche. Saint Jean-Baptiste et sainte Catherine d'Alexandrie à droite. 

Panneaux de la prédelle (34 × 64 cm chacun) : Naissance de saint Nicolas, son éducation... ; Saint Nicolas sauve le navire  ; Saint Nicolas sauve trois condamnés à mort   ; Mort de saint Nicolas. 

Florence Couvent San Marco

Madonne avec l'Enfant et des Anges  

Nativité

C'est un épisode biblique de la naissance de Jésus-Christ. Marie (mère), Joseph (époux de Marie) et quelques personnages saints ainsi que des anges sont en général représentés. 

Annonciation

L'Annonciation du couvent San Marco est une œuvre à fresque de Fra Angelico, visible au haut de l'escalier menant aux cellules des moines du couvent San Marco de Florence (pour cette raison certains ouvrages la nomment Annonciation du couloir nord, comme en italien : Annunciazione del corridoio Nord). 

L'Annonciation du couvent San Marco a été peinte par Fra Angelico en 1437 voire en 14421. Réalisée à fresque elle occupe une surface de 230 × 312,5 cm, sur un mur du corridor nord, juste en face de l'escalier menant à l'étage des cellules des moines du couvent, à l'intersection des deux ailes du dortoir (celle des moines à gauche, celle des converts et des visiteurs à droite). Elle est également sur l'envers d'un des murs de la cellule de saint Antonin, grand vicaire des dominicains réformés, prieur, et futur archevêque de Florence.

Il s'agit de l'une des Annonciations de Fra Angelico.

Scène typique de l'iconographie chrétienne, l'Annonciation faite à Marie par l'archange Gabriel, est décrite dans les Évangiles et d'une façon très détaillée dans La Légende dorée de Jacques de Voragine, l'ouvrage de référence des peintres de la Renaissance, qui permet de la représenter dans toute sa symbolique (jardin clos, colonne, présence du Saint-Esprit, évocation d'Adam et Ève chassés du Paradis).

Certains universitaires voient toutefois dans ce tableau une représentation de la Seconde Annonciation, celle de la mort de la Vierge3.

La rencontre de Marie et l'archange s'effectue dans l'espace délimité par les arcades (deux de face, trois fuyantes à gauche) soutenues par des colonnes à chapiteaux (corinthiens pour ceux du devant et des extrémités à gauche, ionique pour les deux de l'intérieur de gauche).

La scène de gauche évoquant le péché originel est conforme aux principes de l'iconographie de la peinture chrétienne : Le Paradis est situé hors du jardin clos de Marie (vierge comme elle), placé loin sur une colline, au-delà d'une clôture, mais le couple d'Adam et Ève chassés du Paradis, courant dans les autres Annonciations du maître, n'apparaît pas sur cette œuvre. La fenêtre de la chambre de Marie, qu'on aperçoit au fond, est équipée de barreaux pour rappeler également le caractère clos et vierge du lieu symbolique2, c'est aussi le dépouillement des cellules de moine du couvent.

Contrairement aux autres Annonciations de Fra Angelico, l'archange Gabriel et la Vierge Marie sont placés ici sur un axe diagonal, l'ange à gauche, et Marie à droite assise sur un tabouret. Ils adoptent la même pose des bras croisés.

Les couleurs des ailes de l'archange sont particulièrement détaillées et riches.

On devine l'emplacement de la colombe du Saint-Esprit mais elle est gravement effacée (au-dessus de la tête de la Vierge) à cause de la fragilité des pigments translucides utilisés.

Sur la base de la pierre du sol, au niveau de la base des colonnes du devant, figure en lettres gothiques un texte signifiant  : « Salut- ô mère de miséricorde et noble repos de la Trinité. »

Une deuxième inscription à destination des religieux figure gravée sur le devant figuré de la pièce du sol :

VIRGINIS INTACTAE CUM VENERIS ANTE FIGURAM PRETEREUNDO CAVE NE SILEATUR AVE

soit littéralement « Lorsque tu viendras devant la figure de la Vierge toute pure, en passant veille à ne pas oublier de dire un Ave. »

On remarquera également les tirants d'acier retenant la structure des colonnes, dont le segment frontal semble peint effacé ou diffus volontairement.

Sur la face avant de l'arcade au-dessus du pilier central, un macaron est simplement traité géométriquement (quelques traces circulaires au-dessus peuvent laisser supposé un autre motif).

Comme dans toutes les autres Annonciations de Fra Angelico, tout concourt à rappeler le caractère de la virginité de Marie à travers la représentation du jardin clos : barrière à gauche, barreaux de la fenêtre du fond, espace de la loggia limité par les arcades et les colonnes, tirants d'acier renforçant la solidité de la structure.

La richesse du jardin d'Eden (perdu), avec ses multiples espèces d'arbres, s'oppose à la simplicité du tapis d'herbe et de fleurs du jardin de Marie (l'hortus conclusus).

La Vierge est assise sur un simple tabouret par simplicité envers le destin de son fils destiné au trône céleste.

Contrairement au traitement habituel du thème, aucun livre n'est présent près de la Vierge ou dans ses mains.

La colonne centrale s'interpose entre l'archange et Marie en signe de présence du Christ (Columna est Christus4), mais moins savamment sur le plan perspectif que chez Piero della Francesca, pour qui la représentation perspective est plus maîtrisée et signifiante. Ici le point de fuite est central a contrario de l'Annonciation de Cortone.

Une troisième arcade est amorcée à droite qui montrerait que le bâtiment ne se terminerait pas là. Le cadre de la fresque, peint également par Fra Angelico, de la même couleur que la colonne de droite, serait prolongé dans la réalité par le couloir des visiteurs et la colonnade de gauche de la loggia simulerait alors la direction du couloir du couvent menant aux cellules des moines4. La perspective servirait alors à inclure ce tableau dans le lieu même de son exposition.
À remarquer la brisure de certaines pointes de piquets de la barrière dont la signification symbolique reste mystérieuse (qu'on retrouve dans d'autres tableaux de la même époque.

Florence Museo di San Marco

Annalena Altarpiece

Transfiguration

Lamentation sur le Christ

Retable de San Marco - Panneau central

Ce retable était destiné à l'église du couvent San Marco de Florence. Il est composé d'un panneau central (voir ci-après), de deux pilastres latéraux et d'une prédelle (partie inférieure). Les pilastres représentent huit saints (à gauche de haut en bas : Jourdain de Saxe, Bernard, Roch, Vincent Ferrier ; à droite de haut en bas : Thomas d'Aquin, Romuald, Jérôme de Stridon, Pierre de Vérone). La prédelle est consacrée à des épisodes de la vie de saint Côme (patron des chirurgiens) et de son frère saint Damien (patron des pharmaciens) tous deux martyrisés sous Dioclétien (4e siècle).

Ce panneau central représente une Vierge à l'Enfant entourée de saints. Il s'agit du thème de la Conversation sacrée qui se développait à l'époque : les personnages représentés semblent engagés dans une conversation. 

Armadio degli Argenti

L'Armadio degli Argenti 

L'Armadio degli Argenti (dite en français Armoire des vases sacrés, Armoire des ex-voto d'argent ou Armoire aux argents) est une œuvre sur bois de Fra Angelico, exécutée entre 1451 et 1453 et conservée aujourd'hui au musée national San Marco de Florence.

L'ensemble des panneaux était initialement conçu pour être la décoration des faces du coffret des ex-voto d'argent consacrés à la Basilique della Santissima Annunziata ; il était porté lors des processions.

L'Armadio degli Argenti comportait à l'origine 40 peintures de la même taille (38,5 × 37 cm) et une de taille double. Sur les quarante-et-une d'origine, six furent perdues et seules restent les trente-cinq du Museo di San Marco.

Trois des ensembles peuvent être attribuées à Alesso Baldovinetti, les neuf du premier groupe de L'Enfance du Christ sont attestés de la main de Fra Angelico, dont une des Annonciations célèbres du maître dite Annonciation du musée San Marco.

Le cycle de la Vie du Christ y est représenté par les épisodes de la jeunesse du Christ, de sa vie publique, de sa Passion, de sa mort et de sa Résurrection, encadré par des représentations plus globalisantes : La Vision d'Ezéchiel, L'Arbre de Jesse, Le Jugement dernier. 

Dans les neuf tableaux qui lui sont attribués Fra Angelico accentue l'effet perspectif, détachant dans le premier plan un espace bien plus profond qu'auparavant, et les femmes qui y sont représentées sont d'un grand réalisme avec un répertoire de postures inégalé. 

Fuite en Egypte - Armadio degli Argenti

Le roi Hérode Ier de Palestine, ayant appris la naissance à Bethléem du roi des Juifs, donne l'ordre de tuer tous les enfants de moins de deux ans se trouvant dans la ville. Joseph, prévenu par un songe, s'enfuit avec l'Enfant Jésus et sa mère Marie en Égypte où ils resteront jusqu'à la mort d'Hérode. 

La présentation au temple - Armadio degli Argenti

La Présentation de Jésus au Temple, Armadio degli argenti (détail) : "Et lorsque furent accomplis les jours pour leur purification, suivant la loi de Moïse, ils l’emmenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, selon qu’il est écrit dans la Loi du Seigneur : Tout garçon premier-né sera consacré au Seigneur, et pour offrir en sacrifice, suivant ce qui est dit dans la Loi du Seigneur, un couple de tourterelles ou deux jeunes colombes." (Luc 2, 22-24). Dans le cycle de l’Armadio degli argenti, la Présentation de Jésus au Temple est le pendant de la Circoncision ; les deux scènes sont de part et d’autre de l’Adoration des mages. Ici encore, l’Enfant Jésus est au centre de la composition. Les gestes de la Vierge Marie et du vieillard Siméon décrivent une très belle passation : Marie, les mains écartées, accepte d’abandonner son enfant à la volonté du Père. Quant à Siméon, il reçoit Jésus comme Maître Souverain et le serre affectueusement. "Jésus ne regarde plus sa Mère : il est déjà tourné vers Siméon pour entendre sa parole.", indique Michel Feuillet. Comme dans la circoncision, le décor architectural construit par Fra Angelico revêt une symbolique particulière. Ce temple de Jérusalem n’est pas sans rappeler les édifices gothiques (en particulier, la chapelle abritant l’autel au centre), tout en incluant des éléments antiquisants : les colonnes à chapiteaux corinthiens, les piliers cannelés. Le Christ, nouveau Temple, est accueilli dans cet espace sacré, où se rencontrent l’Ancienne et la Nouvelle alliances.

La circoncision - Armadio degli Argenti

La circoncision, Armadio degli argenti (détail). "Dieu dit à Abraham : “Et toi, tu observeras mon alliance, toi et ta race après toi, de génération en génération. Et voici mon alliance qui sera observée entre moi et vous, c’est-à-dire ta race après toi : que vos mâles soient circoncis. Vous ferez circoncire la chair de votre prépuce, et ce sera le signe de l’alliance entre moi et vous.”" (Gn 17, 9-11). Comme tout enfant juif, Jésus a été circoncis huit jours après sa naissance, en respect de la Loi. La tradition chrétienne fête d’ailleurs la circoncision du Christ chaque 1er janvier, exactement huit jours après Noël, comme signe de la première Alliance. Ici, Fra Angelico a voulu représenter la réalité de la circoncision : l’Enfant-Jésus est présenté nu à l’autel par ses parents, devant l’officiant muni de ciseaux. Cette scène annonce le sacrifice du Christ sur la croix : sur l’autel, la nappe rouge préfigure le sang versé et les surnappes le linceul. Comme le remarque Michel Feuillet, la circoncision de Jésus se déroule dans une église : l’ostension du corps du Divin Enfant prend ici un sens eucharistique et rappelle l’élévation de l’hostie pendant la messe. 

Le Christ enseignant au Temple - Armadio degli Argenti

Le Recouvrement de Jésus au Temple, Amardio degli argenti (détail) : "Et il advint, au bout de trois jours, qu’ils le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant ; et tous ceux qui l’entendaient étaient stupéfaits de son intelligence et de ses réponses." (Luc 2, 46-47) Dernière scène du cycle de l’enfance de Jésus, le Recouvrement de Jésus au Temple est, une fois encore, représenté par Fra Angelico dans un intérieur architectural qui est familier au peintre. Selon Michel Feuillet, le décor est celui d’une salle capitulaire d’un couvent dominicain du XIVème siècle. Parmi les docteurs qui entourent Jésus, à droite, se trouve d’ailleurs un dominicain, qui pourrait être le peintre lui-même. Au centre de la scène, Jésus se tient parmi les docteurs. Son auditoire est admiratif et l’écoute attentivement. À gauche Marie et Joseph, le visage grave, viennent d’arriver. Lorsque Jésus déclare à ses parents inquiets : "Pourquoi donc me cherchiez-vous ? Ne savez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père ?" (Luc 2, 49), "L’instant peint par Fra Angelico marque une rupture. Jésus n’est plus un "infans" étymologiquement, "celui qui ne parle pas." Il parle ; il est la parole de Dieu.", explique Michel Feuillet. 

La Nativité - Armadio degli Argenti

La Nativité, Armadio degli argenti : "Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre, la lumière a resplendi." (Isaïe 9, 2) Troisième vignette du cycle consacré à l’enfance du Christ de l’Armadio degli argenti, la Nativité de Fra Angelico sonde picturalement le mystère de l’Incarnation. Devant une étable délabrée, Marie et Joseph contemplent avec une extrême douceur le Divin Enfant, centre de la composition, vers lequel sont tournés le bœuf et l’âne, abrités dans la crèche. Allongé à même le sol, l’Enfant-Jésus resplendit de la lumière divine au milieu de cette scène à l’éclairage nocturne. "L’obscurité de la nuit y est transfigurée par une lumière surnaturelle, celle des cieux qui resplendissent et celle de l’Enfant lui-même qui illumine.", écrit Michel Feuillet. Au-dessus de la crèche, un chœur d’anges proclame la rencontre des cieux et de la terre en cette nuit de Noël. 

Rome Vatican Chapelle Nicoline

Saint Etienne distribue l'Aumône

"Saint-Étienne reçoit le diaconat et distribue l'aumône" est une fresque chapelle Nicoline, peint au palais apostolique du Vatican de Fra Beato Angelico et ses assistants (y compris Gozzoli) entre le 1447 et 1448 environs. La fresque occupe la façade du mur gauche et de là commence Les Histoires de Saint Etienne. 

Le côté droit montre la Répartition de l'aumône, situé dans le cimetière de l'église elle-même, qui voit Saint-Étienne tout en donnant, le dessin d'un sac, quelques pièces de monnaie aux autres, dont une femme et un enfant avec une main tendue. Parmi les personnages que vous voyez un moine qui vérifient la liste des documents à distribuer, un homme de prière, un pauvre pèlerin qui se précipite (typique est le bâton - dit drone - et un chapeau à larges bords) et d'autres personnages (un artisan, une femme un panier) qui quittent après avoir reçu l'aide. Dans l'arrière-plan est un moyen raccourcies vers le point de fuite central hypothétique de la lunette où il fait face à un jardin clos et plusieurs maisons, tandis que dans les tours suggestives de grande hauteur et clochetons.  

Ordination de Saint Laurent

Madrid Musée du Prado

L'Annonciation

Il s'agit de la partie centrale d'un retable exécuté pour le couvent San Domenico de Fiesole et actuellement conservé au musée du Prado à Madrid. Il est parfois appelé Retable du Prado. L'archange Gabriel annonce à la Vierge Marie la naissance prochaine du Christ (maternité divine de la Vierge selon le dogme chrétien). La partie inférieure (prédelle) comporte cinq panneaux décrivant la vie de la Vierge depuis sa naissance jusqu'à sa mort. 

Londres National Gallery 

Adoration des Mages

Cette Adoration des Mages est aujourd'hui attibuée à un de ses disciples Zanobi Strozzi, peintre florentin. Elle serait datée de 1433-1434 et est en tempera et or sur panneau. Elle provient d'une prédelle d'un retable polyptyque dont cette prédelle et une autre au Métropolitan Museum of Art de New York (Nativité adoration de l'enfant) sont les seuls de la prédelle à avoir subsistés.  La solution la plus probable est que le retable avait comme panneau principal une Vierge à l'Enfant aujourd'hui au musée de l' Ermitage , et des panneaux latéraux de saints, à savoir : « à gauche, les saints Nicolas, Laurent et Jean-Baptiste ( Hyde Collection , Glens Falls, New York), et, à droite, les saints Zenobius , Francis , et Anthony of Padua (Galerie d'art de l'université de Yale , New Haven). Il reste possible que Fra Angelico lui-même ait joué un rôle dans le retable ; il a peut-être été sous-traité par lui à Strozzi et peut-être à d'autres.  

Amsterdam Rijksmuseum

Washington National Gallery

Madone d'humilité