Berthe Morisot

Berthe Morisot

Berthe Marie Pauline Morisot née le 14 janvier 1841 à Bourges et morte le 2 mars 1895 à Paris est une artiste peintre française, cofondatrice et doyenne du mouvement d'avant-garde que fut l'impressionnisme. Elle est dans le groupe impressionniste, respectée par ses camarades et admirée.

Sa soeur Edma et elle rencontrent Manet au Louvre, grâce à l’entremise de leur ami Henri Fantin-Latour. Immédiatement séduit par ces deux talentueuses peintres qui admirent ses tableaux en connaisseuses, il assène à Manet : « Dommage qu’elles ne soient pas des hommes », avant de suggérer qu’elles pourraient servir la cause des révolutionnaires de la peinture en épousant des académiciens. Dès 1868, Manet demande à Berthe de poser pour lui. En tout, il réalisera quatorze portraits d’elle. Leur coup de foudre artistique et amical rapproche les Morisot et les Manet, deux familles de grands bourgeois. Marie-Cornélie invite le peintre et ses deux frères et fréquente avec ses filles le salon d’Édouard et de sa femme, la talentueuse pianiste Suzanne Leenhoff. Elles y croisent Zola et Baudelaire.

Edma a quitté Paris et sa famille pour Lorient : elle s’est mariée avec Adolphe Pontillon, un officier de marine. Berthe perd sa jumelle de cœur, qui abandonne à jamais les pinceaux.

Vers cette époque, jugeant qu’elle a enfin trouvé sa voie, l’intransigeante Berthe détruit ses œuvres de jeunesse. Désormais elle se bat, en dédaignant le Salon, auprès des « Indépendants », qui gagnent en 1874 leur nom d’impressionnistes suite à leur première exposition chez le photographe Nadar, où Impression, soleil levant de Monet essuie les moqueries des conservateurs.

Avec Pissarro, elle est la seule artiste du groupe à participer à toutes leurs expositions jusqu’en 1886, à l’exception de celle de 1879, l’année qui a suivi la naissance de sa fille Julie. Car en 1874, après la mort de son père, Berthe a épousé, en comité très restreint et en robe de deuil, Eugène Manet, l’un des frères d’Édouard. Rentier et peintre dilettante au tempérament placide, il n’eût certainement pas été le premier choix de Madame Morisot. Mais il est fortuné, et le seul soupirant assidu de Berthe, dont il est sincèrement épris. Leur admiration commune pour le génie de Manet cimente leur couple, qui voyage et peint. Eugène surprend par l’énergie qu’il met à promouvoir l’œuvre de sa femme, laquelle continue à vendre ses tableaux et à signer ses œuvres de son nom de jeune fille – un exemple unique pour une femme mariée de son temps.

Très vite, les critiques d’art spécialistes de l’impressionnisme classent en effet Berthe Morisot parmi les peintres mineurs du mouvement. Elle a pourtant laissé 423 tableaux, 191 pastels, 240 aquarelles, 8 gravures, 2 sculptures et plus de 200 dessins.

Quelques chercheuses féministes anglaises et américaines avaient enquêté sur cette artiste impressionniste dès les années 1960. En 1987, une première exposition rétrospective fut montrée au Mount Holyoke College Art Museum, dans le Massachusetts. La National Gallery of Art de Washington la présenta à son tour la même année. Une exposition voyagea de Lille à Martigny et en 2012, enfin à Paris, ce fut le musée Marmottan Monet qui lui rendit hommage.

Berthe Morisot au bouquet de violettes par Manet

Sa rencontre avec Edouard Manet en 1868 sera décisive.

Cette année là, elle fait la connaissance de Manet au Louvre lieu où, comme beaucoup de jeunes artistes elle s’exerce en copiant des chefs d’œuvre. Elle subira d’ailleurs l’influence du chef de file des impressionnistes et deviendra son modèle, Manet peindra 9 portraits de Berthe.

L’atelier de Berthe Morisot à Passy avait été endommagé par la guerre. Elle cessa de peindre un temps et préféra poser pour Manet qui, déprimé par la guerre et les dégâts de la syphilis, n’arrivait plus à travailler. De cette période date Berthe Morisot au chapeau noir, 1872, collection particulière.

Berthe Morisot allongée par Manet

Berthe Morisot par Edouard Manet (1870), huile sur toile exposée au Musée d'Orsay, Paris

Le Portrait de Berthe Morisot étendue est l’unique tableau peint par Manet que la jeune femme possédait. Celui-ci est considéré comme la plus belle et plus fidèle représentation de l’artiste qui avait 32 ans au moment de sa réalisation. Agacé par une erreur de perspective, Manet aurait raboté le tableau qui devait être plus grand à l’origine. Berthe Morisot conserva ce portrait toute sa vie. En 1890, elle le représente dans La Psychée, puis, en 1893, au second plan d’un portrait de Julie au violon.

Paris Musée d'Orsay

Le musée d’Orsay est un musée national inauguré en 1986. Situé dans le 7ᵉ arrondissement de Paris le long de la rive gauche de la Seine, il est installé dans l’ancienne gare d'Orsay, construite par Victor Laloux de 1898 à 1900 et réaménagée en musée sur décision du président de la République Valéry Giscard d'Estaing

Le Berceau

Le Berceau marque une étape dans l’évolution de Berthe Morisot : «La façon dont Berthe peint cette enfant avec des blancs détrempés, des gris frottés et des petits points roses parsemés sur le bord du tissu suppose un pinceau extraordinairement libre qui contraste avec les traits nettement dessinés de la mère.»

Ce tableau fut exposé au premier salon impressionniste de 1874. « Sans conteste le tableau le plus célèbre de Berthe Morisot, Le berceau a été peint en 1872 à Paris. L'artiste y représente l'une de ses sœurs, Edma, veillant sur le sommeil de sa fille, Blanche. C'est la première apparition d'une image de maternité dans l'œuvre de Morisot, sujet qui deviendra l'un de ses thèmes de prédilection.

Le regard de la mère, la ligne de son bras gauche replié, auquel fait écho le bras également replié de l'enfant, les yeux clos du bébé tracent une diagonale, que souligne encore le mouvement du rideau à l'arrière-plan. Cette diagonale relie la mère à son enfant. Le geste d'Edma, qui tire le voilage du berceau entre le spectateur et le bébé, vient renforcer un peu plus le sentiment d'intimité et d'amour protecteur exprimé dans le tableau. »


La chasse aux papillons

C’est de cette époque que date le plein épanouissement de Berthe Morisot qui allait souvent s’installer dans la propriété de sa sœur à Maurecourt au bord de l’Oise dans les Yvelines pour travailler. Son style évolue notablement : « […] son extraordinaire sensibilité artistique est exprimée avec une extrême délicatesse de touches, et une brosse rapide, art que l’on peut rapprocher de celui de la fugue, et qui semble faire naître de la lumière même les personnages inscrits dans le paysage. La Chasse aux papillons, 1874, huile sur toile, 46 × 56 cm musée d’Orsay, Cache-cache, 1873, huile sur toile 45,1 × 54,9 cm, collection privée, montrent la maîtrise parfaite de l’expression plastique où les influences de Corot et de Manet sont à la fois assimilées et transcendées. » De cette époque naîtront des œuvres comme : Madame Boursier et sa fille 1873, huile sur toile, 74 × 52 cm, Brooklyn Museum, Sur la pelouse, 1874, pastel, 73 × 92 cm, musée du Petit Palais, Paris, Sur la plage, 1873, Musée des beaux-arts de Virginie, Richmond (Virginie).

Dans les blés

« "J'arrive de la plaine de Gennevilliers que j'ai traversée de part en part venant d'Épinay. Tout bourgeonne et a un parfum de printemps. Cette plaine est bien jolie de tous côtés...", écrit Eugène Manet à Berthe Morisot en 1882. Berthe Morisot connaît bien les environs de Paris, où sa belle-famille est propriétaire. Elle aime ce paysage... Á l'occasion d'un séjour entrepris peu de temps après son mariage, au printemps 1875, elle lui consacre quatre tableaux. Le Petit Moulin à Gennevilliers (collection particulière), le Percher de Blanchisseuse (collection particulière), Paysage à Gennevilliers (collection particulière) et Dans les blés (musée d'Orsay) sont pareillement structurés. L'artiste choisit un point de vue légèrement surbaissé et place la ligne d'horizon au tiers supérieur du tableau pour augmenter le sentiment de vaste plaine. »

Jeune femme se poudrant

Jeune femme en toilette de bal

« Cette évocation brillante et libre d'une jeune femme inconnue en tenue de soirée se situe aux antipodes du portrait mondain ou officiel pratiqué par les peintres habitués du Salon. L'œuvre se situe aux confluences de l'impressionnisme et de l'art de Manet, le beau-frère de Berthe Morisot... On y observe en effet un modèle plongé dans un environnement végétal qui résonne, tant par la forme que par le traitement, avec la garniture de son décolleté. »

Berthe Morisot apparaît comme une des figures de proue de l’impressionnisme. En 1882, elle expose à Londres. À Bruxelles au Salon des XX cinq ans plus tard, elle présente Le Lever, auprès d’artistes d’avant-garde comme George Seurat et Camille Pissarro. En 1892 a lieu sa première exposition personnelle à la galerie Boussod et Valadon, fondée par Adolphe Goupil, au départ hostile à l’impressionnisme. Cet événement rencontre un accueil très favorable. Enfin, lorsque Gustave Caillebotte lègue sa collection à l’État, Mallarmé signale l’absence de Berthe Morisot et peut ainsi faire acheter Jeune femme en toilette de bal au Musée du Luxembourg.

L'hortensia

Les esthètes ne se privent jamais, lors d’une visite au musée d’Orsay, d’admirer L’Hortensia ou Les deux sœurs. Œuvre de Berthe Morisot, cette huile sur toile empreinte de mélancolie met en scène, dans un intérieur aux contours flous, deux jeunes femmes alanguies ; incidemment, le tableau doit son nom à ce majestueux hortensia bleu qui, en arrière-plan, anime ledit intérieur… Il faut bien reconnaître que ce magnifique arbuste, qui fleurit tout l’été durant et le demeure jusqu’à la fin de l’automne, est des plus décoratifs. Toutefois, s’il pousse bien en pot et peut s’épanouir de manière temporaire en intérieur, c’est dans le jardin qu’il donne sa pleine mesure ! Les experts recommandent cependant de préserver certaines espèces d’une exposition directe au soleil ; ainsi un endroit frais, abrité et partiellement ombragé lui conviendra parfaitement. Quant à la couleur de ses fleurs, elle dépend en partie… de l’acidité du sol. Si celui-ci est basique, elles prendront des nuances roses, voire rouges ; en revanche, un sol acide les fera bleuir de plaisir ! À ce sujet, les experts en matière de langage des fleurs attribuent différentes significations à l’Hydrangea Macrophylla : le bleu, par exemple, symbolise – entre autres – les regrets. Faut-il alors penser que Berthe Morisot, en offrant aux Deux Sœurs le voisinage d’un hortensia Bleu de France, évoquait le regret du temps qui passe et de la jeunesse éphémère ?

Paris Musée Marmottan

Paule Gobillard peignant

Paule Marie Gobillard, née à Quimperlé le 3 décembre 1867 et morte à Paris 16ᵉ le 27 février 1946, est une peintre post-impressionniste française. Elle est à plusieurs reprises modèle pour sa tante Berthe Morisot et pour Renoir

Les huiles de Berthe Morisot de 1889 sont caractéristiques de la nouvelle orientation de son art. Elles deviennent luxuriantes, la lumière prend une intensité nouvelle, le ton s'avive, rose, rouge orangé, bleu.

Autoportrait 1885

Berthe est la troisième enfant. Deux sœurs, Yves et Edma, l'ont précédée, et un frère, Tiburce, la suivra. Le modèle de l'époque faisait une certaine place à l'art dans l'éducation des filles. Les sœurs Morisot apprennent donc le piano et le dessin. Les peintres Geoffroy-Alphonse Chocarne puis Joseph Guichard (1806-1880) sont leurs premiers professeurs. Le talent d'Edma et de Berthe se révèle peu à peu et Guichard leur promet une carrière de peintre. L'ascendance était porteuse puisque les sœurs Morisot sont les arrière-petites-nièces du peintre Fragonard (1732-1806). Les jeunes filles allant régulièrement au Louvre copier les chefs-d'œuvre, elles rencontrent en 1859 le peintre Henri Fantin-Latour (1836-1904) qui deviendra un ami de Berthe Morisot.

Mais Edma et Berthe sont attirées par la grande innovation du moment dans le domaine pictural : la peinture sur le motif, c'est-à-dire en plein air, préconisée par les peintres de l'École de Barbizon. Joseph Guichard leur fait alors rencontrer le grand artiste Corot (1796-1875) qui aura une influence importante sur le style de Berthe.

Enfants à la vasque

En 1881, Eugène Manet et Berthe Morisot font construire un immeuble familial, rue de Villejust, près de la place de l’Étoile à Paris. La fille de leurs concierges, Marthe Givaudan, pose quelques années plus tard avec Julie pour les Enfants à la vasque. Les fillettes sont représentées dans le salon de l’hôtel particulier dont on reconnaît au second plan un élégant paravent aux motifs floraux. Installées au premier plan, les petites s’amusent à la pêche à la ligne. Le vase en porcelaine de Chine bleue et blanche qui leur sert de bassin est un cadeau d’Édouard Manet à l’artiste. La facture extrêmement libre et l’état du tableau resté inachevé sont caractéristiques du travail de Berthe Morisot dans le milieu des années 1880.

Sur le lac du bois de Boulogne

Eugène Manet à l'ile de Wight

Berthe Morisot a épousé Eugène Manet en 1874. Le couple séjourne en Angleterre, sur l'Île de Wight, dans le port de Cowes, durant l'été 1875. Pendant ce séjour, Berthe prend son mari comme modèle, dans l'hôtel Globe Cottage, à côté d'une fenêtre donnant sur Quenn's Parade, quai principal du port de Cowes. Le tableau constitue à la fois un portrait, une scène d'intérieur et un paysage que l'on aperçoit à travers la vitre. Berthe Morisot cherche à rendre les effets de transparence et les jeux de lumière que les impressionnistes affectionnaient particulièrement.

Le jardin de Bougival

L’intérêt de Morisot pour le paysage se traduit dans ses nombreuses représentations de sa résidence secondaire, située à Bougival. Sa touche de plus en plus énergique donne l’impression que le tableau n’a été réalisé qu’en une seule fois. Les éléments de la composition sont rapidement esquissés, les tâches de couleur floutées. Ce qui accroche notre regard, c’est la façon dont la lumière transforme la scène. Selon Émile Blanche, “elle est la seule femme peintre qui ait su garder la saveur de l’incomplet et du joliment inachevé, dans des toiles très poussées, abandonnées avec impatience, reprises avec rage et toujours fraîches comme au premier jour”.

Jeune fille au bal

Bateaux en construction

Apollon révélant sa divinité à la bergère Issé

À l’instar des autres artistes de sa génération, elle a commencé en copiant les grands maîtres au musée du Louvre. Néanmoins, cette copie n’est pas une œuvre de jeunesse. Dans cette huile sur toile, la peintre délaisse le sujet des amours d’Apollon et Issé, issu des Métamorphoses d’Ovide, pour se concentrer sur les deux nymphes allongées dans le coin inférieur gauche du tableau de Boucher. Elle représente un rare témoignage du goût de l’artiste pour les œuvres sensuelles et intimes des peintres français du XVIIIe siècles tels que Boucher, Fragonard ou Watteau.

Julie et son lévrier

Le cerisier

Berthe Morisot fit aménager une grange en atelier et elle prit les enfants de Mézy comme modèles, mais Renoir la pressait de terminer une toile décorative dans l’esprit de Le Printemps (Botticelli), commencée à Nice en 1888. Morisot fit de nombreuses études préparatoires pour cette toile Le Cerisier”, 1891-1892, huile sur toile 136 × 89 cm, collection privée. Elle faisait désormais un grand nombre d’études préparatoires pour tous ses tableaux : elle fit trois versions de Bergère couchée, et, tout en continuant à travailler sur le Cerisier, elle reprit sa série de Julie Manet : Julie Rêveuse, 1894, huile sur toile, 80 × 60 cm et Julie au violon 1894, 65 × 54 cm, collection privée.

Eugène Manet et sa fille à Bougival

Jeune fille au bal

Paris Musée Petit Palais

Dans le parc

Jeune fille en décolleté la fleur aux cheveux

Toulouse Musée des Augustins

Jeune fille dans un parc

La jeune fille nous fait face, monumentalisée par une position frontale. Elle est assise sur un banc, au premier plan de l’œuvre, légèrement décentrée vers la droite. Le cadre la coupe au niveau des jambes. Elle est entourée d’un jardin luxuriant et porte un large chapeau anglais aux tons beiges. Sa chevelure rousse ondulée tombe sur ses épaules encadrant un visage doux et figé sur lequel s’esquisse un sourire. Les courbes dessinées par la végétation font écho à celles de son corps, soulignées par le vêtement, ainsi qu'à l’arrondi du chapeau et à l’ondulation de sa chevelure : seules les lignes verticales et horizontales du banc viennent interrompre cet entremêlement de lignes souples.

Le haut de son vêtement, en mêlant des nuances de bleu, de blanc, de vert et de gris, rappelle la couleur du banc et des fleurs à la droite de la jeune fille. Le bas de sa robe, rayé par des nuances de vert, rappelle les différents tons de la végétation en arrière-plan. Le beige clair de la peau de la jeune fille ainsi que le beige plus foncé du chapeau font écho au puits de lumière légèrement dorée que l’on retrouve en haut à gauche de la toile, où la végétation est moins abondante.

Berthe Morisot développe une peinture où les formes se dissolvent pour suggérer des impressions, une atmosphère en lien avec le modèle et le lieu représentés. Dans cette œuvre, ce n’est pas seulement le visage de la jeune fille, ses traits et ses particularités physiques qui intéressent Berthe Morisot, c'est aussi son attitude et l’impression qu’elle dégage. Le buste de la jeune fille est très droit, sa pose est toute en retenue, les mains posées sur les cuisses, et son regard reste fixe : l’ensemble semble traduire un certain malaise chez la jeune fille, assise seule sur le banc.

À cette impression de malaise s’opposent pourtant une lumière douce et printanière, des nuances et des tons harmonieux et le sourire esquissé sur les lèvres de la jeune fille. Berthe Morisot suggère une impression de mouvement dans la végétation et dans la chevelure du modèle, comme si un vent léger traversait le jardin. L’harmonie et la douceur du paysage produisent une atmosphère paisible qui atténue la raideur de la jeune fille.

Monaco Collection Pr Mark Kaufman

Dans la véranda

Julie, d'après le journal qu'elle a laissé, a grandi pour être très attentive aux couleurs dans le monde naturel. J'imagine que, bien plus tard, ce fut une belle expérience pour elle de regarder à nouveau par les fenêtres de son enfance, dans les tableaux que sa mère avait réalisés. Elle pourrait voir ce qu'elle a vu et ce que sa mère a vu.

Pau Musée des Beaux Arts

Pasie cousant dans le jardin de Bougival

Madrid Collection Thyssen-Bornemisza

Bergère nue couchée

Cardiff National Museum of Wales

Julie avec Pasie dans le jardin à Bougival

Londres National Gallery

Jour d'été au Bois de Boulogne

« Il s'agit probablement du tableau que Morisot présenta sous le titre Le lac du Bois de Boulogne, à la cinquième exposition impressionniste en 1880. D'une exécution intentionnellement sommaire, il représente deux jeunes femmes à la mode dans un bateau flottant calmement sur un lac. Le sentiment d'une impression visuelle saisie sur le vif est souligné par le petit détail d'un chariot tiré par des chevaux se déplaçant le long de la rive. Ces femmes, probablement des modèles professionnels, apparaissent également dans d'autres œuvres de Morisot. »

Les scènes de canotage sont très prisées des Impressionnistes. Celle-ci fut peinte durant l’été 1879, lorsque Berthe Morisot demeurait à proximité du lac du bois de Boulogne. Il est clair que la peintre a pris place dans la barque auprès de ses modèles. Les personnages sont exempts de psychologie, le travail est axé sur les effets de lumière, le scintillement de l’eau. La tonalité est claire et chatoyante. Contrairement aux idées reçues, cette toile n’a pas été réalisée sur place, Berthe réalisait des dessins ou des aquarelles préparatoires avant de réaliser l’oeuvre finale dans le confort de sa maison.

Bruxelles Musée d 'Ixelles

Intérieur de cottage à Jersey

Berthe Morisot affectionne les espaces situés à mi-chemin entre intérieur et extérieur. Ils lui permettent de jouer avec les effets de lumière. Un critique de la revue l’Art Moderne, dans un article paru en 1895, a ainsi résumé son talent: «Sa vision perçoit la fraîche vivacité des choses, la joie des tons clairs… Sa peinture a une âme… Elle pénètre l’intimité des êtres et des choses.» L’œuvre est peinte en 1886 lors de ses vacances d’été. Berthe Morisot et son époux Eugène Manet, le frère d’Edouard Manet, ont loué une maison dans l’île anglo-normande de Jersey. L’artiste y peint sa fille Julie, alors âgée de 8 ans. L’ensemble est délicat, avec des formes à peine esquissées.

Dans L’Enfant à la poupée ou Intérieur à Jersey, Berthe Morisot nous donne à voir la fugacité de l’instant que représentent si volontiers les Impressionnistes,groupe auquel elle appartient. En janvier 1887, ce tableau est unanimement apprécié à Bruxelles, au Salon des XX,cercle artistique d’avant-garde bruxellois. A Paris en revanche, deux mois plus tard, il recevra un accueil mitigé.

Cologne Wallraf Richartz Museum

Bateaux sur la Seine

Berthe a choisi ici de représenter comme Sisley, un coin de campagne, ce qui n’est pas tout à fait la réalité. L’île Saint-Denis vivait des activité liées au fleuve : les bateliers faisaient transiter leurs péniches, la blanchisserie était une activité importante et les activités de construction navale commençaient à s’implanter. C’est ce dernier point qui attirera Caillebotte à Gennevilliers où il va acheter une maison l’année suivante.

Le pont n’est pas ici le motif principal du tableau, mais plutôt les barques et les canots. Le fait de couper les barques du premier plan était un geste audacieux à cette époque. Contrairement à la construction solide de Sisley, le tableau de Morisot est peint légèrement, presque esquissé. Notez par exemple la différence sur le rectangle vert de la maison à droite du pont dans les deux tableaux. Chez Morisot, il se confond presque avec l’herbe de la berge. Elle a toujours été à la recherche de la plus grande économie de moyens possible.

Copenhague Ny Carlsberg Glyptotek

Blanchisseuse étandant son linge

Copenhague Ordrupgaard Museum

Le corsage rouge

Ce portrait est intitulé La jeune fille sur l'herbe en danois. « Le tableau représente une jeune fille – Isabelle Lambert – qui a posé pour Morisot à plusieurs reprises. Il semble que Morisot cherche à saisir la personnalité de la jeune fille en utilisant le potentiel d'expressivité de la sensualité que recèle l'approche impressionniste de la peinture. »

Genève Art et Histoire Museum

Jeanne Pontillon

Fille aînée d’Edma Pontillon née Morisot, la sœur aînée de Berthe, Jeanne Pontillon (1870-1921) est ici âgée de 24 ans. Elle a déjà figuré enfant dans plusieurs tableaux de sa tante, tels Cache-cache (1873, collection privée), Chasse aux papillons (1874, Musée d’Orsay, Paris) et Dans le parc (1874, Petit Palais, Musée des beaux-arts de la Ville de Paris).

Berthe Morisot saisit sa nièce dans une pose détendue et son regard, pourtant intense, semble perdu dans une rêverie. Le génie de la peintre repose notamment sur son habileté à manier le pinceau, livrant une touche aussi légère que puissante. Cette économie de moyens se retrouve dans le traitement de la lumière et le jeu subtil de camaïeux de brun-vert, de rose et d’orange. Si l’ensemble paraît exécuté avec célérité, voire à peine esquissé, comme la main gauche, le visage est délicatement fini. Du format généreux de la toile à l’attitude très naturelle du modèle, tout ici converge à confronter le spectateur à la présence très physique d’une jeune femme dont les pensées pourtant lui échappent.


Martigny Fondation Pierre Gianadda

Devant la psychée

Washington The Phillips Collection

Deux jeunes filles

Peint à la fin de la carrière de Berthe Morisot, "Deux jeunes filles" caractérise ses nombreuses images de jeunes femmes à la maison impliquées dans les routines quotidiennes. Posant dans l'appartement de Morisot rue Weber à Paris, Marthe, mannequin, s'apprête à se laver les pieds tandis que Jeanne-Marie, autre mannequin, rêve éveillée.


Washington National Gallery

Jeune femme au chapeau de paille

Le lever

Elle revient à la production de scènes de boudoir montrant des jeunes femmes dans des moments intimes de leur rituel matinal. Ces toiles à dominante rose et pourpre, peintes vers les années 1885 à 1887, dont deux font partie de l’exposition impressionniste de 1886, annoncent une nouvelle orientation dans sa manière de représenter la Parisienne : une manière plus sensuelle où sont mis en valeur des morceaux rosés de chair nue et des dos, des cous et des bras aux courbes gracieuses.

Vers 1886-1887 Berthe Morisot se mit à explorer de nouvelles techniques : sculpture, pointe sèche, qui constituaient un défi pour la coloriste virtuose qu’elle était. Elle réalisa en 1886 un buste en plâtre blanc de sa fille Julie, que Monet et Renoir l’encouragèrent à exposer chez Georges Petit chez qui ils avaient exposé eux-mêmes. Petit était un homme d’affaires avant tout : il demandait aux artistes de lui laisser une partie de leurs œuvres en compensation de ses frais. Morisot accepta ses exigences, mais Petit ne réussit pas à vendre une seule de ses sept œuvres parmi lesquelles se trouvait le buste de Julie, et Paule Gobillard en robe de bal, un portrait de sa nièce, Paule Gobillard (1869-1946) artiste peintre également son élève, tout dans les tons de blanc. Berthe Morisot lui laissa Le Lever.

Vue du petit port de Lorient

Le tableau a été réalisé lors d'un séjour de Berthe Morisot à Lorient, chez sa sœur Edma. La silhouette de celle-ci apparaît sur la toile, assise sur le parapet avec une ombrelle, dans un style déjà impressionniste. L'artiste ne cherche pas à réaliser un portrait de sa sœur, mais à restituer un ressenti en la plaçant dans le cadre maritime qui était son environnement habituel. Les jeux de lumière sur la surface de l'eau deviendront un thème important des impressionnistes.

Percher de blanchisseuses

Eugène soutenait Berthe à l’été 1874, au moment où la presse ridiculisait la jeune femme, l’accusant de se donner en spectacle. Mais Berthe Morisot poursuivait avec ardeur dans la voie qu’elle avait choisie. Elle s’affirmait, abandonnant un tableau dont le fond n’était pas terminé : Portrait de madame Hubbard Ordrupgaard museum de Copenhague, et le conservant pour le vendre, alors qu’autrefois, elle aurait détruit une œuvre inachevée. Elle participa à une vente aux enchères à Drouot où douze de ses œuvres furent vendues.

Ce fut un scandale. Renoir racontait qu’un détracteur avait qualifié Berthe Morisot de prostituée et que Pissarro lui avait envoyé son poing dans la figure, ce qui avait déclenché une bagarre. La police fut appelée en renfort.

Manet encourageait les journalistes à apporter leur soutien à cette vente, alors que le journal Le Figaro dénonçait les tendances révolutionnaires et dangereuses de la première exposition impressionniste dans une violente diatribe signée Albert Wolff. Le journaliste traitait les artistes d’aliénés : « Il y a aussi une femme dans le groupe comme dans toutes les bandes fameuses ; elle s’appelle Berthe Morisot et est curieuse à observer. Chez elle, la grâce féminine se maintient au milieu des débordements d’un esprit en délire. » Eugène Manet avait l’intention de le provoquer en duel, mais Berthe Morisot et ses camarades le détournèrent de ce projet.

Des œuvres de cette époque s’appliquent à décrire, dans des formats plus petits, le monde ouvrier que Zola célébrait, et que Monet, Pissarro et Degas choisirent aussi pour sujet à partir de 1875. Morisot elle-même participa de cette tendance avec un de ses tableaux les plus réussis : Percher de blanchisseuses, 1875, National Gallery of Art, Washington.

Le percher de blanchisseuses se dit d'une corde tendue sur perche sur laquelle les blanchisseuses font sécher le linge. Il désigne l'Endroit où l'on étend.

Le titre en français est "Suspendre le linge pour sécher"

Dans la salle à manger

Dans cette scène domestique, le style impressionniste de Berthe Morisot s'affirme avec des touches visibles correspondant à une certaine perception du mobilier et des vitrages. Les mains du personnage ne sont que suggérées mais évoquent parfaitement le geste de tenir une tasse.

La lecture ou Mme Morisot et sa fille Mme Pontillon

Le tableau fut exposé au Salon des Beaux-arts de 1870. « La toile, portrait de famille et scène de genre domestique, fut commencée quand la sœur de Morisot, Edma Pontillon, séjourna dans sa famille durant l'hiver 1869-70, en attendant la naissance de son premier enfant. Sa grossesse est discrètement dissimulée par une ample robe blanche. Anxieuse à l'idée de présenter la peinture au salon, Morisot sollicita l'avis de Manet, en visite chez les Morisot le dernier jour des soumissions. Il résulte de la correspondance de Morisot que, plutôt que de faire des suggestions verbales, Manet a largement retouché la figure de la mère de l'artiste. La touche délicate de Manet, qui apparaît dans les traits et la robe noire de la mère, est nettement différente du raffinement nerveux de la touche de Morisot que l'on voit dans les traits de sa sœur, le tissu d'ameublement à fleurs et le reflet de la tête d'Edma dans le miroir. »

Deux soeurs sur un canapé

Sur cette toile des débuts de sa carrière, Berthe Morisot a probablement représenté ses deux sœurs, Yves, alors âgée de 31 ans, et Edma, âgée de 30 ans. Ce tableau raffiné et élégant de Berthe Morisot n'est pas sans rappeler les scènes de genre d'Alfred Stevens, tout en se distinguant déjà par un style personnel inspiré de son apprentissage auprès d'Edouard Manet. Exposant au Salon depuis 1864, Berthe Morisot peinait néanmoins encore en 1869 à acquérir une légitimité sur la scène artistique, malgré son évident talent. Ainsi, à cette époque, Edouard Manet écrivait à Fantin-Latour au sujet de Berthe et sa sœur Edma : "Je suis de votre avis, les demoiselles Morisot sont charmantes, c'est fâcheux qu'elles ne soient pas des hommes. Cependant, elles pourraient, comme femmes, servir la cause de la peinture en épousant chacune un académicien et en mettant la discorde dans le camp de ces gâteux".

La soeur de l'artiste à la fenetre

Berthe avait deux sœurs. L’une, Yves, 1838-1893, devint plus tard Madame Théodore Gobillard, peinte par Edgar Degas sous le titre Madame Théodore Gobillard, Metropolitan Museum of Art. Yves est bien le prénom de la jeune fille.

Sa deuxième sœur, Edma (1839-1921), pratiquait la peinture avec Berthe qui fit son portrait en 1865 (collection privée). Les deux sœurs exposèrent ensemble pour la première fois au Salon en 1864, mais Edma abandonna ses pinceaux aussitôt après son mariage en mars 1869 avec le lieutenant de vaisseau Adolphe Pontillon, car c’est l’année de deux portraits par Berthe de sa soeur mariée: dans l’un elle est assise dans un fauteuil confortable devant une porte-fenêtre donnant sur un balcon, dans l’autre, elle est assise avec une ombrelle sur un parapet du port de Lorient où son mari était affecté

La Fille dans un Bateau avec les Oies


Cleveland Museum of Art

Edma Morisot lisant

Toledo Museum of Art

Dans le jardin de Maurecourt

Saint Petersburg Museum of Fine Art

Jeune fille lisant

L’approche est pédagogique sans être purement scolaire, l’enjeu étant ici bien évidemment de partager démocratiquement le savoir plutôt que de le considérer comme un pouvoir.


Chicago Art Institute

Femme faisant sa toilette

Morisot, désormais plus sûre d’elle, chercha à vendre ses toiles. Édouard et Eugène Manet l’encouragèrent à les envoyer à la galerie Dudley de Londres qui n’en exposa aucune. En revanche, Hoschedé acheta chez Durand-Ruel "Femme à sa toilette", scène d’intérieur inondée de lumière et traitée à grands traits, collection particulière. Certains critiques d’art, Arthur Baignières surtout, commentaient l’évolution de son style en regrettant qu’elle poussât aussi loin la recherche impressionniste : « Elle pousse le système impressionniste à l’extrême et nous le regrettons d’autant plus qu’elle possède des qualités rares comme coloriste. Plusieurs de ses toiles représentent des vues de l’île de Wight et on ne peut pas les reconnaître. Mademoiselle Morisot est une impressionniste si convaincue qu’elle peut peindre jusqu’au mouvement de chaque chose inanimée. »

Seattle Art Museum

Lucie Leon au piano

Williamstown Clark Art Institute

Dahlias

Un bouquet de dahlias multicolores dans une vase en porcelaine de Paris posé sur une commode en marqueterie dont la richesse du décor atteste d'un intérieur bourgeois.

A gauche du vase: un éventail mi-déplié. A droite : quelques pétales de dahlias tombés des fleurs.... Toute la délicatesse légendaire de Berthe Morisot dans une de ses rares natures mortes.

Le bain ou femme ararngeant ses cheveux

San Francisco Diane Wilsey Collection

Intérieur 1872

San Francisco Collection Cuggino

Jeune Fille en blanc


Richmond Virginia Museum Fine Arts

Jeune femme arrosant un arbuste

Morisot a souvent peint des scènes intimes et domestiques. Elle représente ici sa sœur, Edma Pontillon, arrosant des plantes sur la terrasse de la maison familiale Morisot au 5 rue Guichard dans le XVIe arrondissement de Paris. La robe de chambre simple et fluide d'Edma permet à Morisot d'explorer le jeu de la lumière sur le blanc, un défi technique et créatif étudié par de nombreux peintres impressionnistes. Cette scène démontre en outre l'association des femmes avec la maison dans la France du XIXe siècle tout en illustrant l'intérêt des impressionnistes pour les jardins urbains et suburbains, un sujet également présent dans la collection Mellon Camille Mellon

New York Metropolitan

La robe rose

Jeune femme assise dans un canapé

Santa Barbara Museum of Art

Vue de Paris depuis le Trocadéro

L'année 1872 Berthe Morisot réalisa Vue de Paris des hauteurs du Trocadéro, Santa Barbara Museum of Art, Californie. Mais elle n’était pas contente de son travail car elle écrivit à Edma que « (…) comme arrangement, cela ressemble à du Manet. Je m’en rends compte et je suis agacée », faisant allusion au tableau que Manet peignit pendant l’exposition universelle de 1867 : Vue de l’exposition universelle de 1867, Nasjonalgalleriet, Oslo.

Au début de l’année 1872, par l’intermédiaire d’Alfred Stevens, le marchand Paul Durand-Ruel vint dans l’atelier de Manet et lui acheta vingt deux toiles. Au début juillet, Morisot demanda à Manet de montrer un de ses paysages de bord de mer à Durand-Ruel qui acheta : L’Entrée du port de Cherbourg, musée Léon-Alègre, Bagnols-sur-Cèze, et trois aquarelles de Berthe Morisot dont La Jeune Fille sur un banc (Edma Pontillon), 1872, National Gallery of Art, puis en 1873, Vue de Paris des hauteurs du Trocadéro qu’il revendit à un prix respectable à Ernest Hoschedé négociant et collectionneur.

Tokyo Bridgetown Museum of Art

Femme et enfant au balcon

Il y eut un chassé-croisé d’influences mutuelles, d’emprunts parfois imperceptibles, de Manet à Morisot et inversement. Entre 1871 et 1872, Morisot réalisa un tableau représentant sa sœur, Yves Gobillard, avec sa fille, Bichette, sous le titre Femme et enfant au balcon. Yves est de profil et l’enfant, de dos, tourné vers Paris, reprend une idée que l’artiste avait déjà traitée dans une des aquarelles de Cherbourg : Femme et enfant assis dans un pré 1871, où l’enfant a également le dos tourné. L’année suivante Manet reprit la silhouette de l’enfant vue de dos, qui regarde au loin, à travers une grille dans son Chemin de fer, (National Gallery of Art) mais la balustrade verte de Berthe Morisot rappelle celle du Balcon de Manet.

Le tableau représente la sœur de Berthe, Yves Gobillard, avec sa fille Paule. Elles sont placées sur le balcon de la maison des parents Morisot, rue Franklin, à Paris. On aperçoit le Dôme des Invalides à l'horizon.

Berthe Morisot aimait tant son tableau qu’elle en fit une copie à l’aquarelle (Art Institute of Chicago). Le personnage de dos apparaît souvent dans ses toiles. Par ce procédé, elle donnait aux portraits de famille un aspect moins affecté, qui inaugurait un nouveau genre déjà expérimenté avec la toile Intérieur, 1871 où la femme de profil au premier plan voit l’enfant écarter le rideau de la fenêtre, mais la lumière du jour est si forte que toutes les formes sont dissoutes, ce qui lui vaudra d’être refusé au Salon de 1872.

Tokyo Fuji Art Museum

Sur la terrasse

« Je me contrefous du prix de Rome ! » Néanmoins, l’an 1874, lors de la première manifestation des impressionnistes, seule une femme se sera exposée – c’est Morisot, laquelle, âgée de trente-trois ans, reconnue par ses pairs, a fait la démonstration de son indépendance et de sa maturité artistique, avec cette toile réalisée en Normandie intitulée : Sur la terrasse…

L’an 1890, la place de Morisot dans l’histoire de l’art moderne étant définitivement actée ; dans son journal intime l’artiste a toutefois noté : « Je ne crois pas qu’il y ait jamais eu un homme traitant une femme d’égal à égal, et c’est tout ce que j’aurais demandé, car je sais que je les vaux. »

Ce tableau intitulé "Sur la terrasse" de 1874 est conservé au Fuji Art Museum (Tokyo, Japon)

Fille en robe rose

... dans les Collections Privées

Chaumière en Normandie

C'est au cours d'une perquisition, au siège de l'Institut Wildenstein, diligentée en marge d'une des multiples affaires de détournement dont les Wildenstein père et fils sont accusés que les inspecteurs de la brigade financière découvrent, les 11 et 12 janvier 2011 la toile de Berthe Morisot intitulée Chaumière en Normandie, 1865, huile sur toile 46 × 55 cm.

Lors de l'inventaire de la succession, les académiciens Daulte et Wildenstein avaient décroché les tableaux ornant les murs de l'appartement d'Anne-Marie Rouart et les avaient étalés sur le sol pour qu'ils ne soient pas considérés comme meubles meublants, et ne soient pas rendus à l'héritier légitime, Yves Rouart.

À la suite de cette manœuvre de spoliation, orchestrée par les exécuteurs testamentaires de la succession d'Anne-Marie Rouart, cette toile avait été détournée au détriment de son neveu, Yves Rouart. Chaumière en Normandie avait été déclaré collection privée sur le catalogue - qui faisait autorité absolue - de Daniel Wildenstein. Parmi les pièces majeures provenant de la succession d'Anne-Marie Rouart, il y a une très belle collection d'œuvres de Berthe Morisot. Les autres œuvres comprenaient des Gauguin, Degas, et des Manet.

Selon le testament de madame Rouart, la plus grande partie de cette énorme collection allait à l'Académie des beaux-arts, et une autre à Yves Rouart, petit-fils de Julie Manet. Ce dernier n'avait jusque-là jamais pu obtenir que quelques œuvres mineures répertoriées par les exécuteurs testamentaires ; ces derniers, Jean-François Daulte, Daniel Wildenstein et le fils Guy Wildenstein de ce dernier, étant censés protéger la collection dans les coffres de l'Institut Wildenstein.

C'est seulement en 2011, que la Chaumière en Normandie est enfin réapparue et qu'Yves Rouart a pu lancer une procédure pour l'obtenir. Cette toile avait été inscrite au catalogue Wildenstein sous l'intitulé vague collection privée sans mention du nom de sa propriétaire d'origine, ni du lieu d'où elle avait été décrochée, ni de celui de son héritier en droit.

Saules pleureurs dans le jardin à Bougival

Elle peint la nature par petites touches, un petit fouillis de fleurs et branches mêlées au vent, au flou, à un je ne sais quoi d'inachevé.

La leçon dans le jardin

Petite fille au jardin

Julie reveuse

Ce portrait mélancolique et intimiste fut commencé dans l'atelier de la rue Weber après la mort de son père et achevé l'année même où l'artiste pose en compagnie de sa fille pour Renoir. Julie remarque elle-même : "J'ai l'air triste dans ce portrait plein de grâce, on sent le malheur qui vient me frapper si violemment encore si jeune ". Cette rêverie douloureuse s'exprime particulièrement bien dans la pose lovée sur elle-même, dans le regard vague et dans la moue de la bouche... Berthe Morisot possède cette particularité de la touche, longue, presque langoureuse, qui cerne la silhouette de sa fille et suit le contour de la tête en de multiples ondulations, et crée comme une aura verte autour de cheveux.

Berthe Morisot et sa fille

Berthe Morisot était une « rebelle ». Tournant le dos très jeune à l’enseignement académique du peintre lyonnais Chocarne, elle a fondé avec Claude Monet, Auguste Renoir, Alfred Sisley, Camille Pissarro, Edgar Degas le groupe d’avant-garde les « Artistes Anonymes Associés », qui allait devenir la Société anonyme des artistes peintres, sculpteurs et graveurs regroupant des impressionnistes. Sa volonté de rupture avec les traditions, la transcendance de ses modèles, et son talent ont fait d’elle « la grande dame de la peinture » selon Anne Higonnet.

Elle bénéficia d'un mari précurseur dans sa modernité, qui lui facilita la vie pour l'aider au mieux à exercer sa peinture, qui lui donna une fille Julie, qu'elle aima passionnément, cet amour maternel qui combla certainement ce manque d'amour réel de sa vie.

Jeune femme penchée sur son coude

Après le déjeuner

Après le déjeuner est un tableau historique de Berthe Morisot, considéré par nombre de ses contemporains comme « l'impressionniste par excellence » Cette opinion a été exprimée dans l'une des critiques de la septième exposition impressionniste, qui s'est tenue en 1882, l'année après la peinture d'Après le déjeuner ; il semble que cette image ait été la plus importante des contributions de Morisot à cette émission, où elle a figuré sous le titre A la campagne et a attiré les éloges d'un éventail de critiques. L'image figurait plus tard dans la rétrospective posthume de l'œuvre de Morisot, organisée par sa jeune fille Julie Manet. Ayant appartenu à un important collectionneur français, Henri Vever, il a ensuite été acquis par Joshua Montgomery Sears, membre de l'une des familles connues sous le nom de « Boston Brahmins » et partisan de l'impressionnisme ; Après le déjeuner passe ensuite entre les mains de plusieurs de ses descendants avant d'être racheté par Madame Albert D. Lasker, la troisième épouse d'un des pères de la publicité moderne.

Julie et sa poupée

Sa fille Julie, qui naît en 1878, s’impose tout naturellement comme son modèle de prédilection. Une quinzaine de peintures, exécutées entre 1882 et 1888, par delà le thème de l’enfance, témoignent d’une œuvre parvenue à maturité qui, à travers ses couleurs, sa facture et ses effets de matière, incarne «l’impressionnisme par excellence».

Jeune femme en gris étendue sur un sofa

Dès la première exposition du groupe organisée chez Nadar en 1874, Berthe Morisot se distingue par sa thématique féminine et son style délicat, habileté à retranscrire dans ses tableaux l’atmosphère limpide et la touche légère de l’aquarelle qui confère à son œuvre une fraîcheur particulière.

À partir de 1873-1874, cousines, amies et modèles professionnels posent pour des portraits en toilette de bal — dernières études de noir — ou pour des scènes intimes qui révèlent, de leur côté, l’évolution de la palette de Berthe Morisot vers des teintes pastel lui valant d’être comparée à Watteau, Bonington et Fragonard.

Jeune fille avec miroir

Cache-cache

Ce tableau fait partie de ceux que Berthe Morisot présenta au premier salon impressionniste de 1874. Les principales caractéristiques du courant impressionniste sont ici réunies : couleurs claires, lumière, scène de genre dans un paysage, dilution des formes. La jeune artiste a trouvé sa voie et quitté la nécessaire mais pesante influence d'Édouard Manet.

Sur le balcon de la Chambre d'Eugene Manet

Etude au bord de l'eau

Grâce à Guichard, les soeurs Morisot rencontrent Camille Corot, avec qui elles vont peindre sur les bords des Hauts de Seine. Corot leur ouvre les portes du Salon en 1864 où elles exposent des paysages en tant qu’amateurs. Paraît alors la première critique d’une oeuvre de Berthe Morisot dans la presse : "les étoffes blanches qui enveloppent le corps de la jeune femme sont très fines et chaudement colorées, le paysage est de vrai ton peint avec beaucoup d’énergie".

Vue de Tivoli d'après Corot

Dans le Bois de Boulogne

Fille avec un chien

Femme et enfant dans un jardin

Fille jouant de la mandoline

La Seine en aval du pont d'Iéna

Le Flageolet

Le couple Manet était à ce moment-là dans le sud de la France. De retour à Paris, Berthe Morisot loua une maison à Mézy au Nord Ouest de Paris. Elle constatait que la santé d’Eugène qui souffrait d’une forme pulmonaire de la syphilis n’était pas bonne et elle peignit très peu pendant un temps. « Elle trouvait qu’elle et son mari avaient vieilli prématurément et elle éprouvait de la nostalgie au spectacle de sa fille et de ses nièces qui apprenaient à dessiner, peindre, jouer de la musique.

Par la suite, elle s’attacha à représenter sa fille, Julie, sous tous les aspects : en joueuse de flûte avec Jeanne Gobillard, dans Le Flageolet, 1891, huile sur toile, 56 × 87 cm, collection privée, Julie avec son lévrier, 1893. Elle avait le projet d’en faire une série.

En musique, le flageolet désigne une famille d'instruments à vent à sifflet (flûtes à conduit) regroupant divers instruments : flageolet français, flageolet anglais, flajeol catalan...

La Fable

Dans les peintures et pastels Berthe représente son enfant. Julie est représentée en compagnie de son père, de sa cousine ou de sa nourrice Pasie. Souvent, il s’agit de scènes de la vie quotidienne pour lesquelles il n’est pas besoin de faire poser sa fille. Cette toile fut retrouvée roulée au fond d’une armoire à la mort de l’artiste. C’est Mallarmé qui lui donna son nom, La Fable.

Berthe Morisot est l’arrière petite-nièce de Fragonard, la tante de Paul Valéry par sa nièce et Stéphane Mallarmé deviendra le tuteur de sa fille Julie après la mort de son mari en 1892.

Morisot Blocs Feuillets


Blocs avec Nouvelle peinture

Blocs avec peinture unique

Ci-de-suite, nous découvrons des blocs feuillets reprenant une œuvre déjà présentée sur la page « Morisot » et commentée. L’œuvre évoquée n’est pas celle du timbre inclus mais elle y est particulièrement mise en valeur.


Blocs multiples oeuvres présentées

Blocs timbres d'oeuvres multiples

Timbre seul sur un bloc