Isaac Levitan

Isaac Ilyich Levitan (en russe Исаак Ильич Левитан) (Kaunas, 30 août 1860 - Moscou, 4 août 1900) fut un peintre paysagiste russe. 

Levitan est né le 30 Août 1860 le village de Kibarti (gouvernorat de Kaunas, Lituanie) d'une famille pauvre, mais cultivée. Le père, le fils d'un rabbin, avait fréquenté l'école hébraïque et a ensuite été formé comme un autodidacte. A Kaunas, il était professeur de français et l'allemand, puis déplacé à travailler comme traducteur à la cour du pont de chemin de fer, sous-traitée à une société française.

Au début des années 70 a déménagé sa famille à Moscou où, en 1873, Isaak a été admis à l'Institut de la peinture technique, la sculpture et l'architecture, assisté dès 1871 par son frère aîné Avel, où il avait parmi ses professeurs Vasilij Perov, Alexei Savrasov et Vasily Polenov.

En 1875 sa mère est morte et son père est tombé gravement malade. Ceux-ci, forcé par la maladie à quitter le travail des chemins de fer, il se trouva incapable de maintenir, avec des cours particuliers, quatre enfants. Les conditions de la famille étaient telles que l'institut parfois remis des subventions aux deux frères, et, en 1876, les exhonera du paiement des frais, compte tenu de leurs conditions de pauvreté extrême et leurs mérites artistiques de l'activité. En 1877, le père de Levitan est mort du typhus. Pour lui, son frère et ses sœurs il y eut une période de difficulté extrême.

Son talent l'aide à terminer ses études avec succès et à gagner une renommée naissante. En 1876, il entre dans l'atelier du peintre Alexeï Savrassov, qui préconise le travail en plein air et l'étude de la nature. Il fait aussi connaître à ses élèves les peintres de l'école française de Barbizon, notamment Jean-Baptiste Camille Corot, que Levitan aime particulièrement. Il est ensuite fortement influencé par le peintre Vassili Polenov, qui enseigne à l'école de 1882 à 1883.

Levitan devient plus tard membre des Ambulants, le courant réaliste russe de la fin du XIXe siècle. En 1885, il a terminé ses études. Entre 1889 et 1890 Levitan a voyagé en France et en Italie et en 1891, il est devenu membre de l'Association des expositions d'art.

Croyant praticien de la vie, Levitan a observé tous les préceptes ponctuellement de la religion juive, y compris l'interdiction de représenter des images de l'homme. À l'exception de son Autoportrait, il peint en 1880, dans une seule de ses œuvres montrant une figure féminine: Jour d'automne, où, cependant, d'après plusieurs témoignages, la figure de la femme a été peint pour Levitan, par Nikolai Tchekhov, frère du célèbre écrivain. 

En 1898, on lui confie la classe de paysage de l'école de peinture, sculpture et architecture. Il s'entretient alors avec ses élèves de littérature et d'histoire de l'art. Il leur enseigne à son tour à peindre en plein air comme le lui enseigna son ancien maître, et leur recommande en outre d'éviter de copier la manière de peindre de tel ou tel maître pour se livrer à une approche plus spontanée et réaliste de la nature.

Il se lie d'amitié avec Anton Tchekhov et trouve la protection de Pavel Tretiakov. En 1889-1890, il voyage en France et en Italie.

Il meurt en 1900 dans son atelier moscovite de la rue Bolchoï Trekhsviatitelski. Il souffre toute sa vie de problèmes cardiaques, qui causent sa mort.

La Russie a émis un portrait de Levitan peint par Serov

L'oeuvre est présente à Moscou Galerie Tretiakov

Saint Petersbourg Musée Russe 

Le Lac 

Le Lac, est un tableau du peintre russe Isaac Levitan (1860-1900), sur lequel il travailla durant les années 1899-1900. Il est exposé au Musée russe à Saint-Pétersbourg. 

Le tableau a été réalisé peu de temps avant la mort du peintre le 4 août 1900. Il est d'ailleurs resté inachevé. Il est l'une de ses toiles aux dimensions les plus importantes. C'est en quelque sorte le chant du cygne de l'artiste, son testament artistique. Le tableau a été présenté pour la première fois à l'exposition posthume qui a lieu à Moscou et Saint-Pétersbourg en 1901.

Cette toile Le Lac est une des trois plus grandes de l'auteur avec celles intitulées Eaux profondes et Par-dessus la paix éternelle. Pour l'étude de sa toile Levitan a utilisé un grand nombre de croquis et d'esquisses qui se trouvent au Musée d'État des beaux-arts de Nijni Novgorod. Il existe aussi une version préliminaire qui se trouve dans une collection privée à Moscou.

Le paysage choisi est celui d'un lac. Sur la berge opposée on voit des champs et un bois en automne. À l'avant une église blanche. Des nuages dispersés traversent le ciel et s'étendent à perte de vue. Tout cela se reflète dans les eaux du lac. L'ensoleillement du tableau souligne la grandeur et l'étendue de la nature russe. C'est la raison de l'ajout du mot Rus' par Levitan au titre de son tableau.

Dans un article sur l'œuvre de Levitan de son ouvrage Paysages russes, le critique d'art Vitali Manine écrit : « Dans la dernière toile restée inachevée de Levitan « Le Lac. La Rus' » se manifeste clairement la recherche artistique du peintre proche de la plastique que l'on va retrouver en Russie durant le siècle qui suit. Le désir de saisir l'état de l'atmosphère en mouvement, la beauté du monde toujours passagère, la mobilité de l'air ; de même que la manière de saisir une esquisse pour fixer le sens et l'émotion sont le résultat de nombreuses recherches dans son approche de la perception du monde. » 

Paysage d'Automne avec une église 

Près du Rivage 

Dans le tableau « Au rivage. Bateaux « Levitan dépeint une journée d'été calme. Le ciel n'est pas visible sur la toile, mais il est clair que le soleil est haut, il se reflète dans une ondulation de vagues de taille moyenne.

Au premier plan, trois bateaux en bois debout sur une plage de sable. Sur le côté d'eux sont vus de grandes passerelles en bois. L'espace restant de l'image est de l'eau. Il semble qu'il soit infini. Quand je regarde la photo, je veux penser à la vie, à son rythme tranquille. L'eau est simple, comme la nature elle-même, il n'y a pas de mal, de flatterie et de mensonges entourant l'artiste dans la vie.

Paysage marin en Crimée 

Moscou Galerie Tretiakov 

Autoportrait en 1880

Cet autoportrait d'Isaac Ilitch  Levitan en 1880 est présent sur un bloc feuillet postal du Bénin . Le tableau est visible à Moscou à la Galerie Tretiakov 

Isaac Levitan était connu pour ses peintures de paysages photo-réalistes. Levitan a peint Plein air comme ses instructeurs et a gagné une réputation pour son talent naturel dès son jeune âge. Isaac a fait preuve d’audace en expérimentant différents supports et techniques artistiques. L’artiste était également réputé pour les émotions qu’il transmettait dans ses tableaux. 

Isaac Levitan a été influencé par Alexei Savrasov et Jean-Baptiste-Camille Corot. Après avoir découvert son penchant pour les paysages, Levitan a rejoint la classe de Savrasov à l’école de Moscou. Savrasov a souligné la nécessité de peindre en plein air et de se concentrer sur l’émotion de la peinture plutôt que sur le semblant. Avec Savrasov, Levitan est tombé amoureux de Corot et de ses œuvres. 

Mars 

Mars (en russe : Март) est un tableau paysager du peintre russe Isaac Levitan réalisé en 1895. Ce tableau fait partie de la collection particulière du musée de la Galerie Tretiakov (numéro d'inventaire : 1489).

Le tableau est réalisé en mars 1895 par Levitan à l'époque où il vit dans la propriété Gorki à Ostrovno, dans le Gouvernement de Tver. Il l'expose à l'exposition de 1896, et, la même année, Pavel Tretiakov en fait l'acquisition.

Il est considéré comme l'un des plus expressif et des plus connus parmi les œuvres de Levitan. Il est également un témoignage de l'influence de l'impressionnisme sur l'œuvre du peintre. 

Jour d'automne au parc Sokolniki 

Jour d'automne. Sokolniki (en russe : Осенний день. Сокольники) est un tableau du peintre russe Isaac Levitan, réalisé en 1879. C'est un des tableaux les plus connus de ce peintre. Actuellement, il est exposé à la Galerie Tretiakov de Moscou. 

Jour d'automne. Sokolniki est un des rares paysages dans lequel apparaît un staffage, dont la figure n'a pas été peinte par Levitan, mais par son ami de l'école de peinture, le frère de l'écrivain Anton Tchekhov, Nikolaï Tchekhov. L'année 1879 a été l'une des plus pénibles dans la vie de l'artiste alors qu'il travaillait à cette toile. Après l'ukase interdisant la présence des Juifs à Moscou, le jeune peintre âgé de 19 ans à peine est expulsé du quartier de la capitale appelé Saltykovka, où il a peint des paysages nostalgiques et tristes.

Heureusement, la toile d'Isaac Levitan est repérée lors d'une exposition par le mécène Pavel Tretiakov, qui l'achète. C'est le début de la reconnaissance de l'artiste.

Alekseï Fiodorov-Davydov écrit ceci à ce propos : L'opposition entre l'immensité du ciel et la hauteur des pins par rapport à la petite silhouette du personnage de la femme rend cette dernière si seule dans le parc désert. L'image est imprégnée de dynamisme : le sentier s'enfonce au loin dans le parc, les nuages sont emportés par le vent dans le ciel, le personnage se déplace vers le spectateur, les feuilles sont déjà jaunies et ont été balayées sur le bord du chemin, on croit les entendre bruisser, les cimes échevelées des pins se balancent dans le ciel. 

Le tableau présente une allée déserte du parc Sokolniki au début de l'automne. Les taches sombres sur les côtés sont des pins de belle taille. Le sentier est parsemé de feuilles jaunies. La toile est imprégnée de tristesse et de nostalgie, exécutée de manière légère, sur une surface de toile relativement petite.

Automne doré 

Automne doré (en russe : Золотая осень) est un tableau paysager du peintre russe Isaac Levitan (1860-1900), réalisé en 1895. Il fait partie des collections de la Galerie Tretiakov.

Levitan commence à travailler sur cette toile à l'automne 1895 en réalisant quelques croquis. Il vit à l'époque à Ostrovno, dans la propriété des Gorki, dans le gouvernement de Tver. Il semble que le travail sur la toile ait été achevé à Moscou à la fin de cette même année. En 1896, le tableau est exposé à l'occasion de la 24e exposition des Ambulants qui se tient à Saint-Pétersbourg, puis à Moscou. La même année, le marchand et mécène Pavel Tretiakov en fait l'acquisition.

Automne doré fait partie d'une série majeure parmi les toiles de Levitan des années 1895-1897, qui comprend Mars (1895), Vent frais. La Volga (1891-1895), Printemps. Grandes Eaux (1897) et d'autres toiles. « Il s'agit d'un tableau qui frappe en capturant toute la beauté d'un contenu émotionnel, si clairement exprimé par la splendeur des couleurs et le choix majeur d'une gamme dorée ». C'est aussi un exemple caractéristique de l'influence impressionniste sur l'œuvre de l'artiste russe

Vent frais, La Volga 

Vent frais. La Volga (en russe : Свежий ветер. Волга) est un tableau du peintre russe d'Isaac Levitan (1860—1900), réalisé en 1895. Il appartient à la collection de la galerie Tretiakov. 

Avec d'autres tableaux de l'année 1895, Mars et Automne doré, Vent frais. La Volga est considéré comme l'une des toiles les plus joyeuses et les plus lumineuses de Levitan. L'idée lui est venue de réaliser cette toile en 1890 quand il résidait à Plios, mais il n'a achevé le travail que cinq ans plus tard. Le tableau a été exposé lors de la 24e exposition des Ambulants en 1896. 

Le sujet est le fleuve Volga, un jour de soleil et de vent. La partie droite du premier plan présente une barge équipée d'une grande voile, vers laquelle s'approche un bateau à vapeur blanc. Au centre, une barque avec un seul rameur à l'avant-plan et à l'arrière-plan une ville dans le lointain. Le ciel est bleu et parcouru de nuages blancs, l'eau du fleuve est bleu profond. L'atmosphère est légère et joyeuse et les mouettes qui rasent les flots ajoutent une petite note d'émotion. Pas de conflit intérieur, pas de trouble dans la pensée mais seulement l'amour de la vie et l'extase. 

Le critique d'art Alekseï Fiodorov-Davydov écrit ceci à propos de l'œuvre de Levitan: « À propos de n'importe quel sujet, Levitan était profondément moderne. Il ne représentait pas la nature en général, mais une vue paysagère contemporaine de son pays. La Volga était pour lui le grand fleuve russe débordant de vie (Vent frais. La Volga). Le peintre ne voyait pas de contradiction entre les paysages appelés lyriques et les paysages simplement sujets de la toile. Comme il ne voyait pas non plus d'opposition entre des images intimistes et des images sujets solennelles dignes d'être peintes. »

Le peintre Mikhaïl Nesterov écrivait: « La technique tout à fait nouvelle et une grande maîtrise de son art c'est ce qui nous a frappé dans les croquis et peintures que Levitan ramène de la Volga. Son travail tenace se termine pour Jour de vent avec une série de barges à l'avant-plan. Cela n'a pas été facile mais finalement il y est arrivé et si l'on exclut Ilia Répine et Les Bateliers de la Volga il n'y a pas d'image aussi brillante et nette de la Volga. 

Au-dessus de la paix éternelle 

Probablement le tableau le plus célèbre de Levitan, « Over Eternal Peace » est le plus atypique : ses autres paysages font mal au cœur de ses compatriotes, tandis que celui-ci est époustouflant. Ce n'est pas un paysage lyrique, pour lequel Levitan est si célèbre, mais plutôt une épopée dramatique, où le passé rencontre le futur, le ciel menace la terre et le temps tend vers l'éternité.

D'une vue plongeante, un large panorama d'éléments naturels s'ouvre. Des nuages ​​violets argentés tourbillonnent dans le ciel sombre. Certains d'entre eux ont déjà versé leur pluie sur l'horizon, et certains s'approchent de manière oppressante, suspendue la partie lumineuse du ciel. L'opposition céleste ne se reflète pas dans la surface plombée de l'eau : couverte d'ondulations écailleuses, l'eau vit sa propre vie majestueuse et pleine d'un calme formidable. Et cela renforce le sentiment d'aliénation, d'indifférence cosmique de la nature. Des prairies trempées se confondant avec l'horizon en arrière-plan et une île solitaire au milieu des eaux, qui est souvent comparée à la vie humaine au milieu du « silence éternel des espaces sans fin » (Pascal), les croix de cimetière déséquilibrées – tout crie à la fragilité humaine et à l'itinérance dans l'univers. " L'éternité », écrivait Levitan proche du désespoir à l'une de ses correspondants Elena Karzinkina, « une éternité formidable, dans laquelle des générations se sont noyées et se noieront encore... horreur, quelle peur... » Et pourtant , « Over Eternal La paix » n'est pas une image de désespoir, mais d'espoir : la falaise verte ressemble à une arche et une lumière brille dans l'église en bois. 

Printemps, Grandes eaux 

La peinture montre le moment de l’inondation lorsque la “grande eau” a recouvert les zones côtières, inondant tout autour. Des arbres minces, immergés dans l’eau claire, s’élèvent vers le ciel bleu clair, comme lavés par les pluies, réfléchis avec des troncs dans le flot de la rivière. L’eau est calme et calme.

La couleur de l’image est formée de subtiles nuances de bleu, jaune et vert. La palette bleue dominante, qui combine le jaune du rivage et des troncs d’arbres, animée par une tache verte dense d’épicéa, ainsi que des nuances de vert dans le chêne voisin et se perd au loin. La couleur bleue la plus diversifiée: l’eau et le ciel sont pleins de nuances du bleu foncé au presque blanc.

Le son bleu, le ciel bleu, les bouleaux blancs qui montent, les arbres flottant au loin, un bateau fragile s’y fondent en un ensemble si mélodique, propre et transparent que, scrutant cet espace enchanté, il semble se dissoudre dans le lagon bleu d’une journée de printemps ensoleillée.

“Le printemps est une grande eau” est très harmonieux et attrayant, c’est l’une des peintures les plus lyriques du Lévitan. Le paysage est peint de couleurs nettes et lumineuses, ce qui lui confère la transparence et la fragilité inhérentes à la nature printanière russe. L’image est remplie de joie et de tranquillité au printemps, elle est pleine d’optimisme de la résurrection printanière de la nature.

Omsk Musée Régional des Beaux Arts 

Automne Le Manoir 

Dans les années 90 du XIXe siècle, Levitan a vécu pendant un certain temps avec des amis dans la province de Tver, non loin du village d'Ostrovno, qui existe toujours. Il y avait la succession de Gorka, propriété du conseiller privé Turchaninov. Le bâtiment principal du domaine est une maison en bois de deux étages avec une mezzanine peinte en jaune. Cette maison Levitan représentée dans deux tableaux - "Mars" et "Automne. Manoir ".

Le tableau montre la fin de l'automne, la saison préférée de l'artiste. Un jour sombre, habituel pour cette époque. Les feuilles sont déjà tombées et recouvrent presque entièrement le sol. La première neige n'est pas encore tombée et vous pouvez sentir ce bruissement sous les pieds. Des feuilles jaunies pendent encore sur certains arbres, mais les feuilles restantes seront bientôt arrachées par le vent. En arrière-plan - la célèbre maison principale du domaine de Gorka - ce même bâtiment de deux étages avec une mezzanine. Un chemin y mène (probablement une route), à ​​peine visible sous le feuillage tombé.

Ici, vous pouvez voir un contraste saisissant avec le paysage du printemps de mars, peint quelques mois plus tard. Dans le tableau "March", on voit que la maison (la partie dont l'artiste a représenté) est peinte en jaune.

Dans le tableau «Automne. Homestead "les couleurs de la maison sont presque indiscernables. Ils semblaient s'estomper en prévision de l'hiver, perdus sur le fond du feuillage volant.

A en juger par le soin avec lequel les moindres détails ont été écrits, cet endroit a fait une grande impression sur Levitan. Il n'y a ni personnes ni animaux sur la photo. L'artiste laisse le spectateur seul avec l'automne et une maison à deux étages à proximité. Malgré la désolation apparente, il ne partira pas, il y a presque toujours des gens ici - la femme de Turchaninov avec des enfants et leurs amis, par exemple, Levitan.

Les peintures d'automne de Levitan ont eu un impact énorme sur de nombreux artistes. Ce thème était présent dans le travail de la plupart des paysagistes russes de la fin du XIXe et du début du XXe siècle.

Saratov Musée d'Art 

Paysage au bord de la Rivière 

Le grand mécène que fut Paul Michajlovič Tret'jakov aimait à deviner le talent. Il ne se contentait pas de regarder dans les expositions les toiles des peintres déjà connus. Il avait remarqué le jeune Levitan dès la première exposition des élèves de l'École de peinture et en avait parié au fin critique qu'était le peintre Kramskoj. A la deuxième exposition des élèves de l'École (Noël 1879) son attention fut attirée par le paysage intitulé Osennij den' v Sokol'nikach, signé Levitan : une allée déserte, bordée d'arbres roux, jaunes, or, au milieu de laquelle marche une jeune femme solitaire vêtue de noir (figure peinte par l'ami et condisciple de Levitan, Nicolas Čechov, frère de l'écrivain). Tret'jakov achète la toile et la paye cent roubles. Levitan n'a que 19 ans. C'est le début de sa renommée dans les milieux artistiques, la Galerie Tret'jakov étant déjà le premier musée d'art russe du monde. 

Serge Michajlovič Treťjakov qui ne collectionnait, à l'encontre de son frère Paul, que des toiles de maîtres occidentaux, possédait quelques très beaux Corot. Levitan reçut de lui une commande : copier plusieurs de ces Corot. Suivant trait par trait le pinceau du maître, il s'imprégna de plus en plus vivement de l'enchantement de cette œuvre. « L'émotion calme » que vantait Fra Angelico semble avoir été l'état habituel de Corot. La force de cette « émotion calme » fascine Levitan, de même que le don de simplicité, le naturel souverain, l'harmonie parfaite entre l'inspiration, la forme et l'objet que dégage l'œuvre du grand peintre français. Cette simplicité, ce naturel, Levitan ne les possède pas encore, et il le sait. Mais il lutte pour traduire ses émotions dans une langue aussi pure, aussi dépouillée. Il adore Corot.  

... dans des Collections privées ... 

Journée ensoleillée 

Né dans une pauvre famille juive, orphelin de bonne heure, Levitan eut une enfance et une adolescence si pénibles qu'il refusa toujours d'en parier, même à ses intimes. A toutes les questions, il opposait le même silence obstiné, le même geste las et désespéré. Son frère aîné, Abel Levitan, peintre médiocre, totalement éclipsé par la gloire de son cadet, observa tout au long de sa vie la même consigne de silence. Même le nom de la mère de Levitan nous est resté inconnu. Inconnues également les circonstances de son enfance et de ses premières années à Moscou. On sait seulement que le jeune Isaac, âgé de 13 ans, entra en 1873 à l'École de peinture de Moscou dont son frère Abel était déjà élève. On sait aussi que sa vocation fut étonnamment précoce. Depuis toujours, le petit Levitan adorait la nature et savait qu'il serait paysagiste. Emportant un quignon de pain, il fuyait, dès l'apparition du printemps, vers les faubourgs de Moscou, Sokol' niki, Ostankino ou les monts des Moineaux. Là, il peignait. Il travaillait avec une fougue, un enthousiasme, une passion, un talent qui attirèrent sur lui l'attention de l'homme violent, intelligent, impétueux, original, pétri de dons qu'était Alexis Kondraťevič Savrasov.