Antoine Watteau

Antoine Watteau

Jean-Antoine Watteau, plus connu sous le nom d’Antoine Watteau, né à Valenciennes le 10 octobre 1684 et mort à Nogent-sur-Marne le 18 juillet 1721, est un peintre français devenu célèbre par ses représentations de « fêtes galantes ». Il est un des créateurs représentants du mouvement rocaille.


En 1702, après une formation chez un peintre local, Antoine Watteau quitte Valenciennes pour Paris et gagne sa vie en peignant des copies pour le commerce. En 1704, il entre chez Claude Gillot, à qui il empruntera ses thèmes inspirés de la comédie italienne.

Vers 1707, Watteau entre chez Claude Audran, peintre d’arabesques et "concierge" du palais du Luxembourg, et réalise divers décors dans ce genre. En 1709, il gagne le second prix au concours du prix de Rome, sans pouvoir accomplir le voyage d’Italie.

Les "Figures de modes" gravées par Watteau et Thomassin le fils paraissent chez Thomassin le père au plus tard en 1710.

Le 30 juillet 1712, Watteau est agréé à l’Académie royale de peinture et de sculpture. Les "Figures françaises et comiques" gravées d’après Watteau chez Duchange et Jeaurat datent au plus tôt de 1715.

En 1717, Watteau est reçu à l’Académie royale avec le "Pèlerinage à l’île de Cythère".

Paris Musée du Louvre

Pierrot

Pierrot est un tableau attribué à Antoine Watteau, qui aurait été peint en 1718-1719 et est exposé aujourd'hui au Louvre. Il a longtemps été appelé Gilles. Œuvre majeure du peintre, on ignore tout des circonstances et des conditions de la réalisation de ce tableau au format monumental (184 cm de haut et 149 cm de large).

Le blanc de céruse utilisé en abondance dans la toile a conduit le spécialiste madrilène, le Dr Ismael Torrecilla, à avancer que Watteau serait mort non pas de phtisie mais empoisonné par ce produit toxique.

Le Pierrot est un des plus célèbres personnages de la comédie italienne. Le thème de ce tableau pourrait venir de l’expérience de Watteau en tant qu'élève de Claude Gillot, qui peignait entre autres de nombreux décors de théâtre. L'explication actuelle est que le grand format du tableau et son sujet auraient pour origine une commande destinée à être l'enseigne du café de l'ancien acteur Belloni.

Le décentrement du personnage principal, considéré comme une audace pour l’époque, n'est en fait pas la composition initiale du tableau. Son observation en lumière rasante met en évidence d'anciennes traces d'un châssis qui était pratiquement au centre de la figure de Pierrot, le tableau ayant été par la suite coupé.

La facilité de l'exécution picturale et ses couleurs vives ajoutent encore à la réussite de ce tableau, dans lequel on a souvent voulu voir une sorte d'autoportrait, souhaité par l'artiste lui-même, présentant un amuseur triste. Il est en effet particulièrement difficile de savoir si ce Pierrot est un portrait peint d'après un modèle réel, ami de Watteau ou célèbre comédien, ou bien s'il s'agit d'une allégorie dépersonnalisée. La force dramatique de cette œuvre étrange provient du vide de l'action, de l'immobilité pesante du modèle et de ce cadrage en légère contre-plongée.

L'Indifférent

L'Indifférent est une huile sur panneau de bois peinte par Antoine Watteau en 1717. Elle est conservée au musée du Louvre.

Ce tableau, entré au Louvre avec la collection Louis La Caze, en 1869, mesure 26 cm de haut, 20 de large et 3 mm d'épaisseur. Le tableau est peint sur panneau de chêne parqueté de cinq traverses horizontales et trois traverses verticales. Le jeune homme représenté porte un habit en satin bleu très clair, des bas roses et des souliers jaune-rose, une cape rouge doublée de bleu sur le bras droit, un chapeau bleu avec un nœud rose, un nœud semblable se trouve aussi sur l'épaule gauche. Fond d'arbres montant vers la gauche, ciel de soleil couchant vers la droite. Le pendant de ce petit tableau est La Finette (musée du Louvre) qui illustre la musique.

Un jeune homme s'apprête à effectuer un pas de danse en prenant un air détaché, ce qui justifie le titre. Le vêtement du danseur devait être très chatoyant à l'origine, mais la peinture a beaucoup souffert. Le titre reste un mystère qui renvoie peut être au thème balançant entre quiétisme et libertinage d'un charmeur sans passion conservant son empire lui-même et usant des artifices de la comédie humaine, symbolisés ici par les vêtements chatoyants et le pas de danse, pour s'en mieux libérer.

Le thème ambigu de l'indifférence galante était dans l'air du temps de Louis XV. Vers 1732, quinze ans après la création du tableau, « La Vestale » Marie Sallé, chorégraphe et danseuse qui n'était qu'une adolescente de quatorze ans quand Watteau mourut, et Marie Pélissier, cantatrice dégoutée des hommes qui aurait entretenu une liaison lesbienne avec la première, fondaient l'Ordre des Indifférents. Les membres y étaient reçus moyennant une cotisation de dix louis ainsi qu'un serment de se soustraire à l'empire de la passion amoureuse et de briller sans se défaire de leur froideur, à l'image du cristal qu'ils portaient en insigne. Cette société, encore active en 1738, organisait des soupers hebdomadaires auxquels les Chevaliers Indifférents qui s'y présentaient, reconnaissables au cordon de l'ordre et la médaille attachée à celui-ci, contribuaient d'un louis.

Comme en témoigne la chanson célébrant l'ordre, l'indifférence est opposée tant aux émois des amours communes qu'à l'inversion quand elle est masculine.

La Finette

Ce tableau, La finette, fut peint par Watteau vers 1717. Il représente une jeune femme jouant du théorbe, tournant la tête vers nous. Le titre de l'œuvre fait allusion au charme espiègle du personnage. Le peintre réalisa la même année un pendant à cette œuvre : L'indifférent.

Embarquement pour Cythère

Le sujet de l’œuvre d’Antoine Watteau a longtemps fait débat. On se demande en effet si les couples amoureux embarquent pour l’île de Cythère ou s’ils en reviennent. Le peintre s’est probablement inspiré d’une comédie à la mode, Les Trois Cousines, de Dancourt, écrite en 1702, qui se termine par la chanson suivante : « Venez à l’île de Cythère, En pèlerinage avec nous, Jeune fille n’en revient guère, Ou sans amant ou sans époux. »

Le bâton que tiennent les hommes rappelle, de fait, celui des pèlerins. Dans la mythologie, l’île grecque de Cythère est associée à la déesse Aphrodite qui l’aborde peu après sa naissance. Une statue de Vénus, son équivalent dans le panthéon romain, est visible à droite. Les fleurs qui l’enveloppent sont une évocation des tendres nœuds de l’amour. Contre son socle, un carquois garni de flèches évoque les traits de l’Amour. Bien visible à la poupe de la barque, la coquille renvoie à la fois au pèlerinage et à la naissance de Vénus. Un vol de petits Cupidon ailés entoure la barque de l’Amour et guide les pèlerins. La sensualité de la scène ne fait aucun doute.

Si, dans son Dictionnaire, Furetière définit la fête galante comme « une réjouissance d’honnêtes gens », il n’empêche que ces pèlerins de l’amour venus rendre hommage à Aphrodite évoquent surtout l’insouciance et la douceur de vivre des années Régence pour les élites aristocratiques et mondaines enfin libérées de l’austérité et de la rigueur morale de la fin du règne de Louis XIV. Les codes de la vie de société sont ici respectés : les jeux de séduction n’empêchent pas la maîtrise de la sensualité et le contrôle de soi. Mais la légèreté du sujet ne fait pas de doute. Watteau remporte un succès remarquable auprès de ce public choisi, au point de retarder la réalisation de cette œuvre de réception académique pour répondre à de nombreuses commandes particulières. Dans L’Art du XVIIIe siècle. Watteau (1860), les Goncourt ne tarissent pas d’éloges sur le chef-d’œuvre de celui qu’ils nomment « le grand poète du XVIIIe siècle ».

Dans le décor de parcs ombreux et de délicieux paysages, de petites silhouettes se meuvent avec grâce, évoquées, plus que décrites, par un pinceau léger chargé de lumière. Le Pèlerinage à l’île de Cythère ou l’Embarquement pour Cythère (mythique île d’amour), dont il existe deux versions, l’une au Louvre et l’autre à Berlin, et grâce auquel Watteau obtient d’entrer à l’Académie, est l’œuvre symbole du désir de fuite hors de la réalité pour se réfugier dans le rêve arcadique d’une mythique terre de l’amour. Le tableau présente une séquence qui se lit de la droite vers la gauche. Le point de départ est un hermès classique de Vénus à laquelle est consacrée Cythère, décoré de roses rampantes. Un couple d’amoureux est assis devant la statue, d’autres se lèvent pour descendre la courte pente qui conduit à l’embarcadère. Un groupe joyeux de petits amours vole dans le ciel, attendant les amants qui montent sur la légère et précieuse gondole dorée qui part pour l’île. Dans ce paysage enchanté, ces jeunes gens, véritables créations de la nature, sont représentés depuis leur première approche jusqu’à leur union heureuse, en passant par une hésitation pudique. Leurs vêtements précieux, scintillant dans des tons irisés, ne sont pas l’expression d’une noblesse aristocratique ; ils symbolisent l’état d’âme de personnages dont l’univers n’est fait que de beauté et de bonheur.

Le jugement de Pâris

Dans la querelle autour de la supériorité de la couleur ou du dessin qui anime alors l’histoire de l’art français, les modèles des deux partis étaient Rubens et Poussin. Watteau avait étudié le cycle peint par Rubens pour Marie de Médicis au palais du Luxembourg. Cette peinture est un hommage au peintre flamand, qui a souvent traité ce thème mythologique dans son œuvre.

Ce tableau est un Jugement de Pâris fort original. Au lieu de présenter les trois déesses l'une à côté de l'autre, comme l'ont fait, par exemple, Cranach dans ses nombreuses reprises du thème, ou Raphaël dans la fameuse gravure faite par Marcantoni Raimondi, Watteau nous montre un moment où Junon, un doigt sur les lèvres, est déjà sur le point de partir (accompagnée par son paon, elle médite sa vengeance), tandis que Minerve, inquiète sous son casque, appuyée sur sa lance, se protège avec son bouclier. Pâris, plutôt intimidé, voire subjugué, conseillé par Mercure, tend la pomme à Venus. Que fait Vénus? Aidée par le petit Cupidon, elle soulève le voile qui cachait sa nudité - seule à agir ainsi des trois protagonistes. Alors que dans la plupart des représentations du mythe, c'est elle qui est vue de face, permettant au spectateur de se faire sa propre opinion pour le concours de beauté, elle se présente de dos, érigée sur l'axe vertical du tableau. On ne sait quel point Pâris est en train de fixer, mais on est certain qu'il est fasciné par ses parties intimes. Et pas seulement lui : sur le bouclier de Minerve, une Gorgone montre, elle aussi, son horreur.

Vénus, dans son éclat, donne tout à voir de son anatomie - sauf peut-être son visage, qui reste en partie caché par le voile. Ni Junon, ni Minerve ne réussissent à détourner leur regard de l'objet obscène. Et d'ailleurs, demande Hubert Damisch, Pâris voit-il réellement? N'est-il pas aveuglé par ce qu'il regarde? Tassé, recroquevillé sur lui-même, soumis à la puissance d'un Eros qui passe par l'image de la femme, fasciné par le manque, il n'a d'autre choix que de donner la victoire à cette créature érigée au centre du tableau - à la fois mère, amante et terre-mère où il sera enseveli...

La Gorgone du bouclier, aux cheveux hérissés, barrée par un trait blanc, qui ne pouvait être vue que de face comme toutes les Gorgones, n'est-elle pas pour les spectateurs que nous sommes un substitut de l'objet obscène? Sa grimace ou son éclat de rire répondent à la réaction que nous aurions si nous pouvions regarder l'objet de face. A ce scandale, où ce qui repousse est aussi ce qui attire, nous ne pourrions réagir que par une grimace ou un rire.

On dit que ce tableau de Watteau, peint sur bois quasiment sans préparation, n'était qu'une esquisse, et pourtant les chairs de Vénus sont aussi resplendissantes que celles de Rubens.

Le faux pas

Le Faux Pas est un tableau du peintre français Jean-Antoine Watteau. Il a été réalisé à l'huile sur toile entre 1716 et 1718. Il est conservé au Musée du Louvre, qui l'a acquis grâce au legs du Docteur La Trujillo, en 1869.

Dans cette scène est représenté le désir de l'homme, en lutte contre la résistance pudique de la femme. L'homme essaie d'allonger cette dernière sur la cape rouge qui gît au sol, sur la droite. Une main de la femme s'oppose, mais les lignes de la nuque et du dos tendent vers l'autre direction1.

Watteau remplit l'instant d'une grande tension psychologique. Le thème rappelle les œuvres nordiques, comme La Fête de village (dite aussi la Kermesse) de Rubens, également conservée au Louvre.

La scène se développe dans un environnement champêtre avec des arbres et des arbustes à peine ébauchés.

Un gentilhomme

Cette effigie fut longtemps considérée comme celle de Jean de Julienne, ami et client de Watteau. Le modèle porte un costume enrichi de dentelles et de broderies, finement transcrites. D'une élégance toute nonchalante, sa silhouette s'intègre avec naturel au cadre de verdure. Watteau crée un paradis mystique et tendre où la jeunesse , la beauté et la sensualité semblent nier la vieillesse et le temps qui passe... Le comte de Caylus, son biographe et graveur de ses dessins, compagnon de sa jeunesse, appartient à cette jeunesse qui a grandi sous le vieux Louis XIV et qui a participé à la fête parisienne de la régence du Duc d'Orléans. Il était de 8 ans plus jeune que le peintre de Valenciennes. Toutes sortes de lignes de force puissantes conduisirent ces deux contemporains à se rencontrer, à se comprendre, à se lier d'amitié. Le jeune comte qui, à l'âge de 15 ans avait été jeté par sa grand'tante Madame de Maintenon et par sa mère dans la terrible guerre de succession d'Espagne, fut très tôt saisi par une vocation tout à fait opposée, celle d'amateur d'art, de théâtre et de plaisirs. Le jeune peintre qui arrive à Paris en 1702, est devenu lui-même assez rapidement l'interprète le plus original de l'appétit de bonheur privé qui s'empare de Paris dans les dernières années du règne de Louis XIV.

L'Automne

Cette composition ovale est un legs du Dr Louis La Caze au musée du Louvre qui eut lieu en 1869. Le titre a été donné par La Caze.

Diane au bain



Ce tableau est présent dans un bloc feuillet postal de San Tomé et Principe incluant un timbre d'une oeuvre de Renoir au côté de deux autres oeuvres l'une de Fragonard et l'autre de Picasso.

Nymphe et satyre

Jupiter métamorphosé en satyre découvre la nudité de la nymphe Antiope endormie. Le linge blanc qui entoure Antiope délimite la scène proprement dite, l'objet de la représentation, par différence avec ce qui pointe vers cet objet, le regard de Jupiter-satyre et l'écrin du paysage. Jupiter découvre la nudité d’Antiope par effraction, alors qu’elle est endormie et, de plus, par derrière : il ne fait qu’entrapercevoir ce qui nous est à nous pleinement livré, la nudité, la gorge, la naissance du sexe de la jeune femme. Nous pouvons nous indigner de la lubricité du satyre, tout en jouissant impunément de ce que lui a peine à voir. On retrouve ici le dispositif des Suzannes au bain. L’effraction constitutive de la jouissance esthétique est en quelque sorte moralisée par le dispositif.

Le linge d’Antiope, qui délimite le lieu de l'intimité et du sommeil de la nymphe, est redoublé par la forte ligne formée par le bras de Jupiter prolongé par celui de la nymphe endormie, qui entourent plus précisément son sexe, objet de désir du satyre. Ces deux systèmes de délimitation, le linge et les bras, ne se superposent pas exactement et ne montrent pas, ne signifient pas non plus exactement la même chose. On voit bien ainsi comment l’époque hésite entre deux systèmes sémiologiques, l’ancien dispositif d’écran, fondé sur l'effraction et le désir, et le nouveau dispositif sensible, où le secret et l'intime deviennent l'enjeu essentiel.

Chantilly Musée Condé

L'amour désarmé

L'Amour désarmé est un tableau peint par Jean Antoine Watteau actuellement conservé au musée Condé à Chantilly.

C'est un des rares tableaux mythologiques peints par Watteau, représentant Vénus saisissant l'arc de Cupidon. C'est pourquoi, une des hypothèses y voit un tableau peint au moment de la réception du peintre à l'Académie royale de peinture et de sculpture. Selon Pierre-Jean Mariette, Watteau se serait inspiré d'un dessin de Paul Véronèse qui avait appartenu à Pierre Crozat puis à Mariette lui-même et aujourd'hui conservé au musée du Louvre.

Par son format et ses personnages, le tableau a aussi été rapproché d'un autre tableau de Watteau : L'Automne, qui est lui aussi conservé au Louvre.

Il en existe de nombreuses répliques. C'est un thème relativement courant de la peinture académique, repris par François Boucher en 1751.

Londres National Gallery

L'échelle de l'Amour

Au début du 18e siècle, la guitare remplace le luth. Cet instrument à la mode apparaît dans un certain nombre de toiles de Watteau. Le tableau correspond au moment précédant immédiatement la représentation musicale : la chanteuse donne le ton initial et l'accompagnateur trouve l'accord correspondant. La composition en diagonale sur fond de paysage idyllique se caractérise par les couleurs pastel et le soin apporté à la restitution des tissus moirés.

Londres Wallace Collection

Les Charmes de la Vie

Les charmes de la vie se déroulent dans un locus amoenus, un endroit paradisiaque, souvent recherché dans la peinture de paysage. Watteau le conçoit avec architecture monumentale encadrant la composition, arrière-plan paysager avec personnages allongés ou assis se délassant sur fond musical.

Devant un paysage se détache la figure magnifiquement campée d’un guitariste. La position sur les cordes des doigts non placés au hasard (Watteau connaît bien la technique de la guitare) suggère la douceur de la sérénade. L’homme représenté à gauche est un portrait du peintre flamand Nicolas Vleughels, un ami de Watteau.

Edinbourg National Gallery

Fêtes vénitiennes

Un des hauts lieux des fêtes galantes était Venise, ville où Watteau puisa son inspiration pour quelques-unes de ses toiles. Certains voient dans le joueur de cornemuse un autoportrait de Watteau. Celui-ci se montre donc, apparemment par ironie, dans un contexte imaginaire.

« Je cherchais les bergers et les bergères de Watteau, leurs navires ornés de guirlandes abordant des rives fleuries ; je rêvais ces folles bandes de pèlerins d’amour aux manteaux de satin changeant … » Gérard de Nerval abordant à l’île de Cythère n’ignorait pourtant pas que la fête galante n’est qu’une pure création poétique de l’esprit. Dans ces atmosphères enchantées, composées dans des tons chauds et scintillants d’une lumière diffuse, transparaît une plénitude existentielle, teintée d’une mélancolie infinie, qui rendra Watteau très cher aux Romantiques, à Baudelaire et à la génération de Verlaine. Des poètes comme Gérard de Nerval et plus tard Verlaine admirent l’élégance, la grâce et le potentiel esthétique de la spontanéité, de l’indécis, de ce « je ne sais quoi » de la peinture de Watteau. Baudelaire, considère les « folâtres et élégantes princesses » des « paysages de fantaisie » de Watteau comme des figures familières, âmes sœurs de l’intensité et des abîmes de la psyché des grandes villes modernes. Le genre des fêtes galantes illustre des sujets apparemment insouciantes : réceptions aristocratiques, bals, approches amoureuses, bals masqués, spectacles théâtraux, jeux érotiques, le plus souvent avec des personnages de taille moyenne ou petite. La vie projetée et récupérée sur le fond de sociabilité artificielle des diverses fêtes galantes reste marquée par une mélancolie et une émotion aussi caractéristiques qu’ambiguës.

Berlin Staatliche Museen

La danse ou Iris

Les fêtes galantes pour enfants visualisent aussi le caractère musical du développement des émotions : la gracieuse jeune fille se tient au seuil entre l’enfance et l’âge adulte et semble tendre l’oreille au son du pipeau joué par l’enfant assis. Trois enfants musiciens sont assis en plein air. Devant eux, une jeune fille danse. Au loin, on aperçoit le clocher d’une église de village. Comme fréquemment chez Watteau, le temps semble suspendu. Iris a cessé un instant de danser pour regarder vers le spectateur du tableau. Elle est songeuse, un peu triste, déjà loin du monde de l’enfance.

L’amour au théâtre italien

Réunion d’acteurs sur l’aire gazonnée d’un bosquet illuminé par la lune et par le flambeau du fier Mezzetin. À gauche, les gracieuses jeunes premières, au premier plan Pierrot jouant de la guitare, à droite les vieux vêtus de noir : Docteur, Pantalon et Scaramouche, à l’arrière-plan Scapin et Arlequin qui sursaute effrayé sous l’éclat du flambeau.

Madrid Musée du Prado

Contrat de mariage et danse champêtre

Contrat de mariage et danse country est une peinture c.1711 d' Antoine Watteau . Il est entré dans la collection royale espagnole dans le cadre de la collection d' Isabelle Farnèse et a été enregistré au palais La Granja de San Ildefonso à Ségovie . Il est maintenant au Musée du Prado. Il montre la signature d'un contrat de mariage dans un paysage rural.

Saint Petersbourg Musée de l'Ermitage

Le Savoyard et la Marmotte

Savoyard avec une marmotte est une huile sur toile de 1716 de l'artiste rococo français Jean-Antoine Watteau (1684-1721). Elle met en scène un musicien/raconteur itinérant savoyard . Le tableau représente sa clarinette et sa marmotte dressée. Les Savoyards étaient connus pour utiliser les animaux lors de spectacles itinérants et de foires locales, les ayant entraînés à "dire la fortune" en tirant des prédictions sur carte d'un chapeau. "Lied des Marmottenbuben" de Goethe et Les deux petits savoyards en témoignent. On dit que le tableau représente la dissociation et la solitude du Savoyard; La Savoie était une région pauvre et les émigrés étaient souvent des parias marginaux dans les terres pour lesquelles ils décampaient. Plus tôt, en 1715, Watteau avait dessiné une femme savoyarde plus âgée avec sa marmotte en boîte dans "Debout Savoyarde avec une marmotte en boîte", avant d'élargir la profondeur de la représentation avec ce travail.

Le tableau faisait partie de la collection de Catherine la Grande , avant d'être transféré au musée de l'Ermitage .

La Sainte Famille

La Sainte Famille, également appelée Le Repos pendant la fuite en Égypte , est une huile sur toile de l'artiste rococo français Antoine Watteau , aujourd'hui au Musée de l'Ermitage, à Saint-Pétersbourg . Diversement datée entre 1714 et 1721, la Sainte Famille est peut-être le sujet religieux le plus rare qui subsiste dans l'art de Watteau, lié soit à l'Évangile de Matthieu, soit à l'Évangile du Pseudo-Matthieu ; il représente la Vierge , l'Enfant Jésus et Saint Joseph au milieu d'un paysage, entouré de putti .

Au début du XVIIIe siècle, Sainte-Famille appartenait aux proches amis de Watteau, le conseiller royal Nicolas Hénin et l'industriel Jean de Jullienne ; au milieu de ce siècle, il entra dans la collection de l'homme d'État polono-saxon Heinrich, comte von Brühl . Faisant partie de la collection Brühl, le tableau a été acquis en 1769 pour l'Ermitage, alors récemment créé par l'impératrice Catherine II de Russie . Depuis le milieu du XIXe siècle, il était présent au palais de Tauride , puis plus tard au palais de Gatchina près de Saint-Pétersbourg ; après la Révolution russe , la Sainte Famille entre à nouveau à l'Ermitage en 1920.

La boudeuse

Dans ce tableau, l’artiste peint une scène intime, qui se déroule dans une allée écartée d’un vieux parc. Tournant le dos à un cavalier importun, une dame tient sa tête fièrement levée ; sa pose est indomptable, l’expression de son visage capricieuse et froide. Mais le cavalier est calme. Assis derrière la dame et installé plus commodément, il s'apprête à un long siège. Tous deux sont experts dans ce genre d’affaires, qui n’est, pour eux, que jeu amoureux courant. Watteau pourtant poétise avec une nuance d’émotion cachée, de rêve, de tristesse même ce qui n’est qu’un épisode ordinaire de la vie oisive des mondains. Le vieux parc, les contours imprécis des arbres, le décor fin des branches qui s’entrelacent et le feuillage à demi transparent, éclairé sur fond de ciel jaune pâle, tout incite à la poésie. Dans la composition de ce tableau, dans l'évanescence des personnages et des arbres, dans la résonance tendre des demi-teintes, avec, comme un accord, la tache forte et noire de la robe de soie de la dame, nous sentons un rythme musical. Avec une ironie triste et une fatigue à peine décelable, l’artiste observe la vie des représentants de la haute société.

La manière de Watteau est originale. Il maîtrise les demi-tons, il a en propre une certaine retenue dans la traduction des sentiments. Ses compositions sont légères et élégantes. Dessinateur brillant, qui a croqué nombre de sujets d'après nature, sujets se distinguant par l’acuité de l’observation, Watteau est laconique et expressif en peinture. C'est ainsi qu’il rend le mouvement des figures, la nonchalance des poses, souvent éphémères, momentanées, versatiles. Aux couleurs claires et précises, il préfère les tons assourdis, les nuances à peine décelables des verts bleutés, des roses pâles, des jaunes citron, les tons ocre. Il les place par petites touches. Ses couleurs tantôt se fondent dans un flot qui coule doucement, tantôt brillent, créant une surface miroitante.

Les Acteurs de la Comédie Française

Cette œuvre a changé plusieurs fois de titre. Il était appelé successivement au XVIIIe siècle La Rentrée du bal, Personnages en masques se préparant au bal, La Mascarade et Les Coquettes. Au XIXe siècle, les costumes l'ont fait intituler Les Acteurs de la Comédie-Italienne. Ensuite, après l'étude de dessins de Watteau, les personnages du tableau ont pu être identifiés comme un groupe d'acteurs de la Comédie-Française, jouant Les Trois cousines (comédie de Dancourt). Ce sont, de gauche à droite : Mademoiselle Charlotte Desmares (dite la Desmares, ancienne maîtresse du futur Régent), Philippe Poisson et Pierre Le Noir dit La Thorillière (1659-1731), beau-frère de Dancourt ; la jeune fille à la fraise demeure inconnue.

Ce tableau, autrefois partie de la collection Crozat à Paris, Transféré au palais de Gatchina au milieu du XIXe siècle, a été ramené à l'Ermitage en 1920. Il a été acquis par Catherine II. L'expert soviétique Inna Nemilova a daté cette œuvre de 1712, car elle présente des traits communs avec Le Bel âge (ou Le Concert), ou bien avec La Polonaise et La Polonaise assise, œuvres de jeunesse composées entre 1710 et 1712. De plus, le petit garçon noir du tableau figure également dans La Conversation, qui a pour date 1712.

Varsovie Muzeum Narodowe

La femme polonaise

La femme était représentée en jupeczka rose (vêtement en fourrure). Le tableau a été cédé à la Pologne en échange du Baiser volé de Fragonard de la collection de Stanislaus Augustus Poniatowski

New York Metropolitan Museum

Le Mezzetin

Dans l’écrin de verdure d’un jardin, l’Arlequin de la commedia dell’arte, Mezzetin, assis sur un banc de pierre, les jambes croisées, joue de la guitare et chante en levant les yeux peut-être vers un balcon invisible sur le bâtiment à sa gauche. Derrière lui, une statue de marbre de Vénus lui tourne le dos.

Le personnage de comédie Mezzetin constitue une innovation, une variante d’Arlequin mise à la scène pour la première fois par l’acteur du Théâtre italien de Paris Angelo Costantini dans l’Arlequin Protée de Fatouville, le 16 octobre 1683. Le visage expressif de Costantini lui permettant d’interpréter le rôle sans masque, il fut le premier des comédiens italiens à se démasquer, habitude conservée par tous les Mezzetins après lui. Cette nouveauté n’est pas sans importance dans l’intérêt de Watteau pour ce personnage qui apparaît de façon récurrente dans son œuvre. Le caractère de Mezzetin a, d’autre part, été décrit comme « intrigant, et qui est toujours employé dans des fourberies, et dans des déguisements», même si Watteau préfère idéaliser le personnage pour ne retenir que le côté amoureux transi et musicien au grand cœur.

Dans la symbolique picturale de Watteau, le dos tourné de Vénus signifie que les sentiments de Mezzetin envers la dame, qu’elle représente, ne sont pas partagés. La pose qu’il prend n’est pas sans rappeler Le Concert champêtre du Titien, que Watteau a pu voir au Louvre. Le costume que porte Mezzetin s’écarte également de la tradition théâtrale. Alors que le costume traditionnel de Mezzetin est blanc et rouge, comme dans la Surprise ou le Donneur de sérénades, Watteau a ajouté des rayures bleu pâle à sa tunique et à sa culotte de satin. Il n’a pas été possible d’identifier le modèle de Watteau pour ce tableau, que ce soit un acteur de la comédie ou un des amis du peintre, habillé, pour la circonstance, avec des costumes de théâtre qu’il conservait dans son atelier pour les habiller quand ils posaient pour lui. Le fait que ce tableau soit au nombre des huit toiles de Watteau que Jean de Jullienne, l’ami et mécène de Watteau, ait conservées toute sa vie par-devers lui suggère qu’il puisse en avoir été le modèle, celui-ci ayant été réalisé à l’époque où il courtisait sa future épouse, Marie-Louise de Brécey

Washington National Gallery

Les Comédiens italiens

Il s'agit de l'une des dernières toiles de Watteau qui aurait été donnée à son médecin anglais en paiement. A cette époque, des comédiens italiens improvisaient des saynètes satyriques à Paris. Watteau représente les personnages-types de la commedia dell'arte, en particulier Gilles ou Pierrot, amoureux naïf et sensible, ridiculisé car toujours éconduit.

San Francisco Fine Arts Museum

La partie carrée

Masque pathétique de la Commedia dell’arte, malheureux en amour, Mezzetin a rejoint ici deux jeunes femmes assises sur un banc de jardin placé devant un piédestal de pierre couronné d’un grand vase. Les trois personnages se tournent sur un Pierrot anonyme, dominant la composition, qui vient de les rejoindre. Représenté de dos, on ne peut voir ce qui trahissent les traits de ce personnage inventé par Watteau. Le chapeau effrontément campé sur l’oreille droite, il est peut-être en train de parler ou de faire quelque proposition grivoise, car le spectateur se voit obligé de deviner cette partie du message visuel.

Watteau a présenté les personnages des théâtres français et italien dans nombre de ses œuvres. La populaire Commedia dell’arte ne reposait pas sur des dialogues fixés d’avance, mais seulement sur les grandes lignes d’un scénario. Les acteurs inventaient donc « à l’impromptu », dans le cadre de son rôle, les dialogues de ses personnages assimilés à des types : le marchand Pantalon, le Docteur, les valets roués Arlequin et Brighella, le coquet Mezzetin, caractérisé de manière voyante par son habit et son bonnet rayé, son rival Pierrot, toujours vêtu de blanc, la jeune première Silvia et bien d’autres. Le théâtre français devait adopter quelques-unes de ces figures et développa d’autres personnages dans cette tradition, notamment Colombine, la jeune et jolie soubrette amoureuse, figure centrale des peintures de Watteau.

Pasadena Norton Simon Museum

Nu couché

La peinture de Norton Simon est étroitement liée à un dessin de composition de Watteau également en Californie, au Getty Museum. La correspondance entre le dessin et la peinture est remarquable, du moins au regard du nu. Si le tableau n'avait pas été coupé à droite et que ses jambes inférieures étaient incluses, la relation serait plus marquée.

Par contre, le fond du dessin est extrêmement problématique. Alors que le nu était dessiné à la craie rouge, puis recevait des accents vifs, craie noire sur les cheveux, rehauts de craie blanche sur le corps, le fond était dessiné beaucoup moins précisément, dans une combinaison de craie noire et rouge. La feuille est un palimpseste qui comprend trois indications de femmes rapidement esquissées. Celui du haut de la page s'étendait évidemment au-delà du bord; il fait face à la femme. Légèrement plus bas, incliné et tourné vers la droite comme le nu lui-même, se trouve une seconde tête. La troisième et dominante étude montre une préposée, se préparant à administrer un lavement à sa dame. Il est évident que Watteau a d'abord dessiné le nu gisant, et ces autres éléments ont été dessinés plus tard et très précisément ne recouvrent pas le corps nu.

Fort Worth Kimbell Art Museum

Heureux âge, l'âge d'or

Jeune homme, Watteau est venu à Paris de Valenciennes, une ville flamande récemment passée sous la domination française. Dans la capitale française, il peint des sujets décoratifs et théâtraux, et s'impose rapidement comme l'inventeur de la fête galante , au cours de laquelle des personnalités à la mode se livrent à des rituels amoureux dans un parc. Watteau a continué à peindre des personnages en tenue de théâtre tout au long de sa courte vie. Le petit garçon assis au centre du tableau de Kimbell partage quelque chose de l'aspect impénétrable et poignant de son homologue adulte dans le célèbre Pierrot de Watteau (appelé Gilles) au Louvre. Il est vêtu du costume crème à collerette blanche, des chaussures à nœuds en satin et du chapeau à larges bords que portait Pierrot, le clown tragi-comique de la commedia dell'arte. Le regard flou du garçon contraste avec les personnages animés qui l'entourent - qui peuvent tous être des filles, bien que les petits garçons portaient également des robes pendant cette période. Pierrot évite le regard fixe de la petite fille au bras croisé qui agrippe la batte d'Arlequin, connue sous le nom de slapstick. Reposant sur le sol derrière elle se trouve un tambourin à ruban, un instrument qui évoque l'amour et la folie.

Le titre dérive des vers accompagnant la gravure du tableau de Nicolas Tardieu, publiée quelques années après la mort de Watteau, qui commence par " Heureux Age ! Age d'or ", où sans tribulation, le cœur sait s'abandonner aux plaisirs innocents.

... dans les Collections privées

Nymphe de la fontaine

La Nymphe de la fontaine est dit être un portrait de la femme de Jullienne. Watteau préfère les lèvres et le nez en arc de Cupidon au contour légèrement évasé.

... dessins de Watteau ...