A - Français Académisme

6 - L'Académisme en France

L'art académique, aussi nommé péjorativement « art pompier », est un courant artistique du milieu du xixe siècle. L'académisme est caractérisé par un goût pour les thèmes historiques et pour l'orientalisme. Parmi les artistes représentatifs, figurent les peintres français, Alexandre Cabanel, Ernest Meissonier, Fernand Cormon, William Bouguereau, Jean-Léon Gérôme et Marius Roy. 

Les principes de l’art académique font partie de l’enseignement artistique au xixe siècle, souvent vu comme un « centre de gravité ». Ces principes, primordiaux dans l'enseignement académique, sont des règles de rigueur très importantes qui sont transmises, avec une valeur de tradition marquée dans l’Académie pour mettre en valeur la dimension d'excellence dans le domaine artistique. Les grands principes idéaux de cette académie sont : La hiérarchie des genres, l'approfondissement de l'étude du nu, l'affirmation de la supériorité du dessin sur la couleur, le travail de création est privilégié en atelier plutôt qu’en plein air,  Imitation des anciens et  de la nature, achevement de ses œuvres.  

Ces règles et principes ne concernent pas seulement l’École des Beaux Arts et ses enseignements. Ces règles et principes concernent ce qui est appelé le Salon. 

Ce contrôle total de l'Académie, dont le jury rejette toute œuvre non conforme aux canons, ne permet pas aux artistes d'explorer d'autres sujets, techniques ou simplement d'innover dans leur démarche créatrice. Aussi l'académisme est fortement critiqué pour son conservatisme. 

Sous l’Empire, le militaire prime et les tableaux représentent essentiellement des scènes de batailles : Antoine-Jean Gros, Louis-François Lejeune et Anne-Louis Girodet-Trioson, entre autres, peignent donc les grandes victoires, celle des Pyramides, d'Aboukir ou encore du Mont Thabor, mais aussi des scènes plus originales comme La Révolte du Caire, ou Bonaparte pardonnant aux révoltés du Caire. Jean-Charles Tardieu, de son côté, exploite un aspect plus paisible avec sa Halte de l’armée à Syène, tandis que Jean-Simon Berthélemy représente la Visite de Bonaparte aux fontaines de Moïse. Quant au côté « royal » du nouvel empereur, il est souligné, en 1804, par le Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa peint par Gros : comme les rois touchaient les écrouelles, étant sensés les guérir, Bonaparte circule au milieu des malades, leur apportant réconfort et solidarité. 

William Bouguereau

William Bouguereau est un peintre français représentatif de la peinture académique, né le30 novembre 1825 à La Rochelle, où il est mort le 19 août 1905.

Son thème de prédilection est la représentation du corps féminin. Avec Alexandre Cabanel, Jules Lefebvre et Jean-Léon Gérôme, il est associé au genre du nu académique.

Déconsidéré en Europe peu après sa mort et jusque vers la fin du xxe siècle, son œuvre y est redécouverte tardivement. De son vivant, les toiles de Bouguereau sont très recherchées par les collectionneurs américains qui les achètent à des prix élevés, de sorte qu'une grande partie de son œuvre a quitté la France.

Le peintre rochelais est en effet un quasi-inconnu pour le public français, malgré un début de réhabilitation, notamment avec la création en 2010 d’une salle consacrée à Bouguereau au Musée d’Orsay. Ce n’est pas non plus un personnage romanesque à la vie sulfureuse, un héros torturé comme on peut en rencontrer dans l’histoire de l’art. Non, William Bouguereau est fidèle à lui-même, un peintre académique et bourgeois qui a mené une carrière artistique remplie d’honneurs officiels. Tout au plus peut on s’interroger sur certaines rumeurs de débauche et de pédophilie qui ont couru sur lui, en référence à ses tableaux remplis de bambins et de femmes dénudées.

Les impressionnistes s’inscrivent en opposition à l’académisme de Bouguereau. Un gros travailleur, s’accordant peu de loisirs, ainsi le décrivent ses contemporains. Son seul pêché semble être celui de la bonne chair, comme pouvait en témoigner son physique replet. Fidèle à ses idées, ou plutôt conservateur, il s’oppose ouvertement à la nouvelle génération des artistes impressionnistes, ce qui fera dire à Cézanne : « Maintenant j’emmerde Bouguereau ! ».

Paris Musée d'Orsay

La naissance de Vénus 

William Bouguereau étant un peintre académique reprend dans beaucoup de ses tableaux des thèmes mythologiques dont l’un des plus connus est celui-ci. Bouguereau intitule son œuvre, La naissance de Vénus, qui fait bien sûr allusion, vous l’aurait compris à la déesse de l’amour et de la beauté qui porte différents noms selon les cultures, Vénus dans la mythologie romaine et Aphrodite dans celle des grecs. Son nom signifie écume (aphros en grec), car d' après la légende la déesse aurait surgi des écumes. La vision que l’on a d’elle change elle aussi selon la civilisation, les Grecs la représenteront sous la forme d'une déesse sévère et cruelle. Les Romains retiendront davantage son aspect bienveillant. Voilà donc une petite présentation de Vénus pour ne résumer que l’essentiel. 

Figueras Musée Dali

Après le Bain


Williamstown Clark Art Inst.

Nymphes et Satyre

Près d'un lac ombragé et isolé, un groupe de nymphes il a juste attrapé un satyre qui, sans doute, regardait en cachette. Trois d'entre eux tentent de pousser l'eau, tandis que le quatrième lance un clin d'œil à ses amis qui sont en dehors de la scène en les invitant à les rejoindre. Pendant ce temps, il a éclaboussé et avec une des fentes déjà immergé, le satyre tente de résister. 

Considéré comme comme l'artiste archétype de luxure de la peinture du siècle XIX, bien que du point de vue de l'érotisme, il est l'un des peintres les plus intéressés de ces années: ce que nous voyons en fait, semble être une continuation de la baroque, sans ouverture au désir d'un Peter Paul Rubens. « Nymphes et Satyre » est donc un exemple du style dans lequel la maîtrise technique parvient à afficher la scène énergique qui est représenté. En Bouguereau, ainsi que dans Jean-Baptiste Greuze, il y a une combinaison étrange d'innocence et de méfait. 

Stockton Haggin Museum

Le Nymphae

Dans ce tableau, un groupe de nymphes ou Dryades est rassemblé dans et autour d'un bassin. À l'arrière de l'image, il y a une grotte avec plusieurs nymphes se reposant sur les rochers à son embouchure. La grotte a une large bouche qui est peut-être censée être une représentation symbolique de l'ouverture du vagin. Même la texture des roches autour de l'ouverture semble représentative des parois vaginales. L'objectif principal de la pièce est les deux nymphes juste au centre à gauche de la pièce assises sur la balançoire en corde. L'un à gauche de la balançoire se penche affectueusement dans l'autre avec son bras autour de sa taille, suggérant qu'ils peuvent peut-être être proches ou même amoureux. 

Ici, le regard est tourné vers le spectateur, regardant de manière provocatrice hors de l'image comme pour suggérer qu'elle est consciente de, et peut-être même appréciant l'attention et l'admiration. Peut-être qu'elle trouve cela excitant et qu'elle est excitée par cela. Son partenaire à droite semble cependant regarder vers le bas entre ses jambes, sentant peut-être son excitation et désirant plus que partager la balançoire avec elle. Ils sont accompagnés d'un autre qui est au fond de la cuisse dans la piscine et semble aider à la frivolité. 

Hyderabad Salar Jung 

Byblis

Une jeune femme nue est étandue, cheveux dénoués, la tête entre les bras aux mains jointes, au bord de l'eau.

Les amours incestueuses de Caunos et Byblis ont été racontées par plusieurs auteurs antiques mais il existe deux versions selon à qui le premier incombe la faute. 

Milétos est le fils d'Apollon et le fondateur de la cité de Milet en l'Asie mineure. C'était un beau jeune homme recherché pour sa beauté par les trois frères Minos, Sarpédon et Rhadamanthe qui se brouillèrent à son sujet. Plus tard, il se maria et son épouse porte des noms différents selon les auteurs. Il épousa soit Eidothea, fille de Eurytos ou Tragasia, fille de Celaenos ou Cyanee, fille du dieu-fleuve Méandre, ou Areia. Voici les deux principales version de ce drame.

Pour Parthénios de Nicée, Milétos épousa Tragasia dont il eut des jumeaux Caunos et Byblis. La faute initiale repose sur Caunos mais Byblis succombera aussi. 

Caunos, tomba éperdument amoureux de sa soeur, et mit tout en oeuvre pour la convaincre de son amour. Puis, voyant que tous ses efforts demeuraient sans résultats, désespéré, il décida de fuir Milet. Dès qu'il eut disparu, Byblis s'abandonna aux regrets ; et ne pouvant plus souffrir de vivre dans la maison paternelle où son frère avait vécu, elle alla chercher dans les bois la solitude. Après avoir longtemps erré, enfin succombant à sa douleur et n'espérant plus rien de son malheureux amour, elle se pendit. Comme elle avait versé un torrent de larmes, il se forma une fontaine que les gens du pays appelèrent la fontaine de Byblis.

San Antonio Museum

L'Admiration

Entre émotion et motivation, l'admiration est source d'inspiration et d'élévation pour celui qui sait reconnaître la supériorité d'autrui ou de quelque chose. Beauté, bonté, bravoure, sont autant de qualités qui peuvent susciter l'admiration et nous interroger sur notre rapport au monde. 

L’admiration, c’est ce que nous ressentons lorsque nous découvrons quelque chose ou quelqu’un disposant de qualités hors du commun. Descartes la définit comme "une subite surprise de l'âme, qui fait qu'elle se porte à considérer avec attention les objets qui lui semblent rares et extraordinaires."

L’admiration est une expérience globale, à la fois émotionnelle, car il est agréable d’admirer, et motivationnelle, car l’admiration est une source d’inspiration, qui nous pousse vers l’action ou le changement personnel.

L’admiration, c’est la volonté de porter son regard sur ce qui rend le monde meilleur.

Greenwich Bruce Museum

Faune et Bacchante

L’engouement de la bourgeoisie pour ce type de sujets à l’érotisme tapageur permet d’expliquer l’audace de compositions chargées en allusions paillardes, qui autorisent les artistes à s’éloigner de la norme. Le Faune et Bacchante de William Bouguereau exposé au Salon de 1861, résultat de la commande d’un riche collectionneur, en est un exemple intéressant. Dans la pose des personnages, Bouguereau cite explicitement le Satyre et Bacchante de Pradier, tandis que la composition est empreinte d’un classicisme formel dérivé des modèles antiques. Chez Bouguereau, les yeux de la femme s’allument pourtant d’une malice toute moderne, lorsque, consciente de la présence du spectateur, elle se tourne vers lui pour l’inviter à suivre directement la scène. Les détails déterminants du thyrse effleuré par la femme et du vase serré par le faune attirant le regard du spectateur, ne font qu’expliciter la nature sexuelle de la rencontre, renvoyant au sexe féminin et masculin dans une actualisation d’une tradition burlesque souvent exploitée dans l’iconographie des bacchanales de la Renaissance autant que dans le théâtre antique .

Omaha Joslyn Museum of Art

Le Printemps

Le Printemps est l'une des peintures les plus célèbres de William-Adolphe Bouguereau peinte en 1886. Elle fait actuellement partie de la collection du Joslyn Art Museum à Omaha dans le Nebraska, qui l'a acquise en 1951 suite à la donation de Francis T.B Martin. Le tableau est amené à Omaha peu de temps après que George W. Lininger l'achève. Lininger est collectionneur d'art, propriétaire d'une galerie privée qui ouvrait régulièrement gratuitement.

Le tableau est attaqué physiquement à deux reprises, en 1890 et en 1976. Les deux fois, les dommages sont minimes. Les agresseurs sont les deux fois offensés par la nudité du tableau.

La Havanne Museo

Innocence

Le crépuscule

Bouguereau a réalisé plusieurs allégories de ce type (L’Aurore, La Nuit, La Loyauté) en utilisant toujours une femme nue et un voile. Ce type d’allégorie remonte à la Renaissance italienne. 

Collection Privée

L'italien à la mandoline

En 1870 Bouguereau a peint deux tableaux de jeune garçon avec un instrument de musique :

"L'italien à la mandoline" et "Pifferaro" tous deux aujourd'hui dans des collections particulières.

La vague

La vague parait aujourd’hui étrangement moderne et pourrait presque passer pour un tableau hyperréaliste. Pourtant, la peinture de Bouguereau, qui comportait beaucoup de nus mythologiques, était vilipendée par les plus grands critiques et écrivains. Leur lucidité concernant les innovations artistiques de la fin du 19e siècle, l’impressionnisme en particulier, les empêchait de constater simplement le talent de Bouguereau. Ils ne voyaient que l’académisme haï et les applaudissements des bourgeois.

William Bouguereau, membre de l’Institut, professeur à l’École des Beaux-arts, plaît en effet à la bourgeoisie du 19e siècle. Avec lui, elle peut s’offrir des nus féminins respectables parce que mythologiques et des portraits d’enfants un peu larmoyants. L’esthétique académique, vieille de plusieurs siècles, a conquis tous les esprits. On croit savoir définitivement ce qui est beau. Aussi Bouguereau produit-il beaucoup (plus de 800 toiles) et expose à tous les salons officiels avec succès.

Les intellectuels les plus clairvoyants dans le domaine artistique vont donc se faire un plaisir de moquer ce peintre si apprécié de tous ceux qui se gaussent des impressionnistes. Ainsi, à propos du salon de 1875, Émile Zola considère-t-il les toiles de Bouguereau et Cabanel comme « le triomphe de la propreté en peinture, des tableaux unis comme une glace, dans lesquels les dames peuvent se coiffer ». Octave Mirbeau, fervent défenseur des impressionnistes, suggère un nouveau lieu pour la peinture académique : « Pourquoi n’exposerions-nous pas dans les égouts ? On pourrait bien y accrocher du Bouguereau, ce semble. »


L'Amour et Psyché

Psyché reflète l'éclat de l'amour divin manifesté dans l'Univers, mais Psyché notrepsyché dans les affaires amoureuses ne possède en réalité ni l'amour, ni la beauté, et Psyché devra pour apaiser la colère d'Aphrodite, renoncer à s'approprier illégitimement ce qui est le fait d'une relation à la divinité. 

Bouguereau s’inscrit dans une certaine tradition iconographique, en raison de la présence de certains attributs dits  »traditionnels », tels que les ailes d’anges, pour Amour, et de papillon, pour Psyché 

Fardeau agréable

Voila un style de peinture que Bouguereau se plaisait à peindre et les jeunes fillettes se retrouvent dans maintes de ses toiles. 

Le Jour

Le Guépier

Baigneuse 

Alexandre Cabanel

Alexandre Cabanel, né le 28 septembre 1823 à Montpellier et mort le 23 janvier 1889 à Paris 8e, est un artiste peintre français, considéré comme l'un des grands peintres académiques du Second Empire, dont il est l'un des artistes les plus admirés

La célébrité lui vient avec la Naissance de Vénus exposée au Salon de 1863 qui est immédiatement achetée par Napoléon III pour sa collection personnelle et qui entre au musée du Luxembourg en 1881 (le tableau est conservé à Paris au musée d'Orsay). Il passe un contrat avec la maison Goupil pour la commercialisation de reproductions en gravure de la Naissance de Vénus

Paris Musée d'Orsay

La Naissance de Vénus

Théophile Gautier et Louis Auvray font l'éloge de La Naissance de Vénus de Cabanel.

« Son corps divin semble pétri avec l'écume neigeuse des vagues. Les pointes des seins, la bouche et les joues sont teintées d'une imperceptible nuance rose »

— Théophile Gautier, Le Moniteur universel du 13 juin 1863

« La Naissance de Vénus, de M. Cabanel, qui charme et séduit sans exciter de désirs. Ce qu'on admire ici, c'est l'élégance des formes, la correction du dessin, la finesse et la fraîcheur du coloris. C'est moins nature que la Perle de M. Baudry mais c'est plus purement, plus poétiquement beau »

— Louis Auvray, Exposition des beaux-arts : salon de 1863

Alors qu'Émile Zola, qui combat la peinture académique « et les œuvres sans vie d'un Cabanel » et défend les œuvres de Manet « Il paraît que je suis le premier à louer sans restriction M. Manet. C'est que je me soucie peu de toutes ces peintures de boudoir, de ces images coloriées, de ces misérables toiles où je ne trouve rien de vivant. J'ai déjà déclaré que le tempérament seul m'intéressait. », critique la Naissance de Vénus de Cabanel, et émet un jugement sur Cabanel et l’ensemble de son œuvre.

« La déesse noyée dans un fleuve de lait, a l'air d'une délicieuse lorette, non pas en chair et en os - ce serait indécent - mais en une sorte de pâte d'amande blanche et rose »

— Émile Zola, Nos peintres au Champ-de-Mars - 1867

« Prenez une Vénus antique, un corps de femme quelconque dessiné d'après les règles sacrées, et, légèrement, avec une houppe, maquillez ce corps de fard et de poudre de riz ; vous aurez l'idéal de monsieur Cabanel »

— Émile Zola, Nos peintres au Champ-de-Mars - 1867

« La principale malice de Cabanel, c'est d'avoir rénové le style académique. À la vieille poupée classique, édentée et chauve, il a fait cadeau de cheveux postiches et de fausses dents. La mégère s'est métamorphosée en une femme séduisante, pommadée et parfumée, la bouche en cœur et les boucles blondes. Le peintre a même poussé un peu loin le rajeunissement. Les corps féminins sur ses toiles sont devenus de crème. C'est un génie classique qui se permet une pincée de poudre de riz, quelque chose comme Vénus dans le peignoir d'une courtisane »

— Émile Zola, Commentaire sur l'Exposition de 1875

Collection Privée

La Fille de Jephta

Jephté ou Jephthah, d'après la Bible, était l'un des Juges d'Israël.

Avant d'attaquer les Ammonites, Jephthah fit le vœu imprudent d'offrir à Dieu, en holocauste, en cas de victoire, la première personne qui viendrait à sa rencontre. Ce fut sa fille unique qui accourut la première au-devant de lui, "en dansant au son des tambourins". Le malheureux père dut accomplir son vœu et sa fille consentit au sacrifice, après qu'il lui eut été accordé deux mois pour "pleurer sa virginité".  

Jean Léon Gérome 

Jean-Léon Gérôme, né à Vesoul en Haute-Saône le 11 mai 1824 et mort à Paris le 10 janvier 1904, est un peintre et sculpteur français, membre de l'Académie des beaux-arts. Il composa des scènes orientalistes, mythologiques, historiques et religieuses. À partir de 1878, il réalise des sculptures, principalement réalisées en polychromie, ses sculptures représentent souvent des scènes de genre, des personnages ou des allégories. Nommé grand officier de la Légion d'honneur, Gérôme est distingué lors des différentes Expositions universelles auxquelles il participe et il fait figure de peintre officiel à la fin du xixe siècle. Il devient professeur à l’École des beaux-arts, durant près de quarante années, et forma plus de 2 000 élèves. Considéré comme l'un des artistes français les plus célèbres de son temps, Jean-Léon Gérôme est l'un des principaux représentants de la peinture académique du Second Empire. Après avoir connu un succès et une notoriété considérables de son vivant, son hostilité violente vis-à-vis des avant-gardes, et principalement des impressionnistes, le fait tomber dans l'oubli après sa mort. Son œuvre est redécouverte à la fin du xxe siècle, 

Paris Musée d'Orsay

Jeunes Grecs faisant battre des coqs

Gérôme entreprend cette toile en 1846, alors qu'il est encore marqué par son échec au concours du Prix de Rome qui lui ferme les portes de la villa Médicis. Il redoute un nouveau revers et hésite à exposer ses Jeunes Grecs faisant battre des coqs. Mais encouragé par son maître, le peintre académique Delaroche, il envoie finalement son tableau au Salon de 1847 où l'oeuvre rencontre un grand succès.

Dans le style "néo-grec", marqué par le goût du fini, des colorations claires et de la peinture lisse, Gérôme représente un couple d'adolescents, aux corps largement dénudés, réuni au pied d'une fontaine. Leur jeunesse s'oppose au profil écorné du sphinx de l'arrière-plan. Cette opposition se retrouve entre la végétation luxuriante et les branches mortes sur le sol, dans l'affrontement des deux oiseaux dont l'un va bientôt périr.

Rares sont les commentateurs qui remarquèrent la méditation désabusée de l'artiste dans le concert de louange qui salua l'oeuvre. Il n'y a guère que Baudelaire pour critiquer cette toile et faire de Gérôme le chef de file de "l'école des pointus", le jugeant faible et artificiel. Le public préfère suivre l'avis de Théophile Gautier qui voit dans ce Combat de coqs de "vrais prodiges de dessin, d'animation et de couleurs". A vingt-trois ans, Gérôme fait ainsi une entrée remarquée dans le monde de l'art, avant de poursuivre la carrière officielle à laquelle il se destinait, jalonnée d'honneurs et de récompenses. 

Intérieur grec, le gynécée

Les femmes grecques étaient-elles recluses à l’intérieur de la maison (oikos), dans une pièce qui leur était exclusivement réservée ? C’est ce que le mot « gynécée », « espace réservé aux femmes », a longtemps suggéré. La pyxis montre des femmes occupées à des activités réputées féminines : filage de la laine, manipulation de parfum, toilette, parure. La colonne, la porte entr’ouverte et le miroir dans le champ construisent un espace intérieur. Sur une autre pyxis, une scène d’extérieur fait pendant à la précédente : deux femmes sont à la fontaine et deux autres cueillent des fruits dans un espace ouvert. L’opposition simpliste entre un dedans féminin et un dehors masculin doit donc être relativisée : elle relève d’un imaginaire plus que de pratiques réelles. 

Collection Privée

Bain dans le Harem

Le nombre relativement important des scènes de "hammams" dans l'oeuvre de Gérôme, et dans celle de ses contemporains orientalistes, montre bien la fascination qu'exerce alors l'Orient.

Depuis l'expédition de Bonaparte en Égypte (1798), accompagnée d'artistes et de savants spécialement chargés d'étudier et de décrire le pays, les publications sur le sujet sont nombreuses. Les photographies ne sont pas rares et le premier livre ainsi illustré en France paraît en 1852 : " L'Égypte, la Syrie et la Palestine" par Maxime du Camp.

C'est à Londres, à l'abri des événements de la Commune, que Gérôme débute sa série consacrée aux "hammams". Trois ans après le décès d'Ingres, il s'inscrit donc dans la suite du "Bain turc" et de "La Grande Odalisque". Cependant, contrairement au maître de Montauban qui n'avait jamais voyagé, Gérôme propose une vision orientale authentique, constatée de visu, mais seulement pour l'architecture et les accessoires.

En effet, l'usage des bains n'est pas mixte et les scènes de "hammams", aux nombreux nus féminins, ne peuvent être que des reconstitutions d'atelier. Gérôme transgresse par ailleurs un interdit de l'Occident puritain où la nudité reste plus ou moins tabou, ce qui renforce sans aucun doute le pouvoir évocateur et l'attrait érotique de la série. 

Ernest Meissonier

Ernest Meissonier est un peintre, sculpteur, et illustrateur français né en 1815 et décédé en 1891.

Très tôt, il réalise de talentueux dessins. A l’âge de dix-sept ans, il déménage à Paris pour travailler dans l’atelier du peintre Léon Cogniet, qui lui enseigne la peinture. En aidant son maître à préparer une peinture destinée au plafond du musée du Louvre, il se découvre un intérêt pour les scènes militaires. Il réalise cinq dessins pour la Comédie humaine de Balzac. Ses illustrations sont d’une grande qualité : elles comportent de nombreux détails réalistes malgré leur petit format. Lors du Salon de 1840, il remporte sa première médaille, de troisième classe. Il obtient ensuite la médaille de première classe au Salon de 1843. Durant les journées de juin 1848, il est désigné capitaine d’artillerie pour lutter contre la révolte parisienne d’ouvriers, dans laquelle il témoigne de violentes et bouleversantes scènes. Ces émeutes le poussent à peindre Souvenir de la guerre civile.

Les toiles d’Ernest Meissonier appartiennent au mouvement du réalisme historique. Néanmoins, l’arrière-plan de ses œuvres telles que Le Siège de Paris rappelle le mouvement romantique. De plus, il s’inspire des peintres de l’âge d’or de la peinture néerlandaise comme Rembrandt. Ainsi, ses peintures font preuve d’une grande originalité. Ses œuvres sont également remarquables grâce à ses nombreux travaux préparatoires. D’abord, il modélise à la cire le décor et les personnages de la scène avec de nombreux détails. Par exemple, il sculpte leurs habits tels qu’ils sont sur la peinture. Il apprécie fortement cette technique puisqu’elle lui laisse une grande liberté créative. Ces sculptures préparatoires lui permettent de représenter de manière la plus réaliste possible le caractère et le mouvement de ses sujets, mais aussi d’étudier la manière dont la lumière les capte. Ensuite, il les rassemble afin d’en former une maquette, ce qui l’aide à correctement visualiser la scène. Cette méthode est très utile pour ses peintures de scènes historiques militaires comportant de nombreux personnages et chevaux, proches les uns des autres. Toutefois, ses sculptures restent en retrait de son vivant : elles ne seront exposées qu’après sa mort. Il réalise en plus des peintures de genre et des portraits, tous deux de style classique.

Ernest Meissonier se fait véritablement reconnaître grâce à ses peintures historiques militaires. De nombreux artistes tels que Vincent Van Gogh l’admirent. Napoléon III acclame ses scènes militaires napoléoniennes. De fait, l’artiste est désigné Chevalier de la Légion d’honneur, officier, commandeur, grand officier, et Grand-Croix. Ses toiles se vendant bien, il parvient à vivre aisément de son art. Il réalise sa plus célèbre œuvre, Campagne de France, 1814. Elle ne mesure seulement 76,5 par 51,5 cm, ce qui est original pour une peinture militaire. Malgré son petit format, elle comporte de nombreux détails peints avec une grande précision. Cette toile est une illustration de son incroyable talent. Sous la III° République, il continue à peindre des scènes du Second Empire. Ses œuvres se vendent le mieux durant cette époque. 

Acclamé durant son existence, Ernest Meissonier reçoit de nombreuses critiques après sa mort: certains artistes affirment que ses toiles manquent de vie, qu’elles soient trop rigides, et qu’il peint mal.

Paris Musée d'Orsay

La Campagne de France

Après la désastreuse campagne de Russie, l’armée française, exsangue, connut encore de beaux succès lors de la campagne de Saxe du printemps 1813 (victoires de Lützen et Bautzen), mais les troupes coalisées, supérieures en nombre, infligèrent à Napoléon une grave défaite à Leipzig en octobre, et il dut se replier sur le Rhin. En décembre 1813, les alliés passaient le Rhin, et plusieurs colonnes marchant sur Paris, l’Empereur dut mener une campagne d’hiver qui, pour être très glorieuse et jalonnée de victoires (Brienne, Montereau, Château-Thierry, Champaubert, Montmirail), n’empêcha pas l’avance alliée, la prise de Paris et la chute de l’Empire. 

Napoléon marche à la tête de ses troupes, suivi des maréchaux Ney et Berthier, et des généraux Drouot, Gourgaud et Flahaut. Une deuxième colonne est formée de grognards. La composition respire l’inquiétude, l’angoisse même. Tous avancent en silence dans une neige boueuse, tendus vers le combat qui s’annonce. Ce n’est plus la victoire que représente cette peinture, c’est la fatigue de la guerre, et Napoléon lui-même se détache à peine de ses soldats. La silhouette est celle que rendit célèbre la légende napoléonienne : l’Empereur est vêtu de sa redingote grise et coiffé du célèbre « petit chapeau ».

Le style très minutieux, presque hyper-réaliste de Meissonier, permet de faire passer la vérité du sujet. Les attitudes sont réelles, individualisées, mais tous les hommes sont soumis au même destin. On ressent vraiment le silence obsédant de ces colonnes en marche vers une victoire devenue hypothétique. 

La Havanne Museo

Arrivée des troupes espagnoles

Brigadier des Cuirassiers

Napoléon 1814

Jacques Louis David

Jacques-Louis David est né à Paris le 30 août 1748 dans une famille de commerçants merciers parisiens. Son père meurt dans un duel en 1757. L'enfant est alors pris en charge par ses oncles qui remarquent ses dispositions pour le dessin et l’inscrivent à l’Académie de Saint-Luc. En 1764, sa famille prend contact avec François Boucher (1703-1770), premier peintre du roi. Boucher, qui était un cousin éloigné de la mère de David, a alors 61 ans et il est malade. Il confie le jeune David à Joseph-Marie Vien (1716-1809), peintre passionné par l’art antique et précurseur du néo-classicisme français. En 1771, David obtient le second Prix de Rome pour son tableau Le combat de Mars contre Minerve. En 1782, âgé de 34 ans,  David épouse Marguerite Charlotte Pécoul, qui a alors dix-sept ans. Son beau-père, Charles-Pierre Pécoul, entrepreneur des bâtiments du Roi, dota généreusement sa fille, permettant ainsi à David d’installer son atelier au Louvre. Quatre enfants naîtront de cette union. Pendant la Terreur, Marguerite, effrayée par la violence des convictions révolutionnaires de son époux, obtiendra le divorce. Mais la réconciliation intervient après la chute de Robespierre et ils se remarient en 1796. 

 David perfectionne son style néo-classique avec une thématique très patriotique et moralisatrice (le thème des serments est omniprésent). A la fin de la royauté, il est un peintre reconnu et très apprécié de l’aristocratie. La période révolutionnaire va l’enthousiasmer car il rêve de transplanter en France les institutions démocratiques de la Grèce antique ou de la République romaine. Il s’engage en politique aux côtés des plus extrémistes (le parti de la Montagne de Robespierre), est élu député jacobin et vote la mort du Roi en 1793. David est clairement l’homme des enthousiasmes politiques. Très vite séduit par Bonaparte lorsque celui-ci devient célèbre, il réalise des tableaux de propagande pour sa nouvelle idole. Bien entendu, son grand talent lui permettra de devenir rapidement le peintre officiel de l’Empire. Le tableau consacré au sacre de Napoléon couronne l’œuvre de David au service de l’empereur. 

Après la chute de Napoléon, David est proscrit de France, considéré comme « régicide ». Il part pour Bruxelles et continue à peindre essentiellement des tableaux mythologiques, le dernier étant Mars désarmé par Vénus et les Grâces (1824). David meurt à Bruxelles le 29 décembre 1825. Il est inhumé dans cette ville.

Grand artiste incontestablement, David recherche un beau idéalisé et « idéologisé », mais dépourvu de fantaisie et de grâce. Il privilégie le dessin sur la couleur, renouant ainsi avec l’académisme du 17e siècle, minutieusement défini par Charles Le Brun (1619-1690). Mais à côté du peintre emphatique au style assez froid des scènes mythologiques et historiques, il existe aussi un David portraitiste qui s’adresse davantage à nos émotions. En définitive, ce peintre de la Révolution française et de l’Empire napoléonien est davantage un témoin de l’histoire qu’un artiste influençant la postérité. 

L’œuvre de David illustre comme aucune autre les rapports ambigus de l’art et de la politique. Son admiration précoce pour l’art antique rencontre les troubles politiques de la France de la fin du 18e et du début du 19esiècle. Il met le néo-classicisme au service des pouvoirs autocratiques de Robespierre et de Napoléon. Il utilise les références allégoriques antiques pour se faire le laudateur des idéologies révolutionnaires et impériales. Son style sévère et volontiers moralisateur représente bien entendu une volte-face complète par rapport au rococo de l’époque Louis XV. « Le libertinage se plaisait aux recoins rocaille, aux replis des tentures, aux alcôves au fond des petites maisons, il s'enchantait du moment où la volonté faiblit et où le désir l'emporte. Sa prédilection allait à tout ce qui était petit : petit-maître et petit souper, miniatures suggestives et brochures rapportant les potins du jour. La révolution ne rêve que de grandeur. David peint le Socrate, prêt à la mort, dont Diderot imaginait les discours. Ses Grecs et ses Romains sont autant de volontés bandées, de corps habités par un idéal civique, insensibles aux émotions de l'instant. Chacun doit accepter le risque de ses paroles et de ses actes. » 

Paris Musée du Louvre

Autoportrait

L'autoportrait de Jacques-Louis David est peint par l'artiste en 1794. Le tableau a la particularité d'avoir été réalisé en prison tandis que David était détenu à l'hôtel des fermes pour avoir fait partie des robespierristes. C'est son troisième et dernier autoportrait, suivant celui intitulé Aux trois collets, de 1791 (musée des Offices de Florence). Donné à son ancien élève Jean-Baptiste Isabey, le tableau est entré dans les collections du musée du Louvre en 1852

Du fait que le portrait fut peint d'après une image de miroir, les positions des mains sont inversées ; David ne corrige pas ce détail, qui le montre tenant le pinceau de la main gauche, alors qu'il est droitier ; de même, la tumeur qui affecte sa joue gauche se retrouve à droite mais est dissimulée dans l'ombre. David s'est représenté en jeune homme, ce qu'il n'est plus puisqu'il a 46 ans au moment où il réalise ce tableau. 

Sacre de l'Empereur Napoléon 1er

La cérémonie religieuse du sacre, officiée par le pape Pie VII, suivie de celle du couronnement, se déroula, le dimanche 2 décembre 1804 , à Notre-Dame de Paris. Elle dura près de cinq heures et le peintre Jacques-Louis David en fit deux tableaux : le Sacre de Napoléon et la Distribution des aigles. 

Contre tout usage, Napoléon souhaita se couronner lui-même et couronner l’impératrice Joséphine, ce malgré le désir du pape de procéder au sacre et au couronnement. Pie VII se contenta de bénir la couronne. David représente le moment où l’empereur couronne Joséphine.

Dans cette vaste frise, on reconnaît autour des trois principaux protagonistes Cambacérès et Lebrun, ex-consuls devenus respectivement archichancelier et architrésorier, Talleyrand, Eugène de Beauharnais, les nouveaux maréchaux ainsi que les sœurs de Napoléon, chargées de porter la traîne de Joséphine. On notera dans la tribune la présence de Madame Mère, qui en réalité était absente lors de la cérémonie. David s’est aussi représenté dans cette tribune, signature traditionnelle dans le milieu artistique. Impressionnante galerie de portraits, le Couronnement est conçu comme la rencontre de deux mondes, l’un sacré à droite descendant vers un monde laïc à gauche. Napoléon est ainsi le lien qui s’établit entre la divinité symbolisée par Pie VII et l’univers républicain duquel il est issu. Seule la haute croix que tient le cardinal Caselli au centre marque le point de rencontre entre ces deux entités. 

Le Serment des Horaces


Portrait inachevé de Bonaparte

Sur un fond de toile appretée, se détache le visage de Bonaparte. Celui-ci regarde vers sa droite les yeux légèrement élevés. Les cheveux mi-long de ton clair sont agités par le vent. Le corps laisse deviner que le général porte un uniforme bleu foncé dont seul le haut du buste est peint; on discerne aussi le col rouge et le foulard noir. Le reste du corps est dessiné à la terre de Cassel. Bonaparte pose un poing sur sa hanche droite, l'autre main est posée sur sa poitrine, et l'on devine une écharpe qui entoure sa taille. Le tableau n'est ni signé ni daté. 

Le Portrait inachevé de Bonaparte (aussi intitulé Le Général Bonaparte) est une œuvre peinte par Jacques-Louis David en 1798, qui devait représenter Napoléon Bonaparte sur le plateau de Rivoli, tenant à sa main le traité de Campo-Formio. Le portrait peint sur le vif ne fut jamais achevé. Vivant Denon découpa la toile pour ne conserver que la partie peinte du visage et du buste. Le tableau est exposé au Musée du Louvre. 

Emilie Sériziat et son fils

En 1782, alors âgé de trente-quatre ans, David épouse Marguerite Charlotte Pécoul, âgée de dix-sept ans. Le père de la jeune épouse, Charles-Pierre Pécoul, entrepreneur des bâtiments du Roi, dote généreusement sa fille, permettant ainsi à David d’installer son atelier au Louvre. Pendant la révolution, David devient un fervent soutien de Robespierre et vote la mort du roi Louis XVI. Cette collusion avec la terreur la plus implacable amena son épouse à demander le divorce, qu’elle obtint le 16 mars 1794.

Le 27 juillet 1794, Robespierre est mis en accusation par la Convention et arrêté. Il est exécuté le lendemain. Les partisans de Robespierre sont également poursuivis et David est arrêté le 2 août 1794. Il sera libéré en décembre 1794.

Pendant l’incarcération de l’artiste, son ex-épouse Marguerite reprend contact avec lui. A sa libération, David se réfugie dans la ferme de Saint-Ouen, à Favières, près de Paris. Émilie Pécoul, épouse de Charles Sériziat et sœur de Marguerite, avait hérité de cette demeure. Les désordres politiques de l’époque conduisent à une nouvelle incarcération du peintre en 1795, à l’issue de laquelle il retourne à la ferme de Saint-Ouen. C’est dans ce lieu qu’il réalise les portraits d’Émilie et de Pierre Sériziat, respectivement en mai et août 1795. Les deux portraits seront présentés au Salon de peinture et sculpture de 1795.

Cet épisode romanesque se terminera par le remariage de Jacques-Louis David et de Marguerite Charlotte Pécoul le 12 novembre 1796.

Émilie (environ 27 ans) revient d’une promenade à la campagne avec son fils. Elle s’arrête un instant sur un banc rouge et  sourit à son beau-frère, mais elle n’est pas installée pour poser devant un peintre. Elle a cueilli un bouquet de fleurs des champs qu’elle va bientôt placer dans un vase. Cette apparente spontanéité n’est bien sûr qu’une convention artistique. Tout a été minutieusement pensé pour séduire. Les regards tournés vers l’observateur instaurent un dialogue visuel. La robe blanche délicatement plissée, sur laquelle se détachent le bouquet et la ceinture verte, vise à magnifier l’élégance naturelle d’Émilie. Le chapeau avec son large bord arrondi encadre parfaitement le visage pour le mettre en valeur. L’arrière-plan neutre et sombre fait ressortir les tons clairs. L’optimisme et le bonheur de vivre irradient de ce portrait, dans une période de l’histoire particulièrement sombre où la vie ne tenait qu’à un fil. Le David-mister Hyde, qui venait de glorifier le tyran Robespierre, nous fait découvrir le David-docteur Jekyll, ému par la douceur maternelle. 

Pierre Sériziat

Avec ces deux portraits, David semble témoigner avec sincérité de sa reconnaissance aux Sériziat. Il propose une interprétation optimiste de chaque modèle, correspondant sans doute à son regard de l’instant sur ceux qui l’avaient accueilli dans un moment de détresse. Les portraits antérieurs de David étaient plus conventionnels et cherchaient classiquement à illustrer le statut social du personnage et à le valoriser. Ici, au contraire, l’artiste laisse affleurer ses émotions, comme si, ayant échappé à la guillotine et fui les violences de la politique, il retrouvait la vie et les bonheurs qu’elle peut apporter. 

L’avocat Pierre Sériziat (38 ans) apparaît en gentilhomme campagnard dans une composition rappelant la manière des portraitistes anglais de l’époque. Assis sur un rocher sur lequel il a posé son vêtement, il prend une pose jugée élégante. La redingote et la culotte en peau sont inspirées de la mode anglaise. Si la spontanéité semble absente, l’idée de base du peintre était la même que pour le portrait d’Émilie : saisir un moment de vérité représentatif de la vie à la campagne des époux Sériziat. Mais une certaine affectation apparaît chez Pierre, correspondant sans doute au côté dandy du personnage. Le ciel nuageux en arrière-plan est une rareté et peut-être un cas unique dans les portraits de David.

Ces deux portraits constituent des chefs-d’œuvre du genre à la fin du 18e siècle. Par leur ambition réaliste et l’empathie qu’ils laissent paraître avec les modèles, ils dépassent les productions plus académiques, réalisées sur commande. Ils révèlent en définitive toute la complexité de la personnalité des cet artiste très influencé par la politique, mais également capable d’explorer avec justesse les émotions.

Madame Trudaine

Le Portrait de Madame Trudaine (anciennement nommé portrait de Madame Chalgrin, aussi intitulé portrait de Louise Trudaine) est un portrait inachevé, peint par Jacques-Louis David en 1791-1792 à la demande de son époux Charles-Louis Trudaine. Le tableau fut autrefois identifié comme un portrait d'Émilie Chalgrin fille du peintre Joseph Vernet, exécutée pendant la Révolution française. Cette identification a, depuis, été écartée,bien que Le British Museum possède dans ses collections de dessins, une copie en lavis à la sépia de ce portrait, avec la mention manuscrite Mme Chalgrin par David. 

La jeune femme est présentée assise de trois-quart sur une chaise, les mains croisées sur son ventre, regardant le spectateur. Elle est habillée d'une robe sombre ceinte d'une écharpe bleue et d'un haut de poitrine blanc, sa silhouette se détache sur un fond brossé de rouge. Cette œuvre est inachevée. 

La famille Trudaine est une famille de grands administrateurs au service de la monarchie française, depuis le xviie siècle. Avant la Révolution les frères Trudaine, Charles-Louis et Charles-Michel, fils de Philibert Trudaine de Montigny, avaient pour habitude d'accueillir dans leur salon parisien, place des Vosges, les plus grands artistes de l'époque, dont le poète André Chénier et le peintre Jacques-Louis David ou le journaliste François de Pange.

Ils demandèrent à David qui accepta de faire le portrait de l'épouse de Charles-Louis, Marie-Louise Trudaine, née Marie-Louise-Josèphe Micault de Courbeton (1769-1802). Lorsque la Révolution se radicalisa en 1792, le peintre, élu député de la Convention nationale et devenu extrémiste, se brouille avec la famille Trudaine qui choisit la clandestinité.

L'acteur Wolf, dit Bernard 

Peint à Bruxelles avant 1823, oeuvre de Sophie Rude et non de David, selon un témoignage d'époque (publié dans le journal bruxellois "L'oracle", 6 avril 1825) récemment retrouvé. 

Le tableau représente Wolf dit Bernard, auteur, acteur, directeur du Théâtre de la Monnaie à Bruxelles. 

Jacques Louis David choisit à 69 ans de s'exiler à Bruxelles où il arrive le 27 janvier 1816, bien qu'il ait d'abord pensé se rendre en Italie. Mais n'ayant plus rien à offrir à son pinceau, verse dans l'Académisme qu'exaltent des oeuvres d'une majesté mortuaire comme "Mars désarmé par Vénus et les Graces" (1824). 

Son atelier étant situé non loin de la rue de l'Eveque, il loge à l'angle des rues Willems et du Fossé aux Loups, près du théatre de La Monnaie, qu'il fréquente avec assiduité et où il a une place d'orchestre réservée grace à la fidèle amitié de Wolf dit Bernard. Il aurait fait en 1820 ce portrait sympathique et débraillé, une plume à la main. "C'est la place de David !" ragote-t-on en saluant avec déférence l'exilé comblé d'honneurs et vénéré comem le "Premier peintre de l'Emepreur" alors qu'on l'abomine et le tourne presque en ridicule à Paris.

Les licteurs rapportent à Brutus les corps de ses fils 

Les licteurs rapportent à Brutus les corps de ses fils est un tableau peint par Jacques-Louis David en 1789. Il représente le retour des corps des fils de Brutus. C'est leur père lui-même qui décida leur exécution, après qu'ils eurent comploté pour rétablir la monarchie : en cela Brutus représente le dévouement sans faille à la République, au-delà de tout intérêt d'ordre privé. 

La scène se déroule dans les appartements du consul et les tons sont majoritairement ocre-orangé. L'espace de la scène est délimité dans le tableau par les colonnes doriques et les parois drapées qui empêchent toute profondeur de champ. Le consul Brutus est assis sur une chaise curule en bas à gauche dans l'ombre. Derrière lui, les licteurs défilent portant les corps de ses fils. On aperçoit les pieds de l'un à gauche, et une partie du corps de l'autre peinte en raccourci dans l'ombre du couloir. À droite, la femme et les filles de Brutus pleurent la mort des jeunes hommes tandis qu'une femme plus âgée dissimule son visage dans son vêtement. Au centre, une chaise vide et une table sur laquelle on voit un travail de couture laissé inachevé. 

Cette œuvre est emblématique du style de David et plus généralement du néoclassicisme français. Le sujet antique et la composition en frise sont typiques du style de Joseph-Marie Vien, maître de David. La rigidité des lignes de composition, les couleurs et éléments de décor sont eux aussi constitutifs d'un style néoclassique : les formes verticales et horizontales significatives du néoclassique sont présentes à travers les colonnes, les draperies, la civière et les corps des fils décapités. Les thèmes abordés correspondent à ce qui était attendu de la peinture à l'époque, dans une société française influencée par les Lumières. L'engagement politique de Brutus est ici célébré et sa force d'âme sublimée par contraste avec la faiblesse des femmes : il y a une opposition, courante chez David, entre les femmes qui pleurent et expriment leurs sentiments et la figure impassible de l'homme.

La référence à la République romaine n'est cependant pas de la part de David un manifeste révolutionnaire ou républicain, puisque l'œuvre a été commandée par les Bâtiments du Roi et livrée au Roi, et peinte avant la Première République.

De plus le sujet de la commande était : Coriolan empêché par les siens de se venger de Rome mais David a choisi de prendre le thème de Brutus car le sujet demandé ne l'intéressait pas. Le sujet retenu par David, Brutus qui a détruit les tyrans ayant renversé Rome, est à mettre en parallèle avec la Révolution Française. En effet Brutus va devenir un symbole de la Révolution 

Madame Récamier

Juliette Récamier (1777-1849) est une femme célèbre pour sa beauté, amie de Germaine de Staël. Elle joua un rôle non négligeable dans la diffusion du goût pour l'Antique. Elle resta jusqu'à la vieillesse une amie intime de Chateaubriand, qui lui consacra de très belles pages dans les Mémoires d'outre-tombe. « Commandé en 1800 à David par le modèle, ce tableau est resté inachevé pour des raisons obscures et sans doute multiples. C'est une œuvre novatrice dans un format horizontal, insolite pour un portrait, qui était d'habitude utilisé pour les tableaux d'histoire. David crée un espace autour de la figure qui met en valeur l'arabesque élégante de son corps. La source antique de la pose de Madame Récamier, le dépouillement du décor comme de l'habillement de la jeune femme répondent à l'idéal néoclassique. »  

Madame de Verninac

Le portrait de madame de Verninac est un tableau peint par Jacques-Louis David en 1799. Contemporain des Sabines, il représente madame Raymond de Verninac née Henriette Delacroix sœur du peintre Eugène Delacroix. 

L'espace se résume à un mur gris uni délimité par une plinthe, et un sol dont on perçoit le carrelage. Sur ce fond nu se détache la figure d'Henriette de Verninac âgée à l'époque de dix sept ans. Elle est assise légèrement tourné vers sa gauche, sur une chaise de style Directoire en acajou décorée de rinceaux et palmettes en bronze et recouverte d'un drap rouge. Sa main droite est appuyée sur le rebord du dossier, son bras gauche posé sur sa cuisse, son visage est de face. Elle est vêtue d'une robe blanche à l'antique qui rappelle celle que porte Hersilie dans les Sabines, et elle est ceinte d'une écharpe de soie qui retombe sur ses jambes.  

La posture d'Henriette de Verninac est inspiré de la statue d'Agrippine assise du musée du Capitole (depuis identifiée comme une représentation de l'impératrice Hélène). Cette attitude avait déjà été reprise par David pour son Portrait de la marquise d'Orvilliers daté de 1790. Dans ce tableau, la référence à la statue du Capitole est renforcée par le caractère antique du portrait. François Gérard s'inspira de la pose d'Henriette de Verninac pour son Portrait de madame Récamier, un autre élève de David, Ingres, reprend aussi cette posture pour son Portrait de madame Françoise Leblanc 

Alexander Lenoir

Intime de David, Alexandre Lenoir est le créateur du Musée des monuments français (1795). Ils s'étaient rencontrés « dans les rangs de la Garde nationale. Le peintre, né en 1748, avait treize ans de plus que lui. Cette amitié, contractée dans la tourmente des débuts de la Révolution, fut inébranlable, bien que l’un et l’autre se soient parfois retrouvés opposés sur le plan politique. Au moins pendant un an, David vint donner à domicile (c’est Alexandre qui le dit) des leçons de dessin à Zélia, la fille aînée des Lenoir (pour, ensuite, probablement passer la soirée avec ses amis). Les meilleurs portraits d’Alexandre sont de lui. « David a peint mon portrait sur un panneau de chêne. Il est d’une ressemblance parfaite. Il ne sacrifiait jamais la vérité ; trois fois, il a effacé mes yeux, avant de s’arrêter à l’expression qu’il apercevait. » (terminé en 1817 à Bruxelles, ce tableau est au Louvre). ». Le Louvre détient également deux dessins de David faits en 1809, au crayon noir pour Alexandre Lenoir et mine de plomb pour son épouse Adélaïde Binart, et qui, selon les contemporains rapportés par Froissart, « seraient les plus ressemblants du couple. ». 

Les Amours de Pâris et d’Hélène

Les Amours de Pâris et d’Hélène est un tableau peint par Jacques-Louis David en 1788. Il résulte d'une commande du comte d'Artois au peintre. Dans la carrière de David l'œuvre succède à La Mort de Socrate et précède Les licteurs rapportent à Brutus les corps de ses fils. D'inspiration mythologique en représentant deux des principales figures de l'Iliade, Hélène de Troie et Pâris, le tableau montre le style de David dans le genre de la peinture galante, et fut interprété comme une satire des mœurs du Comte d'Artois. 

L'enlèvement des Sabines

"David a peint un épisode légendaire des débuts de Rome au VIIIe siècle. Après l'enlèvement de leurs filles par leurs voisins romains, scène dont Poussin a fait un chef-d'oeuvre (musée du Louvre), les Sabins ont tenté de les reprendre. David a représenté les Sabines s'interposant pour arrêter le combat, qui avait commencé sous les remparts du Capitole à Rome. Le peintre donne de l'événement un résumé frappant. Hersilie s'interpose entre son père Tatius, le roi sabin, à gauche, et son mari Romulus, le roi de Rome... " 

L’Enlèvement des Sabines fait partie de la légendaire histoire de la construction de Rome. Alors que Romulus vient de finir la fondation de la ville de Rome il n’a plus qu’une préoccupation : la peupler. Lui et ses quelques compagnons ne suffiraient pas. Sa première idée fut de transformer la ville en lieu d’asile pour les hors-la-loi, les bannis, les meurtriers ou même les esclaves fugitifs. On est d’accord que niveau sureté dans la ville on était pas au top. Romulus fit alors face à un nouveau problème, la ville manquait cruellement de femmes. Hors les habitants de Rome que l’on vient juste de citer n’inspirait vraiment pas confiance à leurs voisins (on les comprend) et ceux-ci refusèrent alors catégoriquement de marier leurs filles à ces Romains. Romulus monta alors un stratagème pour enlever les femmes de leurs voisins : les Sabins. Ils organisèrent une fête en l’honneur d’un dieu : Consus et y invitèrent les peuples voisins. Au signal de Romulus, qui était de s’enrouler dans sa cape, (Romulus cette drama-queen), les romains se saisirent des femmes et des filles des Sabins et éloignèrent les hommes. Les romains prirent alors ces femmes pour épouses. Mais les Sabins n’étaient certainement pas décider à abandonner et attaquèrent le Palatin quelques 3 ans plus tard. Ils devaient pas être si pressés que ça… Mais au moment où tous allaient s’entretuer, les Sabines désormais romaines s’interposèrent pour empêcher leurs époux de tuer leurs familles. Cet épisode est selon la légende l’acte de création du Forum en tant qu’espace d’échange non violent. Les Sabines en incitant les hommes à jeter les armes auraient ainsi participé à la création d’un espace d’échange politique neutre. 

Ce n’est pas ici l’épisode de l’enlèvement des Sabines mais celui du moment où les Sabins attaquent Rome et que celles-ci s’interposent. Au niveau de l’action centrale et de la torsion des corps on peut retrouver une partie des inspirations de David, Persée et Phinnée de Carrache par exemple ou le Martyre de saint André du Dominiquin . La virtuosité de la touche est bien entendu incroyable et presque photographique. La partie intéressante du tableau de David est sa prise de position sur l’évènement qui montre des femmes fortes, qui se battent pour leurs opinions. David peint ce tableau peu après la révolution française et cela se sent, on identifie facilement la femme du centre à Jeanne D’arc, une française qui se battait pour le liberté et ce n’est pas une coïncidence, à travers ce tableau David se place en sympathisant des révolutionnaires. 

Rueil Malmaison Chateau

Bonaparte au Col du Grand Saint Bernard

Encore une fois, David a idéalisé Bonaparte. Il l’a rendu grand, imposant de telle sorte à ce qu’il soit un héros. Cette image de lui avait pour but d’assouvir sa grandeur au moment de sa réalisation, de son vivant, mais aussi de laisser une image de lui pour les années suivantes, afin que sa grandeur perdure dans le temps. 

L’image de Napoléon est inspirée par les statues équestres antiques. Elle est souvent assimilée à la Statue équestre de Marc Aurèle datée de 161-180 après Jésus-Christ. David était un grand amateur de l’art antique et s’en inspire dans beaucoup de ses œuvres. Il représente Bonaparte comme figé, jeune, idéalisé. Le cheval a une posture dominante, et tout laisse penser que rien ne peut venir contrer l’ascension du consul. 

Mais dans les faits, tout ne s’est pas passé ainsi. Lors de la traversée des Alpes, Bonaparte était en fait, accrochez vous bien, ça risque de vous décevoir et détruire un mythe,  ... sur une mule. On est loin du majestueux cheval cabré prêt à en découdre avec l’ennemi. Tout de suite, c’est un peu moins héroïque et prestigieux. Avec les conditions climatiques, il était emmitouflé dans un uniforme militaire bleu, recouvert d’une redingote. Les habits peints par David sont en réalité ceux que Bonaparte portait lors de la bataille de Marengo. 

Les cinq versions du tableau sont de grande taille et de dimensions proches (environ 2,6 × 2,2 mètres). Bonaparte est représenté portant l'uniforme de général en chef, coiffé d’un bicorne galonné d’or, armé d’un sabre à la mamelouk et drapé d’un manteau gonflé par le vent qui s’engouffre dans ses plis. Il monte un cheval, et de sa main gauche gantée agrippe la bride qui maîtrise sa monture en train de se cabrer. Tout en se tournant vers le spectateur, il indique une direction de la main droite qui ne porte pas de gant. En arrière-plan, des soldats gravissent les flancs de la montagne et acheminent des canons. En bas à droite, on voit le drapeau tricolore qui flotte. Au premier plan, les noms de BONAPARTE, ANNIBAL et KAROLVS MAGNVS IMP. sont gravés sur des rocs.

Initialement intitulée par David Tableau-portrait équestre de Napoléon passant le mont Saint-Bernard, l'œuvre porte plusieurs titres selon les versions, dont :Napoléon passant le mont Saint-Bernard, Bonaparte gravissant le Saint-Bernard, Le Premier Consul franchissant les Alpes au col du Grand-Saint-Bernard, ou encore le titre abrégée Bonaparte au Grand Saint-Bernard.

Le premier exemplaire du château de Malmaison présente Bonaparte avec un manteau jaune-orangé, le crispin du gant est brodé, la robe du cheval est pie, l'harnachement est complet, bride complète avec une muserolle, sous-ventrière rouge foncé. L’officier qui tient un sabre à l’arrière-plan est masqué par la queue du cheval. Le visage de Napoléon présente un caractère juvénile. L’œuvre est signée et datée L. DAVID AN IX sur la sangle qui enserre le poitrail du cheval.

L’exemplaire du château de Charlottenbourg montre un manteau de ton rouge vermillon. La robe du cheval est bai, la bride est simple sans muserolle, la sous-ventrière est gris-bleu. Le paysage est enneigé. Les traits de Napoléon sont plus creusés. Le tableau est signé L.DAVID L’AN IX.

Dans l’exemplaire du château de Versailles, la robe du cheval est gris pommelé en harmonie avec la couleur du ciel, le harnachement est identique à celui de Charlottenburg, la couleur de la sous-ventrière est bleu. La broderie du gant est simplifiée, le parement de la manche est visible sous le gant, comme est visible l’officier. Le paysage s’est assombri. Le tableau n’est pas signé.

L’exemplaire du Palais du Belvédère est presque identique à celui de Versailles. Le tableau est signé J.L.DAVID L.ANNO X.

Le second exemplaire de Versailles présente un cheval pie comme la première version, la bride est complète mais sans la muserolle, la sous-ventrière est rouge. Le manteau est rouge-orangé, le tissu de l’écharpe est bleu clair. Le visage de Napoléon est plus réaliste et est vieilli par rapport aux autres versions. Le tableau non daté est signé L.DAVID.

Paris Musée Carnavalet

Serment du Jeu de Paume

Œuvre emblématique de la période révolutionnaire, cette représentation historique illustre un moment clé de 1789 : « l’année sans pareille ». Alors que les états généraux sont rassemblés à Versailles depuis leur convocation le 5 mai, les débats piétinent autour d’un enjeu essentiel : celui de la délibération par ordre ou par tête. Bientôt, les élus du tiers état se constituent en Assemblée nationale et sont rejoints par la majorité de ceux du clergé, puis par une minorité très active de gentilshommes. Réunis dans une salle de jeu de paume proche du palais royal suite à une interdiction de siéger, les députés de la Nation jurent solennellement de ne pas se séparer avant d’avoir établi une Constitution. Le serment, lu par le président de l’Assemblée Jean-Sylvain Bailly, est signé par tous les représentants sauf un, dont on respecta la liberté d’opinion. Les acteurs, dont aucun ne tourne le dos, semblent jouer leur rôle comme sur une scène de théâtre. Mais il s’agit, ici, du théâtre de l’Histoire.

La toile de David reste inachevée. Le tableau de Carnavalet reproduit sans doute un lavis de l’artiste, dont on connaît également une autre ébauche à Versailles et des dessins préparatoires.

Versailles Musée du Chateau

La distribution des Aigles

Avec Le Sacre de Napoléon conçu comme une grande galerie de portraits, David contribue à la vogue du style Empire. Ce style à l'origine décoratif et architectural, désigne en peinture principalement les œuvres officielles réalisées pour le régime napoléonien, dont David est, avec François Gérard, Antoine-Jean Gros et Robert Lefèvre, un des principaux représentants. La production de David dans le style Empire est représentée par deux grandes toiles de cérémonies Le Sacre, et la Distribution des aigles; et plusieurs portraits d'apparat dont le portrait du pape Pie VII, celui de l'Empereur en costume de Sacre; de dignitaires et épouses, dont les portraits d'Estève, de la comtesse Daru, de Français de Nantes que Klaus Holma considère comme exemplaire de ce style, ainsi que le dernier portrait que David peint de l'empereur, Napoléon dans son cabinet de travail. 

Le tableau de David appartient aux œuvres commandées en vue des célébrations du sacre. Dans cette composition bien plus dynamique que ne l’est Le Couronnement, on distingue à gauche sur l’estrade les grands dignitaires du nouveau régime : Duroc, grand maréchal du Palais, Cambacérès et Lebrun, Louis et Joseph Bonaparte, Eugène de Beauharnais, l’impératrice Joséphine et plusieurs autres figures. L’Empereur s’avance entouré des nouveaux maréchaux Berthier, Bernadotte, Murat, Augereau, Masséna, Lannes, etc., brandissant leur bâton. Le moment de la cérémonie choisi par David est celui où, dans un élan unanime, l’ensemble des militaires lance à l’Empereur : « Nous le jurons ! » On reconnaît là des chasseurs, des grenadiers, des dragons. Les bras tendus des soldats et ceux des maréchaux se rencontrent dans une sorte de triangle dont le sommet serait formé par l’aigle et le drapeau tricolore qui surmontent la tente dans le fond du tableau. L’aigle, animal sacré de l’Antiquité romaine, emblème du souverain Jupiter, est censé annoncer la lumière et représenter le soleil. Mais ce n’est plus Napoléon qui est au centre de cette composition fastueuse, il ne fait que descendre vers son armée. La symbolique est ici plus abstraite. Toutefois, l’aigle du drapeau joue en quelque sorte le rôle de la croix dans le tableau du sacre. 

Pozzo di Borgo Coll. Comtesse

Napoléon en 1814

Ce portrait de 1814 représentant l'Empereur semble se trouver dans les Collections de al Duchesse Pozzo di Borgo.

Bruxelles Musée des Beaux Arts

La Mort de Marat

La Mort de Marat (ou Marat assassiné) est un tableau de Jacques-Louis David peint en 1793. Il est conservé aux Musées royaux des beaux-arts de Bruxelles (Belgique).

L'artiste représente Jean-Paul Marat, assassiné chez lui le 13 juillet 1793 par Charlotte Corday. La dédicace à Marat, David qu’on retrouve sur la boîte de bois, indique qu'il s’agit d’un hommage à Marat que le peintre connaissait personnellement, et qu'il avait vu, dira-t-il, la veille de sa mort, tel qu'il l’a représenté.

Le tableau est une huile sur toile de 165 sur 128 centimètres. Se détachant d’un fond brun-vert, le corps du conventionnel Jean-Paul Marat est représenté agonisant. La tête enveloppée d’un turban blanc est penchée sur le côté. Sa main droite pendante, tient une plume, le bras gauche repose sur le rebord d’une planche recouverte d’un tissu vert, la main tient une feuille manuscrite portant le texte « Du 13 juillet 1793. Marie anne Charlotte Corday au citoyen Marat. Il suffit que je sois bien malheureuse pour avoir droit à votre bienveillance. ». Le corps est appuyé contre la baignoire que recouvre un drap blanc souillé du sang de la victime, à ses pieds se trouve un couteau à manche blanc taché de sang. À droite est placé un billot de bois sur lequel sont posés un encrier, une deuxième plume, un assignat et une autre feuille de papier manuscrite avec le texte« Vous donnerez cet assignat à cette mère de 5 enfants et dont le mari est mort pour la défense de la patrie2. ». Au bas du billot, l’œuvre est signée : « À Marat, David. — L'an deux. ». 

Mars désarmé par Vénus et les Grâces

Mars désarmé par Vénus est un tableau de Jacques-Louis David conservé aux Musées royaux des beaux-arts de Belgique à Bruxelles.

La toile monumentale est l’ultime mise en scène de Jacques-Louis David et avec elle, il met fin à une longue carrière artistique. Il a 73 ans quand il commence ce tableau à Bruxelles et mettra trois ans pour l’achever. Dans un décor surréaliste avec un temple flottant sur les nuages, Vénus et ses acolytes, les trois grâces et Cupidon, s’activent. Mars, le dieu de la guerre, se laisse dépouiller de ses armes avec complaisance et succombe aux charmes de Vénus.

Cette œuvre impressionnante et ambitieuse est une tentative de réaliser la synthèse entre l’Antiquité, l’idéalisme et le réalisme. Plusieurs éléments peints par l'artiste proviennent de l'Antiquité : les personnages, le décor, les objets.

Le vieux peintre a produit une œuvre ironique et provocatrice et l'a exposée à Paris juste avant sa mort, alors qu’il était en exil et que le romantisme faisait sa percée au Salon.

Moscou Musée Pouchkine

Autoportrait de 1790

De peintre académicien de l’histoire antique, David devient peintre académicien de l’histoire nationale. Dans l’effervescence des événements qui l’entoure, il emprunte le thème de Brutus raconté par Tite-Live. Sénateur romain luttant contre l’autorité royale jusqu’à ordonner la mort de ses fils qui se liguent secrètement contre la République. L’artiste présente le tableau au Salon de 1789 et il gêne énormément le pouvoir. Et pourtant, il est réutilisé à des fins politiques et est exposé une seconde fois au Salon de 1791. David, pleinement engagé dans la Révolution, commence la réalisation d’une toile monumentale qui est le Serment du Jeu de Paume relatant les événements de mois de juin. C’est la représentation d’un événement contemporain et national à la manière d’une peinture d’histoire.  

Washington National Gallery

Napoleon en son cabinet de travail aux Tuileries

Napoléon dans son cabinet de travail est un tableau peint par Jacques Louis David en 1812 qui représente l'empereur Napoléon Ier en uniforme dans son bureau des Tuileries. Ce portrait est une commande privée d'un noble écossais Lord Douglas, il est conservé à la National Gallery of Art  à Washington. Une seconde version fut peinte par David qui diffère par la couleur verte de l'uniforme, celui des chasseurs à cheval. Cette dernière faisait partie de l'ancienne collection du Prince Napoléon. Elle est conservée depuis 1979 au château de Versailles. 

New York Metropolitan

Portrait de Monsieur de Lavoisier et sa femme

Le Portrait d'Antoine Lavoisier et de sa femme est un tableau peint par Jacques-Louis David en 1788. Il représente le chimiste Antoine Lavoisier et Marie-Anne Pierrette Paulze, son épouse et collaboratrice. 

Le tableau est un double portrait de grandes dimensions (259,7 cm sur 196 cm). Il représente le couple dans le bureau du chimiste. Sur un arrière-plan constitué d'une portion d'un mur en faux marbre orné de trois pilastres de style antique et d'un sol en parquet, au centre de la composition, le couple fait face au spectateur. Se tenant debout, Marie-Anne Pierrette Paulze, le corps de profil, la tête de trois-quarts et coiffée d'une perruque blanche bouclée, regarde le spectateur. Elle est habillée à la mode de la fin du xviiie siècle d'une robe en mousseline blanche à col en dentelle, et ceinte d'une ceinture de tissu bleu ; elle s'appuie sur l'épaule de son époux et sa main droite est posée sur le rebord de la table. Sa posture en fait le personnage dominant de l'œuvre : « Pour Lavoisier, soumis à vos lois / Vous remplissez les deux emplois / Et de muse et de secrétaire » (vers de Jean-François Ducis).

Antoine Lavoisier est assis à ses côtés, il est habillé d'un costume noir (veste, culotte française, bas et chaussure à boucle), les manches de la chemise et le foulard sont les seuls éléments d'habillement blancs. Son visage est tourné de trois-quarts vers son épouse et il lève les yeux vers celle-ci. Il porte une perruque poudrée, son bras gauche est accoudé sur la table, de sa main droite il écrit sur une feuille de papier avec une plume d'oie. On voit sa jambe droite étendue en avant, dépasser de la table.

La table est recouverte d'une nappe de tissu rouge écarlate ; dessus sont posés plusieurs feuilles de papier, un coffret, un encrier avec deux plumes d'oie, et trois instruments de chimie : un baromètre, un gazomètre, une cuve à eau, ainsi qu'un ballon de verre et un robinet d'arrêt sur le sol près de la nappe ; ces instruments servaient à Lavoisier pour ses études sur les gaz et l'eau.

À l'extrême gauche du tableau, on aperçoit un fauteuil sur lequel sont posés une pièce de tissu noir et un carton à dessin avec des feuilles qui dépassent ; ce carton rappelle que la femme de Lavoisier réalise les dessins des expériences de son mari et qu'elle est une ancienne élève du peintre David. Le tableau est signé, en bas à gauche : L DAVID, PARISIIS ANNO, 1788.

Chicago Art Institute

Madame Pastoret

Le Portrait de madame Pastoret est un tableau inachevé, peint par Jacques-Louis David en 1791. Il représente Adélaide Piscatory de Vaufreland (1765-1843), épouse d'Emmanuel Pastoret, alors maître des requêtes. 

Ami de la famille, David rompt avec les Pastoret en 1792, après la radicalisation de ses positions politiques. Par suite des circonstances révolutionnaires, ce portrait reste donc en possession de l'artiste et inachevé, comme deux autres portraits, celui de Philippe Laurent de Joubert et celui de Madame Trudaine..

L'enfant dans le berceau, dont on aperçoit la tête, est Amédée de Pastoret, futur conseiller d'Etat, dont Ingres peindra le portrait en 1826.

Cleveland Museum of Art

L'Amour et Psyché 

 L'Amour et Psyché (aussi intitulé Cupidon et Psyché) est un tableau peint par Jacques-Louis David en 1817 durant sa période d'exil à Bruxelles. Lors de sa première exposition au musée de Bruxelles, le tableau surprit les contemporains par le traitement réaliste voire trivial de la figure de l'Amour. Peint pour le mécène et collectionneur Gian Battista Sommariva, le tableau fait partie des collections du Cleveland Museum of Art. 

Antoine Jean Gros

Elève de David, Gros, échoue au Prix de Rome en 1792, mais veut néanmoins partir pour l’Italie et obtient son passeport en 1793, grâce à son maître. Installé à Florence, puis à Gênes, il vit de commandes de portraits, avant sa rencontre décisive, en novembre 1796, avec Joséphine Bonaparte, l’épouse du général, en route pour Milan, qui lui ouvre une brillante carrière de portraitiste et de peintre d’histoire au service de Bonaparte et de son entourage. 

Paris Musée du Louvre

Portrait équestre de Joachim Murat Roi de Naples

Le mélange ostentatoire des insignes de mérite et d’honneur et des accessoires de son invention (plumes, cordons), littéralement insignifiants, trahit la fonction compensatoire d’un décorum voué à représenter un pouvoir que le monarque, pris entre un Empereur exigeant et une épouse ambitieuse, peine à incarner.  

Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa

Commandé par Bonaparte, devenu premier consul, pour contrer les accusations de la presse anglaise qui affirmait qu'il avait voulu faire exécuter les pestiférés lors de sa retraite vers Le Caire, on voit ici une cour de mosquée servant d'hôpital militaire, à Jaffa. Scène de la Campagne de Syrie, Bonaparte touche de sa main la tumeur sur le torse nu d'un des malades, le médecin veut l'en empêcher et un officier se bouche le nez. Dans la partie gauche, deux orientaux donnent des pains aux malades. A droite, un soldat aveugle essaie de s'approcher de Bonaparte; des malades agonisent, au premier plan et n'ont plus la force de se tourner vers lui. 

La bataille d'Eylau

Le sujet du tableau avait fait l’objet, malgré la réticence des artistes pour ce genre d’exercice, d’un concours lancé en mars-avril 1807 par Dominique Vivant Denon, directeur du musée du Louvre, sur l’ordre de l’empereur.


Denon rédigea pour les concurrents une notice détaillée accompagnée d’un croquis numéroté qui précisait le point d’observation, les éléments du paysage, la position des armées, la place, les attitudes et les costumes des différents personnages. Ce programme iconographique, en vérité trop riche pour tenir en un seul tableau, éclaire parfaitement les intentions qui présidaient à cette commande officielle. Il s’agissait de représenter « le lendemain d’Eylau, et le moment où l’Empereur visitant le champ de bataille vient porter indistinctement des secours et des consolations aux honorables victimes des combats ».

La notice de Denon, si elle évoque bien un « vaste champ de carnage », escamote en fait complètement les lourdes pertes françaises (notamment celles d’Augereau) et ne désigne explicitement que les corps ensanglantés des Russes. Il convenait en revanche de mettre en valeur la magnanimité et la compassion de l’empereur, représenté entouré de ses généraux, s’inquiétant des soins médicaux apportés aux blessés – ce qui ne constituait pas réellement pour lui une priorité –, et suscitant ainsi la gratitude et le dévouement des soldats, même vaincus. 

Paris Musée Légion d'Honneur

Bonaparte, Premier consul

Bonaparte, Premier consul est un portrait en pied, peint en 1802 par Antoine-Jean Gros représentant Napoléon Bonaparte alors premier consul.

Le tableau est une commande de Napoléon qui l'offre à Cambacérès. Il est exposé au musée de la Légion d'honneur. Napoléon fit faire des répliques de ce portrait qui fut le prototype d'une série de portraits consulaires destinés à plusieurs villes de France et d'Europe, peints par plusieurs peintres.

Le portrait représente Napoléon Bonaparte en pied dans le costume rouge des consuls de la république, le pantalon est blanc avec des broderies d'or, il porte des bottes « hongroises » de cavalerie légère. Son habit est barré par un baudrier rouge et doré qui soutient son épée, dont la garde dépasse. La conservatrice Claude Ducourtial mentionne que le diamant le Régent, acquis par Bonaparte, qui était monté sur la garde de cette épée est représenté dans ce tableau. À ses côtés, une table recouverte d'un drap de velours bleu foncé bordé de franges d'or, sur laquelle sont posées des feuilles et un encrier. Le corps est légèrement orienté vers la droite, sa main droite est posée sur les feuilles, et de sa gauche il tient des gants. Le décor se résume à un sol constitué de grand carreaux de marbre, et d'un mur uni d'où se découpe une fausse colonne. Comme pour le portrait équestre Bonaparte distribuant des sabres d'honneur (1803, château de Malmaison) réalisé à la même période, Gros va reprendre le visage tel qu'il l'avait peint dans son portrait Bonaparte au pont d'Arcole, orienté aussi vers la gauche et éclairé de la même manière. Seule différence le traitement des cheveux, rendus plus court 

Versailles Musée d'Histoire

Le Général Bonaparte au pont d'Arcole

Evocation idéalisée du jeune général victorieux, ce tableau est le premier chef-d’œuvre de Gros et l’un des premiers jalons de la peinture de propagande bonapartiste. On pressent ici les grandes compositions qui devaient faire de l’artiste l’un des grands peintres, avec son maître David, de l’épopée napoléonienne, de Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa (1804) à Napoléon visitant le champ de bataille d’Eylau (1808). La famille Bonaparte se montra d’ailleurs toujours très attachée à cette œuvre emblématique représentant le fondateur de la dynastie au début de sa gloire : la toile ne quitta la famille impériale qu’au moment du séquestre de 1870 et elle fut aussitôt restituée à l’impératrice Eugénie, qui devait en faire don à l’Etat français en 1879. 

La bataille d'Aboukir

Le tableau illustre la charge de la cavalerie française, commandée par le général Murat, pendant la bataille d'Aboukir, " cette action [qui] décida la mémorable victoire que remporta l'armée française, commandée par le général en chef Bonaparte, le 7 thermidor an 7 [25 juillet 1799], sur l'armée turque commandée par Kinceï Mustapha, pacha de Romélie. " Après avoir repoussé une première attaque, les Turcs étaient retranchés dans la presqu'île d'Aboukir, mais voulant ressortir pour trancher les têtes des morts et des blessés français restés sur le champ de bataille, ils essuyèrent une nouvelle attaque de l'infanterie, bientôt relayée par la cavalerie, qui leur interdit toute retraite et les repoussa vers la mer. A la différence du tableau du baron Lejeune sur le même sujet, l'œuvre de Gros place le spectateur au cœur de la bataille, centrant la composition sur la figure de Murat, qui culbute l'ennemi jusqu'au bord de la mer, et atteint le groupe du pacha, tout occupé à rattraper les fuyards, tandis que l'un des ses fils tend déjà son sabre au général français, en signe de soumission. Comme souvent dans la grande peinture napoléonienne, l'accent est mis sur la figure du vainqueur. Alors que les combats font rage autour de lui, il reste parfaitement maître de lui, faisant preuve de noblesse et de magnanimité à l'égard des vaincus. Ce gigantesque tableau a été commandé en 1806 par Joachim Murat, beau-frère de Napoléon 1er et alors roi de Naples. Mentionné au Palais royal de cette ville en 1808, et resté dans la famille de Murat après sa destitution, il fut racheté par Gros, puis par l'Etat, pour le musée du Luxembourg, en 1833. Il entra à Versailles sous Louis-Philippe et fut installé, en raison de ses dimensions, dans la salle du Sacre, à côté des deux grands tableaux de David, le Sacre et la Distribution des Aigles.  

Entrevue de Napoléon et François II en Moravie

Le surlendemain d’Austerlitz, le 4 décembre 1805, la rencontre de François II d’Autriche et de Napoléon fut organisée à Sarutschitz, en Moravie, au lieu-dit du Moulin brûlé, site qui porte aujourd’hui une plaque commémorative rappelant cet « entretien paisible de deux heures [qui termina] la guerre sanglante qu’ils menaient ». Gros semble plutôt fidèle à la scène : l’entrevue se passe à proximité d’une route, dans un lieu d’une grande simplicité. Seuls un feu et un tronc d’arbre permettant de s’asseoir adoucissent un peu les conditions de cette rencontre historique où Napoléon accueillit François II par ces mots : « Je vous reçois dans le seul palais que j’habite depuis deux mois ». S’éloignant de leur escorte respective, les deux souverains restèrent debout, la conversation se faisant par l’intermédiaire du  feld-maréchal Johann von Lichtenstein.

On se souvient de l’importance du geste chez Gros, la main salvatrice qui touche un malade dans les Pestiférés de Jaffa, le main compatissante sur le champ de bataille d’Eylau. Ici encore, c’est la main tendue de Napoléon  qui retient l’attention, ce geste conciliateur placé dans la lumière, alors que le visage et la silhouette sont un peu masqués par la fumée du feu brûlant derrière le groupe. Mais dans ce paysage d’hiver, le talent de Gros ne s’exprime que par bribes, notamment le cheval à droite. La composition générale reste maladroite et ne porte pas le souffle épique des grandes oeuvres de l’artiste.

Louis François Lejeune

Louis-François, baron Lejeune, né le 3 février 1775 à Strasbourg et mort le 26 février 1848 à Toulouse (Haute-Garonne), est un général, peintre et graveur français.

Lejeune n'avait pas oublié ses pinceaux sur le champ de bataille, et l'amour des arts ne l'avait pas abandonné. On possède de lui un assez grand nombre de tableaux d'histoire très estimés. On distingue surtout le tableau de la bataille de Guirando, présenté en 1819 et qui eut un beau succès, et le tableau de la bataille de la Moskova, considéré comme le chef-d'œuvre de l'auteur. Il reste principalement connu pour ses tableaux de scène de batailles pleins de vigueur qui allient vérité historique et composition artistique, réalisés à l'aide de croquis pris sur le vif durant les combats. 

On lui attribue généralement l'introduction, en France, de la lithographie qu'il avait vu utiliser à Munich dans l'atelier de son inventeur, Aloys Senefelder, en 1806. Il dessina aussi quelques uniformes de l'armée impériale, dont celui des lanciers de Berg de Murat et celui des aides de camp de Berthier. 

Versailles Musée du Chateau

La veillée d'Austerlitz

Le 2 décembre 1805, un an jour pour jour après son sacre, l'empereur Napoléon Ier remporte à Austerlitz sa victoire la plus éclatante. En quelques heures, sous un soleil hors saison, il vainc deux autres empereurs, Alexandre Ier, tsar de Russie, et François II de Habsbourg-Lorraine, empereur d'Autriche et titulaire du Saint Empire romain germanique (ou empereur d'Allemagne). Austerlitz est appelée pour cela bataille des Trois empereurs.

Napoléon Ier est en partie redevable de son triomphe à la chance et à un brouillard matinal qui a caché ses mouvements à l'ennemi.

Au milieu de l'année 1805,une troisième coalition se forme contre la France. « Ne pouvant frapper la tête de la coalition, l'Angleterre, Napoléon en frappera le bras, l'Autriche » (Jean Tulard, Les révolutions). Le 3 septembre, renonçant à traverser la Manche, l'empereur entraîne à grandes enjambées la « Grande Armée » à la rencontre des armées austro-russes. Napoléon Ier vainc les Autrichiens à Ulm, en Bavière, le 20 octobre. Puis il entre triomphalement à Vienne le 14 novembre (c'est la première fois de son Histoire que la capitale des Habsbourg doit s'incliner devant un conquérant). Pendant ce temps, le général russe Koutouzov se replie au-delà du Danube.

Le 1er décembre, Napoléon peut compter sur 75 000 hommes. L'essentiel est positionné entre le plateau du Pratzen et Brünn. Les coalisés, qui tiennent maintenant le Pratzen, aspirent à reprendre l'avantage en bousculant cette armée. Seul contre tous les autres généraux, Koutouzov a deviné la ruse de Napoléon mais ses avertissements ne sont pas entendus.

Napoléon passe la nuit à attendre dans un bivouac qu'illuminent les flambeaux de paille des soldats, soucieux d'éclairer l'empereur au gré de sa tournée d'inspection. Au petit matin, comme prévu, 40 000 hommes Austro-Russes descendent du Pratzen pour attaquer la partie la plus faible du dispositif français.

Mais, tapies dans le brouillard, deux divisions du maréchal Soult vont décider du sort de la journée. Profitant de ce que les colonnes ennemies descendent du plateau, elles tombent sur leur flanc et plusieurs régiments s'établissent sur les hauteurs du Pratzen. La Garde impériale russe tente une violente contre-attaque. Mais Napoléon Ier accompagné de son état-major et de sa propre Garde la repousse. La lutte pour le Pratzen est terminée. Pendant ce temps, l'aile droite russe, débordée, arrive à se retirer sans que Bernadotte ait pu bloquer sa retraite.

C'est la seule déception que Napoléon gardera de cette journée.

L'aile gauche, quant à elle, est prise en étau par la Garde et les divisions de Soult installées sur le Pratzen. Des soldats russes tentent de traverser un lac gelé mais la glace se rompt, bombardée par l'artillerie de la Garde. Ils se noient tristement. Le nombre de ces victimes s'élève à quelques centaines. Il ne reste plus à la Garde impériale qu'à compléter la victoire, tandis que se lève un splendide soleil, en milieu de journée.

Les pertes des alliés austro-russes sont très lourdes, au total 7 000 tués. Les Français comptent 1 288 morts.

Le 26 décembre, l'Autriche conclut la paix à Presbourg (aujourd'hui Bratislava, en Slovaquie). C'est la fin de la troisième coalition.

Anne Louis Girodet Trioson

Anne-Louis Girodet, ou Anne-Louis Girodet-Trioson, né à Montargis le 29 janvier 1767 et mort à Paris le 9 décembre 1824, est un peintre, illustrateur et graveur français.

L'œuvre de Girodet se situe à la charnière des deux grands courants artistiques du début du xixe siècle : la peinture néoclassique et la peinture romantique. La recherche de la beauté idéale selon les canons classiques l'inscrit dans la lignée des peintres néoclassiques davidiens dont il est avec Antoine-Jean Gros, François Gérard, et Jean-Auguste-Dominique Ingres l'un des principaux représentants, alors même que, par une forte volonté d'innovation, il imprègne ses peintures d'une grâce et d'une poésie singulière qui préfigure le romantisme.

Il excelle dans la vérité des portraits, parfois allégoriques (Jean-Baptiste Belley, Mademoiselle Lange en Danaé), souvent intimes — le fils de son père adoptif a été peint à trois époques : jeune enfant, préadolescent et adolescent —, il sait révéler l'âme de ses personnages comme dans son célèbre Portrait de Chateaubriand (Saint-Malo, musée d’Histoire de la Ville et du Pays Malouin). Un de ses portraits,Mademoiselle Lange en Danaé (1799), fait scandale à cause de ses allusions sexuelles satiriques. Cette anecdote, où Girodet se venge de la célèbre Merveilleuse Mademoiselle Lange de n'avoir pas apprécié un premier portrait d'elle, illustre bien le caractère irascible et incontrôlable de ce peintre. 

Paris Musée du Louvre

Atala au tombeau

Ce tableau, au sujet duquel Baudelaire écrivit longtemps après « L’Atala de Girodet est, quoi qu’en pensent certains farceurs qui seront tout à l’heure bien vieux, un drame de beaucoup supérieur à une foule de fadaises modernes innommables. », fut acquis par le Musée royal en 1819 et exposée aux Tuileries sur ordre de Louis XVIII. Il est aujourd’hui conservé au musée du Louvre.

La composition montrant la tête et le buste d'Atala soutenus par le Père Aubry, dont on ne voit que les mains et une partie du vêtement, est à peu près au format du détail original dans l’œuvre définitive. La haute qualité de la facture, en légers glacis superposés, la sûreté de la touche, les parties laissées en réserve confirment l’attribution de ce fragment à Girodet lui-même, ainsi que le mentionne son cadre en bois et stuc doré d’époque Restauration.

Paris Palais de l'Elysée

Bonaparte premier consul

Après le coup d'État du 18 Brumaire an VIII (9 novembre 1799), un consulat provisoire se met en place avec Bonaparte, Sieyès et Ducos. Les assemblées ont désigné chacune une commission pour les affaires judiciaires courantes et pour la préparation d'une nouvelle constitution, qui fut appliquée le 4 nivôse an VIII (26 décembre 1799).

Les idées de Sieyès imprègnent les projets. Après plusieurs années d'instabilité sous le Directoire, il s'agit avant tout de renforcer le pouvoir exécutif et de faciliter le fonctionnement du régime. De nombreuses séances ont lieu en novembre et début décembre. Bonaparte intervient pour accélérer les choses.

La Constitution de l'an VIII est rédigée par Daunou, qui a déjà rédigé la Constitution de l'an III. Daunou appartient au groupe des idéologues, des républicains libéraux hostiles au jacobinisme. La nouvelle constitution renforce l'exécutif et le pouvoir de représentation est confié aux seuls notables, même si le suffrage universel n'est pas officiellement aboli.

La Constitution de l'an VIII marque une rupture avec les constitutions précédentes. On n'y trouve aucune référence aux droits de l'homme ou à la défense des libertés. Elle est en plus beaucoup plus technique : elle définit les pouvoirs, et surtout les pouvoirs de l'homme fort du régime. La constitution apparaît comme taillée pour Bonaparte, dont on y trouve même le nom, ce qui est très étonnant car une constitution est censée être durable.

Napoléon est désigné comme Premier consul donc de fait à la tête de l'exécutif. Il a le pouvoir de nommer aux principales fonctions publiques et il a un certain pouvoir d'initiative en matière législative. De même, le Premier consul se retrouve doté de pouvoirs importants en diplomatie et en matière militaire. La constitution ne rompt cependant pas complètement avec la collégialité du Directoire, puisqu'il y a toujours trois consuls (bien que les deux derniers d'entre eux n'aient qu'un pouvoir consultatif).

La constitution de l’an VIII octroyait à Napoléon Bonaparte le pouvoir pour dix ans. En 1802, Bonaparte a incontestablement affermi son pouvoir sur le pays. Il a éradiqué l’opposition extérieure et intérieure. La prolongation de son pouvoir en 1802 n’émane pas de sa propre initiative. Il fait intervenir le Tribunat. Le Sénat suggère d’abord une prolongation pour 10 ans au lieu de passer au consulat à vie (12 mai). Bonaparte impose alors le vote d’un sénatus-consulte qui prévoit alors que désormais le Premier consul est un consul à vie. En plus, il obtient un droit de regard sur son successeur. C’est une première étape vers un régime au sein duquel le chef d’État peut se reproduire. Ce plébiscite est accepté par le peuple, puis par sénatus-consulte. 

Versailles Musée du Chateau

La remise des clefs de Vienne

Napoléon Ier (1769-1821) recevant les clefs de Vienne à Schönbrunn, le 13 novembre 1805 par Anne-Louis Girodet de Roussy-Trioson

Grand peintre, très indépendant et d’un caractère taciturne, Girodet, élève de David, était mal à l’aise avec les commandes officielles. D’autant que, demeuré démocrate, il ne croyait guère en Napoléon à l’instar de son maître. Ce dont fait foi son célèbre tableau des Héros français accueillis dans le paradis d’Ossian (1800-1802, musée de Malmaison), rappel des compagnons d’armes de Bonaparte morts durant les guerres de la Révolution, et qui laissèrent ainsi le champ libre au Premier consul pour faire son coup d’Etat.

Ce malaise vis-à-vis de la peinture officielle se lit parfaitement dans ce tableau, qui fit partie d’une commande destinée à commémorer la campagne de 1805. L’œuvre se réduit à un simple face-à-face entre Napoléon et les dignitaires viennois qui, conduits par le prince de Seidenstetten et le comte Veterani, sont venus lui donner les clefs de la ville. A l’arrière-plan, on aperçoit la Gloriette et l’entrée du palais de Schönbrunn.

Après avoir fait prisonnière l’armée autrichienne à Ulm en octobre 1805 et repoussé les Russes en attendant la bataille d’Austerlitz le 2 décembre, Napoléon avança vers Vienne, déclarée ville ouverte. Le 14 novembre il pénétra dans la capitale de l’empire d’Autriche.

Sur ce tableau, les dignitaires ecclésiastiques, les militaires de la place de Vienne conduits par le général Bourgeois, et les officiers municipaux, dont le bourgmestre von Wohleben, présentent les clefs de la ville à Napoléon qu’entourent Murat, Bessières et Berthier, maréchaux le plus souvent représentés dans les peintures. Dans le fond apparaît cependant aussi le mamelouk Roustan, à côté du cheval de Napoléon. A l’humilité ou à la résignation des Autrichiens s’opposent les attitudes assurées et provocantes des Français. 

Bayonne Musée Bonnat

Portrait d'un Jeune homme regardant vers la droite

Le beau visage est encadré de chaque côté de mèches bouclées ; il porte chemise, cravate blanches et manteau brun.

Saint Malo Musée Pays Malouin

Chateaubriand

Dans une attitude de négligente nonchalance, l’homme médite, debout, la tête de trois quarts tournée vers la gauche, le regard égaré. Il est vêtu d’un ensemble moderne de couleur sombre. Son manteau épais, d’une nuance vert bronze, presque brune, aux parements de velours noir et aux épaules rondes et marquées, paraît un peu trop large pour lui. Il laisse entrevoir une chemise blanche froncée et le haut de col d’un gilet beige sur lequel est porté un second gilet foncé, croisé, négligemment boutonné d’une seule attache. Son cou semble engoncé dans une cravate noire nouée fermement sur le devant, plaquant les revers de la chemise et les laissant échapper sous la mâchoire telle une collerette blanche. La tenue est complétée d’un pantalon de drap gris-vert.

Dans une position stable, le corps est légèrement déhanché, la jambe gauche, dont on ne voit que la cuisse et le genou, est à peine pliée. Le « penseur » est accoudé sur un muret qu’envahit progressivement un feuillage de lierre, le poing gauche fermé, les veines saillantes ; il a glissé les doigts de sa main droite sous son gilet, au niveau du cœur.

Sous une coiffure de boucles souples ébouriffées par le vent, le visage est sombre, tant par le teint que par l’expression : la carnation jaunâtre, brunie par une légère barbe naissante et des cernes aux yeux ; sous des sourcils épais, le regard intense fixe le lointain. Les lèvres minces se serrent.

Derrière l’homme, à distance, on devine les ruines de la Ville éternelle, avec à gauche le Colisée, et, à droite une partie d’un mont, sans doute une des sept collines. Du ciel bleuté, doux, presque transparent, vaporeux, émane une luminosité dorée. Cette douceur céleste tranche avec l’allure sombre, presque noire, de l’homme. Ainsi pourrait-on décrire le portrait peint qu’Anne Louis Girodet de Roussy-Trioson (1767-1824) présente au Salon des Beaux Arts de 1810.

Rueil Malmaison Chateau

Bonaparte premier consul

En  exerçant le consulat, Bonaparte faisait l’empire. C’est surtout après la paix d’Amiens (25 mars 1802) qu’il jeta plus hardiment que jamais les bases de sa puissance future.

Faisant marcher de front trois grands projets, qui tendaient au même but, il voulut constituer le clergé, qui n’avait encore qu’une existence religieuse ; créer un ordre militaire, permanent dans l’armé ; rendre son propre pouvoir, d’abord viager, ensuite héréditaire.

Déjà un concordat entre la France et le pape avait été signé (15 juillet 1801) : bientôt la Légion d’honneur fut fondée. (18 mai 1802). Dès le mois de mars 1802, le Tribunat, qui conservait une apparence de liberté, s’était vu mutilé arbitrairement ; le Corps législatif subit une épuration du même genre. Réduit à quatre-vingts membres, le Tribunat, sur la proposition de Chabot de l’Allier, émit le vœu qu’il fût donné au général Bonaparte, premier consul, un gage éclatant de la reconnaissance nationale.

Conformément à ce vœu, le 6 mai 1802, un sénatus-consulte organique nomma Bonaparte consul pour dix ans de plus. Mais cette prolongation de pouvoir ne lui parut pas suffisante, et, deux mois après, le 2 août 1802, le Sénat, sur la décision du Tribunat et du Corps législatif, et avec l’assentiment du peuple, consulté par des registres publics, porta le décret suivant :

1. Le peuple français nomme et le Sénat proclame Napoléon Bonaparte premier consul à vie ;

2. Une statue de la Paix, tenant d’une main le laurier de la victoire, et de l’autre le décret du Sénat, attestera à la postérité la reconnaissance de la nation ;

3. Le Sénat portera au premier consul l’expression de la confiance , de l’amour et de l’admiration du peuple français.

On compléta cette révolution en accommodant au consulat à vie, et par un simple sénatus-consulte organique, la constitution du consulat temporaire. Les fonctions publiques et administratives s’immobilisèrent comme celles du gouvernement. Les électeurs furent à vie : le premier consul put augmenter leur nombre ; le Sénat eut le droit de changer les institutions, de suspendre les fonctions du jury, de mettre les départements hors de la Constitution, d’annuler les jugements des tribunaux, de dissoudre le Corps législatif et le Tribunat ; le Conseil d’Etat fut renforcé ; le Tribunat, déjà décimé par les éliminations, parut encore assez redoutable pour être réduit à cinquante membres.

Tels furent en moins de deux années les progrès du privilège et du pouvoir absolu.

Ossian recevant les officiers napoléoniens

L’Apothéose des Héros français morts pour la patrie pendant la guerre de la Liberté, cette œuvre représente les principaux généraux morts durant les guerres révolutionnaires, accueillis par Ossian dans le paradis d'Odin. L'œuvre commandée par les architectes Percier et Fontaine est destinée à décorer le grand salon du château de Malmaison. De par sa conception originale pour l'époque, qui se démarque du néo-classicisme, ce tableau représente l'un des premiers témoignages du Romantisme pictural en France. 

La scène représente le barde Ossian à la tête d'une armée de guerriers et d'ancêtres, vêtu de blanc avec une longue barbe, recevant plusieurs généraux français morts lors des campagnes militaires de la Révolution et du Consulat. Appuyé sur un bâton, son bras droit tient l'épaule de Desaix qu'il va embrasser. Aux côtés de Desaix dans le premier groupe se trouvent les généraux Kléber qui tient un trophée surmonté d'un casque antique, Marceau coiffé d'une toque de hussard, Caffarelli du Falga tenant un drapeau, derrière eux sont les généraux Dampierre, Dugommier, Hoche, Championnet et Joubert. En arrière-plan se trouvent La Tour d’Auvergne, les généraux Kilmaine, Marbot et Duphot.

Au dessus des généraux plane la Victoire dépourvue de ses ailes, tenant des lauriers des feuilles d'olivier des palmes et un caducée au dessus est perché un coq. À gauche un aigle survole la scène. Aux pieds des personnages flottent de jeunes filles qui vont au devant des généraux, l'une d'elles joue de la harpe, d'autres offrent des couronnes.

Chicago Art Institute

La révolte du Caire

La révolte du Caire est un épisode de l’expédition d’Egypte menée par Bonaparte. Le Directoire souhaitait éloigner ce général trop populaire qui pouvait satisfaire ainsi sa soif d’aventures et couper la route aux Anglais vers l’Asie. L’Egypte des mamelouks connaissait un déclin, les victoires semblaient faciles. Le 19 mai 1798, Bonaparte quitta Toulon avec 54 000 hommes, des savants et des artistes. La victoire des Pyramides ouvrit les portes du Caire aux Français, qui essuyèrent peu après une lourde défaite infligée par l’amiral Nelson à Aboukir. Leur flotte étant à peu prés anéantie, les Français furent contraints de rester en Egypte. Bonaparte organisa le pays et créa un conseil formé d’ulémas et de notables qui tenta de mieux répartir l’impôt foncier en exigeant des titres de propriété. Ces dispositions, si étrangères aux usages,provoquèrent le 21 octobre 1798 le soulèvement populaire des habitants de la ville. Ayant perdu 800 soldats, Bonaparte devait répondre le lendemain par une féroce répression. 

Le moment représenté est celui où les Français, après avoir pénétré dans la grande mosquée du Caire, combattent les rebelles qui s’y sont retranchés. Peinture idéale s’il en est, représentant la férocité du combat des armées françaises non comme s’il s’agissait d’une simple répression militaire mais plutôt d’une bataille de demi-dieux, cette peinture exceptionnelle dans l’œuvre de Girodet nous montre une attaque où les personnages, d’un hiératisme sculptural, ne sont pas pour autant dépourvus de mouvement. Le Français brandissant son sabre et foulant les cadavres semble repris du Massacre des Innocents de Poussin. De la même façon, son ennemi, représenté dans une nudité héroïque et soutenant le corps d’un insurgé, semble directement sorti d’un bas-relief antique. Le tumulte du second plan où paraissent une multitude de personnages dote à lui seul la scène d’un mouvement violent. Nul portrait, sinon celui de l’âme des assiégés et de l’emportement des assaillants ! L’individualité s’estompe ici sous la force de l’allégorie du combat. 

Jean Charles Tardieu

Versailles Musée du Chateau

Napoléon reçoit la Reine de Prusse à Tilsitt

Après l’écrasement de son armée à Iéna et l’entrée de Napoléon à Berlin à la fin de 1806, la Prusse, dont l’allié russe avait été défait à Eylau le 8 février 1807 et à Friedland le 14 juin, ne se trouvait plus en état de résister, sinon localement (Kolberg). La famille royale s’était réfugiée à Tilsit (actuelle Sovietsk), en Prusse-Orientale, et pour tenter d’éviter le pire, la reine Louise, célèbre pour son patriotisme et sa beauté, sollicita une entrevue avec l’Empereur. Recherchant la clémence de Napoléon, celle qu’il avait surnommé « le seul homme de la Prusse » s’approche en suppliante, sachant que l’idée de l’Empereur est de dépecer son royaume. Demeuré insensible à son charme, sachant qu’elle était avant tout l’âme du parti de la guerre à outrance contre la France, Napoléon offrit certes une rose à la reine, mais ne céda rien, surtout pas la place de Magdebourg qu’il convoitait. Elle devait mourir de chagrin en 1810 et devenir un véritable mythe pour les nationalistes prussiens lors de la revanche de 1813.

C’est donc ce nouveau face-à-face qu’a représenté Tardieu dans ce tableau maladroit, presque naïf, dérive du style modelé très souple de Regnault dont il fut l’élève. Le sentiment de résignation qui se lit sur le visage des Prussiens s’oppose à la froideur des Français. Napoléon est suivi des habituels Bessières, Berthier et Murat (qui, dans une pose maniérée et figée, descend l’escalier), et surtout du tsar Alexandre, qui par sa position semble avoir définitivement abandonné la Prusse. A l’inverse de bien des tableaux, mais cela se justifie par le fait qu’il a affaire à une femme, c’est Napoléon qui s’avance vers la reine Louise. 

François Gérard

François Gérard, né le 4 mai 1770 à Rome et mort le 11 janvier 1837 à Paris, est un peintre d’histoire, portraitiste et illustrateur néo-classique français.

Élève de Jacques-Louis David, il fut l'un des principaux peintres du Premier Empire et de la Restauration. Peintre de cour sous Napoléon Ier, puis Premier peintre des rois Louis XVIII et Charles X, Gérard bénéficia d'une grande renommée, non seulement française, mais aussi européenne. Surnommé « le peintre des rois, le roi des peintres », il fut en effet le portraitiste de toutes les familles souveraines européennes. Son salon, un des plus réputés de son temps, accueillit les plus grandes personnalités.

François Gérard naît à Rome, en 1770 . Fils de Jean Simon Gérard, intendant du cardinal François-Joachim de Pierre de Bernis, et de l’Italienne Cléria Mattei, il passe les dix premières années de sa vie dans « la ville éternelle ». Il y montre très vite de réelles dispositions pour le dessin. 

En 1782, son père, revenu à Paris avec sa femme et ses trois fils, passe au service de Louis Auguste Le Tonnelier de Breteuil, ministre de la maison du roi, qui fait admettre le jeune François à la Pension du Roi : établissement pour jeunes artistes talentueux. Deux ans plus tard il devient élève d'Augustin Pajou, sculpteur alors très en vogue, puis de Nicolas Guy Brenet, artiste peintre. Fasciné par l'art développé par Jacques-Louis David, le jeune François Gérard rejoint son atelier à partir de 1786, où il a pour camarades Anne-Louis Girodet, Antoine-Jean Gros ou encore François-Xavier Fabre. En 1789, il obtient le second prix de Rome, derrière Anne-Louis Girodet, son ami de jeunesse. Il se représente au concours l'année suivante, mais la mort de son père le contraint à abandonner l'épreuve. 

Sa mère désirant retourner vivre à Rome, Gérard part avec toute sa famille dont il a désormais la charge, dans le courant de l'été 1790. Le séjour romain n'est pas long, bientôt la famille Gérard est contrainte de retourner à Paris, pour éviter l’inscription sur la liste des émigrés, et ainsi préserver leur modeste patrimoine.

Sur place, les principaux commanditaires des œuvres artistiques sont mis à mal par la révolution ; les peintres se retrouvent bientôt sans commandes. C'est le cas de Gérard. Il perd sa mère en 1793 et doit subvenir aux besoins de ses deux frères et de sa jeune tante, Marguerite Mattei, qu’il a ramenée d’Italie. « Par commodité et afin d'éviter l'éclatement familial, il épouse cette dernière en 1795. »

Au sortir de la Révolution, le succès vient rapidement. Au Salon de 1795, Gérard expose un Bélisaire, se plaçant ainsi dans la continuité de son maître David. Mais c'est surtout avec son œuvre Psyché et l'Amour, exposée au Salon de 1798 que Gérard atteint un début de célébrité. Dès lors, les nombreux portraits de la bonne société qu'il réalise lui assurent une réputation plus qu'établie. C'est ainsi à partir des environs de 1800 que l'artiste commence à réunir autour de lui un salon littéraire où la bonne société parisienne aime à venir discuter et jouer. Grâce à l'intervention de Chaptal, François Gérard reçoit un logement au Collège des Quatre Nations, futur Institut de France, alors que les artistes sont priés par le premier consul Napoléon Bonaparte de quitter le Louvre pour aménager le musée Napoléon. En 1801, Girodet et Gérard reçoivent la commande de deux tableaux illustrant les légendes du barde Ossian pour le salon des Bonaparte à la Malmaison. Le peintre bénéficie alors de la protection de la famille Bonaparte et devient la même année le « Premier peintre » de Joséphine de Beauharnais, puis se voit décerner la Légion d'honneur en 1803, soit peu après sa création. L'élève de Jacques-Louis David est alors le peintre de la future cour impériale française et l'un des peintres les plus recherchés. Son succès dépasse désormais les frontières et ce sont bientôt les grandes familles régnantes d'Europe qui voudront être immortalisées sous les pinceaux de Gérard. 

François Gérard se voit attribuer la commande de la représentation de la bataille d'Austerlitz par l'administration impériale, pour le Salon de 1808. L'œuvre monumentale n'est pas achevée à temps et ne sera exposée que pour le Salon de 1810. L'ouvrage rencontre alors un accueil chaleureux. Par le biais de cette grande peinture d'histoire, Gérard entend bien confronter son talent à celui de son confrère Antoine-Jean Gros, peintre attitré des scènes de batailles napoléoniennes.  

En tant que peintre de la cour impériale, Gérard peindra le portrait de l'impératrice Marie-Louise après son mariage avec Napoléon, puis celui de leur unique enfant, le roi de Rome. 

Sous la Restauration il est nommé Premier peintre du roi en 1817, fonction qu'il exercera sous les règnes de Louis XVIII, et de Charles X. La reconnaissance royale lui vaudra d'être créé baron en 1819. Professeur à l'École des beaux-arts, Gérard n'a formé que peu d'élèves, en comparaison avec son confrère Antoine-Jean Gros. Pour autant, il soutient la nouvelle génération, et notamment les débuts d'Eugène Delacroix. Son œuvre, son salon, ses relations, en feront l'un des personnages les plus influents des milieux intellectuels et artistiques de l'époque.

Vers 1835, sa santé chancelante se détériore rapidement ; fragilisé, il s’éteint à Paris, d’une maladie qui l’emporte en quelques jours, au début de 1837, à l’âge de 66 ans. 

Versailles Musée du Chateau

La bataille d'Austerlitz

François Gérard peint la toile en 1810. Elle représente une scène de la bataille d'Austerlitz, en 1805. 

Austerlitz, aujourd'hui Slavkov u Brna, en République Tchèque. C'était jadis  une ville des États autrichiens de Moravie, sur la Littawa, à 16 kilomètres au Sud-Est de Brno. Cette ville est devenue célèbre par la bataille qu'y remporta Napoléon, le 2 décembre 1805, sur les armées réunies de l'Autriche et de la Russie, commandées par les empereurs François et Alexandre en personne: ce qui fit appeler cette bataille Bataille des Trois-Empereurs. Le résultat de la victoire fut la paix de Presbourg, aujourd'hui Bratislava, en Slovaquie, signée le 26 décembre suivant.

En 1833, le roi Louis-Philippe, au pouvoir depuis 3 ans, décide de convertir le château de Versailles en musée historique de la France. La galerie des Batailles est inaugurée en 1837. 33 toiles monumentales y sont disposées, dépeignant des épisodes militaires de l'histoire de France. La toile de Gérard y est exposée.

Napoléon 1er en costume du Sacre

 

Paris Musée du Louvre

Psyché et l’Amour

 

 Jean Baptiste Isabey et sa fille

 

Marie Louise Impératrice et le Roi de Rome

Surnommé par ses contemporains le « peintre des rois et le roi des peintres », Gérard fut le portraitiste attitré de Napoléon, de la famille impériale et des grands dignitaires du Premier Empire. Cette spécialisation lui valut tous les honneurs. Chevalier de la Légion d'honneur en 1802, premier peintre de l'impératrice Joséphine en 1806, professeur aux Beaux-Arts en 1811, membre de l'Institut en 1812, il poursuivit sa brillante carrière après la chute de l'Empire en devenant premier peintre de Louis XVIII en 1817. 

S'inscrivant dans la tradition du grand portrait de cour, Gérard peint des effigies officielles qui, notamment dans les représentations féminines, se teintent souvent de charme. La grâce du dessin, la richesse des coloris, les décors évoquant le cadre de vie de chacun, produisent cette impression d'intimité qui nous les rend plus proches. 

Le Tsar Alexandre 1er

 

Paris Musée Carnavalet

Portrait de Juliette Récamier

 

Chantilly Musée Condé

Bonaparte Premier Consul

 

Saint Petersbourg Ermitage

Joséphine dans son salon de la Malmaison

 

La Havanne Musée Nacional

Hortense de Beauharnais

 

... dans les Collections privées

Le Maréchal Ney

 

Jean Baptiste Isabey

Jean-Baptiste Isabey naît à Nancy le 11 avril 1767.

Elève de Jacques-Louis David dès l'âge de dix-neuf ans, il se fait rapidement remarquer pour la qualité de ses portraits, mais aussi et surtout de ses miniatures, dont il devient le spécialiste incontesté, faisant de ce genre mineur du très grand art.

La qualité de ses ivoires peints à la gouache ou de ses émaux, entourés de cadres précieux ou sertis dans des boîtes d'or, reste insurpassée.

Aussi, sa longévité aidant, connaît-il les plus brillants succès.

La reine Marie-Antoinette lui passe commande, Joséphine et Napoléon sont ses mécènes, les diplomates du Congrès de Vienne se l'arrachent, Charles X le fait officier de la croix de la Légion d'Honneur, la monarchie de Juillet lui confère un poste important, Napoléon III (se souvenant sans doute qu'Isabey a enseigné le dessin et la peinture à sa mère la reine Hortense lorsque celle-ci était adolescente) lui décerne la médaille de commandeur de la Légion d'Honneur.

Celui qu'on surnomme peintre des rois ou portraitiste de l'Europe meurt à Paris le 18 avril 1855. Sa tombe au Père-Lachaise (20ème division)  mentionne modestement « peintre en miniature » ; à ses côtés repose son fils Eugène (1803-1886), peintre romantique.

Jean-Baptiste Isabey eut l'honneur d'être chargé par Napoléon de dessiner l'Aigle impériale officielle, ainsi que les costumes de son sacre.

Rueil Malmaison Chateau

Bonaparte à la Malmaison

Bonaparte à la Malmaison est  aussi un dessin à la pierre noire avec rehaut de blanc sur papier, exécuté par Jean-Baptiste Isabey, qui représente Napoléon Bonaparte alors Premier Consul dans les jardins du château de Malmaison. C'est la première représentation de Bonaparte en petit uniforme des guides de la Garde consulaire futurs Chasseurs à cheval de la Garde impériale, où on le voit porter la main dans son gilet1, geste qui fut ensuite repris par de nombreux portraitistes dont Ingres, David, Robert Lefèvre, entre autres. Le dessin fut exposé au Salon de 1802, il est conservé au château de la Malmaison 

Jean Baptiste Regnault

Jean-Baptiste Regnault, né le 9 octobre 1754 à Paris, où il est mort le 12 novembre 1829, est un peintre néo-classique français. 

A Paris, il devient l'élève de Nicolas-Bernard Lépicié, Joseph-Marie Vien et de Jean Bardin, qui l'emmène à Rome où il prolonge sa formation.  

Il multiplie les sujets antiques, puis se passionne pour la Révolution et peint pour le Salon de 1795 La Liberté ou la Mort : au centre, le Génie de la France aux ailes tricolores survole le globe terrestre exprimant l'universalité des idées de 1793 ; à sa gauche, la Mort ; à sa droite, la République avec les symboles de la liberté, de l'égalité et de la fraternité. 


François Hubert Drouais

François-Hubert Drouais, dit Drouais le fils (né le 14 décembre 1727 à Paris, où il est mort le 21 octobre 1775) est un peintre français, spécialisé dans les portraits, dont il domine la production à la fin du règne de Louis XV. 

Portraitiste très en honneur à la Cour à partir de 1757, il a donné des œuvres souvent superficielles, mais charmantes (portraits aux déguisements pittoresques).

Son fils, Jean Germain (Paris 1763-Rome 1788) fut l'élève favori de David (Marius à Minturnes, 1786, Louvre).

Paris Musée du Louvre

Madame Drouais

Portrait de Madame Drouais, née Anne Françoise Doré épouse du peintre Francois Hubert Drouais. 

René Théodore Berthon

Versailles Musée du Chateau

La reddition d'Ulm

Reddition de la ville d’Ulm, le 20 octobre 1805, Napoléon Ier recevant la capitulation du général Mack. 

Cette peinture de Berthon montre la scène au cours de laquelle le général autrichien Karl Mack se rend à Napoléon après avoir été enfermé dans Ulm le 19 octobre 1805. 

Le 19 octobre 1805, Ulm fut une grande victoire conduite avec génie. L'armée autrichienne, forte de 80 000 hommes, est postée en Bavière, au débouché de la Forêt-Noire, et attend les troupes de Napoléon qui vient de quitter Boulogne. Cependant le gros des forces françaises, avec une rapidité surprenante d'exécution, traverse le Rhin beaucoup plus en aval que prévu, dans la région de Mayence, et se présente sur les arrières des Autrichiens. Ces derniers sont pris au piège, enfermés dans l'Ulm, ils capitulent le 20 octobre 1805. 27 000 hommes et 8 généraux défilent durant cinq heures devant Napoléon qui s'est placé devant ses généraux ; stupéfaits et admiratifs, certains Autrichiens n'hésitent pas à crier « Vive l'Empereur ». 

Charles Thevenin

Charles Thévenin, né le 12 juillet 1764 à Paris et mort le 28 février 1838 dans la même ville, est un peintre néo-classique français, connu pour ses scènes héroïques des périodes révolutionnaire et impériale. 

Second prix de Rome pour Joseph reconnu par ses frères en 1789, il partage le premier prix en 1791 pour Régulus retourne à Carthage. Il reçoit alors ses premières commandes et produit en 1790 la première version de La Prise de la Bastille, qui suscite de nombreux commentaires. Il reçoit un second prix au concours de l’an II pour Le 12 juillet 1789.

Après avoir délaissé un temps la peinture historique pour des sujets décoratifs, il produit en1798 Augereau au pont d'Arcole, qui inaugure une série de toiles à la gloire de l’Empire. Il part alors pour l’Italie où il séjourne à la villa Médicis et fréquente Dominique Ingres. Il est directeur de l'Académie de France à Rome de 1816 à 1823. De retour à Paris, il est élu membre de l’Académie des beaux-arts en 1825, puis il est nommé conservateur du Cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale.

Versailles Musée du Chateau

Préparatifs pour le passage des Alpes  

C’est avec la traversée des Alpes par l'armée de réserve le 13 mai 1800 que Napoléon intervient dans la deuxième campagne d’Italie, déclenchée par la reprise de Milan par les Autrichiens. Il fallait surprendre les Autrichiens du général Melas et fondre sur eux en profitant de l’effet de surprise. Avec son armée de réserve, il passe le col du Grand-Saint-Bernard, le corps du général Moncey franchit le col du Saint-Gothard et le corps du général Turreau se dirige vers le col de Montgenèvre. Le 18 mai, Bonaparte quitte Martigny et se met en route vers le Grand Saint-Bernard. Le 20 mai, habillé d’un uniforme bleu que recouvre une redingote grise et coiffé d’un bicorne couvert de toile cirée, il monte une mule, et escorté par le guide Dorsaz, traverse le col.

Du 15 au 21 mai, les troupes gravissent les monts et acheminent des tonnes de matériel et l’artillerie logée dans des troncs d’arbres évidés pour en faciliter le transport. L’artillerie fut retardée au fort de Bard par la résistance des Autrichiens, mais le reste de l’armée fut au rendez-vous de la première bataille importante à Montebello.

Napoléon Ier recevant la capitulation du général Mack


Reddition de la ville d’Ulm, le 20 octobre 1805, Napoléon Ier recevant la capitulation du général Mack. 

Cette peinture de Thévenin montre la scène au cours de laquelle le général autrichien Karl Mack se rend à Napoléon après avoir été enfermé dans Ulm le 19 octobre 1805. 

La "Grande Armée" marche près de 400 kilomètres en 3 semaines, le 6 octobre, elle arrive au Danube et contourne les autrichiens. Le général autrichien Mack comprend que Napoléon a réussi à le couper de ses arrières, il est trop tard, il doit capituler avec toute son armée le 20 octobre. 

Le 19 octobre 1805, Ulm fut une grande victoire conduite avec génie. L'armée autrichienne, forte de 80 000 hommes, est postée en Bavière, au débouché de la Forêt-Noire, et attend les troupes de Napoléon qui vient de quitter Boulogne. Cependant le gros des forces françaises, avec une rapidité surprenante d'exécution, traverse le Rhin beaucoup plus en aval que prévu, dans la région de Mayence, et se présente sur les arrières des Autrichiens. Ces derniers sont pris au piège, enfermés dans l'Ulm, ils capitulent le 20 octobre 1805. 27 000 hommes et 8 généraux défilent durant cinq heures devant Napoléon qui s'est placé devant ses généraux ; stupéfaits et admiratifs, certains Autrichiens n'hésitent pas à crier « Vive l'Empereur ». 

Boissy Saint Léger Ch. Grosbois

La bataille d'Iéna

Napoléon à la bataille d'Iéna, par Charles Thévenin, au château de Grosbois à Boissy Saint Léger (77) 

Victoire française remportée par Napoléon Ier sur les 50 000 Prussiens du prince de Hohenlohe, au terme de la campagne de Saxe (8-14 octobre 1806).

Le même jour, Davout gagnait la bataille décivise d'Auerstedt. Alors que les Français se trouvent au sud du Thüringerwald le 8 octobre, les Prussiens ont amorcé un mouvement pour les tourner par le nord-ouest. Napoléon les devance en franchissant, en sens inverse, les défilés du Frankenwald. Descendant la vallée de la Saale, il atteint Iéna le 13 octobre sur le flanc des positions prussiennes. Craignant l'encerclement, Brunswick et le roi de Prusse (70 000 hommes) reculent en direction de l'Elbe, tandis que Hohenlohe (50 000 hommes) est chargé de protéger le repli.

Dans la nuit du 13 au 14, l'Empereur installe son artillerie sur le plateau du Landgrafenberg, qui domine la vallée et la ville, et, le 14, avec 56 000 hommes, il écrase l'armée de Hohenlohe, pendant que Davout (26 000 hommes) bat Brunswick à 20 km au N., à Auerstedt, grâce à l'habileté de ses trois divisionnaires, les généraux Gudin, Friant et Morand. Les Prussiens refluent en déroute vers Weimar, déroute que la cavalerie française transforme en débâcle. Toutes les places fortes, Lübeck, Stettin, Küstrin, Magdeburg, tombent en quelques semaines, et Napoléon entre à Berlin le 27 octobre. 

Paris Musée Carnavalet

La prise de  la Bastille

Exposée au Salon de 1793, la toile de Thévenin recompose une scène épique. Sur fond de canonnades, un petit groupe de patriotes s’empare du gouverneur, M. de Launay, qui «avait perdu la tête avant qu’on la lui coupât» (Rivarol). A cette figure blême, cette silhouette contournée, le peintre oppose la stature herculéenne des jeunes révolutionnaires, la dynamique harmonieuse de leurs attitudes et l’éclat du jaune, du rouge et du bleu primaires de leur costumes. «L’Ancien Régime et la Révolution venaient de se voir face à face et celle-ci laissait l’autre saisie de stupeur» (Michelet) 

Hippolyte Flandrin

Jean Hippolyte Flandrin, dit Hippolyte Flandrin, né à Lyon le 23 mars 1809 et mort à Rome le 21 mars 1864, est un peintre français. Il est le frère d'Auguste Flandrin et de Paul Flandrin, également peintres. 

Le travail très conséquent que lui demandent ces décors occupe une grande partie de son temps et réduit sa production de tableaux, à l’exception des portraits. Néanmoins, son œuvre est visible aujourd’hui dans un grand nombre de musées à travers le monde, témoignant de son importance : le Cleveland Museum of Art, le Detroit Institute of Art, le musée des Beaux-Arts de Dijon, le musée de Grenoble, le Palais des Beaux-Arts de Lille, le Los Angeles County Museum of Art, le musée Fabre de Montpellier, le musée d’arts de Nantes, le Petit Palais-musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, le musée des Beaux-Arts de Rouen, le musée d’art moderne et contemporain de Saint-Etienne Métropole, le musée des Beaux-Arts de Tours et le Francine and Sterling Clark Art Institute de Williamstown conservent chacun des productions de l’artiste. 

La Florentine

Aimée Ancelot, femme de l'artiste, ou jeune fille en buste les yeux baissés es t une oeuvre d'Hippolyte Flandrin. 

Si Hippolyte Flandrin n'est plus guère connu que des seuls spécialistes du XIXème siècle, ses frères Auguste et Paul les ont moins encore... Hippolyte a pourtant récemment fait parler de lui à l'occasion d'un triste fait divers :la destruction du tableau Saint Clair Guérissant les aveugles dans l'incendie criminel qui a ravagé la Cathédrale de Nantes, le 18 juillet 2020. Il le peignit à la villa Médicis en 1836 et fut couronné par une médaille de première classe lors du Salon de 1837. Hippolyte a beau avoir été une star en son temps, il est tombé avec ses frères dans l'oubli au crépuscule du XIXème siècle, victime de la dépréciation de l'art dit Académique.

Robert Lefèvre

Robert Lefèvre, né le 24 septembre 1755 à Bayeux et mort le 3 octobre 1830 à Paris, est un peintre français d’histoire, de compositions religieuses et de portraits. 

Peintre prolixe, c'est avec son art du portrait que Robert Lefevre acquiert ses lettres de noblesse et devint l'un des portraitistes préférés de la Cour sous le Premier Empire. Il immortalisa ainsi les membres de la famille impériale mais aussi bon nombre de personnalités politiques, civiles ou militaires. 

Napoleon en uniforme de chasseurs de la Garde


Augustin Pajou

Jean Sébastien Rouillard

François Marius Granet

Georges Rouget

François Bouchot


Versailles Musée du Chateau

Bonaparte au Conseil des Cinq Cents à St Cloud


Henri Félix Emmanuel Philippoteaux 

Alexandre Véron-Bellecourt 

Pierre Claude Gautherot

Pierre Claude Gautherot est un peintre et sculpteur français né en 1769 à Paris et mort dans la même ville en juillet 1825. Claude Gautherot étudie la sculpture avec son père Claude Gautherot (1729-1802), avec qui il a souvent été confondu. Tout au long de sa vie, il est connu à la fois comme Pierre et Claude, signant son travail uniquement avec son nom de famille. Il se spécialise d'abord dans les bustes de personnalités comme Voltaire d'après Nicolas de Largillierre, Anne-Robert-Jacques Turgot d'après Joseph Ducreux et Jean-Sylvain Bailly. Il entre dans l'atelier de Jacques-Louis David en 1787 et, sous le patronage du maître, qui était devenu son ami, il ouvre une école qui a révélé d'excellents élèves. Son œuvre la plus connue est Napoléon haranguant ses troupes sur le pont du Lech à Augsbourg.

Versailles Musée d'Histoire

Napoléon sur le pont de Lech à Augsbourg 

Napoléon harangue le 2e corps de la Grande-Armée sur le pont de Lech à Augsbourg.  

Lors de la campagne d’Allemagne de 1805, la Grande Armée prit les troupes autrichiennes à revers à Ulm. S’apprêtant à investir Augsbourg, le corps du maréchal Soult traversa la Lech sur le pont de Sechausen. Napoléon, suivi de son état-major parmi lequel on reconnaît Bessières et le mamelouk Roustam, représenté d’après le portrait de Paillot (1806, musée de l’Armée), fit prêter serment aux grenadiers du 2e corps.

Outre l’hommage qu’elle rend à l’enthousiasme et à l’ordre militaire, l’œuvre de Gautherot est aussi une sorte de tableau sacré, où, de leurs bras tendus, les soldats manifestent à la fois l’amour et l’attachement qu’ils portent à leur empereur, en la circonstance plus chef de guerre que véritable souverain. Avançant entre deux colonnes de soldats qui s’ouvrent pour le laisser passer, il salue ses troupes d’un côté en tendant le bras, de l’autre en les embrassant du regard. C’est à une communion avec ses soldats que procède ici Napoléon. 

Napoléon blessé à Ratisbonne 

Napoléon Ier, blessé au pied devant Ratisbonne, est soigné par le chirurgien Yvan, le 23 avril 1809. 

Durant l'action, l'Empereur reçut une balle perdue au talon. ... L'Empereur n'avait pas quitté ses bottes depuis trois jours, ce qui amplifia sa souffrance, qui fut réelle, et que traduit parfaitement l'expression que lui a conférée Gautherot. 

La bataille de Ratisbonne, eut lieu entre la France et l'Autriche. Elle se termina par la retraite des Autrichiens. Cette retraite permet aux Français de pénétrer dans Vienne, vide d'ennemis, le 12 mai. 

Le Maréchal Davout

Louis Nicolas Davout (1770-1823) : Général de la Révolution et de l'Empire, Maréchal d'Empire en 1804, Duc d'Auerstaedt, prince Eckmühl, joua un rôle majeur durant les campagnes napoléoniennes.