Eugène Boudin

Eugène Boudin

Eugène-Louis Boudin est un peintre français, né à Honfleur le 12 juillet 1824, mort à Deauville le 8 août 1898. Il est l'un des premiers peintres français à saisir les paysages à l'extérieur d'un atelier. Grand peintre de marines, il est considéré comme l'un des précurseurs de l'impressionnisme.

Son père est marin de commerce sur la ligne maritime Le Havre-Hambourg et sa mère femme de chambre sur des bateaux de commerce. Eugène fréquente une école catholique du Havre. Lorsque la famille s’installe au Havre en 1835, le jeune Eugène a 11 ans. Son père le place comme mousse sur un bateau reliant le Havre à Honfleur, soit un trajet de 10 km.

Cette initiation à la vie de marin sera de courte durée. Dès 1836, il est employé comme commis chez l’imprimeur havrais Joseph Morlent puis chez le papetier-encadreur Alphonse Lemasle. Cette activité ne lui déplaît pas puisqu’en 1844, il décide de créer son propre commerce de papetier-encadreur avec un associé, Jean Acher, ancien contremaître de Lemasle. Le commerce est fréquenté par des artistes (écrivains, peintres, musiciens). Ce sont les arts graphiques qui vont attirer le jeune homme, qui commence à dessiner. Jean-François Millet (1814-1875), lui-même normand, de passage au Havre, l’encourage. Thomas Couture (1815-1879), grand maitre de l’académisme et professeur respecté, l’incite à apprendre la peinture.

L’influence de Boudin sur Monet sera déterminante. Il emmène le jeune caricaturiste le regarder peindre sur le motif dans les environs du Havre, et c’est alors que Claude Monet comprend la peinture. « Je le regarde plus attentivement, et puis, ce fut tout à coup comme un voile qui se déchire : j’avais compris, j’avais saisi ce que pouvait être la peinture. »

Certains de ces tableaux sont des œuvres magistrales, comme ce coucher de soleil associant les estivants conversant sur la plage et une étude remarquable de la lumière vespérale. Les ciels de Boudin feront l’admiration des plus grands et Jean-Baptiste Corot (1796-1875) l’appellera « le roi des ciels ».

Boudin parvient désormais à vivre de son travail de peintre. La critique le remarque et Zola lui-même, défenseur de Claude Monet, est élogieux à son égard. Il participe à la première exposition impressionniste en 1874, mais ne se considère pas comme un membre du mouvement. L’aisance financière lui permet de voyager en Belgique, aux Pays-Bas et en Italie. Il expose régulièrement à Paris. En 1886, le grand marchand d’art Paul Durand-Ruel (1831-1922) organise à New York une exposition destinée à faire connaître les impressionnistes aux États-Unis. Plusieurs toiles de Boudin sont sélectionnées. Lors de l’exposition universelle de Paris en 1889, ses tableaux Les lamaneurs et Coucher de soleil obtiennent la médaille d’or.


Paris Musée d'Orsay

Le musée d’Orsay est un musée national inauguré en 1986. Situé dans le 7ᵉ arrondissement de Paris le long de la rive gauche de la Seine, il est installé dans l’ancienne gare d'Orsay, construite par Victor Laloux de 1898 à 1900 et réaménagée en musée sur décision du président de la République Valéry Giscard d'Estaing

La jetée de Deauville

Au milieu du 19e siècle (1858), Trouvile sur mer est déjà une station balnéaire à la mode où se presse la haute société française. Le Duc de Morny, homme politique et financier, demi-frère de Napoléon III, en villégiature à Trouville, observe au loin le coteau de Dosville qui domine les marais en contrebas, le long de la plage, lorsque lui vient une idée folle : créer la nouvelle station balnéaire.

En quatre années, villas, hippodrome, port et ligne de chemin de fer reliant Paris en 5 heures sont installés. Deauville, "cité de l'Elégance" est née.

Les artistes, le monde politique et des affaires, les têtes couronnées : tout le monde se presse à Deauville, dont l'essor ne cessera au fil des années et des époques, grâce à le nouvelles infrastructures toujours plus audacieuses.


Honfleur Musée Boudin

Scène de plage à Trouville

Le développement rapide de Deauville, à l’initiative de Charles de Morny (1811-1865), encourage Boudin à exploiter ce qu’il estime être un “filon” et à exposer des scènes de plages au Salon. La haute société parisienne, qui fréquente alors Deauville, boude ces images qu’elle juge triviales. Face à l’incompréhension de ses contemporains, Boudin objecte que la tentative : « n’est pourtant pas neuve puisque les Italiens et les Flamands n’ont pas fait autre chose que de peindre les gens de leur temps »

Femme à l'ombrelle

La femme à l'ombrelle représentée par le timbre appartient à la série de ses «petites poupées» dont il affirme, dans une lettre: «On aime beaucoup mes petites dames sur la plage, certains prétendent qu'il y a là un filon d'or à exploiter». La longue robe noire, le siège pliant écarlate auquel fait écho la doublure de l'ombrelle, ponctuent la blondeur du sable et la pâleur de l'horizon marin. L'ombre de la promeneuse assise sur le sol, le gonflement de l'ombrelle sous le vent s'intègrent l'une et l'autre dans l'univers sablonneux. Personnage et objets perdent leur solidité, baignent dans une atmosphère inondée de lumière. La terre, la mer, le ciel, les êtres, les choses forment ici, comme ailleurs, une seule et même image fluide et colorée.

Le nom de Boudin demeure largement attaché à ses évocations de la plage de Trouville qui constitue l'arrière-plan de La femme à l'ombrelle.

Caen Musée des Beaux Arts

La plage de Tourgeville

Fils de marin, il apprend seul à peindre et produit, en 1850, ses premiers tableaux. Vers 1860, il découvre les voies qui seront les siennes : celle du paysage d'atmosphère et celle du paysage animé de figures contemporaines.

New York Metropolitan

Scène de Plage à Trouville

Le nom de Boudin demeure largement attaché à ses évocations de la plage de Trouville. Mais son œuvre comporte près de 4000 tableaux et plus de 6000 dessins, pastels et aquarelles. Outre les paysages normands, se sont inscrits dans son répertoire, des sites de Bretagne, des Flandres, du Bordelais, de la Côte d'Azur, de Venise. Partout le thème est l'atmosphère elle-même, l'air lourd d'humidité, qui absorbe la lumière. Les vides immenses de ses compositions, son attention, déjà décelée par le poète des Fleurs du mal, à «ce qu'il y a de plus inconstant, de plus insaisissable», son goût pour les jeux de lumière sur l'eau, pour le papillotement des crinolines préparent l'art des Impressionnistes.

Washington National Gallery

Déchargement d'un bateau terre-neuvien

Dès 1855, il adopte un rythme de vie particulier passant ses hivers à Paris et ses étés en Normandie à Honfleur, tout en séjournant régulièrement en Bretagne à Douarnenez, Tréboul et ses environs. À Portrieux, il peint les bateaux terre-neuvas et « Un an avant sa mort, il fait un long voyage entre Le Croisic et la pointe du Raz en passant par Pont-Aven » .

... dans les Collections Privées

Le Havre Bassin du Commerce

Comme tout artiste se lançant dans sa carrière artistique, il a rencontré d'extrêmes difficultés les premières années, travaillant sans relâche du matin au soir au bord de la mer, esquissant tout ce qu'il voyait. Il expérimente avec autant de supports différents qu'il peut se permettre - pastels, aquarelles, peintures, dessins, et vend des peintures de fleurs et des natures mortes pour joindre les deux bouts et économiser suffisamment d'argent pour se rendre à Paris. Il part finalement pour Paris en 1847. Ce qu'il ne sait pas à ce stade, c'est que ce sera son point d'origine, les plages de Normandie, où il retournera sans cesse.

Scène sur la plage à Trouville

En 1862, alors qu'il est fatigué de réaliser des œuvres de commandes pour vivre difficilement de son art, il assiste à la naissance de la mode des bains de mer et à la création de Deauville, nouvellement desservie par le chemin de fer. Il a alors l'idée en voyant les estivants de la bourgeoisie et de la noblesse parisienne flâner sur les plages des stations balnéaires normandes de représenter ces mondanités et ces élégantes. Ces scènes de plage ne rencontrent pas le succès du public qui juge ses peintures voyeuristes et bâclées mais attirent l'attention des critiques et des artistes d’avant-garde . "On aime beaucoup mes petites dames sur la plage", écrit-il par exemple en février 1863 à son ami Ferdinand Martin, "d'aucuns prétendent qu'il y a là un filon d'or à exploiter" . Mais dans ces peintures mondaines, la véritable quête du peintre reste la recherche de la lumière.

Marché aux bestiaux à Daoulas

En 1863, il épouse une Bretonne originaire de Hanvec et, deux ans plus tard, ainsi que les années suivantes, il se rend dans sa belle famille. Il est fasciné par la vie des paysans bretons. Sa palette prend alors des tonalités sourdes, conformes au mode de vie austère de ses modèles. Et s’il assiste aux pardons, marchés ou aux moissons, il travaille surtout dans les intérieurs : « malgré tout le charme du paysage et des grèves, je n’en ai pas fait une seule étude tant je suis attiré vers les chaumières aux fortes ombres et aux vieux lits »

Voiliers près de Trouville

Il fut mousse dans un navire, avant de laisser sa nature artistique prendre le dessus en ouvrant sa propre boutique de papetier-encadreur. Une audace qui va s’avérer plus que déterminante dans sa carrière, puisqu’il rencontre Isabey et Troyon, venus exposer dans sa boutique, qui l’incitent à la peinture. Bien que l’accueil de son art soit mitigé, Boudin est malgré tout reconnu par ses pairs. Alors qu’il réalise sa première exposition au Salon de Paris, en 1859, il fait la connaissance de Baudelaire, Courbet, ou encore Monet, lui faisant prendre conscience du dur labeur d’un artiste. Précurseur de l’impressionnisme, véritable amoureux des mouvances naturelles du ciel et de la mer, Louis-Eugène Boudin est surnommé le Roi des ciels, par Corot, admiratif de son art.