C - Italiens Renaissance

2 - La Renaissance

La Renaissance marque d'abord un renouvellement des thèmes abordés par les artistes. Alors qu'au Moyen Âge la peinture est essentiellement tournée vers la religion chrétienne, la Renaissance se caractérise par des thèmes humanistes et profanes (tolérance, liberté de pensée, paix, éducation visant l'épanouissement de l'individu, etc.) ainsi que la redécouverte de la mythologie antique grâce à l'arrivée des artistes byzantins chassés par l'invasion ottomane de 1453.

Cette période est également celle d'avancées scientifiques qui profitent aux arts. Tout au long du xve siècle, les peintres maîtrisent de mieux en mieux la perspective linéaire et les proportions. Au xive siècle, l'apparition de la peinture à l'huile donne plus de profondeur aux œuvres. L'emploi de toiles remplace peu à peu le support en bois. En outre, l'invention de l'imprimerie au milieu du xve siècle ainsi que les nouvelles techniques de gravure permettent la reproduction et la diffusion d'œuvres sur tout le continent, et les estampes se multiplient dans les livres, remplaçant peu à peu les enluminures des manuscrits médiévaux. La Renaissance est aussi l'occasion pour les peintres d'apporter des innovations aux techniques de peintures, tel que le sfumato (contours-flous) mis au point par Léonard de Vinci, ou encore l’unione, le chiaroscuro (ou clair-obscur), et le cangiante dont le maître est Michel-Ange. C'est aussi à cette époque qu'est inventée la perspective en 1409 par Brunelleschi, Donatello et Masaccio.

On distingue en général deux grandes périodes dans la Renaissance italienne. La première Renaissance, qui s'étend de 1400 à 1450, a pour capitale Florence et se caractérise par la volonté de se dégager des principes médiévaux pour revenir aux modèles antiques. Les peintres majeurs de cette période ont pour nom Masaccio, Piero della Francesca, Le Verrocchio ou encore Fra Angelico. La seconde période est la haute Renaissance qui débute en 1450 pour finir en 1520, et se situe essentiellement à Rome. C'est l'époque des grands projets, des peintures monumentales et des chefs-d'œuvre produits par des artistes tels que Léonard de Vinci, Raphaël, Michel-Ange, Le Titien, Le Corrège ou Véronèse notamment.


La Première Renaissance

La ville de Florence joue un rôle majeur dans la Première Renaissance italienne. L'étude de l'art antique et la volonté d'innover traversent l'ensemble des beaux-arts, qu'il s'agisse de l'architecture avec Brunelleschi (1377-1443), de la sculpture avec Donatello (1386-1466), ou de la peinture avec Masaccio (1401-1428). Un grand nombre de peintres d'exception verront leur talent éclore et se développer à Florence et parfois ils l'exporteront vers d'autres grandes villes italiennes comme Rome. C'est le cas de l'un des plus célèbres d'entre eux : Sandro Botticelli (1444/45-1510). Les autres grandes villes italiennes connurent également, à la suite de Florence, un renouveau de la création artistique. La République de Venise, très active dans le commerce avec l'Orient, entretenait des relations commerciales suivies avec Florence. Naturellement, la Renaissance florentine se propagea vers la Cité des Doges et de grands noms de la peinture y construisirent leur œuvre : Andrea Mantegna (1431-1506), Giovanni Bellini (1431-1513) en particulier. L'Italie du centre (Ombrie) vit naître le talent du Pérugin (v. 1448-1523), l'un des maîtres de Raphaël.

Paolo Ucello

La peinture de Paolo Ucello (1397-1475) obstinément à concilier la tradition et l'innovation. Elle emprunte beaucoup au gothique tardif, qui domine encore la première moitié du 15e siècle, mais n'ignore pas les apports de Masaccio concernant la perspective.


Paolo di Dono di Paolo, dit Paolo Uccello, né en 1397 à Florence et mort en 1475 dans la même ville, est un peintre florentin de la première Renaissance.

Paolo di Bono, dit Paolo Uccello, est né à Florence où son père exerçait la profession de barbier-chirurgien. Selon Georgio Vasari, son pseudonyme (oiseau en italien) provient de son goût pour les oiseaux : « ...comme il avait une prédilection toute spéciale pour les oiseaux, on l'appela Paolo Ucelli ». Sa mère serait issue d'une famille noble originaire de Pérouse. Dès l'âge de dix, en 1407, il devient l'un des assistants du sculpteur Lorenzo Ghiberti (1378-1455) qui travaille sur le Baptistère Saint-Jean de Florence. Il est employé au polissage des sculptures en bronze qui ornent la porte nord.

On sait qu'en 1414, Paolo Uccello s'inscrit à la guilde des médecins et apothicaires puis à la compagnie de Saint-Luc de Florence qui est la corporation des peintres et sculpteurs de la ville. Son activité artistique indépendante commence donc à cette époque : il n'a que 17 ans. Il travaille pour des familles riches de Florence ou pour le clergé local jusqu'à 1425, date à laquelle il s'installe à Venise. Il collabore en particulier à la réalisation de mosaïques de la basilique San Marco qui n'ont pas été conservées.

Vers 1431, Paolo Uccello revient à Florence. En 1435, il commence à travailler à des fresques représentant la vie de la Vierge ainsi que différents saints dans la cathédrale de Prato (Toscane). Mais en 1436, il est rappelé à Florence pour une commande officielle de la ville : une fresque représentant un monument équestre dédié à Sir John Hawkwood (v. 1320-1394), dit Giovanni Acuto en italien, dans le Duomo. Hawkwood est un mercenaire anglais considéré comme l'un des premiers condottiere (chef d'une armée de mercenaires) et qui a commandé les troupes florentines à la fin du 14e siècle. La renommée de Paolo Uccello est déjà considérable à cette époque et il recevra de nombreuses commandes à Florence mais également à Padoue.

Vers 1450, Paolo Uccello réalise son œuvre la plus célèbre. Il s'agit de trois tableaux de vastes dimensions (182 × 320 cm pour le plus grand) représentant la bataille de San Romano qui opposa en 1432 Florence et Sienne. Les tableaux sont actuellement dispersés entre le Louvre (Paris), la National Gallery (Londres) et la Galerie des Offices (Florence).

En 1452 (à 55 ans) il épouse Tommasa di Benedetto Malifici qui lui donnera un fils et une fille : Donato, né en 1453 et Antonia, née en 1455. Il continue à produire dans la décennie 1460 puisque, entre 1465 et 1469, il séjourne à plusieurs reprises à Urbino, accompagné de son fils Donato, travaillant pour la cour de Federico da Montefeltro, duc d'Urbino (1422-1482). Cependant dans une déclaration d'impôt de 1469, Paolo Ucello déclare qu'il vit à Florence dans un état d'extrême indigence et avec une femme malade. Au cours des dernières années de sa vie, qui se termine en 1475, il mène une vie très recluse.

La peinture de Paolo Uccello cherche obstinément à concilier la tradition et l'innovation. Elle emprunte beaucoup au Gothique tardif, qui domine encore la première moitié du 15e siècle, mais n'ignore pas les apports de Masaccio concernant la perspective. Giorgio Vasari, qui est très sévère avec Uccello, lui reproche même son obstination dans ce domaine :

« Paolo Uccello aurait été le peintre le plus élégant et le plus original depuis Giotto, s'il avait consacré aux figures d'hommes et aux animaux le temps qu'il perdit dans ses recherches sur la perspective. Sans doute, c'est une chose ingénieuse et belle, mais celui qui en fait une étude trop exclusive perd son temps, se fatigue l'esprit, le rend stérile et compliqué, et finit par adopter une manière sèche aux contours anguleux. »

En réalité, tout le charme et l'originalité d'Uccello tiennent peut-être à ces « contours anguleux » décriés par Vasari. On le voit bien dans Saint George et le dragon (v. 1456) ou Chasse nocturne (après 1460).

L'artiste reste attaché aux figures du Gothique international et à son aspect narratif. Mais, évidemment, il était impossible de ne rien abandonner de la tradition antérieure tout en acceptant les principes nouveaux de représentation qui allaient prévaloir à l'avenir. Un choix difficile s'imposait aux peintres de cette époque. L'art transitoire d'Uccello illustre ainsi les difficultés considérables que devaient affronter les artistes du 15e siècle pour s'approprier les apports nouveaux sans renoncer au meilleur de l'art traditionnel.

Les ambitions d'Uccello trouveront un peu plus tard un écho chez Léonard de Vinci. Plus récemment, le 20e siècle a redécouvert une forme de modernité chez ce peintre atypique. Les surréalistes ont salué ses audaces, et il est vrai que les œuvres précitées offrent une approche du merveilleux et de l'imaginaire que Salvador Dali ne désapprouverait pas.

Fra Angelico

Vasari voyait dans la peinture lumineuse et délicate de Fra Angelico ( v. 1400-1455) un message divin. Certes, cette peinture n'est pas séparable du contexte religieux de l'époque et, pour le peintre, il s'agit bien d'une sorte de prédication par l'image. Mais son art constitue aussi une transition entre le Moyen Âge et la Renaissance.

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Masaccio

Masaccio (1401-1428) utilise la perspective initiée par Brunelleschi pour imprimer plus de réalisme à ses œuvres. Il quitte résolument l'approche naïve et idéalisée du Gothique pour saisir la réalité humaine avec ses postures, ses mimiques et sa dimension psychologique.

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Filippo Lippi

Lippi (1406-1469) a observé Masaccio lorsqu'il travaillait sur les fresques de la chapelle Brancacci à Florence. Il l'imitera d'abord puis trouvera sa voie avec une peinture lumineuse et d'une grande délicatesse. Il fut le maître de Sandro Botticelli.

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Domenico Veneziano

Veneziano (v. 1410-1461) utilise magistralement les tons clairs pour donner à ses œuvres une douce luminosité. Les arrière-plans sont constitués de larges espaces naturels ou architecturaux offrant une perspective vaste et profonde.

Domenico Veneziano (vers 1400 - 1461), surnom de Domenico di Bartolomeo, est un peintre vénitien du XV siècle probablement né à Venise en 1410. La jeunesse de Domenico di Bartolomeo da Venezia, dit Domenico Veneziano, reste une énigme pour les historiens. Il est probable qu'au cours de son apprentissage à Venise il fut initié au Gothique international et qu'il put admirer des peintures d'artistes flamands. Le premier document que l'on possède date de 1438. Domenico est à ce moment à Pérouse où il travaille pour la famille Baglioni. Il écrit une lettre à Pierre de Médicis (1416-1469) pour lui demander d'intervenir en sa faveur auprès de son père Cosme l'Ancien (1389-1464) pour le paiement d'une commission.

Il faut donc se référer à Georgio Vasari pour trouver quelques éléments biographiques, mais Vasari étant peu précis sur la chronologie, elle reste très approximative.

Vers 1432, Domenico est à Florence et y reste jusqu'à 1437. Il y réalise des fresques, en particulier le Tabernacle Carnesecchi dont il subsiste une Vierge à l'enfant conservée à la National Gallery de Londres. En 1437, il part pour Pérouse où l'appelle la famille Baglioni pour orner de fresques les murs de son palais. Ces fresques ont été détruites. En 1439, il s'installe définitivement à Florence et, à l'exception de quelques courtes périodes, y restera jusqu'à sa mort. Dès son arrivée à Florence, il entreprend avec Piero della Francesca (v. 1420-1492) un cycle de fresques sur les épisodes de la vie de la Vierge pour le chœur de l'église Sant'Egidio. Ces fresques ont également été détruites.

Entre 1445 et 1447, Domenico Veneziano réalise la principale œuvre qui nous soit parvenue de lui : un retable pour l'église Santa Lucia dei Magnoli, appelé couramment retable Magnoli ou Santa Lucia. Le panneau central, une Vierge à l'enfant avec quatre saints, est conservé à Florence mais les panneaux de la prédelle ont été dispersés entre des musées de Washington, Cambridge et Berlin.

Selon Vasari, dès qu'il eut terminé le retable Magnoli en 1447, Domenico partit pour les Marches, région d'Italie centrale. Une nouvelle fois, il travaille avec Piero della Francesca à des fresques destinées à décorer la voûte de l'église Santa Maria de la petite ville de Loreto. Mais une épidémie de peste s'abat sur les Marches et les deux compères repartent pour Florence. Les fresques de Loreto ne furent jamais terminées et les parties peintes furent détruites par la suite.

La dernière œuvre qui nous soit parvenue de Veneziano est une fresque de 1454 environ représentant saint Jean-Baptiste et saint François. Initialement, elle fut peinte dans la chapelle Cavalcanti à proximité du chœur de l'église Santa Croce de Florence puis, en 1566, un projet de modernisation de l'église dirigé par Vasari conduisit à transplanter le mur support de la fresque. Elle est aujourd'hui conservée au musée Santa Croce de Florence.

En 1454, après avoir terminé les fresques de Santa Croce, Domenico est appelé à Pérouse. Il s'agit d'une consultation concernant des fresques réalisées par Benedetto Bonfigli (1420-1496) dans la nouvelle chapelle du Palais public et commandées par les Prieurs de la ville. Fra Angelico et Filippo Lippi sont également consultés. Enfin, un document mentionne une consultation de Domenico Veneziano en 1457 à propos du retable de l'église Santa Trinita de la ville de Pistoia (Toscane) peint par Francesco Pesellino (1422-1457) et Filippo Lippi (1406-1469). Nous savons ainsi que Domenico Veneziano jouissait à cette époque d'une réputation exceptionnelle et qu'il conservait une activité. Mais de 1454 à 1461, date de sa mort, aucune œuvre de lui ne nous est parvenue.

Georgio Vasari présente Domenico Veneziano comme « le célèbre Domenico de Venise, qui était venu pratiquer à Florence la peinture à l’huile ». Ses peintures suscitaient l’admiration de tous. Vasari relate longuement la haine qu’éprouvait à son encontre Andrea del Castagno (1419-1457), jaloux des éloges adressés à Domenico. Reprenant un écrit anonyme du 16e siècle, Vasari transforme Andrea en assassin de Domenico. Mais nous savons aujourd’hui qu’Andrea est mort quatre ans avant Domenico et que cette anecdote est fausse. Voici ce qu’écrit Vasari à propos de Domenico Veneziano :

« La faveur dont jouissait Domenico ne tarda pas à allumer la rage d’Andrea, qui, malgré sa supériorité incontestable comme dessinateur, maudissait cette rivalité. Déjà Domenico avait peint, en compagnie de Pietro della Francesca, la sacristie de Santa-Maria-di-Loreto, et exécuté divers travaux dont nous ne citerons qu’une salle de la maison Baglioni, aujourd’hui détruite, lorsqu’il fut appelé à Florence. Il débuta dans cette ville par une Madone entourée de plusieurs saints, qu’il fit à fresque dans un tabernacle des Carnesecchi. Les éloges que tous les citoyens et tous les artistes d’alors se plurent à prodiguer à cette fresque excitèrent l’envie maudite d’Andrea. Il gagna par de perfides caresses l’amitié du confiant Domenico. L’affection que Domenico portait à Andrea était si vraie, qu’il ne fut pas longtemps sans lui dévoiler les secrets de la peinture à l’huile, que l’on ne connaissait point encore en Toscane. »

La légende de la rivalité haineuse entre Andrea del Castagno et Domenico Veneziano correspond cependant à l’émergence de deux tendances dans la peinture florentine de l’époque. Les dessinateurs comme Paolo Uccello (1397-1475) ou Andrea del Castagno s’opposent aux coloristes comme Fra Angelico (v. 1400-1455) et Domenico Veneziano. Mais le courant dominant était celui des dessinateurs et l’influence de Veneziano sur son époque en a été amoindrie. C’est ainsi qu’il faut interpréter les propos de Vasari écrits au 16e siècle avec un manque de recul historique. Comme on le verra ci-après, le coloriste Veneziano utilise magistralement les tons clairs pour donner à ses œuvres une douce luminosité. Les arrière-plans sont constitués de larges espaces naturels ou architecturaux offrant une perspective vaste et profonde. Ayant assimilé l’art de Masaccio, Veneziano saura infléchir la monumentalité un peu solennelle du grand maître vers un univers poétique qui le rapproche de Fra Angelico.

Piero Della Francesca

L'œuvre de Piero della Francesca (v. 1416-1492) se situe à la confluence des deux grands apports de la Première Renaissance. Son génie consiste à synthétiser la perspective monumentale de Masaccio et la palette claire et lumineuse de Domenico Veneziano et Fra Angelico.

Piero della Francesca, de son nom complet Piero di Benedetto de Franceschi ou encore Pietro Borghese, né entre 1412 et 1420 à Borgo San Sepolcro dans la haute vallée du Tibre en république de Florence et mort dans la même ville le 12 octobre 1492, est un artiste peintre et un mathématicien florentin du Quattrocento.

Il est vu surtout comme un peintre, mais à son époque il était aussi connu comme géomètre et mathématicien, maître de la perspective et de la géométrie euclidienne. Figure importante de la Renaissance italienne, Piero fait partie de la deuxième génération des peintres-humanistes. Sa peinture imprégnée de son goût pour la géométrie propose une iconographie à la confluence de questions théologiques, philosophiques et d'actualité.

Son travail s'inspire de la perspective géométrique inventée par Brunelleschi et théorisée par Alberti, la plasticité de Masaccio, la lumière intense qui éclaire les ombres et sature les couleurs de Fra Angelico et Domenico Veneziano et la description précise et réaliste flamande de Rogier van der Weyden. Les autres clés de son expression poétique sont la simplification géométrique des volumes, l'immobilité des gestes cérémoniaux, et l'attention à la vérité humaine.

Son activité peut être considérée comme un processus qui va de la pratique de la peinture aux mathématiques. Sa production artistique est considérée comme une recherche rigoureuse de la perspective, de la monumentalité plastique des personnages, de l'utilisation expressive de la lumière. S'il est profondément influencé par la peinture de la Renaissance du Nord de l'Italie, notamment par les écoles de Ferrare et de Venise, il est considéré comme le peintre majeur de la Renaissance géométrique d’Urbino et de l’Italie centrale.

Piero della Francesca et Melozzo de Forlì sont les plus célèbres maîtres de la perspective du xve siècle, reconnus comme tels par Giorgio Vasari et Luca Pacioli.

L'œuvre de Piero della Francesca se situe à la confluence des deux grands apports de la Première Renaissance. Son génie consiste à synthétiser la perspective monumentale de Masaccio et la palette claire et lumineuse de Domenico Veneziano et Fra Angelico.

Quelle est son approche de la représentation du réel ? Elle est conforme au credo de la Renaissance : reproduire aussi parfaitement que possible ce que l'œil humain capte du monde qui l'entoure. Mais ayant reçu une formation mathématique, il utilise la géométrie comme un instrument technique au service de l'art en inversant le processus créatif de la période précédente. Le Gothique international tentait de représenter les formes naturelles à partir de figures géométriques simples. Piero della Francesca cherche au contraire à simplifier les formes naturelles en les réduisant si possible à un assemblage de formes géométriques : cercles, cubes, cylindres, cônes, ellipses. Pour parvenir à un tel résultat, il faut discerner subjectivement l'essentiel, faire un choix réducteur, certes, mais qui donnera de la puissance à la représentation. Beaucoup plus tardivement dans l'histoire de l'art, le cubisme ira au bout de cette démarche. Giorgio Vasari n'a pas manqué de remarquer cette caractéristique chez Piero della Francesca :

« Nous citerons entre autres un vase qu'il avait formé en surfaces carrées, de manière que l'on voit de derrière, de devant et de chaque côté, le fond et les bords ; ce qui est assurément merveilleux, d'autant que les moindres détails sont exactement représentés, et que les lignes des contours se raccourcissent avec beaucoup de grâce. »

Les couleurs claires et la luminosité très étudiée viennent s'ajouter à cette stylisation géométrique. Le résultat est constitué d'images d'une remarquable qualité, d'une limpidité qui n'avait pas été atteinte auparavant. Pour tout regard humain, il y a une évidence de la beauté chez Piero della Francesca, que l'on retrouvera chez les grands maîtres de la Haute Renaissance.


Andrea Del Castagno

Très influencé par le sculpteur Donatello (1386-1466) et le peintre Masaccio (1401-1428), Andrea del Castagno (v. 1423-1457) imprimera à ses peintures un caractère sculptural accentué et une solennelle monumentalité. Cette puissante austérité atteint un sommet avec La Cène

Andrea del Castagno né Andrea di Bartolo di Bargilla (Castagno vers 1419 - Florence, 19 août 1457 ) est un peintre florentin de la Renaissance qui, par ses forts et minutieux clairs-obscurs a influencé l'école de Ferrare.

Andrea del Castagno, personnage important dans l'art florentin du XVe siècle, donnait une grande importance à la vérité de la représentation du corps humain. Il était un artiste de grand talent qui, d'après ce que Vasari a écrit dans sa biographie, avait appris le secret de la peinture à l'huile de Domenico Veneziano. L'écrivain arétin l'accusa d'avoir tué son maître, pour être ainsi le seul peintre à maîtriser cette technique. Cette accusation est totalement fausse, en raison du fait que Domenico Veneziano est mort après que la peste avait déjà tué Andrea del Castagno.

Parmi ses premières peintures il y a les fresques qu'il réalisa après la bataille d'Anghiari en 1440, sur la façade du palais du Bargello. Les fresques, qui représentaient les rebelles pendus, avaient été réalisées d'un tel réalisme que l'artiste fut appélé, par la suite de ces peintures, Andreino degli Impiccati (André des Pendus), qui devint ainsi son surnom. Bien évidente est l'influence de Masaccio (1401-1428), le grand peintre de la première Renaissance. Filippo Lippi (1406-1469) a été, probablement, son premier maître, Paolo Uccello (1397-1475) aussi, un des pionniers de la perspective, pourrait avoir eu une influence directe dans l'art de Andrea. Ces apprentissages ne sont pas documentés, mais Andrea del Castagno est souvent mentionné avec Uccello et Lippi en cette poussé donnée à la révolution de Masaccio au sein de l'art de la Renaissance. C'est cette révolution qui a mené les peintres florentins à dépasser la vision à la base de l'art gothique, pour se tourner vers une représentation plus naturaliste du monde et de l'homme.

Les premiers témoignages de l'influence de Masaccio sur Andrea del Castagno peuvent être remarqués dans la fresque de la Crucifixion et Saints, dans l'hôpital de Santa Maria Nuova. La plupart de ses œuvres se trouvent à Florence mais il travailla à Vénise aussi, entre 1442 et 1443 et à Rome, dans les appartements du Vatican, sur commande du pape Nicolas V, en 1454.

La Déposition, la Vierge à l'Enfant et saints et la Cène de Sant'Apollonia, ses fresques célèbres qui se trouvent à Florence. À propos de la Cène, la critique a souligné le talent extraordinaire du peintre dans la recherche d'équilibre entre les personnages et l'architecture. De sa dernière production on doit mentionner le fameux cycle figurant les Personnages illustres, de Villa Carducci, où il peignit les homme et les femmes célèbres, tels que Pippo Spano, Farinata degli Uberti, Dante, Petrarque, Boccaccio et d'autres

Le Monument équestre de Niccolò da Tolentino, dans la cathédrale de Florence, est considéré un des ses chefs-d'œuvre. La fresque de grandes dimensions faisait pendant au monument consacré à Giovanni Acuto, réalisé par Paolo Uccello. On peut bien dire que Andrea del Castagno apporta à la peinture florentine ce que Nanni di Banco et Donatello avaient apporté à la sculpture. Son influence se prolongea au cours de toute la Renaissance, pour arriver jusqu'à l'œuvre de Michel-Ange.

Andrea Mantegna

L'œuvre de Mantegna (1431-1506) se positionne pleinement dans le renouveau de l'art du 15e siècle. Il impose ce renouveau dans la région de Venise. Les grandes innovations qu'avait connues Florence n'avaient pas encore conquis la Vénétie au milieu du 15e siècle. Le style Gothique maintenait sa prééminence dans les villes de la vallée du Pô et c'est à Mantegna qu'elles doivent d'avoir franchi le pas vers la Renaissance.

Andrea Mantegna, né à Isola di Carturo, vers 1431 et mort le 13 septembre 1506 à Mantoue, est un graveur et peintre italien de la Première Renaissance qui a rompu définitivement avec le style gothique en plein milieu du XVe siècle, sans se départir de cette attitude tout au long de sa vie.

Marqué par l'héritage gréco-romain, exploitant la perspective par ses recherches sur le raccourci, il innove en termes d'architecture feinte, avec des décors muraux, des voûtes, créant des scènes d'une grandes virtuosité, grâce entre autres au trompe-l'œil et à un sens du détail.

Au-delà de Mantegna peintre de cour, émerge avec lui, dans l'art occidental, la figure centrale de l'artiste, du génie, qui fait école, et dont nous mesurons, des siècles plus tard, l'impact culturel.

Andrea Mantegna est né probablement en 1431 dans un petit village, Isola di Carturo (aujourd'hui Isola Mantegna, commune de Piazzola sul Brenta), situé non loin de Padoue, sur les terres de la République de Venise. Gardant des troupeaux, il est le second fils d'un charpentier-menuisier prénommé Biagio, de condition modeste, qui meurt entre 1449 et 1451.

Avant l'âge de onze ans, confié par ses parents en adoption, il entre comme apprenti chez le peintre Francesco Squarcione, qui est à la tête d'un atelier à Padoue, l'un des plus importants de cette région. Ancien tailleur et brodeur, Squarcione se passionne pour l'art ancien et la rhétorique. Il est, à l'image de son compatriote Pétrarque, amateur d'antiquités romaines, et avait amassé une quantité impressionnante d'objets datant de l'Empire romain, voire, grâce aux liens commerciaux entretenus par Venise, de la Grande Grèce (statues en marbre, vases, bronzes, bas-reliefs, etc.). Sa collection lui sert de modèle pour ses commandes dans le goût du temps, et on compte jusqu'à 137 élèves l'ayant assisté — dont les ferrarais Cosmè Tura et Francesco del Cossa —, tant son atelier était réputé dans toute l'Italie.

Le 23 mai 1445, dans le plus ancien document mentionnant son existence, Andrea Mantegna est appelé « Andrea pictore » : il s'agit du codicille d'un testament liant Squarcione à un notaire de Padoue. Tommaso Mantegna, le frère aîné d'Andrea, également tailleur, vit dans le quartier de Santa Lucia, non loin de l'atelier. Imprégné par l'humanisme renaissant, Squarcione lui enseigne le latin, les auteurs classiques, et lui donne à étudier des fragments de sculpture romaine, et par là, les figures, les volumes, la mise en perspective, comme le souligne Giorgio Vasari en ces termes : « Mantegna s'exerçait à partir d'objets en plâtre, copiés de statues antiques, et sur des copies de peintures, qui venaient de différents endroits, et en particulier de la Toscane et de Rome » (Les Vies, III). L'apprenti se passionne alors pour l'antiquité et va rester six ans au service du maître. Il est témoin des travaux de l'artiste florentin Donatello entrepris pour la ville à partir de 1443. La sensibilité au monde classique et le goût des antiquités deviennent l'une des composantes fondamentales de son langage artistique, qu'il a suivi tout au long de sa carrière. Mantegna quitte l'atelier de Squarcione, au moment d'un voyage effectué en compagnie du maître à Venise en 1448 ; les rapports se dégradent entre les deux hommes puisque Andrea attaque Squarcione en justice pour travaux impayés : Mantegna s'affranchit et part gagner sa vie.

Giovanni Bellini

Giovanni Bellini (1425/1433-1513) est le peintre qui représente le mieux la transition entre la Première Renaissance et la Haute Renaissance italienne. Il quittera peu à peu la puissante rudesse de Mantegna, pour une lumière plus rayonnante, des couleurs plus douces, des contours moins appuyés.

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Andrea del Verrocchio

Orfèvre, sculpteur, décorateur, peintre, restaurateur de sculptures romaines, Verrocchio (1435-1488) une large palette de savoir-faire. Son atelier reçoit une nuée d’élèves dont certains deviendront des artistes majeurs : Le Pérugin, Sandro Botticelli, Domenico Ghirlandaio, Léonard de Vinci.

Andrea di Michele di Cione dit Le Verrocchio est un sculpteur, peintre et orfèvre florentin de la seconde moitié du Quattrocento. Il reçut un nombre important de commandes de Laurent de Médicis, dit le Magnifique, tenant auprès de lui le rôle que Donatello avait joué auprès de Cosme l'Ancien.

Andrea di Michele di Cione est né à Florence vers 1435. Son père y exerçait l’activité de fabricant de briques et de tuiles puis devint collecteur d’impôts. La famille vivait dans la précarité et, par la suite, l’artiste réputé dut toujours venir en aide à ses frères et sœurs. Le jeune Andrea fut d’abord apprenti chez un orfèvre, Giuliano Verrochi, patronyme duquel dérive son pseudonyme Verrocchio.

Du fait de son exceptionnel talent de sculpteur, certains historiens ont présenté Andrea del Verrocchio comme un élève de Donatello (1386-1466), le plus grand sculpteur de la Première Renaissance. Mais il ne s’agit que d’une hypothèse.

Dans le domaine de la peinture, il commence à se former dans les années 1460. Il aurait été l’élève d’Alessio Baldovinetti (1427-1499), peintre florentin dont les compositions se caractérisent par des paysages d’arrière-plan très soignés. Il aurait également été l’élève de Filippo Lippi, à Prato, ville proche de Florence.

Mais c’est par la sculpture que Verrocchio se fit connaître. Après la mort de Donatello, en 1466, les Médicis avaient besoin d’un nouveau sculpteur. Verrocchio devint leur sculpteur en titre. En 1469, il devient membre de la guilde de Saint-Luc, corporation des peintres et sculpteurs de Florence.

C’est seulement à partir de cette date que ses œuvres nous sont connues, la plupart d’entre elles datant des dernières années de sa vie. L’atelier de Verrocchio à Florence est prospère et accueille de nombreux apprentis, parmi lesquels Le Pérugin, Sandro Botticelli, Domenico Ghirlandaio. Mais le plus célèbre d’entre eux, Léonard de Vinci, aurait, selon les spécialistes, aidé son maître à réaliser Le Baptême du Christ (1472-75). Vasari raconte à ce sujet une anecdote, probablement sans fondement, qui devint presque une légende :

« Il peignit à San Salvi, pour les religieux de Vallombrosa, un Baptême du Christ. Son élève, Léonard de Vinci, alors très jeune, y fit un ange tellement supérieur à toutes les autres figures, qu’Andrea, honteux d’être surpassé par un enfant, ne voulut plus jamais toucher à ses pinceaux. »

C’est l’ange le plus à gauche qui serait de Vinci. Le Baptême du Christ étant daté 1472-75, Vinci avait entre 20 et 23 ans à l’époque, et n’était plus tout à fait « un enfant ». En réalité, Vinci s’est beaucoup inspiré du style de Verrocchio, tout en le faisant évoluer.

Les activités de Verrocchio au service des Médicis étaient multiples et l’accaparaient beaucoup. Il a conçu des costumes et des armures décoratives pour leurs festivals, tournois et réceptions solennelles. Nommé conservateur de la collection d'antiquités des Médicis, il dut restaurer de nombreuses sculptures d’origine romaine.

Il n’existe aucune preuve documentaire que Verrocchio ait jamais quitté la région de Florence avant le début de la décennie 1480. En 1483, il s’installe à Venise, tout en conservant son atelier de Florence, désormais dirigé par Lorenzo di Credi (1459-1537), peintre et sculpteur florentin, qui, comme Léonard, doit beaucoup à son maître. A Venise, Verrocchio travaille jusqu’à sa mort, en 1488, à une statue équestre en bronze, érigée en l’honneur du condottiere Bartolomeo Colleone sur le Campo del Santi Giovanni e Paolo.

Verrocchio possède une large palette de savoir-faire. Son atelier reçoit une nuée d’élèves dont certains deviendront des artistes majeurs : Le Pérugin, Sandro Botticelli, Domenico Ghirlandaio, Léonard de Vinci,

Verrocchio aime travailler en communauté avec les membres de son atelier, de telle sorte qu’il est difficile de savoir ce qui est vraiment de la main du maître. Mais il conçoit et oriente. Il est aussi un grand pédagogue qui sait transmettre, ce qui explique le nombre de célébrités ayant fréquenté son atelier.

Il se distingue davantage par ses sculptures que par ses peintures. Il sait travailler la terre cuite et le marbre, mais c’est surtout par le travail du bronze qu’il reste dans l’histoire. Son Jeune David (1473-75), inspiré de celui de Donatello, le rendit célèbre.

La peinture de Verrocchio pose de gros problèmes d’attribution. Peu de tableaux lui sont unanimement attribués par les spécialistes, mais leur nombre augmente peu à peu. La filiation Lippi-Verrochio est particulièrement apparente dans les madones. Mais celles de l’élève n’atteignent pas la douceur intemporelle de celles du maître.

Vasari est très sévère lorsqu’il présente Verrocchio comme travailleur mais peu doué :

« Ses peintures et sculptures pèchent par un peu de dureté et de crudité, résultat des laborieux et pénibles efforts qu’il lui fallut faire pour suppléer à son manque de facilité naturelle, à défaut de laquelle on arrive rarement à l’extrême perfection. Néanmoins, grâce à ses études constantes, Andrea mérite d’être compté parmi les meilleurs maîtres de notre art. » (*)

Que ce soit par le travail ou le génie, il ne fait aucun doute aujourd’hui que Verrocchio figure parmi les très grands artistes du 15e siècle.

Sandro Botticelli

Oublié pendant près de quatre siècles, Botticelli (1444/45-1510) est aujourd'hui reconnu comme l'un des plus grands peintres de la Renaissance. Dessinateur exceptionnel, coloriste délicat, il dépasse, avec l'appui des Médicis, la thématique strictement chrétienne de la peinture de l'époque.

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Pietro Vannucci il Perugino

Très doué, Pietro Vannucci, dit Il Perugino (v. 1448-1523), va rencontrer un immense succès chez ses contemporains et y répondre par une production parfois surabondante et répétitive. Mais il a fait passer la peinture ombrienne du Moyen Âge à la Renaissance.

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Domenico Ghirlandaio

Domenico Ghirlandaio (1449-1494) est un peintre très éclectique et très productif. Il est surtout considéré comme un grand fresquiste. Outre leurs qualités techniques et artistiques, les fresques de Ghirlandaio constituent une collection unique d'images de l'époque.

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Vittore Carpaccio

Vittore Carpaccio (v. 1465-1525) représente des scènes religieuses dans un cadre architectural réaliste, celui de Venise à la fin du 15e siècle. Son œuvre sans équivalent constitue une lointaine préfiguration des vedute du 18e siècle.

Vittore Carpaccio, né vers 1465 à Venise et mort en 1525 ou 1526 à Capo d'Istria, de son vrai nom Scarpazza ou Scarpaccia, est un peintre italien narratif de l'école vénitienne, émule de Gentile Bellini et de Lazzaro Bastiani, et influencé par la peinture flamande.

Élève de Gentile Bellini, il a peint des suites narratives où l'observation fidèle, voire anecdotique, est dominée par un souci rigoureux de la composition. Il transpose les scènes de la vie des saints dans une Venise fastueuse ou dans un Orient pittoresque : Légende de sainte Ursule (1490-1496, Accademia, Venise), Histoire de saint Georges, saint Jérôme et saint Tryphon (1501-1507, scuola di San Giorgio), etc. De beaux tableaux isolés marquent la fin de sa carrière, dans un style déjà un peu attardé : les Deux Dames vénitiennes (musée Correr, Venise), la Présentation de Jésus au temple (Accademia), conversation sacrée dans le goût de Giovanni Bellini, l'âpre Christ mort (Berlin).

Autres Petits Maitres de la Première Renaissance

L’’invention de la perspective est souvent attribuée à Brunelleschi.

Ambrogio Lorenzetti est même probablement l’auteur de la première perspective mono-focale (Annonciation, avec dallage en perspective, 1344 Pinacoteca Nazionale, Sienne).

Masolino maîtrise les techniques de la fresque et des pigments.

Des fresques seront achevées par Filippino Lippi, le fils de Filippo.

L’élégance courtoise des œuvres de Gentile da Fabriano (1370-1427) dans ses Vierges à l’enfant.

Les peintres florentins également notoires du Quattrocento : Bartolommeo (1396-1472) et Battista Alberti (1404-1472).

Les peintres vénitiens du Quattrocento : Carlo Crivelli (1430/35-1495) et Gentile Bellini (1429-1507)

Antonello de Messine fut un des premiers peintres italiens à utiliser la peinture à l’huile qui faisait à l’époque la renommée des peintres flamands.

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La Haute Renaissance

Le terme traditionnel de Haute Renaissance n'implique pas une rupture avec la Première Renaissance. Le Pérugin, par exemple, est classé dans la Première Renaissance par certains historiens et dans la Haute Renaissance par d'autres. Il s'agit donc d'une continuation : redécouverte et idéalisation de l'art antique, tendance au réalisme par rapport à l'art du Moyen Âge. L'anatomie du corps humain est étudiée très précisément par Léonard de Vinci sous forme de dessins ou d'esquisses. Vinci est aussi un ingénieur qui construit diverses machines. Par rapport au Moyen Âge, imprégné de religiosité naïve, la Renaissance apparaît ainsi comme une époque où l'homme est au centre des préoccupations. Cet humanisme trouve son apogée avec l'apparition à la fin du 15e siècle de personnalités totalement hors du commun dans le domaine de l'art. Les artistes retenus ci-dessous pour la peinture de la Haute Renaissance font l'unanimité. Si l'art de la Première Renaissance a pu être négligé dans les deux ou trois siècles suivants, celui de Haute Renaissance a constitué la référence absolue. Il y a un avant et un après : c'est ainsi que les peintres antérieurs à Raphaël ont pu être qualifiés de "primitifs". C'est ainsi également que, lorsqu'à la fin du 19e siècle, certains peintres chercheront à retrouver le charme spontané et naïf de la peinture antérieure à la Renaissance, ils se qualifieront de préraphaélites.

L'épicentre de la Haute Renaissance n'est pas Florence, mais Rome. L'histoire politique explique cette évolution. La stabilité politique n'est plus assurée à Florence où la famille des Médicis perd de l'influence. A Rome, la papauté, qui avait été affaiblie par l'épisode des papes d'Avignon (1309-1418), a retrouvé au cours du 15e siècle sa puissance et son influence intellectuelle. Capitale de la chrétienté et héritière du riche patrimoine artistique de la Rome antique, la Ville Éternelle bénéficiait d'atouts considérables pour attirer les artistes italiens et même ceux de l'Europe entière.


Leonardo da Vinci

L'art et la science se partagent l'esprit de cet homme aux dons hors du commun. Léonard de Vinci (1452-1519) représente pour nous aujourd'hui l'un des rares modèles de l'esprit universel, curieux de tout, doué pour tout, car l'époque permettait encore à un être exceptionnel de se confronter à tous les savoirs.

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Michel-Ange

A propos de Michel-Ange (1475-1564), voici ce qu'écrivait Giorgio Vasari au 16e siècle : " Le divin Créateur... résolut de nous envoyer un génie universel, capable d'embrasser à la fois et de pousser à toutes leur perfection les arts de la peinture, de la sculpture et de l'architecture. "

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Giorgione

Giorgione (1477-1510) est un poète et un musicien amoureux de la nature. Il cherche à illustrer le rapport mystérieux et tellement poétique qui unit l'homme à la nature.

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Giovanni Gerolamo Savoldo

L’art de Savoldo (vers 1480-après 1548) se situe à la confluence de plusieurs courants de la première moitié du 16e siècle. S’il conserve le réalisme et la subtile poésie liée à son origine lombarde, il subit par sa longue présence à Venise l’influence de Titien (1485-1576) et Lorenzo Lotto (1480-1556). Le chromatisme puissant et l’expressivité de ses compositions en attestent.

Giovanni Gerolamo Savoldo, né vers 1480 à Brescia et mort après 1548, est un peintre lombard de la haute Renaissance.

On ignore la date exacte de naissance de Savoldo et sa vie est elle-même mal connue. Comme tous les artistes de son époque, il voyage au gré des commandes et travaille dans plusieurs villes de l’Italie du nord. Mais c’est à Venise qu’il passe le plus de temps.

Il naît aux environs de 1480 à Brescia, ville située entre Venise et Milan. On ignore tout de sa jeunesse, mais selon certaines sources il était connu à la fin du 15e siècle sous le nom de Girolamo Bresciano. Il est à Parme en 1506 et s’inscrit à la guilde des peintres de Florence en 1508.

Savoldo arrive à Venise vers 1520 et travaille pour des commanditaires locaux. En 1524, il reçoit la commande d’un grand retable pour l’église conventuelle San Domenico de Pesaro, ville située sur l’Adriatique à environ trois cents kilomètres au sud de Venise. Il s’agit de la plus grande œuvre connue de Savoldo, qu’il termine en 1526.

Le peintre retourne ensuite à Venise et on sait qu’autour de 1527 il épouse une veuve flamande, Maria di Tijlandrija. Ce mariage a pu l’influencer car il incorpore fréquemment dans ses tableaux des détails de composition provenant de sources nordiques. Par ailleurs, ses origines lombardes expliquent le naturalisme de ses compositions, étranger à la tradition vénitienne.

En 1530, Savoldo est à Milan et travaille pour le duc François II Sforza. Giorgio Vasari écrit dans ses Vies des meilleurs peintres :

« Giangirolamo de Brescia laissa de nombreux ouvrages à Venise et à Milan. Dans les bâtiments de la Monnaie de cette dernière ville, on voit de lui quatre superbes tableaux représentant des effets de nuit et de feu. »

Selon le Metropolitan Museum of Art, le tableau Saint Matthieu et les anges (v. 1534) pourrait être l’un de ceux mentionnés par Vasari.

En 1532, Savoldo est à nouveau à Venise et poursuit son activité artistique. Il travaille beaucoup sur les effets d’ombre et de lumière.

Les dernières mentions écrites concernant Savoldo datent de l’année 1548. Son nom apparaît en tant que témoin dans un acte notarié rédigé à Venise et également dans une lettre de l’écrivain Pietro Aretino (1492-1556). On perd ensuite sa trace et la date de sa mort n’est pas connue.

L’art de Savoldo se situe à la confluence de plusieurs courants de la première moitié du 16e siècle. S’il conserve le réalisme et la subtile poésie liée à son origine lombarde, il subit évidemment par sa longue présence à Venise l’influence de Titien (1485-1576) et Lorenzo Lotto (1480-1556). Le chromatisme puissant et l’expressivité de ses compositions en attestent. L’influence nordique a également été soulignée, qu’il s’agisse de Dürer, dont il a pu voir les estampes, ou de la peinture flamande, dont le goût du détail réaliste apparaît dans ses scènes religieuses.

L’œuvre conservé ne comporte qu’une quarantaine de pièces, peintures ou dessins. Savoldo est surtout connu pour ses tableaux en plan rapproché, comportant un seul personnage ou quelques figures religieuses. La composition baigne dans une ambiance vespérale avec de subtils jeux d’ombre et de lumière qui induisent sérénité et douceur mais permettent aussi au peintre de mettre en évidence le chatoiement des étoffes.

Lorenzo Lotto

Lorenzo Lotto (v. 1480-1556) n’est pas classable. Ses œuvres de jeunesse restent imprégnées de l’esprit du 15e siècle. Mais son style évolue considérablement et il appartient incontestablement à la Haute Renaissance. Il dépasse le classicisme et introduit dans ses compositions des accents maniéristes, caractérisés par une gestuelle appuyée et une torsion des corps.

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Raffaello Sanzio

La dimension mythique de Raphaël (1483-1520) prend naissance de son vivant. Il n'est pas considéré comme un humain ordinaire par ses contemporains mais comme un être spécifique, intermédiaire entre l'humain et le divin.

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Titien

L'œuvre de Titien (1488-1576) marque de son empreinte les trois premiers quarts du 16e siècle. La tradition vénitienne, attachée à la couleur, trouve en lui à la fois un point d'aboutissement et une ouverture vers le baroque qui s'épanouira au 17e siècle.

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Corrège

En étant ni tout à fait maniériste, ni encore baroque, mais plus vraiment classique, la peinture de Corrège (v. 1489-1534) représente un moment unique où couleur et mouvement se fondent avec une élégance singulière et une poésie sans égale.

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Autres Petits Maitres de la Haute Renaissance

Andrea del Sarto Peintre florentin dans la continuité de Raphael, Fra Bartoloméo et de Léonard de Vinci.

Sebastiano del Piombo

Giovanni Antonio Bazzi il Sodoma est un peintre siennois formé en Lombardie

C’est à Venise, en 1489, que l’activité du peintre Andrea Solario est signalée

La première École de Fontainebleau s’est formée autour de trois décorateurs italiens, Le Rosso, Le Primatice et Niccolò dell’Abate arrivés à Fontainebleau respectivement en 1530, 1532 et 1552.

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