Masaccio

Masaccio

Masaccio (1401-1428) utilise la perspective initiée par Brunelleschi pour imprimer plus de réalisme à ses œuvres. Il quitte résolument l'approche naïve et idéalisée du Gothique pour saisir la réalité humaine avec ses postures, ses mimiques et sa dimension psychologique.

Tommaso di Giovanni Cassai, dit Masaccio, né le 21 décembre 1401 à San Giovanni Altura et mort vers 1428 à Rome, est un peintre florentin fondamental considéré comme l'un des pionniers et des plus grands peintres de la Renaissance.  

Tommaso di Ser Giovanni fut orphelin de père à l'âge de cinq ans ; sa famille vint s'installer à Florence en 1417, après le remariage de sa mère. On ne sait rien de ses débuts avant 1422, date à laquelle il s'inscrivit à l'« Arte dei medici e speziali » de Florence. Il semble qu'il était un homme incapable d'affronter les aspects pratiques de l'existence. Marqué par la tristesse de son enfance, il restera pauvre et incompris de la plupart de ses contemporains. À sa mort, pourtant, Brunelleschi dira : « Nous avons fait une grande perte. » D'après Vasari, Masaccio était un personnage abstrait, tout dévoué à la cause de l'art, mais négligent et instable. Pendant longtemps, on pensa qu'il était l'élève deMasolino da Panicale (1383-vers 1447), tant les carrières et les œuvres des deux peintres se trouvent imbriquées. Masaccio étant le plus jeune, Vasari en a déduit que Masolino était le maître, théorie qui serait acceptable si Masolino n'était entré à la gilde de l'« Arte » un an après Masaccio, alors qu'à Florence aucun peintre ne pouvait prendre d'élèves avant d'y être inscrit. Il est en tout cas certain qu'ils travaillèrent ensemble à de nombreux ouvrages, tant à Florence qu'à Rome.

L'influence de Masaccio est flagrante dans l'œuvre de Masolino, surtout à la chapelle Brancacci. Élève de Gherardo Starnina (connu d'environ 1345 à 1413), Masolino demeure lié au gothique international ; il s'attache aux silhouettes élégantes, à la grâce, aux coloris rutilants, mais il va plus loin, car il marque un intérêt pour la lumière et rythme son espace en utilisant la perspective. Au cours de ses séjours en province, il a contribué à diffuser les nouveautés de Masaccio, dont lui-même a tiré profit, sans, cependant, en adopter la rigueur. Dans les fresques de la collégiale de Castiglione d'Olona, sur un ton plaisant, il réalise un équilibre entre la couleur et l'espace qui annonce Domenico Veneziano et Piero della Francesca.

Massaccio, lui, recherche dans sa peinture un prolongement du monde visible, soumis aux mêmes lois de la perspective : il mène à sa conclusion logique ce rapprochement avec le réel qu'avait amorcé Giotto. Avec Brunelleschi et Donatello (ce dernier mieux compris que lui dans l'immédiat, grâce à son irrésistible tension émotionnelle), il est le fondateur d'un style héroïque, fondé sur la recherche scientifique de la perspective, qui se répandit à Florence parallèlement au gothique international. Son influence, sensible chez de nombreux artistes du xve s., s'exerça surtout à partir des fresques de la chapelle Brancacci, véritable testament du maître. La peinture, dorénavant, adoptera cet ordonnancement des figures dans l'espace, proportionnées selon l'éloignement, et surtout ce modelé par l'ombre et la lumière qui donne une grande liberté d'expression. Masaccio y ajoute le sens plastique. Dans des architectures réduites à l'essentiel évoluent des personnages campés avec vigueur, d'une noblesse qui répudie l'élégance. Le peintre leur fait exprimer la gamme la plus variée des passions humaines, par une sorte de génie dramatique qui se trouve aussi dans la sculpture de Donatello. De même qu'il fut le premier à parfaitement comprendre l'art de Giotto, Michel-Ange, qui dessina d'après ces fresques, fut le premier à pénétrer leur signification.

Florence Santa Maria Novella 

Trinité

Florence église Santa Maria del Carmine

Le Paiement du tribut

Le Paiement du tribut, fresque, Masaccio (Florence, église Santa Maria del Carmine, chapelle Brancacci). Avec le Paiement du Tribut, on entre dans l’œuvre de catéchèse au sein du monde hellénistique et romain, fortement urbanisé et donc plus proche de l’actualité florentine. Sur la droite, les limites de la ville correspondent fonctionnellement au récit ; d’abord la maison du collecteur avec sa « loggetta », avant-poste intermédiaire entre l’espace ouvert de la campagne et les volumes solides des constructions urbaines, puis l’amorce du petit pont qui franchit un probable fossé et qui constitue l’introduction des aventures qui se dérouleront à l’intérieur des remparts de la cité.