C - Italiens Modernes

L'Art Moderne italien

Des courants artistiques, nés en Europe du Nord, se sont plus ou moins développés en Italie. C'est le cas du symbolisme avec un peintre comme Giovanni Segantini qui mêle les sujets symbolistes et un style divisionniste, mais aussi Felice Casorati dont les œuvres sont également, à ses débuts, proches du réalisme magique. L'un des représentants italiens du pointillisme, issu de l'impressionnisme, est Giuseppe Pellizza qui se consacre aussi au divisionnisme. Tous ces mouvements nés à la fin du xixe siècle ont pour caractéristique d'avoir fait entrer la peinture italienne dans la modernité.

Le futurisme est né en Italie autour du poète Filippo Tommaso Marinetti qui publie en 1909 un manifeste du futurisme. Les premiers peintres du mouvement, Giacomo Balla, Umberto Boccioni, Carlo Carrà, Gino Severini et Luigi Russolo, sont influencés par le divisionnisme du siècle précédent et le cubisme. Ce courant s'est diffusé en Italie jusque dans les années 1920 avec des peintres tels que Aroldo Bonzagni, Ambrogio Casati, Primo Conti, Fortunato Depero, Gerardo Dottori ou Enrico Prampolini. Le futurisme préfigure le Surréalisme qui apparaît entre deux guerres

En opposition au futurisme, la peinture métaphysique (pittura metafisica) est un courant artistique italien fondé en 1917 par Carlo Carrà et Giorgio de Chirico qui se sont rencontrés à Ferrare. Ce mouvement cherche à représenter ce qu'il y a au-delà de l'apparence physique de la réalité, au-delà de l'expérience des sens. Les deux fondateurs du mouvement sont rejoints au début des années 1920 par d'autres artistes comme Alberto Savinio, Filippo De Pisis ou Giorgio Morandi.

La peinture métaphysique inspirera le surréalisme. Leurs peintures abordent des thèmes fantastiques, des mythes, des allégories, avec généralement une juxtaposition d'images ou d'objets hétéroclites. Parmi les artistes italiens de ce courant figurent Enrico Baj, Carlo Carrà, Giorgio De Chirico qui revint par la suite à une peinture beaucoup plus traditionnelle, et Leonor Fini.

Les peintres Ottone Rosai et Mario Sironi ont quant à eux adhéré à l'expressionnisme après la seconde Guerre mondiale. Le peintre figuratif Modigliani fait également partie de cette mouvance même s'il a passé la majeure partie de sa vie en France.

Amadeo Modigliani

Les thèmes favoris de Modigliani sont la figure humaine et le nu. Dans ses peintures, Modigliani développe un certain nombre de critères stylistiques tels que le trait fortement accusé, la délimitation de surfaces, l’étirement des corps, facteur d’élégance et les yeux en amande placés souvent de façon asymétrique. Cette façon de travailler les volumes est assurément liée à sa pratique antécédente de sculpteur.

Les tableaux de Modigliani sont remarquables par la simplicité, la sobriété des lignes et des couleurs. Ses oeuvres traduisent un goût pour les compositions rigoureuses et sobres, à l'image des figures de l'Art Nègre et des mosaïques Byzantines.

Malgré la simplification et la déformation, les portraits de Modigliani ne perdent ni en caractère ni en expressivité. L'artiste utilise une palette limitée aux tons terre, bruns, rouges. Le portrait, de face, est simplifié. Les yeux sont en amande, le nez montre un long profil, le cou est allongé en référence à Sandro Botticelli. Modigliani renforce son propos en ajoutant au contraste des tons, des cernes de noir et de brun qui délimitent le contour du dessin. Souvent au bord de la misère, on en fait une figure de légende, celle du "peintre maudit".

Amedeo Clemente Modigliani, né le 12 juillet 1884 à Livourne et mort le 24 janvier 1920 à Paris, est un peintre et sculpteur italien rattaché à l'École de Paris.

Né dans une famille intellectuelle de juifs commerçants le12 juillet 1884 à Livourne, Amedeo est le quatrième enfant d'un homme d'affaire ruiné et d'Eugénie Garsin. Son enfance est pauvre et marquée par la maladie.

En 1886, Eugénie Garsin entreprend une chronique de la vie familiale. Elle mentionne pour la première fois son fils Amedeo dit "Dedo" : "un peu gâté, un peu capricieux mais joli comme un coeur". Les Modigliani quittent leur maison de la Via Roma pour une plus petite Via delle Ville à Livourne. A cette époque, Flaminio Modigliani est presque toujours en voyage. Avec eux vivent la grand-mère maternelle, le grand-père Isaac et les soeurs d’Eugénie, Laure et Gabrielle. Le petit Dedo et le grand-père Isaac sont des compagnons inséparables jusqu’à la mort de ce dernier. Isaac Garsin est un grand érudit et passe beaucoup de temps avec l’enfant, lui parlant d’art et de philosophie. Eugénie Garsin et sa soeur Laura enseignent dans la maison Via delle Ville.

Isaac Garsin décède en 1894. Uberto, fils de Rodolpho Mondolfi, ami d’Eugènie, est le premier grand ami de Dedo jusqu’en 1898. Le reste du temps, le petit Dedo vit entouré d’adultes.

En 1895, la mère d’Amadeo mentionne dans son journal : "Dedo a eu une pleurésie très grave et je ne me suis encore remise de la peur terrible qu’il m’a faite. Le caractère de cet enfant n’est pas encore assez formé pour que je puisse dire ici mon opinion. Ses manières sont celles d’un enfant gâté qui ne manque pas d’intelligence. Nous verrons plus tard ce qu’il y a dans cette chrysalide. Peut-être un artiste ?". Modigliani fréquente le lycée de Livourne.

En juillet 1897, Amedeo passe des examens et marque dans le journal de sa mère : "Je suis en train de passer des examens et je devrais faire un minimum. Les examens sont de quatrième en cinquième. Ceci pour les annales de la famille Modigliani." En août, il est reçu à ses examens.

Le 4 mai 1898, Emmanuel Modigliani - frère d'Amedeo - est arrêté pour ses activités politiques et condamné à huit mois de prison. Amedeo le considère comme "un héros". En août, Amedeo est de nouveau atteint d’une fièvre typhoïde suivie de complications pulmonaires. Il commence des leçons de dessin auprès du peintre Guglielmo Micheli à la Villa Baciocchi.

En avril 1899, Amedeo abandonne définitivement les études pour se consacrer à la peinture. A l’atelier, il rencontre Oscar Ghiglia qui deviendra un de ses meilleurs amis. Il reste de cette époque un portrait du fils Micheli et son autoportrait signé.

En 1900, Amedeo est atteint d'une nouvelle crise de pleurésie. Il est également touché par la tuberculose. Lors de l'hiver 1901, Amedeo et sa mère quittent Livourne pour un voyage de convalescence. Ils vont à Naples, Capri, Amalfi, Rome, Florence et Venise. Ils visitent les musées, les galeries et les églises. Pendant ce temps, Amedeo écrit plusieurs lettres à Oscar Ghiglia dans lesquelles il décrit son attachement pour l’art et les découvertes qu’il a faites.

En 1902, Amedeo Modigliani séjourne à Rome où il fait des copies dans les musées. Le 7 mai, il séjourne à Florence et s’inscrit à la Scuola di Nudo. Il partage un atelier avec Oscar Ghiglia. Il rencontre Ortis de Zarate. A la fin de l’été, il fait de la sculpture à Pietrasanta près de Carrara. Il admire le travail de Fattori. Dès cette époque, il souhaite partir travailler à Paris. Le 19 mai 1903, Amedeo Modigliani s’inscrit à l’institut des Beaux-Arts de Florence. Il étudie Carpaccio, Bellini et l’Ecole de Sienne. Il habite au 22 Via Maggio puis dans la Campielle Centopiere. Pendant ce séjour, il est aidé financièrement par son oncle Amédée Garsin. Ses amis sont notamment : Umberto Brunelleschi, Umberto Boccioni, Fabio Mauroner...

Son oncle Amédé Garsin décède en 1905. Le départ d'Amedeo pour Paris est remis en cause faute de moyens. Eugénie Garsin mentionne dans son journal : "Dedo, à Venise, a fini le portrait de Olper et parle d’en faire un autre...". Elle s’inquiète de sa santé. A la fin de l’année, sa mère lui rend visite et lui donne de l’argent pour partir à Paris. En janvier 1906, Amedeo Modigliani arrive à Paris. Jusqu’à sa mort, sa vie sera marquée par l’alcool et la drogue. Il habite dans un hôtel près de la Madeleine. Il s’inscrit à l’Académie Colarossi, rue de la Grande-Chaumière et loue un atelier dans le maquis de Montmartre, rue Caulaincourt, près du Bateau-Lavoir où il rencontre les artistes de Montmartre : Pablo Picasso, Guillaume Apollinaire, André Derain et Diego Rivera ainsi que des intellectuels et artistes juifs comme Max Jacob. Il peint surtout de petits portraits. En hiver, il expose trois peintures dans la Galerie d’art de Laura Wylda, rue des Saints-Pères.

En 1907, Amedeo Modigliani quitte son atelier de la rue Caulaincourt et change régulièrement de logement (hôtel du Tertre, au Bateau-Lavoir et à l’hôtel Bouscarat), puis s’installe 7, place Jean-Baptiste Clément. Il rencontre Utrillo, Utter et Latourette (financier amateur d’art). En novembre, il rencontre le Dr. Paul Alexandre avec qui il se lie d’amitié. Jeune médecin amateur d’art, il sera le premier à s’intéresser à l’oeuvre de Modigliani. Il va le soutenir et l’encourager jusqu’en 1914, lui achetant régulièrement des oeuvres. Il le convainc d’exposer au salon des Indépendants. Modigliani s’intéresse aux arts primitifs et est influencé par l’oeuvre de Toulouse-Lautrec. Au Salon d’Automne, il expose deux toiles et cinq aquarelles. A ce salon, il découvre Cézanne à qui un hommage est rendu.

En 1908, Modigliani fréquente la colonie d’artistes, 7 rue du Delta, créée par Paul Alexandre et son jeune frère Jean. Lieu de vie et de travail, la colonie est supervisée par Maurice Drouard et Henri Doucet. Le 20 mars, il expose six oeuvres au salon des Indépendants dont la "Juive et l’idole". Il fait de la sculpture dont une à partir des traverses de chêne servant à la construction de la station de métro Barbès Rochechouart. Pendant cette période il connaît des difficultés financières importantes.

En 1909, Amedeo Modigliani s’installe à Montparnasse. Il rencontre la famille de Paul Alexandre dont il fait les portraits du père et de son frère. Il fait le premier portrait de Paul Alexandre. Il rencontre le sculpteur roumain Constantin Brancusi avec qui il se lie d’amitié. Brancusi lui fait découvrir l’art nègre et l’aide à travailler la sculpture sur pierre. Il refuse de signer le Manifeste Futuriste par Marinetti. En été, il retourne à Livourne pour quelques mois où il fait plusieurs études de tête, dont deux seront exposées au salon des Indépendants. Emmanuel lui trouve un travail de sculpteur à Carrara. En septembre, il revient à Paris avec "Le Mendiant", que Paul Alexandre achète. Il s’installe au 14 de la cité Falguière, à Montparnasse où il travaille la peinture et la sculpture.

En 1910, Amedeo Modigliani participe au 26e Salon des Indépendants. Modigliani attend d’être véritablement remarqué par les critiques mais seul Paul Alexandre lui achète ses oeuvres. Il vit plus ou moins dans la misère. Il habite successivement à la Ruche, au 216 boulevard Raspail, au 16 rue Saint-Gothard à Montparnasse ; puis de nouveau à Montmartre, 39 rue du passage de l’Elysée des Beaux-Arts, dans le couvent des Moineaux et à plusieurs reprises au Bateau-Lavoir. Jusqu’en 1914, il va se consacrer presque exclusivement à la sculpture sans pour autant abandonner la peinture. Il visite les expositions Matisse et Cézanne, ainsi que le Musée ethnographique du Trocadero.

En 1911, Amedeo Modigliani habite 39, passage de l’Elysée des Beaux-Arts. Il expose un ensemble de têtes sculptées ainsi que des gouaches à l’atelier du peintre portugais Amadeo de Souza Cardoso, rue du colonel Combes. Il fait un deuxième portrait de Paul Alexandre (il en fera un troisième en 1913). En mauvaise santé, sa tante Laure veut l’emmener en Normandie pour qu’il se repose. En septembre, il fait un court séjour à Yport en sa compagnie.

En 1912, Modigliani continue à faire de la sculpture. Il expose sept sculptures (têtes, ensemble décoratif) au salon d’Automne. Il rencontre Lipchitz et Jacob Epstein. Son frère Umberto l’aide financièrement. Il tombe de nouveau très malade et ses amis, dont Ortis Zarate, décident de l’envoyer en Italie chez sa mère. Les dates de ce voyage sont incertaines.

En 1913, avant de partir à Livourne, il dépose des sculptures, des gouaches et des dessins chez Paul Alexandre. De retour à Paris, il commence le cycle de Cariatides. Le marchand de tableaux Chéron, rue de la Boétie, s’occupe de lui pendant quelques temps. Chéron n’a pas réellement d’expérience en art et recherche plus son intérêt que celui de l’artiste. Il rencontre le sculpteur Ossip Zadkine, Kisling, Foujita et Soutine. Le marchand Paul Guillaume commence à s’intéresser à son travail.

En 1914, Modigliani reprend son travail de peintre et doit abandonner la taille directe. Au printemps, il fréquente Nina Hamnet. Le poète Max Jacob arrange une rencontre entre Paul Guillaume et Modigliani. Il devient son marchand : "En 1914, pendant toute l’année 1915 et une partie de 1916, j’ai été le seul marchand de Modigliani..." Il lui loue un atelier 13, rue Ravignan près du Bateau-Lavoir à Montmartre. Il vit quelques temps avec Diego Rivera au 16 rue Saint-Gothard. En juillet, il rencontre Béatrice Hastings, journaliste et poétesse anglaise, avec qui il vivra deux années souvent mouvementées. Sa production devient plus sûre, plus intense et sereine. Il fera de nombreux portraits de sa compagne. Il travaille chez Béatrice Hastings, chez le peintre Haviland ou bien dans l’atelier de la rue Ravignan. Il se fait réformer pendant la guerre. Paul Alexandre est mobilisé et ne reverra pas Modigliani. La collection de Paul Alexandre est essentiellement composée d’oeuvres datant de 1907 à 1912.

En 1915, Paul Guillaume lui achète des tableaux. Il réalise de nombreux portraits (Paul Guillaume, Apollinaire, Max Jacob, Kisling, Henri Laurens et en particulier Béatrice Hastings). Il fréquente Vlaminck, Picasso, Derain, Marie Vassilieff. Il habite 13, place Emile Goudeau. Dans une lettre à se mère datée du mois de novembre il écrit : "...Je fais de nouveau de la peinture et j’en vends. C’est beaucoup..." Les disputes avec Béatrice Hastings sont de plus en plus fréquentes.

En 1916, Modigliani rompt avec Béatrice Hastings. Son état de santé s’aggrave. Il expose avec ses amis dans l’atelier du peintre suisse Lejeune au 6, rue Huyghens. Cet atelier devient un centre de travail pour les artistes d’avant-garde. Il y rencontre le poète polonais Léopold Zborowski qui devient son marchand. Simone Thiroux est sa nouvelle maîtresse.

En 1917, il rompt avec Simone Thiroux qui est enceinte. Il conteste la paternité. Modigliani travaille dans l’appartement de Zborowski, 3, rue Joseph Bara à Montparnasse et lui cède sa production pour quinze francs par jour. Il réalise de nombreux portraits de Zborowski et de sa femme Hanka, et de leur amie Lunia Czechowska. Il commence une première série d’études de nus. En mars, il rencontre Jeanne Hébuterne, étudiante à l’Académie de Colarossi, qui devient sa compagne. En juillet, ils s’installent 8, rue de la Grande-Chaumière, dans une chambre louée par Zborowski. Le 3 décembre, Zborowski organise la première exposition personnelle de Modigliani à la galerie Berthe Weill, 50, rue Taitbout. Les nus exposés dans la vitrine font scandale et sont menacés de saisie par la police pour outrage à la pudeur. Avec ce scandale, aucun tableau n'est vendu. Modigliani travaille de façon intense.

En 1918, Modigliani réalise une autre série de nus. En mars, son état de santé se dégrade de plus en plus. Zborowski décide de l’envoyer sur la côte d’Azur avec Jeanne qui est enceinte. Ils s’installent à Nice pour un an. Sous la lumière du midi, Modigliani éclaircit sa palette, travaille sur des formats plus grands. Il peint les quatre seuls paysages que l’on connaisse de lui. Il retrouve Soutine et Foujita. Le 29 novembre, naît Jeanne, déclarée à l’état civil comme fille de Jeanne Hébuterne et de père inconnu. Elle sera par la suite reconnue par l’artiste. En décembre, Paul Guillaume organise une exposition dans sa galerie, Faubourg Saint-Honnoré à Paris, qui rassemble les toiles de Modigliani, Picasso et Matisse.

En 1919, Modigliani écrit plusieurs lettres à Zborowski pour lui demander de l’argent et envoie régulièrement ses toiles achevées à Paris. Il restera plusieurs mois à Cagnes dans la villa du peintre Osterlind. Il rend visite à Renoir. En mai, il retourne à Paris. Jeanne est de nouveau enceinte et sa fille le rejoint le mois suivant. En juillet, il s’engage par écrit à épouser Jeanne. Son état s’aggrave mais il continue de peindre ses proches : Jeanne Hébuterne, Lunia Czechowska, Hanka Zborowska, Zborowski... Il participe à l’exposition "Modern French Art" à la galerie Mansard à Heale en Angleterre. En septembre, il expose à Londres à la Hill Gallery où il a un grand succès. Francis Carco fait l’éloge de son travail dans un article pour l’Eventail, un magazine suisse. Quatre peintures de Modigliani sont exposées au Salon d’Automne.

En 1920, sa santé se détériore rapidement. Il fait son auto-portrait. Le 22 janvier, il est emmené inconscient à l’Hôpital de la Charité. Le 24 janvier, Modigliani meurt à l’Hôpital d’une méningite tuberculeuse sans avoir repris connaissance. Le 25 janvier, Jeanne Hébuterne enceinte de huit mois se jette du cinquième étage de l’immeuble de ses parents, laissant la petite Jeanne orpheline. Le 27 janvier, Modigliani est enterré "comme un prince" au cimetière du Père-Lachaise entouré de nombreux amis,

Mario Sironi

Mario Sironi est un peintre italien de la première moitié du XXᵉ siècle, se rattachant au mouvement futuriste. Sa peinture a toujours été associée au fascisme.

Mario Sironi est né le 12 mai 1885 à Sassari , alors qu'il est jeune, sa famille s'établit à Rome et il abandonne ses études d'ingénieur et commence à fréquenter l'Accademia di San Luca et l'étude de Giacomo Balla se liant d'amitié aussi avec Gino Severini et Umberto Boccioni.

Né à Sassari en 1885, Il a déménagé à un âge précoce à Rome, où il a entrepris ses études. Il est resté perdu son père à l'âge de treize ans et a été initié aux études techniques, soutenues par l'étude privée de la musique et de la littérature avec sa soeur Cristina, pianiste prometteur. En 1902 il a rejoint la faculté de génie dont il a assisté pendant un an seulement, sentant la vocation artistique perturbatrice. De l'âme très introverti et sujettes à la dépression, il a assisté à l'École libre de Nu via Ripetta et au studio de Giacomo Balla. Là, il rencontre Severini et Boccioni, qui est devenu son meilleur ami. Il a été l'un des plus grands partisans du groupe « Novecento » et approfondi des aspects particuliers d'une peinture Trouvées mur: en 1933 publié le « Manifeste de la peinture murale » qui trouve grâce à deux collègues, Carra et Cordes. Sa peinture a toujours été associée au fascisme, comme si l'artiste lui-même en essayant de théoriser mouvement esthétique, mais était en fait une peinture à vocation sociale face au peuple, dans le sens d'une révolte peinture plus les salons bourgeois, mais les places, et poétique soutenir la renaissance de l'Italie, En outre, dans l'espoir d'un renouveau de l'art italien. Son style est dans les représentations de personnes dans la réalisation de vues de banlieue était de moule classique, le maintien d'un point de vue linéaire et une simplification des formes de métaphysique solide. Le peintre était encore proche du fascisme jusqu'à la fin adhérant à la République de Salò, même risquer, la chute du régime, pour être fusillé. La chute du régime était pour lui, L'homme fermé de l'âme, un moment de grande confusion, sinon arrêté la peinture, tout en notant avec déception les prix qui ont été remis. Il est mort en Août 1961 après avoir lutté contre l'arthrite progressive.

Giorgio Morandi

Giorgio Morandi, né à Bologne en Italie le 20 juillet 1890, est considéré comme un maître de la nature morte. Il travaille la peinture à l’huile et ses arrangements de vases et bols sont travaillés avec de faibles niveaux de saturation de couleurs et une variation subtile de tons. Influencé par les postimpressionnistes et les premiers peintres cubistes comme Cézanne et Picasso, Morandi développe son style de peinture simple à l’académie des beaux-arts de Bologne, où il apprend à graver en étudiant les estampes de Rembrandt. Les œuvres de Morandi se distinguent par le fait que sa direction reste la même tout au long de sa carrière, amenant les critiques et les historiens d’art à supposer que ses peintures et estampes sont des rejets discrets du monde moderne tumultueux dans lequel il vit. Après sa mort le 18 juin 1964, le travail de Morandi est acclamé par la critique, des expositions sont organisées à travers le monde, notamment au Modern Art Museum de Bologne, au Met de New York et dans la collection de la Maison Blanche à Washington

Giorgio Morandi est un peintre et graveur italien contemporain.

Giorgio Morandi ( 1890-1964) peintre italien est né à Bologne où il résidera toute sa vie.

Il poursuit des études artistiques à l’Ecole des Beaux-Arts de sa ville natale. Au début des années 1910, il découvre les fresques de Giotto, Piero della Francesca, Uccello ou Masaccio mais surtout l’œuvre de Cézanne.

En lisant dans des articles d’ Ardengo Soffici dans la revue d’avant-garde « Le Voce » il est très au fait de l’évolution de l’art de son temps.

Il est diplômé en 1913 et l’année suivante, est en contact avec les « Futuristes italiens » avec lesquels il expose à Rome à la Galerie Spovieri.

Il est vite réformé de l’Armée et il est engagé à l’Ecole élémentaire d’arts plastiques. Il y enseignera jusqu’en 1929.

Après la guerre, il s’éloigne vite du courant futuriste. Il adhère au groupe de Mario Broglio autour de la revue « Valori plastici » puis au mouvement « Strapaese ». Il est influencé par la « peinture métaphysique » de Giorgio de Chirico et Carlo Carrà. Comme beaucoup d’artistes et intellectuels, il espère un temps que la « révolution fasciste » va apporter un souffle de modernisme à la culture de son pays.

En 1930 il obtient la chaire des Techniques de gravure à l’Académie des Beaux-Arts de Bologne où il enseignera pendant 26 ans.

La vie se déroule entre ses cours, sa peinture dans l’appartement qu’il occupe acec ses trois soeurs et quelques expositions internationales comme à la « Pittsburgh World Exhibition »

En 1939, à la Quadriennale de Rome Morandi reçoit un second prix de peinture. Lorsque la guerre éclate il se retire dans le village de Grizzana où il peint essentiellement des paysages.

En 1948 il reçoit le premier prix de la Biennale de Venise, puis plus tard de São Paulo. De nombreuses expositions lui sont consacrées à Rome, Londres, New York. Les musées italiens et américains possèdent ses œuvres.

Giorgio Morandi n’appartient à aucune école. L’influence de Cézanne auquel il emprunte la densité des couleurs et des formes est importante. Cependant il a une approche personnelle très forte. Il utilise une palette restreinte très travaillée avec d’innombrables couleurs et un dessin raffiné.

Il a peint des paysages mais les natures mortes constituent le thème principal de ses œuvres. Les pots, les vases, les bouteilles, souvent les mêmes sont représentés suivant des angles sans cesse renouvelés, sur une table, une étagère.

Giorgio de Chirico

Giorgio De Chirico, né le 10 juillet 1888 à Vólos en Thessalie, et mort le 20 novembre 1978 à Rome, est un peintre, sculpteur et écrivain italien dont les œuvres, unanimement admirées des surréalistes jusqu'en 1925, ont ensuite été rejetées tout aussi unanimement.

Si on voit communément en Giorgio De Chirico un peintre italien, c'était en réalité un cosmopolite. Quand il arrive à Paris en 1911, il a peu séjourné en Italie. Il a grandi en Grèce, à Volós et à Athènes, dans une famille de nationalité italienne installée de longue date en Grèce. Après la mort de son père, il vit plusieurs années avec sa mère et son frère à Munich où il poursuit ses études à l'Académie des Beaux-Arts. Quand, de passage en Italie en 1911, il est incorporé pour son service militaire, il se sauve de la caserne et part pour Paris.

C'est une "métaphysique" du réel qu'il invente, il dit la trouver dans "cette même tranquille et absurde beauté de la matière", grâce à "la clarté de la couleur" et "l'exactitude des volumes". De Chirico est convaincu qu'"il y a bien plus d'énigmes dans l'ombre d'un homme qui marche au soleil que dans toutes les religions passées, présentes et futures".

Il peint des toiles où le temps s'est arrêté aux aiguilles d'une horloge, une référence à "l'éternel présent" de Nietzche. On reconnaît les arcades de Turin et ses Ariane couchées sont une autre allusion au philosophe. Un train passe souvent dans le paysage, évoquant la figure paternelle trop tôt disparue (son père travaillait dans les chemins de fer).

Ses paysages oniriques et étranges font de lui l’un des artistes influents du XXe siècle, entre autres sur Max Ernst, Giorgio Morandi et René Magritte. Décrivant souvent des espaces architecturaux imaginaires peuplés uniquement par une sélection inhabituelle d’objets, de Chirico aborde l’ambiguïté et le mystère et a cette phrase célèbre « Que devrais-je aimer si ce n’est le mystère ? » Il étudie à l’académie des beaux-arts de Munich en 1906. Il se rend à Paris en 1911 et expose au Salon d’Automne, notamment Enigma of an Afternoon (1910), la première de ses séries sur « les places publiques métaphysiques ». Il fonde ensuite le mouvement de la Scuola Metafisica en 1917, puis renonce à la peinture métaphysique et surréaliste dans un article publié en 1919 et intitulé « The Return of Craftsmanship ». De Chirico affirme un retour à une iconographie et des techniques traditionnelles reflétant le retour du classicisme à travers l’Europe de l’époque. Durant les années 1930, il adopte un style néo-baroque qui ne rencontre pas le même succès que ses œuvres surréalistes précédentes. Il s’installe à Rome en 1944 où sa maison est désormais devenue un musée. En 1974, il est élu à l’Académie des beaux-arts de France et meurt quatre jours plus tard à Rome.

Carlo Carrà

Carlo Carrà, né le 11 février 1881 à Quargnento près d'Alexandrie en Italie, mort le 13 avril 1966 à Milan, est un peintre italien, cofondateur du futurisme. Proche des libertaires dans sa jeunesse, il terminera aux côtés des ultra-nationalistes lors de la montée du fascisme mussolinien.

À l'âge de 15 ans, il travaille en tant que décorateur mural à Milan où il fréquente musées et galeries et découvre la peinture de Giovanni Segantini.

Entre 1899 et 1900, Carlo Carrà est à Paris pour décorer des pavillons de l'exposition universelle. Il se familiarise avec l'art contemporain français, notamment, l'impressionnisme.

Il passe six mois à Londres et fréquente des anarchistes italiens exilés.

De retour à Milan, il intègre l'Académie des beaux-arts de Brera où il suit les cours de Cesare Tallone (1906).

En 1910, avec Umberto Boccioni, Luigi Russolo et Marinetti, il signe le Manifeste de la peinture futuriste.

En 1915, Carrà et Giorgio De Chirico et son frère Alberto fondent le mouvement Pittura metafisica, reprenant le terme «métaphysique» écrit par Guillaume Apollinaire dans un compte rendu à l'occasion d'une exposition de tableaux de De Chirico au Salon d'automne de 1913 à Paris.

Comme beaucoup d'autres futuristes, Marinetti, le premier, mais aussi le peintre Giorgio Morandi, il est séduit par le fascisme de Mussolini. Il adopte des opinions réactionnaires jusqu'à devenir ultra-nationaliste et irrédentiste.

Outre ses peintures, on compte parmi ses réalisations de nombreux livres d'art. Il a également enseigné à Milan.

Umberto Boccioni

Techniquement, Umberto Boccioni, comme la plupart des peintres futuristes cherche à rendre compte dans ses oeuvres d'une dynamique de mouvement, une sensation de vitesse.

Umberto Boccioni est un peintre et sculpteur futuriste italien, né le 19 octobre 1882 à Reggio Calabre, mort le 16 août 1916 à Vérone.

En 1908, Umberto Boccioni fait à Milan la connaissance du poète Filippo Tommaso Marinetti, créateur du Futurisme, dont le manifeste paraît le 20 février 1909. Le peintre Carlo Carrà commente : « Répandre quelques jours plus tard, à des milliers d'exemplaires, cet appel à une rébellion hardie et ouverte, sous le ciel gris de notre pays, fit l'effet d'une décharge électrique. » Boccioni devient alors le théoricien de ce mouvement pictural. En 1914, il publie Peintures, Sculptures futuristes et explique ainsi l'objectif de ce mouvement : « Tandis que les impressionnistes font un tableau pour donner un moment particulier et subordonnent la vie du tableau à sa ressemblance avec ce moment, nous synthétisons tous les moments (temps, lieu, forme, couleur, ton) et construisons ainsi le tableau. » Son chef-d'œuvre, l'Élasticité, est la synthèse des mouvements d'un cheval en course. On retrouve les mêmes éléments de dynamisme dans ses sculptures, qui représentent une grande partie de son œuvre : Synthèses du dynamisme humain, Développement d'une bouteille dans l'espace, Formes uniques de continuité dans l'espace. Son triptyque Etats d'âme, son oeuvre la plus célèbre, exposée à Milan et à New York, en rend bien compte. Mobilisé à la déclaration de guerre, Boccioni meurt en 1916 des suites d'une chute de cheval. Après sa mort, le futurisme tel qu'il le concevait change de visage sous les effets de l'horreur.

Giovanni Segantini

Giovanni Segantini est un peintre italien rattaché au courant du symbolisme. C'est un peintre de genre, qui a représenté des sujets typiques, dont des paysages de montagnes. Certains enfants possèdent déjà en eux un potentiel qui leur permettra de créer tout un monde. Rien dans leur vie ne les prédispose à devenir de grands artistes mais le destin semble les pousser sur cette voie. Giovanni Segantini, orphelin pauvre et fugueur, devint en quelques années, avec une facilité déconcertante, un artiste accompli. Il arrive dans l’univers de l’art à la fin de la décennie 1870, c’est-à-dire à un moment où tout change rapidement. L’académisme a été remis en cause par les courants romantique et réaliste. L’impressionnisme est en pleine ascension en France. Segantini commencera par un naturalisme rural proche de celui de Jean-François Millet (1814-1875). Mais le galeriste et peintre Vittore Grubicy de Dragon (1851-1920), à qui il accordera l’exclusivité de son œuvre, lui fait découvrir les tendances émergentes de la peinture, en particulier le divisionnisme ou pointillisme de Seurat et le symbolisme. Il saura conjuguer magistralement la technique divisionniste et l’approche symboliste dans une peinture panthéiste. En passant des scènes de genre paysannes, parfois accompagnées d’une symbolique spirituelle (Ave Maria pendant la traversée, 1886) à des panoramas alpins grandioses, il exprime le fond de son âme. Pour Segantini, peindre un paysage ne consiste pas seulement à restituer une perception singulière du spectacle de la nature, mais à découvrir son sens caché : « Je travaille maintenant passionnément pour arracher le secret de l'esprit de la nature. La nature dit à l'artiste le mot éternel : amour ; et la terre chante la vie au printemps et l'âme des choses se réveille. »

Giovanni Segantini est né le 15 janvier 1858 à Arco, petite ville du Tyrol du sud qui faisait partie à l’époque de l’Empire austro-hongrois. Il est le second fils d’Agostino Segantini, marchand ambulant, et de Margherita de Girardi. Sa jeunesse est très difficile car son père est en général absent du fait de son activité professionnelle et sa mère souffre de dépression. Elle ne s’est jamais remise du décès de son fils aîné en 1858 à la suite d’un incendie.

La famille vit dans la pauvreté et Giovanni n’est pas vraiment scolarisé. Il restera longtemps analphabète. Margherita de Girardi meurt en 1865. Giovanni, âgé de sept ans, est confié à Irène, fille d’un premier mariage du père. Le père de Giovanni meurt en 1866 au cours d’une tournée commerciale. Irène s’est installée à Milan fin 1865 avec Giovanni pour tenter de survivre en effectuant des tâches diverses.

Pour améliorer la situation, Irène entame des démarches en vue d’obtenir la nationalité italienne, ce qui suppose de renoncer à la nationalité autrichienne. Mais Irène maîtrisant mal le processus juridique, la nationalité autrichienne de Giovanni et de sa demi-sœur leur est retirée sans qu’ils obtiennent la nationalité italienne. Les voilà donc apatrides. Ils le resteront jusqu’à la fin de leurs jours. Giovanni Segantini refusera beaucoup plus tard la nationalité suisse en invoquant son attachement à l’Italie.

La vie de l’enfant à Milan est particulièrement chaotique. Il fugue, fait plusieurs séjours en maison de correction où il apprend les bases du métier de cordonnier. En 1873-74, il travaille chez son demi-frère Napoléon, qui possède une droguerie et un atelier de photographie à Borgo Valsugana, non loin d’Arco, la ville natale de Giovanni.

Au cours de l’un des séjours de Giovanni Segantini en maison de correction, un aumônier avait remarqué ses aptitudes pour le dessin et avait encouragé l’enfant. C’est alors que naît l’artiste. En 1875, il retourne à Milan, devient l’assistant d’un peintre-décorateur et suit les cours de l’Académie de Brera (Accademia di Belle Arti di Brera) jusqu’en 1879. Le jeune analphabète montre immédiatement une aisance exceptionnelle pour la peinture et assimile la technique des anciens, puis celle des artistes contemporains. Segantini fréquente en effet à Milan les artistes du mouvement Scapigliatura (bohème), mouvement artistique touchant à la fois la littérature, la musique et la peinture et qui voulait ouvrir l’art italien aux influences étrangères et s’orienter en peinture vers plus de réalisme. Le décorateur Carlo Bugatti (1856-1940) et le peintre Emilio Longoni (1859-1932) sont alors les amis les plus proches de Segantini.

Le premier tableau de Segantini qui connaît le succès est réalisé en 1879. Le chœur de l’église Sant’Antonio Abato à Milan est acheté par la société Belle Arti de Milan, mais le tableau a également été remarqué par le galeriste et peintre Vittore Grubicy de Dragon (1851-1920) qui continuera à soutenir Segantini. Le galeriste fait découvrir au jeune artiste les œuvres d’Anton Mauve et de Jean-François Millet qui l’influenceront beaucoup par la suite.

C’est aussi en 1879 que Segantini rencontre Luigia, la sœur de Carlo Bugatti, surnommée Bice (1863-1938). Leur relation amoureuse sera durable et ils auront quatre enfants, mais ne pourront pas se marier du fait du statut d’apatride de Segantini.

En 1881, Giovanni Segantini et Luigia Bugatti s’installent dans la Brianza, région italienne située entre Milan et Côme. Le peintre loue une maison à Pusiano puis à Carella, où les paysages ruraux et lacustres l’incitent à peindre en plein air. Il réalise beaucoup de scènes de genre paysannes aux tonalités encore sombres. En 1883, la première version de son Ave Maria pendant la traversée remporte la médaille d’or à l’Exposition universelle d’Amsterdam. Grubicy achetant les toiles de Segantini, la famille ne vit pas dans la pauvreté. Elle peut même employer une domestique surnommée Baba (pour Barbara) qui servira de modèle au peintre à de nombreuses reprises. Bice, sa compagne, apprend à lire et à écrire à Segantini, ce qui lui permettra par la suite de rédiger des articles pour les revues artistiques italiennes.

C’est également dans la Brianza que naissent les quatre enfants du couple : Gottardo (1882-1974), Alberto (1883-1904), Mario (1885-1916) et Bianca (1886-1980).

En août 1886, la famille s’installe à Savognin, village agricole alpin situé dans le canton suisse des Grisons, complètement à l’est du pays. Probablement instruit par Grubicy des évolutions récentes de la peinture, Segantini éclaircit beaucoup sa palette pour peindre les paysages de montagne qui l’entourent. Il commence aussi à utiliser la technique divisionniste (ou pointilliste). Son évolution artistique le place ainsi à l’avant-garde de la peinture de son époque, d’autant que l’influence symboliste a touché Segantini. Le manifeste symboliste, publié en France en 1886, constitue une réaction, littéraire d’abord, puis picturale, au naturalisme et au romantisme. Mais entre un manifeste plutôt verbeux et la pratique artistique, le fossé est large. Segantini utilisera intelligemment l’idée symboliste pour investir ses paysages éclatants d’une dimension spirituelle.

Le succès est au rendez-vous. Segantini devient un peintre reconnu par le milieu artistique et les connaisseurs. Au salon des XX de 1890, à Bruxelles, une salle complète lui est réservée. Mais n’ayant pas de passeport du fait du son statut d’apatride, il ne peut se rendre à l’étranger. Il semble d’ailleurs qu’il n’ait pas payé les taxes cantonales parce qu’on lui refusait un passeport. Poursuivi en justice, il quitte Savognin avec sa famille.

En août 1894, la famille Segantini s’installe à Maloja, dans le chalet Kuoni, qui appartient encore à la famille aujourd’hui. Maloja n’était à cette époque qu’un petit hameau situé à 1900 mètres d’altitude. Segantini décrit ainsi ce lieu : « L’endroit dans lequel je vis n’est pas un vrai village, il n’abrite que quatre familles dans toute son étendue, y compris la mienne. »

La réputation internationale de Segantini ne fait que croître dans le milieu de l’art. En 1894, une rétrospective de quatre-vingt-dix de ses œuvres est présentée au Castello Sforzesco de Milan (château des Sforza, transformé en musée). Son tableau Retour à la maison (Le dernier voyage) reçoit un prix à la première Biennale de Venise en 1895. En 1896, lors d’une exposition à Munich, une salle entière lui est consacrée. La même année, la Neue Pinakothek de Munich achète son tableau Labour (1890).

Sa dernière œuvre est un triptyque de trois paysages alpins symbolisant la vie, la nature et la mort (1896-1899). A l’origine, il devait s’agir d’un vaste panorama de dimensions monumentales destiné à être présenté en 1900 à l’Exposition universelle de Paris, dans un pavillon conçu par l’artiste. Faute de moyens financiers, le projet dut être abandonné. C’est en travaillant à ce triptyque que Segantini tombe malade. Le 16 septembre 1899, il monte au Schafberg, dans un refuge de montagne situé à 2731 mètres d’altitude, pour travailler à son tableau La nature. Une péritonite aiguë se déclare et il meurt le 28 septembre dans le refuge. Sa compagne Bice et son fils Mario sont alors à ses côtés. L’inhumation a lieu le 1er octobre 1899 dans le petit cimetière de Maloja. Luigia Bugatti, sa compagne, sera également inhumée dans ce cimetière à sa mort en 1938.

Le Triptyque de la vie, dernière œuvre, constitue à cet égard la synthèse la plus ambitieuse, mais inachevée, du « symbolisme naturaliste » (Robert Rosenblum) de Segantini. La sublime lumière des massifs alpins se conjugue avec la condition humaine – les travaux et les jours – dans des tableaux panoramiques qui aspirent à évoquer la transcendance. Mais c’est aussi l’immanence de Dieu qui apparaît dans ce testament pictural qui se rapproche du panthéisme. Dieu est le monde, l’univers, le tout.

Segantini n’a pas été placé par les critiques et les historiens au niveau des grands novateurs de la fin du 19e siècle. Pourtant, et c’est une exception, le critique d’art français Robert de la Sizeranne (1866-1932) a rendu visite au peintre à la fin de sa vie et lui a consacré un article très élogieux dans la Revue des Deux Mondes de mars 1898 : Le peintre de l’Engadine – Giovanni Segantini.

Giacomo Balla

Giacomo Balla, né le 18 juillet 1871 à Turin et mort le 1ᵉʳ mars 1958 à Rome, est un peintre et sculpteur italien, rallié au mouvement futuriste dès 1910. À partir de 1930, il revient à la peinture figurative : ses derniers paysages urbains et ses portraits en sont la plus intéressante expression.

Ses premiers paysages dérivent de la tradition de l'esquisse du xixe s. turinois et plus précisément du courant naturaliste, imprégné de symbolisme, marqué par Eugène Carrière, et sensible aux recherches divisionnistes (Pelizza da Volpedo, Segantini et Previati). Un séjour à Paris en 1900 le met en contact plus direct avec le Divisionnisme (Faillite, 1902). Vers 1901, Boccioni et Severini fréquentent son atelier. Dès ce moment sont entreprises les recherches thématiques et formelles qui aboutiront au Futurisme. Conduit par son idéal social et humanitaire, Balla exécute des peintures évoquant le monde contemporain, progrès technique, banlieues industrielles et milieu des ouvriers (la Journée de l'ouvrier, 1904 diptyque montrant le jour et le soir sur une chantier de construction). En 1909, la Lampe à arc (New York, M. O. M. A.) fonde le Futurisme en peinture par son sujet " antiromantique ", son traitement plastique et la décomposition de la lumière, qui ouvre la voie aux travaux futurs de l'artiste.

Lorsqu'il signe en 1910 le Manifeste des peintres futuristes, il a déjà acquis une grande notoriété. Il va s'attacher à l'étude du mouvement et de la vitesse : Étude sur le vol des hirondelles (1913, New York, M. O. M. A.), Dynamisme d'un chien en laisse (1912, Buffalo, Albright-Knox, Art Gallery), qui présentent des points communs avec le photodynamisme de Bragaglia, et surtout Fillette courant sur un balcon (1912, Milan, Civica Gallerie d'Arte Moderna), qui montre le mouvement décomposé en une succession de phases juxtaposées dans une technique pointilliste et non pas en référence au Cubisme. Il s'abstient de toute élaboration théorique et fonde intuitivement ses recherches sur ses propres œuvres. Marqué ensuite par le Cubisme, il va développer jusqu'à l'extrême limite la décomposition du mouvement avec des œuvres telles que Automobile en course (1912, New York, M. O. M. A.), Vitesse abstraite, bruit (1913, Venise, fond. Guggenheim.), qui montre des séquences limitées par des arcs de cercle et traversées par des lignes obliques, et surtout Vitesse d'une automobile + lumière + bruit (1913, Zurich, Kunsthaus), qui présente un jeu de facettes traduit en clair-obscur disposé dans des registres verticaux parallèles. Il entreprend aussi en 1912 la série des Compénétrations iridescentes, qu'il poursuivra jusqu'en 1914 et qui, plus que la recherche de la traduction de mouvement, se présente comme une série d'études de la lumière et de la couleur fortement imprégnées de doctrine théosophique Compénétration iridescente n° 7, 1912, Turin, G. A. M.).

Son œuvre Mercure passant devant le Soleil (1914, Milan, coll. Mattioli ; Vienne, musée du XXe Siècle ; étude à Paris, M. N. A. M.) confirme cette volonté d'aboutir à une représentation cosmique. Il exécute en 1915 des compositions d'une abstraction dynamique en faveur de l'intervention italienne dans la guerre (Chant patriotique Piazza di Siena, Drapeaux à l'autel de la patrie, 1915. À la fin de la guerre et jusque vers 1930, il continue à peindre des tableaux où le rythme joue un rôle métaphorique (Paysage + Sensation de pastèque, v. 1918, Rome, Institut suisse) ainsi que de curieux tableaux qui anticipent parfois sur le pop art (Chiffres amoureux, 1926, qui représente les chiffres 8, 4, 5 et 3 en perspective). Balla participe en 1925 à l'exposition internationale des Arts décoratifs à Paris avec deux grandes tapisseries, Mères, voile et vent et le Génie futuriste.

Il pratiqua, en outre, diverses autres formes d'expression : sculpture, décoration (meubles ; étoffes, en particulier pour la maison Loewenstein à Düsseldorf, 1912-1914, détruite ; décors de théâtre), architecture, dessin. Il fit de sa propre habitation romaine le terrain d'application de son manifeste de 1915 " Reconstruction futuriste de l'Univers ". Il exposa à la Biennale de Venise pour la première fois en 1909, puis en 1926 et en 1930 avec le groupe futuriste, participant à toutes ses manifestations jusqu'en 1931. Les M. A. M. de Rome, Milan, Zurich, Amsterdam, New York et de nombreuses coll. part. (en particulier, à Rome, la coll. Balla) conservent ses peintures. La G. A. M. de Rome a organisé en 1972 une importante rétrospective de l'artiste, suivie en 1985 d'une exposition consacrée à la période 1912-1928 à Zurich.