H - Classicisme anglais

Le Classicisme

L'âge d'or de la peinture anglaise qui s'étend de 1720 jusqu'au milieu du xixe siècle voit plusieurs générations de peintres s'illustrer dans le portrait, les scènes de genre et le paysage, renonçant en cela, et pour des raisons historiques et politiques qui remontent aux xvie et xviie siècles, aux genres historique, allégorique ou religieux.

On ne peut comprendre l'évolution de la peinture anglaise durant cette période sans compter sur l'influence des maîtres de la période dite de l'« âge d'or de la peinture néerlandaise », alors que l'Angleterre entretenait de fortes relations culturelles et économiques avec les Pays-Bas. D'autre part, c'est au XVIe et au XVIIe que se dessinent, puis s'affirment les traits essentiels de la civilisation anglaise. Le célèbre Jeune Homme appuyé à un arbre parmi les roses de Nicholas Hilliard constitue le sommet de la période élisabéthaine : exposé au Victoria and Albert Museum, il symbolise aussi la fin d'un premier sursaut, et le début d'une période politiquement trouble.

Au moment de la Glorieuse Révolution, les choses se mettent en marche, les esprits se déverrouillent : les créations de gentlemen's clubs et de périodiques permettent le renouvellement des idées et des formes et l'éclosion à partir de 1750 de caricaturistes talentueux comme Thomas Rowlandson et James Gillray —, en même temps que le portrait anglais s'affranchit de l'influence d'Antoine van Dyck, du Tintoret et du Titien. De cette fin de siècle, il convient de citer John Michael Wright — et son lumineux Portrait of Mary Wilbraham (vers 1680) — et surtout Godfrey Kneller qui, par son école de peinture, va former toute une génération d'artistes.

Les écrits théoriques du peintre Jonathan Richardson, notamment son Theory of Painting (1715), ont une grande influence sur toute une nouvelle génération de peintres. Le peintre irlandais Charles Jervas conçoit des portraits radicalement nouveaux qui vont également influencer les portraitistes anglais : son Henrietta Howard, Countess of Suffolk, portrait d'une lady alanguie en robe parme, date de 1724 et annonce un renouveau pictural.

Nicholas Hilliard

Nicholas Hilliard est un orfèvre et un enlumineur anglais plus connu comme portraitiste en miniatures à la cour d'Élisabeth 1ʳᵉ d'Angleterre et de Jacques Iᵉʳ d'Angleterre. Il est réputé pour ses petites miniatures ovales bien qu'il ait parfois utilisé des formats plus importants, jusqu'à 25 centimètres.

Premier grand peintre anglais de la Renaissance, Nicholas Hilliard porta, durant la période élisabéthaine, l'art de la miniature à son plus haut degré d'épanouissement. Ses petites effigies lyriques jouèrent en outre un rôle important dans la conception du portrait telle qu'elle fut élaborée outre-Manche, de la fin du XVIe au début du XVIIe siècle.

Les plus anciennes miniatures connues de Hilliard, né à Exeter, dans le Devon, en 1547, remontent à 1560. Devenu peintre miniaturiste attitré de la reine Élisabeth Ire vers 1570, il fit d'elle, ainsi que des membres les plus éminents de la cour, de nombreux portraits. Au terme d'un bref séjour en France, où il fut au service du duc d'Alençon, il regagna l'Angleterre en 1578, car sa femme attendait un enfant.

Parallèlement à la miniature, Hilliard s'adonna toute sa vie à la fabrication de bijoux et de pièces d'orfèvrerie ; il réalisa ainsi, en 1584, le second grand sceau de la reine Élisabeth. Après l'accession au trône de Jacques Ier, en 1603, sa charge de miniaturiste attaché à la couronne fut reconduite, mais l'atmosphère de la nouvelle cour lui parut, semble-t-il, moins propice à l'exercice de son art.

Son Traité sur l'art de la miniature (The Art of Limning, vers 1600) décrit sa méthode de travail et révèle divers aspects de son caractère à la fois attachant et versatile. Sans cesse en butte à des difficultés financières, il fut brièvement emprisonné pour dettes en 1617 – avant de mourir à Londres, deux ans plus tard. Dans son livre, il précise également que son art doit beaucoup à celui de Hans Holbein le Jeune (1497-1543), portraitiste allemand ayant travaillé en Angleterre de 1526 à 1528, puis de 1532 à sa mort. Cette influence explique sans doute la prédilection que manifeste Hilliard pour les éclairages doux et homogènes et les tracés précis, dont le Jeune Homme parmi les roses (Young Man Among Roses, 1585-1595), conservé au Victoria and Albert Museum de Londres, offre le meilleur exemple.

Son fils Laurence (env. 1582-1640) pratiqua lui aussi la miniature ; mais le plus remarquable des élèves de Nicholas Hilliard demeure Isaac Oliver (1556 ?-1617). En 1947, une exposition réunit d'ailleurs les deux artistes, célébrant le quadricentenaire de la naissance de l'aîné, au Victoria and Albert Museum de Londres.