Honoré Daumier

Honoré Daumier

Honoré Daumier connaît le succès comme caricaturiste professionnel pour des publications satiriques françaises. Dans sa vie privée, il est un peintre novateur dont les tableaux pleins de vie deviennent célèbres après sa mort. Ses caricatures lithographiques, ses critiques bien senties de la société et du gouvernement de l’époque, sont magnifiquement dessinées. Il compte parmi les premiers artistes français à sculpter des caricatures.

Daumier développe sa sympathie pour les pauvres et les opprimés en travaillant comme garçon pour un huissier. Il étudie le dessin à Paris auprès de Alexandre Lenoir et à l’Académie suisse. Il apprend la lithographie comme assistant du lithographe Béliard et peut avoir appris l’abc de la peinture à l’huile de son père, un vitrier et fabricant de cadres qui parfois restaurait des tableaux. Sa technique inusitée, en avant de son temps, suggère qu’il est en grande partie autodidacte (L’homme à la corde, 1860). Il peint surtout pour son propre plaisir.

Né à Marseille, Daumier s’installe à Paris en 1816. À compter de 1832, le journal satirique La Caricature (plus tard Le Charivari) publie ses lithographies critiquant le gouvernement du roi Louis-Philippe. Elles le mènent donc en prison durant six mois en 1832-1833. Imperturbable, il réalise des lithographies grand format pour l’Association mensuelle, (Rue Transnonain, le 15 avril 1834). Après le bannissement de la caricature politique par le gouvernement en 1835, Daumier cible la société française dans quelque 4 000 lithographies caricaturales et dessins pour des gravures sur bois (Trois juges en séance, dessin). Ses tableaux représentent des sujets similaires (Le wagon de troisième classe, 1863-1865), ainsi que de la mythologie et de la littérature. Il sculpte en terre cuite des caricatures de politiciens et des statuettes de ses partisans. Daumier meurt pauvre, malgré l’appui de Corot et de Victor Hugo.

Paris Musée des Beaux Arts de la Ville de Paris

Portrait d'un sculpteur ou Autoportrait

Photographie de Honoré Daumier réalisée par le célèbre photographe Nadar

Paris Musée d'Orsay

Le baiser

Cette oeuvre est intitulée "Le baiser", ou "Un homme et son enfant".

Honoré Daumier peint ici trois personnages : un homme prend dans ses bras un tout-petit enfant que lui tend une jeune enfant.

Crispin et Scapin

Ce tableau, qui eut beaucoup de succès, est un de ceux qui ont fait la réputation de Daumier. Il met en avant le thème de la duplicité et de la complicité entre les deux valets de la comédie de Molière. Il est entré dès 1912 dans les collections nationales.

Personnage de l’ancienne comédie italienne apparu pour la première fois dans la pièce de Paul Scarron L’Écolier de Salamanque, Crispin, qui n’a rien de commun avec le poète ridicule de la satire latine, est de la famille de Scaramouche et il a dans les veines quelques gouttes de sang du Capitan. Vêtu de noir, chaussé de bottes et orné d’une fraise, il porte suspendue à sa large ceinture de buffle une longue rapière. C’est tantôt un maître fourbe, tantôt un valet rusé, âpre au gain, de la veine des Scapin et des Gros-René, dévoué et flatteur, suivant les gages, et par surcroît escroc et fourbe.

Paris Petit Palais

Les joueurs d'Echecs

Dans une pièce faiblement éclairée, deux joueurs d'échecs d'âges différents, peut-être le père et le fils, jouent aux échecs ; les deux sont complètement immergés dans le jeu. L'atmosphère de tension est accentuée par le gros plan de l'image, les personnages occupent presque entièrement l'espace de la toile. [3]Le jeune homme est assis, la tête appuyée sur sa main, contemplant calmement la disposition des pièces d'échecs. Son expression faciale et la position de son corps suggèrent qu'il est peut-être en train de gagner son adversaire. Confiant dans sa victoire, il attend le coup de retour de son partenaire pour faire son propre coup décisif, qui lui apportera la victoire. L'homme plus âgé semble être agité, son corps tendu se soulevant légèrement de la chaise, et sa main agrippe convulsivement le bord de la table. Il considère la position avec une expression inquiète, réalisant peut-être que sa défaite est inévitable.

Daumier a fait correspondre les couleurs des vêtements des joueurs d'échecs avec la couleur des pièces d'échecs. Le costume blanc d'un personnage s'oppose au pull noir de son adversaire. Les experts notent la dualité de la lumière et de l'ombre, qui renforce le drame de la scène.

Daumier a pu non seulement représenter la scène d'affrontement entre les deux adversaires, mais a également réussi à créer l'atmosphère de tension appropriée dans cette scène.

L'historien de l'art Robert Rey suggère que Daumier n'a jamais eu assez de temps pour maîtriser les jeux de dominos, d'échecs ou de cartes, et pour pratiquer ces jeux régulièrement, en raison de son engagement rigide à produire des lithographies. Cependant, on trouve dans son œuvre un grand nombre de lithographies et plusieurs tableaux dans lesquels ces jeux sont représentés, ce qui semble attester d'un intérêt prononcé pour eux.

Daumier au moment de la création de la toile avait déjà commencé à perdre la vue ; les visages de ses joueurs d'échecs sont grotesques, exagérés, délibérément grossièrement dessinés ; l'oeuvre est proche de l'oeuvre des impressionnistes.

L'artiste a souvent utilisé des motifs théâtraux dans son travail. Daumier adapta librement à ses besoins les images créées par les acteurs sur scène, les transféra dans l'espace de ses tableaux. Dans ce tableau, il y a aussi une théâtralité simulée des images. Les visages des personnages sont proches des masques. Un tel masque, rituel ou théâtral, est construit selon les lois du grotesque et de l'hyperbole. En même temps, l'artiste minimise délibérément les traits du visage individuels. Les historiens de l'art comparent souvent ses peintures aux traits du théâtre italien Commedia dell'arte .

Paris Musée Carnavalet

Un guichet de Théâtre

Si Honoré Daumier fut l'un des plus grands maîtres de la lithographie et l'un des plus prolifiques dessinateurs pour la gravure sur bois, on lui doit un seul essai d'eau-forte. Celui-ci date du 29 mai 1872 et regroupe sur une même planche quelques croquis d'après Rops, Harpignies et Taiée. Peintre accompli dont l'expression très libre l'apparente aux plus grands (Goya, Delacroix...), il était admiré par ses contemporains et en particulier par Daubigny, par Corot qui l'aida à acquérir sa maison de Valmondois et par Pissarro.

Bucarest Museu National de Arta

Train de plaisir

Alors qu'il révolutionne les transports au XIXe siècle, le train devient vite le reflet des écarts sociaux, des cabines de luxe aux voitures de troisième classe.

Voilà des conditions en partie comparables à celles des voyageurs de l’entrepont sur les bateaux ou, actuellement, à certains transports en commun ; ce sont des voyageurs qui, tous, offrent l’image d’une promiscuité sociale nouvelle et qui sont, de ce fait, condamnés à un frôlement permanent et inévitable avec des personnes qu’ils ne connaissent pas.

New York Metropolitan

La blanchisseuse

La Blanchisseuse suggère clairement la difficulté de la tâche accomplie jour après jour. La monumentalité du personnage accentue la courbe de son corps qui semble ployer sous la charge. L’absence de toute anecdote, le fond indistinct et le contre-jour qui cache les traits des visages aident le spectateur à se concentrer sur l’essentiel: la figure humaine, ses gestes, son attitude. L’image en devient quasiment allégorique ; à travers elle, Daumier décrit la difficile existence de toute la classe laborieuse sous le Second Empire.

Un wagon de troisième classe

Le Wagon de troisième classe est une peinture à l'huile sur toile de 65,4 × 90,2 cm. Il représente des voyageurs des premiers chemins de fer assis dans un wagon. Dans ce tableau réaliste, Daumier n'a pas choisi de représenter les riches bourgeois voyageant en première classe, mais le petit peuple de la troisième classe, afin de dénoncer la misère qui régnait dans une grande partie de la société française à cette époque. C'est, pour l'artiste, le reflet d'une réalité que certains préféraient occulter.

Cette représentation du réel est dérangeante, non pas tant par ce qui est montré, les personnages, les vêtements, ces enfants misérables, que par la force des regards. Les yeux sombres de la femme au panier, au premier plan, fixant le spectateur de l'œuvre, paraissent terriblement accusateurs et traduisent le profond désarroi qui habite ces petites gens, dans leur vie de souffrance et de misère. Au premier plan nous avons également une femme avec son enfant et un jeune garçon. Au second plan nous pouvons apercevoir d'autres personnes vivant également dans la souffrance, la misère… Ce tableau est marqué par des lignes majoritairement horizontales.

Tokyo Musée d'Art Bridgestone

Don Quichotte dans la montagne

Nul, mieux que Daumier n’a vécu de façon plus profonde dans son œuvre et dans sa vie, le drame de Don Quichotte. En chaque tableau, en chaque dessin, la lumière, la couleur, le trait, la composition, tout conspire à esquisser à la fois la solitude du héros et sa tension héroïque vers le monde, dont il se sait responsable. Autour de lui tout s’effrite ou s’évanouit, en lui vit la seule poussée ascendante d’un monde volontaire en train de naître. Un réseau de forces se nouent contre un monde qui se défait. Une seule arabesque nerveuse, convulsive, emporte en un même tourbillon Don Quichotte et sa jument, suggérant, à chaque inflexion, l’étirement de toute leur substance, comme celle d’une femme ou d’une torche tordue par le grand vent de Dieu.


Ils arrivèrent, tout en causant ainsi, au pied d’une haute montagne qui s’élevait seule, comme une roche taillée à pic, au milieu de plusieurs autres dont elle était entourée. Sur son flanc courait un ruisseau limpide, et tout alentour s’étendait une prairie si verte et si molle qu’elle faisait plaisir aux yeux qui la regardaient. Beaucoup d’arbres dispersés çà et là et quelques fleurs des champs embellissaient encore cette douce retraite. Ce fut le lieu que choisit le chevalier de la Triste-Figure pour faire sa pénitence. Dès qu’il l’eut aperçu, il se mit à s’écrier à haute voix comme s’il eût déjà perdu la raison :

"Voici l’endroit, ô ciel ! que j’adopte et choisis pour pleurer l’infortune où vous-même m’avez fait descendre ; voici l’endroit où les pleurs de mes yeux augmenteront les eaux de ce petit ruisselet, où mes profonds et continuels soupirs agiteront incessamment les feuilles de ces arbres sauvages, en signe et en témoignage de l’affliction qui déchire mon cœur outragé."

Dans les collections privées ...

Le rêve

Ce timbre-poste imprimé en Bulgarie montre "Le Rêve", par Honoré Daumier, à l'occasion du World Graphics Exhibition, à Sofia, parmi une série de Dessins et Gravures, vers 1975