H - Baroque anglais

Le Baroque

Durant les années 1720-1740, l'influence du « goût français », assimilé au rococo, se fait sentir : de nombreux artistes français vivent à Londres et y enseignent. William Hogarth, véritable éclair, contribue à briser le carcan, à rompre avec les influences, avec une insolence et une liberté totales, entraînant au sein de clubs toute une génération. Le portraitiste Allan Ramsay est l'exemple même de cet affranchissement, de cette affirmation. Durant cette même période, une formule esthétique connaît un grand succès, la conversation piece, le portrait en conversation, signe d'une société pacifiée qui s'adonne dans les cercles au libre échange des idées et des opinions. L'un des plus illustres représentants de ce genre est Philippe Mercier. Sur le plan des institutions, des écoles et des marchands, naissent successivement au torrnant de ces mêmes années, la St Martin's Lane Academy, les premiers salons de la Royal Academy, le British Museum ; puis au milieu du siècle, Christie's et John Boydell font de Londres une place forte du commerce de l'art. Forte d'une situation économique exceptionnelle, reposant sur la constitution d'un véritable empire commercial, la Grande-Bretagne devient la première puissance jusqu'en 1914.

William Hogarth

Hogarth conserve une réputation de patriotisme, de nationalisme voire de xénophobie. En effet sa volonté de célébrer la nation britannique qui émergeait a pu le conduire notamment à des excès de francophobie. Cependant il ne faut pas oublier que le climat n'était globalement pas favorable aux Français en Grande Bretagne à l'époque. Alors que les peintres de l'époque effectuaient généralement le Grand Tour, voyageant à travers le continent européen pour parfaire leur formation, Hogarth ne voyait aucune utilité à un tel voyage.

William Hogarth, né le 10 novembre 1697 à Londres et mort le 26 octobre 1764 à Chiswick, est un graveur, peintre, et philanthrope anglais.

William Hogarth est né le 10 novembre 1697 à Londres, où il passa presque toute sa vie. Fils d'un modeste maître d'école, il entre comme apprenti chez un graveur sur argent. Très jeune il aime déjà croquer les scènes de la vie londonienne (Londres est à l'époque la plus grande ville du monde occidental). Il s'établit à son compte en 1720, gagnant principalement sa vie grâce à l'illustration d'ouvrages, tout en réalisant quelques pièces satiriques, représentant l'actualité politique ou économique.

En 1725, Hogarth entre à l'académie de dessin fondée par Sir James Thornhill en 1722. En 1729, il épouse Jane Thornhill, devenant ainsi le gendre du peintre anglais le plus reconnu de l'époque. Hogarth s'intègre rapidement dans la communauté artistique (peintres, sculpteurs, écrivains, hommes politiques, mécènes...) de Londres.

La carrière d'Hogarth connaît un tournant en 1732 grâce aux six planches composant The Harlot's Progress (La Carrière d'une prostituée). La première de ses séries narratives (suivront The Rake's Progress ainsi que Marriage-a-la-mode,ou encore Industry and Idleness) inaugure un genre nouveau : le sujet moral moderne, alliant la tradition de la peinture de genre hollandaise à celle de la satire anglaise.

Hogarth souhaitait s'imposer en tant que peintre et c'est ainsi qu'il se représente dans ses autoportraits, et notamment dans The Painter and His Pug (1745). Ce tableau présente dans une mise en abyme, un portrait de l'artiste posé à côté de sa palette et de ses pinceaux, reposant sur les ouvrages de Shakespeare, Milton et Swift, associant ainsi les auteurs classiques anglais au maître de la satire qu'était Swift. Cet Autoportrait au chien peut être vu comme un manifeste de l'art de William Hogarth, une défense de l'art britannique, une revendication d'autonomie pour les peintres anglais qui prenaient modèle sur les artistes du continent.

L'ambition esthétique de Hogarth est affirmée dans un traité qui paraît en 1753. Avec The Analysis of Beauty, Hogarth proclame son attachement à la ligne serpentine ou ligne de beauté, symbole de la diversité et de la variété des formes. Ce faisant, il devient l'un des premiers et des plus originaux théoriciens de l'art britannique.

Hogarth meurt à Londres en 1764, quatre ans avant la création de la Royal Academy of Art, qui lui doit beaucoup.

A l'époque de Hogarth, Londres abrite une petite communauté d'artistes britanniques et étrangers. Sur le modèle de l'Académie de peinture et de sculpture créée à Paris en 1648, un certain nombre d'académies privées voient le jour (notamment celle de James Thornhill). Ces petites académies revendiquent le statut d'intellectuels pour les artistes qui sont encore souvent considérés comme des artisans. En 1735, Hogarth crée sa propre académie. La même année, il est l'un des signataires d'une pétition présentée au Parlement qui deviendra la « Loi Hogarth » qui interdit de reproduire une œuvre d'art sans le consentement de l'auteur.

La création artistique est, à cette époque, prisonnière d'une hiérarchie très stricte, mettant en valeur la peinture d'histoire et la peinture religieuse (grands formats représentant des scènes historiques, mythologiques ou religieuses), puis les portraits, les paysages et enfin les natures mortes. Longtemps Hogarth aura l'ambition de devenir un grand peintre d'histoire, mais ses tentatives comme Sigismonde n'auront pas un grand succès, et son ami Henry Fielding dit de l'artiste qu'il fut un « peintre d'histoire comique ».

Enfin, il est nécessaire de préciser que l'art britannique n'existait pas vraiment, les grands artistes ayant laissé une trace en Angleterre étaient germaniques ou flamands, et les artistes britanniques étaient souvent condamnés à suivre les modèles du continent. Hogarth entreprit de créer une « école anglaise », de rendre à la Grande-Bretagne sa fierté artistique en imposant des genres et des thèmes nouveaux, en phase avec les transformations économiques et sociales du pays.

Allan Ramsay

Allan Ramsay, fils du poète Allan Ramsay, est le principal représentant de la génération de portraitistes anglais qui prépare l'époque classique de Joshua Reynolds et de Thomas Gainsborough. Il se forme à Londres et termine sa formation à Rome et à Naples avec Francesco Solimena.

Ramsay était reconnu internationalement pour ses portraits exceptionnels. Il fréquente la nouvelle Académie Saint-Luc d'Édimbourg puis poursuit sa formation artistique en Italie. Il visite Rome, étudie à l'Académie française et à Naples. Les résidents britanniques lui ont commandé de nombreux portraits et dès son retour à Londres, il a créé un studio à succès. Il retourna aussi régulièrement à Edimbourg. Le roi George III le nomma peintre du roi. En tant que causeur doué et écrivain d'essais, Ramsay a poursuivi ses intérêts universitaires lorsqu'une blessure à son bras droit en 1773 a mis fin à sa carrière de peintre.

James Thornhill

James Thornhill né en 1675/76 et décédé en 1734 est un peintre anglais de sujets historiques travaillant dans la tradition baroque italienne.

Sir James Thornhill était le grand représentant anglais de la peinture décorative baroque, à une époque où les artistes étrangers recevaient presque toutes les commandes pour de tels travaux.

Thornhill a vécu à Londres dès son plus jeune âge et a été apprenti du peintre décorateur Joseph Highmore et a également étudié attentivement les peintres décorateurs étrangers tels que Antonio Verrio et Louis Laguerre. Il a travaillé sur des projets décoratifs dans de grandes maisons telles que Chatsworth et Hanbury Hall, mais sa première grande commande était une série de peintures et de peintures murales pour le Royal Naval Hospital (aujourd'hui College) à Greenwich, dont la plus importante est le plafond de sa salle peinte. montrant Guillaume III et la reine Marie entourés de figures allégoriques (1707-1714).

Peu de temps après avoir terminé la salle peinte à Greenwich, Thornhill a reçu la commission de décorer le dôme de la cathédrale Saint-Paul . Ces deux projets majeurs ont établi la réputation de Thornhill en tant que premier peintre décorateur d'Angleterre, à laquelle s'ajouta en 1718 sa nomination en tant que peintre d'histoire ordinaire du roi, la première de plusieurs nominations à la cour.

La carrière de Thornhill a précédé les sociétés d'artistes qui ont jeté les bases de la fondation de la Royal Academy of Arts, mais en tant que directeur de la Great Queen Street Academy à partir de 1711, il plaidait déjà publiquement pour la création d'une telle académie, et en 1724 il a ouvert une académie de dessin gratuite dans sa maison de Covent Garden.

En 1729, Thornhill obtint un mandat royal pour faire des copies des caricatures des Actes des Apôtres de Raphaël , alors au palais de Hampton Court. Thornhill voulait que ses copies soient au centre de l'enseignement académique, et en 1800, les copies furent acquises par la Royal Academy, où elles servaient précisément à cet objectif. La mort de Thornhill en 1734 a mis fin à l'époque de la grande peinture décorative baroque en Grande-Bretagne.