C - Italiens Moyen Age

1 - Primitifs italiens


Le terme primitifs italiens désigne les peintres en Italie qui amorcent le changement du traitement de la peinture dans la période du Trecento voire du Duecento, en introduisant trois principes nouveaux : l'humanisation des personnages représentés, l'apparition des paysages et des architectures complexes, en passant d'un style italo-byzantin à un style typiquement et proprement italien en plus des arguments stylistiques du gothique français.

Si le « primitif »invente le monde moderne, il tient également aux vérités assurées des systèmes traditionnels. Le « primitivisme » des artistes italiens se caractérise par cette dualité artistique et mentale qui aboutit à une interrogation parfois tragique, parfois subreptice sur les « vérités » nouvelles.

Pour exprimer une liberté créatrice, qui serait réduite aux propos religieux émanant de la lecture des écrits bibliques, certains peintres essayent d'humaniser les personnages représentés, et la composition commence à mêler architecture et peinture dans les retables (tableaux reposant sur l'arrière de l'autel), les paysages sont terrestres, issus du réel, dans ce but précis, les personnages reposent sur un sol peint plutôt que semblant suspendus. On passe donc de l'évocation à la représentation et la complexité de la représentation architecturale se présente alors. D'une perspective symbolique et sommaire (ligne de fuite), ils doivent passer par une représentation cohérente des bâtiments, de leur intérieur, des pièces où se situe l'action.

La représentation traditionnelle sacrée est basée sur l'histoire (historia) et non sur l'espace (spacium), l'apparition de la perspective (dite monofocale centré à point de fuite) est très tardive (car complexe et nécessitant des connaissances et une théorisation mathématiques) et si Giotto di Bondone s'en empare, cette intention stylistique est (re)perdue ensuite pour ne renaître qu'en pleine Renaissance (Piero della Francesca).

Les plus grands représentants de cette période sont les innovateurs comme Cimabue, Duccio, Giotto, Maso di Banco, Lippo Memmi, Bartolo di Fredi,Simone Martini, Bernardo Daddi, les Lorenzetti, Paolo Veneziano, Taddeo Gaddi, Agnolo Gaddi, Lorenzo Monaco

Cimabue

Cenni di Pepo dit Cimabue est un peintre majeur de la pré-Renaissance italienne né vers 1240 à Florence et mort vers 1302 à Pise.

Cimabue assure le renouvellement de la peinture byzantine en rompant avec son formalisme et en introduisant des éléments de l'art gothique, tels que le réalisme des expressions et un certain degré de naturalisme dans la représentation du corps des personnages. De ce point de vue, il peut être considéré comme l'initiateur d'un traitement plus naturaliste des sujets traditionnels, ce qui en fait le précurseur du naturalisme de la Renaissance florentine.

Paris Musée du Louvre

La Vierge aux Anges

La Maestà (ou La Vierge et l'Enfant en majesté entourés de six anges) est une tempera sur bois, une peinture religieuse de Cimabue, une de ses Maestà réalisées au xiiie siècle, vers 1280. Celle-ci est conservée au Musée du Louvre à Paris et a été confisquée comme prise de guerre en 1813 par Napoléon Ier pendant l'occupation en Italie.

La peinture, initialement dans l'Église San Francesco de Pise, fut spoliée par les troupes napoléoniennes et emmenée à Paris par Jean Baptiste Henraux intéressé pour les collections françaises des peintures des primitifs italiens. Malgré les restitutions effectuées aux pays d'origine, ce tableau fait partie de ceux de grandes dimensions les rendant intransportables sans dommages. Il est donc resté au musée du Louvre.

La Vierge, avec l'Enfant Jésus dans les bras, assise sur un grand trône architectural, est entourée de sa cour céleste d’anges.

Le fond est d'or ainsi que les auréoles circulaires suivant l'esthétique encore médiévale de la peinture byzantine.

La Vierge est vêtue de bleu, symbole de la royauté. Elle a une attitude de mère soutenant l'Enfant sur ses genoux, de ses bras. Son regard est triste.

Les anges ont des visages similaires aux longs cheveux bouclés et des expressions d'une douceur voilée de tristesse. Ils sont alignés verticalement, trois de chaque côté. Ceux du bas regardent vers l'extérieur tandis que le regard de ceux du haut est tourné vers l'intérieur. La couleur de leurs ailes alterne entre le rouge et le bleu.

Les vêtements de l'Enfant sont somptueux ; il porte une fine tunique rouge recouverte d'une cape de couleur claire aux nombreux plis. Sa main gauche tient un phylactère.

On peut voir aussi que l'Enfant fait le geste de la bénédiction.

Le cadre est orné de vingt-six médaillons représentant le Christ, des anges, des prophètes et des saints.

Florence Musée Santa Croce

Crucifix de Santa Croce

Le Crucifix de Santa Croce est un grand crucifix peint en tempera et or sur bois, réalisé vers 1272-1288 par Cimabue. Il est exposé au Musée de l'Œuvre de Santa Croce de Florence.

Se distanciant de la manière gothique (Christus triumphans) déjà entamée par la manière byzantine (Christus patiens), le crucifix d'Arezzo engage les innovations de la représentation du Christus dolens, initiée par les primitifs italiens, humanisant leurs peintures en suivant les nouveaux préceptes des ordres franciscain et dominicain.

Le Christ se doit d'être alors représenté mort, souffrant sur la croix et non plus triomphant ou résigné :

  • La tête baissée sur l'épaule,

  • les yeux fermés soit absents, énucléés (orbites vides),

  • marques de douleur sur le visage,

  • la bouche est incurvée vers le bas,

  • les plaies sont saignantes (mains, pieds et flanc droit),

  • Le corps tordu déhanché, arqué dans un spasme de douleur, subissant son poids terrestre,

  • schématisation des muscles et des côtes.

Le crucifix comporte des scènes annexes des extrémités de la croix (tabellone) :

  • à gauche : Marie en buste, pleurant,

  • à droite : Jean en buste, pleurant,

  • en haut sur la cimaise : vide à fond rouge (inscription INRI effacée)

  • en bas (le soppedaneo) : vide sous les pieds séparés et saignants,

  • les flancs latéraux du Christ sont décorés de motifs géométriques.

Florence Musée des Offices

Maestà di Santa Trinita

La Maestà di Santa Trinita (Vierge à l'Enfant au trône et les anges) est un tableau peint par Cimabue en tempera sur panneau de 385 × 223 cm, conservée au musée des Offices de Florence, visible et mise en regard dans la même salle (salle no 2 dite salle des Maestà), avec deux autres Maestà de référence : la Madone Rucellai de Duccio et la Vierge d'Ognissanti de Giotto.

La Vierge assise sur le trône, porte l'Enfant dans ses bras et sur ses genoux. L'enfant Jésus tient dans sa main gauche un rouleau. Il a deux doigts de sa main droite levés en signe de bénédiction. Ils sont entourés d'anges au nombre de huit, identiques, dupliqués, répartis à gauche et à droite.

Sous le trône architecturé des niches comportent des prophètes de l'Ancien Testament, deux au centre (David et Abraham), et ceux placés dans les niches extrêmes (Jérémie et Isaïe) ont le regard porté vers le couple central. Tous les autres personnages portent leurs regards vers le spectateur.

Tous les personnages portent une auréole, circulaire doré comme le fond du tableau.

Toutes les principes de la peinture byzantine sont exprimés dans ce tableau : fond doré, Vierge et l'Enfant symboliquement plus grands que les autres personnages, le trône symbolique lui aussi, mêle siège et architecture (niches des prophètes placés plus bas, comme fondation). Les auréoles sont toutes identiques, circulaires quelle que soit l'orientation de la tête, car il faudra attendre la Vierge d'Ognissanti de Giotto pour que la perspective à point de fuite s'affirme dans le dessin du trône et celui des auréoles.

Les rangs des anges sont plus superposés que perspectifs et ils ne semblent pas différenciés (similitude et répétition et duplication des poses). Ils constituent néanmoins une foule plus humaine que les anges isolés, flottant dans les airs, de la Madonne Rucellai de Duccio.

Bologne Santa Maria dei Servi

Maestà de Santa Maria dei Servi

La Maestà di Santa Maria est une Vierge à l'Enfant au trône et les anges, un tableau peint par Cimabue en tempera sur panneau de 218 × 188 cm, de la Basilique Santa Maria dei Servi de Bologne.

La Vierge, assise sur le trône, porte l'Enfant dans ses bras et sur ses genoux. L'Enfant Jésus tient dans sa main gauche une page, il touche le visage de sa mère de son autre main au bout de son bras tendu. Ils sont entourés de deux anges, identiques, dupliqués, répartis à gauche et à droite.

Toutes les principes de la peinture byzantine sont exprimés dans ce tableau : fond doré, Vierge et l'Enfant symboliquement plus grands que les autres personnages. Le trône, symbolique lui aussi, mêle siège et architecture. Les auréoles sont toutes identiques, circulaires quelle que soit l'orientation de la tête.

Assise Basilique Saint François

Vierge à l'Enfant entourée d'anges et St François

La Maestà d'Assise ou Vierge à l'Enfant entourée d'anges avec saint François (en italien,Maestà di Assisi) est une fresque (320 × 340 cm) réalisée par Cimabue, datable autour de 1285-1288 environ. Elle est située dans l'église inférieure de la basilique Saint-François d'Assise.

Situé dans le transept droit de l'église inférieure, cette fresque montre la Vierge à l'Enfant en majesté, c'est-à-dire sur un trône, entre quatre anges et avec une représentation de saint François debout à droite.

Le trône de bois de Marie, élégamment sculpté et jadis orné de dorures, est disposé latéralement comme dans la Maestà du Louvre, sans le raccourci central de la Maestà de Santa Trinita. Au dos, il y a un rideau brodé. Marie tient l'Enfant sur ses genoux dans une position asymétrique, avec son pied droit placé sur une marche basse et le pied gauche plus haut, afin de faciliter la tenue de l'enfant qui est assis de ce côté. Jésus, le visage visiblement repeint (comme celui de Marie), tend la main pour saisir naturellement un ourlet de la robe de sa mère, tandis que Marie, aux longs doigts effilés, lui caresse le pied. La forme des mains est particulièrement typique de l'artiste et de son cercle, comme on le voit dans des œuvres telles que laMadonna di Castelfiorentino. La draperie est également attribuée à un repeint.

Les anges, souriants et face au spectateur, s'organisent autour du trône, le caressent avec élégance et inclinent la tête, soit à droite, soit à gauche, s'inspirant des œuvres romaines telles que la Maestà de Santa Maria Antiqua (ve siècle) ou les Theotokòs de Sainte-Marie-du-Trastevere (fin du viie siècle). Ils sont mis à l'échelle sur deux rangs : la profondeur différente est suggérée par leur présence physique renforcée par la plasticité de leurs volumes. Parmi les anges, le visage de celui en bas à droite se détache, avec des ailes finement ombrées comme on en trouve également dans les anges entre les loggias de l'église supérieure. Il a un visage énigmatiquement posé, faisant presque allusion à un sourire, traversé d'ombres profondes qui lui donnent de la rondeur.

Le Saint François est similaire à celui représenté dans un panneau conservé au musée de Santa Maria degli Angeli. C'est l'une des plus anciennes représentations du saint, même si le repeint ultérieur empêche de tirer des conclusions sur sa physionomie réelle. Il est pieds nus, porte une robe et a une apparence jeune, avec une barbe et une tonsure courtes. Fixant les fidèles, il montre clairement les signes des stigmates sur ses mains et ses pieds, ainsi que sur le côté où il a une entaille à hauteur de la poitrine. Il avait à l'origine de très grandes oreilles, atténuées par le repeint ultérieur, qui est également responsable des nombreuses touches sombres. Il tient un livre sur sa poitrine.

Arezzo Eglise San Dominico

Crucifix d'Arezzo

Le Crucifix d'Arezzo est un grand crucifix peint en tempera et or sur bois, réalisé vers 1265-1268 par Cimabue. Il figure sur le maître-autel de l'église Saint-Dominique d'Arezzo.

Avant de partir pour Rome, et à la suite d'une commande des Dominicains d'Arezzo, Cimabue jeune réalise un premier grand crucifix destiné à l'autel de l'église Saint-Dominique.

Se distanciant de la manière gothique (Christus triumphans) déjà entamée par la manière byzantine (Christus patiens), le crucifix d'Arezzo engage les innovations de la représentation du Christus dolens, initiée par les primitifs italiens, humanisant leurs peintures en suivant les nouveaux préceptes des ordres franciscain et dominicain.

Duccio di Buoninsegna

Duccio di Buoninsegna (Sienne, vers 1255-1260 - vers 1318-1319) fut en son temps le plus grand peintre siennois ; son importance se mesure même à l'échelle européenne. On considère généralement que son influence fut déterminante dans l'évolution du style gothique international qui s'exerça en particulier sur Simone Martini et les deux frères Ambrogio et Pietro Lorenzetti.

L'art de Duccio a, à l'origine, une solide composante byzantine, liée notamment à la culture plus récente de la période des Paléologue, et est fortement influencé par Cimabue (qui est très certainement son professeur dans ses premières années d'activité), à laquelle il ajoute une note personnelle dans le sens du gothique, se traduisant par une linéarité et une élégance transalpines, une ligne douce et une gamme chromatique raffinée.

Au fil du temps, le style de Duccio atteint des résultats de plus en plus naturels et emplis de douceur. Il intègre également les innovations introduites par Giotto, comme le rendu du contraste selon une ou quelques sources lumineuses, le volume des figures et de la draperie, le rendu de la perspective. Son chef-d'œuvre, La Maestà de la cathédrale de Sienne, est une œuvre emblématique du xive siècle italien.

Florence Musée des Offices

Madone Ruccelai

Le 15 avril 1285, Duccio reçoit sa première commande importante, la dite « Madone Rucellai », commandée en l'honneur de la Vierge par une confrérie laïque florentine, la Compagnia dei Laudesi. Le panneau est destiné à la chapelle Bardi de la basilique Santa Maria Novella à Florence, la même chapelle que celle où les restes des peintures à sec de Duccio décrites ci-dessus ont été trouvés. Le panneau est nommé « Rucellai » car à partir de 1591, il est placé dans la chapelle contiguë, Rucellai, avant de parvenir aux Offices. Cette œuvre représente la Vierge à l'Enfant en majesté, flanquée de six anges devant un fond doré. Le pourtour du panneau est orné de médaillons où l'on voit des prophètes, des apôtres et des saints en buste. Le peintre cherche à modeler les tissus et les corps, avec des jeux de dégradés de couleur. Il essaie aussi de respecter les règles de la perspective, sans toujours bien y arriver.

L'œuvre est inspirée de la Maestà du Louvre de Cimabue, peinte environ cinq ans plus tôt, à tel point que pendant longtemps elle a été considérée comme une œuvre de ce dernier. Cette attribution erronée a été maintenue même après la découverte de l'acte de cession en 1790. Cette « Maestà » est une œuvre clé dans le parcours de l'artiste, où la solide majesté et la représentation humaine de Cimabue se croisent avec une plus grande aristocratie et un raffinement certain, ainsi qu'avec un contenu humain encore plus doux. L'œuvre se caractérise par des motifs décoratifs d'origine gothique, tels que l'ourlet doré fantaisiste de la robe de Marie qui trace une ligne complexe de la poitrine aux pieds, les fenêtres gothiques à meneaux du trône en bois et le manteau de la Vierge plus « imbibé » de chrysographies byzantines, mais adouci par des plis doux et tombants. Ce sont surtout ces éléments gothiques qui marquent un nouvel éloignement de Cimabue, qui reste encore ancré dans la tradition byzantine.

Compte tenu de sa taille, le panneau a sans doute été peint sur place et non transporté une fois achevé.

Sienne Opera del Duomo

Jesus agé de 12 ans au Temple à Jérusalem

Allons, mes frères, nous voilà fatigués du travail, respirons un peu et, pour nous remettre au travail avec des forces nouvelles, goûtons un moment ce que nous avons gardé de notre repas d’hier. « Et ils le trouvèrent, dit l’Évangile, au milieu des docteurs et des sages a » Il est normal qu’un jeune écoute et interroge les anciens. « Et ils admiraient sa prudence et ses réponses b.» Il n’est pas anormal qu’un jeune réponde aux interrogations.

La Maestra

Son œuvre la plus célèbre reste la Maestà peinte pour la cathédrale de Sienne en 1308. Achevée en 1311, elle fut transportée de l’atelier du peintre au maître–autelde l’église, au cours d’une cérémonie solennelle et au milieu de la liesse populaire.

A l’origine mesurant 5 mètres de haut et de large (aujourd’hui séparée en plusieurs panneaux), l’ensemble est peint sur les deux faces et les scènes représentées ont des différentes fonctions selon la face :

– la face antérieure représente la Vierge à l’enfant en majesté : représente une image de dévotion destinée à la communauté des fidèles

Notamment à genoux, les quatre saints patrons de Sienne : à gauche Ansano, qui a converti et baptisé les Siennois au IVè siècle et a été décapité dans le Val d’Arbia ; Savino, un évêque martyr ; Crescenzio, un jeune homme martyrisé Sous Dioclétien, dont les restes ont été transférés dans la cathédrale en 1058 ; Victor, un soldat chrétien, originaire de Syrie, proclamé patron de la ville après 1288.

Au verso sur la prédelle :

La face arrière représente des scènes de l’enfance et de la Passion du Christ est essentiellement destiné au clergé desservant le sanctuaire

Notamment l’intensité émotionnelle des épisodes de la Passion qui atteint son moment le plus dramatique dans la scène de la Crucifixion, qui, placée au registre supérieur du centre, domine l’ensemble de la face arrière du retable. La croix élancée se détache du fond or, divisant la foule en deux groupes distincts :

– à gauche, le groupe des fidèles du Christ, calme et bien ordonné, mais dont les visages expriment la douleur et l’affliction : on y trouve Marie, Mère de Jésus, les « trois Maries » (Marie de Cléophas, sœur de la Vierge, Marie Salomé, mère de Jacques et de Zébédée et Marie-Madeleine vêtue de rouge, avec sa longue chevelure déliée) et Jean l’Evangéliste

– à droite, les membres du Sanhédrin et les gardes Juifs forment une foule bigarrée et très agitée, insultant et se moquant du crucifié.

rouse Galleria dell'Umbria

Vierge à l'Enfant

Duccio di Buoninsegna, le plus important peintre siennois actif entre les XIIIe et XIVe siècles, est à l'origine de cette Vierge à l'Enfant raffinée, la partie centrale d'un polyptyque pour le maître-autel de l'église de San Domenico à Pérouse , maintenant dans la Galleria Nazionale dell' Ombrie.

Les frères dominicains ont commandé l'œuvre au maître toscan avec l'intention de raviver leur ordre dans la ville, assombri par la rivalité avec les mineurs de San Francesco al Prato, en utilisant le produit de l'indulgence plénière annoncée par le pape Benoît XI.

Bloc Feuillet avec une oeuvre de Duccio

Giotto di Bondone

Giotto di Bondone ou Ambrogiotto di Bondone, dit Giotto, né en 1266 ou 1267 à Vespignano ou Romignano et mort le 8 janvier 1337 à Florence, est un peintre, sculpteur et architecte florentin du Trecento, dont les œuvres sont à l'origine du renouveau de la peinture occidentale. C'est l'influence de sa peinture qui va provoquer le vaste mouvement général de la Renaissance à partir du siècle suivant.

Giotto se rattache au courant artistique de la Pré-Renaissance, dont il est l'un des maîtres, qui se manifeste en Italie, au début du xive siècle. En cette fin du Moyen Âge, Giotto est le premier artiste dont la pensée et la nouvelle vision du monde aidèrent à construire ce mouvement, l'humanisme, qui place l'homme au centre de l'univers et le rend maître de son propre destin.

Les fresques que Giotto a peintes à Florence (basilique Santa Croce de Florence), à Assise (basilique Saint-François d'Assise) et à Padoue (chapelle des Scrovegni dans l'église de l'Arena de Padoue) figurent parmi les sommets de l'art chrétien.

Son influence sur les générations d'artistes qui le suivirent est immense à tel point qu'on a pu parler d'écoles « giottesques » à propos de certaines écoles de peinture regroupant des peintres dont l'œuvre a été marquée par celle du maître toscan.

Paris Musée du Louvre

Saint François d'Assise recevant les stigmates

Saint François d'Assise recevant les stigmates est une peinture à la tempera et à l'or sur bois de Giotto, réalisée pour l'église San Francesco à Pise et conservée au Louvre à Paris. Elle est signée « Opus Jocti Florentini »

Le saint François de Giotto n’est plus une icône, une image volontairement inaccessible et irréelle mais un « vrai » homme qui vit, souffre et évolue au sein de notre monde. A l’image de saint François lui-même, Giotto célèbre par l’intermédiaire de son art, l’importance et la beauté de l’homme et de la nature. L’humanisme est en marche ! Comme le dit très joliment la notice du Louvre, « un monde nouveau, construit et solide nait sous le pinceau de Giotto ». Giotto ouvre les portes de la Renaissance…

Alors que la peinture du XIIIe siècle, encore fortement inspirée par l’art byzantin, montre des personnages de face, sans expression, dans une position hiératique et sur un fond d’or, Giotto choisit de représenter son saint François d’une toute autre façon. Il introduit des éléments novateurs et une liberté sans précédent dans son art.

Saint François n’est plus dépeint debout, de face, les bras le long du corps mais au sein d’une scène historique. L’ensemble prend vie. Le fond de la toile n’est pas entièrement doré mais des architectures et un paysage apparaissent, ce qui donne un certain réalisme et une profondeur à la scène. Les deux petites chapelles vues de trois-quarts amorcent les réflexions sur la perspective qui habiteront les artistes du Quattrocento. Giotto décrit avec délicatesse et un certain réalisme la végétation du mont Alverne. Le visage du saint et les plis de ces vêtements ne sont modelés par des effets d’ombres et de lumières qui leur donnent du volume.

Padoue Eglise de l'Arena

La fuite en Egypte

Cette peinture de Giotto date des environs de 1315-20. On y retrouve le récit évangélique : Joseph conduit la marche, Marie et l’enfant sur un âne, dans un paysage désertique que l’on conçoit aisément en ces contrées. Les multiples détails que le peintre a ajoutés ne sont pas les fruits de sa seule imagination : ils viennent justement de ces fameux textes apocryphes. Ces textes font état de serviteurs et de servantes qui les accompagnaient. Vous avez remarqué ce palmier tout courbé au centre de l’image : il fait référence à un épisode que nous rapporte l’évangile apocryphe dit du pseudo-Matthieu. Le désert est le pays de la soif : nos voyageurs en ont souffert comme tous voyageurs. L’Enfant-Jésus accomplit alors un miracle.

« ‘’Arbre, incline-toi et restaure ma mère de tes fruits.’’ Et aussitôt à cette parole, le palmier inclina sa tête aux pieds de Marie. »

Bologne Pinacoteca