G - Scandinaves

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1 - La peinture danoise

La figure majeure de Christoffer Eckersberg (1783-1853), de loin le plus célèbre des peintres de cet Âge d’or dont seuls quelques historiens de l’art en France peuvent se dire familiers et dont on se bornera à n’évoquer ici que quelques-uns des protagonistes. L’Âge d’or danois englobant divers courants stylistiques ainsi qu’une grande variété de moyens picturaux et de sujets.

C’est avec l’aide de son collègue Johan Ludvig Lund (1777-1867) qu’en 1822, il en réforma le programme par deux innovations audacieuses, d’abord en y introduisant un cours destiné à emmener les élèves peindre sur le motif, ce que les peintres, pour travailler en atelier jusque dans les années 1820, ne faisaient pas, puis en y intégrant l’étude de modèles féminins, ce qui pour des raisons de bienséance était jusque-là interdit à Copenhague. C’est dans ce cadre que fut peint, par exemple, ce nu de jeune femme aux larges épaules se tressant les cheveux (1839), œuvre ouvertement sensuelle de Ludvig August Smith (1820-1906). Et si aucun d’entre eux n’a véritablement répété son expérience d’un séjour à Paris, car Martinus Rørbye, en 1834, ne fit qu’y passer, il apparaît en revanche qu’à peu d’exceptions tous firent le pèlerinage obligé en Italie, dont Rome était la principale destination à commencer par Christen Købke (1810-1848), un réel maître du paysage, ayant complètement assimilé l’enseignement d’Eckersberg. Obtenant de son vivant davantage de succès que Købke, Constantin Hansen (1769-1828), lui aussi, vécut en Italie, de 1835 à 1844, notamment à Rome, dont il a laissé de très belles études aux couleurs raffinées, telles que La Basilique San Pietro in Vincoli (1836) et Le Temple de Vesta et ses environs (1837). On lui doit aussi le chef-d’œuvre de ce Groupe d’artistes danois à Rome(1837) dans lequel il s’est lui-même représenté avec ses amis (Gottlieb Bindesbøll, Martinus Rørby, Wilhelm Marstrand, Albert Küchler, Ditlev Blunck et Jorgen Sønne). De même Wilhelm Bendz (1804-1832), dont on peut difficilement imaginer adaptation plus intelligente et poétique des doctrines de ce dernier. Précoce talent à la vie brève, il mourra sitôt son arrivée en Italie. Et puis Martinus Rørbye (1803-1848), étroitement lié à Eckerberg, visitera également l’Italie tout en poussant son voyage jusqu’en Grèce et en Turquie d’où il rapportera de délicates études peintes. Enfin, Wilhelm Marstrand (1810-1873), autre élève d’Eckersberg, mais sans en suivre les sujets ni la manière, partira pour l’Italie en 1836 ainsi que Jørgen Roed (1808-1888) qui arrivera l’année suivante à Rome où il retrouvera plusieurs des anciens sites choisis par le maître. Sans oublier Jørgen Sonne (1801-1890), l’un des peintres qui, ne faisant pas partie de l’école d’Eckersberg, partira en 1831 à Rome, où il restera dix ans. En revanche Dankvart Dreyer (1816-1852) dont le style doit beaucoup à Eckersberg, ne quittera jamais le Danemark, fidèle qu’il restera à sa Fionie natale.

Après l’événement tragique du « bombardement de Copenhague » par les Britanniques en 1807, peint par Christian August Lorentzen (1746-1828) et Eckersberg, les artistes de l’Âge d’or danois contribuèrent à donner une image positive de leur capitale qu’ils aimaient arpenter. De nombreuses œuvres montrent le port foisonnant d’activités, les remparts de la citadelle, les places de marché peuplées de citadins à leurs affaires ou bien des scènes de rues, qu’elles soient sentimentales ou comiques. Wilhelm Marstrand et Albert Küchler (1803-1886) excellèrent particulièrement dans ce type de tableaux, ce dernier de finalement s’installer jusqu’à la fin de sa vie à Rome où, devenu moine franciscain, il n’exécuta plus que des tableaux à caractère religieux. P.C. Skovgaard (1817-1875), peintre le plus doué de la période d’après 1850, sans avoir été l’élève d’Eckersberg, est aussi celui dont l’apport à l’interprétation romantique du paysage danois est le plus original. Héritier spirituel de Johan Thomas Lundbye (1818-1848), son ami de jeunesse, avec lequel il partait souvent en excursion pour peindre, son style apparaît nettement avec ce magnifique Champ d’avoine près de Vejby (1843) non moins qu’avec cette Forêt de hêtres en mai. Iselingen (1857) dans laquelle les arbres s’élèvent bien au-dessus d’un chemin en laissant apparaître, entre leurs dômes, le bleu du ciel égayé de nuages blancs.

2 - La peinture suédoise

La peinture religieuse du Moyen âge suédois n'est pas sans intérêt historique, mais la valeur artistique en est médiocre. Les peintres les plus anciens de quelque mérite dont les noms nous sont parvenus sont les portraitistes Cornelius Arendtsen et Jakob Ebfas, qui vivaient sous Gustave-Adolphe. David Klöker Ehrenstral (1629-1698) leur est postérieur de quelques années : son oeuvre est considérable; il peint, dans le style de Rubens, quantité de plafonds et exerce une grande influence sur la peinture suédoise ; le portraitiste D. von Kraff est son meilleur élève. Nombreux sont les artistes suédois au XVIIIe siècle en 1735, K.-G. Tessin avait fondé l'Académie des beaux-arts - mais, sauf les deux Lorens Rasch, le père (1702-1766) et le fils (1733-1805), K.-P.-G. Pilo (1711-1793), Pehr Hilleström (1732-1816), le peintre religieux Per Hörberg (1746-1816) et quelques autres qui restent en Suède, la plupart vivent à l'étranger et s'y font un nom, ainsi : le miniaturiste A. Hall (1739-1793), le pastelliste G. Lendberg (1695-1786), le fameux Niklas Lafrensen ou Lavreince (1737-1807), dont le vrai nom est Lafrensen, A. Wertmuller (1751-1812), A. Roslin (1748-1783).

Le portraitiste K.-F. von Breda (1759-1818) fait la transition entre cette époque et le XIXe siècle. C'est de lui que relèvent les peintres d'histoire, A. Lauréus (1783-1823) et J.-G. Sandherg (1782-1854). Olof Södermark (1790-1848) et G.-U. Troili (1815-1875), son disciple, ont laissé tous deux, et surtout le premier, des portraits d'une rare délicatesse, tandis que leurs contemporains K.-F. Kiörboe (1799-1876), en France et, Egron Lundgren (1815-1875), en Angleterre, se révélaient l'un habile animalier et bon portraitiste, l'autre aquarelliste très vivant et spirituel, et que K.-J. Fahlcrantz (1774-1861), leur aîné, et N.-J. Blommér (1816-1853), excellaient dans la représentation des scènes et de la nature du Nord. Vers le milieu du siècle l'influence des écoles allemandes est très sensible chez les peintres suédois.

C'est à Munich ou à Dusseldorf qu'étudient J. Boklund (1817-1880), le peintre de genre F. Fagerlin (né en 1825), et les paysagistes Markus Larsson (1825-1864) et E. Bergh (1898 -1880). On peut considérer comme se rattachant plus ou moins à la même école : Amalia Lindegren (1814-1891), J.-V. Wallander (1824-1888) et aussi des peintres beaucoup plus jeunes tels que : E. Perséus (1841-1890), G. von Rosen (1843-1923), J. Kronberg (1850-1921) et K. Helleqvist (1851-1890). Vers 1865 cependant, l'influence française commença à se faire sentir; elle est devenue prépondérante à la fin du siècle : Paris a attiré d'abord J.-F. Höckert (1826-1866), qui ouvre la voie et est suivi de A. Wahlberg (1834-1906) : Vue de la côte de Suède,Haute mer, Clair de lune, Bords de l'Oise, Exposition de 1900; Gustaf Cederström (1845-1933) : Funérailles de Charles XII; Nils Forsberg (1841-1934) : la Fin d'un héros, Gustave-Adolphe exhortant son armée à Lutzen. H. Salmson (1843-1894), August Hagborg (1852-1921) : En Dalécarlie, Intérieur, le prince Eugène, fils du roi Oscar (né en 1865) : Nuit d'eté, le Vieux château, Karl Georg Arsenius (1855-1908) : En forêt.

Il est plus difficile de rattacher à une école, malgré certaines influences assez apparentes, des peintres aussi scandinaves ou personnels que E. Winge (1825-1896), et August Malmström (1829-1901), parmi ceux de la génération précédente et, parmi les jeunes, Carl Larsson (1853-1919) : Jour de fête, Devant la glace, etc ., Exposition de 1900; Anders Zorn (1860-1920) : Mère, Nuit du 24 juin, Portrait du roi Oscar II, ou encore l'animalier Bruno Liljefors (1860-1939) :Grues, Grand Duc, Cygnes, et le portraitiste Oscar Björck (1860-1929) : Portrait du prince Eugène, du comte Wrangel.

Pour finir, encore quelques noms de peintres ayant presque tous figuré avec distinction à l'Exposition universelle de 1900, cités ici un peu au hasard : Per Ekström (1844-1935) : Soleil du matin, etc.; Robert Thegerström (1857-1919) Crépuscule; G. Albert (Nuit sur la côte), R. Bergh (Portrait d'Eva Bonnier, etc.), G. Fjästad, A. Gerle, O. Hesselbom, E. Jansson, Nils Kreuger, G. et Hanna Pauli, A. Sjöberg, C. Wilhemson, etc. Comme aquafortiste, Axel Hägg (1835 - 1921) s'est acquis une grande réputation. Dans l'illustration, C. Larsson, déjà nommé, et Vicke Andrén (1856-1930) sont remarquables.

3 - La peinture norvégienne

L'école de peinture norvégienne est toute moderne. Les tableaux antérieurs au XIXe siècle, de nature religieuse, se rattachent tous à des écoles étrangères et on ne saurait y reconnaître une tradition artistique propre à la Norvège. Le premier nom digne d'être cité est celui de Johan Christian Dahl (1788-1857), qui vécut à Dresde il est vrai à partir de 1818, mais peignit avec prédilection la nature norvégienne et s'intéressa toujours et d'une façon active au développement de la culture artistique dans son pays natal. Ses meilleurs élèves sont Thomas Fearnley (1802-1842), dont le Labrofos est un paysage de grand style, et Frich (1810-1858), qui a décoré certaines parties de la villa royale d'Oscarshal, près d'Oslo.

Adolf Tidemand (1814-1876) et son ami Hans Gude (1825-1903) se rattachent tous deux à l'école de Dusseldorf; leur oeuvre est cependant très personnelle et originale. Les tableaux de Tidemand: Une Noce dans le Hardanger (avec Gude), les Disciples de Hauge, le Vie du paysan norvégien, les Fanatiques, etc., et les paysages de Gude, ont exercé une influence considérable sur l'évolution artistique de la Norvège. H.-A. Cappelen (1827-1852) est un disciple de Gude; à côté de ses paysagesromantiques (la Forêt, Vierge mourante), il a laissé une belle collection d'études de grand air prises en Norvège. Près de lui, il convient de nommer le paysagiste réaliste J.-F.-E. Kersberg (1822-1870), qui fonda en 1859 à Christiania (Oslo) une école de peinture, qu'il dirigea jusqu'à sa mort et où se formèrent de nombreux élèves.

A la même génération appartiennent encore les paysagistes : Morten Müller (1828-1911), Erik Bodom (1829-1879), etc.; les peintres d'histoire Knud Bergslien (1827-1908), P.-M. Arbo (1831-1892), V.-S. Lerche (1827-1892). Si dans les artistes qu'on vient de citer l'influence de l'école de Dusseldorf se fait encore plus ou moins sentir, on ne la retrouve plus chez Carl Sundt-Hansen (1841-1907), le plus remarquable successeur de Tidemand, ni chez Ludvig Munthe (1841-1896), un paysagiste à la manière de la grande école française.

D'autres feront encore leurs études à Karlsruhe, à Munich ou à Berlin, mais le plein air et le réalisme ou I'impressionnisme français les séduira de plus en plus, tels sont : Frederik Collet (1839-1914). E. Adelsteen Normann (1848-1918), Oscar Wergeland (1844-1910), J. Grimelund (1842-1917), etc., tous très Norvégiens d'ailleurs par le sujet de leurs tableaux; tels encore, malgré la diversité de leurs talents et souvent, chez un même peintre, la pluralité des manières Otto Sinding (1842-1909), Eilif Peterssen (1852-1928) : Temps d'orage, Vers la mer, Exposition de 1900; Hans Heyerdahl (1857-1913) : Vieux Pêcheur, portrait d'Ibsen, du prince Eugène, Erik Werenskiold (1855-1938) : Enfants pauvres, portraits de Kitty Kielland, d'Ibsen, Christian Krohg (1852-1925) : Coup de détresse, Brisées devant, Fritz Thaulow (né en 1847); Christian Skredsvig (1854-1824) : Villa Baciocchi; d'autres enfin, dont les oeuvres citées ici ont figuré avec honneur à l'Exposition universelle de 1900; Gustav Wentzel (1859-1927) :Enterrement d'un marin à la campagne, Intérieur, Eyolf Soot (1859-1928) : la Bienvenue; Halfdan Ström (1863-1949) : Jeune Mère, Avril en Norvège, Soir en Norvège, August Eiebakke (la Table est servie); G. Strömdal, Kitty Kielland, Hariet Bakker, Nils Gude (portrait d'Ibsen), Th. Holmboe.

On ne saurait, dans cette liste, forcément incomplète mais qui suffit à donner une idée du développement pris par la peinture en Norvège à la fin du XIXe siècle et au début du siècle suivant, omettre ni Edvard Munch (1863-1944), peintre très personnel, plus poète parfois que peintre (l'Enfant malade, Nuit d'été, Angoisse, le Cri, etc.), ni Gerhard Munthe (1849-1929), qui a produit, en s'inspirant des anciens procédés nationaux, une véritable révolution dans l'art de la tapisserie (Sigurd, le Roi et la Paysanne, Illustration des sagas, etc.), ni enfin l'excellent aquafortiste Johan Nordhagen (Arne Garborg, les Vieillards solitaires, portrait de Nansen).

4 - La peinture finlandaise

Ferdinand von Wright, (né le 19 mars 1822 à Kuopion maalaiskunta – mort le 31 juillet 1906 à Kuopion maalaiskunta) est un peintre naturaliste finlandais suédophone qui a représenté un paysage de lac de la province du Savo : Vue de Haminalahti. Grâce à un très angle, on peut appréhender ici un vaste paysage de lac à partir d’un point de vue situé en haut d’une colline au faible dénivelé.

En 1853, Werner Holmberg (1830-1860) avait été le premier artiste finlandais à aller étudier l’art à l’école de Düsseldorf, qui formait ses élèves, notamment, à la peinture de paysage. À la suite de Holmberg, Hjalmar Munsterhjelm (1840-1905) alla lui aussi étudier l’art à Düsseldorf. Avec le goût ambiant pour le naturalisme qui se développa chez les peintres finlandais, à la suite d’Albert Edelfelt, sous l’influence notamment de l’œuvre du Français Jules Bastien-Lepage, c’est à d’autres sources, plus modernes et moins liées à la philosophie allemande, que les relations entre l’art et l’idée de la nation allaient continuer à s’alimenter.

L'âge d'or de l'art finlandais est la période des années 1880–1910, quand l'art finlandais s’imprègne d'un regard national et atteint un niveau international. Il est intéressant de noter que cet art national s'épanouit au moment de la russification de la Finlande. Les personnalités centrales de cette époque sont Akseli Gallen-Kallela, Pekka Halonen, Albert Edelfelt, Jean Sibelius, Eino Leino, Helene Schjerfbeck et Eero Järnefelt. Les artistes commencent à représenter dans leurs œuvres les paysages de leur patrie, sa nature et son histoire. Ils enseignent aux Finlandais à remarquer la beauté et la particularité de leur propre pays.

À partir de 1900, en Finlande, lorsque le mouvement du romantisme national commença à perdre son influence, les artistes cherchèrent à intégrer leur œuvre dans les mouvements de l’avant-garde européenne. Ceci fut vrai aussi pour les artistes qui continuaient à prendre pour sujet le paysage national.

Rappelons, sans souci d’exhaustivité, quelques étapes marquantes de cette recherche d’intégration dans l’avant-garde, en choisissant des œuvres particulièrement réussies. Le tableau Le Voyage de Väinamoïnen, en 1909, par Gallen-Kallela, mérite notre attention.

Autre œuvre majeure de la première moitié du XXe siècle, le Paysage de Koli par Eero Järnefelt, décoration murale peinte en 1908 dans le restaurant de la gare de Helsinki, s’intégrait avec un éclat remarquable au sein du courant néo-impressionniste, en restituant la dimension panoramique d’un site qui était depuis plusieurs décennies un lieu mythique pour les artistes finlandais, la beauté des conifères un jour d’été, et l’éclat des rochers à l’aplomb du lac Pielinen.

Pour ce qui est des Fauves, Tyko Sallinen en suivit la mouvance, notamment dans son œuvre de paysage, avec Paysage de Kajaani notamment, en 1919. Sallinen, lui, souhaitait renouveler l’outillage mémoriel de la notion de paysage finlandais, ce qu’il fit avec la représentation de la ville de Kajaani. La difficulté était de se démarquer des autres œuvres européennes, écueil auquel est confronté une partie de l’œuvre de Sallinen.


5 - La peinture balte

La seconde moitié du XIXe siècle fut en Estonie l’époque du réveil national : le peuple estonien s’éleva contre le joug de l’aristocratie balte d’origine allemande et se mit à lutter pour son libre développement et l’expression de sa culture nationale. Le premier peintre de renommée nationale fut Johann Köler, fondateur de la peinture estonienne. À Saint-Pétersbourg Köler devint un portraitiste recherché. On lui doit les portraits du célèbre géographe Piotr Sémionov du Tian’-Chan’, du chancelier d’État, le prince Aleksandr Gortchakov (pour lequel le peintre reçut en 1867 le titre de professeur), du président de l’Académie des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg, le grand-duc Vladimir Aleksandrovitch Des artistes baltes d’origine allemande ont apporté une certaine contribution à la peinture de paysage et de moeurs estonienne. C’étaient des académiciens au style réaliste, quelques-uns même professeurs de peinture appartenant à l’école de Düsseldorf. L’un des éminents professeurs de l’Académie des Beaux-Arts de Düsseldorf fut Eduard Von Gebhardt (1838-1925). Des paysans estoniens posèrent pour son tableau biblique Le sermon sur la montagne (1904). Karl Ludwig Maibach (1833-1889), ami intime de Köler, est né lui aussi dans la région du Viljandimaa. De 1853 à 1859, il fit ses études à l’Académie des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg, puis en Suisse. À partir de 1874, il se fixa à Saint-Pétersbourg. Ses paysages sont peints dans le style romantique, sa conception de la nature est idéalisée, ce qui le rapproche des peintres suisses François Diday et Alexandre Calame. Gregor Von Bochmann (1850-1930) a peint des scènes de la vie quotidienne du peuple estonien dans ses tableaux À la foire (1872), Devant la forge, et d’autres. Sa peinture est riche en détails, bien composée, le coloris est sombre, le pinceau large. Eugen Ducker (1841-1916), fils d’un artisan de Kuressaare, professeur de peinture à l’Académie des Beaux-Arts de Düsseldorf, fit ses études à l’Académie des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg de 1858 à 1862. De ses relations avec l’Estonie témoignent plusieurs paysages estoniens : Le rivage de Tiskre (1866), Le fleuve de Pärnu (1879). Oskar Hoffmann (1851-1912), fils d’un boulanger de Tartu, se dévoua entièrement à la peinture des scènes de la vie estonienne. Paul Raud passa près de six mois en Hollande pour étudier les œuvres des vieux maîtres et retourna en Estonie. Il devint ainsi le premier peintre estonien qui, après avoir reçu une formation artistique, revint dans son pays natal. Il devait faire des portraits de hobereaux, et d’un autre côté il fut poussé à voyager par le désir de peindre la nature de l’Estonie et la vie paysanne. Le peintre estonien Tonis Grenzstein (1863-1916) fit ses débuts dans la peinture à Tartu, sous la direction du peintre Rudolf Julius von zur Mühlen. Sa grande composition à la manière de Gebhardt mérite d’être mentionnée comme l’une des premières tentatives d’introduire dans la peinture estonienne des sujets romantiques tirés de la mythologie nationale. Alfred Hirv (1880-1918) mérite d’être mentionné parmi les peintres liés au réalisme académique.

Vers 1900, l’Art nouveau investit Riga, la métropole balte multiculturelle. Les innovations contemporaines, qui ne sont pas exclusivement associées à l’Art nouveau, se retrouvent ainsi dans les œuvres des trois principaux artistes lettons de l’époque, Vilhelms Purvītis (1872-1945), Janis Rozentāls (1866-1916) et Johann Walter (1869-1932), ainsi que dans celles des Germano-Baltes1 tels que Bernhard Borchert (1862- 1945) ou Eva Margarethe Borchert-Schweinfurth (1878- 1964).

Le mariage du symbolisme et de l’Art nouveau se manifeste clairement dans les œuvres figuratives de Janis Rozentāls, tant dans le choix du sujet que dans celui du style. Alors que les artistes germano-baltes dominent la scène artistique de Riga, l’œuvre de Purvītis est reconnue au niveau national et international vers 1905. Les décors de Purvītis représentant des paysages baltes.

6 - La peinture islandaise

C'est au cours de la première moitié du XIXe siècle que l'Islande connaît une nouvelle conscience nationale à travers ses jeunes poètes et intellectuels. Chantres du paysage islandais, ces idéalistes, dont la plupart vivent à Copenhague, identifièrent la nation avec la nature. C'est l'un des pionniers de la peinture islandaise, Johannes Kjarval , qui a peut-être le mieux à exprimer à travers son œuvre abondant la complexité de l'âme et l'essence de la nature islandaises.

De nombreux jeunes artistes, sous l'impulsion donnée et profitant d'un régime danois plus libéral apprirent à prendre leur destin en main. C'est Thorarinn B. Thorlaksson (1867-1924) qui se dispute le titre de premier peintre professionnel islandais avec Asgrimur Jonsson . La peinture islandaise jusque dans les années 1930 fut marquée par le naturalisme et ensuite par un expressionnisme tempéré, alors que les sculpteurs tendent vers le symbolisme. Peu à peu les jeunes peintres se détachent de la représentation des paysages pour s'intéresser aux "nouvelles réalités", au monde de la pêche et de ses travailleurs ( Gunnlaugur Scheving, Jon Thorleifsson , Jon Engilberts , Jon Stefansson ...).

Le grand bouleversement se produit dans les années 1940 avec des peintres comme Svavar Gudnason et Thorvaldur Skulason , adeptes d'un art abstrait qui eut une grande influence par la suite et trouvera son prolongement dans l'œuvre deKristjan Davidsson et Karl Kvaran . L'Islande connaît d'ailleurs dans les années d'après-guerre une période de grande prospérité. Pour la première fois des peintres et écrivains se constituant en groupes et mouvements. Ils commencent aussi à voyager sur le continent et aux Etats-Unis. Les années 1960 comptèrent pour beaucoup dans le développement de l'art contemporain islandais. Erro , Gunnar Örn Gunnarsson , Einar Hakonarson , Jon Gunnar Arnason , Magnus Palsson et Hreinn Fridfinnsson constituant l'avant-garde islandaise dans des styles très différents. Le groupe SUM, sous l'influence de Dieter Roth , exerce un grand ascendant sur la jeune génération et représente une véritable ouverture vers d'autres mouvements stylistiques à l'étranger (pop art, art cinétique etc.).

L'art conceptuel est au centre des préoccupations artistiques dans les années 1970 suivi par le Land Art, les Happenings, performances et art minimaliste ( Ruri , Olafur Larusson , Niels Hafstein , groupe SUM), alors que dans les années 1980 la "nouvelle peinture " réaffirme ses droits avec Helgi Thorgils Fridjonsson, Kjartan Olason , Valgardur Gunnarsson , Jon Axel Björnsson, Kristinn Hardarson, Dadi Gudbjörnsson et Tumi Magnusson .

Les femmes ne sont d'ailleurs pas en reste ( Nina Tryggvadottir , Louisa Matthiasdottir ...) notamment dans les arts textiles et la sculpture ( Brynhildur Thorgeirsdottir , Steinunn Thorarinsdottir ...), tout comme les artisans (orfèvrerie, vitrail, poterie etc .). Les sculpteurs islandais les plus connus sont Sigurjon Olafsson , Einar Jonsson et Asmundur Sveinsson .

Aujourd'hui nombre d'artistes islandais ont une renommée internationale et nous nous bornons à citer Sigurdur Arni Sigurdsson et Olafur Eliasson qui ont chacun fait l'objet d'une exposition en 2002 à Paris.