Mikhaïl Nesterov

Mikhaïl Vassilievitch Nesterov (en russe : Михаил Васильевич Нестеров), né le 19 mai 1862 à Oufa et mort le 18 octobre 1942 à Moscou, est un peintre russe représentant majeur du courant du symbolisme religieux en Russie.

Mikhaïl Nesterov naquit dans une famille de négociants aisés et cultivés d'Oufa et reçut une éducation orthodoxe et patriarcale. Sa mère, née Maria Mikhaïlovna Rostovtsova (1823-1894), venait d'une famille de marchands fortunés d'Ielets (dans l'actuel oblast de Lipetsk), son père Vassili Ivanovitch Nesterov (1818-1904) était propriétaire d'une manufacture et d'un magasin de mercerie. Le jeune Mikhaïl était plutôt porté au lycée vers la littérature et l'étude de l'histoire ; il rencontra toujours soutien et compréhension de la part de sa famille. Il avait aussi dès son jeune âge l'amour de la nature et des  et des traditions populaires russes.

À l'automne 1874, il quitta Oufa pour Moscou, afin de passer un examen d'admission dans un institut universitaire technique, mais il échoua et entra à l'Institut Voskressensky. Au bout de trois ans, Nesterov entra à l'École de peinture, de sculpture et d'architecture de Moscou (fondée en 1832 par Makovsky), où il étudia auprès d'Eugraphe Sorokine, Illarion Prianichnikov, Alexeï Savrassov et Vassili Perov. Ce dernier devint un ami fidèle qui le soutiendra dans ses débuts.

En 1881, Nesterov déménage à Saint-Pétersbourg pour étudier à l'Académie impériale des beaux-arts, au cours de Pavel Tchistiakov. Néanmoins, Nesterov est déçu par l'atmosphère de la capitale et retourne à Moscou en 1882. Il peint le portrait de son cher Perov, avant sa mort. Ensuite, il suit les cours d'Alexis Savrassov et de Vladimir Makovsky à l'École de peinture de Moscou, avec une interruption de quelques mois à Oufa, où il fait la connaissance de sa future femme. À cette époque, Nesterov qui appartient au style des Ambulants  peint des tableaux de genre ou des scènes historiques, comme l'Arrivée de l'ambassadeur, la Mort de Dimitri l'Imposteur, Rassemblement devant une église de Moscou en flammes, Le Boyard Morozov et Ivan le Terrible. En 1885, pour son tableau Appel à Michel Romanov au trône de Russie, il est reçu comme peintre libre. Il se fait une réputation de peintre de scènes historiques (souvent de l'époque pré-impériale d'avant Pierre le Grand), d'illustrateurs de livres et de revues. On remarque Rencontre du tzar Alexis avec la princesse Miloslavskaïa, Pèlerinage à pied du souverain au xviie siècle, Procession nuptiale au xviie siècle.

Il se marie à l'été 1885 avec M Martynovskaïa, contre l'avis de ses parents et l'année suivante, sa fille Olga naît, causant la mort de la jeune épouse. On retrouve les traits de la défunte dans des œuvres postérieures, comme La Fille du tzar, ou La Promise au Christ.

Commence alors une période plus méditative pour Nesterov qui peint des paysages russes. Son amour de la nature russe avec ses bouleaux, ses conifères typiques des forêts et des plaines de Russie et ses rivières argentées est visible dans les travaux de cette période. On parle dès lors de « paysage nestérovien ». Il se fait remarquer à la XVIIe exposition des Ambulants fin 1888. En 1889, il voyage en Autriche, en Italie, en France et en Allemagne. L'année suivante, il commence à peindre un cycle d'œuvres sur la vie de saint Serge de Radonège qu'il inaugure par La Vision du jeune Bartholomée (Galerie Tretiakov). Ce tableau fera sensation chez les Ambulants, dont Nesterov fera totalement partie quelques années plus tard, fréquentant comme eux Abramtsevo à côté de Moscou.

En 1890, Nesterov est invité à Kiev par le professeur Prakhov à participer aux travaux de l'église Saint-Vladimir. Pendant 22 ans, Nesterov se consacre à de grandes fresques et tableaux religieux qui feront de lui le fondateur du symbolisme russe en peinture. Il voyage à Rome, Palerme, Ravenne et Constantinople, dont les œuvres d'art auront une grande influence sur ses propres travaux. À partir de 1898, il décore entièrement la chapelle du grand-duc Georges, frère cadet de l'empereur Nicolas II, qui, étant tuberculeux, vivait dans un village montagneux de Géorgie. Dix ans plus tard, il peint les fresques et l'iconostase de l'église conventuelle de l'Intercession du couvent des Saintes-Marthe-et-Marie, fondé par la grande-duchesse Elisabeth, sœur de l'impératrice Alexandra. 

À la révolution, Nesterov a 55 ans et il est étranger à son esprit. Profondément orthodoxe, il est choqué par ses débordements. Il part dans le Caucase pendant la guerre civile et ne revient à Moscou qu'en 1920. 

Désormais le peintre se consacre avant tout aux portraits. Il avait déjà peint au début du siècle des portraits de Léon Tolstoï, de sa femme, de sa fille Olga (L'Amazone), peinte aussi en 1900 par Alexandre Mourachko, il développe après la révolution sa carrière de portraitiste dans un monde transformé, s'attachant à peindre ses amis proches ou des intellectuels contemporains : Ivan Iline (1863-1954), philosophe qui émigra en 1923, le professeur Ivan Pavlov (1849-1936), la cantatrice Xenia Derjinskaïa (1889-1951), l'architecte Chtchoussev, Jan Stanislawski, paysagiste polonais que Nesterov surnommait « Le Levitan russe », le sculpteur Ivan Chadr (1887-1941), Le Métropolite Antoni etc. Dans les dernières années de sa vie, il écrit ses Mémoires qui rencontrèrent un certain succès une fois publiés.

Il meurt en pleine guerre à Moscou en 1942 et est enterré au couvent de Novodievitchi.

C'est un portrait de Nesterov datant de 2015 qui a été édité en 2018 par la Poste russe.

Moscou Galerie Tretiakov

La Vision du jeune Bartholomée

C'est une impression captivante qui capture un épisode de la vie du vénérable saint Serge de Radonezh. Créé par Mikhaïl Nesterov en 1889-1890, ce tableau représente magnifiquement une scène où un jeune Barthélemy, plus tard connu sous le nom de Saint Serge, apprend à lire avec l'aide d'un moine après avoir partagé le pain sacré. L'œuvre d'art met en valeur la maîtrise de Nesterov dans la capture des émotions et la narration à travers ses coups de pinceau. Les couleurs utilisées évoquent un sentiment de tranquillité et de spiritualité, transportant les spectateurs dans la Russie rurale du XIVe siècle. Le décor champêtre rustique ajoute de l’authenticité au récit, soulignant la simplicité et la pureté de la vie religieuse. L'attention portée aux détails par Nesterov fait ressortir l'innocence et la curiosité dans les yeux du jeune Bartholomew alors qu'il se lance dans son parcours éducatif. L’importance accordée à l’alphabétisation et à l’éducation dans les contextes religieux est ici évidente, soulignant à quel point le savoir était valorisé même dans les régions reculées. Cette estampe sert à la fois de chef-d’œuvre artistique et de document historique. Il nous permet d'apprécier la contribution de Nesterov au réalisme russe tout en donnant un aperçu des premières années de saint Serge. En contemplant cette image exposée à la Galerie nationale Tretiakov de Moscou, nous nous souvenons du pouvoir que l'art détient dans la préservation du patrimoine culturel pour les générations à venir. 

La vision du jeune Bartholomée est un tableau du peintre russe Mikhaïl Nesterov, le premier et le plus important d'un cycle consacré à Serge de Radonège. 

Le tableau a été réalisé à Oufa en Russie par Nesterov, sur le sujet de l'apprentissage miraculeux de la lecture par le jeune Bartholomée, repris dans la vie de Serge de Radonège: 

« Un jour, son père envoie Bartholomée aux chevaux dans les champs. En route, il rencontre un ange envoyé par Dieu sous l'apparence d'un moine : il se tenait debout sous un chêne dans les champs et disait ses prières. Bartholomée s'approche de lui et s'agenouille en attendant la fin de la prière du moine. Celui-ci bénit le garçon, l'embrasse et lui demande ce qu'il cherche. Bartholomée répond: « J'espère de tout mon cœur apprendre à lire et à écrire, Saint Père, et je prie Dieu qu'il m'apprenne ». Le moine répond à la demande de Bartholomée, envoie sa prière à Dieu, bénit l'adolescent et lui dit : « Dès maintenant, mon enfant, Dieu te donne de comprendre l'écriture et tu dépasseras tes frères et ceux de ton âge par ton savoir ». Puis le moine prend un calice et donne un peu de prosphore à l'enfant en disant : « Prend-le mon enfant et mange-le. Il t'est donné comme signe de la grâce de Dieu et pour comprendre les Saintes Écritures ». » 

Le travail sur la « Vision du jeune Bartholomée » a été précédée par un tableau d'un «Ermite», projeté dès l'été 1883 à Serguiev Possad et réalisé en 1889 à Oufa. On y trouve déjà le thème de la solitude, de la vie d'ermite, d'une vie loin de l'agitation du monde, dans l'harmonie de la nature, au nom de la purification morale de l'âme et pour gagner en force spirituelle et donner un sens clair à sa vie. Cet idéal n'est pas apparu par hasard chez Nesterov mais a été précédé en 1886 par la mort de son épouse bien-aimée, le laissant seul avec sa fille nouveau-née Olga.

L'image de Serge de Radonège, proche et chère à l'artiste depuis son enfance était pour lui l'incarnation de son idéal moral1: « Serge, comme aussi Tikhon de Zadonsk, Nesterov les aimait depuis son enfance ; ces deux saints étaient particulièrement vénérés dans sa famille. Dans la vie de Serge il a trouvé l'accomplissement de son idéal de vie pure et désintéressée, et c'est précisément avec lui qu'est venue à Nesterov l'idée d'un cycle complet consacré à sa vie et à ses actes ».

Nesterov reconnaît surtout le rôle important que joue le saint dans l'unification du peuple russe. L'artiste esquisse en 1889 un paysage dans les environs de la Laure de la Trinité-Saint-Serge, après s'être installé dans le village de Komiakovo près d'Abramtsevo. Abramtsevo, c'est l'ancien domaine de Sergueï Aksakov, qui devint un des endroits préférés de Nesterov une fois que Savva Mamontov l'eut transformée en datcha pour y recevoir ses artistes et écrivains préférés.

C'est là qu'il termine la partie supérieure et une partie du paysage avant de partir pour Oufa. L'artiste était pressé, parce qu'il se préparait pour une exposition des Ambulants et bien qu'il fût grippé il poursuivit son travail avec ardeur. « Un jour il ressent un malaise et il trébuche ( il se trouvait sur un petit banc ), il tombe et abime sa toile. Mais il faut une nouvelle toile pour continuer le travail et il doit s'interrompre. Puis une nouvelle toile est finalement apportée ».

C'est sur cette nouvelle toile que la tableau est terminé, puis exposé à l'exposition des Ambulants et enfin acquis par Pavel Tretiakov pour sa galerie Tretiakov. Mais la version inachevée du tableau reste à Oufa, et après 50 ans, est transférée au musée des beaux-art de la Bachkirie. « Seule la partie supérieure est réalisée sur cette version, le paysage, et tout le reste n'est que le dessin au fusain ». Le tableau, malgré les opinions contradictoires à son sujet, est devenu la sensation de la XVIIIe exposition des Ambulants.

Jusqu'à la fin de ses jours, l'artiste considère que « La vision du jeune Bartholomée » est le meilleur de sa production. Il aimait répéter dans sa vieillesse:

« Je ne vivrai plus. Mais le « jeune Bartholomée» vivra lui. Maintenant, si après trente ou cinquante ans après ma mort ce tableau dit encore quelque chose aux gens, alors c'est qu'il est vivant et que moi aussi je suis vivant »

L'Ermite

En 1888, Nesterov peignit « L’Ermite », un tableau dans lequel le style unique de l’artiste s’établit enfin. Il représente un moine ermite sur fond d’un discret paysage de Russie centrale. Après « L’Ermite », le thème religieux est devenu central dans l’œuvre de Nesterov ; il aimait notamment représenter Serge de Radonezh, qui personnifiait l’image de l’homme russe. Il est intéressant de noter que cela s'est produit dans un contexte de déclin de la religiosité dans la société et de boom de la science et du mysticisme. 

Le titre du tableau n’a pas été choisi par l’auteur par hasard. Le titre fait référence à un vagabond, un voyageur, un vagabond ou un ermite. Le personnage principal du tableau est un homme aux cheveux gris. Il a des cheveux longs et une barbe. Il est habillé assez légèrement, malgré le fait qu’il y ait encore de la neige à certains endroits. C’est le milieu du printemps, la glace sur la rivière a déjà fondu. 

Au centre de l’intrigue se trouve un homme âgé, habillé très simplement. Des vêtements sombres et amples, un chapeau haut sur la tête et de simples chaussures en liber aux pieds. Dans une main, l'ermite a un chapelet, nécessaire pour lire les prières, et dans l'autre, un bâton en bois.

L'ermite est un vieil homme aux cheveux gris qui vit probablement à proximité, dans un monastère. À la fin de l'automne, alors que l'eau n'était pas encore gelée, mais qu'il y avait déjà de la neige par endroits, il sortit se promener le long du lac pour réfléchir à la vie, lire des prières et simplement profiter de la nature.

L'herbe sous ses pieds est flétrie, elle a perdu ses riches couleurs vertes et est devenue d'un jaune fané. En arrière-plan, Mikhaïl Vassilievitch a montré une forêt d'automne déjà confrontée au gel. Ce n'est qu'occasionnellement que des épicéas duveteux apparaissent à travers la forêt d'automne avec leurs couleurs vertes.

Le point culminant de l'image sont les grappes de baies de sorbier, qui brûlent d'un feu rouge dans la forêt d'automne.

Les Philosophes

Un portrait jumelé de Nesterov, représentant S. Boulgakov et A. Florensky, est une expression d'admiration pour ces personnalités exceptionnelles, piliers de la pensée religieuse et philosophique russe.

Les deux philosophes ne « chantaient pas à l’unisson » : leurs points de vue divergeaient, mais c’est précisément ce dualisme que le peintre essayait de représenter. Une soirée tranquille et calme, les couleurs sourdes de la nature sont devenues le décor d'une promenade tranquille de deux penseurs qui errent ensemble, mais séparément, dans un désir commun de trouver la vérité 

Les figures des héros semblent être copiées - la même tête baissée, les mêmes épaules, la même position du corps. Pourtant, les visages sont radicalement différents. Florensky en soutane blanche incarne l'humilité, la soumission au destin, tandis que le visage obstiné de Boulgakov raconte au spectateur l'agitation intérieure, la rébellion et la résistance. Il y a un air têtu, une courbure des sourcils, une mèche indisciplinée sur la tête de cheveux noirs légèrement touchés de gris.

Le paysage sur la toile semble s'être estompé - il y a ici des tons calmes et paisibles : du vert pâle au jaune. En haut de la photo, vous pouvez voir le ciel déjà touché par les rayons roses du soleil couchant.

On sait que le tableau a été peint en 1917, lorsque les événements révolutionnaires ont littéralement bouleversé la vie du pays, balayant tous les fondements, idéaux et aspirations.


Le parcours de vie des héros de Nesterov après la révolution, ainsi que leur recherche inlassable de la vérité, se sont révélés difficiles : Florensky, le génie incontesté de la pensée russe, est mort dans les camps de Staline à Solovki dans les années 30. Boulgakov a été contraint d'émigrer sur ordre de Lénine sur le célèbre « navire philosophique ». Il vécut d'abord à Prague puis à Paris , où il mourut d'un cancer de la gorge en 1944. Les témoins de sa mort rappellent qu'au cours des dernières heures, le visage du théologien et philosophe exilé s'est enfin éclairé et devenu joyeux, comme s'il s'était calmé et avait trouvé la paix. Avec un visage si joyeux, il passa dans un autre monde. Peut-être, après tout, a-t-il vu une vérité si insaisissable et si passionnément recherchée...

Le jeune Saint Serge

L'Académicien Pavlov 

Ce portrait capture l'essence d'Ivan P. Pavlov, un physiologiste, psychologue et médecin renommé dont les travaux révolutionnaires ont révolutionné notre compréhension du comportement humain. Peinte par Mikhail Vasilyevich Nesterov en 1935, cette huile sur toile met en valeur la maîtrise de l'artiste et du sujet. Le regard perçant de Pavlov reflète sa profonde intelligence et son dévouement inébranlable à la recherche scientifique. Son front plissé laisse entrevoir la complexité de ses recherches sur les réflexes conditionnés et le conditionnement classique, qui lui valent un prix Nobel de physiologie ou médecine en 1904. L'intensité de son expression est adoucie par de subtils coups de pinceau qui confèrent à son visage un air de sagesse et de compassion. visage. Nesterov utilise habilement le symbolisme pour transmettre l'importance de Pavlov dans l'histoire de la médecine. L'attention méticuleuse portée aux détails dans le rendu de la blouse blanche de Pavlov symbolise la pureté et l'objectivité de la recherche scientifique. Les couleurs vibrantes utilisées pour l'arrière-plan évoquent l'énergie et la vitalité, reflétant les contributions dynamiques de Pavlov à son domaine. Exposée bien en vue à la Galerie nationale Tretiakov à Moscou, cette peinture témoigne de l'héritage durable de Pavlov. Cela nous rappelle non seulement ses réalisations remarquables, mais souligne également l’impact profond qu’il a eu sur notre compréhension de la psychologie et de la physiologie humaines. En regardant cette image artistique, nous sommes transportés dans le temps pour être témoins du génie et de la passion qui ont défini Ivan P. Pavlov, un véritable pionnier qui a changé à jamais notre perception de nous-mêmes grâce à la science.  Connu pour ses œuvres symboliques et spirituelles, le talent de Nesterov est magnifiquement capturé dans cette superbe peinture à l'huile. Les couleurs vibrantes et les coups de pinceau méticuleux font ressortir l'essence de la masculinité et de la sagesse du sujet. Le vieil homme représenté dans le portrait dégage un sentiment de grâce et de dignité, reflétant la capacité de Nesterov à capturer non seulement les caractéristiques physiques mais aussi la profondeur intérieure. Son regard perçant semble contenir d’innombrables histoires et expériences, invitant le spectateur à plonger dans son univers. Située dans un contexte évoquant le riche patrimoine culturel de Moscou, cette composition horizontale ajoute un air de grandeur à l'œuvre d'art. La Galerie Tretiakov constitue un lieu idéal pour une personnalité aussi estimée que Nesterov, dont les contributions ont laissé une marque indélébile dans l’histoire de l’art russe. Niché dans ce décor de galerie, entouré d'autres portraits remarquables et de personnalités influentes de différentes époques, Nesterov s'impose comme l'un des géants artistiques russes. Cette estampe rend hommage à son héritage tout en offrant aux spectateurs un aperçu de son personnage énigmatique 

Renard

En 1901, Mikhaïl Vassilievitch Nesterov fit un pèlerinage dans un monastère des îles Solovetski. L'artiste a été longtemps impressionné par le voyage. Il a été frappé par l'esprit de paix et l'atmosphère d'unité entre l'homme, la flore et la faune, que l'on ne retrouve plus dans la Russie urbanisée . Nesterov s'est toujours distingué par une attitude respectueuse envers la nature russe, et lorsqu'il a vu la région vierge de Solovetsky, il a trouvé sa propre utopie, qui l'a inspiré à peindre le tableau « Petit Renard ».


La toile a été achevée en 1914 ; il est à noter que le tableau portait plusieurs noms. Le titre original sonnait comme « Paix sur terre, bonne volonté envers les hommes » et fut bientôt remplacé par « Trois Anciens ». Mais parmi les gens, l'œuvre est plus souvent appelée « Le Renard », car sans cet animal gracieux, il n'y aurait pas cette couleur et cette ambiance paisible.

Autoportrait en 1939

Portrait de la sculptrice Vera Mukhina

Ce portrait quasiment en noir et blanc présente la célèbre sculptrice russe Vera Mukhina, peint par Mikhail Vasylievich Nesterov en 1940. L'huile sur toile est un excellent exemple de l'art russe du XXe siècle, en particulier de style symboliste. Actuellement conservée à la Galerie nationale Tretiakov à Moscou, cette pièce respire l'élégance et la profondeur. Les coups de pinceau magistral de Nesterov capturent le regard introspectif de Mukhina alors qu'elle contemple son travail. Son visage reflète un sentiment de pensée et d'inspiration profonde, révélant le monde intérieur de l'artiste. La palette de couleurs monochromes ajoute à la qualité intemporelle du tableau, soulignant son impact émotionnel. En explorant cette image plus en profondeur, il devient évident que Nesterov dépeint habilement Mukhina non seulement comme une artiste mais aussi comme une femme qui a défié les attentes de la société à son époque. Ce portrait met en valeur sa force et sa détermination à poursuivre sa passion pour la sculpture. La photographie Fine Art Images capture magnifiquement chaque détail complexe du chef-d’œuvre de Nesterov tout en conservant son essence originale. Il permet aux spectateurs d’apprécier à la fois l’éclat technique du tableau et son importance historique dans la culture russe. Dans l'ensemble, cette estampe constitue un puissant rappel de la contribution de Vera Mukhina à l'histoire de l'art et célèbre son héritage en tant que sculpteur influent dans la Russie du XXe siècle. 

Autoportrait de 1928 en blouse blanche

Deux autoportraits de Nesterov datent de 1928. Et si « Autoportrait en noir », malgré sa minutie picturale, sa solution ressemble à un croquis impressionniste et net, alors « Autoportrait en chemisier blanc » est un concept complet d'existence artistique. Le portrait illustre l'idée, et donc le seul attribut de l'artiste est un pinceau avec des pinceaux, et la figure sur un fond neutre ressemble à un symbole monumental d'un service créatif sans compromis. 

Saint Petersbourg Musée Russe 

Autoportrait en 1915

Cet autoportrait de Mikhaïl Vassilievitch Nesterov, intitulé « Autoportrait » est un exemple remarquable de l'art russe du XXe siècle. Peinte en 1915 à l'huile sur bois, cette pièce met en valeur la maîtrise du symbolisme de Nesterov et sa profonde compréhension des émotions humaines. Le visage de l'artiste domine la composition, encadré par un chapeau distinctif qui ajoute un air de mystère au tableau. En le regardant dans les yeux, nous pouvons ressentir une profonde introspection et contemplation. Les coups de pinceau subtils capturent chaque détail de ses traits, révélant à la fois vulnérabilité et force. L'autoportrait de Nesterov reflète non seulement son talent artistique mais aussi sa fierté d'être peintre. À travers cette œuvre, il nous invite à explorer nos propres pensées et émotions intérieures tout en contemplant le rôle de l'art dans la société. Installé au Musée national russe de Saint-Pétersbourg, ce chef-d'œuvre témoigne de la contribution de Nesterov à la culture russe. Ses couleurs vibrantes et son riche symbolisme nous ramènent à la Russie du début du XXe siècle, où des artistes comme Nesterov façonnaient le cours de l'art moderne. En admirant cet autoportrait de Mikhaïl Vassilievitch Nesterov, nous nous rappelons que le grand art a le pouvoir de transcender le temps et de relier les gens à travers les générations. 

Sainte Russie

Un voyage aux îles Solovetsky (sur la mer Blanche) et la connaissance de la vie monastique ont joué un rôle important dans la vie et l'œuvre de l'artiste. Sous l'impression du nord de la Russie, de la nature dure et des moines Solovetsky, l'artiste a peint les tableaux "Silence", "Petit Renard", "Vie tranquille", "Demeure Solovetsky", "Rêveurs", "Solovki". Le but du voyage était de travailler sur un grand ouvrage programmatique, « Sainte Russie », dont le deuxième titre était les premières lignes du Sermon du Christ sur la montagne : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et Je vous donnerai du repos ; prenez Mon joug sur vous et apprenez de Moi, car Je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez du repos pour vos âmes ; car Mon joug est doux et Mon fardeau est léger ." Le tableau était censé être le résultat de nombreuses années de travail et de réflexions religieuses et philosophiques de l’artiste.

L'action se déroule dans le contexte d'un paysage hivernal nordique. Les pèlerins sont venus au Christ, entourés des saints patrons les plus vénérés de la Russie - Nicolas, Serge et George. À partir de croquis de la nature de Solovki et Khotkovo, l'artiste a pu créer des images convaincantes des personnes rassemblées. Ici vous pouvez voir des personnes particulièrement proches de l'auteur. Les prototypes des images féminines étaient la mère de l'artiste (sur la photo une nonne-schéma), sa sœur (une femme en foulard) et la nounou (une femme en foulard au centre de la photo ; le maître associait son idée d'une beauté russe avec son apparence).

Les images du Christ et des saints semblent être descendues des murs des églises, aux peintures desquelles Nesterov, de son propre aveu, a consacré quinze ans de sa vie. (Nesterov, avec d'autres artistes, a travaillé dans la cathédrale Vladimir de Kiev, dans les églises du couvent Marfo-Mariinsky à Moscou et à Abastuman dans le Caucase). Cette œuvre joua un rôle important dans le destin du peintre. Lors de la première exposition de l'œuvre inachevée, Ekaterina Petrovna Vasilyeva, venue la voir, devint quelques mois plus tard l'épouse de Nesterov.

Portrait d'Ivan Ilyin

Ivan Ilyin est né dans une famille aristocratique se réclamant des Rurikides . Le grand-père d'Ilyin était un militaire qui a déménagé à Moscou, où il est devenu ingénieur civil. Son dernier emploi était celui de commandant du Grand Palais et des portes du Kremlin. Son père, Alexandre Ivanovitch Iline (1851-1921), est né et a grandi au palais et était avocat au tribunal de district de Moscou. La mère d'Ilyin, Caroline Louise née Schweikert (1858-1942), était d' origine germano-russe et confessait luthérienne . Pour pouvoir épouser Alexandre Ilyine en 1880, elle se convertit à l'orthodoxie russe et prit le nom d'Ekaterina Yulyevna. 

Ivan Alexandrovitch Ilyin, également connu sous le nom d' Il'in ( russe : Иванъ Александровичъ Ильинъ , 9 avril 1883 – 21 décembre 1954) était une figure russe aux multiples facettes, un juriste, un philosophe religieux et politique , un publiciste, un orateur et un fervent conservateur. monarchiste . Sa perception des événements historiques était particulière : alors qu'il considérait la Révolution de Février comme un « désordre temporaire », la Révolution d'Octobre , selon lui, marquait une « catastrophe nationale ». Cette conviction le propulsa dans une opposition active contre le régime bolchevique .  Il est devenu un journaliste blanc émigré , s'alignant sur les croyances slavophiles et émergeant comme un idéologue clé de l' Union pan-militaire russe . Cette organisation croyait fermement que la force constituait le seul moyen de renverser le régime soviétique. 

En tant qu'ardent anticommuniste, Ilyin s'est d'abord trouvé sympathique à Adolf Hitler , mais sa critique fervente du totalitarisme n'a pas été adoptée par le régime nazi. En 1934, son refus de se conformer aux directives nazies visant à diffuser la propagande le conduisit à être renvoyé de l'Institut universitaire russe, le privant ainsi de ses opportunités d'emploi. Le soutien financier de Sergei Rachmaninov en 1938 a permis à Ilyin de rester en Suisse bien qu'il lui soit interdit de travailler ou de s'engager politiquement. Cette phase de restriction l'a amené à approfondir des études englobant l'esthétique, l'éthique et la psychologie. 

Les opinions d'Ilyin sur la structure sociale de la Russie et sur l'histoire mondiale ont exercé une influence significative sur les intellectuels et les hommes politiques post-soviétiques , notamment sur des personnalités notables comme le dissident soviétique Alexandre Soljenitsyne et le président russe Vladimir Poutine  

Autoportrait en 1928

En 1905, après le début de la Révolution , il rejoint l' Union du peuple russe , un parti nationaliste d'extrême droite et antisémite qui soutient le tsar. En conséquence, il courait un certain danger après la Révolution d'Octobre . En 1918, il s'installe à Armavir , où il tombe malade et ne peut plus travailler. Il retourne à Moscou en 1920 et est contraint d'abandonner la peinture religieuse, tout en continuant à travailler en privé sur sa série Saint Serge. Depuis lors et jusqu'à sa mort, la spécificité du portrait deviendra le pilier de l’œuvre de Nesterov dans sa dernière période : après un long silence lié au changement d’époques, de goûts et de critères, dans les années 1930. il se concentrera entièrement sur l'image de la personne. Le choix même des modèles montre l’intérêt de l’artiste pour une personnalité créatrice, capturée dans un élan d’inspiration créatrice. Sa composition dynamique préférée permet de montrer les personnages en action : le sculpteur V. I. Mukhina s'absorbe dans le modelage (1940), le chirurgien S. S. Yudin réalise une opération (1933) ou donne une conférence aux étudiants (1935), les artistes frères P. D. et A. D. Korin travaillant dans son atelier (1930). Les personnages de Nesterov sont de nature active, s'affirmant eux-mêmes et leur temps dans leurs activités. Les décisions des portraits sont également actives : l'artiste met l'accent sur l'essentiel du décor, soigne l'expressivité des poses et des gestes : l'énergie des mains jointes de l'académicien I. P. Pavlov (1935) introduit immédiatement le spectateur dans l'atmosphère intellectuelle du modèle et les mains du chirurgien S. S. Yudin dans le portrait de 1935 le caractérisent presque plus profondément qu'une personne extraordinaire. 

En 1938, vers la fin de la Grande Purge , son gendre, Vladimir Schroeter, un éminent avocat, fut accusé d'espionnage et abattu. Sa fille a été envoyée dans un camp de prisonniers à Jambyl , où elle a été brutalement interrogée avant d'être libérée. Il a également été arrêté et détenu pendant deux semaines à la prison de Butyrka . 

En 1941, il reçoit le prix Staline pour son portrait de Pavlov (réalisé en 1935). C'était l'une des premières offertes à un artiste. Peu de temps après, il reçoit l' Ordre du Drapeau Rouge du Travail . À mesure que la guerre progressait, sa santé et sa situation financière se détérioraient rapidement. Il a eu un accident vasculaire cérébral alors qu'il travaillait sur son tableau "L'automne au village" et est décédé à l'hôpital Botkin.

Femme en habit d'équitation (Olga Mikhailovna Nesterova)

Nesterov a du lyrisme, un intérêt pour le paysage (un environnement paysager actif est présent dans presque toutes ses œuvres) et une attitude poétique envers le monde. L'une de ses œuvres les plus poétiques est le portrait de sa fille (1906), qui incarne le style caractéristique du début du XXe siècle. tristesse pour l'idéal moral et la plénitude de l'être. Dans l'apparence traditionnelle d'une jeune fille russe issue de l'intelligentsia, héritière directe des étudiants des années 1870, il y a une teinte rétrospective, mais le rêve de l'intégrité humaine s'exprime ici de manière réaliste et concrète. 

Admirez le portrait de la fille de l'artiste, Olga Mikhailovna Nesterova, également appelée « Amazone », après tout, elle pose en costume d'équitation ! Et il y avait beaucoup de subtilités... Les costumes étaient différents et dépendaient en grande partie du degré de formalité - les promenades à la campagne n'exigeaient pas les tenues élégantes que portaient les cavaliers à Saint-Pétersbourg. Le portrait a été peint à Oufa et l’Amazone d’Olga est très modeste. Mais en même temps élégant !

À une époque où la taille fine était l'un des principaux éléments de la beauté féminine, la plupart des femmes essayaient encore de ne pas trop serrer leurs corsets et, vers la fin du XIXe siècle, des modèles sportifs légers, plus légers et plus souples, sont apparus. . C'est peut-être ce que porte aussi Olga. Sa taille est très fine, mais ce n'est probablement pas dû au resserrement. Elle a souffert d’une grave maladie dans son enfance et sa santé est restée fragile par la suite. Et la silhouette mince, soulignée par l'Amazonie, est douloureusement maigre.

A une époque où la mode féminine souffrait souvent d'excès, l'Amazonie avec sa retenue était une excellente épreuve d'élégance. Et Olga le réussit avec brio ! Attention, dans la boutonnière de la poitrine se trouve une petite boutonnière composée de marguerites... Enfin, en 1906, l’audition d’Olga s’est fortement détériorée et elle a subi une opération complexe comprenant une craniotomie. Nesterov avait peur de perdre sa fille, et c'est avec cette humeur qu'il a peint ce portrait - pour le capturer comme un souvenir... Cependant, elle a vécu une vie longue, quoique difficile !

Le Musicien Aveugle

"Le Musicien aveugle"  poursuit le thème de la vie dans le désert, qui est au cœur de l’œuvre de Nesterov. L'image d'un jeune moine jouant du violon avec altruisme incarne l'idée de vigilance spirituelle et de pureté spirituelle, qui permet de voir le monde sans la médiation des « yeux physiques ».

Le paysage ne semble pas tant un véritable coin de nature, mais plutôt une sorte de paysage intérieur de l'âme, à travers lequel une personne doit se promener, en s'appuyant uniquement sur la clarté de son regard intérieur. «Le Musicien aveugle» est perçue comme une métaphore délibérée et consciemment construite, ce qui est également dû au titre de l'œuvre, qui suggère une composition poétique. 

Saint Petersbourg Eglise de la Résurrection du Christ 

Le bienheureux prince Alexandre Nevski priant

Le titre complet de cette esquisse est "Le bienheureux prince Alexandre Nevski priant dans l'église Sainte-Sophie avant la bataille de la Neva". C'est l'esquisse d'une image en mosaïque pour l'iconostase de l'église de la Résurrection du Christ (Sauveur sur le Sang Versé) à Saint-Pétersbourg. datant de 1894-1895

Kiev Musée National d'Art

Natasha sur un banc de jardin

Mikhaïl Nesterov est devenu célèbre pour avoir peint de nombreux tableaux précieux pour la culture russe, mais le tableau de 1907 « Natasha sur un banc de jardin » est spécial pour l'auteur. Dès le titre de l'ouvrage, il ressort clairement que l'auteur éprouve une sympathie particulière et des sentiments tendres pour la jeune fille. Et c’est effectivement le cas, car il s’agit d’un portrait de Natalia Mikhailovna Nesterova, la fille de l’artiste.

Natasha est représentée sur la photo dans une robe d'été bleu clair, qui pend un peu à la fille en raison de sa maigreur enfantine, son épaule gauche est légèrement nue, elle est assise sur un banc de jardin dans une pose calme, quelque peu ludique, à moitié tournée et lit un livre, baissant la tête et laissant tomber ses cheveux courts et bouclés.

À côté de la jeune fille se trouvent des fleurs d'été, qu'elle a apparemment cueillies puis s'est assise pour se reposer après une promenade estivale. Elle lit attentivement un livre qui l'intéresse et écoute en même temps les sons de la nature. Bien que la jeune fille soit très jeune, elle ressent une forte vitalité, une tempête d'énergie. Les fleurs jaunes posées sur le banc près de la jeune fille témoignent de sa nature subtile et douce et de son enfance.

On remarque à quel point Nesterov a adopté une approche responsable en peignant le portrait de sa fille ; on a l'impression que l'auteur avait très peur de gâcher le tableau ou de ne pas le terminer ; les contours de la jeune fille ont été réalisés avec beaucoup de soin. Natasha symbolise la jeunesse, la gentillesse et l'innocence enfantine, et la nature semble tendre la main à la fille, acquérant sa couleur la plus attrayante, l'homme et la nature tourbillonnent dans la danse sans fin de la vie.

Ce n'est pas pour rien que certains poètes ont écrit des poèmes pour transmettre les émotions verbales de l'image qu'ils ont vue, car l'œuvre est une source d'inspiration vivante et il est impossible de parler de la belle « Natasha sur le banc de jardin » avec des mots simples, ce doit se faire uniquement dans le langage de l’amour et de la poésie.

Novgorod Musée d'Etat Russe de Nijny

La double harmonie (Les Epoux Mystiques)

Les Époux mystiques (Dva Lada) (en russe : Два Лада) est un tableau du peintre russe symboliste Mikhaïl Nesterov, réalisé en 1905, qui fait partie des collections du Musée des Beaux-Arts de Nijni Novgorod. Avec cette toile, Nesterov crée une ode à l'amour heureux et décrit ses propres sentiments pour la jeune Catherine Vassilieva. Les toiles de Nesterov évoquent plus souvent la situation pénible, à l'époque, de la femme russe, dont le statut social est dévalorisé, sans accès aux études supérieures et aux professions intellectuelles. Cette toile-ci est donc une exception. Dans la mythologie slave, Lada est la déesse du printemps, des labours, des semis de cette saison. Elle est aussi la protectrice du mariage et de l'amour, elle évoque l'harmonie et la joie. 

À gauche du tableau est représenté un couple amoureux, fasciné et rêveur, regardant au loin, vers le ciel. Dans les regards, le spectateur distingue un sentiment d'insouciance, de confiance dans un avenir lumineux où ils seront des conjoints fidèles et aimants. Devant eux s'étend un lac où nagent deux cygnes, symbole de l'amour et de la fidélité, qui forment une image métaphorique des deux bien-aimés. Les costumes des deux personnages les rendent attrayants et font d'eux des êtres éloignés des réalités du monde trépidant. Nesterov fait preuve d'une grande compétence comme peintre paysagiste. La nature dans sa toile n'est pas une copie exacte de la réalité, elle est un peu plus parfaite, comme c'est l'usage de la représenter dans l'art populaire russe. Rien dans la toile ne vient troubler l'harmonie de l'homme et de la femme. En 1922, Nesterov a réalisé une copie sans l'image des deux cygnes. Elle se trouve au Musée des beaux-arts d'Ekaterinbourg 

Kazan Musée des Beaux Arts du Tatarstan

Paysage d'Automne 

Il y a deux lignes dominantes dans la composition du tableau : l'horizontale est accentuée en raison du format du paysage et des contours de la côte, mais sur le côté droit de la toile elle est barrée par la verticale du tronc d'épicéa. On y voit les contradictions caractéristiques du style Art Nouveau : en s'entrechoquant, deux dominantes détruisent l'illusion de quiétude du paysage. De plus, le côté droit de l’image est coupé du reste de l’espace. L'harmonie de la structure compositionnelle est délibérément violée par l'artiste.

Sur fond de ciel clair et de surface de l’eau, les lignes de rivage sont indiquées par une silhouette sombre. Les graphismes et les silhouettes sont un signe du style Art Nouveau, proche de Nesterov. A l'aide du trait, il souligne le jeu des reflets : sur la colline se trouve une bande sombre d'arbres contrastant avec des nuages ​​clairs, le reflet inversé des arbres sous la colline contraste avec la surface grise immobile de l'eau.

La luminosité de la couleur de l'image est associée à l'utilisation de combinaisons contrastées : le rouge jouxte le vert émeraude, le vert foncé jouxte l'ocre doré. De telles combinaisons de couleurs, et surtout le fait que Nesterov utilise activement l'ocre doré, nous rappellent la passion de l'artiste pour les mosaïques byzantines, qu'il a étudiées avant de commencer à peindre la cathédrale Saint-Vladimir de Kiev. Dans « Paysage d'automne », le peintre crée un effet de mosaïque de couleurs précieuses et éclatantes, qui met en valeur la couleur grise du ciel nuageux reflété dans l'eau.

Soumy Musée Régional d'Art Ukrainien

Cette estampe présente un portrait remarquable du célèbre écrivain Léon N. Tolstoï, peint par Mikhaïl Vassilievitch Nesterov en 1918. Cette huile sur toile est un chef-d'œuvre de l'art russe du XXe siècle, appartenant au mouvement symbolique. Exposée au Musée d'art régional de Soumy, en Ukraine, cette œuvre capture l'essence de Tolstoï avec des détails et une profondeur incroyables. L'artiste dépeint habilement la nature introspective de l'écrivain alors qu'il regarde au loin, perdu dans ses pensées au milieu d'un décor forestier serein. L'image montre Tolstoï debout à côté d'un tronc d'arbre majestueux qui symbolise la force et la résilience. Il évoque des sentiments d'inspiration et de solitude, reflétant son lien profond avec la nature et sa capacité à trouver du réconfort dans son étreinte. L'utilisation de la couleur par Nesterov ajoute une touche enchanteresse au portrait, lui insufflant chaleur et dynamisme. Les teintes riches font ressortir chaque détail complexe du visage de Tolstoï tout en rehaussant la beauté naturelle qui l'entoure. Cette peinture rend non seulement hommage à l'une des plus grandes figures de la littérature, mais rappelle également son héritage durable. À travers cette œuvre d'art, nous sommes transportés dans le monde de Tolstoï, un royaume où l'imagination rencontre la réalité et où les mots ont le pouvoir de façonner les destins. 

Yalta Gurzuf Musée national du Bachkortostan 

Portrait d'Ekaterina Petrovna Vasilyeva Nesterova

L'œuvre "Sainte Russie" a joué un rôle important dans le destin du peintre. Lors de la première exposition dans l’atelier de Kiev de l’œuvre encore inachevée, Ekaterina Petrovna Vasilyeva, une connaissance de l’une des connaissances de l’artiste, est venue la voir. Ce fut le coup de foudre et quelques mois plus tard, Nesterov et Ekaterina Vasilyeva se marièrent.

En hiver au monastère

La toile "L'hiver à Skete" est dédiée à l'héroïne Flenushka de Melnikov-Pechersky - une fille douce et pure qui souffre de l'impossibilité de l'amour et d'une vie de famille heureuse et qui n'a pas trouvé la paix et la tranquillité même à l'intérieur des murs du monastère. L'image est imprégnée d'un sentiment de mélancolie désespérée, et la tristesse et la solitude de la jeune femme sont soulignées par un paysage enneigé terne avec des huttes à peine visibles du monastère et de minces bouleaux au tronc blanc. Dans le même temps, l’image est imprégnée de l’harmonie préférée de Nesterov entre l’homme et la nature, sur laquelle est construite la dramaturgie de l’intrigue. 

L'artiste obtient une forte réponse émotionnelle de la part du spectateur en jouant sur les contrastes. Les vêtements rouge vif et noir de la femme se détachent sur le fond des couleurs froides argentées-bleutées du paysage. L'héroïne évoque la compassion : une jeune et belle femme, digne de bonheur et d'amour, est enterrée à jamais dans des forêts denses dans les conditions difficiles d'un monastère de Vieux Croyants, complètement coupé de la civilisation.

Dans la toile « L'hiver à Skete », Nesterov a créé l'une des images féminines les plus dramatiques et les plus tristes de la peinture russe du début du XXe siècle. La deuxième épouse de l'artiste, Ekaterina, a posé pour la photo, qui est devenue pour lui non seulement une gardienne du foyer et une assistante en affaires, mais aussi une muse. Au cours des quarante années de mariage, l'artiste peint de nombreux portraits de son épouse.


Dans les Collections Privées ...

Silence

Ce tableau issu de la collection de P.I. et V.A. Kharitonenko a été créé par l'artiste sous l'impression d'un voyage au monastère Solovetsky en 1901 à la recherche de personnages pour le tableau « Sainte Rus » (1905, Musée d'État russe). L'intérêt pour la vie d'ermite des moines dans sa jeunesse était alimenté par sa passion pour les romans de Melnikov-Pechersky et, dans ses années de maturité, par la nécessité de travailler sur de grandes toiles et d'accomplir les ordres de l'église. Cet intérêt tout au long de sa vie a incité Nesterov à effectuer des voyages répétés et à faire de longues escales dans des monastères éloignés. Les habitants des provinces du nord et de la Sibérie ont captivé l'artiste par leur comportement pragmatique et simple d'esprit. «Nous prions Dieu avec une hache et une scie dans la forêt», disaient-ils d'eux-mêmes. Connaissant de première main la vie monastique cachée des étrangers, le peintre a cherché dans ses toiles à montrer son côté idyllique, à transmettre au spectateur l'état de paix bienheureuse et de tranquillité d'esprit qui est atteint grâce à l'exploit spirituel du monachisme.

La surface rose argentée de la baie de la mer Blanche près du mont Sekirnaya, le ciel froid jaunâtre du nord, une haute colline recouverte d'une forêt dense avec une église solitaire visible au sommet - tous les éléments du paysage créent l'ambiance d'une atmosphère de silence et d'admiration de la grandeur de la nature. Dans l'une de ses lettres, Nesterov écrivait avec admiration : « Une chose est sans aucun doute bonne : la nature. 

Dieu! Combien de sons, de pensées, de fragments de sentiments il contient, combien de rêves il contient..." ; "...J'aime le paysage russe ; sur son fond, on ressent en quelque sorte mieux, plus clairement le sens de la vie russe et de l'âme russe." La pêche silencieuse du poisson par deux moines, leur unité complète avec le monde qui les entoure, fournit un exemple de vie harmonieuse, dépourvue de vanité et d'oisiveté quotidiennes. Le motif du paysage encourage la réflexion philosophique sur le sens de l'existence et le caractère éphémère de toutes choses. La lumière mystérieuse de la nuit polaire blanche, qui coule doucement jusqu'au petit matin, renforce l'impression du schéma mystique de ce qui se passe. La juxtaposition d’un vieil homme à la barbe grise et d’un jeune homme assis dans des bateaux sonne comme une allégorie des différentes étapes de la vie humaine, symbole du cycle éternel de l’ordre mondial. L’ambiance lyrique de la toile de Nesterov se fond dans des formes généralisées, des contrastes d’ombre et de lumière et le son doux des couleurs sombres. Une composition réfléchie et laconique unit toutes les parties de l'œuvre en un tout inextricable, relié par le thème commun de l'animation de la nature, en accord émotionnel avec la condition humaine.

Nesterov est devenu l'un des représentants les plus brillants du modernisme russe, incarnant les idées d'une nouvelle religiosité fondée sur la perfection esthétique de la nature. Avec les œuvres de Levitan, les images naturelles de Nesterov sont devenues partie intégrante de l'école nationale de peinture de paysage.

Le vénérable Serge de Radonezh

Serge de Radonège (Сергий Радонежский), né le 3 mai 1314 (selon d'autres sources, 1322) et mort le 25 septembre 1392, est un saint orthodoxe, l’un des saints les plus populaires de la Russie.

Il fut un grand spirituel et réformateur monastique, thaumaturge et protecteur de la Russie médiévale.

Ses parents, Cyrille et Marie, issus de la noblesse, le prénommèrent Bartholomée, du nom de l’apôtre. Lorsqu'il eut sept ans, on envoya l'enfant étudier. Or contrairement à ses frères Étienne et Pierre qui apprenaient bien, Barthélémy éprouvait des difficultés. Un jour que son père l'avait envoyé au champ chercher des chevaux, il aperçut un moine âgé sous un chêne, qui priait. S'approchant et attendant la fin de la prière du starets, il lui demanda de prier pour qu’il arrive à étudier normalement, puis Barthélémy l'invita à la maison de ses parents. Le moine pria pour lui, puis l’assura qu’à compter de ce jour, il saurait étudier. Le soir même, il lut l’office des heures, il avait moins de dix ans. Le starets avant de se séparer d'eux, dit ces paroles énigmatiques : « Cet enfant va devenir la demeure de la Sainte Trinité, et amènera une multitude à la compréhension de Sa volonté ». Il fréquenta assidûment les offices de l’Église, et se mit à lire la Bible. À partir de l’âge de douze ans, il commença à suivre rigoureusement les jeûnes du mercredi et du vendredi. Vers 1328, sa famille quitta la région de Rostov pour s’installer à Radonège, au nord de Moscou. 

Alors que ses frères s’étaient mariés, Barthélémy resta célibataire, exprimant son désir de devenir moine. Après le décès de ses parents, son frère aîné, veuf, devint moine au monastère de Khotov. Barthélémy, qui souhaitait une profonde solitude, convainquit Étienne de rechercher un endroit qui conviendrait à la vie ascétique. Ils cheminèrent dans les forêts, puis trouvèrent un endroit approvisionné en eau et éloigné des chemins battus, à dix verstes de Radonège et de Kotov. Là, ils bâtirent une cabane, avec une chapelle qu’ils dédièrent, en se rappelant les paroles du starets, à la Sainte Trinité, ce qui était une innovation. C’est là qu’il reçut la tonsure monastique avec le nom de « Serge ». Il avait alors vingt-quatre ans (1337). Son frère Étienne quant à lui, partit peu de temps après au monastère de la Théophanie de Moscou.

Serge demeura ermite dans cette solitude durant trois ans, avec pour seuls livres le psautier et les Évangiles, et pour seul voisinage les animaux sauvages de cette forêt, au nombre desquels les loups et ours n’étaient pas rares. Un de ces ours devint d’ailleurs un habitué de l’ermitage, Serge lui donnant un peu de son pain de temps à autre.

Alors que la Russie était envahie par les Tatars, Serge participa à des missions « politiques » pour favoriser un relèvement de la nation russe.

Il avait aussi fait de son monastère un centre intellectuel, doté d’une bonne bibliothèque.

En 1380, le prince Dimitri Donskoï interrogea Serge, pour lui demander s’il devait entrer en résistance contre l’envahisseur. Le moine l’engagea à défendre son peuple et le bénit. Au moment de la bataille de Koulikovo, qui fut le commencement de la délivrance de la Russie, Serge priait.

Quelques mois avant la fin de sa vie, Serge se désengagea de l’higouménat et de la « vie publique » pour se consacrer à nouveau à la prière dans la solitude. 

Saint Serge fut canonisé en 1452. Il est fêté dans l’Église orthodoxe le 8 octobre. 

Tête du Grand Martyr de Barbara

Détail de « Le Miracle », le tableau détruit par l'auteur en 1931. Huile sur toile. 43 × 48,5 cm. Collection de NA Mishin, à Moscou .

Pour quelle raison ce tableau figure sur un bloc feuillet illégal de Centrafrique ? Le croyait-il oeuvre de Vroubel !!!