Ingres

Jean Auguste Dominique Ingres

Jean-Auguste-Dominique Ingres, né le 29 août 1780 à Montauban et mort le 14 janvier 1867 à Paris, est un peintre français. Après un premier apprentissage à Montauban, sa ville natale, il deviendra à Paris élève de Jacques-Louis David. Son père Jean Marie Joseph Ingres (1755-1814) est un peintre et décorateur qui l’initie très jeune à la peinture et au violon. En 1791, à l’âge de onze ans, il entre à l’Académie Royale de Toulouse où il reçoit des leçons de peinture et de violon. Toute sa vie, Ingres continuera à jouer du violon et deviendra même deuxième violon à l’orchestre du Capitole de Toulouse. L’expression violon d’Ingres est issue de cette seconde vocation du peintre.

Il part pour Paris en 1797 avec des certificats élogieux et il entre dans l’atelier de Jacques-Louis David. En 1801, il obtient le premier grand prix de Rome avec Les Ambassadeurs d'Agamemnon. En raison de la situation politique, il ne peut se rendre immédiatement à la Villa Médicis. De 1801 à 1806 à Paris, il peint de nombreux portraits qui seront jugés sévèrement par la critique : Monsieur Rivière, Madame Rivière, Napoléon Bonaparte.

En octobre 1806, Ingres part pour Rome. Il y restera jusqu’à 1820. De 1806 à 1810, en tant que pensionnaire à la Villa Médicis, il doit envoyer ses travaux à Paris: La Baigneuse, Jupiter et Thétis. Mais ses tableaux ne rencontrent pas l’adhésion de la critique parisienne. Il décide alors de rester à Rome et devra pour vivre réaliser de multiples portraits peints ou dessinés. En 1813, Ingres épouse Madeleine Chapelle (1782-1849), une jeune modiste de Guéret. Il réalisa de nombreux portraits de sa femme, le plus célèbre apparaissant dans Le Bain turc (1862). Madeleine est l’odalisque aux bras levés qui s’étire au premier plan. Elle est peinte d’après un croquis réalisé en 1818.

De 1820 à 1824, Ingres réside à Florence où il a rejoint son ancien condisciple à l’atelier de David, le sculpteur Lorenzo Bartolini. C’est à cette époque qu’il peint Le Vœu de Louis XIII, une commande du gouvernement français destinée à la cathédrale de Montauban.

En octobre 1824, Ingres part pour Paris pour accompagner son tableau qui doit être exposé au Salon. Il y reçoit un accueil enthousiaste car il se situe dans la tradition classique la plus pure rappelant les Madones de Raphaël. Face à Ingres, Delacroix présentait Les Massacres de Scio, manifeste du romantisme. A partir de cette date, Ingres sera reconnu officiellement comme un grand peintre classique. Il obtient la Légion d’honneur puis est élu à l’Académie des Beaux-arts en 1825. Il ouvre un atelier à Paris et y forme de nombreux élèves. En 1829, il est nommé professeur à l’Ecole de Beaux-arts. De 1835 à 1841, Ingres occupe le poste de directeur de la Villa Médicis à Rome.

Ayant perdu son épouse Madeleine en 1849, il se remarie en 1852 avec Delphine Ramel, une parente de son ami Charles Marcotte d’Argenteuil (1773-1864). Elle a 43 ans, lui 72 ans. Ingres continuera à peindre jusqu’à sa mort à Paris en janvier 1867, à l’âge de 86 ans.

Elève de David, Ingres a cherché à s’affirmer par la peinture historique, les scènes mythologiques, l’inspiration antique. Mais il ne parvint pas vraiment à être reconnu comme un représentant du néo-classicisme. L’œuvre qui marque sa consécration officielle, Le Vœu de Louis XIII, est inspirée de la Renaissance. Ingres cherchera par un travail acharné à atteindre un style personnel qui ne trahisse pas la réalité : « Le style, c’est la nature », écrivait-il. Il s’éloigne donc de la beauté idéalisée et archaïsante de David et se situe dans une sorte de transition entre néo-classicisme, romantisme et réalisme. Ses chefs-d’œuvre se trouvent davantage dans le portrait et le nu que dans la peinture d’histoire. Bien qu’il soit d’abord un dessinateur, Ingres sait remarquablement utiliser la couleur comme on peut le voir dans La Baigneuse, La princesse de Broglie, Madame Moitessier ou dans l’admirable Vierge à l’hostie.

Ingres dans son atelier à Rome

Montauban Musée Ingres Bourdelle

peint par Jean Alaux (1786-1864)

En plus de son indiscutable qualité plastique, le tableau d’Alaux constitue un document assez exceptionnel sur la vie privée d’Ingres, son couple, son intérieur, son activité picturale : l’artiste est représenté dans son petit atelier de l’avenue Gregoriana, à Rome s’octroyant un instant de détente en se préparant à jouer du violon. La présence de Madeleine et d’un adorable petit chaton accentue le caractère intime du tableau et ses multiples détails apportent une note de réalisme qui s’apparente au reportage.

Paris Musée de l'Armée

Napoléon 1er sur le trône impérial

Ce tableau explicite le type de pouvoir que Napoléon met en place avec le sacre en 1804 c'est-à-dire un pouvoir absolu. L'œuvre concourt à la légitimation nécessaire du pouvoir de l'empereur qui se veut à la fois héritier des rois de l'Ancien Régime ainsi que de Charlemagne et fondateur d'une nouvelle dynastie.

Dès le couronnement, comme il l’avait fait avec ses portraits le représentant en Premier consul lors de la commande de 1803 pour la Belgique à laquelle Ingres avait déjà participé pour la Ville de Liège, Napoléon voulut diffuser son image d’empereur.

En 1805, il se tourna vers les artistes les plus en vue, mais les résultats furent inégaux, d’autant qu’il ne posait jamais et que les peintres devaient avoir recours aux gravures ou à d’autres tableaux qu’ils devaient de plus adapter au nouveau profil de l’Empereur, assez distinct de celui du Premier consul. En outre, chaque artiste avait son style et sa conception propres, et les ambiguïtés du nouveau régime furent très vite sensibles entre les différentes perceptions.

Tenant les regalia, ou mains de justice (sans doute apparues sous Saint Louis), et sceptre de Charlemagne qui dessinent un triangle s’ouvrant vers le ciel, l’Empereur est assis sur un trône dont le dossier circulaire rejoint l’ample collier de la Légion d’honneur et forme comme une auréole autour de sa tête. Ce trône est posé sur un tapis orné de l’aigle impériale aux ailes ouvertes, comme s’il était emporté vers le monde sacré. Ingres n’a en effet retenu de Napoléon que le côté divinisé de l’homme providentiel. C’est cette immatérialité de la figure de l’Empereur, encore accentuée par les plis du lourd manteau de velours rouge brodé d’abeilles, symbole impérial, manteau qui semble nier toute la réalité du corps, qu’a peinte Ingres. Bien que statique, l’œuvre apparaît pourtant élevée au ciel par l’aigle.

Proche des représentations médiévales des souverains germaniques de la dynastie ottonienne, mais le critique du Mercure de France parla de Dagobert, le tableau d’Ingres rompt avec toutes les représentations traditionnelles des souverains, depuis Titien et Van Dyck. L’image qu’il donne de Napoléon est celle d’une sorte de dieu, véritable Christ Pantocrator byzantin, totalement désincarné.

Paris Musée du Louvre

Le Bain Turc

Si évidentes, si essentielles dans notre paysage artistique, ces indolentes nudités n’ont pourtant pas été créées dans la simplicité. Commencée vers 1818 comme une répétition réduite de La Baigneuse Valpinçon de 1808 (aujourd’hui au Louvre), puis plus tard par deux fois agrandie, la toile fut acquise en 1859 par le prince Napoléon, cousin de Napoléon III, mais aussitôt rendue à l’artiste en échange de son Autoportrait de jeunesse. Une célèbre photographie de Charles Marville témoigne du format carré que Le Bain turc avait alors ; un second cliché, de l’année suivante, indique qu’Ingres en avait renforcé l’érotisme par l’ajout de bijoux, de fleurs et d’un miroir, détails qui disparurent lors d’une dernière et radicale métamorphose, le peintre optant finalement pour le format circulaire que nous lui connaissons.

Quelques jours seulement avant la mort d’Ingres, l’œuvre lui fut achetée par Khalil Bey, un singulier ambassadeur turc en poste à Londres : très amateur de peintures érotiques, il posséda, en particulier, la fameuse Origine du monde de Courbet. Mais ses tableaux furent dispersés aux enchères dès 1868, et Le Bain turc disparut successivement dans plusieurs collections, fort éloignées du monde ingriste. Son dernier propriétaire privé fut le marchand Georges Petit, qui en proposa l’acquisition au Louvre. Mais le musée hésita pendant plusieurs années, avant de demander à la toute récente Société des Amis du Louvre d’en faire l’achat, pour éviter son départ vers un musée munichois. C’était en 1911, il y a donc tout juste un siècle.

Grande Odalisque

La Grande Odalisque est un tableau de Jean-Auguste-Dominique Ingres peint en 1814 sur une commande de Caroline Murat, sœur de Napoléon Ier et reine consort de Naples. Cette commande fut non payée pour cause de chute de l'Empire. La Grande Odalisque devait avoir pour pendant un autre nu : La Dormeuse de Naples. Ce dernier disparut en 1815.

Le mot odalisque, du turc odalık, désigne une femme de chambre qui servait le harem du sultan : sont donc présents des éléments et objets divers évoquant cette dimension orientale, comme un éventail, des bijoux ou un turban. Ingres peint une femme nue vue de dos selon l'archétype de l'époque, c'est-à-dire sous la forme d'une femme nue offerte aux regards se prélassant de façon lascive.

On remarque au premier abord le dos particulièrement long avec trois vertèbres supplémentaires qui sont présentes, et l'angle peu naturel formé par la jambe gauche. Mais ces déformations sont voulues par Ingres, qui préfère volontairement sacrifier la vraisemblance à sa vision de la beauté. Cela se confirme par ses croquis, aux proportions parfaites : la déformation n'est intervenue que dans la mise en œuvre finale. Ingres ne cherche donc pas à rendre compte de la réalité anatomique du nu mais soumet son modèle à sa manière ; comme il l'avait fait pour La Baigneuse de 1808, conservée au musée du Louvre. La Grande Odalisque fut mal accueillie, lors de sa présentation au Salon de 1819.

Toutes les caractéristiques de l'artiste se retrouvent dans ce tableau : la perfection formelle, l'extrême minutie, la grande sensualité, les déformations anatomiques, le goût pour les formes géométriques, etc.

Ingres a visité Florence et y a découvert les peintres italiens. On voit notamment l'influence de Raphaël dans les courbes de cette œuvre. Il est d'ailleurs proche du « groupe des barbus » dans l'atelier de David qui revendique une perfection formelle et un retour aux sources pré-maniéristes.

Jules Flandrin a réalisé une copie de La Grande Odalisque en 1903 qui est exposée au Musée Ingres à Montauban.

Madame Rivière

Madame Rivière est un portrait peint par Jean-Auguste-Dominique Ingres, qui fait partie d'un ensemble de portraits de la famille Rivière exposé au Salon de 1806.

Surnommé « la Femme au châle », il représente Sabine Rivière née Marie-Françoise-Jacquette-Bibiane Blot de Beauregard épouse de Philibert Rivière de L'Isle. Le portrait inscrit dans un ovale se caractérise par ses lignes sinueuse et l'absence de volume qui par son abstraction annonce les recherches picturales de Cézanne et Picasso. Le tableau fait partie des collections du musée du Louvre.

Mademoiselle Caroline Rivière

Mademoiselle Rivière est un tableau peint en 1805 par le peintre néoclassique Jean-Auguste-Dominique Ingres.

Troisième et dernier tableau d'un ensemble de trois portraits des membres de la famille Rivière, le portrait représente Caroline Rivière, fille de Philibert et Sabine Rivière, âgée de 13 ans, et qui mourut un an après la réalisation du tableau. Il est exposé, avec celui de sa mère, au Salon en 1806. Remarquée pour son style archaïque rappelant les portraits du quatroccento, c'est une de ses œuvres les plus célèbres. Le tableau est entré en 1870 au musée du Luxembourg avec l'ensemble des portraits de la famille qui ont intégré en 1874 les collections du musée du Louvre.

La Baigneuse Valpinçon

La Baigneuse Valpinçon dénommée du nom de l'un de ses propriétaires au XIXe siècle : le banquier Paul de Valpinçon (1834-1894), ami du peintre Edgar Degas, oeuvre également désignée sous le titre de Grande Baigneuse, est un tableau du peintre français Jean-Auguste-Dominique Ingres daté de 1808 et conservé au musée du Louvre à Paris. Ingres le peint lors de son séjour à Rome en tant que pensionnaire de l'Académie de France, alors qu'il est âgé de 28 ans. Il constitue l'un des envois réglementaires de Rome à Paris qu'était tenu de faire le peintre dans sa qualité de pensionnaire de l'Académie. Son premier titre était Femme assise. Le motif de la figure sera répété, avec des modifications, dans deux autres œuvres, une version réduite dans un intérieur de harem, intitulée Petite Baigneuse, et comme figure centrale du Bain turc.

Le tableau représente une femme nue, vue de dos, coiffée d'un turban et assise sur le rebord d'un lit, baignée par une lumière diffuse. Elle constitue le sujet unique du tableau, encadrée par des tentures dont les plis verticaux mettent en valeur la sinuosité des lignes de son corps. Les lignes du corps sont pures, Ingres évitant volontairement de trop mettre en avant l'ossature.

L'Apothéose d'Homère

L'Apothéose d'Homère, dit aussi Homère déïfié, est une grande toile de Jean-Auguste-Dominique Ingres exposée au musée du Louvre et datée de 1827.

L'oeuvre est une commande de l'État pour la décoration d'un plafond du musée Charles X au Louvre (actuelles salles égyptiennes), elle fait partie du projet de renouveau de la grande commande royale que désire Charles X pour s'inscrire dans la grande tradition des Bourbons au Louvre. On l'y descendit en 1855 et on la remplaça la même année par une copie due aux artistes Paul et Raymond Balze faite en collaboration avec Michel Dumas.

Le livret du tableau au catalogue de l'époque décrivait ainsi la toile : Homère reçoit l'hommage de tous les grands hommes de la Grèce, de Rome et des temps modernes. L'Univers le couronne, Hérodote fait fumer de l'encens. L’Iliade et l’Odyssée sont à ses pieds. Le personnage portant une épée symbolise l'Iliade, et celui doté d'une rame représente l'Odyssée.