Alexandre Ivanov

Alexandre Ivanov

Alexandre Andreïevitch Ivanov, né le 28 juillet 1806 à Saint-Pétersbourg et mort le 15 juillet 1858 dans la même ville est un peintre russe néoclassique. 

Il est le fils d'Andreï Ivanov, peintre de sujets historiques et professeur à l'Académie des Beaux-arts de Saint-Pétersbourg. Après sa formation à l'Académie Alexandre part en Italie, en 1831. Il s'y fait comme amis le modèle Vittoria Caldoni et le peintre Grigori Laptchenko qui partiront s'installer en Russie à la fin des années 1830. Ivanov reste durant 28 ans en Italie et ne revient à Saint-Pétersbourg que deux mois avant sa mort. Le 3 juillet 1858, Ivanov meurt du choléra à 51 ans. 

Il est le peintre religieux le plus influent de son époque. Après s'être fait connaître par des tableaux aux sujets mythologiques, il entreprend la réalisation de L'Apparition du Christ au peuple. C'est une toile immense qui nécessita la construction de pavillons spéciaux pour la présenter au public de Saint-Pétersbourg. Ivanov passa vingt ans à la réaliser, à Rome, où il était boursier de l'Académie. Il ne fut jamais satisfait de son œuvre et la considéra toujours comme inachevée. Son tableau a, en effet, un côté laborieux et ses études préparatoires présentent souvent un intérêt, une vivacité plus grande qui ne se retrouve pas dans l'assemblage que constitue l'œuvre finale. En mai 1858 Ivanov de retour de Rome à Saint-Pétersbourg, passe par la France et l'Allemagne à Tübingen chez son idole David Strauss auteur d'une Vie de Jésus. Il expose en Russie : L'Apparition du Christ au peuple appelée aussi la Venue du Messie. Ce tableau débuté vingt ans plus tôt n'attire plus, en 1858, le succès espéré, malgré le prodigieux effort qu'il représente et la perfection de sa réalisation. Il reste malgré tout un monument imposant de la peinture russe du xixe siècle.

Ivanov n'a pas réussi comme il l'espérait à agir sur le développement de l'art de son pays. Il a ouvert une route ambitieuse avec L'Apparition du Christ au peuple sur lequel il a travaillé vingt ans à Rome. Mais à Rome il était loin de son pays natal et cette grande œuvre n'a été connue qu'en 1857 un an avant sa mort. C'est pourquoi il n'a pas eu grande influence sur le groupe des Ambulants. Ce n'est qu'à la fin du xixe siècle qu'un autre artiste va pouvoir être considéré comme son héritier et comme son disciple : Mikhaïl Vroubel. Ivanov a toutefois complètement bouleversé ses croyances et ses idées après la révolution de 1848 qui se produisit en Europe sous le nom de Printemps des peuples et sous l'influence de sa lecture de la Vie de Jésus de David Strauss. Il en vint à créer ses Scènes de l'Histoire sainte que forment les 250 merveilleuses illustrations de la Bible, qui échappent totalement à l'académisme dans lequel il était longtemps resté confiné.

Ivanov vu par les peintres ...

Portrait d'Alexandre Ivanov 

... Peint par Sergueï Postnikov 

Moscou Galerie Tretiakov

Sérieusement oublié de nos jours, Sergey Postnikov est né à Moscou et a suivi une formation artistique de base à l'École de peinture, de sculpture et d'architecture de Moscou. 

Après cela, il passa trois ans (1855-1858) à étudier à l'Académie des Beaux-Arts, mais sans grand succès, et fut donc libéré en 1859 dans la classe historique d'artiste et de portraitiste. 

Après s'être plaint à Saint-Pétersbourg, Sergey Postnikov a voyagé à ses frais jusqu'à Rome et, plus important encore, a consacré cinq années de dur labeur. 

A son retour, deux des nombreux tableaux rapportés d'Italie  "Adieu à Hector et Andromaque" et "Bacchante au tambourin"  lui valent le titre d'artiste académicien de peinture historique en 1863. 

Les motifs italiens serviront à l'avenir de Postnikov lors de la création de peintures, bien que l'artiste ait attiré davantage d'histoires bibliques et de l'Évangile, qu'il a parcourues sur le Web conformément aux décors classiques. 

Une de ses oeuvres :

Portrait d'un garçon 

Saint Petersbourg Musée de l'Ermitage

Moscou Galerie Tretiakov

L'Apparition du Christ au peuple  

Le tableau de L'Apparition du Christ au peuple est une œuvre maîtresse d'Ivanov, qui résume toute sa vie d'artiste. Par la hauteur de l'idéal qu'il inspire, l'effort qu'il représente, la perfection de sa réalisation, il constitue un des monuments les plus imposants de la peinture russe du xixe siècle. Le sujet lui parut exprimer à la fois la révélation du Messie et l'idéal religieux du peuple russe. En lisant l'évangile de saint Jean, Ivanov découvre que toute la substance de celui-ci réside dans ce moment ou Jean le Baptiste, voyant venir le Christ vers lui, dit au peuple : " Voici l'agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde. C'est celui dont je disais : Il vient un homme qui m'est préféré : car il est plus grand que moi. Il faut qu'il croisse et que je diminue ". Louis Réau remarque que ce passage de l'évangile est celui qui est transcrit en latin et montré du doigt par Jean le Baptiste sur la Crucifixion de Colmar de Mathias Grünewald, une des œuvres les plus puissantes de la peinture germanique. 

Ivanov se considère comme l'apôtre de la culture russe et veut prouver à Rome que les artistes de son pays sont capables d'égaler les artistes occidentaux. La peinture de genre « à la française » ne suscite que son mépris et il souhaite que son œuvre ouvre la voie à d'autres compositions historiques qui répandront la gloire de la peinture russe à travers le monde. La Russie, écrit-il en 1837, ne fait que commencer à fleurir et ses artistes n'ont encore presque rien produit. Cet idéal à la fois religieux et national, voisin de celui des « slavophiles » explique l'effort qu'il s'est imposé pendant 25 ans pour réaliser cette toile. Les six cents études faites en vue de ce tableau permettent de se représenter le travail nécessaire. Ses esquisses se répartissent en deux catégories : les études de détails d'une part et les recherches de compositions d'autre part. 

Le travail de composition ne fut pas moindre que celui de l'étude des détails. Ivanov, tourmenté par le désir du mieux, demande des avis de tous côtés auprès d'artistes italiens ou étrangers, ou à son père resté à Pétersbourg. Des avis contradictoires qui laissent des traces dans son œuvre. On lui conseille de diminuer le nombre de nus qui ressemblent plus à des académies d'école qu'à des auditeurs réels. Johann Friedrich Overbeck, consulté remarque que saint Jean le Baptiste en tournant sa tête vers les spectateurs prend un air d'acteur. Il lui conseille de tourner légèrement la tête de profil. Vincenzo Camuccini lui conseille de peindre, aux pieds de saint Jean le Baptiste, une croix et une coupe, comme s'il jetait ses attributs au moment où le Christ apparaît. Bertel Thorvaldsen est d'avis de placer une croix dans la main de Jean le Baptiste. Ivanov suit une partie des conseils et remanie complètement son tableau en y introduisant le personnage nu, grelottant, portant en main un vêtement à côté de son fils et celui du vieillard nu, de dos avec son esclave vêtu de bleu. Au second plan le peintre ajoute des figures de Pharisiens et de soldats à cheval. Ivanov écrit à son père les changements qui apparaissent dans sa deuxième esquisse et s'en explique. Jean Baptiste tient une croix pour qu'on le reconnaisse du premier coup d’œil. Il porte un manteau pour lui donner plus d'importance. Derrière Jean Baptiste saint Jean l'apôtre avec des cheveux roux. Son visage de Juif hellénisé est d'une grâce presque féminine. Ivanov s'efforce, écrit-il, de leur donner les traits inventés pour La Cène de Léonard de Vinci. Derrière saint Jean, André et Nathanaël. Au centre, un garçon habillé de bleu foncé aide son père à se relever pour voir le Messie. Dans une deuxième lettre à son père datée de mars 1839, Ivanov explique les changements qu'il apporte au fond de paysage. Il remplace des roches escarpées et les murailles de Jérusalem par une plaine d'oliviers toute embuée de vapeurs. La figure du Christ se détache mieux ainsi et le tableau gagne en profondeur. Au second plan apparaît un groupe plus dense de Pharisiens, de lévites incrédules, de soldats.
Le Sauveur apparaît au sommet de la colline. Sa silhouette va peu à peu grandir.

Louis Réau considère cette composition trop étudiée. La fraîcheur des études semble s'être évaporée dans l'assemblage des différentes parties ce qui lui fait perdre l'accord des tons. Il la compare aux œuvres d'Albert Dürer, à ses grands tableaux religieux qui sont des mosaïques juxtaposées, écrit-il, ingénieusement assemblées, mais où le charme des couleurs disparaît. Réau remarque que la lenteur d'exécution a nui à l'unité de cette œuvre grandiose. Il remarque également que, un quart de siècle après le début de son exécution, le tableau est devenu « inactuel » et le public de Saint-Pétersbourg quand il lui fut présenté en 1857, se contenta de saluer froidement ce "revenant devenu vieux".

Priam suppliant Achille de lui rendre le corps d'Hector 

Fille Albanaise à la porte

Dans la Galerie inférieure d'Albano

L'oeuvre "Olivier au cimetière d'Albano" qu'il a également réalisé (à droite ci-dessus) et qui est aussi à la Galerie Tretiakov dispose d'une plus grande notoriété dans l'oeuvre de Alexandre Ivanov que cette "Dans la Galerie inférieure d'Albano" retenue en 1973 par les Postes Soviétiques pour figurer sur un timbre.

Branche

Des croquis ont grandi la série d'excellents paysages italiens, parmi lesquels particulièrement impressionnants sont la "Branche", "la voie Appienne au coucher du soleil" et "le bois dans l'ombre au-dessus de l'eau près de Castel Gandolfo" de la fin des années 1840 au début des années 1850. 

 Apollon, Hyacinthe et Cyparissus faisant de la musique et chantant 

Le sujet de ce tableau inachevé est la fantaisie de l'artiste sur plusieurs mythes grecs. Apollon, le dieu du soleil, de l'art, de la musique et de la poésie, joue de la musique avec ses favoris dans la nature. Ivanov a déclaré qu'il voulait représenter « la nudité au lieu d'une classe de vie », en d'autres termes, combiner la beauté classique avec un sentiment romantique vivant. Il réalise des études à partir de sculptures classiques (par exemple, la tête d'Apollon du Belvédère ou un bas- relief représentant Endymion endormi), mais il essaie d'animer les images en les remplissant de chaleur et de lumière.  

Saint Petersbourg Musée Russe

Garçon nu

Dans des croquis en plein air, observant et capturant les nuances de l'interaction du sujet avec la lumière et l'air ambiant, il a anticipé certaines des découvertes des impressionnistes, qu'ils ont déjà engagées dans la prochaine décennie. C'était en premier lieu, son cycle remarquable d'œuvres représentant des garçons nus dans la nature. 

Le milieu aérien, la lumière, les rapports d'espace, les ombres, les reflets sur le corps nu sont réunis dans cette étude, qui divinise les relations de l'homme avec la nature.

Joseph interprète les rêves du majordome et du boulanger 

Voici l'origine biblique et le sens de cette oeuvre d'Ivanov.

L'histoire de Joseph, le boulanger et le majordome est une leçon de foi et de persévérance face à l'adversité. Après avoir été faussement accusé et arrêté, Joseph a fait confiance à Dieu et est devenu responsable des autres prisonniers, y compris ses deux nouveaux compagnons de cellule : le boulanger et le majordome. Grâce à l'interprétation des rêves, José a pu les aider, mais la vie ne se déroule pas toujours comme on l'attend. Cette histoire nous apprend à garder foi et confiance en Dieu même face aux situations les plus difficiles. Après avoir été faussement accusé par la femme de Potiphar, Joseph a été emmené en prison. Mais dans cet endroit difficile, Joseph a découvert que Dieu était avec lui. Le geôlier était satisfait de Joseph et l'a promu responsable des autres prisonniers. Le geôlier a également découvert qu'il pouvait faire confiance à Joseph pour s'acquitter de ses responsabilités sans avoir besoin de l'inspecter. Dieu a donné du succès à Joseph dans tout ce qu'il a fait.

Pendant ce temps, dans le palais de Pharaon... il y avait un échanson chargé de servir les boissons à Pharaon. Cet homme était chargé de veiller à ce que personne n'empoisonne les boissons qu'il servait à Pharaon. Cependant, il déplut tellement à Pharaon qu'un jour les gardes furent appelés. Et il fut emmené à la prison où Joseph était détenu. Le même jour, il y avait aussi un boulanger de Pharaon au travail. Il a aussi déplu à Pharaon... et a été traîné en prison. José était chargé de prendre soin de ces deux nouveaux compagnons de prison.

Quelque temps plus tard, quand Joseph arriva dans leur cellule un matin, il vit qu'ils avaient tous les deux l'air triste. "Nous avions tous les deux des rêves, mais nous ne les comprenions pas", ont-ils murmuré.     « Dieu peut interpréter les rêves », leur a dit Joseph. "Dis-moi de quoi tu as rêvé". L'échanson parla le premier : "Dans mon rêve, j'ai vu une vigne devant moi, et sur la vigne il y avait trois branches. Dès qu'elle a bourgeonné, elle a fleuri, et ses grappes ont produit des raisins. La coupe de Pharaon était dans ma main, et j'ai pris les raisins et les ai pressés dans la coupe de Pharaon...Puis j'ai placé la coupe dans la main de Pharaon."

"C'est ce que cela signifie, — lui dit Joseph — les trois branches sont trois jours. Dans trois jours, Pharaon vous rendra votre travail et vous servirez à nouveau sa coupe." Alors Joseph demanda au majordome de lui faire une faveur :"J'ai été sorti de force du pays des Hébreux et maintenant je me retrouve en prison, n'ayant rien fait de mal", a-t-il expliqué. "Quand tu retrouveras ton emploi, s'il te plaît, parle de moi à Pharaon."

Alors le boulanger raconta son rêve. "Sur ma tête, il y avait trois corbeilles de pain. Dans le panier supérieur se trouvaient toutes sortes de pains et de sucreries pour Pharaon... mais les oiseaux mangeaient dans ce panier au-dessus de ma tête."

"Les trois paniers sont de trois jours" Joseph a expliqué et a ensuite apporté la mauvaise nouvelle. "Dans trois jours, Pharaon te coupera la tête, et les oiseaux mangeront ta chair."

Trois jours plus tard, c'était l'anniversaire de Pharaon et il organisa un festin pour tous ses fonctionnaires. Le boulanger et le majordome ont été convoqués de prison. Tout le monde attendait le jugement de Pharaon sur les deux hommes. Le majordome a été libéré et son travail lui a été rendu. Le boulanger serait le prochain à rencontrer son destin. Pharaon a ordonné son exécution immédiate. Sa tête a été coupée et empalée sur un poteau. Après avoir repris son travail, le majordome a complètement oublié Joseph et n'a pas mentionné son nom à Pharaon. Ce qui a fait que Joseph a été laissé en prison, mais il savait que Dieu était avec lui.

Conclusion: "L'histoire de Joseph, le boulanger et le majordome nous montre que, même face à l'adversité, nous pouvons trouver force et espérance dans la foi en Dieu. Comme Joseph, nous pouvons être sûrs que quelles que soient les circonstances, Dieu est avec nous et nous guidera sur le bon chemin. Il est donc important de partager cette histoire et d'encourager les autres à faire confiance à Dieu dans leurs propres luttes."

Un marié achète une bague pour sa fiancée

Ivanov était connu pour son style académique, qui mettait l'accent sur la précision et la technique. Ses œuvres sont caractérisées par une attention méticuleuse aux détails et une utilisation habile de la lumière et de l'ombre.

Bien qu'il n'ait pas connu un grand succès commercial de son vivant, Ivanov est aujourd'hui considéré comme l'un des plus grands peintres russes du XIXe siècle.

Il vivait dans une extrême pauvreté, économisant sur chaque petit détail, parfois pour étancher la faim de pain et la soif - l'eau de la fontaine de la rue, extrait l'argent destiné à l'entretien d'un immense atelier, à l'achat de matériel d'art et au paiement des gardiens. Afin d'atteindre une persuasion vitale maximale, Ivanov a beaucoup d'efforts et de temps pour exécuter des études sur le terrain, les trouvant et les affinant dans les visages et les figures des personnages et du paysage environnant, y compris les détails les plus mineurs en apparence, comme les rochers du fleuve. 

Provenance non déterminée ...

Apparition de l'ange au Christ au jardin de Gethsémani 1850 

"Apparition de l'ange au Christ dans le jardin de Gethsémani" datant de 1850 nous montre la capacité d'Ivanov de s'éloigner de l'académisme à la fin de sa vie. 

Selon l'historien d'art Mikhaïl Alpatov, la toile Apparition du Christ à Marie madeleine à la résurrection est caractéristique du classicisme académique, dans la mesure où la rencontre du Christ et de Marie Madeleine est comme intentionnelle et que dans leurs mouvements et leurs postures se devine un élément significatif de théâtralité. Néanmoins, selon Alpatov, « Ivanov a réussi à atteindre une telle grandeur que les académiciens ne la comprenaient même pas », et « la juxtaposition des deux figures, celle du Christ et celle de Marie Madeleine tombée à genoux est une réussite de l'artiste ». Alpatov note encore que ces deux figures représentées par Ivanov « contiennent une dignité telle qu'elle est plus proche de celle des héros de la tragédie classique que de celle des personnages des légendes évangéliques » 

Les frères de Joseph trouvent la coupe d'argent près de Benjamin

Moscou Galerie Tretiakov 

L'oeuvre ci-dessus sur la gauche du bloc feuillet dit de la Poste Guinéenne parait être une ébauche pour le tableau "Les frères de Joseph trouvent la coupe d'argent dans la meute de Benjamin" qui figure parmi ses oeuvres à la Galerie Tretiakov de Moscou. 

La Génèse - Chapitre 44 - versets 5 à 13 ...

« N’avez-vous pas la coupe dans laquelle boit mon seigneur, et dont il se sert pour deviner ? Vous avez mal fait d’agir ainsi. L’intendant les atteignit, et leur dit ces mêmes paroles. Ils lui répondirent : Pourquoi mon seigneur parle-t-il de la sorte ? Dieu préserve tes serviteurs d’avoir commis une telle action !

Voici, nous t’avons rapporté du pays de Canaan l’argent que nous avons trouvé à l’entrée de nos sacs ; comment aurions-nous dérobé de l’argent ou de l’or dans la maison de ton seigneur ?

Que celui de tes serviteurs sur qui se trouvera la coupe meure, et que nous soyons nous-mêmes esclaves de mon seigneur !

Il dit : Qu’il en soit donc selon vos paroles ! Celui sur qui se trouvera la coupe sera mon esclave ; et vous, vous serez innocents. Aussitôt, chacun descendit son sac à terre, et chacun ouvrit son sac.

L’intendant les fouilla, commençant par le plus âgé et finissant par le plus jeune ; et la coupe fut trouvée dans le sac de Benjamin. Ils déchirèrent leurs vêtements, chacun rechargea son âne, et ils retournèrent à la ville ».

Quand le serviteur de Joseph accusa ces hommes de vol, indiquant que l’un d’entre eux avait pris la coupe dans laquelle Joseph devinait, ils réfutèrent vigoureusement l’accusation et pour prouver qu’elle était sans fondement, ils attirèrent l’attention sur le fait que l’argent qui avait été mis dans leurs sacs lors de leur précédente visite avait été rendu. Il leur semblait que cela prouverait qu’ils n’étaient pas des voleurs.

Ils étaient assez confiants de leur position sur ce point et ouvrirent volontairement leurs sacs à la fouille, disant que le propriétaire du sac où la coupe serait trouvée pourrait être mis à mort. Conformément au code d’Hammourabi, faisant office de loi en Egypte en ce temps-là, et bien connu en Canaan, la mort était la punition pour le vol. En d’autres termes, ils acceptaient que la loi fasse son office, puisqu’ils étaient sûrs que la coupe ne serait pas trouvée dans leurs sacs.

L’expression du verset 7 : « Dieu préserve tes serviteurs d’avoir commis une telle action ! » n’est pas une traduction correcte, le mot ‘Dieu’ n’étant pas dans le texte hébreu. La traduction devrait être : « Loin de tes serviteurs la pensée…etc ».

Grande fut leur surprise quand la coupe fut trouvée dans le sac de Benjamin. Ils « déchirèrent leurs vêtements », symbole de désarroi. Mais ils ne cherchèrent pas à s’échapper. Ils rechargèrent leurs sacs sur leurs ânes et retournèrent à la ville avec Joseph.

Bellérophon s'apprêtant à partir combattre la Chimère 

Le scène dépeint le moment où Bellérophon, partant pour son acte héroïque, dit au revoir au roi Lobates. Le héros, selon la tradition académique, est présenté nu. Dans sa main gauche se trouve une lance, un manteau rose est jeté sur sa main et l'aile blanche de Pégase éclipse sa tête et ses épaules. Le merveilleux cheval est plein d'impatience et prêt à voler. Derrière ce groupe se trouve la déesse volante Athéna, patronne du guerrier. La princesse Dilonoya, recouverte d'un voile jaune, vit amèrement la séparation d'avec sa bien-aimée. Selon la tradition académique, Ivanov place les personnages dans l'ordre des bas-reliefs. Le mouvement dans l’image se développe de gauche à droite.

Portrait de Nicolas Gogol en 1840

Son amitié prolongée avec le peintre Alexandre Ivanov est bien connue et retiendra notre attention. Celui-ci vécut longtemps à Rome et se consacra de nombreuses années à l’achèvement de la grande œuvre de sa vie L’Apparition du Christ devant le peuple (1833-1855)  

Gogol venait souvent le voir dans son atelier, à Rome, pour méditer avec lui devant cette immense toile. Le peintre, qui a produit deux portraits de Gogol, aurait attribué à l’un des personnages accueillant le Christ la tête de Gogol. De dimensions imposantes, ce tableau célèbre ne nous apparaît pas comme un chef-d’œuvre de premier plan, mais il a joué dans la vie et l’écriture de Gogol un rôle décisif : il pourrait jouer un rôle non moins considérable dans l’ « explication » de Gogol. 

Ce à quoi aspire, en effet, Gogol, c’est au retour du Christ dans le monde, illuminé enfin, transfiguré enfin par Sa présence. L’impiété, la tristesse, l’ennui du monde actuel renvoient Gogol et Ivanov vers les temps de la Bonne Nouvelle, quand tous les espoirs étaient encore permis. Alexandre Ivanov pratique exactement l’art auquel songe Gogol et qui, toute sa vie, lui restera interdit, peindre un monde que seul le Christ rend lumineux : un art qui éclaire et convertit, qui rend aux hommes les plus divers, tels qu’ils sont représentés dans le tableau d’Ivanov, tournés vers Celui qui vient, leur beauté en Dieu, beauté, chez Ivanov, très « classique », très occidentale, très académique même : en l’œuvre d’Ivanov, Gogol voit l’art occidental rédimé, servant enfin un but élevé. C’est ce retour du reflet divin dans les créatures que Gogol n’est jamais parvenu à rendre, lui, en fait, et Ivanov lui apparaît comme celui qui a réussi cette prouesse promise mais qu’il ne sera pas donné à Gogol, d’accomplir : il mourra, comme Moïse, au seuil de Chanaan ; du moins, pense-t-il, l’art aura donné à son peuple, les hommes russes, l’envie d’emprunter les bonnes voies. Prophète en déshérence, guide déserté, l’écrivain russe est celui qui se retourne sur ses compatriotes pour accabler d’imprécations et d’exhortations le peuple que Dostoïevski dira bientôt « théophore » (bogonosec).