D - Baroque Germanique

Le Baroque

Dresser une liste des meilleurs artistes allemands du baroque n’est pas chose facile, même si quelques personnes exceptionnelles ont travaillé au cours de cette période : Hans Rottenhammer (1564-1625), Adam Elsheimer (1578-1610), Johann Liss (1597-1631), Joachim von Sandrart (1606-88) peintres baroques allemands du début du XVIIe siècle et le sculpteur Andreas Schluter (1664-1714). Le déclin s'accentura encore au XVIIe siècle : Schwartz, Goltzius, Heinz, Screta, Kupetski, Joseph Werner, Brandl, Pierre de Strudel, se proposèrent auprès des Italiens pour travailler. Zingelbach, Kneller, Poelenburg, Mignon, Dietrich, s'attachèrent de préférence aux maîtres flamands et hollandais. Puis l'école française du temps de Louis XIV trouva aussi des imitateurs avec Brandmuller, Rugendas et Huber.

Johann Liss

Johann Liss (ou Jan Lys) né à Oldenbourg vers 1595 - 1597, mort à Vérone le 5 décembre 1631, est un important peintre baroque, surtout actif à Venise.

Après un séjour aux Pays-Bas de 1615 à 1619, il arriva à Venise vers 1621 et s'y fixa définitivement en 1625 après être resté longuement à Rome. Formé à l'école de Goltzius, peintre de Haarlem, à celle de Pieter Bruegel, puis à celle de Buytewech ainsi qu'au Caravagisme flamand d'un Jordaens, il introduisit dans la ville italienne, qui traversait alors une période de stagnation, une nouvelle conception d'origine septentrionale. Comme Fetti, il s'attacha essentiellement aux personnages au détriment du décor. Il reprit plusieurs fois le thème de ses tableaux, et peu de ses œuvres sont documentées. Il est toutefois possible d'en établir une chronologie. On constate que, chez lui, le luminisme caravagesque se transforme sous l'influence des maîtres vénitiens du xvie s. en un coloris où les formes se dissolvent. Ses tableaux de genre vénitiens (laRixe, musée d'Innsbruck ; la Noce, musée de Budapest ; le Fils prodigue, Vienne, Akademie, le Jeu de la mourre musée de Kassel ; et plusieurs autres compositions datant pour la plupart des premières années de son séjour à Venise) mettent en scène des groupes de personnages de caractère flamand évoluant dans des jardins vénitiens à la manière de Fetti et baignés d'une lumière empruntée à Titien. Le Banquet de soldats (Kassel et Nuremberg), peint à Rome, démontre l'influence des cercles caravagesques et surtout de Valentin de Boulogne pour la couleur chaude et la technique picturale. Judith (Londres, N. G.), l'une des œuvres majeures de la période romaine, procède de la fusion d'éléments romains (composition dérivée de Caravage) et flamands (un tableau de Rubens aujourd'hui perdu), de même la Toilette de Vénus (Pommersfelden), où l'influence de Goltzius et de Jordaens est éclipsée par la conception iconographique classique empruntée à A. Carrache. La Vision de saint Paul (musées de Berlin) et l'Inspiration de saint Jérôme (Venise, Saint-Nicolas-de-Tolentino), peintes après son installation définitive à Venise, révèlent, par leur lumière chromatique, l'influence de peintres de la suite de Corrège, surtout Federico Barocci et Ludovico Cigoli. Dans ces dernières œuvres, Liss associe avec une extrême virtuosité la vision céleste, l'extase à la plénitude sensuelle de la vie. L'élément irrationnel, le transcendant, est exprimé par l'espace lumineux, mais les saints sont représentés chargés d'une présence toute matérielle. Le caractère profane des corps est traduit par le dynamisme et la composition en diagonale, que baigne une lumière irisée. Moyen d'expression caractéristique de l'art baroque pour suggérer le mouvement, la diagonale régit toute la composition, de la zone sombre, réservée à la peinture du monde terrestre, à l'étincelante couronne, symbole de la gloire céleste. Ce langage pictural, à la touche légère et dont l'extraordinaire rythme se résout dans la lumière, semble appartenir déjà au xviiie s. Au cours des deux premières décennies du xviie s., Liss renouvela la peinture vénitienne, ouvrant ainsi, aux côtés de Fetti et de Strozzi, la voie à Tiepolo et à Piazzetta. Seules quelques années créatrices lui permirent de réaliser cette synthèse entre la force d'expression nordique, les formes grandioses inspirées par Caravage, le classicisme de Carrache et l'harmonie du coloris vénitien, synthèse qui trouve son expression la plus parfaite dans ces lumineuses visions.

Jan Kupetzky

Né à Pezinok en Bohême, Jan Kupecký était fils d'un tisserand. Il abandonna la maison paternelle et alla se former à Rome, où le prince Stanislas Sobieski devina son talent et le tira de l'obscurité. Il résida longtemps à Vienne,où il jouit de la faveur des empereurs Joseph Ier, Charles VI et François Ier.

Il fut estimé pour ses talents de portraitiste.

Cet artiste appartenait aux Frères Moraves, et il obtint de l'empereur d'Autriche la permission pour ses coreligionnaires de professer librement leur culte dans ses États.

Petr Johannes Brandl

Petr Johannes Brandl (24 octobre 1668– 24 septembre 1735) est un peintre du baroque tardif ou rococo, célèbre en son temps mais oublié jusqu'à il y a peu, du fait de l'isolement provoqué par le rideau de fer.

C'est un peintre allemand du royaume de Bohême où les élites citadines sont alors majoritairement allemandes. Il fait son apprentissage entre 1683 et 1688 avec Kristián Schröder (1655–1702).

Brandl utilise un clair-obscur très accentué avec des empâtements chargés et des compositions dramatiques, dans la lignée baroque. La Galerie nationale à Prague comporte une salle entière consacrée à son œuvre, dont un Buste d’Apôtre créé peu avant 1725.

Petr Johannes Brandl est un lointain ancêtre de deux artistes contemporains, le peintre autrichien Herbert Brandl et le peintre suisse-américain Mark Staff Brandl

Gottfried Kniller

Godfrey Kneller ( Lübeck , 8 Août 1646 - Londres , 19 Octobre 1723 ) était un Allemand artiste et peintre , principalement portraitiste , qui est devenu le premier peintre de la cour en Angleterre à la fin du 17ème et au début du 18ème siècle . Il était le successeur de Sir Peter Lely .

Godfrey Kneller ou Gottfried Kneller, 1ᵉʳ baronnet, est un peintre de portraits britannique. Le nom qu'il portait à Lübeck est Gottfried Kniller et, c'est encore sous ce patronyme que les musées de Lübeck présentent ses œuvres.

Gottfried Kneller est né à Lübeck, en Allemagne, en 1646. Jeune, il a étudié à la ville de Leyde ; cependant, il devient bientôt l'élève préféré de Ferdinand Bol et de Rembrandt , s'installant à Amsterdam . Au début des années 70 du XVIIe siècle, il travailla à Rome et à Venise , travaillant sur des sujets historiques et des portraits. A son retour de son voyage en Italie, il s'installe à Hambourg . Il a été appelé en Angleterre par le duc de Monmouth , James Crofts, fils naturel du roi Charles II Stuart avec son frère, John Zacharias Kneller, également peintre. Il fut bientôt présenté à Charles II, qui lui commanda un portrait. Au cours de sa période anglaise, Godfrey Kneller s'est principalement concentré sur le portrait. Il fonde un atelier personnel et se met au service de l'aristocratie et de la bourgeoisie anglaises. Il incarne Charles Lennox , fils du roi, les scientifiques Isaac Newton et Thomas Betterton , le sculpteur Grinling Gibbons , le peintre italien Antonio Verrio , le duc général John Churchill et bien d'autres grands noms de la noblesse et de la culture.

Parmi ses œuvres majeures, une série de quatre portraits de Newton, un des portraits de monarques européens dont Louis XIV , et plus d'une quarantaine de portraits de membres du club anglais Kit-Cat .

À la mort de Sir Peter Lely , Kneller est nommé peintre principal de la couronne , le peintre officiel de la cour. Dans les années suivantes, il crée les Hampton Court Beauties , une célèbre série de portraits pour Guillaume III . George Ier fit de lui un baronnet .

Abraham Mignon

Abraham Mignon s’est exclusivement consacré à la peinture des fleurs, des fruits, oiseaux, et autres sujets de nature morte, à l’exception de quelques portraits. Un des procédés qu’il utilise fréquemment consiste à représenter au centre de la toile des roses rouges ou blanches, et à ordonner l’ensemble du bouquet autour d’elles, sur un fond sombre.

Il est né à Francfort-sur-le-Main le 21 juin 1640 et mort le 27 mars 1679 à Utrecht, peintre de natures mortes. Son père, un marchand originaire de Hainaut émigré à Francfort, le fait entrer à l’atelier du peintre de nature morte Jacob Marrel. Marrel l’emmène avec lui aux Pays-Bas en 1659 à Utrecht où il travaille ensuite dans l'atelier de Jan Davidszoon de Heem, où il épouse en 1675 la fille du peintre Cornelis Willaerts et où il est inscrit à la gilde de Saint-Luc en 1676. Il a notamment pour élève Sibylle Merian, fille du graveur Matthaüs Merian. Il est l'auteur de très nombreux bouquets de fleurs.

Wolf Huber

Wolf Huber en 1485, à Feldkirch, en Autriche et décédé le 3 juin 1553, à Passau, en Allemagne, était un Peintre, dessinateur et graveur sur bois allemand, qui, après Albrecht Altdorfer, fut le plus important membre de l'école du Danube. Wolf Huber est, par là, sinon le créateur, du moins l'un des premiers grands représentants d'un genre nouveau dans l'histoire de l'art. Il s'établit au plus tard en 1515 à Passau, au service de l'évêque de la ville, fonction qu'il conserve jusqu'à sa mort et qui le dispense d'entrer dans la corporation des peintres de la ville.

On ignore tout de sa formation ; on a cherché en vain à faire dériver son style d'une tradition locale du Vorarlberg. Il doit certainement beaucoup à l'exemple de Dürer, aux gravures duquel il a plus tard emprunté certaines de ses compositions ; il a entretenu avec Altdorfer des contacts étroits, sans que l'on puisse toujours préciser avec certitude lequel des deux artistes a devancé ou inspiré l'autre.

Sa Vue du Mondsee (lac des environs de Salzbourg), dessin à la plume daté de 1510, le montre en pleine possession d'un style original. Il dessinera par la suite, à la plume, un nombre important de paysages (il fera aussi quelques aquarelles gouachées, comme Altdorfer à la même époque que lui), qui ne sont pas de simples études ou des notes personnelles mais des ouvrages destinés à la vente et qui ont connu rapidement un grand succès, comme le prouve l'abondance des copies et des imitations. Wolf Huber est, par là, sinon le créateur, du moins l'un des premiers grands représentants d'un genre nouveau dans l'histoire de l'art.

Sa production peinte ne nous est connue qu'à partir de 1517 (fragment d'épitaphe) et surtout de 1519, date d'un petit tableau (on ignore s'il s'agit d'un fragment de volet de retable ou d'une œuvre isolée) qui représente les Adieux du Christ à sa mère (Kunsthistorisches Museum, Vienne). De 1521 datent quatre panneaux peints sur les deux faces, volets d'un retable de Sainte Anne, œuvre commandée en 1515 par la confrérie de Sainte-Anne-de-Feldkirch (musée du Vorarlberg, Bregenz) ; le revers du coffre, une Déploration du Christ, se trouve toujours dans l'église paroissiale de Feldkirch. De 1524 date une autreDéploration (Louvre) ; de 1525, deux panneaux d'un retable disparu (Flagellation et Couronnement d'épines, monastère de Saint-Florian près de Linz). Une Érection de la Croix (Kunsthistorisches Museum, Vienne) a dû être exécutée à la même époque ; deux panneaux d'un retable de la Vie de la Vierge (Musée national bavarois, Munich, et musée de Berlin-Dahlem) et deux autres d'un retable de La Passion (Pinacothèque, Munich) sont un peu plus tardifs. Vers 1540, Huber peignit pour l'évêque de Passau une Allégorie de la Croix (Kunsthistorisches Museum, Vienne). Il a également laissé des portraits soit peints (Portrait de l'humaniste Jacob Ziegler, vers 1545-1550, Kunsthistorisches Museum, Vienne), soit dessinés (ces dessins ne doivent d'ailleurs pas être confondus avec les études de physionomies destinées à des compositions religieuses).

Wolf Huber se distingue, dès ses premiers dessins, par un exceptionnel sentiment de l'espace, où l'impression d'étendue est rendue avec une grande sûreté alliée à une extrême économie de moyens. Un étonnant dessin du Calvaire, connu seulement par plusieurs copies (dont l'une date de 1511), montre une virtuosité non dépourvue de complaisance dans le maniement de la perspective, qui nuit à la représentation du Christ, relégué sur le côté au second plan de la composition. Dans les premiers tableaux connus, Huber est très attentif à l'unité de la lumière ; il affectionne en particulier le demi-jour des crépuscules et les rayons rasants du soleil à l'aube, avec des effets de contre-jour que l'on retrouve plus tard dans d'admirables dessins au lavis. Ces goûts et ces préoccupations rapprochent Wolf Huber d'Altdorfer, mais il manifeste un tempérament plus régulier, plus raisonné. Sa production peinte accuse une froideur grandissante, dans laquelle on peut voir un reflet de l'évolution générale de la peinture à l'époque maniériste (Portrait de Jacob Ziegler), mais qui peut s'expliquer aussi, dans les tableaux religieux, par la participation de son atelier. Il fait preuve, en effet, d'une originalité beaucoup plus grande dans ses esquisses de compositions religieuses que dans ses tableaux, comme s'il n'avait pu confier qu'au papier ses meilleures idées, parfois très audacieuses.