Paul Gauguin

Paul Gauguin

Paul Gauguin, né le 7 juin 1848 à Paris et mort le 8 mai 1903 à Atuona aux îles Marquises, est un peintre postimpressionniste français. 

Paul Gauguin est né à Paris en 1848 mais il passe sa petite enfance à Lima où sa famille s'était exilée pour des raisons politiques. Il revient en France à l'âge de 7 ans et à 17 ans il embarque sur des navires marchands jusqu'à la guerre de 1870. Il devient alors agent de change et s'initie parallèlement à la peinture aux côtés de Camille Pissaro. Il expose régulièrement avec le groupe des impressionnistes jusqu'en 1886, année où il fait son premier voyage en Bretagne à Pont-Aven. Il travaille alors avec d'autres peintres dans la mouvance du "synthétisme" que l'on appelle l'école de Pont-Aven, à la recherche de plus de simplicité dans les formes et les couleurs (comme on peut le voir dans son tableau "La vision après le sermon"). C'est en 1891 que Paul Gauguin, attiré par l'exotisme et les arts primitifs, part en Polynésie et s'installe d'abord à Tahiti puis sur l'île d'Hiva Oa aux Marquises où il peint ses œuvres majeures comme son tableau "D'où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ?". Mais confronté à la cupidité de l'administration coloniale et aux soucis de santé, il meurt d'une crise cardiaque en 1903 à la suite d'une forte dose de morphine censée le calmer d'une blessure à la jambe qui le faisait souffrir depuis près de 10 ans. 

Durant les années 1874-1886, Paul Gauguin allait se mouvoir dans le sillage du mouvement impressionniste.

En tant que collectionneur, il se montra audacieux achetant très tôt des oeuvres de Pissarro, Manet, Monet, Renoir, Sisley, Guillaumin, Cassatt, Degas et Cézanne. Il gagnera particulièrement l'amitié de Pissarro et de Degas, ce dernier restant, en dépit d'une brouille passagère, l'un de ses plus ardents défenseurs, lui achetant à plusieurs reprises des toiles.

En tant que peintre, sa peinture restera très proche de celle de son mentor, Pissarro, jusque vers 1883. Il devra à l'impressionnisme son sens de la lumière de plein air, la luminosité de ses couleurs, et son indépendance à l'égard des conventions.


Portraits philatéliques d'après photographies

Le peintre retourne à Tahiti en 1895. Désespéré par sa solitude et la misère, il peint une œuvre monumentale, sorte de testament : "D'où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ?" (1897-1898), avant de tenter de se suicider. 

Installé à Papeete, il entretient une relation avec Pau'ura, une vahiné de 14 ans, qui lui donne un fils, Émile. 

Gauguin part ensuite pour les îles Marquises en 1901 dans l'espoir de renouveler son énergie et son inspiration.

Il s'y fait construire la Maison du Jouir (voir la photo ci_contre), habitation sur pilotis, et prend pour compagne Marie-Rose Vaeoho, 13 ans, qui tombe enceinte d'une petite fille. 

Retrouvant un temps l'impression d'un paradis, il peint le tableau Contes barbares (1902). 

Atteint d'eczéma douloureux et fatigué par la syphilis, Paul Gauguin meurt dans la misère la plus totale le 8 mai 1903.

Peintre maudit, son œuvre ne connaît le succès qu'après sa mort. 

Victor Segalen effectue de 1903 à 1904 un voyage à Tahiti et en Polynésie. 

Lors de ce séjour, il découvre aux îles Marquises les dernières œuvres de Gauguin, mort trois mois plus tôt. Il les rachète, les sauvant ainsi de la destruction. 

Les œuvres du peintre sont une grande source d’inspiration pour l’écrivain tout au long de sa carrière. Plus tard, un recueil reproduisant ces peintures et les textes consacrés par Segalen au peintre sera publié sous le titre « Hommage à Gauguin, l'insurgé des Marquises ». 

Ci-dessus : La Maison du Jouir aux Iles Marquises.

Ci-dessous : Portrait et timbre de Victor Segalen évoqué ci-contre.

Victor Segalen, né le 14 janvier 1878 à Brest et mort le 21 mai 1919 à Huelgoat, est un médecin de la marine, romancier, poète, ethnographe, sinologue et archéologue français. 

Paris Collection Arthur Sachs 

Autoportrait avec la palette et le pinceau 

On le voit en train de peindre, tenant d’une main son pinceau et de l’autre (qui demeure invisible) sa palette. Il doit faire un froid glacial, à considérer la chaude vêture du peintre, son énorme toque de fourrure et son épaisse houppelande. Il ressemble plus à un officier de l’armée russe ou hongroise qu’à un artiste-peintre ! À se fier au témoignage d’Armand Seguin, c’est entre 1893 et 1895, à l’époque de son retour en France entre ses deux séjours tahitiens, qu’on pouvait voir Paul Gauguin déambuler ainsi vêtu dans les rues de la capitale et se pavaner avec « ce bonnet d’astrakan, cette énorme houppelande bleu foncé que maintenaient des ciselures précieuses, et sous lesquels il apparaissait aux Parisiens tel un Magyar somptueux et gigantesque, un Rembrandt de 1635 » 

Paris Collection Dmitry Rybolovlev 

Otahi (Seule)  

Otahi (français : Seule - anglais : Alone) est une huile sur toile de 1893 réalisée par l' artiste postimpressionniste Paul Gauguin. 

Peinte à Tahiti , la pose du sujet est considérée comme taboue car c'est celle où la femme se prépare à la pénétration sexuelle. La femme porte un paréo autour des reins. 

L'œuvre faisait partie d'un procès opposant le milliardaire russe Dmitry Rybolovlev au marchand d'art suisse Yves Bouvier et la maison de ventes Sotheby's , le premier accusant les deux dernières de gonfler les prix. Otahi, qui a été acheté par Rybolovlev pour une somme estimée à 120 millions de dollars américains, n'a été revendu que pour environ 50 millions de dollars américains, ce qui a entraîné une perte considérable.

Paris Musée d'Orsay

Arearea 

Ce tableau représente deux femmes assises au premier plan, au pied d'un arbre. L'une joue du vivo qui a été adapté pour être utilisé par voie orale et non voie nasale; l'autre femme est assise devant elle dans la position du lotus. Un chien vaque à leur côté ; il pourrait être le chien de Gauguin qu'il eut à Tahiti "Pégot". En arrière-plan, trois autres femmes semblent rendre hommage à une statue de divinité fictive. 

Arearea a été exposé à Paris en novembre 1893 en compagnie d'un ensemble de ses tableaux tahitiens. L'exposition ne provoque pas d'enthousiasme particulier et le public se moque notamment du chien rouge représenté sur le tableau.

Pour Gauguin, Arearea est l'une de ses meilleures toiles, qu'il rachète d'ailleurs en 1895, avant de quitter définitivement l'Europe

Autoportrait au chapeau 

L'Autoportrait au chapeau est un tableau réalisé par Paul Gauguin à la suite de son voyage à Tahiti en 1892. L'artiste se représente dans son atelier parisien.

Au premier plan, nous retrouvons le peintre vêtu de noir et habillé d’un chapeau. Il s’agit d’un cadrage coupé à la poitrine. Il est sûrement assis. Les épaules ouvertes vers sa droite, la tête tournée vers sa gauche, de trois quarts. Il semble regarder le spectateur : sa position révèle l’opposition entre ses épaules et sa tête. Le corps est dirigé vers la droite symbolisant le temps futur alors que son visage paraît regarder son passé, ici représenté par les objets rapportés de Tahiti (tableau de Manao Tupapau et paréo).

Au deuxième plan, la poutre jaune apparaît en évidence et dans la lumière. Elle est la ligne de tension qui sépare le tableau en deux. À gauche du peintre, on trouve le passé marqué par des événements, des objets. À sa droite, il s'agit d'un espace (triangle vert) rendu impalpable puisqu’il ne peut prévoir les prochains événements de sa vie. Cette poutre dessine une arête radicale entre passé et présent-futur. À sa gauche, on note la présence d’une nappe bleue à motifs floraux recouvrant la table : c’est en réalité un paréo. Au troisième plan nous retrouvons Manao Tupapau : tableau emblématique qui est le portrait de son amante à Tahiti.

En abordant la composition de l’Autoportrait au chapeau, on ressent la forte présence des lignes diagonales (poutre, inclinaison des épaules) qui indiquent une organisation oblique. Ces deux droites se croisent perpendiculairement et illustrent l’état d’esprit de l’artiste. Celui-ci souhaite aller vers l’avenir mais semble enclin à une certaine nostalgie. Son visage est tourné du côté de ses objets de Tahiti. En effet le tableau de l’arrière-scène Manao Tupapau est une de ses œuvres réalisé en 1892 lors de son séjour à Tahiti. Il le considère comme le plus représentatif de l’aspect exotique et le meilleur de ses tableaux réalisés sur cette île. Le paréo couvrant la table au second plan est le même qui recouvre le lit dans Manao Tupapau : une mise en abyme qui s’apparente donc à un lien spatio-temporel évident. Gauguin ne peut s’empêcher de s’attacher à ce qu’il a vécu là-bas. Son passé est totalement fondu dans le présent.

Paul Gauguin fait part de sa position d’homme sensible et fragile face à la fois à ce qu’il a vécu et à ce qui l’attend maintenant. Le futur l’attend mais il se laisse vite rattraper par la nostalgie d’un passé proche. Son corps est tourné vers la lumière à sa droite. Nul ne sait ce que l’avenir lui réserve : il faut l’affronter. Et pourtant son visage, son esprit sont tournés vers ce qu’il a vécu, ce qu’il a défendu. Son voyage à Tahiti marque une partie de sa vie : le colonialisme l’horrifie. Il entame alors une lutte, à sa façon pour que ce fléau n’anéantisse pas toutes les coutumes polynésiennes. C’est dans sa peinture qu’il désire faire hommage aux arts polynésiens en s’inspirant de leurs motifs.

C’est un homme également fasciné par les vahinés ou femmes de Polynésie. Leur physique différent des normes occidentales suscite chez le peintre l’idée de ce qu’a dû être la femme originelle, l’Ève primitive. Il admire leur naturel, sans aucun artifice superflu. Par là, il remet en cause le monde occidental, qui de son point de vue, avec la forte industrialisation, se déshumanise. Tout homme se pose la question de son origine, ainsi en s’aventurant sur Tahiti, le peintre semble rechercher son identité, son origine. Pour lui, la femme incarnée en ces Ève tahitiennes semblerait être l’origine du monde. Courbet s’intéresse d’ailleurs déjà à cette question en 1866 avec son Origine du monde. L'origine du monde pour Gauguin était un monde sain. Ainsi idéalisant Tahiti comme terre originelle, il défend cette contrée pour ses valeurs plus saines que celles qu’il connaît en Europe. En s’installant dans un village là-bas, il souhaite rentrer en harmonie avec leur mode de vie.

Par conséquent, on observe dans son style pictural, une épuration, une simplification formelle insufflée par les arts māori, mais qui naturellement aussi découle du dépouillement d’artifice dans le mode de vie des Polynésiens.

Tout en étant un portrait psychologique, Gauguin essaie de faire partager son expérience à travers les formes et les couleurs rapportées dans ses tableaux. Il cherche à faire sentir et voir les choses les plus simples. Il dit de prendre le temps de développer ses sens, ne pas les perdre, car sinon on se déshumanise. L’Occidental engloutit les choses qui lui sont données, le Polynésien va à la rencontre de ses choses, les apprivoise. L’Occidental se cache derrière diverses parures. Le Polynésien n’a rien a cacher, il s’assume toujours en harmonie avec son environnement.

Gauguin montre le combat de sa vie, ce en quoi il croit. Il se battra d’ailleurs jusqu’à la fin de sa vie pour défendre la cause des Polynésiens.

Les meules jaunes

Nature morte à l'éventail

Oeuvre non exposée en salle actuellement.

Cession de ce tableau en application du traité de Paix avec le Japon en 1959

Pape moea (Eau mystérieuse) 

Paul Gauguin est surtout connu pour ses tableaux qui représentent la vie des îles tropicales et les cultures autochtones. L'une de ses œuvres est "Pape moe". 

Le thème principal de "Pape moe" est la vie des îles tropicales et la culture autochtone. Gauguin a vécu en Polynésie française pendant plusieurs années, où il a été inspiré par les coutumes et les traditions locales. Le tableau montre la tranquillité et la simplicité de la vie polynésienne, en opposition à la société occidentale où l'on est constamment occupé et stressé.

La palette de couleurs utilisée par Gauguin est également intéressante. Les couleurs vives et saturées rappellent les couleurs tropicales et la nature luxuriante de la Polynésie française. 

Deux paysannes bretonnes 

De retour à Pont-Aven entre deux séjours tahitiens, Gauguin retrouve avec plaisir les sujets ruraux et naïfs qui l'avaient inspiré avant son départ en Océanie. Mais son expérience polynésienne reste sensible dans sa façon de peindre la Bretagne. Ses personnages acquièrent une dimension monumentale. Leurs silhouettes robustes évoquent la plénitude des nus océaniens, auxquels ils empruntent également quelques caractéristiques morphologiques comme des pieds et des mains massifs ou des visages aux pommettes saillantes. En marge de ce dialogue entre les deux bretonnes sur fonds de blé moissonné se déroule un paysage animé. Un homme courbé jusqu'au sol est occupé à quelques travaux des champs. Derrière lui passent deux silhouettes de femmes. Un double corps de ferme environné de hauts arbres ferme l'horizon.

Tous les motifs, à l'exception des feuillages derrière les bretonnes, sont cernées d'un trait noir caractéristique du cloisonnisme de Gauguin. A l'intérieur de son dessin, l'artiste peint par petites touches successives, posées de manière légère sur la toile. Ce procédé confère une certaine matérialité aux éléments comme, par exemple, la trame des tabliers. Les éléments simplifiés sont imbriqués les uns dans les autres pour structurer l'espace. Leur agencement donne un rythme tonique au paysage dont la banalité est magnifiée par l'emploi de couleurs vives. Gauguin sacrifie les demi-teintes au profit d'une palette éclatante, dominée par des jaunes, des rouges, des verts et des bleus.

La Bretagne aux couleurs de la Polynésie exprime sa nostalgie de l'île, comme il le confie à son ami Monfreid : "en décembre, je rentrerai à Paris et je travaillerai chaque jour à vendre tout ce que je possède...Une fois le capital en poche, je repars pour l'Océanie...Rien ne m'empêchera de partir et ce sera pour toujours". 

Autoportrait à l'ami Daniel

Peintre et collectionneur d’art, George-Daniel de Monfreid passe son enfance dans la propriété maternelle de Saint-Clément à Corneilla-de-Conflent dans les Pyrénées. Indépendant de fortune grâce à ses parents, il s'oriente vers la peinture et suit les cours de l'Académie Julian à Paris. Il devient l'ami de nombreux artistes et poètes dont Paul Verlaine, Victor Segalen, Aristide Maillol, et surtout Paul Gauguin, qu’il rencontre en 1887 et dont il deviendra l’ami et le mécène. Il participe ainsi à l’exposition Volpini de peintures du Groupe impressionniste et synthétiste au Café des Arts organisé par Paul Gauguin en 1889, puis expose pour la première fois en 1891 au Salon des Indépendants. 

Le Repas


« Gauguin peint Le Repas dans les premiers mois de son arrivée à Tahiti. Malgré son désir de peindre la vie de l'île, ses premières toiles sont pleines d'artifice. Il ne s'agit pas ici d'un vrai repas, mais d'une scène arrangée comprenant deux registres distincts : au premier plan, une nature morte justifiant le titre du tableau, et à l'arrière-plan trois enfants alignés, deux garçons et une fille 

Cette nature morte savamment composée ne correspond à aucun repas réel, d'autant qu'il n'est pas coutume à Tahiti de manger sur une table. Gauguin a agencé ces éléments familiers dans un pur souci décoratif et exotique. » 

Autoportrait au Christ jaune 

Version différente avec ce timbre du Burundi où veste et gilet diffèrent de l'oeuvre.

L'Autoportrait au Christ jaune, ou Portrait de l'artiste au Christ jaune, est un tableau que Paul Gauguin réalise en 1890-1891 à Pont-Aven. Gauguin s'y représente entre son Christ jaune qu'il a peint l'année précédente et une poterie à son effigie en « grotesque ». Ce tableau est conservé au musée d'Orsay, à Paris. 

Lorsque Paul Gauguin commence cette toile, cela fait deux ans qu'il est à Pont-Aven, en Bretagne. Il y a peint notamment le Christ jaune en 1889. Il peint son Autoportrait au Christ jaune en 1890 ou 1891, peu avant de partir pour Tahiti.

Dans cette œuvre, Gauguin réalise son projet de faire un triple autoportrait, en partie inversé : son propre portrait, central, est inversé ; le Christ jaune, lui aussi inversé, reprend les traits de Gauguin ; le troisième élément représente un pot à tabac à son effigie, en tête de « grotesque ». Elle fait partie des quelques toiles à thématique religieuse de cette période, qui se distinguent et constituent selon Manuel Jover le « noyau originel du symbolisme en peinture », comprenant notamment le Christ jaune, le Christ vert et cet Autoportrait au Christ jaune.

Sur ce triple autoportrait de Gauguin, son tableau Le Christ jaune figure en partie gauche, inversé, avec les traits de l'artiste et inclinant la tête vers lui, avec le bras étendu au-dessus de la tête de Gauguin, comme dans un geste protecteur. Au centre, l'artiste se représente de trois quarts face, le regard fixe vers le spectateur, montrant à la fois le poids de sa souffrance et de ses difficultés, et sa détermination à suivre la voie artistique. En partie droite figure un pot anthopomorphe qui représente l'artiste en « grotesque ». De couleur rouge, il s'oppose au jaune du Christ de la partie gauche1. Il est posé sur une étagère, avec son visage grimaçant ; Gauguin le décrit comme la « tête de Gauguin le sauvage ».

La Belle Angèle 

La Belle Angèle est un tableau réalisé par Paul Gauguin en 1889, à Pont-Aven. Angélique Marie Satre (1868-1932), alias « la belle Angèle » était l'une des trois célèbres aubergistes de Pont-Aven, à côté de la Pension Gloanec de « la mère Gloanec » (1839-1915 ) et non loin de l'hôtel de « mademoiselle Julia » Guillou (1848-1927). Son style graphique est emprunté au japonisme, très en vogue à l'époque à Paris, et en particulier à une Ukiyo-e de Hokusai.

Le Cheval blanc 

Le Cheval blanc est un tableau que Paul Gauguin réalise en 1898 à Tahiti, représentant un cheval en train de boire dans une petite rivière sous les ombrages, devant deux autres chevaux avec leurs cavaliers. Ce tableau est conservé au musée d'Orsay, à Paris. 

Gauguin aime beaucoup l'arrière-pays de Tahiti où il a l'habitude de se promener. Pourtant il ne représente pas ici la réalité d'un scène observée, mais bien sa vision idéalisée et imaginaire.

Un cheval blanc boit au milieu d'une rivière qui traverse l'ensemble du tableau, sous les ombrages qui donnent une teinte verte au cheval. L'ensemble, vu en plongée, sans ciel ni horizon, est en vase clos. Le premier plan est garni de lys et de fleurs imaginaires. L'arbre dont on voit les branches est un Hibiscus tiliaceus appelé aussi bourao ou purau.

Ce cheval blanc a sans doute un caractère symbolique, lié aux croyances tahitiennes, le blanc étant pour eux associé à la mort et au culte des divinités.

Derrière le cheval blanc figurent deux autres chevaux, montés à cru par des cavaliers nus, l'un tournant le dos et s'éloignant, l'autre passant de droite à gauche.

Le tableau a peu de profondeur, par l'échelonnement des plans et la verticalité qu'ils donnent. Les couleurs sont hautement décoratives, avec des verts lumineux, des bleus profonds, des tons orangés contrastant, du rose, du cuivre.

L'ensemble dégage une grande sérénité, la composition en est « devenue une véritable icône ».

La Famille Schuffenecker 

Le tableau représente le peintre Émile Schuffenecker, ami de Gauguin, son épouse Louise Lançon et leurs deux enfants, Jeanne née en 1882 et Paul né en 1884. Le peintre est à gauche, à côté d'une toile de profil ; au premier plan, sa femme et ses enfants ; à droite, un poêle. Au mur, à droite de la fenêtre, sont accrochées une nature morte aux fruits et une estampe japonaise.

Il a été peint en 1889, l'année suivant le retour de Gauguin des îles Marquises ; la famille Schuffenecker l'accueillit alors.

Paysage de Bretagne : Le moulin David à Pont Aven

Tout comme Cézanne et Van Gogh, Gauguin est convaincu que la peinture ne doit pas se limiter à restituer les sensations rétiniennes. C'est pourquoi, à l'instar d'Odilon Redon qui la trouve trop "bas de plafond", Gauguin juge sévèrement la peinture impressionniste, estimant que "la pensée n'y réside pas". Pour lui, peindre signifie rechercher au-delà des apparences, grâce à des moyens plastiques économes, une réalité plus complète et réfléchie, une réalité spirituelle qu'il nomme "abstraction".

Dès son deuxième séjour breton en 1888, Gauguin a tendance à simplifier et son propos ne réside déjà plus dans la quête de la lumière changeante, de ses variations éphémères. A son retour de Polynésie, quand il est de nouveau en Bretagne en 1894, il peint ce Moulin David marqué par ses recherches tahitiennes. Ici rien ne bouge, tout est stable, unifié, définitif.

Le dessin combinant synthétiquement les verticales des maisons et des arbres du premier plan aux lignes sinueuses et ondulantes de la prairie, du ruisseau et même de la barrière, sert l'évocation mythique d'une nature primitive et paradisiaque à travers ce motif breton. Les formes oblongues de la colline répondent aux "bosses" du nuage schématisé à la manière des dessins d'enfants.

A l'intérieur de chacune de ces zones distinctes s'étalent des teintes à la fois exaltées - vert franc ou émeraude, orangé, bleu cobalt - et largement arbitraires en termes d'imitation du réel.

La touche est légère, striée sur la trame d'une toile grossière, mais ne module aucun relief, ne dégrade aucune teinte vers l'indication d'une ombre ni ne suggère quelque différence de texture. 

Femmes de Tahiti 

Actuellement conservé par le Musée d'Orsay, à Paris, ce tableau représente deux Tahitiennes sur une plage. 

En 1891, Gauguin se rend à Tahiti, île qu'il imagine paradisiaque et primitive. L'artiste désire "vivre là d'extase, de calme et d'art". Ses difficultés financières, ses préoccupations esthétiques et cette très baudelairienne "invitation au voyage" le poussent vers le lointain pour échapper à "cette lutte européenne après l'argent", pour être "libre enfin".

Cette composition est typique des oeuvres peintes au début de son premier séjour dans le Pacifique, toiles qui montrent souvent des Tahitiennes occupées à de simples tâches quotidiennes La femme de droite, assise en tailleur, porte une robe de mission. Elle est occupée à tresser des fibres de palmie. Son attitude est impassible. La femme de gauche porte un paréo à motif floral. Elle a fermé les yeux.

Harmonie de couleurs décoratives, striée de rehauts blancs, où les fibres de palmier, la boite d'allumettes et les rubans dans les cheveux introduisent des tons de jaune et de rouge qui se répondent.

Le plus remarquable dans "Femmes de Tahiti", c'est encore la composition. Au regard des conventions picturales du XIXème siècle, les deux personnages qui se chevauchent paraissent entassés, comme si l'artiste les avait observés en gros plan sans se soucier vraiment de les situer dans l'espace. Alors que chez d'autres peintres, deux personnages aussi serrés auraient pu devenir un détail dans une composition comportant davantage de figures, Gauguin a donné un aspect monumental à leur activité insignifiante en les isolant de cette façon, selon un procédé pour lequel il n'existe pas de précédent direct.

Le peintre doit accorder à ce tableau une importance suffisante pour en réaliser une variante en 1892, Parau Api (Dresde, Staatliche Kunstsammlungen), où le paréo à fleurs remplace la stricte robe de mission de la femme de droite. Ces silhouettes contrastées sont influencées par les lignes synthétiques et les formes simplifiées de Manet que Gauguin admire tant. Mais surtout ces personnages, par leur graphisme puissant et leurs tons vifs, annoncent les effets colorés de Matisse.

Fenaison en Bretagne

Oeuvre non exposée en salle actuellement au Musée d'Orsay, cette toile est au recto d'une nature morte "Bouquet de fleurs devant une fenêtre ouverte sur la mer" toutes les deux peintes par Paul Gauguin en 1888

Les Alyscamps

En octobre 1888, Gauguin arrive en Arles, invité par son ami Vincent van Gogh à venir vivre et travailler avec lui. Les deux artistes échangent depuis plusieurs mois une longue correspondance, se confiant mutuellement l'avancée de leurs recherches vers une vision non naturaliste du paysage.

Ce tableau aux teintes automnales flamboyantes est probablement l'une des premières toiles réalisées par Gauguin dans cette ville. Elle représente la nécropole romaine d'Arles, qui fut consacrée au IIIe siècle par Saint Trophime, le premier évêque d'Arles, à l'inhumation des chrétiens. De ce lieu ne restent au XIXe siècle que des allées de cyprès et quelques sarcophages vides, qui donnent au site un aspect profondément mélancolique.

Gauguin choisit d'exclure presque totalement le motif historique en ne faisant figurer à l'arrière plan que la tour lanterne et une partie du bâtiment de l'église romane de Saint-Honorat, construite sur le site. Nul sarcophage n'est visible, seulement des champs, des bois et un canal le long duquel marchent trois personnages : deux femmes en costume d'arlésiennes et un homme. Gauguin, qui ne trouvait pas beaucoup de charmes aux Arlésiennes, baptisa son tableau ironiquement Paysage ou Trois Grâces au Temple de Vénus lorsqu'il l'expédia à Theo Van Gogh, le frère de Vincent, son marchand de tableau.

Avec ses masses juxtaposées et sa facture hachurée, cette toile est caractéristiques du synthétisme de Gauguin. Cette touche, empruntée à Cézanne, permet de transcrire le motif sans imiter le réel. Les couleurs poussées jusqu'à saturation constituent également une interprétation subjective et décorative du paysage. Cette vue sereine des Alyscamps contraste avec les compositions contemporaines tourmentées de van Gogh réalisées sur le même motif. 

Soyez Mystérieuses 

(plinthe en bois sculpté de la Maison du Jouir)

Gauguin vécut les derniers mois de sa vie à Atuona (îles Marquises). Il orna vers l'extérieur la porte de la grande case sur pilotis en bois, palmes et bambous, qui fut sa dernière demeure, d'un ensemble de 5 panneaux sculptés à la taille directe, dans du bois de séquoia. Ces reliefs s'inspirent du décor traditionnel de certaines maisons maories. Les trois panneaux horizontaux portent des inscriptions révélatrices de la quête d'un âge d'or primitif qui habita l'artiste jusqu'à la fin de sa vie. La case s'intitule, non sans provocation, "Maison du Jouir", alors que les deux panneaux en plinthes du soubassement semblent préciser les conditions de cet éden, reprennent de nombreux motifs (visages et animaux) de sa peinture océanienne, comme s'ils récapitulaient son art sculptural, et portent les titres déjà donnés aux bois de Bretagne réalisés douze ans plus tôt sur des motifs de la Martinique : "Soyez mystérieuses" (à gauche) et "Soyez amoureuses et vous serez heureuses" (à droite) :

Les deux nus féminins sont debout de chaque côté et lèvent un bras, ayant à la fois l'air de porter le linteau supérieur et de faire un geste de bienvenue. Avec les bustes féminins qui illustrent ces devises, formes massives et sereines, ils sont sculptés en entailles rugueuses et incisives, mêlées à des animaux et des végétaux. La naïveté voluptueuse de ce décor marque la naissance d'une esthétique primitiviste qui connaîtra au XXème siècle de brillants développements, notamment avec H Matisse, A Derain et P Picasso 

Nature morte à la mandoline 


Un vase bleu à médaillon marron contenant un grand bouquet de pivoines de Chine multicolores, une mandoline vue de trois quarts et une coupe de porcelaine chinoise sont posés sur une table. Gauguin reproduit au fond, sur un mur bleu foncé, la partie droite d'un paysage d'Armand Guillaumin lui ayant appartenu. 

Village breton dans la neige 

Vairumati 

Vairumati est un tableau du peintre français Paul Gauguin réalisé en 1897. Cette huile sur toile est conservée au Musée d'Orsay, à Paris. 

Paul Gauguin réalise Vairumati lors de son second séjour à Tahiti, en 1897. On retrouve la même jeune femme et l'oiseau blanc dans la grande toile D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? 

Gauguin raconte le mythe maori de Vairumati dans les ouvrages Ancien culte mahorie et Noa Noa : Oro, fils du dieu créateur Ta’aora, voulut prendre pour femme une jeune mortelle afin de fonder avec elle une race supérieure à l’homme. Ses sœurs, les déesses Haoaoa et Teuri, parcoururent les îles à la recherche d'une femme digne du Dieu. C’est à Bora Bora, près d’un lac, que le dieu fut charmé par la belle Vairumati. Chaque soir, le dieu descendait du ciel jusqu’à Vairumati par un arc-en-ciel. De leur union naquit Rai Hoa Tapu qui fonda la société des Aréois, une secte autrefois très influente et vénérée à Tahiti dont les mœurs choquèrent profondément les premiers européens arrivés dans les îles.  

Et l'or de leurs corps

En août 1901, Gauguin quitte Tahiti pour fuir le colonialisme. Il s’installe dans le petit village d’Atuona sur une petite île des Marquises. Il y construit sa Maison du Jouir, décorée de sculptures en bois et de ses peintures. Pauvre et malade, il reste fasciné par la sensualité librement exprimée par les femmes tahitiennes, qui contrastait totalement avec le rigorisme de comportement imposé aux femmes occidentales de l’époque. 

Sur ces deux blocs feuillets de Sao Tome & Principe qui d'ailleurs ne diffèrent que par l'inscription "Museu do Orsay" absente sur l'un des deux, le timbre est l'oeuvre de Gauguin "Et l'Or de leurs corps" tandis que le fond du bloc-feuillet reprend une oeuvre de Edgar Degas de 1896 "Deux baigneuses sur l'herbe". La contorsion des corps féminins chez Degas annonce le réalisme de ses représentations de femmes nues, souvent saisies dans leur toilette quotidienne. Parallèlement, Degas travaille le pastel, utilisé pur, qui lui permet de donner vie aux chairs. Huysmans admire chez lui « la suprême beauté des chairs bleuies ou rosées par l’eau, la chair déshabillée, réelle, vive ». De même, lorsque les oeuvres de Degas sont présentées à la galerie Boussod et Valadon en 1888, Gauguin croque dans un carnet les poses des baigneuses. Elles lui inspireront Hina Tefatou (La Lune et la Terre, 1893). 

Grenoble Musée des Beaux-Arts 

Te nave nave fenua (Eve tahitienne)

L’explication du titre mystérieux, Te nave nave fenua, nous est donnée par Gauguin lui-même dans Noa Noa : « Nave nave fenua. Noanoa. Terre délicieuse. Terre odorante. Délice relevé de je ne sais quelle horreur sacrée que je devine vers l’immémorial. Et cette horreur et cette joie incarnées dans L’Ève puissante, fille dorée de ce soleil et de ce sol, qui mêle les parfums du santal et de toutes les fleurs à ceux de sa fière animalité. » Cette Ève d’avant la chute prend les traits de sa maîtresse, qu’il nomme Tehura dans son récit (son nom en réalité Teha’amana). C’est à son sujet qu’il ajoute un peu plus loin : « Paradis tahitien, nave nave fenua… et l’Ève de ce Paradis se livre de plus en plus docile, aimante. Je suis embaumé d’elle : Noanoa ! » Mais si le visage de cette Ève est incontestablement maori, avec son front haut, ses yeux bridés, sa bouche large et ses longs cheveux noirs, la position de son corps est tout droit empruntée à la figure de Bouddha, dans un bas-relief ornant le temple de Borobudur à Java. Car Gauguin emporte avec lui dans son périple « en photographie, dessins, tout un petit monde de camarades qui me causeront tous les jours », explique-il à Odilon Redon avant de partir. Cette photographie a été recueillie par Victor Segalen à Tahiti après la mort de Gauguin, parmi les maigres possessions de l’artiste. Le corps de Bouddha se combine ici aux formes généreuses de la femme maorie dont l’artiste se plaît à décrire l’anatomie dans ces termes : « Une Diane chasseresse qui aurait les épaules larges et le bassin étroit. » Cette Ève syncrétique, mêlant les religions chrétienne, bouddhique et maorie, est aussi un savant mélange de masculin et de féminin, de raffinement et de rudesse. Elle évolue dans un décor synthétique, sorte de symphonie de couleurs vives, évoquant une nature édénique, dont n’émergent pourtant que quelques détails : une fleur haute sur tige, dont la forme évoque les plumes d’un paon. Les traits du visage sont délicatement dessinés d’une pointe de pinceau chargée d’aquarelle bleue, un cerne brun découpe sa silhouette à la manière synthétiste développée par Gauguin et Émile Bernard à Pont-Aven. Les reflets de lumière dans les cheveux et les ombres du cou prennent aussi une teinte cobalt, dans la plus pure tradition impressionniste. Mais ce qui surprend le plus est encore la technique pointilliste qui confère à l’ensemble le scintillement précieux d’une enluminure, chez un artiste résolument critique à l’égard des « petits jeunes chimistes qui accumulent les petits points ». Ce dessin sera par la suite agrandi sous forme de pastel, dans une veine plus synthétique encore, piqueté pour le report sur la toile. La figure à l’échelle se retrouve dans le tableau Te nave nave fenua de 1892 (Ohana Museum of Art, Kurashiki) que l’artiste expose en 1893 à son retour à Paris, chez Durand-Ruel. Le paysage y est plus délibérément descriptif, la figure a des formes plus lourdes et le visage, tourné vers la gauche, accuse des traits d’une autre femme aux cheveux bouclés. L’Ève de Grenoble était peut-être destinée à devenir une page d’un livre, Chez les Maories, Sauvageries, dont l’artiste aurait abandonné le projet.  

La Rivière Blanche

Cette oeuvre est au dos du Portrait de Madeleine Bernard. Peintes à quelques semaines d'écart les deux faces de ce tableau n'ont pas connu la même fortune. Entré en 1923 au musée de Grenoble, le Portrait de Madeleine Bernard s'est très vite imposé comme un des fleurons de la collection.

Sa force et sa beauté ont occulté cependant une particularité non négligeable de ce tableau: il est peint sur ses deux faces. En effet, pour fixer les traits de la belle Madeleine, l'artiste a utilisé le revers d'une toile sur laquelle il avait peint quelques mois auparavant un paysage breton. Paysage qui, au demeurant, sera exposé sous le titre La Rivière blanche lors d'une rétrospective Gauguin au Salon d'automne, trois ans après la mort de l'artiste à Paris en 1906.

Cette toile est une vue de l’Aven, proche du village de Pont-Aven. Au centre du tableau on remarque une barque et deux personnages, à peine ébauchés, qui se baignent. Depuis la rive, un jeune breton accroupi, vêtu en costume traditionnel, observe la scène. La mise en page de ce paysage est caractéristique de l’influence qu’exerce l’estampe japonaise sur le peintre: vue plongeante, étalement des plans, suppression de l’horizon, réduction des distances d’un point à un autre.

À la manière de Pissarro dont il a longtemps suivi les conseils, Gauguin aménage d’infimes zones non peintes à la surface de la toile, en particulier autour des arbres, des ombres qui se reflètent dans l’eau, et le long du rivage. En allégeant la matière, ce procédé crée une respiration à la surface de la toile et évite l’effet de bouchage dû à l’absence de ciel.

Paul Gauguin vient alors de fêter son quarantième anniversaire, lorsqu'il exécute ses peintures en 1888 à quelques mois d’intervalle, lors du second séjour de Gauguin à Pont-Aven. Elles sont révélatrices du bouleversement stylistique que connaît alors l’oeuvre de l’artiste. Elles ont été réalisés dans une période décisive de la carrière du peintre et de la naissance de l’art moderne.

En effet, La Rivière blanche, encore proche de l'impressionnisme par l'usage caractéristique de la touche, pour le rendu des feuillages, annonce cependant une nouvelle manière de peindre comme en témoignent la présence de larges aplats de couleurs et la mise en page audacieuse de ce paysage, inspirée de l'estampe japonaise.

Portrait de Madeleine Bernard

Entré en 1923 au musée de Grenoble, le Portrait de Madeleine Bernard s'est très vite imposé comme un des fleurons de la collection.

Sa force et sa beauté ont occulté cependant une particularité non négligeable de ce tableau: il est peint sur ses deux faces. En effet, pour fixer les traits de la belle Madeleine, l'artiste a utilisé le revers d'une toile sur laquelle il avait peint quelques mois auparavant un paysage breton. Paysage qui, au demeurant, sera exposé sous le titre La Rivière blanche lors d'une rétrospective Gauguin au Salon d'automne, trois ans après la mort de l'artiste à Paris en 1906.

A l'époque, le catalogue ne mentionne pas le portrait; la toile appartient alors au collectionneur Maurice Fabre, viticulteur dans l’Aude. Puis elle est achetée par le marchand Druet qui le vend à un autre marchand, Bernheim-Jeune, le 20 avril 1909. En 1916 le tableau figure dans l’exposition Ausstellung französischer Malerei à Winthertur, et cette fois-ci seulement, les deux faces sont signalées dans le catalogue. A compter de cette date seul le portrait sera exposé.

Madeleine Bernard a dix-sept ans lorsque Gauguin, son aîné de vingt-trois ans, en tombe amoureux. Loin de respecter sa physionomie à la lettre, il la peint de façon très stylisée sous les traits d’une femme mûre dont la coiffure soignée, le regard alangui, le sourire esquissé et la pose affectée révèlent le charme et l’élégance. Cette image idéalisée de l’être aimé est accentuée par le traitement simplifié du décor et l’absence de perspective. L’artiste montre ainsi qu’il ne se contente plus d’observer et de reproduire mais de suggérer voire de transposer la réalité.

En juin 1978 lors d’un transport, au retour d’une exposition, la toile est volée à Marseille. Retrouvée en mauvais état, l’année suivante, elle a dû être restaurée et réencadrée. A l’occasion de cette présentation exceptionnelle qui permet de voir les deux faces peintes, un cadre a été spécialement réalisé et une nouvelle intervention de restauration vient d’être effectuée.

Reims Musée des Beaux-Arts

Nature morte à la Statuette Maorie

Dans cette nature morte d’une grande simplicité de construction, Gauguin fait figurer de dos – sans doute sous l’angle qu’il préférait – une statuette de martiniquaise. Ainsi aimait-il représenter certaines de ses céramiques ou de ses toiles dans plusieurs de ses œuvres. Son voyage aux Caraïbes avait en effet inspiré à Gauguin plusieurs reliefs en bois ainsi qu’une très belle tête de Martiniquaise en céramique. Cette statuette de dimension modeste représente donc une femme aux épaules larges et rondes, agenouillée et légèrement déhanchée, la tête recouverte d’un foulard drapé, de couleur claire. On sait que Gauguin disposait de photos de Borobodur, temple dont la gestuelle des danseuses javanaises l’avait ébloui à l’Expo universelle de 1889. La position des bras de la martiniquaise est caractéristique de ces statues asiatiques.

Le plateau de la table occupe plus de la moitié de la composition. Nettement cernée cette masse rose contraste avec l’arrière-plan où l’on distingue deux espaces bien différents, le mur beige et ce qui semble être une décoration au fond bleu (papier peint ou fresque). Le motif très stylisé de fleurs jaunes aux longues tiges entrecroisées, sur l’autre pan de mur plus foncé se retrouve dans d’autres tableaux de Gauguin. Le bouquet de fleurs, réalisé dans un camaïeu de bleu et rose occupe tout le haut du tableau et se fond avec le papier peint, ce qui brouille la perspective classique et annonce les audaces du XXe siècle.
La cruche vue partiellement de surplomb au premier plan évoque les mises en page de certaines natures mortes exécutées ensuit par Bonnard, Matisse (Poissons rouges, 1922) où l’on retrouve l’association du bouquet de la statuette et du pot. Ces rapprochements sont d’autant plus plausibles que Roses et statuette figurait à la grande rétrospective Gauguin au Salon d’Automne de 1906, où de nombreux artistes modernes puisèrent une nouvelle inspiration.

Nature morte aux Pommes

Dans cette composition assez classique qui se joue des couleurs complémentaires, Paul Gauguin se souvient-il de Paul Cézanne qu’il admirait tant ? Malgré l’inscription au dos du tableau « Au bord de l’Océan, avril 1894, en route pour Tahiti », cette nature morte doit plutôt être datée d’avril 1895, moment où l’artiste repart réellement pour le Pacifique. Elle représente sans doute des fruits exotiques vénéneux qui ressemblent à la pomme. 

Toulouse Fondation Bemberg 

Tête de jeune paysan 

Une découverte lors de votre séjour à Toulouse : la collection rassemblée par Georges Bemberg, riche Argentin amateur d'art, et que ce dernier a prêté pour 99 ans à la municipalité afin de la rendre accessible au public, dans le très beau cadre que constitue l’hôtel d'Assezat. La collection est présentée sur deux étages. 

Malgré tout l'intérêt du premier étage dit des "Anciens", qui a un petit côté "cabinet de curiosités" malgré sa richesse avec de grands maitres, vous pourrez alors préféré l'étage supérieur dit des "Modernes" C'est là que vous pourrez découvrir les oeuvres post impressionnistes comme celle ci de Gauguin.

Bruxelles Musées Royaux des Beaux Arts

Le Christ vert

Le Christ vert, ou Calvaire breton, est un tableau que Paul Gauguin réalise en 1889 à Pont-Aven, représentant un calvaire breton, de couleur verte, à proximité de la mer, au-dessus des dunes, avec une Bretonne assise au premier plan. Ce tableau est conservé aux musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, à Bruxelles. 

Il représente un calvaire breton, de couleur verte, plus précisément la pietà ou Vierge de pitié, Marie portant le Christ mort, descendu de la croix, le bras droit pendant verticalement, paume ouverte. La pietà comporte aussi deux autres saintes femmes, de part et d'autre de Marie. Juste derrière Marie est représenté le début du fut portant la croix du calvaire.

Juste devant le calvaire, au premier plan, une Bretonne assise, l'air fatigué, semble sur le point de se lever, un panier à la main.

Derrière le calvaire, et en contrebas, de hautes dunes jaunes sont représentées sur la gauche du tableau. Légèrement verdoyantes, elles s'ouvrent sur la mer d'un vert sombre. Deux petits personnages marchent entre les dunes. Le ciel, nuageux, est d'un bleu grisâtre.

La pietà reproduite est celle qui figure sur le calvaire à côté de l'église de Nizon, près de Pont-Aven. Gauguin a représenté le calvaire transposé devant les dunes du Pouldu, au bord de la mer.

Liège Musée d'Art moderne 

Le Sorcier d’Hiva Oa  

Amsterdam Musée Van Gogh

Les Misérables (Autoportrait de Gauguin avec Bernard)

Vers le 11 septembre 1888, Vincent van Gogh (1853-1890) envoie d'Arles une lettre à Paul Gauguin à Pont-Aven, lui demandant, ainsi qu'à Emile Bernard (1868-1941), de se faire des portraits et de les lui envoyer.

 Van Gogh a promis de rendre la pareille avec ses propres œuvres. La lettre de Van Gogh est parvenue à une période pleine d'inspiration pour Gauguin et Bernard, au cours de laquelle, avec Charles Laval (1862-1894), ils expérimentaient intensivement le style et la technique. En septembre, Van Gogh – qui tentait depuis des mois de convaincre Gauguin de venir à Arles – commença à craindre que la fructueuse collaboration entre les artistes de Pont-Aven ne vienne à bout de ses efforts.

 De plus, il ne pouvait réprimer son sentiment de solitude. La demande d'échange de Van Gogh visait donc à stimuler un sentiment de solidarité entre Arles et Pont-Aven, mais elle visait aussi à rappeler à Gauguin son rêve de collaborer avec lui à Arles.

 Dans son autoportrait, Gauguin et Bernard se sont placés sur les bords opposés de la toile et ont rempli la partie centrale de papier peint. Dans le coin inférieur droit, il a ajouté – outre sa signature, la date et une dédicace à Van Gogh – les mots « les misérables ». À partir de 1888, ses œuvres portent plus fréquemment des inscriptions ou des titres descriptifs, comme La belle Angèle (1889, musée d'Orsay, Paris) et Bonjour, Monsieur Gauguin (1889, Národni Galerie, Prague). Cela est également vrai pour nombre de ses œuvres tahitiennes réalisées après 1891. Ces titres étaient souvent intentionnellement vagues, pour renforcer la qualité évocatrice et mystérieuse de son œuvre. Mais dans le cas de l'Autoportrait avec portrait d'Émile Bernard (Les misérables) , il expliqua en détail dans des lettres à Van Gogh et à son ami artiste Emile Schuffenecker (1851-1934) ce qu'il avait l'intention de dire avec ce portrait et l'accompagnement. une inscription.

Gauguin a écrit qu'il s'était présenté comme Jean Valjean, l'archétype de la victime de l'injustice qui est le protagoniste du roman Les misérables de Victor Hugo .

Gauguin a conçu cette personnification comme une référence à la victimisation des artistes d'avant-garde comme lui et ses amis, qui, à son avis, étaient incompris dans le monde de l'art et avaient donc du mal à vendre leur travail. Gauguin endosse alors le personnage de Valjean, « que la société opprime, [ a] mis hors la loi ».

 A quoi il ajoutait : "En le faisant avec mes traits, vous avez mon image individuelle, ainsi qu'un portrait de nous tous, pauvres victimes de la société, qui nous en vengeons en faisant le bien."

 De telles associations trouvèrent un terrain fertile dans l'esprit de Van Gogh, qui avait des conceptions similaires sur sa position d'artiste et avait précédemment décrit les peintres d'avant-garde comme vivant comme des « fous ou des criminels ».

 Gauguin se présente ici non seulement dans le rôle de la victime, mais aussi dans celui du leader autoproclamé des peintres d'avant-garde qui se trouvent dans cette situation pénible.

Pour Gauguin, l'apparence grossière et repoussante de Valjean combinée à sa nature généreuse et au grand cœur se reflétait dans sa propre image d'artistes d'avant-garde tels que Van Gogh et lui-même.

 En se présentant comme un personnage répugnant, Gauguin souligne cette analogie. Les tons rouges du visage représentaient « la lave brûlante qui enflamme l'âme de nos peintres », tandis que « ce petit fond de jeune fille avec ses fleurs enfantines » symbolisait leur « virginité artistique ».

Cette dichotomie pourrait être interprétée comme la passion pour la peinture partagée par les artistes d'avant-garde, combinée à la « pureté » de leurs intentions artistiques. Ce n'est pas un hasard si la passion et la pureté sont des qualités dont Hugo a imprégné le personnage de Jean Valjean.

Gauguin utilise ainsi Jean Valjean pour esquisser certains traits essentiels de son image d'artiste d'avant-garde : incompris et d'apparence grossière, mais de caractère noble, brûlant d'inspiration et chérissant de pures intentions artistiques.

La cueillette des mangues

On a ici en 1887 une idée de sa réaction à un milieu plus exotique. La couleur atteint un degré inédit, mais l'élément le plus significatif est le dessin plus vigoureux et d'une plus grande force vitale. 

Les contrastes des tonalités et des textures sont réparties de manière assymétrique et plus consciemment. Aux Mangues est la composition la plus intéressante jusqu'à cette date pour ce qui est de la tension entre la profondeur et la surface. Alors que la technique rappelle encore le style impressionniste, la surface commence à être divisée en zônes décoratives nettement séparées avec des touches de couleurs voisines localisées. Gauguin lui-même considérait ces tableaux comme "bien supérieurs à ceux de la période de Pont-Aven".

Van Gogh peignant les Tournesols

Van Gogh peignait-il vraiment un vase de tournesols lorsque son ami Gauguin a réalisé ce portrait de lui? Non, il ne pouvait pas l’être: c’était en décembre et bien trop tard dans l’année pour les tournesols.

Mais il est fort probable que Van Gogh ait peint une copie d’une de ses propres images de tournesol à cette époque. Le paysage en arrière-plan est également fictif: contrairement à Van Gogh, Gauguin aimait travailler à partir de son imagination. Ils se disputaient souvent à ce sujet. Cette peinture fait référence à leur désaccord.

Plus tard, Van Gogh a écrit à propos de ce portrait: "Mon visage s'est beaucoup éclairé depuis, mais c'était bien moi, extrêmement fatigué et chargé d'électricité comme j'étais alors.".

Rome Musées du Vatican

Mat 5-8

Cette oeuvre de 1892 se rapporte à l'évangile selon Saint Mathieu (5-8)

Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage.

Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.

Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.

Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.

Newcastle upon Tyne Laing Art Gallery

La bergère bretonne

Vignette issue d'un bloc feuillet postal de la Sierra Leone sur les oeuvres de Paul Gauguin.

Londres Institut Courtauld

Nevermore (Jamais Plus) 

Une jeune Tahitienne est allongée nue sur le côté gauche, face au spectateur. Son regard absent dégage de la tristesse. Deux femmes se tiennent à la porte en arrière-plan. Un corbeau est à la fenêtre. 

Nevermore est inspiré du poème Le Corbeau (titre original : The Raven) de l'écrivain américain Edgar Allan Poe. Dans ce poème, le corbeau est un sinistre messager dont la seule réponse est « Jamais plus » (Nevermore). Il représente « l'oiseau du Diable qui est aux aguets», comme l'écrit Gauguin dans une lettre à Monfreid.

Gauguin évoque ici le romantisme du monde tahitien qui disparaît et ne reviendra plus.

Moisson en Bretagne

Tout comme "Ramasseurs de Goemon" cette toile fait partie d'une vaste série de scènes bretonnes datant de 1889 qui fut comme 1888 pour Gauguin une année prolifique. En virons un quart de son oeuvre date de cette période. Le tableau propose des couleurs relativement assourdies et montre qu'il allie à la technique doctrinaire de l'à-plat de 1888 une puissante interprétation à la Cézanne de la technique de la hachure chère aux Impressionnistes. Cela aboutit encore à une grande intégrité de la surface, mais le langage est plus riche et plus susceptible de variété.

Te rerioa (Le Songe)

Londres National Gallery

Faa Iheihe (Pastorale tahitienne)

En 1891, Gauguin se rendit dans les îles du Pacifique Sud, où il resta presque le reste de sa vie, principalement sur l'île de Tahiti. Le titre de ce tableau est presque certainement une incompréhension de la part de l'artiste du mot tahitien « fa`ai`ei`e » qui signifie « embellir, orner, embellir », au sens de se rendre beau pour une occasion spéciale.

En commun avec beaucoup de ses autres tableaux de l’époque, par exemple « D’où venons-nous ? Que sommes-nous? Où allons-nous?' de 1897 (Boston, Museum of Fine Arts), Gauguin a utilisé un format horizontal inspiré des frises sculptées javanaises. Certaines figures individuelles, comme la femme centrale, sont également tirées de ces frises. Les trois femmes de gauche et le cavalier réapparaissent dans « Rupe Rupe (Luxe) » de 1899 (Moscou, Musée national des beaux-arts Pouchkine).

Vase de Fleurs

Les premiers essais de nature morte de Gauguin, vers 1875, s'inscrivent dans la tradition hollandaise, influencée principalement par la palette de Manet. Mais il a pris des libertés occasionnelles en représentant des fleurs avec des couleurs plus fluides et des arrière-plans dynamiques. À partir de 1879, son style montre l'influence des impressionnistes : Pissarro dans les paysages et Degas dans la composition de ses natures mortes. Il était également ouvert aux nouvelles tendances qui se développaient parmi les artistes parisiens et les appliquait dans ses peintures, utilisant les natures mortes comme principal moyen de les tester. Il n'échappe pas à la fascination contemporaine pour le japonisme et expérimente même brièvement le pointillisme dans Nature morte à la tête de cheval. Ses séjours en Grande-Bretagne entre 1886 et 1890 correspondent à une période extrêmement riche et innovante, où les natures mortes servent à une expérimentation croissante. "Fête Gloanec" et Trois Chiots reflètent ses préoccupations : rejet de la perspective, utilisation d'aplats de couleurs et mélange des styles. Ces images constituent un manifeste esthétique ; nombre d'entre eux sont également empreints d'une symbolique forte, comme dans le Portrait de Meyer de Haan, qui est une réflexion mélancolique sur la chute de l'homme. Dans Nature morte aux estampes japonaises, de frêles fleurs bleues semblent sortir de la tête de l'artiste martyr, pur produit de « l'imagination agitée » du peintre. Ainsi Gauguin a montré que l'art est une « abstraction » à travers un genre réputé se prêter difficilement à autre chose qu'à la mimésis. Bien qu'il s'éloigne de la nature morte après 1890, Gauguin est l'un des premiers artistes à renouveler radicalement son rôle et son statut de nature morte à la fin du XIXe siècle, bien avant les fauvistes et les cubistes. 

Nature morte avec des mangues

Edimbourg Galerie Nationale d'Ecosse

Végétation tropicale martiniquaise

C'est avec un enthousiasme renouvelé qu'en 1887 Gauguin quitta la France pour Panama en compagnie de Charles Laval un jeune peintre qui était l'un de ses disciples, espérant y trouver un nouveau milieu où il pourrait vivre "comme un sauvage". Les illusions qu'il avait entretenues quant à leur lieu de destination originel Taboga s'étant rapidement évanouies, ils se mirent à économiser pour payer leur voyage jusqu'à la Martinique. Bien que minés par la dysentrie et par la fièvre jaune, ils gagnèrent la Martinique. Pendant les quatre mois où ils attendirent leur rapatriement en France, ils y vécurent comme des indigènes, se nourrissant essentiellement de fruits et de poissons.

Vision après le sermon 

Cette peinture, réalisée à Pont-Aven, est une des plus célèbres de Gauguin. Elle marque l’ancrage de l’artiste dans la lignée symboliste et ses diverses variantes. L’art ne consiste pas à représenter la nature mais les images symboliques présentes dans l’esprit des hommes. 

« Les bretonnes, vêtues de costumes typiquement régionaux, viennent d'écouter un sermon basé sur un passage de la Bible. Ce passage (Genèse, 32: 22-32) raconte l'histoire de Jacob, qui, après avoir traversé la rivière Jabbok avec sa famille, a passé toute une nuit à lutter avec un mystérieux ange. 

La peinture dépeint des paysannes bretonnes en costume typique au moment où elles quittent l'église. Ayant écouté le sermon, elles ont la vision de la lutte de Jacob avec l'ange, une histoire de la Genèse. Gauguin présente le sujet comme une hallucination collective. Van Gogh a écrit « Le paysage et la scène de la lutte n'existent que dans l'imagination des gens dans la prière, à la suite du sermon ».

La réalité terrestre est séparée du monde de l'imagination par un tronc représenté en diagonale. La vache en haut à gauche représente la simplicité de la vie rurale. En outre, les vêtements sombres des femmes symbolisent la terre.

Trois Tahitiens


A la fin de 1890 il peignit les tableaux empreints de sensualité physique qui ont le plus contribué à faire connaitre sa période tahitienne. "Je suis heureux ici dans ma solitude" écrit-il et ce tableau comme ceux produits à la suite expriment ce bonheur et cette sérénité.

Madrid Musée Thyssen-Bornemisza

Vase de fleurs lilas

Mata Mua (Autrefois) 

Dans un paysage idyllique, abrité par les montagnes, des femmes vénèrent Hina, déesse de la lune. Au premier plan, l'une des femmes joue de la flûte. À gauche, derrière le tronc d'un grand arbre qui divise la composition en deux, comme un montant de porte, d'autres femmes dansent autour d'une statue de la déesse.

Dans la composition, l'énorme tronc d'arbre est le centre du tableau et le divise en deux scènes. À droite, un couple de jeunes femmes est assis sereinement, l'une jouant de la flûte et l'autre l'écoutant. À gauche, une sorte de cérémonie religieuse : un groupe de femmes danse autour d'une statue de la déesse Hina. Le paysage est idyllique, dense et étouffant, avec une verdure luxuriante et en arrière-plan les montagnes roses et violettes qui enserrent la vallée, qui semble isolée de toute pollution. Les couleurs sont arbitraires (elles intensifient les possibilités expressives), plates, pures, intenses et sans contraste.

Paul Gauguin s'est installé à Tahiti en 1891, espérant trouver une inspiration créatrice dans une culture primitive, non touchée dans son développement par l'influence de la civilisation occidentale. Mais il n'a trouvé que des traces d'un passé légendaire, voué à disparaître. Mata Mua (Autrefois) est un hymne à la vie dans la simplicité primitive à laquelle l'artiste français aspirait tant. Peint dans des couleurs claires et nettes, sans la moindre prétention au naturalisme, c'est aussi une élégie pour un âge d'or révolu. 

Munich Neue Pinakothek 

Te tamari no atua (Le fils de Dieu)

Te tamari no atua est sans doute l'une des Nativités les plus surprenantes de l'histoire de la peinture : pas de Rois mages ni de Joseph, le divin enfant relégué à l'arrière-plan, et une Marie en pareo allongée sur son lit décoré, semblant épuisée par l'accouchement. Unique référence au sacré, l'auréole jaune autour de la tête de l'enfant.

Le modèle est une adolescente de 14 ans, maîtresse du peintre alors âgé de 48 ans. Attendant un enfant qui devait venir au monde aux alentours de Noël, elle lui a inspiré cette représentation iconoclaste de la naissance du Christ. Ce n'était pas la première fois que Gauguin, qui avait reçu une éducation religieuse, livrait « une réinterprétation radicale d'une image du christianisme » : huit ans plus tôt, il avait peint en Bretagne La Vision après le sermon, puis s'était représenté en Jésus à la veille de la crucifixion, ce qui avait entraîné sa rupture avec Van Gogh.

Quatre bretonnes dansant

Malgré le titre conventionnel, ces quatre jeunes femmes, quand on les observent attentivement semblent simplement appuyées sur un mur de ferme pour bavarder. La composition rythmique du tableau vient de l'arabesque continue des collerettes et des coiffes telles qu'on la trouve dans les rythmes entrelacés des dessins de Degas. C'est de tous les impressionnistes celui que Gauguin  a admiré et respecté le plus longtemps. Le départ de Gauguin pour Pont-Aven en Bretagne en Juin 1886 constitue sa première tentative pour échapper à la civilisation des villes ; il y était poussé avant tout par la nécessité de trouver un mode de vie moins coûteux.

Berlin Alte Nationalgalerie

Tahiti, cannelures de pêche

Pêcheurs tahitiens est une oeuvre de Paul Gauguin peinte durant son premier voyage à Tahiti en 1891 C'est une huile sur toile et c'est un prêt de la fondation Siemens à ce musée.  

Dresde Gemäldegalerie

Parau Api (Deux tahitiennes sur la plage)

Cette toile de Paul Gauguin est la seconde version de Femmes de Tahiti que le peintre réalise au cours des premiers mois de son arrivée à Tahiti. Quelques mois avant de quitter définitivement Paris, il explique simplement sa démarche au journaliste Jules Huret :

« Je pars pour être débarrassé de l’influence de la civilisation. Je ne veux faire que de l’art simple ; pour cela j’ai besoin de me retremper dans la nature vierge, de ne voir que des sauvages, de vivre leur vie, sans autre préoccupation de rendre comme le ferait une enfant, les conceptions de mon cerveau avec seulement les moyens d’art primitifs, les seuls bons, les seuls vrais ». Il faut préciser que Gauguin, très endetté à Paris, est poussé à quitter la France pour échapper à ses créanciers.

Quelques mois après son arrivée, Gauguin commence son récit illustré de voyage Noa Noa où l’on voit l’affection qu’il porte à l’île qu’il personnifie et à ses habitants : « Tahiti ! l’île mal explorée dont les voyageurs nous ont rapporté gravement, des fables, la voici telle que nous la montre un peintre, amoureux ainsi d’elle » 

La première toile, conservée au Musée d’Orsay, est donnée à Tahiti à son ami le capitaine Arnaud. Satisfait de sa toile, il décide d’en réaliser une seconde version, légèrement différente mais d’une taille très proche, qu’il envoie à son marchand de Copenhague.

Stuttgart Galerie d'État 

La mère de l'Artiste

Vers 1893. Paul Gauguin réalise le portrait de sa mère Aline Marie Chazal (1825 - 1867), fille de l'écrivain Flora Tristan, épouse de Clovis Gauguin (1814-1851) environ 25 ans après son décès. Il la représente comme une jeune fille. Le portrait est influencé par son premier séjour à Tahiti, les traits du visage rappellent ceux des vahinées et les ornements dans les cheveux ceux du portrait de « Vahine no te Tiare » 

Essen Folkwang Museum

Contes barbares

Gauguin juxtapose une figure masculine occidentale et deux figures féminines polynésiennes. L’homme est le peintre Meyer de Haan (1852-1895), ami de Gauguin, qui l'accompagnait en Bretagne et auquel il donne ici un regard démoniaque. Les femmes représentent la nature primitive et sa beauté. Le conte barbare est donc celui qu’a composé le colonialisme occidental par un discours dépréciatif sur les autochtones (les " barbares "), qui, selon les critères de l’époque, devaient être civilisés et christianisés. Pour Gauguin, au contraire, l’Occident représente le mal et les tahitiennes le bien. L'allusion à l’homosexualité féminine, considérée en Europe comme une pathologie et un péché, représente l’autre aspect " barbare " du conte. 

Jeune fille à l'éventail

Le tableau Jeune fille à l’éventail peint en 1902 appartient au très prolifique cycle polynésien qu’entame Paul Gauguin lorsqu’il quitte la France dans les années 1890 et part sur les traces d'un mode de vie primitif à l’autre bout du monde. 

Ce périple exotique va bouleverser  son existence. Gauguin goûte à l’essence originelle de l’homme, il touche du doigt l’Eden pas encore déchu, la vie sauvage vantée par Jean-Jacques Rousseau, la douceur d’un paradis terrestre non-perverti… 

Gauguin ne rentrera qu’une seule fois en France, afin d’exposer son travail et de convaincre ses contemporains du bien-fondé de sa quête exotique. Mais il lui faudra quelques années avant de retrouver son îlot du Pacifique et lorsqu’il débarque enfin, Tahiti n’est plus la même. La colonisation et la civilisation ont entaché l’île et ses habitants que Gauguin trouvait si libres.

Désespéré d’avoir à jamais perdu son Tahiti d’autrefois, ce bout de terre sauvage qui lui avait inspiré sa recherche de simplicité dans les formes et les couleurs, malade et ruiné, Gauguin fuit pour l’île d’Hiva Oa, l’une des Marquises. Dans ce lieu béni, il construit une bâtisse aux pans de bois sculptés, retrouve l’inspiration qui s’était évadée et passe les dernières années de sa vie. 

Là-bas, il réalisera plusieurs toiles, moins connues et plus simples, dont sa Jeune fille à l’éventail . Dans l’un de ses manuscrits, le peintre se confie avec légèreté : "Mes toiles de Bretagne sont devenues de l'eau de rose à cause de Tahiti ; Tahiti deviendra de l'eau de Cologne à cause des Marquises." En effet, ce portrait de Tohotaua, femme d’une beauté époustouflante, épouse du sorcier du village, créé à partir d’une photographie, est différent de ceux réalisés à Tahiti. Gauguin a supprimé tout élément de contexte, tout détail superflu, ici le sujet est le sujet, il n’y a plus de place pour les ornements mystiques. Cette toile est aussi un peu plus triste que ses précédentes, plus sombre elle  témoigne de l’isolement et de la détresse de l’artiste. Plus sombre donc, mais peut-être même encore plus belle dans toute sa simplicité et sa pureté.

Cavaliers sur la plage 

Cavaliers sur la plage , le troisième tableau qu'Osthaus a acquis parmi un groupe d'œuvres tardives de l'artiste décédé en 1903, vendu par Ambroise Vollard à Paris , montre une scène de plage qui pourrait bien avoir eu lieu à Hiva-Oa, un Île des Marquises près de Tahiti . L'artiste, déjà gravement malade, s'y était installé en 1901. Deux cavaliers galopant depuis la gauche, en vestes à capuche, sans ou avec le visage caché derrière des masques , croisent un groupe de cavaliers se dirigeant visiblement vers la mer visible en arrière-plan. Le tableau présente une coloration fascinante, que Gauguin a magistralement construite sur le rose-violet de la plage dominant la composition. 

Gauguin avait déjà réalisé de telles scènes de plage aux couleurs parfois peu naturelles lors de son séjour en Normandie et en Bretagne (voir Les cueilleurs de varech ). Outre une référence évidente à Edgar Degas dans la construction de l'image, elle exprime un désir tangible, une vision romantique de la mer vaste et sans fin. Il existe également des références à Ritter, Tod und Teufel (1513) d' Albrecht Dürer que Gauguin avait collé sur la couverture de son manuscrit Avant et après , achevé peu avant sa mort en 1903 ; le texte est un retour sur son évolution artistique. 

Zurich Kunsthalle

La Barrière


Une scène bucolique de Paul Gauguin, la jeune paysanne garde un porc tout en tricotant. C'est une peinture de la période bretonne de l'artiste. Les couleurs sont harmonieuses et bien organisées. C'est une toile intemporelle, pleine de charme et de poésie, un clin d'œil hommage au grand coloriste. 

Zurich Fondation Bührle

La Brodeuse 

Mette Sophie Gauguin, alors âgée d'à peu près trente ans et épouse de l'artiste depuis 1873, est assise à table en train de coudre des vêtements d'enfant. Paul Gauguin, de deux ans son aîné, est encore un agent de change à qui tout réussit: il s'intéresse à l'art, aussi bien comme collectionneur des impressionnistes que comme peintre du dimanche.

Par l'entremise de Gustave Arosa, son tuteur, et dans la banque duquel il travaillait, il avait connu Camille Pissarro qui était devenu son maître. L'influence de Pissarro est très remarquable sur les oeuvres de cette époque, notamment dans la petite touche en forme de virgule. Il y a encore peu de traces d'un langage artistique personnel et il est très difficile de prévoir la direction que va prendre l'artiste. Le format est mal choisi pour un sujet intime, l'espace mal utilisé et les divers éléments du tableau sont maladroitement reliés les uns aux autres.

L'Offrande

Les deux femmes représentées en grand sont reliées entre elles par les fleurs que l'une tend à l'autre. Nous ne savons pas si cette offrande est destinée à l'enfant ou à la femme qui l'allaite. Le peintre a accordé une attention particulière à la peau des deux Polynésiennes ainsi qu'à son effet coloré. Dans des lettres adressées à ses amis parisiens, l'artiste évoque à de nombreuses reprises la « couleur dorée » qu'il croit voir sur la peau des femmes indigènes.

Le regard du spectateur glisse à travers la fenêtre pour aller se poser sur le toit d'une cabane située plus bas et sur la végétation verte et luxuriante des alentours. Celle-ci est en partie inondée par le soleil, ce qui renforce l'effet produit par la pénombre de la pièce. Les contours noirs et stylisés des corps des deux femmes évoquent une phase de l'oeuvre de Gauguin au cours de laquelle il s'inspira des vitraux des églises bretonnes et peignit des contours prononcés afin de renforcer l'effet produit par les couleurs de ses toiles.

Bâle Collection Dr Koerfer

Gauguin devant son chevalet 


Peint dans une mansarde à Copenhague, la ville de Mette, où la famille était retournée dans l'espoir qui allait s'avérer vain, qu'une exposition dans cette ville améliorerait son sort. 

La famille de Mette désapprouvait également le choix de ce nouveau métier. 

En hiver il revint à Paris avec son fils Clovis. Presque sans ressources, il gagnait sa vie en peignant des affiches. 

Sa technique est encore proche de celle des impressionnistes mais avec ce trait brut ajouté à la palette et cette touche plutôt rude qui caractérisent le style impressionniste de Gauguin.

Bâle Kunstmuseum

Nafea faa ipoipo ? (Quand te maries-tu?)

Au premier plan, on peut voir deux personnages qui représentent deux étapes : l'éducation pour la personne accroupie puisqu'elle accomplit un geste bouddhiste et l'expérience de l'amour puisque la femme de derrière tient dans sa main un pétale de fleur, ce qui signifie qu'elle cherche un mari. Habillées l'une d'un rose pâle, elle porte un regard noir comme pour exprimer de la jalousie envers l'autre femme puisque Gauguin la préférait et l'autre d'un paréo rouge et orange vif qui porte un regard passif et à l'air de réfléchir au titre que Gauguin a donné à son tableau "Quand te maries-tu". Au second plan, on observe un arbre et une petite mare d'eau et à l'arrière plan, on peut voir deux personnes dans le champ qui donne de la profondeur au tableau et de vastes montagnes. 

Ta Matete (Le Marché)

Gauguin a peint cette œuvre lors de son premier séjour en Polynésie (1891-1893). Dans sa quête du primitif, il s'est inspiré pour créer cette œuvre d'une fresque égyptienne qu'il avait conservée dans une photographie. 

Les cinq femmes assises représentées dans la scène seraient des prostituées qui s'offraient aux touristes occidentaux sur le marché de Papeete.

Les personnages n'ont pas de volume, de corporalité ni de mouvement et apparaissent découpés, presque plats, sur le fond. Au premier plan cinq femmes brunes vêtues de longues robes colorées sont assises sur un banc vert, en train de parler entre elles, sauf celle qui est au milieu, qui regarde devant elle. Une autre Tahitienne, debout sur le côté droit du tableau, les regarde en tournant la tête. Cette figure est coupée en raison de l'influence de la photographie sur le tableau, comme Degas l'avait fait des années auparavant. La pose de son pied, vu de dessus, joue avec les doubles perspectives comme l'auraient fait aussi les impressionnistes. Le paréo détaillé reflète l'influence des estampes japonaises.

À l'arrière-plan, deux hommes marchent entre des arbres, l'un d'eux tenant deux gros poissons dans ses mains. Au fond, on aperçoit la mer parmi la végétation luxuriante.

L'œuvre se structure en trois plans horizontaux. Les contours des éléments sont nettement dessinés et les couleurs sont vives et arbitraires, représentant le ciel en jaune ou les troncs d'arbres en bleu. La composition est influencée par l'art égyptien. Cette influence est reconnaissable dans les jambes et les têtes de profil et le tronc de face, ainsi que dans les deux figures de derrière, qui semblent être tirées de reliefs égyptiens.

La perspective est frontale. Le point focal de la lumière se situe dans le coin supérieur gauche du tableau, ce qui peut être perçu grâce aux ombres des personnages.

Autoportrait en 1903 à Hiva Oa aux Iles Marquises

Charlottenlund musée d'État Ordrupgaard  

Adam et Eve 

Lorsqu'il s'installe à Tahiti en 1895, c'est dans le cadre d'un mouvement d'éloignement de la civilisation vers une existence basée sur un rêve de paradis et de primitivisme. Au cœur de Gauguin se trouvent la recherche et l’expérimentation, tant dans sa vie que dans son œuvre. 

Portrait de jeune fille Vaite Goupil 

 Jeanne (Vaïté est son surnom tahitien), neuf ans, était la fille cadette d'un riche colon de l'île, Goupil, que Gauguin connaissait déjà depuis son dernier séjour. Il comptait notamment sur lui pour obtenir des commandes de portraits. Ce portrait est tout à fait réussi. Gracieux, à la pose sage, le visage au regard fixe est un peu crayeux et même un peu sournois, la petite fille étant immobile probablement contre son gré… 

Copenhague Ny Carlsberg Glyptotek 

Village de Tahiti

La neige à Vaugirard en 1879

Sur un bloc feuillet de Sierra Leone on peut retrouver cette vignette sans valeur faciale reproduisant cette oeuvre de Gauguin "Neige à Vaugirard" peinte en 1879.

Arearea no varua ino (Taitiennes inclinées) 

Arearea no varua ino est une peinture à l'huile sur toile réalisée par Paul Gauguin en 1894, elle se trouve exposée aujourd'hui au Ny Carlsberg Glyptotek de Copenhague.

Le musée Ny Carlsberg Glyptoteket à Copenhague présente des collections d'antiquités grecques, romaines et égyptiennes ainsi que des peintures et des sculptures de grands maîtres français. Egalement cette toile de Gauguin "Arearea no varua ino" ou "Taitiennes inclinées" (1894). Le musée Ny Carlsberg Glyptoteket est situé dans le centre-ville de Copenhague

Paul Gauguin sut aimer là-bas, et voir plus puissamment que tout être avec deux gros yeux ronds, ces vivants ambrés et nus qu'il ne faut point, pour les peindre, comparer à aucune autre espèce humaine. Qu'ils soient bien considérés en eux-mêmes : beaux athlètes aux muscles heureux, harmonieux dans un repos dynamique, avec des jointures de lignes plus souples que nerveuses, un visage au nez bien assis, nettement cerné par l'appuyé du pinceau ; des veux. des yeux maoris, proches l'un de l'autre pour augmenter la portée du regard ; des yeux à fleur de visage, à fleur de la surface peinte dont ils respectent le plan imaginaire, mais prêts à fouiller les taillis ou la profondeur, ou bien à happer l'autre regard qui se confie, des lèvres bleu-de sang, pleines de chair ; un port auquel un fardeau ne fait peur, mais qui marche en dansant de plaisir à porter son poids seul.  

Portrait de deux enfants (Paul et Jean Schuffnecker)

Gauguin et Emile Schuffenecker, peintre mineur de l'école de Pont-Aven, se sont rencontrés en 1872. Tous deux étaient alors employés chez un agent de change. Jusqu'à leur brouille, au début des années 1890, Schuffenecker soutient Gauguin. Il l'encourage à se lancer dans une carrière de peintre, le nourrit, l'héberge à plusieurs reprises. C'est encore lui qui a l'idée de l'exposition de 1889 chez Volpini, moment-clé de l'influence de Gauguin chez les jeunes peintres.  Ici il a peint les enfants Paul et Jean Schuffenecker.

Nature morte aux oignons 

Il peint ici une nature morte avec oignons, betteraves et estampe japonaise, en 1889.  

 Etude de nu, Suzanne cousant

C'est la première oeuvre de Gauguin qui suscita une réaction positive de la critique. On loua le naturalisme honnête de Gauguin. Le romancier Huysmans qui était à cette époque un disciple de Zola et un fervent admirateur de Manet écrivit qu'aucun peintre même Courbet n'avait donné une note aussi véhémente dans le réel. Cela nous semble extravagant aujourd'hui car, pour nous, l'intérêt de ce tableau réside essentiellement dans les caractéristiques qui le situe à l'opposé de l(oeuvre de maturité de Gauguin.  Seule le forte présence physique de l'image et un certain sens de l'ordonnance de la surface laissent augurer de son évolution future.

Vahine no te tiare  (Tahitienne à la fleur)

Tahitienne à la fleur ou Femme tahitienne avec une fleur est un tableau de Paul Gauguin réalisé en 1891, aujourd'hui conservé à la Ny Carlsberg Glyptotek de Copenhague.  Nous sommes en juillet ou août 1891. Gauguin vient d’arriver quelques semaines plus tôt à Tahiti.

« J’essayais de travailler : notes et croquis de toutes sortes. Mais le paysage, avec ses couleurs franches, violentes, m’éblouissait, m’aveuglait. J’étais toujours incertain, je cherchais, je cherchais… C’était si simple pourtant, de peindre comme je voyais, de mettre sans tant de calcul, un rouge près d’un bleu ! Dans les ruisseaux, au bord de la mer, des formes dorées m’enchantaient : pourquoi hésitais-je à faire couler sur ma toile toute cette joie de soleil ? Ah ! Vieilles routines d’Europe ! Timidités d’expression de races dégénérées !

Pour m’initier au caractère si particulier d’un visage tahitien, je désirais depuis longtemps faire le portrait d’une de mes voisines, une jeune femme de pure extraction tahitienne. Un jour, elle s’enhardit jusqu’à venir voir dans ma case des photographies de tableaux. Pendant qu’elle examinait curieusement quelques compositions religieuses des primitifs italiens, je me hâtai, sans qu’elle me vit, d’esquisser son portrait. Elle s’en aperçut, fit une moue fâchée, dit nettement :— Aïta (non) ! Et se sauva.

Une heure après, elle était revenue, vêtue d’une belle robe, le tiare à l’oreille. Coquetterie ? Le plaisir de céder, parce qu’on le veut, après avoir résisté ? Ou le simple attrait, universel, du fruit défendu, se le fût-on interdit soi-même ? Ou, plus simple encore, le caprice, sans autre mobile, le pur caprice dont les Maories sont si coutumières ? Je me mis sans retard au travail, sans retard et avec fièvre. J’avais conscience que mon examen de peinture comportait une prise de possession physique et morale du modèle, comme une sollicitation tacite, pressante, irrésistible. Elle était peu jolie, selon nos règles esthétiques. Elle était belle.

Tous ses traits concertaient une harmonie raphaëllique par la rencontre des courbes, et sa bouche avait été modelée par un sculpteur qui sait mettre dans une seule ligne en mouvement toute la joie et toute la souffrance mêlées. Je travaillais en hâte, me doutant bien que cette volonté n’était pas fixe, en hâte et passionnément. Je frémissais de lire dans ces grands yeux tant de choses : la peur et le désir de l’inconnu ; la mélancolie de l’amertume, expérimentée, qui est au fond du plaisir ; et le sentiment d’une maîtrise de soi, involontaire et souveraine. De tels êtres, s’ils se donnent, semblent nous céder : c’est à eux-mêmes qu’ils cèdent. En eux réside une force contenue de surhumaine, ou peut-être de divinement animale essence. Maintenant, je travaillais plus librement, mieux… »

Oslo Nasjonalgalleriet 

Intérieur du peintre à Paris, rue Carcel en 1881

Dès 1880, Gauguin réalise des toiles dans lesquelles l'objet joue un rôle central, véritable élément symbolique du monde personnel de l'artiste. Dans ce tableau un bouquet de fleurs fait écran à la scène de genre à l’arrière-plan. Une céramique possiblement péruvienne posée sur l’armoire, les sabots accrochés au mur ou encore le carnet de croquis posé sur la table semblent suggérer un autoportrait caché.  

Prague Galerie Nationale

L'évasion (Les amants tahitiens)

Si la jeune tahitienne fugueuse apparait sereine et apaisée par la présence de son amant, celui-ci parait soucieux et plein d'inquiétude pour un acte commis où certains viendraient bien lui quémander des comptes... 

Le jugement de Pâris

Le thème du jugement de Pâris a été l’un des plus importants de l’histoire de l’art, aussi bien apprécié des élites qui y voient un sens philosophique profond, que du peuple touché par l’universalisme de son message.


Dans des temps immémoriaux, Pâris, jeune prince de Troie, arbitra une querelle entre la déesse-mère Héra, la déesse de la guerre Athéna, et celle de l’amour, Aphrodite. Les trois déesses se disputaient une pomme d’or devant revenir « à la plus belle », pomme lancée par Éris, déesse de la discorde, pour les punir. Chacune fit une offre à Pâris pour incliner son jugement : Héra offrit la domination de l’Asie et la richesse, Athéna promit la victoire au combat, mais aussi la beauté et la sagesse ; quant à Aphrodite, elle lui fit miroiter Hélène, la plus belle des mortelles. Le jugement de Pâris représente ce moment fatidique où c’est l’amour qui dirige l’action du mortel, et lui fait préférer Aphrodite. Sous le pouvoir de cette dernière, Hélène, mariée au roi de Spartes Ménélas, tombe amoureuse de Pâris et s’enfuit avec lui : c’est le déclencheur de la Guerre de Troie, terrible conflit décrit dans l’Illiade et l’Odyssée.


L’amour, dans son pouvoir quasi tout-puissant, à la fois merveilleux et terrible, est donc le sujet de cet épisode mythique. Placé au tout commencement du cycle troyen, il a une importance philosophique primordiale, considérant l’amour comme la force motrice du monde lui-même.


Mythe fixé au VIe siècle avant notre ère dans les Chants cypriens, l’histoire était cependant déjà ancienne, issue d’une culture orale. La puissance de l’amour, moteur des actes les plus fous, des jalousies les plus terribles et des plus beaux rêves, est un thème immémorial qui n’a cessé de resurgir dans la littérature : Pâris et Hélène sont l’archétype des amants maudits que seront Tristan et Iseult, Roméo et Juliette, et tant d’autres. Le reste du mythe comporte d’autres archétypes, notamment la vexation primordiale d’Éris, sans qui l’histoire n’aurait pas eu lieu. En jetant la pomme de la discorde entre les mains des trois déesses, Éris se vengeait de ne pas avoir été invitée à un banquet sur l’Olympe…on reconnaît en cette jalouse déesse la vilaine fée qui maudira la Belle au Bois dormant.

Dans les arts, le jugement de Pâris a un immense succès. 

Bonjour Monsieur Gauguin (version 2)

Budapest Szépmüvészeti Muzeum 

Les cochons noirs

Gauguin cherche à exprimer dans le langage de la peinture la dignité et l'harmonie des Tahitiens qui avaient gardé leur ancien mode de vie et leur culture. Le feuillage des arbres et le toit de roseaux de la hutte ont gardé la manière impressionniste avec des coups de pinceau parallèles, mais ceux-ci sont graduellement remplacés par des surfaces de couleur plus uniformes et les contours sont soulignées par de fortes lignes bleues. Ici, tout particulièrement pour les animaux et less figures féminines représentées dans un état de repos archaïque, il a utilisé des formes compactes et simplifiées. Au sein d'une structure très composée quant aux relations spatiales, domine une grande unité formelle. 

Belgrade Musée National de Serbie

Tahitienne 2ème version

La première version de ce tableau est au Musée Ordrupgaard au Danemark.

C'est chez le collectionneur et mécène bordelais Gabriel Frizeau (1870-1938), rencontré en 1906, que le peintre André Lhote découvre la peinture moderne et plus spécialement l'oeuvre de Gauguin. Il admire ainsi cinq oeuvres de Gauguin : L'homme qui conduit un cheval dans une forêt, deux baigneuses de Tahiti, un dos de femme étendue, un paysage de Bretagne de 1894 et la fameuse toile « Que sommes nous ? D'où venons nous ? Où allons-nous ? » André Lhote donc va copier ces Gauguin dans les semaines qui suivent. C'est cette même Tahitienne de Paul Gauguin, contemplée chez Gabriel Frizeau vers 1905 par le poète Saint-John Perse, qui lui inspira le poème L'Animale.

Moscou Musée Pouchkine

Tapera Mahana (Coucher de soleil)

Le tableau représente un groupe de six femmes assises sous un arbre et en train de converser, un chien est allongé à côté de l'une d'elles et trois autres femmes passent devant dans des directions différentes. Dans les coins gauche et droit, des cabanes sont visibles derrière les arbres. Au premier plan, deux coqs se battent. En bas à droite, Gauguin a écrit le titre du tableau en tahitien "Taperaa mahana", et a également signé et daté P Gauguin - 92. Une partie du tableau, d'environ 2 cm de large sur les bords de tous les côtés, est pliée sur un châssis ; le tableau a probablement été envoyé en France enroulé et préparé pour la vente alors qu'il était déjà à Paris. Le tableau a été peint en 1892 à Tahiti. Bengt Danielsson, chercheur sur la vie de Gauguin à Tahiti, a identifié le bâtiment de gauche comme la cuisine de la propre maison de Gauguin à Tahiti, qui a été représentée plus d'une fois par l'artiste : par exemple, dans le tableau « Village tahitien avec une femme marchant » de la Ny Carlsberg Glyptotek de Copenhague. Gauguin lui-même s'est tourné à plusieurs reprises vers l'intrigue avec des femmes assises sous les arbres et discutant ; ses œuvres « La Conversation (Parau Parau) » de l'Ermitage et « Mots prononcés dans un murmure (Parau parau) » de la galerie d'art de l'Université de Yale sont célèbres. 

Après la mort de Gauguin, le tableau resta longtemps la propriété de sa famille. En 1928, elle fut exposée à la Nedler Gallery de Londres, où elle fut acquise par l'industriel et collectionneur allemand Otto Krebs. Le tableau était conservé au domaine de Krebs à Holzdorf, près de Weimar ; pendant la Seconde Guerre mondiale, la collection de Krebs était cachée dans un coffre-fort spécialement équipé, construit sous l'une des dépendances du domaine. En 1945, Holzdorf fut occupée par les troupes soviétiques et le quartier général de l'administration militaire soviétique en Allemagne était situé sur le domaine de Krebs. La collection a été découverte et décrite sur place par des équipes de trophées soviétiques impliquées dans la collecte d'œuvres d'art et leur exportation vers l'URSS, après quoi elle a été envoyée au musée de l'Ermitage, où elle a été longtemps conservée étant non accessible au grand public et même à la plupart des chercheurs. De plus, en Occident, on croyait que la collection Krebs avait été perdue pendant la Seconde Guerre mondiale, et le tableau lui-même n'était connu que grâce à une vieille photographie en noir et blanc conservée au Courtauld Institute of Art de Londres.

Le tableau n'a été montré au public qu'en 1995 lors de l'exposition des trophées d'art de l'Ermitage. Depuis 2001, il fait partie de l'exposition permanente de l'Ermitage et est exposé depuis fin 2014 dans la galerie à la mémoire de Sergueï Chtchoukine et des frères Morozov dans le palais de l'état-major (salle 411).

Matamoe (Mort) Paysage avec Paon

Lumineux, saturé de couleurs contrastées dans l'intrigue d'une vie mesurée d'un peuple loin de la civilisation et d'une inscription mystérieuse dans le coin inférieur de l'image - "Motamoe". Il s'agit du tableau réalisé par le peintre français Paul Gauguin en 1892. Conservée au musée des Beaux-Arts Pouchkine, à Moscou, cette huile sur toile est un paysage de Tahiti centré sur un Polynésien coupant du bois pour un feu à la hachette, avec deux paons au premier plan. Ce "Paysage aux paons" nous transmet ses impressions concernant les merveilles qu'il a découvertes au cours de ses promenades. À travers des moyens graphiques, il nous plonge dans un état de sommeil coloré, de fantaisie et de rêve. il a créé une image extraordinaire, kaléidoscopique et éclectique d'un coin isolé de la terre, où l'harmonie entre l'homme et la nature est parfaitement illustrée.  

Comme le reste du travail de cette époque, "Paysage avec paon" a une saveur extraordinaire, faite en appliquant une multitude de couches de peinture à l'huile. La composition est construite en empilant plusieurs plans. Deux silhouettes de paon apparaissent juste devant le public, marchant parmi les fleurs et les grosses pierres. Ensuite, un jeune homme en train de travailler avec un outil de coupe d'arbre jeté derrière son dos. Encore plus haut est la cabane et deux figures féminines.

La moitié supérieure de l'image est occupée par des paysages d'alpinistes, de pics et de falaises. Un cocotier incroyablement grand et incurvé traverse un arrière-plan vallonné et étend son sommet vers le ciel.

Pour ces Paons, à en juger par le nom de l'oeuvre, ses personnages principaux semblent assez discrets: une petite femelle rougeâtre, un mâle bleu foncé plus grand au plumage plié. Mais il semble que la splendeur et la beauté de la queue ouverte du paon s'expriment dans la couleur bigarrée de l'ensemble du tableau.

Le deuxième titre désigné de l'œuvre "Matamoe" se traduit par «mort».

Gauguin a expliqué une désignation si paradoxale pour une image fleurie de couleurs vives que les scènes observées de la vie insulaire y ont tué une personne civilisée.

«Paysage avec des paons» nous transmet les impressions de l’artiste sur ce qu’il a vu exotiques au cours de sa promenade, à l’aide de moyens graphiques, il plonge dans un état de sommeil coloré, de fantaisie, de rêve. 

Nature morte avec Perroquets (version 1)

La version reproduite sous le timbre est celle du

Wuppertal Von der Heydt Museum

Aha Oe Feii?  (Eh quoi ! Tu es jalouse ?) 

Aha Oe Feii ? (Eh quoi ! Tu es jalouse ? ) est une huile sur toile de Paul Gauguin de 1892, basée sur un épisode réel de son séjour à Tahiti qu'il décrit plus tard dans le journal Noa Noa : « Sur le rivage, deux sœurs sont couchées après le bain, dans des poses gracieuses d'animaux au repos ; elles parlent de l'amour d'hier et des conquêtes de demain. Ce souvenir les amène à se quereller : « Quoi ? Êtes-vous jaloux?" Gauguin a intitulé le tableau en langue tahitienne , Aha Oe Feii? , dans le coin inférieur gauche de la toile.

La peinture évoque un sentiment de paradis du Pacifique dans lequel les relations sexuelles sont ludiques et inoffensives. Selon le professeur Peter Toohey, "cette jalousie n'est pas le produit d'une menace contre une relation sexuelle exclusive ou d'une histoire d'amour abandonnée, elle est le résultat du fait que l'une des sœurs a eu plus de sexe que l'autre la nuit précédente". Dans une lettre à son ami de 1892, Gauguin écrit à propos du tableau : « Je pense que c'est le meilleur de ce que j'ai fait jusqu'à présent ».

Te Arii Vahine (La femme du Roi)

La Femme du Roi fut peinte durant le second séjour de Gauguin à Tahiti. Une profonde sérénité émane de ce tableau. Gauguin a recours aux formes dépouillées et monumentales des cultures anciennes. Il accorde une place importante à la couleur, l'utilisant en larges méplats de tons vifs purs et vigoureux, saturés de brûlante lumière solaire.

Une oeuvre qui contraste par son optimisme et par son caractère idyllique avec celles du second séjour à Tahiti. La légèreté décorative de l'arrière plan rappelle certains des tableaux qui ont précédé comme "Je vous salue Marie" 

A quoi bon envoyer cette toile, écrit Gauguin à De Monfreid, il y en a tant d'autres qui ne se vendent pas et font hurler. Celle-là fera hurler encore plus. 

De Monfreid dit dans sa dernière lettre qu'il répugnait à la vendre pour une somme aussi dérisoireque 1100 FF C'est cette lettre que la poste renvoya à Paris avec la mention "décédé". Quelques années plus tard, le même acheteur expliqua à De Monfreid, en s'excusant, qu'il la vendait 30000 francs.

Elle s'appelait Vairaumati

À son arrivée à Tahiti, Gauguin a connu une terrible déception. Le paradis tropical primitif, dont il avait tant rêvé, s'est avéré être désespérément «gâté» par la civilisation. Il y avait des maisons en pierre et des routes pavées, et les belles indigènes portaient la plupart du temps des robes et des chapeaux européens. À la recherche d'une véritable exotique, Gauguin a pénétré profondément dans l'île et a toujours trouvé ce qu'il cherchait: une nature sauvage, de simples huttes et, plus important encore, des femmes qui ne sont pas du tout des Françaises et qui sont prêtes à entretenir des relations sans obligations particulières.


Très vite, Gauguin se trouva lui-même la "femme" autochtone: elle s'appelait Teha'amanaet elle n'avait que 13 ans. La fille est devenue la partie centrale de la légende d'un paradis tropical, que Gauguin a pensé avec tant de soin qu'il y a même cru. De retour à Paris, il a diverti des amis avec des histoires touchantes à propos de Tehur (comme il a appelé la fille), qui lui ont raconté des légendes locales et des descriptions de rituels religieux toute la nuit. Cependant, l'anthropologue suédois Bengt Danielsson a réfuté les récits décrits par Gauguin dans son livre de journal «Noah Noah». Le scientifique a fait valoir que Teha'aman ne pouvait tout simplement pas connaître les légendes locales, en particulier, car elles n'étaient transmises que par des hommes et gardées secrètes par les femmes.


Mais l’un de ces mythes, qu’ils soient réels, inventés par Téhéra, voire par Gauguin lui-même, est à la base de plusieurs de ses photos décrites dans la première période tahitienne. Et le plus significatif d'entre eux peut être considéré comme la toile "Elle s'appelait Vairaumati". Dans «Noah Noa», l'artiste raconte cette légende: «Oro, le plus grand des dieux, décida autrefois de choisir sa petite amie parmi les mortels… Plusieurs jours passèrent inutilement, et il était sur le point de retourner au paradis lorsqu'il remarqua une jeune fille extrêmement belle. Elle était grande, imposante, le soleil brillait dans l'or de sa peau et, dans la nuit de ses cheveux, tous les secrets de l'amour dormaient. Vairaumati était le nom de la jeune fille ... Vairaumati, quant à elle, prépara une table chargée de fruits pour elle et un lit de nattes les plus minces et de tissus les plus luxueux ... Après la mort, Dieu fut élevé au ciel, et Vairaumati elle-même eut lieu parmi les déesses.

Il est possible que Gauguin ait identifié la légende d'Oro et de Vairaumati avec sa propre relation amoureuse avec Téhéra: l'inquiétant "sauvage" finit par trouver un bel amour à la peau dorée. Bien que finalement leur mariage "touristique" ait été assez court. Cependant, le motif de la déesse de la Terre est tracé dans de nombreuses toiles de Gauguin de la première période tahitienne. Et si dans le film "Son nom était Vairaumati", vous pouvez voir une référence claire à l'art de l'Egypte ancienne, alors l'héroïne "Veille tahitienne”, Écrit la même année, l'artiste donne déjà les traits de Teha'amana. 

Madame Ginoux au Café de nuit à Arles

Arrivé à Arles en octobre 1888, Gauguin reprend le sujet du café de nuit qui avait été peint par van Gogh en septembre 1888. Il y ajoute un portrait de Madame Ginoux, propriétaire du café. Van Gogh a également réalisé ce portrait, mais séparément. 

Il fait de Madame Ginoux la propriétaire du café le personnage central du tableau, mettant en valeur son ironie, sa verve et so bon sens de française. C'est avec les yeux de Madame Ginoux que le spectateur regarde ce monde du jeu, cette atmosphère enfumée et oisive qui règne dans l'établissement. 

Le Grand Boudha

Te Tiare Farani

Saint Petersbourg Musée de l'Ermitage

'Piti Teina (Deux soeurs)

Le tableau représente deux filles : l'aînée, âgée d'une dizaine d'années, vêtue d'une robe rose, a posé sa main gauche sur l'épaule de sa sœur cadette, âgée d'environ cinq ou six ans, qui porte une robe rouge. Les regards des filles sont dirigés dans des directions différentes. En bas à gauche se trouve le titre du tableau en tahitien Piti Teina et la signature de l'artiste avec la date P Gauguin 92.

Le tableau a été peint en 1892, lors du premier voyage de Gauguin à Tahiti. Dans un carnet de croquis tahitien conservé au Louvre, il y a deux croquis au crayon avec des portraits de filles, ayant une nette ressemblance avec les personnages du tableau. Les noms de ces filles y sont également inscrits : l'aînée s'appelle Tetua, la plus jeune s'appelle Tehapai. Il existe également un dessin séparé représentant une fille plus âgée, Tetua (papier, encre, crayon, 16,5 × 10,7 cm) ; ce dessin se trouve dans une collection privée (le 8 mai 2013, il a été mis aux enchères chez Sotheby's). Malgré le fait que ces dessins aient été publiés en 1954, on a longtemps cru qu'ils étaient indépendants, car l'image restait inconnue des chercheurs. Dans le catalogue raisonné de l'œuvre de Gauguin, sous le n° 425, figure un autre dessin de Gauguin représentant Tetua, datant de 1891 - « Petite Tahitienne aux mains levées » : ce dessin se trouve aujourd'hui à New York au Museum of Modern Art. Plus tard, la composition de ce dessin a été reprise dans le croquis « Fille tahitienne au paréo rose », conservé à l'Art Institute of Chicago.

Anciennement dans la collection d'Otto Krebs, à Holzdorf (Allemagne), le tableau fut transféré d'Allemagne après la Seconde Guerre mondiale ...

Le tableau n'a été montré au public pour la première fois qu'en 1995 lors de l'exposition d'art des trophées de l'Ermitage. Depuis 2001, il fait partie de l'exposition permanente de l'Ermitage et est exposé depuis fin 2014 dans la galerie à la mémoire de Sergueï Chtchoukine et des frères Morozov dans le palais de l'état-major (salle 411). 

Te avae no Maria 

Ce tableau fait partie de la Collection Sergueï Chtchoukine (1854-1936) qui fut un Marchand-industriel héréditaire, philanthrope et collectionneur d'art, dont la collection a marqué le début des collections de peinture moderniste française à l'Ermitage et au Musée national des Beaux-Arts Pouchkine.

La Récolte

La Récolte est un tableau du Musée de l'Ermitage peint par Paul Gauguin en 1897. Il représente un Homme cueillant des fruits dans un paysage jaune. 

A la fenetre

Anciennement dans la collection d'Otto Krebs, à Holzdorf, transféré d'Allemagne après la Seconde Guerre mondiale est aujourd'hui au Musée de l'Ermitage. On y voit près d'une fenêtre un pot de terre cuite, une bouteille aux formes échancrées, un citron dans une soucoupe et un verre d'eau à moitié rempli avec une cuillère avec deux sucres sur la nappe jaune avec des franges.

Parau Parau

Après une vente réussie de ses tableaux, Gauguin part pour Tahiti en 1891. Il espérait y trouver un paradis préservé, où il pourrait vivre une vie heureuse et simple. Cependant, après son arrivée dans la capitale Papeete, il s'est avéré que la civilisation européenne avait déjà profondément modifié le mode de vie traditionnel des insulaires. Gauguin s'installe donc au village de Mataiea, à 40 km de là, où il loue une cabane. Ici, il a saisi la vie tahitienne dans de nombreuses toiles. Le séjour de Gauguin à Tahiti ne dura pas très longtemps. En 1893, des problèmes financiers et de santé l'obligent à embarquer sur un bateau pour la France. 

Le Gué (ou La Fuite)

Tout se passe pour Gauguin, dans ce qu'il écrit comme dans ce qu'il peint, comme s'il prenait confiance en sa force, au cours des années où il a abandonné tout espoir. D'où peut-être le dépouillement, la force et la grâce de ses dernières toiles. S'il avait toujours voulu résister à cette dernière par horreur du "joli", il ne peut encore s'empêcher cependant de l'associer à celle d'une autre sorte, d'essence métaphysique, qu'il prête aux indigènes, héritiers a priori d'une vérité disparue. 

Eu haere ia oe (Où vas-tu?)

Eu haere ia oe (Où vas-tu ?) est un tableau de Paul Gauguin, également connu sous le nom de La Femme au fruit. Il l'a peint en 1893 à Tahiti. Depuis 1948, elle fait partie de la collection du musée de l'Ermitage de Saint-Pétersbourg. 

Entre 1891 et 1893, Gauguin séjourne pour la première fois à Tahiti, où il espère trouver un paradis préservé. Même si la domination européenne avait déjà apporté de nombreux changements sur l'île, la végétation tropicale et la vie quotidienne des habitants de ces années-là constituaient encore une source d'inspiration presque inépuisable pour le peintre. Il a donné des titres dans la langue autochtone à de nombreuses toiles qu'il a peintes durant cette période.

Une rencontre fortuite est le sujet de Eu haere ia oe. Selon l'anthropologue suédois et expert de Gauguin Bengt Danielsson, la question était « où vas-tu ? » dans ce cas, c'est la salutation habituelle sur l'île. Les femmes en arrière-plan posent la question à une jeune femme vêtue d'un paréo joliment décoré et tenant dans ses mains une citrouille évidée, probablement remplie d'eau. Il s'agit probablement d'un portrait de Tehamana, la vahiné de Gauguin, qu'il a rencontrée lorsqu'elle avait treize ans et avec qui il a vécu. Elle figure dans de nombreux tableaux de cette époque, comme Vahine no te vi (Femme à la mangue) de 1892.

Lors de son séjour à Tahiti, Gauguin avait l'habitude de peindre plusieurs fois le même sujet, avec parfois de légères différences entre les versions. Eu haere ia oe remonte à Te Nave Nave Fenua (Belle Terre). Dans ce tableau, une Ève tahitienne en pied est représentée sur toute la longueur de la toile. La femme d’Eu haere ia oe est peut-être représentée de manière moins monumentale, mais le tableau dans son ensemble a ainsi gagné en harmonie.

Il existe une deuxième version, presque identique, de la toile, qui se trouve maintenant à la Staatsgalerie de Stuttgart. La principale différence entre les deux œuvres réside dans la femme représentée : la toile de Stuttgart représente Titi, la première maîtresse de Gauguin sur l'île, qu'il abandonna plus tard parce qu'elle était considérée comme trop européenne en tant que métisse. Dans le tableau, elle ne tient pas une citrouille, mais un chien. De plus, elle a une posture beaucoup plus rigide.

Enfin, la pose de la femme de devant en arrière-plan présente de nombreux parallèles dans l'œuvre de Gauguin. Un exemple bien connu est la symbolique Nafea faa ipoipo ? (Quand te maries-tu?).

Nef nef moe (Source sacrée, fais de beaux rêves) 

Nave nave moe est une huile sur toile de Paul Gauguin , réalisée à Paris en 1894 mais inspirée de son voyage à Tahiti trois ans plus tôt. Il se trouve aujourd'hui au Musée de l'Ermitage 

Pastorales tahitiennes 

Au premier plan se trouve une petite élévation avec un magnolia en fleurs. À gauche, devant la plante, il y a une grande cruche peinte et un chien rouge couché, à côté du chien se trouve un petit récipient pour les sacrifices fait d'une citrouille. Derrière un arbre, à gauche se tient une jeune fille tahitienne avec une grande bassine dans les mains ; à droite, à flanc de colline, une autre fille assise, dos au spectateur, joue de la flûte. L'arrière-plan est une plaine rouge avec deux petites collines, puis s'élève la pente d'une grande colline avec une route qui monte. En bas à droite figure le titre de l'auteur en français, ainsi que la signature et la date de l'artiste (sur trois lignes) : Pastorales Tahitiennes / 1893 / Paul Gauguin. 

Hiti te Rave aamu (L'Idole bleue)

Ici il s'agit pour Gauguin d'évoquer des croyances obscures et des craintes dont est la proie l'esprit du Tahitien. Le fond sur lequel se détache l'idole a des couleurs ternies, il s'en dégage une impression d'angoisse. Le paysage est désert, seule une figure humaine, écrasée par la masse énorme de l'idole, se distingue à peine au loin. L'aspect, les yeux fixés vers l'infini, et le corps même de ce personnage né de l'imagination du peintre ont quelque chose de mystérieux. Le contour a perdu sa précision, la clarté solaire des images a disparu.

Femmes sur le bord de mer

En abandonnant la civilisation européenne, Gauguin a passé une grande partie des douze dernières années de sa vie à Tahiti. Ici, dans le monde exotique de l'Océanie, où la vie se déroule naturellement, il a trouvé l'harmonie qu'il a cherchée. Le thème de la maternité est lié à la naissance d'un fils de la deuxième femme tahitienne de l'artiste, Pahura, en 1899. Une scène réelle est ici transformée en rituel, rappelant les peintures religieuses européennes traditionnelles montrant l'Adoration du Christ. La femme du centre avec ses fleurs dans les mains esquisse une forme de prière, devant cette femme douce alimentant son enfant. L' effet décoratif est créé au moyen de grandes plages dont les contours rythment la couleur, sont caractéristiques du style très particulier de Gauguin. 

Bouquet de sorbier

Washington  National Gallery of Art

Parau na te Varua ino (Paroles du diable) 

Ce tableau est divisé en deux parties horizontalement : il est en effet coupé en deux par un arbre, ce même arbre que l'on retrouve dans son œuvre Fatata te Miti. La partie haute du tableau est dans des tons verts/noirs et la partie basse est dans des tons rosés.

On peut voir au premier plan sur la droite une jeune femme tahitienne, nue, qui cache son sexe de la main gauche et qui cache son sein droit de la main droite. Son regard est tourné vers un homme masqué, au second plan à gauche du tableau, agenouillé.

Au troisième plan à gauche, un arbre annonçant la forêt tropicale, dont l'on aperçoit des bribes en arrière plan.

La signification du titre Parau na te Varua ino n'est pas claire. La phrase varua ino , "esprit maléfique" ou "diable", se réfère à la figure à genoux masquée et parau signifie des mots, suggérant l'interprétation "Words of the Devil". 

Ce tableau illustre l'intérêt de l'artiste pour la culture tahitienne traditionnelle et en particulier les croyances spirituelles des personnes qu'il a rencontrées sur l'ile. Ici, un démon malveillant est représenté derrière une jeune tahitienne qui semble paralysée par la peur3.

Gauguin utilise des couleurs tropicales intenses pour transmettre le plaisir sensuel. Les couleurs tropicales représentées ici sont vives, ce qui accentue le plaisir sensuel du tableau. Les teintes rouge et rose vives indiquent le sol et contrastent avec les teintes verte et noire qui représentent la profondeur de la forêt tropicale4.

La pose de la femme tahitienne nue et debout suggère la statue médiévale de l'Eve biblique dans le jardin d’Éden et de façon plus éloignée la Vénus de Médicis, qui est une sculpture classique. Le peintre met en valeur le corps des Tahitiennes qu'il voit comme très différent de celui des européennes. Par sa façon de peindre, il souhaite s'éloigner des normes de beauté du classicisme. La jeune femme tente de cacher ses parties intimes alors qu'elle se rend compte de la présence d'un homme derrière elle. On peut associer à cette femme les thèmes de l'innocence, du mal, du jugement, du péché et de la vulnérabilité humaine. La représentation de cette femme par Gauguin contraste largement avec la conception humaniste de Dürer du corps d'Éve et de sa représentation occidentale plus traditionnelle dans sa gravure Adam et Ève.

La posture de l'homme agenouillé rappelle l'esprit des morts que l'on retrouve dans le tableau de Gauguin Manao Tupapau. C'est un esprit malveillant qui se matérialise à travers une forme humanoïde étrange et effrayante. La forme que prend le démon sort de l'imaginaire de Gauguin.

L'artiste fait ici référence au péché originel, à la perte de la virginité et aux normes de beauté occidentales en mettant en avant une esthétique primitive non-européenne.

Autoportrait avec une auréole

L'autoportrait constitue un élément important de la production de Gauguin, en particulier en 1888 et 1889. L'intérêt de Gauguin a en partie été provoqué par la série de portrait de Vincent van Gogh de 1888, dont La Mousmé, que Gauguin connaissait par la correspondance avec Van Gogh et son frère Theo. Van Gogh espérait établir une colonie d'artistes au sud qui pourrait être analogue au cercle de Gauguin en Bretagne et proposait un échange d'autoportraits. Les seules déclarations connues de Gauguin concernant son autoportrait concernent un travail similaire à l'autoportrait de la National Gallery. Gauguin se dit «le visage d'un hors-la-loi ... avec une noblesse et une douceur intérieures», un visage qui est «le symbole du peintre impressionniste contemporain» et «un portrait de toutes les victimes misérables de la société».

Cet autoportrait, peint sur une porte de placard de la salle à manger d'une auberge dans le hameau breton Le Pouldu, est l'une des peintures les plus importantes et radicales de Gauguin. Sa tête auréole avec dans sa main droite un serpent entre les doigts, flottent comme désincarnées, sur des zones en à plat de jaune et de rouge. Gauguin est un héros sardonique à la fois ange (l'auréole) et démon (le serpent).

Fatata te Miti (Au bord de la mer)

Fatata te miti (« Au bord de la mer » en tahitien) est une huile sur toile de Paul Gauguin réalisée en 1892. Actuellement conservé à la National Gallery of Art à Washington , ce tableau représente deux Tahitiennes en train de se baigner. 

Le tableau représente deux Tahitiennes vues de dos se baignant dans l'océan, tandis qu'un homme pêche au harpon en arrière-plan.

Il illustre l'image romantique des Tahitiens rendue célèbre par Le mariage de Loti de Pierre Loti : dans ce roman, Loti décrit les activités de sa fiancée tahitienne ainsi : « Ses occupations étaient fort simples : la rêverie, le bain, le bain surtout. ».

Les femmes du tableau ôtent leurs pareos pour se baigner nues, apparemment indifférentes à la proximité du pêcheur ; c'est l'illustration du paradis tropical libéré que Gauguin avait espéré trouver, alors qu'en réalité, la culture polynésienne a été métamorphosée par les missionnaires occidentaux qui ont imposé leur religion et leurs valeurs aux insulaires.

Le thème des nymphes batifolant dans les vagues est une tradition de l'Âge d'Or plusieurs fois représentée par les artistes, de Titien et Gustave Courbet au contemporain de Gauguin Edgar Degas. Gauguin, fasciné par le thème, a travaillé dessus une première fois en 1885 avec ses Baigneuses à Dieppe avant de le reprendre en 1889 avec Dans les flots - Ondine, qui fut son tableau phare lors de l'Exposition Volpini.

Gauguin utilise les couleurs intenses des tropiques pour évoquer les plaisirs sensuels, comme des roses et des mauves pour colorer le sable qui était en réalité noir. La technique employée du cloisonnisme, qui consiste à appliquer de la couleur pure (non mixée) en aplats délimités par des contours sombres, avait été développée par Gauguin en Bretagne. Stephen F. Eisenman a noté que dans ce tableau comme dans d'autres similaires, Gauguin a placé des aplats de couleurs complémentaires et adjacentes côte à côte pour suggérer un intermédiaire coloré, pour refléter le fait que les binarités, comme l'univers moral et l'univers physique, sont réconciliables.

Pour augmenter leur luminosité et mettre en valeur leur brillance, Gauguin appliquait une fine couche de cire transparente sur la surface de ses premières peintures tahitiennes.

Autoportrait à Lezaven en 1888 pour l'ami Carrière

Cet autoportrait en costume breton, peint à Pont-Aven en 1886 est dédicacé à son ami peintre Charles Laval puis retouché quelques années plus tard, il fut offert à un autre peintre Eugène Carrière (1849-1906). 

Filles bretonnes dansant à Pont-Aven 

À Pont-Aven (Finistère), une petite révolution a eu lieu : ce sont des peintres qui l'ont menée. Jamais les bigoudènes n'avaient été représentées de façon aussi moderne. Elles le doivent à Paul Gauguin, chef de file de l'école de Pont-Aven, qui a fait entrer la cité bretonne dans l'histoire de la peinture. Le Bois d'Amour était l'un de ses endroits préférés. En 1888, les jeunes filles s'y promenaient, et Paul Gauguin, lui, cherchait un endroit pour poser son chevalet. 

Baigneuses en 1898

Les Baigneuses, œuvre post-impressionniste de Paul Gauguin, se démarque par son approche audacieuse du nu féminin. À la croisée du paysage et de la scène de genre, ce tableau évoque le paradis perdu de la Polynésie avec une sincérité rare. Les corps nus, aux lignes organiques, semblent se fondre dans la végétation luxuriante, dans une explosion de couleurs qui renvoie au synthétisme, le courant que Gauguin a grandement influencé.

Le tableau offre un contraste intéressant entre la quiétude de la scène et la dynamique des couleurs et des formes. Les baigneuses sont représentées dans une pose sereine, presque mélancolique, accentuant l'aura mystique du tableau. La présence de l'eau, élément vital et symbolique, renforce cette impression de communion avec la nature. Gauguin, avec ce tableau, livre une vision personnelle, quasi idéalisée, de la vie polynésienne.

New York  Metropolitan Museum of Art

Femmes tahitiennes se baignant

"Nue et fraîche, dépolie comme un cristal éteint, cette peau est le plus beau des manteaux naturels. De four, et sous le soleil qui l'enrichit sans la brûler ni la décomposer, sa couleur propre est ambrée-olivâtre, avec ces reflets verts qui la caractérisent. Cette peau est délicate et délicieuse à la pulpe des doigts ; aussi douce que la pulpe des doigts qui se reconnaît en elle et ne souhaite ni plus de tact ni plus grande douceur, ce qui permet la caresse indéfinie.

Enfin l'haleine. Nourrie de fruits mûrs et de poissons vifs, de peu de viandes, ou bien légères et cuites selon les recettes naturelles, la maorie s'exhale toute proche des éléments qu'elle absorba. Mais ceci qui ne peut être peint, n'a que faire en cet hommage à la seule peinture. Le reste est œuvre d'amant, qu'il soit lui-même maori, et son apport est symétrique, ou bien étranger, accueilli comme un dominateur dont le vouloir est bon et le désir digne d'être reçu."

Fare Rata (Trois femmes tahitiennes)

Sur un fond coloré et vif, ces trois modèles de trois quarts, expriment la puissance émanant de leurs corps dévêtus.  Deux femmes, aux regards énigmatiques, sont de part et d’autre d’un jeune homme vu de dos qui sert de pivot à l’œuvre. Le tableau semble suggérer un choix offert, peut être entre la vie civilisée, représentée par la jeune femme tentatrice et apprêtée sur la gauche, avec ses cheveux ornés de fleurs, sa robe plus étudiée, et la simplicité de la vie « sauvage » et primitive, incarnée par la jeune femme dénudée face au spectateur, portant des fleurs fraîches et lumineuses. Le profil du jeune homme, qui semble avoir fait son choix, exprime cependant la tension – la culpabilité ? – liée à une telle décision. Gauguin n’aura de cesse de rechercher la « nature sauvage » de nos îles et le caractère « primitif » de son mode de vie. En 1901, Gauguin quitte Tahiti pour les Îles Marquises et s'installe avec la très jeune Vaeoho dans son atelier, qu’il baptise par provocation, la « Maison du jouir ». L’artiste controversé, rongé par la maladie, succomba d’une attaque cardiaque. Gauguin écrira « Ce que je désire c’est un coin de moi-même encore inconnu  ». Sa vie aura été une recherche perpétuelle vers un ailleurs tant artistique que géographique, gageons qu’il aura trouvé ici, sa dernière escale. 

Ia Orana Maria 

Il s'agit d'une Vierge à l'Enfant représentant la Marie et l'ange qui la révèle à deux Tahitiennes sous les traits de Polynésiens. Il est conservé au Metropolitan Museum of Art, à New York, aux États-Unis.  « Avant de se lancer dans une série d’images inspirées des croyances religieuses polynésiennes, Gauguin consacre sa première toile tahitienne majeure à un thème chrétien, qu’il décrit dans une lettre de mars 1892 : " Un ange aux ailes jaunes révèle Marie et Jésus, tous deux tahitiens, à deux Tahitiennes, seulement habillées de paréos, sorte de toile de coton imprimée de fleurs qui peut être drapée à la taille. Un arrière-plan montagneux très sombre et des arbres en fleurs… un chemin violet sombre et un premier plan vert émeraude, avec des bananes à gauche, j'en suis plutôt content. " Gauguin a basé une grande partie de la composition sur une photographie qu’il possédait d’un bas-relief du temple javanais de Borobudur. »  

Nature morte avec théière et fruits  

Les Seins aux fleurs rouges 

 « Dans les derniers temps de son activité à Tahiti, Gauguin s’intéresse de plus en plus à la beauté et à la sérénité des femmes autochtones. Dans ce tableau, il s’appuie sur des formes modelés de façon sculpturale, des gestes et des expressions du visage destinés à faire revivre les sentiments qu’il avait utilisés pour décrire la "l’Ève Tahitienne" : "très subtile, très avertie dans sa naïveté" et en même temps "toujours capable de se promener nue sans honte." Ces deux figures apparaissent pour la première fois dans la frise monumentale Faa Iheihe (Pastorale tahitienne) de l'artiste en 1898 (Tate, Londres) et également dans Rupe Rupe (La récolte de fruits) de 1899, plus grande encore (musée des Beaux-arts Pouchkine, Moscou), qu’il réalisa en vue de l’Exposition Universelle de 1900. »  

La Sieste 

La Sieste est peinte dans le style caractéristique de Gauguin, qui associe des couleurs vives et audacieuses à des formes simplifiées et à des perspectives aplaties. Il utilise des couleurs vives pour représenter les paysages luxuriants de Tahiti et pour mettre en valeur la beauté de ses habitants. 

Dans ce tableau, Gauguin réussit à franchir les limites du schématisme décoratif qui avait été le sien au cours des années précédentes.

Il renouvelle sa façon de composer, de définir les formes, d'étaler les couleurs, de concevoir son harmonie chromatique.

Ici, le décor est presque théâtral: sur la « scène », délimitée par les lignes des planches en perspective, la figure de dos est celle qui domine: elle est en diagonale, imposant sa présence dans la masse des bleus clairs nuancés de la chemise fleurie et du bleu foncé de la jupe; la tache sombre des cheveux descend souplement du chapeau qui lui cache la tête.

La « diagonale » de la composition est interrompue par les volumes colorés des autres personnages : par le rose de la femme à gauche, par le rouge vif de la jeune fille allongée, par le brun de la repasseuse, par la silhouette rose qui se découpe sur le fond vert.

Une composition, une mise en scène « difficile » qui réussit à créer un espace où l'on nous invite à entrer, ne serait-ce que pour tenter de découvrir le visage de la mystérieuse figure qui nous tourne le dos au premier plan.

Le motif de la « sieste » n'a pas manqué d'inspirer nombre de peintres, mais tandis que ceux-ci se font purs observateurs extérieurs de la sérénité des personnages endormis (Bonnard et Van Gogh, par exemple), Gauguin, quant à lui, nous montre peu, il nous convie à participer à l'univers du tableau, comme si nous étions attendus.

New York Museum of Modern Art 

Trois femmes tahitiennes

La Graine de l'Areoi

Hina Tefatou (La Lune et la Terre)

L'œuvre, exposée en 1893 à la galerie Durand-Ruel, suscita bien des perplexités du fait de son audacieux système dimensionnel et chromatique, ainsi que pour l'ample place accordée à un « folklore » sauvage qui aujourd'hui encore ne manque pas de générer quelques réserves. Malgré les critiques, dont celle de Camille Pissarro, l'œuvre fut admirée et achetée par Edgar Degas, peintre impressionniste affirmé qui continua après à collectionner avidement les chefs-d'œuvre de Gauguin.  

 L'œuvre, en effet, dépeint cet ancien mythe polynésien où Hina, la déesse de la Lune, demande à Tefatou, le « génie qui animait la Terre », d'assurer l'immortalité des hommes : au refus indéniable de ce dernier, Hina réagit en acceptant de diriger le retour presque éternel du mouvement lunaire.

Gauguin imagine le dialogue entre les deux divinités de la manière représentée dans le tableau. Tefatou se tient en retrait et présente une physionomie sauvage, proprement océanique, et donne à Hina un regard viril et inébranlable. La déesse de la Lune a un corps tendre et délicatement massif et rappelle dans son ensemble d'importantes sources figuratives occidentales, comme les Baigneuses de Courbet et d'Ingres : elle est vue de dos et tente, en vain, d'intercéder en faveur des hommes. Son geste est caressant et miséricordieux, tout comme celui du dieu terrestre est impitoyable et inflexible. De plus, de Fatou jaillit une source teintée d'une couleur flamboyante, presque sanguine.

Deux femmes

Ce tableau représentant mère et fille au regard animal, scrutateur et mélancolique, a été peint d'après une photographie :

Nature morte avec trois chiots

Cézanne était furieux de l'usage que faisait Gauguin de certains aspects de son  oeuvre, non seulement parce que cela apparaissait comme un grossier plagiat, mais aussi et surtout parce que les objectifs de Gauguin étaient très différents des siens. Il devint la bête noire de Cézanne, qui mit d'autres peintres en garde contre ce faiseur d'idoles japonaises. Pour Gauguin, Cézanne restait le parangon de la bonne peinture.

Northampton Smith College Museum of Art 

Les jardins Maraichers de Vaugirard 1879

Vignette de Sierra Leone sur un bloc feuillet postal

Dallas Museum of Art

Raro te Oviri (Sous les pandanus) 

Toledo Art Museum

Rue de Tahiti (Route de Papeete)

Philadelphie Museum of Art 

Parahi te marae (Le temple ou  La montagne sacrée)


C'est un motif maori que Gauguin développe dans l'imaginaire barrière de bois, avec le Tiki, idole marquisienne qu'on aperçoit de profil sur la montagne. Pourtant la véritable profondeur du tableau vient du rapport de couleurs, celui du rouge et du rose (buisson d'hibiscus du premier plan), avec le jaune vif de la colline. 

Lower Merion Barnes Foundation

Haere Pape 

Loulou

Indianapolis Museum of Art 

Ferme à Arles

Nuit de Noël

Ce tableau a probablement été peint en Bretagne en 1894 et l'emporta avec lui à Tahiti en 1895. Nuit de Noël est un mélange d'éléments disparates : du bétail, traité à la façon égyptienne, rassemblé derrière un calvaire breton. Mais cette synthèse d'un milieu qui pour lui était chargé de sens et d'autres éléments aussi significatifs de son art est courante dans son oeuvre et de son mode de pensée : elle ne fait que renforcer les associations nostalgiques d'une scène comme celle-ci.

Worcester  Musée d'Art

Te Faaturuma 

"Ce silence la nuit à Tahiti est encore plus étrange que le reste... Je comprends pourquoi ces individus peuvent rester des heures , des journées assis sans dire un mot" (lettre à sa femme Mette). A Quoi songe cette femme assise, ses jambes épaisses croisées, sur une natte rose où sont posés son chapeau de paille et ce qui semble être un gros cigare qui se consume ? Derrière la véranda, un cavalier paraît attendre, tout comme le chien. La puissance de l'évocation et l'énergie de cette peinture plurent tant à E Degas qu'il en fit l'acquisition pour sa collection personnelle 

Cambridge Fogg Art Museum

Nature morte aux pêches 

Autoportrait au béret

Poèmes barbares

Boston Musée des Beaux Arts

D'où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? 

Le tableau se lit de droite à gauche, et se divise en trois groupes principaux de personnes illustrant les questions posées dans le titre. Les trois femmes avec un enfant représentent le début de la vie, le groupe du milieu symbolise l'existence quotidienne des jeunes adultes, et dans le dernier groupe, d'après l'artiste, « une vieille femme approchant la mort apparaît réconciliée et résignée à cette idée » ; à ses pieds, « un étrange oiseau blanc tenant en sa patte un lézard bleu , représente la futilité des mots. » L'idole bleue à l'arrière-plan représente apparemment ce que Gauguin décrivait comme « L'au-delà ».

Certains éléments et motifs sont issus d'autres œuvres peintes quelques années auparavant. La femme âgée à gauche est une reprise de l'Eve Bretonne peinte en 1889. L'enfant au centre mangeant un fruit est issu de Nave Nave Mahana (Jour délicieux), peint l'année précédente.

Gauguin explique dans une lettre à son ami Monfreid les circonstances de l'élaboration du tableau : « Il faut vous dire que ma résolution de suicide était bien prise pour le mois de décembre. Alors j'ai voulu, avant de mourir, peindre une grande toile que j'avais en tête et, durant tout le mois, j'ai travaillé jour et nuit dans une fièvre inouïe. L'aspect est terriblement fruste. On dira que c'est lâché, pas fini. Il est vrai qu'on ne se juge pas bien soi-même mais cependant je crois que non seulement cette toile dépasse en valeur toutes les précédentes mais encore que je n'en ferais jamais une meilleure ni une semblable. J'y ai mis là, avant de mourir, toute mon énergie, une telle passion douloureuse dans des circonstances terribles et une vision tellement nette, sans correction, que le hâtif disparaît et que la vie surgit. Les deux coins du haut sont jaune de chrome avec l'inscription à gauche et ma signature à droite, telle une fresque abîmée aux coins et appliquée sur un mur or. » 

Femmes et cheval blanc

« À la fin de sa vie, immobilisé par la syphilis chronique et les maladies cardiaques, Gauguin continua à peindre les paysages luxuriants qui entouraient sa maison à Hiva Oa, une île du Pacifique dans l'archipel reculé des Marquises. La profusion des couleurs des montagnes et de la végétation tropicale encadre le groupe de trois femmes autochtones et le cheval blanc, un animal parfois associé à la mort ou à la transcendance. Au sommet de la colline se dresse une seule croix – une reconnaissance rare de l'activité missionnaire française en Polynésie par Gauguin. Elle indique le cimetière où le corps de l'artiste a été inhumé peu après avoir terminé le tableau. » 

Chicago Art Institut

Mahana no atua (Le jour du Dieu) 

« Le jour de Dieu est l’un des rares tableaux au sujet tahitien réalisés par Paul Gauguin en France entre ses séjours dans le Pacifique Sud. Représentation imaginaire plutôt que réaliste des mers du sud, elle est dominée par une idole de la déesse Hina. À sa droite, les femmes dansent l'upaupa, une ancienne danse tahitienne suggestive que les missionnaires et les autorités coloniales ont tenté d’interdire. Sur un terrain intermédiaire de sable rose se trouve une baigneuse flanquée de figures au genre ambigu, couchées sur le côté. Bien que la disposition de ce trio semble constituer un symbole, peut-être de naissance, de vie et de mort, Gauguin laisse planer une énigme sur la signification exacte. » 

Pas te aha oe triri ? (Pourquoi est-tu en colère ?) 

« De retour à Tahiti à l'automne 1895, Paul Gauguin fut bientôt assailli de douleurs physiques et de difficultés financières. Malgré cela, en 1896-1897, il peint un groupe de toiles impressionnantes dans un format plus grand que ses œuvres habituelles. Il a basé Pourquoi es-tu en colère ? sur une composition tahitienne antérieure, mais a changé l'atmosphère de la peinture. Ici, les figures principales sont plus grandes et dégagées les unes des autres, leurs postures et leurs caractères plus difficiles à interpréter. Le titre interrogatif incite le spectateur à rechercher une sorte de récit, mais l'image résiste à une interprétation définitive. » 

Merahi metua no Teha'amana (Les ancêtres de Teha'amana)

Le tableau est un portrait de l'épouse de Paul Gauguin, Teha'amana, lors de sa première visite à Tahiti en 1891-1893. Ce mariage a toujours suscité la controverse car il a été arrangé et réalisé au cours d'une seule après-midi et Gauguin affirmait que Teha'amana n'avait alors que treize ans. 

Danielsson considérait le tableau comme un portrait d'adieu, représentant Teha'amana dans un état royal, vêtue de ses plus beaux vêtements d'église et tenant un éventail en palme tressé, symbole de beauté. La fleur de tiaré rouge qu'elle porte à son oreille gauche signifie qu'elle est mariée. Lorsqu'il faisait des recherches sur son livre, Danielsson a montré une photographie du portrait à un indigène, Puto'ura a Ta'iterafa'ato'a, âgé de quinze ans en 1893 lorsque le portrait a été peint. Ta'iterafa'ato'a reconnut immédiatement Teha'amana, identifiant le tissu cicatriciel au-dessus de son œil droit comme le résultat d'un accident qu'elle avait subi lorsqu'elle était très jeune sur un poney, défiant ses parents.  

Los Angeles Museum of Art 

Le gardien des porcs

Les prémices d'une nouvelle approche de la couleur et de la surface qui apparaissent dans les tableaux de la Martinique en 1887 acquirent une nouvelle force lors de la seconde période bretonne. Le caractère du paysage breton et des habitants sont ici transformés à la lumière de l'expérience martiniquaise : les couleurs locales sont intensifiées, les textures concentrées en zônes distinctes. Le tableau se définit en terme de rapports de ligne, de texture et de couleur en travers de la surface plutôt qu'en termes de progression atmosphérique dans l'espace et dans le paysage. La rupture avec l'Impressionnisme est imminente.

Los Angeles Armand Hammer Museum of Art 

Bonjour Monsieur Gauguin

Une partie de la raison de ce désintérêt pour le portrait dans l’étude du travail de Gauguin jusqu’à maintenant peut venir du fait qu’il s’agit d’un genre très ancien, traditionnel et conservateur. Et l’objectif premier de Gauguin était de se dissocier de tout ce qui était convention dans le monde des beaux-arts et de devenir le chef de file de l’avant-garde. Si l’auditoire parisien de son époque n’a pas toujours compris où il voulait en venir, il est aujourd’hui reconnu comme l’un des grands maîtres de l’histoire de l’art occidental, à l’origine d’une bonne partie des bases pour l’émergence de l’art moderne au XXe siècle. Comme on peut le voir clairement dans l’exposition, l’art du portrait a constitué une part importante de l’aventure esthétique plus vaste de Gauguin. En fait, il a relevé ce défi du portrait avec tellement de brio, d’exubérance et d’inventivité que son étude attentive et sa connaissance profonde de l’art du passé peuvent parfois être difficiles à déceler. En effet, son succès dans la libération de la couleur et de la forme d’un rôle strict de représentation, de même que la création d’un nouveau langage symbolique dans sa quête d’expression des qualités abstraites de l’émotion et du monde métaphysique de l’esprit repoussent les limites mêmes de l’art du portrait. 

Kansas City The Nelson-Atkins Museum of Art

Faaturuma (Mélancolique) 

Le modèle pourrait être Teha'a-mana, la première vahiné de Gauguin. Le peintre ne connaît pas encore les mythes et traditions locales, qu’il découvrira par la suite. Au demeurant, la colonisation française avait cherché à occidentaliser les tahitiens, ce qui avait déçu Gauguin, qui idéalisait un certain « primitivisme » totalement utopique. Cette composition conjugue donc les conventions occidentales et une figure tahitienne. Le portrait d’une femme pensive, assise dans un fauteuil, associé à un arrière-plan domestique avec un tableau accroché au mur constitue un classique de la peinture occidentale. L’artiste n’a pas représenté le modèle en paréo, mais plus sagement, dans une ample robe rouge qui couvre la totalité du corps. Les portraits plus tardifs seront beaucoup plus réalistes : voir ci-après Deux tahitiennes (1899), Et l’or de leur corps (1901). 

Baltimore Musée d'Art

 Le Violoncelliste

Le Violoncelliste (ou Portrait de Schneklud ) est une peinture à l'huile réalisée par Paul Gauguin et qui est conservée au Musée d'Art de Baltimore.

Paul Gauguin a peint Fritz Schneklud, un ami et musicien professionnel, un violoncelliste, en 1894

Vahine no te vi (Femme à la mangue) 


Vahine no te vi est un tableau réalisé par Paul Gauguin en 1892. Cette huile sur toile est le portrait d'une femme tahitienne tenant une mangue. Elle est conservée au musée d'art de Baltimore, aux États-Unis. C'est le portrait de Tehamana en robe européenne du dimanche. On trouve ici une harmonie de couleurs orchestrée autour du jaune de chrome intense du mur à l’arrière plan et du violet de la robe. Les cheveux dénoués et parés de fleurs de tiaré blanches confèrent un caractère sensuel à ce portrait d’une femme tenant un fruit mûr. Gauguin a accusé les rondeurs du corps de Tehamana qui est enceinte. La mangue est un symbole de fécondité.

Pasadena Norton Simon Museum

Jeune Fille et Garçon

Jeune Fille et Garçon est un tableau de Paul Gauguin peint en 1899. Dans ce tableau, Gauguin n'est jamais aussi loin dans la violence des contrastes de couleurs. Au jaune rehaussé de vert strident s'oppose le jaune vif de la robe que souligne une collerette verte. Ces tons tendres, presque fluorescents, mettent en valeur la placidité des visages bruns aux yeux attentifs, en les enveloppant d'une splendeur naïve .

San Antonio Musée d'Art McNay

Autoportrait à l'idole

L’Autoportrait à l'idole est un tableau réalisé par le peintre français Paul Gauguin vers 1893, probablement à Tahiti. Cette huile sur toile est un autoportrait qui représente l'artiste sa main droite sous son menton, alors que derrière lui se trouve une statuette de la déesse polynésienne Hina. L'œuvre est conservée au musée d'Art McNay, à San Antonio, au Texas. Les portraits de Gauguin dévoilent à quel point celui-ci souhaitait être le maître, quitte à rompre ses liens d’amitié sitôt qu’il se sentait prendre ombrage de ses compatriotes. 

Eve bretonne

Detroit Institut of Arts

Autoportrait à l'idole (tableau d'après Delacroix en arrière-plan) 

West Palm Beach Norton Museum of Art

Le Christ au Jardin des Oliviers 

Paul Gauguin se représente sous les traits du Christ au jardin des Oliviers, les cheveux orange et l'air accablé.

Paul Gauguin peint le tableau en 1889 après deux mois passés auprès de Vincent van Gogh à Arles. La couleur orange des cheveux et de la barbe peuvent évoquer la chevelure rousse de Van Gogh. Lors d'une exposition de 1891, Gauguin explique au journaliste Jules Huret que son portrait du Christ « représente l'écrasement d'un idéal, une douleur aussi divine qu'humaine, Jésus abandonné de tous, » ajoutant qu'il s'agit d'un « cadre aussi triste que [son] âme. » 

Buffalo Galerie d'Art Albright-Knox 

Manao Tupapau (L'esprit des morts veille)

Il y représente au premier plan sa compagne polynésienne Téha'amana (appelée aussi Tehura) nue et allongée. Elle est couchée à plat ventre, sur des draps blanc cassé recouvrant eux-mêmes un paréo bleu aux motifs floraux jaunes. Au second plan, nous apercevons un étrange personnage habillé de noir : le tūpāpa’u (revenant, fantôme). Il est de profil et semble entrer dans cette chambre. Le fond du tableau est composé de diverses taches aux coloris violacés : il semble se tramer quelque chose de mystérieux. 

La jeune Tahitienne joue un rôle-double dans la scène. Nue, c'est le côté érotique qui ressort. Elle a 13 ans quand Gauguin la prend pour épouse à la suite d'un arrangement, il a alors 43 ans. Il rappelle à Gauguin l'Ève qu'il tente de découvrir. Le peintre met en valeur le corps des tahitiennes qu'il voit comme très différent de celui des européennes. Par sa façon de peindre, il souhaite s'éloigner des canons de beauté du classicisme. Inspiré de La Vénus d'Urbino de Titien et de l'Olympia d'Édouard Manet, les attributs de la féminité (seins et pubis) ne sont pourtant pas montrés : là commence le mystère. Le mystère de la femme.

C'est donc également une atmosphère magique qui se propage dans cette chambre. Le peintre fait allusion à la croyance mā’ohi concernant les tūpāpa’u qui hantent l'obscurité. Pour les faire partir, les Tahitiens ont gardé la coutume de toujours s'endormir avec une lampe allumée.

Entre le premier plan bien distinct et le second plan flou et ancré dans l'imaginaire, Gauguin nous fait voir le point de rencontre entre ces deux mondes, qui ici, se confondent. Le titre du tableau Manao Tupapau, écrit en tahitien, peut être traduit d'ailleurs par « Elle pense au revenant » ou par « Le revenant pense à elle » : une ambigüité qui démontre ce point de tension. On est dans un monde mais en même temps dans un autre. La femme renvoie au symbole de fertilité, de naissance. Gauguin reprend le thème qu'a précédemment abordé Gustave Courbet : celui de L'Origine du monde. Le personnage mystérieux dans le fond du tableau représente lui, la mort qui vient reprendre cette Ève. Gauguin nous transcrit une métaphore du cycle de la vie. Il poursuivra cette idée dans "D'où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ?" qu'il peindra en 1898 vers la fin de sa vie.

Le Christ jaune 

Le Christ jaune est un tableau réalisé par Paul Gauguin en 1889 à Pont-Aven (Finistère). Avec Le Christ vert, c'est une œuvre majeure du symbolisme. Depuis 1946, l'œuvre est conservée à la galerie d'art Albright-Knox de Buffalo, aux États-Unis.

Dans la chapelle Notre-Dame de Trémalo à Pont-Aven, le Christ y est celui dont Gauguin s'est inspiré. Il est considéré à l'époque comme un nouveau messie de l'art moderne. Voici Le Christ jaune, réalisé par Paul Gauguin en 1889.

À la fin des années 1880, le célèbre peintre habite Pont-Aven en Bretagne. Avec ses compères Paul Sérusier et Emile Bernard, il fonde "l'école de Pont-Aven". Leur style : des formes traitées en aplat de couleur, entourées de cernes noirs. Gauguin adore la Bretagne, il dit y retrouver le sauvage et le primitif : "Quand mes sabots résonnent sur ce sol de granit, j’entends le son sourd, mat et puissant que je cherche en peinture".

Par la couleur, cette toile incarne parfaitement la dimension symboliste de l'œuvre de Gauguin. Pour lui, l'art se doit d'être une déformation subjective de la nature. Regardez ce ton jaune, il n'est pas naturel et les lignes ne sont pas représentatives de la réalité, elles sont transformées. Gauguin utilise sa technique du cloisonnisme, les formes sont cernées de noires comme dans des estampes japonaises. La souffrance du Christ semble refléter la personnalité torturée de Gauguin et les teintes jaunes qui sont chères au peintre suggèrent une dimension autobiographique.

D'ailleurs, quelques années plus tard, Gauguin réalise Portrait de l'artiste au Christ jaune, qui là encore représente sa personnalité tiraillée entre deux mondes. Octave Mirbeau décrira ainsi l’œuvre de Gauguin comme un "mélange inquiétant et savoureux de splendeur barbare, de liturgie catholique, de rêverie hindoue, d’imagerie gothique, de symbolisme obscur et subtil".

Portland Museum of Art 

Vue d'un jardin à Rouen en 1884 

Minneapolis Institute of Arts

Montagnes tahitiennes

Gauguin était touché par le silence inhabituel et l’atmosphère d’éternité. Cette atmosphère paisible envahit ce tableau. La composition est en larges traits et comprend peu d’éléments. Suggérées par la solitaire petite figure, les proportions sont immenses. Exceptionnel sentiment de lumière et de profondeur, harmonie d’une nature paisible et mystérieuse... Les harmonies colorées, la succession des courbes et l’étendue des surfaces caractérisent le style de Gauguin.

New Haven Yale University Art Gallery 

Parau Parau (Mots murmurés)  

Cleveland Musée d'Art

L'Appel

L'impression qui s'en dégage rappelle "D'où venons nous?" bien que la couleur exotique renforcée traduise un équilibre plus poignant, et presque subtil, entre l'affirmation de la sensualité et le mystère inquiétant.

Dans les vagues 

Buenos Aires  Musée National des Beaux Arts

Vahine no te miti (Femme à la mer)

São Paulo Museu de Arte 

Pauvre pêcheur

Autoportrait près du Golgotha


Cet autoportrait de 1897 semble empreint du sentiment d'abattement et de solitude de cette période, qui avait été ravivée au printemps par l'annonce de la mort prématurée de sa fille Aline emportée par une pneumonie. C'était d'après lui la seule de ses enfants qui lui était restée attachée malgré l'absence. Sa mort entama plus encore sa confiance. Elle a surement joué un rôle dans le processus qui devait conduire à la rupture avec Mette. Leur correspondance prit fin en Août 1897.

Kurashiki Musée d'art Ohara

Te nave nave fenua (Terre délicieuse) 

Gauguin savait-il que Nave nave veut dire plaisir sexuel en tahitien avant de signifier "délicieux" ? "C'est l'Eve après le péché pouvant encore marcher nue sans impudeur, conservant toute sa beauté animale comme au premier jour". Elle cueille des fleurs ressemblant à des plumes de paon. 

Tokyo Musée National d'Art Occidental

Deux bretonnes au bord de la mer

Téhéran Musée d'art contemporain 

Nature morte avec vase en forme de tête et gravure sur bois japonaise 

Dans les collections privées ...

Annah la Javanaise 

En 1893, une jeune fille de 13 ans devient la domestique et le modèle du peintre Paul Gauguin. On la surnomme Annah la Javanaise. A Paris où il vit une passion torride et scandaleuse avec Annah la Javanaise, cette mulâtresse assez laide qui se balade avec un vilain petit singe sur l'épaule. Gauguin donne des fêtes invraisemblables, peint, boit et baise. Sur les vitres de son appartement, il a écrit : « Te Faruru (Ici, on fait l'amour) ». Il ne voit pas de différence entre l'art et l'érotisme. A Concarneau, il se bat avec des types qui ont insulté sa « négresse ». 

L'homme à la Hache

L'Homme à la hache est un tableau du peintre Paul Gauguin réalisé en 1891. Cette huile sur toile est conservée dans une collection privée en Suisse. 

Cavaliers sur la plage (2ème version)

En plongeant dans l'univers riche et vibrant de Paul Gauguin, on rencontre Cavaliers sur la plage II. Issue de la période post-impressionniste, cette œuvre mêle avec maestria le paysage et la scène de genre pour offrir une représentation complexe et texturée de la vie tahitienne. 

Le choix audacieux de Gauguin de juxtaposer des tonalités vives et contrastées contribue à une atmosphère vibrante et électrisante, capturant l'essence même de la Polynésie. Les formes simplifiées des cavaliers et des chevaux, les délimitations franches entre les couleurs, les courbes et les lignes audacieuses témoignent toutes de l'influence synthétiste sur son travail. Cavaliers sur la plage II illustre parfaitement comment Gauguin a rompu avec la représentation réaliste pour explorer une esthétique plus expressive et symbolique.

Il fait partie de la Collection Stavros Niarchos et est conservé en Grèce 

Deux femmes  

Te tiai na oe i te rata (Tu attends une lettre)

La vague

Issu de la collection Rockefeller, il s’agit de La Vague, de Paul Gauguin. Ce dernier l'a peinte au Pouldu, sur la commune côtière de Clohars-Carnoët, près de Quimperlé. La vente aux enchères de la collection d’œuvres d’art des Rockefeller, à New York en ce mois de mai 2018 a fait l’effet d’un tsunami de convoitise… 

Un tableau était particulièrement en vue. Une huile sur toile de 60 cm x 72 cm. Trois rochers fendent le paysage dans une diagonale sur la gauche. Les flots les entourent et semblent jouer avec eux. La mer est bleue et verte à la fois. En breton il y a un mot qui définit les deux couleurs : glaz.

L’écume fait fuir deux petites baigneuses qui doivent crier et rire à la fois. Elles s’échappent du cadre, en haut, à droite du tableau, pour courir sur un sable vermillon. Paul Gauguin a vécu sa vie de peintre sans le sou. 

Peggy et David Rockefeller devaient apprécier particulièrement ce tableau. Le couple de milliardaires l’avait acquis en 1966. Il était accroché dans leur bibliothèque de Manhattan avec une nature morte, des fleurs dans un vase, du même peintre. 

Petites filles au Pouldu 

Maternité (2ème version) Trois femmes sur la plage

Photo sur un timbre Polynésien d'une pose d'après cette oeuvre de Gauguin

La Maternité II est vendu pour 105, 730 millions de dollars le 9 novembre 2022 lors de «Visionary : The Paul G. Allen Collection», la vente philanthropique des oeuvres d'art du milliardaire américain disparu en 2018, au siège new-yorkais de la maison Christie's. 

Mau taporo (La Cueillette des citrons) 

Nature morte aux imprimés japonais 

La Neige rue Carcel 

Paysanne avec vaches dans un paysage

Double portrait de Mademoiselle Lafite en 1883

Femmes près des palmiers

Paysage breton avec chien et enfant

Aline Gauguin et l'un de ses frères

Aline est la fille ainée de Paul née en 1877. Elle mourut d'une pneumonie en 1897. Il l'apprend presque par hasard la mort de sa fille préférée. Plein d'amertume, il rompt définitivement toute relation avec sa femme danoise Mette et sa famille.

Nature Morte Avec Pommes et Céramique 

Cabanes sous les arbres 

Si vous en savez beaucoup sur la vie de Paul Gauguin, vous ne pouvez pas ne pas avoir  noté son dénuement, sa difficulté à vendre ses oeuvres. 

Parmi ses oeuvres qui valent aujourd’hui des millions de dollars,  l'oeuvre "Cabane sous les arbres" réalisée en 1892 dan un format 72 x 43,5 cm a été  par deux fois recemment  d'objet de vente :
- 4 629 500$, chez Christie’s New York, le 6 novembre 2002
- 8 482 500$, chez Sotheby’s New York, le 2 mai 2012

Tomates et pot d'étain sur une table

Fille devant la fenêtre ouverte 

Sept tableaux de maîtres dont un Picasso et deux Monet volés dans un musée des Pays-Bas en 2012 auraient été brûlés en Roumanie par la mère d’un des voleurs présumés.

La mère de Radu Dogaru, un des auteurs présumés de ce spectaculaire vol, a déclaré aux enquêteurs qu’après avoir enterré les toiles dans le jardin d’une maison abandonnée dans l’est de la Roumanie, puis dans un cimetière, elle les a brûlées dans le poêle de sa maison, indique Mediafax.

Le parquet spécialisé dans la lutte contre la criminalité organisée (Diicot), qui a mené l’enquête, s’est refusé à tout commentaire.

« Après l’arrestation de mon fils en janvier 2013, j’ai eu très peur car j’ai compris que les faits qu’il avait commis étaient très graves », a déclaré Olga Dogaru selon Mediafax.

Quatre jours après une perquisition des enquêteurs roumains, le 13 février, Olga Dogaru aurait décidé de brûler les tableaux dans « l’espoir qu’il n’y ait aucune preuve et que les suspects ne puissent pas être condamnés ».

« J’ai mis le colis dans lequel étaient les tableaux dans le poêle, j’ai mis quelques bûches, des pantoufles, des chaussons en caoutchouc et j’ai attendu qu’ils brûlent complètement », dit-elle dans le document cité par Mediafax. Six Roumains dont Olga Dogaru et son fils seront jugés pour un des plus importants vols de tableaux du siècle, commis en octobre 2012 au musée de Kunsthal de Rotterdam.

En moins de 90 secondes, sept toiles de maîtres avaient été dérobées dans la nuit : « Tête d’Arlequin » de Pablo Picasso, « La Liseuse en Blanc et Jaune » d’Henri Matisse, le « Waterloo Bridge » et le « Charing Cross Bridge » de Londres signés Claude Monet, « Femme devant une fenêtre ouverte, dite la fiancée » de Paul Gauguin, « Autoportrait » de Meyer de Haan et « Woman with Eyes Closed » (femme aux yeux clos) de Lucian Freud.

Une Famille Tahitienne : Promenade au Bord de la Mer  

Pommes et bol

Cette nature morte de Gauguin appartient à un collectionneur privé suisse.

Aux Rochers Noirs

Paul Gauguin (P.Gauguin, 1848-1903), avec Cézanne et Van Gogh, sont les célèbres peintres représentatifs du "post-impressionnisme" dans l'histoire de l'art. Ses peintures poursuivent les lignes décoratives et les couleurs vives des peintures orientales. 

Nature Morte à l'estampe japonaise 1888

Dhalias et mandoline

Femme rousse avec tournesols 

« Portrait de femme contre la nature morte aux pommes de Cézanne » a été créé en 1890 par Paul Gauguin dans le style postimpressionnisme.  La provenance de cette oeuvren'a pas été retracée pour l'instant.

Paillotte sous les palmiers en 1896

Etude de têtes de tahitiennes

Printemps 1884 à Rouen

Conversation sous les Tropiques

Cette vignette est issue d'un bloc-feuillet postal de Sierra Leone

Nature morte aux oranges de Tahiti

Bouquet de fleurs 

Oeuvre avec affectation non cernée

Nature morte avec fruits et vase sphérique