Zurbaran

Francisco de Zurbarán

Zurbarán est, avec Velásquez et Murillo, le peintre espagnol le plus connu du 17e siècle. Si son œuvre est parfois marqué par le ténébrisme, ce courant n’en est qu’un aspect secondaire. On a qualifié de ténébrisme une variante du baroque proche de Caravage (clair-obscur), mais accentuant les ombres et donnant ainsi un aspect très ténébreux au tableau.

Francisco de Zurbarán (1598–1664) est un peintre du Siècle d'or espagnol. Contemporain et ami de Diego Vélasquez, Zurbarán se distingue dans les peintures religieuses où son art révèle une grande force visuelle et un profond mysticisme et il devient un artiste emblématique de la Contre-Réforme.

Francisco de Zurbarán naît à Fuente de Cantos dans la province de Badajoz en 1598. Il est le fils d’un commerçant modeste. A l’âge de quatorze ans, il entre en apprentissage chez un peintre de Séville, Pedro Diaz de Villanueva. Il se marie en 1617 avec Maria Páez et s’installe à Llerena en Estrémadure. Trois enfants naîtront de cette union. Dès le début des années 1620, il commence à être connu et reçoit des commandes des églises locales. Après le décès de sa femme, il se remarie en 1625 avec Beatriz de Morales.

La suite de la vie artistique de Zurbarán est liée à des contrats conclus avec des ordres religieux pour la décoration de leurs édifices. Ainsi, en 1626, il s’engage à exécuter vingt-et-un tableaux pour la communauté des Frères prêcheurs de l’ordre dominicain de Séville. Son Christ en Croix (1627) est tellement admiré que les édiles municipaux sévillans lui proposent de venir s’installer dans cette ville en 1629. D’autres contrats suivront avec d’autres communautés religieuses.

En 1634, Zurbarán séjourne à Madrid. Il y retrouve le peintre sévillan Diego Vélasquez avec lequel il s’était déjà lié d’amitié. La découverte des peintres italiens travaillant pour la cour d’Espagne, par exemple Angelo Nardi (1584-1664) ou Guido Reni (1575-1642), l’amènera à s’éloigner du ténébrisme de ses débuts. Le titre de Peintre du Roi lui est accordé. Les commandes vont alors affluer, y compris depuis l’Amérique du Sud.

Beatriz de Morales, sa seconde femme, meurt en 1639. Il se remarie en 1641 avec Mariana de Quadros. Mais celle-ci décède peu après. En 1644, Francisco de Zurbarán se marie pour la quatrième fois : il épouse Leonor de Tordora qui a vingt-huit ans et lui donnera six enfants. Sur le plan artistique, il jouit d’une réputation internationale bien établie : ainsi en 1647 un couvent péruvien lui commande trente-huit tableaux.

Dans les années 50 et 60, le peintre se rendra à nouveau à Madrid à plusieurs reprises. C’est dans cette ville qu’il meurt en 1664.

Grenoble Musée

Adoration des mages

Grâce au don du général Léon de Beylié en 1901, le musée de Grenoble conserve l’un des ensembles les plus prestigieux de Francisco de Zurbarán. Les quatre scènes de l’Enfance du Christ furent exécutées en 1638-1639 pour le retable du maître-autel de la Chartreuse de Jerez de la Frontera, dans la province de Cadix, à une période où le style de Zurbarán, devenu peintre officiel de Séville, a atteint sa pleine maturité. Né en Estrémadure, le jeune Francisco est formé, comme Velázquez, à Séville. Après le départ de celui-ci pour la Cour à Madrid en 1623, Zurbarán commence une prodigieuse carrière de peintre religieux à Séville où monastères et couvents sont devenus d’importants commanditaires désireux de créer ou renouveler le décor de leurs églises et de leurs cloîtres dans l’esprit réformiste du Concile de Trente. Dès 1626, une première commande pour le couvent dominicain de San Pablo el Real assure au peintre un véritable succès dans la capitale andalouse, Zurbarán excellant à traduire le sacré en termes familiers, suggérant déjà très simplement l’irruption du surnaturel dans le quotidien.

Son style résolument moderne est manifeste dans les quatre peintures conservées au musée de Grenoble, qui montrent un peintre au sommet de son art. Celles-ci faisaient partie d’un ensemble de douze toiles commandé à Zurbarán pour le maître-autel de la Chartreuse Nuestra Seňora de la Defensión à Jerez. L’immense retable de style baroque, orné de treize sculptures, de colonnes et de stucs dorés, mesurait environ quinze mètres de haut sur dix mètres de large. Il comportait en son centre une grande Bataille de Jerez (Metropolitan Museum, New York) et un Saint Bruno en extase encadrés de part et d’autre par les peintures aujourd’hui à Grenoble : à gauche, L’Annonciation, surmontée de L’Adoration des mages, à droite, L’Adoration des bergers surmontée de La Circoncision . Cette iconographie de l’Enfance du Christ permettait aux chartreux d’honorer Marie, la première patronne de l’ordre, protectrice du site. Le retable réunissait également le plus remarquable ensemble de saints de l’ordre, conservés, avec le Saint Bruno et deux anges thuriféraires, au Musée de Cadix. Après quelques remaniements de sa structure au cours du XVIIIe siècle, le retable fut démantelé en 1810 et définitivement détruit en 1844. Les tableaux, dispersés, connurent de longs périples qui les firent voyager de Séville à Paris en passant par Cadix, Madrid, Londres ou Boston. Le général de Beylié les acquit en 1901 pour en faire don au musée de Grenoble.

La composition mise au point par Zurbarán unifie les quatre scènes. Les personnages sont regroupés au premier plan, occupant toute la largeur des tableaux. À l’arrière-plan se distingue tantôt un village médiéval (L’Annonciation), tantôt une cité renaissante (L’Adoration des mages), tantôt un paysage à peine esquissé. Dans l’Annonciation et l’Adoration des bergers, un registre céleste peuplé d’anges fait écho au monde terrestre. Dans les quatre panneaux, un élément architectural, colonne ou pilier, structure la composition tout en reliant symboliquement le ciel et la terre. La disposition des personnages est savamment organisée, concentrant le regard sur l’élément-clé de chacune des scènes. Le bouquet de fleurs de lys, symbole de pureté, attribut essentiel de la Vierge comme de l’Ange Gabriel, est placé au centre du registre terrestre, à la pointe d’un losange formé par Marie, l’ange et la colombe du Saint-Esprit qui lui répond dans le domaine céleste. La tête du nouveau-né de L’Adoration des bergers est au centre du groupe des nombreux personnages du tableau. L’Adoration des mages est construite sur une grande diagonale portée par Melchior dont l’attitude tendue vers l’Enfant concentre en elle-même l’acte d’adoration. Dans La Circoncision, c’est le jeune page qui joue le rôle de guider l’attention vers le Christ dont la position écartelée et à la croisée de deux lignes obliques annonce le sacrifice de la crucifixion. Dans chacune des scènes, figures et objets semblent appartenir autant à l’obscurité qui les enveloppe qu’à la lumière qui leur confère toute leur magnificence. L’œuvre de Zurbarán a atteint ici un équilibre entre le ténébrisme de la première période et la palette éclaircie des dernières années. Ce sens du clair-obscur, plus qu’à l’art du Caravage connu du peintre par des copies peintes ou gravées, doit surtout au contexte des peintres monastiques de la fin du XVIe siècle comme Fray Juan Sanchez Cotán. Les objets, rendus avec minutie, tels de véritables natures mortes ou _bodegones, comme le linge blanc dans la corbeille de la Vierge, peint si finement que l’on peut voir les points de l’ourlet qui le borde, acquièrent sous son pinceau un degré de réalité intense, une présence familière doublée d’une sérénité silencieuse quasi mystique. C’est avec une attention égale que Zurbarán peint les personnages : isolées sur un fond sombre, les silhouettes sont finement ciselées, et au naturalisme du traitement – berger au visage et aux mains burinés, individualité marquée des mages, douceur et rondeur des visages de Marie et des anges – se superposent une densité quasi sculpturale et une solennité méditative des figures.

La capacité du peintre à représenter l’incursion du monde céleste dans la réalité simple et quotidienne, tout comme la clarté de sa narration, expliquent le succès du peintre auprès des moines sévillans, soucieux de fournir aux fidèles des images immédiatement lisibles, plus accessibles que la peinture maniériste et savante de la période précédente et plus retenue que la peinture baroque de son temps.

L'Adoration des Bergers

Dans l’Adoration des bergers, un registre céleste peuplé d’anges fait écho au monde terrestre. Dans le panneau, un élément architectural structure la composition tout en reliant symboliquement le ciel et la terre. La disposition des personnages est savamment organisée, concentrant le regard sur l’élément-clé de la scènes. La tête du nouveau-né de L’Adoration des bergers est au centre du groupe des nombreux personnages du tableau. Dans cette scène, figures et objets semblent appartenir autant à l’obscurité qui les enveloppe qu’à la lumière qui leur confère toute leur magnificence. L’œuvre de Zurbarán a atteint ici un équilibre entre le ténébrisme de la première période et la palette éclaircie des dernières années.

Madrid Musée du Prado

La défense de Cadix contre les Anglais

La bataille de Cadix est une tentative manquée par les Anglo-Hollandais de s'emparer de la ville de Cadix lors d'une expédition navale d'octobre à décembre 1625.

La défense de Cadix (titre complet : Le Défense de Cadix contre les Anglais ou Le débarquement hostile des Anglais près de Cadix en 1625 sous le commandement du comte de Leicester ) est une huile sur toile de Francisco de Zurbarán , maintenant dans le Museo del Prado à Madrid.

Il montre les Espagnols préparant leurs défenses juste avant l'arrivée de Edward Cecil de 1625. Au premier plan à gauche, le gouverneur de la ville Fernando Girón donne des ordres à ses subordonnés, y compris le commandant adjoint sur le terrain Diego Ruiz. En arrière-plan, les troupes anglaises débarquent devant le fort El Puntal dans la baie de Cadix.

Initialement attribué à Eugenio Caxés , il est maintenant connu pour avoir été peint par Zurbarán dans le cadre d'un schéma décoratif pour la Salle des royaumes au Buen Retiro Palace à Madrid, qui comprenait également Velázquez La reddition de Breda et Maino La récupération de Bahía de Todos los Santos .

Madrid Musée Lazaro Galdiano

Immaculée Conception


Burgos Musée

Sainte Casilda


Sigüenza Musée diocésain d'Arte Antiguo

Inmaculada Niña

La collection d'art religieux du musée diocésain occupe un palais néoclassique et possède des pièces remarquables remontant au XIIe siècle. Textiles, manuscrits, sculptures ou retables sont conservés dans ce magnifique bâtiment qui compte près de 250 pièces uniques (du XIIe au XXe siècle) dont la Inmaculada Niña de Zurbarán, La Anunciación du Greco et des œuvres du sculpteur Francisco Salzillo, pour ne citer qu'elles.

Séville Musée des Beaux Arts

Apothéose de Saint Thomas d'Aquin


Enterrement de Sainte Catherine


La Vierge de la Grace


Saint Joseph couronné par le Christ


La Naissance de la Vierge


Londres National Gallery

Saint François en méditation


Londres Grosvenor House

La Reddition de Séville

Zurbarán n'était pas seulement un peintre de la vie monastique, il racontait aussi des épisodes historiques, comme celui qui nous concerne ici, commandé par les mercédaires du couvent de la Merced Calzada à Séville. L'Ordre était intéressé à montrer sa relation avec la conquête de Séville pendant l'occupation maure, ainsi que son service à la couronne castillane, tout comme les moines hiéronymites l'ont fait avec la série qu'ils ont commandée à Zurbarán pour le monastère de Guadalupe. Le sujet qui est relaté est la remise des clés de la ville par le gouverneur Achacaf au roi Fernando III el Santo, qui commande les troupes de l'Ordre de la Miséricorde. Ces chevaliers se distinguent par leur armure brunie sur laquelle pendent les boucliers mercédaires, mi religieux, mi guerriers, les mêmes qui ornent les habits blancs des moines. Parmi ceux-ci n'est autre que le fondateur de l'Ordre, San Pedro Nolasco, caractérisé comme un vieil homme, car selon l'histoire il mourrait l'année après la conquête, en l'an 1248. La scène est riche en personnages, qui dénoncent la maladresse de Zurbarán lors de la composition de scènes complexes. L'espace est brusquement segmenté entre le premier plan, où les personnages principaux sont entassés, et le second, avec le camp des chrétiens qui ont participé au siège de Séville. La scène est similaire dans les postures des protagonistes à une toile du même titre de Francisco Pacheco, un maître sévillan renommé pendant la jeunesse de Zurbarán.

Le tableau fait partie de la Collection du Duc de Westminster.

Kiev Khanenkomuseum

Nature morte

La piété sombre et austère des premiers tableaux de saints de Zurbarán, peints pour des ordres religieux plus sévères, en a fait le peintre idéal de simples retables doctrinaux exprimés dans des couleurs claires et sobres, avec des figures d'une solidité et d'une solennité massives, et avec un ténébrisme qui ne doit pas grand-chose à Caravaggio ou Ribera, mais s'est développé directement à partir des traditions du sud de l'Espagne de représentations non idéalisées. Pour la même raison, il était l'un des meilleurs peintres de natures mortes.

Saint Petersbourg Musée de l'Ermitage

La Vierge enfant


New York Metropolitan

La Vierge enfant en extase


Hartford Wadsworth Museum

Saint Sérapion

Une huile sur toile de 1628. Saint Sérapion est représenté par Zurbaran dans une pose quasi crucifiée, debout avec chaque main liée par des cordes et une chaîne à un poteau horizontal au-dessus. La peinture s'arrête au niveau des genoux du personnage, tandis que la tension exercée sur ses bras est indiquée par les lourds plis suspendus des drapés du tissu suspendu à l'épaule gauche et au bras droit tendu. Le saint est identifié par un texte sur une petite note placée à gauche de sa poitrine. L'œuvre utilise fortement le clair-obscur dans la tradition ténébriste espagnole de Jusepe de Ribera. La dominance de la peinture blanche utilisée pour rendre le tissu crée un sentiment de tranquillité, tandis que la tension de la peinture est dérivée de la teinte sombre créée par les plis profonds des robes.

Pasadena Norton Simon

Nature morte aux citrons, oranges et rose

Nature morte aux citrons et oranges avec une rose est une huile sur toile de Zurbarán réalisée en 1633 qui est conservée au Norton Simon Museum de Pasadena, en Californie. C'est l'unique nature morte de Zurbarán, datée et signée de sa main. Elle est considérée comme un chef-d'œuvre du genre.

Dans les collections privées ...

Saint Jérome


Autoportrait