Lotto

Lorenzo Lotto

Lorenzo Lotto (v. 1480-1556) n’est pas classable. Ses œuvres de jeunesse restent imprégnées de l’esprit du 15e siècle. Mais son style évolue considérablement et il appartient incontestablement à la Haute Renaissance. Il dépasse le classicisme et introduit dans ses compositions des accents maniéristes, caractérisés par une gestuelle appuyée et une torsion des corps.

Lorenzo Lotto, né à Venise en 1480 et mort à Lorette en 1556, est un peintre vénitien du XVIᵉ siècle, contemporain du Titien, qui a été actif entre la Vénétie, Bergame et la région des Marches en Italie.

La biographie de Lorenzo Lotto n’est pas connue en totalité. Mais il est possible de suivre sa vie itinérante par ses créations artistiques. Il se déplace en Italie en fonction des commandes et laisse dans chaque ville des témoignages de sa présence. De 1538 à 1554, il rédige un Libro di spese diverse (Livre des dépenses diverses) où il tient méticuleusement ses comptes, notamment pour la nourriture, les vêtements et le matériel artistique. Il y dresse également la liste des commandes reçues, des œuvres achevées et de leur prix de vente. Il s’agit d’une source essentielle.

Né à Venise aux environs de 1480, Lorenzo Lotto y a probablement suivi sa formation artistique. Ses premières œuvres révèlent l´influence d´Alvise Vivarini (v. 1445-v.1502) et de Giovanni Bellini (v. 1425-1516). Après cette formation, Lotto va de ville en ville et ne revient à Venise qu’en 1525, à l’âge approximatif de 45 ans.

De 1503 à 1506, il est enregistré comme peintre à Trévise, ville située un peu au nord de Venise. En 1506, il s’installe beaucoup plus au sud, à Recanati, petite commune des Marches, pour la réalisation d’un polyptyque commandé par les dominicains (Polyptyque Recanati). En 1508, après l’achèvement de ce polyptyque, Lorenzo Lotto est appelé à Rome par le pape Jules II (1443-1513) pour la décoration des appartements du palais du Vatican. Il y travaille avec de nombreux autres peintres et probablement avec Raphaël, présent à Rome à cette époque.

On le trouve ensuite brièvement à Florence puis de nouveau à Recanati vers 1510 pour la création d’un second retable consacré à la transfiguration du Christ. En 1511-1512, à Jesi, un peu au nord-ouest de Recanati, il exécute un autre retable sur le thème de la mise au tombeau du Christ.

En 1513, il quitte l’Italie centrale pour s’installer à Bergame, à proximité de Milan, où il restera une quinzaine d’années, jusqu’à 1526. Il s’agit à nouveau d’honorer une commande de retable pour une église dominicaine. Il reçoit simultanément de nombreuses commandes de portraits des familles locales : les Cassotti, les Tassi, les Bonghi et les Brembati. Il réalise également des tableaux de scènes religieuses, comme par exemple L’adieu du Christ à sa mère (1521). En 1524, il entreprend à Bergame un important cycle de fresques pour l’Oratorio Suardi, à Trescore, localité proche de Bergame.


En 1525, Lotto retourne à Venise, mais sa réputation lui amène des commandes d’autres villes, qu’il accepte. De nombreux chefs-d’œuvre de la maturité apparaissent alors, comme cette Vierge à l’enfant avec des saints de 1527-1528. De 1534 à 1539, le peintre retourne dans les Marches pour répondre à une commande de la Confraternité du Rosaire de Cingoli, petite ville proche de Jesi. Il réalise une monumentale Madone du Rosaire de presque quatre mètres de haut.


Vers 1539, Lorenzo Lotto revient à Venise et y reste jusqu’à 1549, année où il retourne définitivement dans les Marches, à Loreto. Son livre de comptes donne, à partir de 1538, de nombreuses informations sur son mode de vie. Il y note également ses réflexions morales et semble porté à l’introspection. Il n’est pas riche, malgré sa renommée. Il se plaint de ses clients, de ses apprentis et même de ses amis, qui le volent. Pietro Aretino (1492-1556), dit l’Arétin en français, le décrit cependant comme un homme plein de bonté.

Lorenzo Lotto ne s’est jamais marié. En 1552, il entre dans la communauté religieuse de la Santa Casa de Loreto. Il est reçu comme oblat, c’est-à-dire laïc suivant la règle monastique. Il ne quitte plus cette communauté religieuse jusqu´à sa mort en 1556.

Giorgio Vasari lui consacre une courte biographie élogieuse, qu’il termine ainsi :

Lorenzo mourut en bon chrétien comme il avait vécu. Ses dernières années furent pleines de bonheur et de calme, et lui valurent probablement les félicités de la vie éternelle, qu’il n’aurait peut-être pas obtenues s’il se fut trop préoccupé des affaires de ce monde, dont le poids ne permet guère à l’esprit de se livrer à la recherche de la béatitude céleste.

Lorenzo Lotto a réalisé des retables d'autel, des peintures religieuses et des portraits. Il est aussi un grand fresquiste. D’origine vénitienne, il a également été actif à Trévise, Rome, Bergame, Recanati, Ancone, Macerata et Jesi. Souvent rattaché à l'école vénitienne, il fut cependant davantage admiré dans les autres villes où il a travaillé qu'à Venise, dominée de façon écrasante par Titien.

Formé auprès de Bellini et de Giorgione selon certains historiens, auprès d’Alvise Vivarini selon d’autres, il a élaboré un style personnel et original qui lui valut l’ostracisme des historiens pendant plusieurs siècles. L’historien américain Bernard Berenson (1865-1959) le redécouvre au 19e siècle et lui donne une place éminente dans l’histoire de l'art.

Lorenzo Lotto n’est pas classable. Ses œuvres de jeunesse restent imprégnées de l’esprit du 15e siècle. Mais son style évolue considérablement et il appartient incontestablement à la Haute Renaissance. Il dépasse le classicisme, qui connaît son apogée vers 1515-1520 avec Raphaël, et introduit dans ses compositions des accents maniéristes caractérisés par une gestuelle appuyée et une torsion des corps.