Première Renaissance

Autres Petits Maitres de la Première Renaissance

L’’invention de la perspective est souvent attribuée à Brunelleschi.

Ambrogio Lorenzetti est même probablement l’auteur de la première perspective mono-focale (Annonciation, avec dallage en perspective, 1344 Pinacoteca Nazionale, Sienne).

Masolino maîtrise les techniques de la fresque et des pigments.

Des fresques seront achevées par Filippino Lippi, le fils de Filippo.

L’élégance courtoise des œuvres de Gentile da Fabriano (1370-1427) dans ses Vierges à l’enfant.

Les peintres florentins également notoires du Quattrocento : Bartolommeo (1396-1472) et Battista Alberti (1404-1472).

Les peintres vénitiens du Quattrocento : Carlo Crivelli (1430/35-1495) et Gentile Bellini (1429-1507)

Antonello de Messine fut un des premiers peintres italiens à utiliser la peinture à l’huile qui faisait à l’époque la renommée des peintres flamands.

Filippo Brunelleschi

Filippo di Ser Brunellesco Lippi ou Filippo Brunelleschi, né en 1377 à Florence et mort le 15 avril 1446 est un architecte, sculpteur, peintre, et orfèvre de l'école florentine.

Brunelleschi puise sa vigueur créatrice aux sources antiques pour rationaliser l'espace de la cité moderne et met en place les bases de la perspective, opposant ainsi au gothique tardif un nouveau système de représentation du monde. Tenu pour un novateur par ses propres contemporains, Brunelleschi laisse une œuvre architecturale - réalisée pour l'essentiel à Florence, pendant la première moitié du Quattrocento, puis complétée par des élèves comme Michelozzo et Alberti - qui fait de lui un brillant précurseur de la Renaissance. En 1415, il théorise à Florence la « perspective mathématique » .

Ambrogio Lorenzetti

Ambrogio Lorenzetti est un peintre de l'école siennoise, connu à partir de 1317 jusqu'à sa mort en 1348 due à la peste noire. Il est l'un des maîtres de l'école siennoise du Quattrocento.

Il est l'un des principaux maîtres de la première génération de peintres siennois du trecento. Sa carrière se développe parallèlement à celle de son frère Pietro, vraisemblablement son aîné, avec qui il entretient une sorte d'amitié intellectuelle malgré l'indépendance de son tempérament exceptionnel, de sa pensée cultivée et très raffinée, et l'originalité croissante de ses propres conceptions stylistiques. Mais il partage en effet avec son frère un intérêt pour les recherches de l'école florentine, vues sous l'angle de la tradition siennoise.

La Vierge et l'Enfant de l'église S. Angelo à Vico l'Abate (près de Florence), datée 1319, est sans doute l'œuvre la plus ancienne d'Ambrogio. Elle présente, intimement mêlés, les précieux éléments formels propres à la culture siennoise, ouverte aux secrets de l'élégance linéaire, et ceux de la culture florentine, qui, d'Arnolfo à Giotto, s'était déjà attachée à rendre le volume dans l'espace. Des documents attestent d'ailleurs qu'Ambrogio est présent à Florence en 1321. Cette influence des modèles florentins est bien nette aussi dans des œuvres attribuées généralement à la première période de l'artiste, soit de 1320 à 1330 env. : les 2 Vierges à l'Enfant (Brera ; Metropolitan Museum), les 2 Crucifix (Sienne, P. N. ; Montenero sull'Amiata, église S. Lucia) et les fresques solennelles avec le Martyre des franciscains à Ceuta et Saint Louis de Toulouse devant Boniface VIII (Sienne, S. Francesco), où l'espace semble mesuré par un Florentin de la lignée de Giotto-Maso di Banco, mais avec un accent bien plus réaliste. Pour certains critiques, ces fresques appartiendraient à l'ancien cycle du cloître du couvent, remontant selon la tradition à 1330-31, tandis que d'autres les considèrent comme plus anciennes.

L'année 1332 fournit en effet la preuve d'un changement de manière du maître avec la Vierge et l'Enfant entre Saint Nicolas et Saint Procule (Offices) : ce triptyque est identifiable avec l'une des œuvres exécutées cette année-là pour l'église S. Procolo, à Florence, où dès 1327 Ambrogio Lorenzetti figure parmi les peintres du lieu sur le registre de l'ordre des " Medici e Speziali " (médecins et pharmaciens). Mais, à mesure que s'affermissent ses desseins personnels, Ambrogio se libère de l'influence du goût florentin ; il pourrait même bien l'avoir influencé à son tour par sa description subtilement réaliste tant de l'espace (annonçant presque ces dimensions de l'infiniment proche et de l'infiniment lointain qui caractériseront les créations du Gothique international et seront spécialement sensibles aux artistes nordiques) que de la trame psychologique unissant les images : grâce à lui, celles-ci s'insèrent finalement dans une humanité très colorée, de type " moderne " peut-on dire, par la vérité de leurs gestes et de leur maintien, et par une joie terrestre due à des concessions à la chronique et au trompe-l'œil ornemental. C'est sous cet angle qu'il faut juger les 4 admirables Scènes de la vie de saint Nicolas (Offices), la surprenante Allégorie de la Rédemption (Sienne, P. N.), autrefois attribuée à son frère Pietro, les panneaux du polyptyque provenant de l'église S. Petronilla (entre autres : Vierge et l'Enfant, Sainte Madeleine, Sainte Dorothée, Sienne, P. N.) ou les fresques de la chapelle de Montesiepi (Maestà, Annonciation, Scènes de la vie de San Galgano), où s'exprime encore toute la force inventive d'Ambrogio dans la manière désinvolte de simuler l'espace en utilisant les volumes réels des parois à peindre. Esprit désormais replié sur lui-même, mais pour s'exprimer avec une sensibilité plus pénétrante, Ambrogio suit cette voie dans la grande Maestà de Massa Marittima (Municipio), dans la fresque de la Maestà peinte dans la sacristie de l'église S. Agostino (Sienne), où, parmi les œuvres que la critique situe généralement v. 1340, dans les étonnants polyptyques du musée d'Asciano (provenant de la Badia di Rofeno ; au centre, Saint Michel combattant le dragon) et de Roccalbegna (églises S.S. Pietro e Paolo), où les images trônantes de Saint Pierre et de Saint Paul rivalisent avec les plus hauts résultats du trecento italien. La signature d'Ambrogio a été lue autrefois sur un retable à l'église San Pietro alle Scale à Sienne, généralement daté entre 1335 et 1340.

Toutes ces œuvres, qui complètent la physionomie poétique de l'artiste, soutiennent la comparaison avec les célèbres fresques de l'Allégorie du Bon et du Mauvais Gouvernement et de leurs effets dans la ville et les campagnes, peintes de 1337 à 1339 (Sienne, Palazzo Pubblico).

Rien ne subsiste des fresques exécutées en 1335 par Ambrogio et Pietro Lorenzetti sur la façade de S. Maria della Scala (Sienne) et qui représentaient des Scènes de la vie de la Vierge. De la grande fresque de la Vierge en majesté, peinte en 1340 dans la loggia du Palazzo Pubblico, subsiste le groupe central avec la Vierge et l'Enfant, qui permet, par comparaison, la datation à cette époque tardive d'œuvres comme la Madonna del latte (la Vierge au lait) du Seminario (Sienne) ou le précieux petit retable portatif avec la Vierge en majesté, des Saints et des Anges (Sienne, P. N.), aux perspectives surprenantes pour l'époque et d'une admirable fraîcheur de coloris.

En 1340, après le départ de Simone Martini pour Avignon, Pietro et Ambrogio Lorenzetti demeurent les peintres les plus prestigieux de Sienne et s'engagent dans des œuvres de plus en plus ambitieuses. De 1342 date la Présentation au Temple, qui se trouvait à l'Ospedaletto de Monna Agnese (maintenant aux Offices) et qui couronne les recherches de perspective entreprises par le maître dès ses premiers contacts avec la culture florentine ; mais il déploie une richesse ornementale et un luxe profane qui, pendant plus d'un siècle, serviront de modèle aux peintres siennois. Ainsi, l'Annonciation (1344, Sienne, P. N.), autrefois au Palazzo Pubblico, présente une telle certitude dans la perspective, la monumentalité des figures et l'élégante originalité du dessin qu'elle synthétise toutes les expériences poursuivies par ce maître sensible et raffiné au cours d'une carrière chargée de culture et d'anticipations audacieuses, digne en tout point d'un des plus hauts représentants de l'humanisme gothique italien.

Masolino da Panicale

Tommaso di Cristoforo Fini dit Masolino da Panicale, est un peintre italien de la pré-Renaissance né en 1383 à Panicale, dans l'actuelle province de Pérouse, et mort en 1440 à l'âge de 57 ans à Florence.

Felice Brancacci lui commande en 1424, à l'âge de 41 ans, une fresque pour la chapelle Brancacci, à Florence.

La même année, il part pour trois ans en Hongrie, où il travaille pour Pippo Spano.

À l'âge de 43 ans, en 1427, il revient pour continuer la chapelle de Felice Brancacci avec Masaccio, son principal collaborateur. Ils partent l'année d'après à Rome pour une commande du pape. Puis Masaccio meurt et Filippino Lippi finit la chapelle.

Masolino da Panicale a principalement collaboré avec Masaccio aux fresques de la Vie de saint Pierre et à des scènes de la Genèse de la chapelle Brancacci de l’église Santa Maria del Carmine de Florence.

Le style de Masolino est fidèle au gothique international, élégant et classique.

Filippino Lippi

Filippino Lippi est un peintre italien de l'école florentine de la Renaissance, fils du peintre Fra Filippo Lippi et d'une ancienne carmélite Lucrezia Buti qui lui servait de modèle. Filippino Lippi naît en 1457 à Prato en Toscane, en Italie. Il devient rapidement l'élève de Botticelli mais a beaucoup de difficultés à se démarquer de son maître. Il ne réussi qu'après 1480 à développer son propre style. Lippi bénéficie du mécénat des Médicis et participe à la création des fresque de la villa Spedaletto de Laurent de Médicis. Au fil de sa carrière, de nombreuses décoration de chapelles lui sont confiées comme la chapelle Brancacci de l’église Santa Maria del Carmine ou la chapelle Saint-Bernard du Palazzo Vecchio de Florence. Filippino Lippi meurt en 1504 à Florence.

Filippino Lippi fut un peintre de la Renaissance italienne. Ses oeuvres célèbres sont "Le Couronnement de la Vierge au milieu d'anges", "Annonciation" et "La Vierge et l'Enfant avec anges dite Vierge à la grenade".

Filippino Lippi fut particulièrement lié à Botticelli, Michel-Ange et Tomasso Masaccio.

Gentile da Fabriano

Né vers 1370 à Fabriano, dans la province d’Ancône, Gentile di Niccolò di Giovanni di Massio sera par la suite connu sous le nom de Gentile da Fabriano. Il est issu d’une famille de tisserands, mais son père, Niccolò, a abandonné ce métier après la mort de sa femme pour entrer dans l’ordre bénédictin du Mont Olivet, près de Sienne.

Sa formation n’est pas connue par des documents historiques et les spécialistes la déduisent donc de ses premières œuvres. Mais Gentile da Fabriano, comme beaucoup d’artistes de cette époque, est un peintre itinérant, qui réside où les commandes l’appellent. Dans sa jeunesse, il parcourt les Marches, en Italie centrale, où se trouve sa ville natale, puis la Lombardie, en Italie du nord. On sait, en particulier, qu’il a séjourné à Pavie entre 1390 et 1395.

Vers 1405 ou 1406, Gentile da Fabriano est à Venise. Il est inscrit à la Scuola di Santo Cristoforo dei Mercanti (Ecole saint Christophe des marchands). Les scuole jouèrent un rôle artistique important à Venise pendant plusieurs siècles. Il ne s’agit pas du tout d’écoles au sens actuel mais de confréries regroupant les individus en fonction de critères complexes et variés. Elles ont un caractère mi-laïc, mi-religieux. L’activité des scuole a une dimension sociale (charité, philanthropie, solidarité) et artistique (mécénat, commandes d’œuvres d’art). Gentile réalise en particulier une fresque pour le Palais Ducal de Venise ainsi qu’un panneau pour l’église Santa Sofia, qui sont aujourd’hui perdus.

Entre 1408 et 1412, il se trouve à nouveau dans sa région natale où il peint son premier chef-d’œuvre, le Polyptyque de Valle Romita, destiné à un ermitage franciscain.Le peintre continue à voyager vers les lieux où l’appellent les commandes : Foligno, Brescia puis à nouveau Fabriano. En 1420, il est à Florence où il réalise différents travaux, mais surtout un nouveau chef-d’œuvre dans l’art du retable : L’Adoration des Mages, commandée par le banquier Palla di Onofrio Strozzi pour la chapelle Strozzi de la basilique Santa Trinita. Ce grand retable de plus de trois mètres de haut est terminé en mai 1423, alors que l’artiste atteint l’âge de cinquante-trois ans. Gentile da Fabriano peint un autre retable commandé par la famille Quaratesi pour le maître-autel de l'église San Niccolò Oltrarno à Florence, comportant en figure centrale une magistrale Vierge à l’Enfant et sur les panneaux latéraux des saints dont le style plus sobre emprunte à la statuaire.

Le peintre poursuit ensuite sa vie itinérante vers Sienne puis Orvieto en 1425 et arrive enfin à Rome en janvier 1427. Il reçoit une prestigieuse commande du pape Martin V (1368-1431) pour la décoration de la nef centrale de la basilique Saint-Jean-de-Latran. Mais il meurt en août 1427 et ne peut terminer cette dernière œuvre. Elle sera achevée par Pisanello (1390-1455) cinq ans plus tard, mais détruite par la suite. Gentile da Fabriano fut inhumé dans l’église Santa Maria Nova de Rome.


Gentile da Fabriano figure parmi les artistes majeurs du style gothique international, qui vivait ses derniers instants à la mort du peintre. Déjà, Masaccio bouleversait le langage artistique et initiait la Première Renaissance. Peintre itinérant, Fabriano n’a pas créé un atelier mais se déplaçait constamment pour répondre aux prestigieuses commandes que lui apportait sa renommée dans toute l’Italie.

L’aristocratie italienne apprécie la haute technicité de ses retables, leurs figures douces et poétiques, leur luminosité exceptionnelle provenant de l’utilisation de l’or et de l’argent. Le gothique finissant s’adresse à une élite cultivée, séduite par l’élégance et la courtoisie des personnages religieux, qui lui apparaissent comme une idéalisation des cérémonies de cour auxquelles elle est accoutumée. Le crépuscule du Moyen Âge offre ainsi un ensemble d’œuvres conjuguant préciosité formelle et candeur émotionnelle. Les préraphaélites du 19e siècle en retrouveront tout le charme, qui continue à nous ébahir.

Gentile influença certains artistes du 15e siècle, notamment Pisanello (1395-1455), qui fut son assistant à Venise, Jacopo Bellini (1400-1470), qui travailla avec lui à Florence, et Fra Angelico (1400-1455), grand héritier des derniers peintres du gothique.

Fra Bartolomeo

Baccio della Porta, plus connu sous le nom monastique de Fra Bartolomeo (né le 28 mars 1472 à Florence – mort le 31 octobre 1517 à Pian' di Mugnone) est un peintre italien qui devint religieux Dominicain. Sa vie est intimement liée à sa ville, Florence, et son œuvre, à la période de la Première Renaissance. Son style caractérise le début du cinquecento florentin, une culture qui hésite entre le classicisme de Raphaël et le premier Maniérisme. Le thème de ses œuvres est constant : la méditation religieuse.


Il est connu aussi sous le nom de Fra Bartolomeo di San Marco.


Bartolomeo est né à Soffignano, près de Florence, le 28 mars 1472 . Sa formation artistique débute en 1484, quand il entre dans l'atelier de Cosimo Rosselli, peintre fortement influencé par Ghirlandajo. Mariotto Albertinelli, l'un des autres apprentis de l'atelier, va très vite travailler avec Baccio. La première œuvre de Baccio est sans doute une Annonciation (dôme de Volterra) ; elle est terminée par Albertinelli. En 1490, quand Baccio quitte Cosimo pour ouvrir son propre atelier, Albertinelli le suit : les deux amis vont former un partenariat qui se prolongera jusqu'à l'entrée de Baccio chez les dominicains.


Bartolomeo a déjà obtenu de grands succès dans son art lorsqu'il fait la connaissance de Savonarole alors qu'il travaille au couvent de Saint-Marc à Florence. Le prédicateur, qui dénonce les mœurs délétères de la Renaissance, acquiert rapidement une grande influence sur Bartolomeo : il jettera au bucher des œuvres séculaire ou mythologiques. Sa peinture se fait didactique, son style grandiloquent est au service de la glorification des personnages bibliques. Il quitte le pinceau, peu après l'exécution de Savonarole en 1498, pour se faire religieux. Il prend en 1500 l'habit des dominicains dans le couvent San Marco de Florence, et il ne consacre plus son talent qu'à des sujets religieux aidé en cela par son ami Fra Ambrogio della Robbia. On estime surtout son Saint Marc et son Saint Sébastien. Sur l'ordre de son supérieur, il quitte le monastère.


Son Jugement dernier attire l'attention de Raphaël qui est son cadet de huit ans. Le contact avec Raphaël et le court séjour qu'il fit à Venise en 1508, modifient son style. Du jeune artiste, il apprend les règles de la perspective ; en retour, c'est à son contact que Raphaël améliore son sens de la couleur et des drapés. Raphaël, Michel-Ange et Leonardo ont tous quitté Florence avant la fin de la première décade du siècle. Durant la seconde décade, Fra Bartolomeo n'avait plus d'autre rival que Andrea del Sarto. Le Mariage de sainte Catherine, peint en 1512, marque l'apogée de sa recherche et de son association avec Albertinelli : simplification des masses et adoucissement des contours par un usage du clair-obscur. Il excelle dans le coloris et le relief, et dans l'art du drapé. Il est le premier qui fait usage du mannequin à ressort.


En 1517, à la suite d'une paralysie partielle, il se rend aux bains de San Filippo. Grand amateur de fruits, désœuvré, c'est là qu'il consomme des figues qui lui seront fatales. Après avoir consommé une grande quantité de figues fraîches, il est pris de fièvre et en meurt le 31 octobre 1517.

Battista Alberti

Leon Battista Alberti, né le 18 février 1404 à Gênes et mort en 1472 à Rome, est l'un des grands humanistes polymathes du Quattrocento. Il est à la fois philosophe, peintre, mathématicien, architecte, théoricien des arts, de cryptographie et de la linguistique.

Fils naturel de Lorenzo Degli Alberti, famille Comtale florentine qui donna aussi une célèbre lignée de banquiers et marchands florentins : les Alberti. Sa mère, Bianca Fieschi, d'une des familles génoises les plus nobles et connues de l'époque, avait déjà eu de Lorenzo Alberti un fils, Carlo, né selon toute probabilité en 1402, deux ans avant Battista ; elle allait par ailleurs mourir dès 1406, ne laissant à ses enfants presque aucun souvenir. Battista, qui choisira plus tard de s'appeler aussi Leon ou Leone, en hommage sans doute à la ville, Venise, dans laquelle il allait passer l'essentiel de son enfance, se forma principalement à Padoue, à la célèbre école de Gasparino Barzizza, puis à Bologne, où il étudia notamment le droit.

Après la mort de son père, en 1421 à Padoue, il se consacre aux lettres et aux arts (studia humanitatis) refusant de s'engager dans ce qui avait fait la fortune de la famille, c'est-à-dire le commerce et la banque (les Alberti étaient les banquiers des papes à la fin du XIVe et au début du XVe siècle). Au début des années 1430, à Rome, Battista entre au service du patriarche de Grado, Aquileia Biagio Molin ou da Molin, alors secrétaire d’État au Vatican, prend vraisemblablement les ordres mineurs et devient « abréviateur apostolique », c'est-à-dire rédacteur des brefs pontificaux ; il reçoit par ailleurs quelques bénéfices ecclésiastiques à l'intérieur du territoire florentin. C'est d'abord grâce aux lettres qu'il se fait reconnaître et apprécier, en suscitant toutefois à Florence (qu'il visite pour la première fois en 1434- 1435), l'hostilité, voire l'ostracisme. Il est vrai que dans ses écrits satiriques (Momus, Intercœnales, etc.), Alberti n'hésite pas à s'en prendre au milieu humaniste et à la curie romaine avec un ton mordant et une verve qu'on ne retrouvera pas de sitôt dans la littérature mondiale.

Le premier document qui prouve qu' Alberti est impliqué dans un chantier architectural date vraisemblablement de 1454 (lettre à Matteo de' Pasti, directeur du chantier du Tempio malatestiano à Rimini). Alberti obtient alors véritablement la reconnaissance, et même la gloire qu'il recherchait sans doute. En 1468, un arbitrage en sa faveur lui permet de prendre possession d'une partie de la tour ancestrale des Alberti à Florence, le palais où son grand-père Benedetto avait demeuré en Santa Croce ; il gardera toutefois sa résidence principale à Rome où il pouvait poursuivre son étude des textes classiques et plus particulièrement de Vitruve à la Bibliothèque Vaticanes ainsi que ses recherches sur les ruines antiques . Il conservera par ailleurs de très nombreux liens aussi bien professionnels que d'amitié en plusieurs villes d'Italie du Nord (Venise, Mantoue, Ferrare, Urbino, Bologne…), ainsi qu'à Naples et jusqu'en Sicile. Sa place est alors celle d'une autorité intellectuelle et morale reconnue. Il meurt à Rome, quelques mois après avoir fait visiter les ruines romaines au jeune Laurent le Magnifique.

Carlo Crivelli

Carlo Crivelli né vers 1430/1435 à Venise et mort vers 1494/1495 est un peintre italien de la Renaissance. La première date concernant Carlo Crivelli, fils d'un certain Jacopo, Vénitien et peintre également, est celle de 1457, lors d'une condamnation à Venise pour adultère. On ne sait rien de sa formation, dont on déduit toutefois l'orientation initiale par les caractères de sa première œuvre signée, la Vierge de la Passion (Vérone, Castel Vecchio), qui, par son goût inventif, révèle tous les éléments formels et décoratifs de l'ardente culture padouane du milieu du xve s., culture propre à Squarcione et à son école, mais déjà tournée vers ces nouveautés de la Renaissance qui, importées en Vénétie par les Toscans (Donatello, Lippi), avaient déterminé la révélation de la personnalité de Mantegna.

Après quelques années passées à Zara (en 1465, il était citoyen de la ville), le peintre retourne en 1468 dans les Marches, où il signe et date le Polyptyque de l'église S. Silvestro de Massa Fermana et où, travaillant dans les différents centres de la région, il restera jusqu'à sa mort. L'isolement culturel qui est le sien dans cette région (où il ressent cependant quelques reflets de l'école de Ferrare et des échos de l'influence flamande apportée à la cour des Este par Rogier Van der Weyden) le conduit à approfondir et à faire évoluer la stimulante leçon des Padouans grâce à un système d'introspection original, singulièrement imprégné tout à la fois de l'esprit du Gothique tardif et de celui de la Renaissance.

Crivelli a laissé dans les Marches de nombreux polyptyques. La reconstruction de certains d'entre eux, auj. démembrés, a été suggérée par la critique récente. Tel est le cas du Polyptyque de Porto San Giorgio, divisé entre la N. G. de Londres(Saints Pierre et Paul), celle de Washington (Madone, panneau central), le Gardner Museum de Boston (Saint Georges et le dragon), l'Inst. of Arts de Detroit (Pietà), les musées de Tulsa (Deux Saints) et de Cracovie (Deux Saints).

La structure de ces compositions, de goût gothique, et l'usage constant du fond or, qui traduit une tendance quelque peu archaïque du peintre, s'accompagnent d'un sentiment formel tout à fait " moderne ", en accord avec la vision de la Renaissance, qui se manifeste dans le relief nettement plastique donné aux figures et dans une volonté très claire de situer ces dernières dans l'espace à travers une recherche rigoureuse de la perspective : les diverses Scènes de la Passion de la savoureuse prédelle du polyptyque de Massa Fermana le montrent bien.

Il est difficile d'établir une chronologie précise pour la suite des Vierges de Crivelli, depuis le chef-d'œuvre du musée de Corridonia jusqu'aux Madones de Bergame (Accad. Carrara), d'Ancône (Museo Civico), œuvre sans doute de jeunesse, du musée de San Diego, du Metropolitan Museum ; seule la Vierge, fragment d'un polyptyque du musée de Macerata, est datée (1470). L'Adoration des bergers de Strasbourg (musée des B.-A.) peut appartenir à ce moment stylistique de Carlo Crivelli.

Le langage de l'artiste atteint sa véritable maturité dans le grand Retable à trois étages de la cathédrale d'Ascoli (1473), resté intact. Le raffinement de la modulation plastique, le rythme anguleux des compositions, les minutieuses descriptions élaborées avec une graphie suraiguë et un goût plein de fantaisie pour les situations paradoxales, l'élégance fastueuse des vêtements et jusqu'à la mimique si précieuse des mains (on en voit un autre exemple dans laSainte Madeleine du Rijksmuseum) font de ce retable un chef-d'œuvre. Le Triptyque de Montefiore dell'Aso (église S. Lucia), attribué en totalité à Crivelli et faisant partie d'un polyptyque de reconstruction problématique (en feraient également partie la Vierge, panneau central, et le Saint François du M. R. B. A. de Bruxelles, la Pietà de la N. G. de Londres et une série de Saints constituant la prédelle et dispersés en particulier entre les musées de Detroit, de Williamstown, d'Honolulu), est une autre œuvre fort importante dans l'évolution du peintre.

Ces grandes réussites marquent aussi la limite des possibilités expressives de l'artiste, limite à laquelle succède un recul stylistique dans le sens d'une peinture plus maniérée et plus décorative, soutenue toutefois par un style toujours extrêmement raffiné ; la Vierge à la bougie de la Brera (apr. 1490), centre d'un polyptyque jadis dans la cathédrale de Camerino, dont faisaient partie des Saints auj. conservés à Venise (Accademia), en est le parfait exemple. La dernière œuvre connue de Crivelli est le Couronnement de la Vierge (1493, autref. église des Franciscains à Fabriano, auj. Brera), composition extrêmement dense et d'une décoration chargée, avec une lunette figurant la Pietà ; à l'expressionnisme flamboyant qui marque les versions précédentes du même sujet (Pietà de Detroit et de Londres déjà citées ; Pietà du Metropolitan Museum, du Museum of Art de Philadelphie et du M. F. A. de Boston) succède ici une note sentimentale plus alanguie ; on remarque des fragments fort saisissants de vraie " nature morte ". Parmi les autres œuvres importantes de la deuxième partie de la carrière de Crivelli, on peut encore citer les deux retables de la N. G. de Londres, provenant de S. Domenico d'Ascoli, autrefois réunis en un seul polyptyque sous le nom de Retable Demidov (l'un d'eux est daté de 1476), le Saint Jacques de la Marche (1477, Louvre), la Madone du musée de Budapest, le triptyque venant du dôme de Camerino (1482, Brera, pinacles partagés entre le Städel. Inst. de Francfort et la coll. Abegg de Zurich), la célèbreAnnonciation venant de l'Annunziata d'Ascoli (1486, Londres, N. G.), le Bienheureux Gabriele Ferretti en extase (autref. à S. Francesco d'Ancona) et le Retable Odoni (autref. à S. Francesco de Matelica) du même musée, enfin la Remise des clefs à saint Pierre (1488) des musées de Berlin.

Gentile Bellini

Gentile Bellini est un peintre italien de la première Renaissance de l'école vénitienne, né en 1429 à Venise d’une famille de la noblesse Italienne, probablement l'aîné de deux frères. Il meurt le 23 février 1507. Contrairement à son frère Giovanni, ce n’est pas dans l’invention que Gentile Bellini donne suite à son œuvre mais dans le réalisme descriptif. Il peint les grandes fêtes de Venise et les portraits de doges.

Le portrait de Mehmed II signé par Bellini rappelle qu’il se rendit à Constantinople en 1479, lorsque la paix est signée entre la République de Venise et l'Empire ottoman.

Une fois revenu dans sa ville natale, il met à l’épreuve son talent de portraitiste dans de grandes toiles à nombreux personnages qui lui valent plus tard la célébrité.

Après l’incendie de 1577, qui détruit toutes les compositions historiques qu’il avait peintes avec son frère Giovanni au palais des Doges, on a gardé le cycle qui décorait la Scuola di San Giovanni Envangelista. De ces peintures, représentant les miracles opérés par une relique de la Croix, trois sont de Gentile, les autres de Giovanni Mansueti, Lazzaro Bastiani et Vittore Carpaccio. Beaucoup de détails de la vie vénitienne y sont illustrés avec une exactitude qui n’exclut pas la poésie. Dans le Miracle de la Croix au pont de San Lorenzo, il représente cet événement comme un spectacle fabuleux et divertissant.

Dans les premières années du XVIe siècle, Gentile reçoit la commande d’un ensemble de ce genre destiné à la Scuola Grande di San Marco. Pour évoquer l’Orient dans la Prédication de Saint Marc à Alexandrie, il utilise ses carnets de dessins rapportés de son voyage à Constantinople.

Antonello de Messine

Antonello de Messine, peintre italien de la Renaissance, est né vers 1430 à Messine en Sicile où il meurt en février 1479. Le peintre sicilien Antonello de Messine est considéré comme un protagoniste essentiel de l'art du XVe siècle. Sa vie et son œuvre mal connues ont été l'objet des recherches minutieuses de nombreux historiens de l'art, à commencer par G. B. Cavalcaselle en 1860. Les minces témoignages des lettrés de la Renaissance, les documents d'archives, heureusement transcrits par deux érudits siciliens quelques années avant le tremblement de terre de Messine de 1908, et les quelque quarante-cinq œuvres ayant survécu que la critique s'accorde à lui attribuer ont été complétés par des examens scientifiques et des études menées parallèlement sur les peintres, de peu antérieurs ou strictement contemporains, dont il a pu voir les travaux. Ces éléments permettent de mieux cerner le contexte de sa vie et de son œuvre, de définir sa technique, sa culture et son style et de caractériser son apport dans les trois domaines qui constituent sa production : le portrait, les œuvres cultuelles et celles destinées à la dévotion privée.

Antonello de Messine fut un sujet de la couronne d'Aragon. Après le bref règne du roi René Ier d'Anjou (1435-1442), Naples et la Sicile voient se développer le mécénat d'Alphonse V d'Aragon (1442-1458) et de son fils Ferrante Ier. La lettre de renseignements sur l'histoire de la peinture méridionale adressée par l'humaniste napolitain Pietro Summonte, en 1524, à un amateur d'art vénitien, Marcantonio Michiel, évoque le peintre Colantonio comme le maître d'Antonello. Colantonio est un fervent admirateur de la peinture flamande, copiste littéral de plusieurs œuvres de Van Eyck dans les collections du roi d'Aragon, en contact non seulement avec les œuvres de Flamands (Rogier van der Weyden, Petrus Christus), mais aussi avec les interprétations créatives de la peinture flamande par les peintres provençaux de l'entourage de René d'Anjou (Barthélemy d'Eyck, Enguerrand Quarton), et par les peintres ibériques, notamment valenciens, actifs à Naples (Jacomart Baço, Pere Reixach). Formé à Naples dans son atelier, Antonello a pu ainsi avantageusement compenser sa marginalité géographique grâce à ces stratifications et convergences culturelles venues du Ponant.

Durant la première partie de son activité professionnelle (vers 1455-1475), Antonello tient un atelier familial et répond sans concurrence aux commandes d'images religieuses de la Sicile orientale et de la côte calabraise. Remarqué sans doute par la colonie vénitienne de Messine, il semble avoir étéattiré à Venise par la perspective d'y élargir ses commandes de portraits. La navigation autour de la mer Méditerranée, accrue par les liens politiques entre Valence, Barcelone, Marseille et Naples, faisait nécessairement escale à Messine. Dans ce port franc, les galées vénitiennes relâchaient deux fois par an dans leurs périples vers les Flandres, et c'est vraisemblablement cette opportunité qu'utilisa Antonello lorsqu'il se rendit à Venise pour son séjour de 1475-1476.

Revenu dans sa ville natale, il continua d'œuvrer pour des Vénitiens. Son fils Jacobello, peintre, comme trois de ses neveux, est resté quelques années à Venise, reprenant des schémas paternels.