Auguste Renoir

Auguste Renoir

Pierre-Auguste Renoir dit Auguste Renoir, né à Limoges le 25 février 1841 et mort au domaine des Collettes à Cagnes-sur-Mer le 3 décembre 1919, est l'un des plus célèbres peintres français.

En 1869, Renoir séjourne avec Claude Monet à la Grenouillère, restaurant implanté sur une île de la Seine et louant des canots. Il évolue alors nettement vers l’impressionnisme en étudiant les reflets du soleil sur la surface de l’eau. Comme Monet, il éclaircit sa palette et ne lisse plus les touches, mais les juxtapose ou les superpose pour produire, à distance, un effet visuel. La délimitation nette des formes est abandonnée au profit du rendu d’une impression d’ensemble. Une poésie du réel, liée à la perception particulière du peintre, se substitue à la représentation rigoureuse.

Ces tableaux novateurs étant refusés au Salon, Monet, Renoir, Pissarro, Degas et Berthe Morisot fondent la Société anonyme des artistes peintres, sculpteurs et graveurs qui a pour objectif de permettre aux impressionnistes d'exposer librement sans passer par le salon officiel. Huit expositions impressionnistes vont se succéder de 1874 à 1886. Renoir participe à celles de 1874, 1876, 1877 et 1882. Tout le génie du peintre va alors se déployer dans des réalisations parfois très ambitieuses et mal perçues du public, mais qui marquent définitivement l’histoire de l’art.

L’aboutissement de sa période ingresque se situe en 1887 lorsqu’il présente Les Grandes Baigneuses à l’exposition internationale, dans la galerie du grand marchand d’art Georges Petit (1856-1920). Le milieu artistique admira le tableau mais la critique fut plutôt défavorable dans l’ensemble.

Renoir devint l’un des plus grands impressionnistes d’abord et avant tout parce qu’il voulait saisir la vie dans ses instants de bonheur et de sérénité. Jamais il n’a dévié de cette ambition, même si son style a fortement évolué au cours d’une carrière d’un demi-siècle. Le négativisme pictural, la peinture de la laideur du monde et de ses vices, si développée au 20e siècle, n’intéresse pas Renoir. La joie d’exister, l’inexprimable sensation que laisse un magnifique paysage, la sensualité des corps féminin, les familles heureuses dans un cadre de vie confortable et parfois même l’intemporalité des scènes mythologiques, voilà ce qui l’attire. Le bonheur de peindre s’ajoutant au bonheur d’exister, l’œuvre est quantitativement colossale : plus de 4 000 peintures, mais aussi des dessins et des sculptures.

Paris Musée d'Orsay

Le musée d’Orsay est un musée national inauguré en 1986. Situé dans le 7ᵉ arrondissement de Paris le long de la rive gauche de la Seine, il est installé dans l’ancienne gare d'Orsay, construite par Victor Laloux de 1898 à 1900 et réaménagée en musée sur décision du président de la République Valéry Giscard d'Estaing


Connu dans le monde entier pour sa riche collection d'art impressionniste, le musée d'Orsay est aussi le musée de toute la création artistique du monde occidental de 1848 à 1914. Ses collections représentent toutes les formes d'expression, de la peinture à l'architecture, en passant par la sculpture, les arts décoratifs, la photographie.

Vous ne manquerez pas non plus d'être ébloui par la beauté du lieu : une gare aux allures de palais inauguré pour l'exposition universelle de 1900.


Frédéric Bazille peignant à son chevalet

Le présent tableau est une réponse de Renoir à son portrait peint quelques mois auparavant par Frédéric Bazille.

Renoir représente Frédéric Bazille dans son atelier de la rue Visconti, où son ami l'a généreusement hébergé, en train de peindre son tableau Héron aux ailes déployées. Au premier plan, vu de profil et quasiment de dos, le jeune peintre, vêtu d'un costume gris taché de peinture, est assis sur une chaise, face au chevalet dont le côté gauche de la base sert d'appui à ses deux pieds croisés, chaussés d'espadrilles. L'arrière-plan est constitué d'un mur où sont accrochés deux tableaux, dont l'un est un paysage enneigé de Monet, La Route de la ferme Saint-Siméon en hiver, alors qu'y sont appuyées deux autres toiles, l'une vue de face et l'autre présentant son chassis.

La liseuse

Renoir vouait une grande admiration aux peintres du XVIIIe siècle, et surtout à Fragonard, comme l'attestent les nombreux portraits de femmes occupées à lire que comporte son œuvre. L'artiste sacrifiait ainsi à un genre très en vogue au siècle des Lumières. Entre 1874 et 1884, Renoir est dans une période d'intense création. Il ne se pose pas encore de questions sur sa manière de peindre et ne songe qu'au bonheur d'exercer une activité pour laquelle il révèle des dons époustouflants. Rien - ni les critiques des censeurs de la peinture officielle ni ses difficultés financières - ne l'arrête.

Renoir donnait souvent une coloration érotique à ses liseuses en les présentant avec des corsages largement échancrés. Ici, au contraire, il s'agit d'une jeune fille à l'allure très sérieuse, mais dont nous ignorons tout, sinon qu'elle a également posé dans "La jeune fille au chat" et "La jeune fille au lilas".

Torse, effet de soleil

Durant les années 1870, Renoir peignit beaucoup moins de nus qu'à d'autres moments de sa carrière. Cela tient probablement au fait que, pendant cette période impressionniste, la peinture en plein air occupait une place privilégiée. Peindre un paysage en plein air, loin des habitudes de l'atelier, était déjà assez compliqué pour ne pas y ajouter les problèmes posés par un modèle nu.

Les baigneuses

Deux modèles sont présentés allongés au premier plan, tandis que le spectateur peut remarquer la présence en arrière plan, au fond à droite de la composition, de trois autres baigneuses nues jouant dans l'eau. La scène se passe dans un jardin planté d'oliviers situé dans la demeure du peintre sur la Côte d'Azur : le tableau a été en effet peint dans la propriété des Colettes de Cagnes sur Mer. Le paysage méditerranéen des lieux rappelle celui de la tradition classique italienne ou grecque et renvoie à une certaine idée du paradis perdu, d'une vision idyllique voulue par le peintre. Les Baigneuses est un tableau à la sensualité forte.

Alphonsine Fournaise

Elle est la fille du propriétaire d’un restaurant de l’île du Chiard (Yvelines) entre Chatou et Rueil. Renoir passe l’automne 1879 à Chatou en compagnie d’Aline Charigot, sa future épouse dont il vient de faire la connaissance. Pendant ce séjour il effectue des paysages et plusieurs portraits parmi lesquels se souligne celui d’Alphonsine Fournaise assise à l’une des tables de la Grenouillère, un des lieux préférés de la bourgeoisie parisienne pour passer le fins de semaine. Au fond nous pouvons observer la Seine et le pont de chemin de fer de Chatou, habituel dans quelques autres toiles du peintre. Le doux modèle vêtu d’une robe lilas et d’un chapeau de paille orné avec un large ruban rouge, appuie son bras gauche sur la table et porte sa main à son visage tandis que la main droite s’appuie sur la grille. Son regard se dirige fugacement vers le spectateur, Renoir soulignant le sourire et le gentil geste de la jeune femme. L’’intérêt vers la lumière prise directement du naturel et la couleur se relient directement avec les théories impressionnistes, mais Renoir se transforme en spécialiste des portraits, en utilisant un dessin juste et modelé pour la jeune femme tandis que dans le paysage se trouve une plus grande dilution, étant donné l’effet atmosphérique, les couleurs étant appliquées par de petites et courtes touches. Les ombres coloriées abondent dans la composition, en prenant un ton mauve qui domine l’ensemble, tant pour le premier plan que pour le fond.

Le Moulin de la Galette

Le moulin de la Galette qui donne son titre à ces deux toiles se situait sur la butte Montmartre (annexée à Paris en 1860), à côté du moulin qui existe encore aujourd’hui et auquel il doit son nom. De nombreux moulins à vent rythmaient la vie sur la Butte depuis le Moyen Age. Sorte de grand hangar, le moulin de la Galette était une de ces nombreuses guinguettes, qui prennent leur essor à mesure que se développent l'industrie du spectacle et l'ère des loisirs, et où l’on pouvait danser le dimanche, à partir de 15 heures et ce jusqu’à la nuit, en mangeant des galettes. L’ambiance joyeuse de liberté et de plaisir attirait alors la bohème et les artistes qui y trouvaient des modèles non professionnels, le menu peuple qui aimait s’y divertir, mais aussi des bourgeois venus s’encanailler.

Malgré le nombre important de personnages, la composition de Renoir est solidement construite autour d’une grande diagonale qui sépare l’arrière-plan du premier plan, l’espace de la danse de celui des jeunes buveurs (amis de l’artiste) attablés à droite. Par ailleurs, la toile dégage une impression sensible de fraîcheur et de joie, obtenue par le jeu des couleurs claires et par les sourires qui animent les visages. Enfin, l’unité de l’ensemble est due à la mobilité de la lumière, distribuée en taches roses, jaunes et bleues sur les robes, les canotiers ou le sol. L’impression de « papillonnement » de la lumière qui en résulte reproduit les jeux lumineux observés en plein air.

La balançoire

Par une belle journée ensoleillée, une toute jeune femme se balance. « Un tableau doit être une chose aimable, joyeuse et jolie, oui, jolie ! » Ainsi s’exprimait Auguste Renoir. Son œuvre La Balançoire est certainement l’une de celles qui représentent le mieux cette joie de vivre.

Renoir peint ce tableau en 1876 dans le jardin de la maison où il vient d’emménager, rue Cortot, à Montmartre. Contemporaine du célèbre Bal au Moulin de la Galette, l’œuvre s’inscrit au cœur de sa période impressionniste. Autour de la jeune femme apparaissent des amis de Renoir venus jouir de la vie dans ce lieu champêtre à l’heure où Paris connaît les grandes mutations urbaines d’Haussmann.

La jeune femme, à la tournure élégante et qui se tient nonchalamment aux cordes de la balançoire, se nomme Jeanne. Habituellement elle travaille dans un petit atelier de couture, mais elle aime surtout faire du canotage et danser. C’est au bal du Moulin de la Galette, pas très loin de la rue Cortot, qu’elle a croisé Renoir. Par sa grâce, son allure, elle plaît immédiatement au peintre. Il l’invite alors à venir poser dans sa maison-atelier toute proche, elle hésite. Renoir insiste, rencontre l’amant de Jeanne pour le rassurer sur ses intentions et finalement obtient gain de cause. Dans le tableau, elle attire tous les regards.

Monsieur et Madame Bernheim de Villers

À l'occasion de leur cinquantième anniversaire de mariage Suzanne et Gaston Bernheim de Villers, Renoir, comme Titien ou Vélasquez, a recours, pour mettre en valeur le modèle principal, à des personnages secondaires, et ce, même s’il s’agit de son mécène ! Mr et Mme Gaston Bernheim de Villers, 1910 (Paris musée d’Orsay), peint sur l’exemple de la « Loge » de 1874 (Londres, Courtauld Institute Galleries).

Portrait de Margot

Le célèbre docteur Paul Gachet est celui qui nous informe de l’identité de cette attirante jeune fille. Il s’agit de Margot Legrand, un des modèles les plus estimés par Renoir et qui est alors affectée par une maladie que le docteur guérira. En remerciement de ses soins, Renoir donne au docteur Gachet cette image de Margot. Le jeune modèle apparaît de profil, vêtue d’un habit noir avec un mouchoir blanc au col et un chapeau noir couvrant ses cheveux blonds. Les touches sont rapides et empâtées, Renoir recourant à un dessin subtil dans le visage pour diluer le reste de la composition, en suivant une technique qui rappelle celle de Manet, de la même manière que les sobres tonalités employées.

Danse à la Campagne

Alors qu’à la ville, les danseurs participent à un rite d’obligation sociale et mondain pour bientôt se séparer une fois la musique terminée, une passion impulsive et improvisée semble avoir poussé le couple de la danse à la campagne à danser, sans attendre que déjeuner soit fini ! Renoir souligne à quel point les rites de la saison mondaine sont différents des divertissements campagnards pour un jeune bourgeois parisien de son temps. Dans la Danse à la campagne, les accords chromatiques sont tout à fait différents, le rouge contraste avec le bleu rehaussés tous les deux par le blanc, contraste fondamental, populaire et même patriotique (l’image du 14 juillet). Le jaune occupe un rôle secondaire mais non moins important en unifiant les plans – le canotier sur le sol gris-ocre, les gants et l’éventail ont la même couleur – dans une scène pleine de joie et de beauté.

Julie Manet

Fille de Berthe Morisot (1841-1895) et d’Eugène Manet (1833-1892), le frère cadet du peintre Edouard Manet, Julie Manet, orpheline trop tôt, est couvée par Pierre-Auguste Renoir, son mentor et Stéphane Mallarmé, qui devient son tuteur à la mort de son père. Déjà modèle pour sa mère, elle l’est aussi pour Renoir ou Edouard Manet, et grandit au milieu d’eux, côtoyant ainsi tout un aréopage d’artistes de renom. Quand elle ne prend pas des leçons de violon ou de piano, Julie dessine, au fusain, à la sanguine, espérant dépasser le cap de « la petite jeune fille qui fait des éventails ». Renoir la conseille. Quand elle travaille des natures mortes d’après Chardin, ou des paysages, il la guide : « Ne pas placer la ligne d’horizon trop haute dans une toile, mais au milieu comme étant le point qui attire le regard… ».

Deux jeunes filles au piano

« Jeunes filles au piano », comme son nom l’indique, c’est une représentation de deux jeunes filles face à un piano, et plus spécialement, je dirais que cette scène représente une leçon de piano. En effet, d’après mon observation, les deux jeunes filles ne semblent pas « égales » quant à leur maitrise de l’instrument, l’une d’elle serait l’apprentie et l’autre plutôt dans un rôle de tutrice. En arrière-plan, nous pouvons observer des rideaux ornés de dorures, ainsi que des cadres dorés sur les murs. Cette famille dont sont issu ces jeunes filles, toutes deux bien vêtues et bien coiffées, sembleraient appartenir à une classe sociale aisée. Dans les tons rouges, tendant vers le vert et le doré, les couleurs de l’arrière-plan se ressemblent, et se mélangent. Le rouge en décoration, correspondant à la luxure et à la richesse viens confirmer cette première hypothèse à propos du milieu social de cette famille.

Gabrielle à la rose

Cousine éloignée d’Aline Renoir, l’épouse du peintre, Gabrielle Renard était venue s’installer dans la famille peu après la naissance de Jean Renoir en 1894 pour aider aux soins du ménage. Elle devient un des modèles favoris du peintre. Ce portrait est un des derniers que Auguste Renoir exécuta d’elle. Il la représenta en buste, quasi dénudée portant une rose à son oreille tandis qu’elle en tient une autre dans la main droite. Renoir associait les fleurs aux jeunes filles, plus tard il associe la rose épanouie à la femme dans sa maturité. Par ailleurs, les tons des pétales s’accordent aux nuances de la carnation de la peau selon une harmonie parfaite.

Renoir a 70 ans lorsqu’il peint ce portrait de Gabrielle à la rose, son style est devenu comme une seconde nature, car ce peintre de la vie sensible a cherché toute sa vie l’expression qui « colle » si l’on peut dire le plus parfaitement à son désir de peindre. Cette volonté de trouver la forme de cet équilibre entre le « je » qui regarde et peint, l’être ou la chose réelle et l’art de peindre est unique, elle a maintenu Auguste Renoir dans la tension permanente de la recherche jusqu’à sa mort.

Danse dans la ville

C’est bien le même danseur (Paul Lhote, un ami du peintre ayant posé pour l’une et l’autre toiles) qui est deux fois mis en scène, dans un cas portant la traditionnelle tenue de soirée (habit noir et gants blancs) et dans l’autre un simple veston et un pantalon bleus.

La Danse à la ville, au contraire, montre le même personnage dans une posture bien plus guindée. Les marronniers de Chatou ont laissé place aux plantes vertes, la terrasse à balustrade est remplacée par une salle de bal en marbre. La seconde partenaire du danseur porte une robe de soirée à traîne et ses cheveux sont relevés en un élégant chignon qu’orne une fleur.

Un critique remarque, en 1892 : « L’orchestre, qui sait la froideur des plaisirs mondains, ralentit la mesure et le couple circule paresseusement. Nulle animation, nulle fringale de plaisir en cette physionomie. »

Paris Musée de l'Orangerie

Femme nue dans un paysage

Suite à un voyage en Italie en 1881 où Renoir regarde les maîtres anciens et notamment la peinture de Raphaël, il arrive en 1883 à un tournant de sa carrière de peintre. "Vers 1883, il s’était fait comme une cassure dans mon œuvre. J’étais allé jusqu’au bout de l’impressionnisme et j’arrivais à cette constatation que je ne savais ni peindre ni dessiner. En un mot j’étais dans une impasse." déclare Renoir à Ambroise Vollard. Datée de 1883, cette toile reprend un sujet traditionnel que Renoir a déjà traité, celui de la baigneuse. Une femme nue aux cheveux bruns relevés est assise sur un linge blanc à l’aide duquel elle s’essuie la jambe dans un cadre de nature intemporel au bord de l’eau. Cependant, si le paysage à l’arrière-plan relève encore de l’impressionnisme, le traitement du corps féminin montre un infléchissement de la manière du peintre. En effet les contours et les lignes se manifestent de manière plus affirmées qu’auparavant préfigurant l’évolution qui le conduit entre 1884 et 1887 à la réalisation de son chef-d’œuvre Les Grandes Baigneuses, conservé au Musée d’art de Philadelphie. Certains historiens ont cru reconnaître dans le modèle du tableau du musée de l’Orangerie l’artiste peintre Suzanne Valadon (1865-1938) que Renoir a souvent représentée à cette époque.

Baigneuse aux cheveux longs

Cette baigneuse nue sortant de l’eau dans un paysage indéterminé de nature intemporelle ramène délicatement sur son buste un drapé blanc. La chevelure dorée et déployée vient ici faire écho au mouvement imperceptible de la végétation à l’arrière plan rendant la scène vibrante et ondoyante de toutes parts. La douceur et la rondeur du visage semblent également en parfaite harmonie avec les chairs et les courbes du corps.

Paris Musée Marmottan

Claude Monet lisant

Pierre Auguste Renoir est assurément l’artiste qui a le plus souvent portraituré Claude Monet et son épouse Camille Doncieux. La dizaine de tableaux qu’il leur dédient date de leurs années de compagnonnage et des séjours de Renoir à Argenteuil où ses amis résident de 1871 à 1877.

Monet, le visage de profil et le corps de trois quarts, est accoudé à une chaise dont on aperçoit le dossier ajouré en bas vers la gauche ; il lit le journal L’Événement en fumant la pipe.

Limoges Musée des Beaux Arts

Portrait de Jean Renoir

C'est en 1880 que le peintre Frédérique Heyne met au monde une fille, Lucienne Marie, dont elle attribuera la paternité à Auguste Renoir. Cette dernière sera également peintre sous le nom de Lucienne Bisson.

Lorsqu'il devient à nouveau père d’un petit Pierre (1885), Renoir abandonne ses œuvres en cours pour se consacrer à des toiles sur la maternité. Pierre et Jeanne sont nés de Lise Tréhot.

Son nouveau modèle, Aline Charigot, sa maîtresse qui devient sa femme en 1890, et lui donne trois autres enfants, Pierre Renoir (acteur), Jean Renoir le cinéaste, et Claude Renoir dit « Coco » (céramiste).

Cette oeuvre de 1899 représente Jean même si elle est dite "Portrait de Coco" car Claude est né en 1901.

Londres National Gallery

Les Parapluies

Ce tableau décrit une rue animée de Paris avec six personnages, trois femems, deux enfants, un homme qui occupent le premier plan. Une foule derrière eux ferme presque complètement la perspective sur le boulevard. Le quart supérieur de l'image est principalement rempli d'au moins une douzaine de parapluies.

Ce tableau est le dernier des tableaux verticaux à grande échelle de la vie moderne peint par Renoir avant qu'il se tourne vers des sujets moins évidemments contemporains tels que les paysages, les nus et les portraits. Il est également significatif d'un changement dans l’art de Renoir.

Les parapluies possède ainsi deux styles distincts. Au cours de la première étape Renoir peint le groupe de droite qui comprend une mère et ses deux filles et la femme de profil au centre qui lève les yeux en ouvrant son parapluie. Ces personnages, présentés côte à côte, sont peints de manière impressionniste. Renoir utilise de délicates touches de pinceau, de riches tons lumineux de bleu, vert et orange, qui évoquent l'éclat du velours et les textures des vêtements et de la dentelle. Leurs traits du visage, doux, ne sont pas clairement définis et Renoir évite les contours nets.

Les personnes à gauche du tableau, y compris la jeune femme de plein pied tenant un panier et l'homme qui se tient derrière elle ont été peint à l'origine en utilisant un pinceau léger. À cette première étape, la femme au panier portait également un chapeau. Renoir a ensuite repeint le groupe, abandonnant la technique douce pour un style plus linéaire. Les personnages ont ainsi des contours clairement définis et des traits dessinés avec précision. L'attention que Renoir porte à Ingres est également évidente dans les contours fluides de la tête et du torse de la jeune femme. Le pinceau de ce côté de la toile est plus uniforme et contribue à créer un sentiment de forme tridimensionnelle. La longue robe gris-bleu de la femme de gauche (avec ses échos de Cézanne) est également beaucoup plus structurée. Ses plis et ses lignes sont plus clairement décrits que les robes bleues des femmes du centre, qui se fondent presque l'une dans l'autre.

Les changements de la mode féminine fournissent également une preuve claire de l'intervalle de quatre ans qui s'est écoulé pour terminer le tableau.

Une nymphe au bord d'un ruisseau

Une nymphe au bord d'un ruisseau est une peinture à l'huile de 1869–70 par Pierre-Auguste Renoir qui se trouve dans la collection de la National Gallery à Londres. Le tableau représente le modèle et l'amant de Renoir, âgé de 21 ans, Lise Tréhot, qui a figuré dans plus de vingt de ses peintures au cours des années 1866 à 1872.

Fait inhabituel, la peinture est une combinaison d'une représentation classique d'une naïade ou nymphe de rivière allongée près d'un ruisseau et le portrait reconnaissable d'une personne réelle.

La Yole à Asnières sur Seine

Cette ode à la nature, aux joies simples des plaisirs de l’eau, est l’un des chefs-d’œuvre de la période impressionniste de Renoir durant laquelle il expérimente avec bonheur la peinture en plein air.

Peinte en 1875, cette scène de canotage se situe dans une série commencée en 1869 aux Bains de la Grenouillère à Croissy avec son ami Monet, et qui s’achève vers 1881 avec Le Déjeuner des canotiers à l’Auberge Fournaise à Chatou, établissement où a dû être louée cette yole qui emporte deux gracieuses silhouettes toutes de blanc vêtues.

Ici, tout est à la fois calme et vibrant : les couleurs contrastées de l’eau et de l’esquif, bleu et orangé, les touches brossant autant de vaguelettes, et surtout les reflets qui sans cesse recomposent les éléments sans jamais les figer, composent une symphonie colorée et une sublime étude de reflets, véritable exaltation physique et sensible de la lumière par l’emploi de pigments de couleur pures.

Londres Courtauld Institute

La Loge

Quel magnifique double-portrait, pourtant, qui représente une élégante (peut-être une cocotte ?) et un homme, tous deux installés dans une loge de théâtre. Ce divertissement était très à la mode dans la seconde moitié du XIXe siècle, et offrait une occasion au beau monde de se montrer et de se rencontrer. Pour réaliser cette scène, Renoir a fait poser son frère, Edmond, et Nini (parfois cruellement surnommée Gueule-de-Raie) : un modèle montmartrois que le peintre affectionnera. C’est la première fois qu’elle apparaît dans l’un de ses tableaux. Le point de vue adopté est purement fantaisiste car le spectateur se trouve comme de plain-pied avec la loge, pourtant en hauteur puisqu’il s’agit d’un balcon (le bord de la balustrade est bien visible au premier plan).

Le peintre joue aussi des oppositions entre les deux personnages : la jeune femme, très jolie et élégamment vêtue d’une robe blanche à rayures noires, pose pour être admirée. C’est elle l’objet de tous les regards, au cœur de l’attention de la société du théâtre. Son compagnon, quant à lui, a porté ses jumelles au visage car il doit être occupé à observer d’autres élégantes dans l’assistance ou les danseuses sur scène. Hypocrisie des mœurs ? Renoir semble se moquer de ce manège social. L’impressionniste, en tout cas, témoigne qu’il est un très grand portraitiste, inscrit dans la tradition des peintres du XVIIIe siècle français qu’il admirait. Tout dans le teint et le vêtement apparaît évanescent et subtil, comme les roses que la jeune femme porte dans les cheveux et au corsage.

Stockholm Musée Oskar Reinhart

La Grenouillère

Sous le Second Empire, on assiste à l’éclosion de la mode du canotage. De nombreux Parisiens déferlent sur la Seine en empruntant le chemin de fer reliant la gare Saint-Lazare à la gare de Rueil ou de Chatou, attirés par le charme sauvage de l’île de Croissy. En 1852 François et Félicité Seurin établissent au bord de l’île un bateau-ponton abritant une salle de bal et de restauration ainsi qu’une longue péniche de cabines de bain. Seurin est également concessionnaire du bac permettant de traverser la Seine depuis Rueil jusqu’à Croissy en passant par l’île et donc par son établissement, ce qui facilite bien les choses. On s’y donne rendez-vous pour le canotage, la baignade pour les plus courageux, la pêche aussi. Le soir on dîne, on danse dans une ambiance joyeuse, survoltée même. Des demi-mondaines, des filles délurées présentes donnent un atmosphère particulière au lieu. L’appellation de la Grenouillère fait d’ailleurs référence aux « grenouilles », nom d’argot dont on affuble à l’époque les femmes de petite vertu.

La Grenouillère verra défiler le Tout-Paris, y compris Napoléon III et l’impératrice, en août 1869. Cet été qui voit le début du mouvement impressionniste est le dernier été tranquille avant le désastre de Sedan, la chute de l’empereur, l’occupation de Paris et de ses environs par les Prussiens, les sanglants évènements de la Commune.

Lisbonne Calouste Gulbenkian

Madame Monet étendue sur un sofa

L'oeuvre a été peinte au cours d'un séjour de Renoir à Argenteuil chez les époux Monet, et représente Camille Doncieux, la femme du célèbre peintre à demi allongée sur un divan, en train de lire le journal Le Figaro.

Renoir séjournait fréquemment chez Monet à Argenteuil. Un jour Manet qui les avait rejoint travaillait à un portrait de Madame Monet. Renoir avait aussi dressé son chevalet. Manet prit Monet à part et lui dit "Vous qui êtes très bien avec Renoir vous devriez lui conseiller de prendre un autre métier. La peinture ce n'est pas son affaire"

Renoir admirait Manet pour son élégante clarté et son rejet de l'ombre. Ce tableau révèle la tentative de réduire la peinture à ce qui est saisissable dans un coup d'oeil furtif.

Madame Monet nonchalamment étendue sur le divan lève un instant les yeux de sa lecture. L'artiste note les principales formes et zones de couleur. Presque pas de modelé, des contrastes de couleur établissent les traits, la chevelure, les détails du costume. La silhouette coupe la toile en diagonale. La moitié supérieure représente succinctement des coussins et un mur. L'autre contient des détails esquissés et une couleur plus affirmée.

Hambourg Kunsthalle

L'allée cavalière au Bois de Boulogne

La surface un peu lisse du coloris se rattache à Courbet. Renoir se révèle par la physionomie de la femme dont les yeux remplissent l'espace et dont les traits jeunes ont cette forme que nous retrouverons chez tant de baigneuses et de femmes de mode

La cavalière est Madame Darras, femme du capitaine de Renoir.

Le capitaine Darras avait mis à la disposition de Renoir le manège de l'Ecole Militaire pour qu'il puisse étudier le galop du cheval et il avait mis à sa disposition comme grand atelier une des salles de réception non utilisée

La femme de Darras, fille d'un fabricant de plâtre de la banlieue de Dijon ne fréquentait pas le beau monde au début de la 3ème République

Le jeune qui l'accompagne est Joseph Le Coeur, fils de l'architecte Charles Le Coeur

Renoir veut être reconnu comme peintre de figures

Certains critiques de l'époque soulignent que Renoir s'écarte de l'impressionnisme avec cette oeuvre académique, réaliste et prétentieuse

Renoir prend pour sujet la vie mondaine des privilégiés et joue sur la mode et sur un certain snobisme

Madame Darras monte en amazone dans l'un des sentiers du Bois de Boulogne réservés aux cavaliers

Dans les années 1860 le Bois était le principal jardin d'agrément de Paris

La promenade matinale au Bois était une des activités préférées de l'aristocratie

Cologne Wallraf Richartz Museum

Les fiancés, le menage Sisley

Le fiancé est Sisley, qui à cette époque était un homme riche, impeccablement vêtu d'un costume noir sobre avec un pantalon gris, qui à côté de la splendeur de la robe en soie rouge rayé d'or de Lise s'individualise. À son oreille, elle porte la boucle d'oreille qui a également été signalée dans Lise (Femme à l'ombrelle). Sisley propose à Lise son bras, qu'elle prend amoureusement. Cette pose est une impression quelque peu artificielle, ce qui est probablement dû au fait que la scène a été mise en scène par Renoir dans son atelier. La différence d'exposition entre le fond et le couple est une indication. Ce fond, un parc ou un jardin le soleil, est peint selon le style impressionniste, tandis que les deux modèles, fidèles à la tradition réaliste, sont soigneusement affichés.

Vienne Belvedere

Baigneuse

Zurich Buhrle Fondation

Mademoiselle Irène Cahen d'Anvers

Irène Cahen d'Anvers (1872-1963), le modèle, est âgée de 8 ans au moment du portrait. Devenue comtesse Moïse de Camondo par son mariage, elle a deux enfants, dont Nissim-de-Camondo , le dédicataire du musée Nissim-de-Camondo à Paris et Béatrice de Camondo, madame Léon Reinach. Divorcée, elle se convertit au catholicisme pour épouser le comte Charles Sampieri (1863 - 1930), dont elle a une fille, Claude Germaine (1903 - 1995), future épouse d'André Dubonnet. Elle est inhumée au Cimetière ancien de Neuilly-sur-Seine dans la chapelle Sampieri.

Moscou Musée Pouchkine

Femme nue, torse d'Anna

Anna, qui est aussi un modèle de Manet, a posé pour le Nu au soleil (musée d'Orsay, Paris) et pour le Torse nu (musée Pouchkine, Moscou). Dans ces deux tableaux se conjuguent l'ampleur de la forme et la richesse du coloris ; comme autrefois dans les nus de Watteau, un sein apparaît ici sous le bras levé : « Un sein, écrit Renoir, c'est rond, c'est chaud. Si Dieu n'avait créé la gorge de la femme, je ne sais si j'aurais été peintre. »

Jeunes filles en noir

Jeanne Samary

Jeanne Samary fut aussi célèbre en son temps que Sarah Bernhardt. Elle excelle dans les rôles de servantes et de soubrettes

Elle épouse le fils d'un agent de change dont les parents n'apparaissent pas à la cérémonie. Elle meurt à 33 ans d'une fièvre typhoïde. En 1877, sur ce tableau, elle a 20 ans.

Le menton dans la paume, le coude sur une table à peine visible, l'actrice pose dans une robe du soir décolletée, le teint fait d'une pâte de rose et les lèvres d'un rouge sanglant

Certains critiques s'étonnent des hachures croisées qui modèlent les épaules de vert

Un autre considère que "le portrait rend si bien une jolie physionomie de soubrette éveillée"

Saint Petersbourg Ermitage

Femme à l'éventail

La Femme à l'éventail est un tableau de Renoir conservé au musée de l'Ermitage de Saint-Pétersbourg. Composé en 1881, il représente Alphonsine Fournaise, fille de son ami Alphonse Fournaise, propriétaire de l'Auberge du Père Fournaise que l'on voit notamment peinte dans son fameux tableau Le Déjeuner des canotiers. Alphonsine Fournaise y est représentée appuyée à la rambarde en train d'écouter le baron Raoul Barbier, ami intime de Renoir. La Femme à l'éventail est un portrait qui la représente et qui rend hommage à la tradition picturale espagnole. La jeune femme, vêtue de mauve et assise dans un fauteuil rouge, déploie un éventail.

Femme se coiffant

Composée en 1887, cette œuvre représente une jeune femme châtain, peinte en buste et arrangeant son chignon pendant sa toilette, les bras levés et le sein gauche découvert, sortant de sa blouse blanche. Le thème des femmes se déshabillant ou se coiffant à demi-dévêtue est un des thèmes favoris de Renoir.

Une certaine distance est créée avec le modèle, car la jeune femme qui pose baisse les yeux, comme dans un certain « regard intérieur ». Le sujet rappelle les sculptures antiques et les tableaux d'Ingres que Renoir affectionnait. En 1885, il peint une Baigneuse arrangeant sa chevelure dans une attitude comparable, mais assise de dos. L'œuvre se trouve au Clark Art Institute de Williamstown aux États-Unis. Cependant le style de la Femme se coiffant est plus proche des Grandes Baigneuses du Philadelphia Museum of Art peintes également en 1887. Il peint à cette époque plusieurs études sur ce thème.

L'enfant au fouet

Cette image d’un enfant est venue personnifier l’art de Renoir, plein de chaleur et de charme, reflétant l’humeur de beaucoup de ses portraits de femmes. En mars 1885 Renoir fait la connaissance du sénateur Etienne Goujon qui lui commande de peintre les portraits de ses quatre enfants. Marie apparaît avec un cerceau et Etienne, le plus jeune fils du docteur né en 1180, se présente avec un fouet. Agé de cinq ans, il est représenté habillé efféminement comme c’est un peu normal pour les petits garçons dans les années 1880.

Le garçon apparaît dans le centre de la composition, dans un environnement de jardin, effectué avec une splendide variation de touches de couleur qui dotent la figure de plus de présence. Mais nous trouvons encore des références au style impressionniste, comme les ombres coloriées ou les touches rapides et empâtées du fond. L’expression du visage de l’enfant se transforme en un autre des centres d’attention du tableau, tout comme le jeu de couleurs mauves et blanches du vêtement ou la pose innocente, en résultant une image infantile de qualité difficilement supérieure.

Ce tableau montre la tentative de Renoir de combiner la richesse des couleurs de ses peintures en plein air avec un dessin précis du modèle. Peint hardiment, l’arrière plan est suggéré par la variation continue des nuances de couleurs et de la touche ; le costume du petit garçon (vraisemblablement en tissu blanc) est lui-même modelé au moyen de bleus, de verts et de jaunes. Mais ce sont les cheveux et les chaussures qui donnent à la composition une structure tonale précise ; le visage, dont les formes sont dessinées presque avec dureté est traité dans une facture lisse ; encadré par les cheveux, il se détache sur un fond de facture très libre.

New York Metropolitan

Madame Charpentier et ses enfants

Georges Charpentier est un éditeur qui à lui seul est à l'époque "Galligrasseuil". Renoir fréquente leur célèbre salon de la rue de Grenelle. Marguerite Charpentier usera de son influence considérable pour que son portrait d'elle et ses enfants soit parfaitement exposé au Salon de 1879.

L'appui de Marguerite Charpentie établira Renoir comme portraitiste à succès.

Dans ce salon Charpentier, Renoir tentera vainement d'obtenir une fonction de conservateur de musée de province. Entre 1877 et 1879 Gambetta et Ferry sont fidèles aux "Vendredis" des Charpentier. Charpentier était l'éditeur de Zola, Flaubert et Edmond de Goncourt.

Renoir réalise le portrait de Madame Charpentier et de ses enfants Georgette et Paul en septembre 1878. Le tableau occupe la place d'honneur au Salon de 1879 et la presse lui réserve un accueil enthousiaste. Renoir dira que Madame Charpentier "voulait être en bonne situation et connaissait les membres du jury qu'elle secoua vigoureusement"

Sur un sofa de tapisserie à fleurs, Marguerite Charpentier, 30 ans, robe noire à traîne de velours et dentelle blanche, étend son bras protecteur au-dessus de la tête de son fils Paul, trois ans, filleul de Zola, habillé de la même robe bleue et blanche que sa soeur aînée Georgette, six ans, assise sur le bonasse terreneuve. Les Charpentier sont d'avides japonistes.

Dans ce portrait de groupe le chic de la robe de Marguerite et le mobilier à la mode cèdent le pas au charme du sujet : une mère et ses enfants.

Proust évoque le tableau dans "Le temps retrouvé". Il considère que le modèle est "une petite bourgeoise ridicule" mais s'émerveille du tableau "morceau de peinture comparable aux plus beaux Titien"

Femme assise au bord de la mer

Renoir a fait un voyage en Italie en 1881-82 et a été profondément influencé par l'art de la Renaissance. Après ce voyage, il commence à explorer une nouvelle manière de peindre, différente de l'impressionnisme. Il a commencé à mettre l'accent sur les contours et la modélisation, a abandonné le principe selon lequel les scènes doivent être peintes à l'extérieur pour capturer la lumière et l'atmosphère. À la fin de l'été 1883, Renoir passa environ un mois à Saint-Pierre-Port, la capitale de Guernesey, et admira les rochers, les falaises et la vue imprenable sur la baie du Moulin Huet à Saint-Martin. Il a peint les débuts de quinze tableaux pendant son séjour, dont la plupart ont été achevés plus tard dans son atelier parisien. Guernesey se trouve à 48 km au large des côtes de la Normandie continentale. Les deux partagent la même géologie et Guernesey remplit le critère "au bord de la mer" dans le titre de l'exposition. Cependant, « Au bord de la mer » aurait été peint dans l'atelier de l'artiste. La plage représentée ici n'est probablement pas dans les îles anglo-normandes mais près de Dieppe, sur la côte normande. Le modèle était Aline Charigot, sa petite amie d'alors, qu'il épousa en 1890. L'arc des sourcils sombres et le nez effronté du modèle dans ce visage agréable aux joues roses sont communs aux œuvres de Renoir.

Jeune fille au bain

Chicago Institute of Art

Jeune femme cousant

Près du lac

Deux soeurs sur la terrasse

Jean Renoir cousant

Philadelphie Barnes Fondation

Enfants sur la plage à Guernesey

La famille de l'artiste

Philadelphie Museum of Art

Les grandes baigneuses

Baigneuse s'essuyant la jambe

Baigneuse avec un griffon

Los Angeles Getty Museum

La promenade

Richmond Virginia Museum

Jean Renoir dessinant

Washington National Gallery

Le Pont Neuf

Renoir peint un des premiers contre-jours réalistes dans l'histoire de l'art

Il crée de la chaleur avec des tons froids.

Renoir domine depuis la rive droite le Pont Neuf.A gauche les immeubles du quai de l'Horloge sur l'île de la Cité ont peu changé. A droite la statue d'Henri IV et au premier plan à droite un établissement de bains. Après la Commune ce tableau marque le retour à la normalité dans la capitale: Becs de gaz, circulation intense de piétons et de fiacres. Le Pont construit de 1577 (Henri III) à 1603 (Henri IV) venait d'être restauré par Haussmann.

Monet a aussi représenté cette vue qui montre une journée éventée et pluvieuse

Le tableau se divise en trois zones:

Le ciel, une zone claire, est moucheté de nuages irréguliers en taille, forme et luminosité

La zone architecturale, à mi-hauteur, est la plus sombre. A gauche un réseau de lignes horizontales et verticales.

A droite les éléments plus larges du pont et de l'eau avec de fortes diagonales dirigées vers l'angle extrême en bas à droite

La zone inférieure, la rue, est la plus lumineuse et les promeneurs et leurs ombres répètent les verticales et les diagonales de la zone médiane. Le sol est plus blanc que le ciel inondé de soleil

Madame Monet et son fils

Fillette avec un arrosoir

La femme au chat

Canotiers à Chatou

Diane chasseresse

C'est pour des raisons de convenance que la femme plantureuse est devenue une Diane

"Je ne voulais rien faire de plus qu'une étude du nu, mais le tableau était considéré comme assez inconvenant, aussi ai-je mis un arc dans la main du modèle et un daim à ses pieds. J'ai ajouté la peau d'un animal pour faire paraître sa nudité moins choquante et le tableau devint une Diane"

Renoir s'est servi du couteau ce qui est rare. A cette époque l'artiste admirait le travail en pleine pâte et le réalisme de Courbet

C'est une oeuvre d'atelier : l'éclairage du modèle est dur et la pose artificielle. Tons froids bleu argent : Renoir peint de manière froide au début de sa carrière pour aller plus tard aux tons chauds

Sens prononcé des textures variées : ciel doux uni, chair radieuse, rochers vigoureusement peints et large mouchetage épais du feuillage. Les tons froids s'échelonnent de l'angle supérieur gauche à l'angle droit tandis que les tons chauds forment l'axe opposé. La bande de peau destinée à atténuer la nudité s'inscrit dans l'axe chaud mais ses lignes suivent la direction froide.

La danseuse

Boston Musée des Beaux Arts

Femme à l'ombrelle et enfant

Composition avec de grandes subtilités de tons qui doit beaucoup à la technique de Manet

La femme est Camille, l'épouse de Monet, à demi allongée et placée en diagonale et occupant presque toute la surface du tableau. Elle fait face au spectateur mais son regard s'en détourne légèrement. Sa robe blanche concentre la lumière du soleil.

Renoir fait passer le sentiment d'une relation humaine dans un coin de campagne baigné de lumière et a laissé les traits de la figure centrale dans un flou délicat.

L'harmonie d'ensemble est obtenue par le contraste des tons sombres et des tons clairs modelés en fines couches superposées.

Washington Phillips Collection

Le déjeuner des canotiers

Portland Musée d'Art

La Seine à Argenteuil

Dans cette œuvre également traitée par Monet, Renoir se rapproche de Monet en fragmentant plus qu'à l'ordinaire les touches destinées à rendre les reflets colorés sur l'eau

La facture plus floue de Renoir rend les ombres chatoyantes alors que Monet joue d'effets d'opposition plus tranchés. Monet réside à Argenteuil depuis décembre 1971 et Renoir est venu peindre à ses côtés

Les mains dans les poches, l'homme coiffé d'un chapeau et portant une veste semble minuscule à côté du foc triangulaire. Il semble en conversation avec le marin du voilier

On voit peu de monde sauf les canards du premier plan. La scène de Renoir est plus spontanée, voire chaotique, que celle de Monet, manifestation précoce de son credo de l'irrégularité

En faisant voir une rivière étincelante de mouvements et de reflets du soleil, Renoir semble vouloir faire encore plus Monet que Monet

Williamstown Clark Art Institute

Marie-Thérèse Durand-Ruel

Autoportrait 1875

Jeune fille endormie au chat

Le pont de Chatou

Cleveland Museum of Art

Romaine Lacaux

Romaine, neuf ans, est la fille d'un fabricant de poteries de terre. Elle périra le 8 mars 1918 avec son mari et sa fille, victimes d'un bombardement aérien

La fillette est resplendissante dans la claire lumière qui l'auréole.

On peut remarquer l’extrême concentration de l'enfant qui sous ses airs de petite infante bourgeoise semble plongée dans quelque réflexion Elle fixe le spectateur avec intensité et franchise; Apprécions ces détails : yeux vifs au regard direct, robe de mousseline de soie serrée à la taille par une ceinture, blouse légèrement de travers, doigts à peine noués posés sur un coussin de fleurs

Ce tableau dénote d’une pose pleine de simplicité : Harmonie entre la toilette, le visage et le fond.

Le gris aux modulations atténuées de la robe évoque une Infante de Velasquez. Il parvient à rendre le sous-vêtement blanc sous la blouse de Romaine et réussit à rendre la chair du bras droit à travers la manche de soie.

La construction spatiale reste imprécise : ce qui semble un bouquet de fleurs derrière la fillette hésite entre la chaise et le papier peint à motifs qui se prolonge derrière la draperie blanche

Sao Paulo Museu d'Arte


Les Demoiselles Cahen d'Anvers


... dans les Collections privées


Coucher de soleil sur Douarnenez

Camille Monet, la tapisserie dans le parc

Les enfants de Martial Caillebotte

La lavandière

Jeanne Henriot, la fillette au chapeau bleu

Baigneuse assise

Baigneuse assise au rocher

Jeunes filles au bord de la mer

Baigneuse debout

Après le bain

Yvonne Grimpel au noeud bleu

Renoir passe l’été de 1880 chez son ami Paul Bérard dans son château de Wargemont, en Normandie. Pendant qu’il est là-bas, il est introduit auprès d’Armand Grimprel, un banquier qui a réussi, partenaire de Paul Bérard à la Banque Bérard-Grimprel, et qui le commissionne pour peindre les portraits de ses trois petits-enfants : Yvonne, Hélène et Maurice.

Le présent travail représente Yvonne alors âgée de cinq ans. La présente image est une toile remarquablement riche distinguée par sa pureté de vision et par la façon avec laquelle Renoir capture le charme espiègle du jeune modèle avec la facture vive et la subtilité chromatique qui ont marqué son plus beau travail à cette période.

Autoportrait au chapeau blanc