Toponymie - Le village

1. Voye du Seigneur (Rue de l'Eglise, Rue Sainte-Colombe).

Aujourd'hui dénommée rue Sainte-Colombe (du nom de la sainte patronnesse de Soulme), la Voye du Seigneur ou Voye de l'Eglise (Voie du Seigneur ou Voie de l'Eglise) conduit à l'église, au cimetière et au Batty, place communale à côté de l'église. On trouve la dénomination de Chemin du Seigneur dans toutes les archives, notamment celles de 1582, 1609, 1610, etc...

Cette rue était jadis empruntée par le seigneur du lieu - le seigneur ou l'abbé du monastère de Florennes - pour se rendre au plaids généraux (assemblée du peuple, du maïeur et des échevins) et aux cours de justice qui se tenaient devant l'église où les décisions étaient affichées à la bretèche (valve d'affichage).

Le seigneur pouvait également venir à Soulme pour inaugurer la ducasse de Soulme en jouant le premier coup - le coup du seigneur - qui se donnait au jeu de quilles situé dans le bas de la rue, juste à côté du bistrot du coin. Il était de tradition d'offrir un gant au seigneur pour lui éviter ne pas se salir les mains, ce gant étant souvent remplacé par un simple impôt communal, une taxe de kermesse...

Mais il faut reconnaître que, bien souvent, le seigneur était remplacé par le maïeur du village.

La Voye du Seigneur au début du XXe siècle, suivant une ancienne carte postale.

L'actuelle rue Sainte-Colombe, avec l'emplacement de l'ancien jeux de quilles, à gauche de la porte d'entrée du bistrot du village.

2. Ruage (Rue du Ruage).

Selon la tradition, l'actuelle rue du Ruage formait jadis un véritable petit ruisseau - un ru - qui descendait jusqu'au bas du village. Dans ce point haut du village, les eaux devaient sans doute ruisseler assez fréquemment des champs et des prairies lors des fortes pluies.

Le Ruage unissait la Voye du Seigneur à la Ferme des Moines.

La rue du Ruage dans les années 1960.

3. Basse Voye.

Actuellement dénommée rue Désiré Mathieu, du nom d'un ancien bourgmestre de Soulme, la Basse Voye (Basse Voie) constituait la partie la plus basse du village. Elle conduisait de la Voye du Seigneur jusqu'à la brasserie et lécole.

  • 1571: et ailleurs à la basse voye

La Basse Voye constitue la partie la plus basse du village.

4. Basse Bayet.

Basse Bayet est une impasse située dans la Basse Voye (actuellement rue Désiré Mathieu). Il semble qu'elle se prolongeait jadis par un sentier descendant jusqu'à la scierie: ce chemin s'appelait jadis "li vie voye", cette vieille voie reliant Surice à Agimont. Toutes les eaux de ruissellement de la rue principale du village s'écoulaient à travers cette impasse jusqu'à une basse, c'est-à-dire une petit étang où on pouvait sans doute élever un peu de poisson.

Cette basse appartenait aux Bayet, une famille du village qui a aussi donné son nom au Pré Bayet (section cadastrale D) dont le nom apparaît dans les actes au XVIIe siècle. Il existait aussi un Jean Baillet dont le nom est cité dans un acte de 1651.

Curieusement le mot "bâye" désignerait aussi une fosse remplir de pierre pour absorber les eaux ou un enclos de perches entourant une marre ou longeant une rivière...

Basse Bayet dans les années 1950.

5. A la Brasserie (A l'brassenne).

L'ancienne brasserie banale (communale) de Soulme était située entre le chemin de la Scierie et une marre d'abreuvage, aujourd'hui disparue, son emplacement ayant été goudronné. Cette marre servait pour donner à boire au bétail, nettoyer les chevaux et... à la fabrication de la bière. Elle a disparu au XIXe siècle lorsqu'on s'est rendu compte que les eaux de la marre provenaient des infiltrations du cimetière situé en contre-haut... C'était l'époque où, pour des raisons d'hygiène, on déplaçait les cimetières à l'extérieur des villages, ce qui ne fut pas réalisé à Soulme.

Ayant perdu son alimentation en eau, la brasserie est devenue une étable et sert actuellement de local annexe à une ancienne ferme récemment rénovée en deux logements.

1624: abandon d'une brasserie située à Soulme (acte du 19 juillet 1624)

La brasserie est aujourd'hui un bâtiment annexe complètement remodelé. Une marre, destinée à abreuver le bétail et a baigner les chevaux se trouvait jadis devant la brasserie, à l'emplacement goudronné.

6. Herdal de la Scierie (Chemin de la Scierie).

Le herdal était le chemin emprunté par le troupeau communal pour aller en pâturage. Ce chemin - actuellement sentier n°29 - descend à travers champs de la brasserie communale jusqu'à la scierie de marbre, au bord de l'Hermeton.

Juste après le village, une déviation sur la droite - aujourd'hui encore visible sous la dénomination de sentier n°32 - permettait de descendre dans les prairies au bord de l'Hermeton et, en longeant celui-ci puis en le traversant à gué, de rejoindre le vieux moulin. Ce sentier disparut lors de la construction de l'actuel chemin du moulin.

Le Chemin de la Scierie descend de la brasserie jusqu'à la scierie de marbre, mais c'est l'école que l'on aperçoit ici sur une photo des années 1960.

7. Voye du Moulin (Chemin du Moulin).

Ce chemin descend de l'école jusqu'au vieux moulin de Soulme.

Le Chemin du Moulin descend de l'école jusqu'au vieux moulin de Soulme (carte postale du début du XXe siècle).

8. Herdal de l'Ecole (Chemin des Chevaux).

Le Herdal de l'Ecole ou Chemin des Chevaux - actuel chemin n°7 - permettait au troupeau communal de descendre vers les pâturages situés au confluent de l'Hermeton et de l'Omeri. Ce sentier était également dénommé Chemin des Chevaux.

La voie herdale était le chemin suivi par le pâtre communal (le herdier) pour conduire le troupeau communal (la herde) vers son lieu de pâture (le herdal).

Les mots "herdal" et "hierdau" proviennent du germanique "hirthja" qui signifie "troupeau". A Soulme, il y eu jusqu'à 3 herdiers au milieu du XIXè siècle pour les vaches, les boeufs et les chevaux.

A l'origine, ce chemin descendait en sinuant vers la gauche jusqu'à un gué au bord de l'Hermeton où on conduisait les chevaux pour se désaltérer et se baigner, sans doute lorsque la marre de la brasserie communale fut supprimée pour raison sanitaire (elle se trouvait en contrebas du cimetière). Ultérieurement, il fut prolongé pour rejoindre le sentier n°34 qui descendait du village à travers Falize puis les prairies pour rejoindre l'Omeri. Ce sentier finit par disparaître au profit du Chemin des Chevaux.

Le Herdal de l'Ecole ou Chemin des Chevaux dans les années 1960, avec l'école à gauche.

9. Sur le Batty.

Le Batty constitue en quelque sorte une place communale. C'est là que l'on battait les céréales, d'où le nom de l'endroit.

Le mot "batî" désigne en patois wallon un terrain banal, c'est-à-dire dont l'usage est réservé à la communauté, et généralement couvert de terre battue.

Le Batty constitue la place la place du village, fortement en pente où on battait les céréales.

10. Piésente Derrière les Courtils.

Ce sentier que l'on ne pouvait emprunter qu'à pieds (d'où son nom de piésente) partait du haut du Batty, près de l'église, passait derrière les jardins (les courtils) et permettait d'y avoir accès plus facilement. Il faisait complètement le tour du village jusqu'au Chemin de la Chapelle et formait un raccourci jusqu'au sentier qui descendait vers le moulin d'Omeri à travers les prairies (sentier n°25).

La Piésente de Derrière les Courtils était encore visible en 1997, mais est aujourd'hui fermée par une clôture.

11. Ruelle du Bigo (Sentier de Falize).

Ce sentier, encore utilisé aujourd'hui (sentier n°34), conduit jusqu'à Falize, zone boisée aux anciennes pelouses calcaires où affleurent les roches et où une ancienne carrière a sans doute permis de construire le village. Ce sentier se prolongeait jadis à travers les prairies jusqu'à la vallée de l'Hermeton et permettait aux ouvriers de Soulme d'aller travailler aux carrières de marbres de Vodelée.

Le nom de ce sentier est incertain. Le mot bigeau désignait jadis le purin, ce qui pourrait signifier que le sentier, situé en terrain plat, était particulièrement boueux.

Le sentier de Falize démarre dans la rue du Ruage.

Le sentier de Falize passe entre deux clôtures au milieu des prairies.

12. Ruelle du Baro (Ruelle du Ruage).

Ce sentier, au nom incertain mais dénommé actuellement sentier n°25, démarrait à l'angle de la rue du Ruage et de la rue des Granges pour descendre en ligne droite à travers les prairies jusqu'au moulin d'Omeri.

C'est sans doute par ce sentier que dévalaient les eaux lors des fortes pluies pour former un petit ruisseau - un ru - dans la rue du Ruage.

Cette ruelle, partant de l'angle de la rue des Granges et de la rue du Ruage est encore visible sur une partie de tracé. (Photo 1997)

13. A la Ruelle ou Les Montéyes (Sentier de La Champelle).

Ce sentier, situé en prolongement de l'actuelle rue des Pachys, permettait d'accéder à la fontaine du village mais se prolongeait également à travers une petite vallée jusqu'à l'angle de la rue des Falgeottes et jusqu'au hameau de La Champelle (chemin n°10).

Une partie de ce sentier était taillée dans la roche schisteuse afin de constituer une volée d'escaliers, ce qui lui valut l'une de ces dénominations "Les Montées".

La rue des Pachys qui se termine devant la ferme Lathuraz se prolongeait jadis par un sentier jusqu'au hameau de La Champelle.

14. Ruelle de la Fontaine.

La Ruelle de la Fontaine, située entre les n°9 et 10 de l'actuelle rue Désiré Mathieu, était l'accès principal à la fontaine de Soulme, jadis le seul point d'alimentation en eau du village.

  • 1620: fontinne

  • 1646: fontaine

  • 1650: terne lez la fonteyne

  • 1691: la fontaine

Le départ de la Ruelle de la Fontaine entre les n°9 et 10 de la rue Désiré Mathieu.

Le chemin de la fontaine dans les années 1980.

15. Ferme des Moines (Sins dè Mwènes) ou Vatican.

Selon la tradition villageoise, cette ferme aurait appartenu aux moines de l'abbaye de Florennes dont le village dépendait. Néanmoins, il est possible également que celle-ci ait appartenu aux moines de l'abbaye de Waulsort et d'Hastière qui avaient aussi des droits dans le village. On y a en effet découvert une taque foyère aux armes d'un abbé de Saint-Hubert dont les moines de Waulsort et d'Hastière dépendaient.

Au début du XXe siècle, cette ferme était également dénommée par dérision Le Vatican car son propriétaire, surnommé Le Pape, ne croyait pas à la déclaration de la seconde guerre mondiale et avait proclamé un jour: "Si cette guerre arrive, c'est que je suis pape!"

Le Ferme des Moines avant la démolition des granges annexes (sur la droite de la photo).

16. Au Poteau.

C'est en ce lieu que fut placé le premier poteau en bois lorsqu'on installa l'électricité dans le village vers 1930. Un poteau en béton existe toujours à cet endroit.

Jadis le mot "poteau" désignait le point d'arrêt où chaque véhicule devait effectuer son péage. C'était donc l'entrée de la ville et, ici, l'entrée du village. C'est d'ailleurs "Au Poteau" que le village attendait la fanfare de Romedenne le jour des fêtes et que la population accueillit les prisonniers de guerre libérés à la fin de la seconde guerre mondiale.

L'habitante de la première maison du village (actuel n°3 de la rue Désiré Mathieu) fut alors dénommée Marie du Poteau. C'était le mère de l'instituteur.

Le premier poteau électrique installé à Soulme fut implanté à côté de ce qui était alors la première maison du village, visible sur cette photo dans les années 1950.

17. A Chavée.

D'après la tradition, ce lieu - connu sous ce nom depuis au moins le milieu du XVIIIe siècle - fut ainsi baptisé car il était toujours défoncé à la suite des pluies ruisselant du vieux chemin d'Omezée et du chemin de la chapelle Henry. C'est en effet l'un des lieux où il y a toujours eu le plus de passage dans le village.

La chavée est une dépression humide et désigne parfois un méandre abandonné par le cours d'une rivière. Le mot désigne également un chemin encaissé, creusé par l'érosion ou, dans la cas qui nous concerne, par les passages fréquents.

Le 6 juin 1938, le Conseil communal approuva l'élargissement de cette voirie de l'entrée du village jusqu'aux carrefour des Quatre Chemins (voir le plan ci-dessous dont le nord est à droite). C'est probablement alors qu'on construisit les murs de soutènement en pierre qui sont encore visibles aujourd'hui, parfois recouverts de végétation. Les travaux furent approuvé que le 19 août 1938 par la Députation permanente de Namur.

Sur le plan établi à l'époque par le commissaire voyer, on remarquera le sentier n°16, aujourd'hui disparu, qui reliait la partie ouest du village au chemin n°16, l'actuel chemin des Rochettes, qui formait l'itinéraire vers Rosée avant la création de la route actuelle, renseignée sur le plan comme chemin n°13 vers Rosée et chemin n°14 vers Surice.

On remarquera aussi que le vieux chemin d'Omezée, comme la rue principale du village, est dénommé "chemin n°11", ce qui prouve l'importance primordiale de cette route dans la typologie du village.

Soulme 1938 - Modification voirie entrée village.pdf

Une anecdote locale raconte que, peu avant la seconde guerre mondiale, le char des deux frères Delobbe se trouvait en difficulté à cet endroit et qu'on dut le décharger pour le tirer d'affaire. Le succès ne couronnant pas encore les efforts des sauveteurs improvisés, l'un d'eux dit: "Nous ne pouvons quand même pas retirer les ridelles!", les ridelles étant ces barrières amovibles retenant la charge sur un chariot.

Les travaux réalisés par la communes quelques années plus tôt n'avaient sans doute pas beaucoup amélioré l'état du revêtement de la route qui, à lépoque, ne devait - sans doute - qu'être empierrée.

  • 1748: un autre petit jardin joindant à la chavée

A Chavée: c'est l'entrée du village, lieu de passage privilégié.

18. Neuve Route.

Cette dénomination apparut sans doute vers 1880 lorsque fut créée la route actuelle menant vers Surice. Le Vieux Chemin d'Omezée, qui servait jusqu'alors pour aller à Surice et Omezée, fut dès ce moment pratiquement abandonné en tant que voirie principale. L'entrée du village a probablement été refaite à cette occasion puisque la voirie existait bien avant cette époque et permettait notamment de rejoindre Rosée.

La Neuve Route constitue l'entrée principale du village.

19. Chemin de la Chapelle.

Ce chemin conduit à la Chapelle Henry, propriété de la ferme voisine. Cette chapelle, appartenant à la famille Henry, était jadis entourée d'arbres, disparus après avoir été frappés par la foudre.

Le chemin se prolongeait et faisait jadis le tour du village, derrière les jardins, jusqu'au Batty et à l'église.

Le Chemin de la Chapelle conduisait jusqu'à la chappelle Henry, jadis entourée d'arbres (photos dans les années 1960).

20. Vieux Chemin d'Omezée.

Avant 1880, le Vieux Chemin d'Omezée (chemin n°4) était la route principale qui conduisait à Omezée et Surice, l'actuelle route de Surice n'ayant été créée qu'à cette époque, en raison des remblais importants qu'elle nécessitait dans le creux de la vallée de l'Omeri.

Le Vieux Chemin d'Omezée remontait sur le plateau peu avant le moulin d'Omeri et une déviation, aujourd'hui disparue, menait alors sur la gauche jusqu'au village de Surice (chemin n°21).

Le Vieux Chemin d'Omezée, tel qu'il se présente à proximité du village de Soulme.

21. Citadelle.

Au centre du village, les jardins de la Ferme des Moines et des maisons de la rue du Ruage et de la rue Ste-Colombe sont situés en contre-haut de la rue principale du village. Cette situation a toujours constitué un lieu privilégié pour les troupes militaires qui ont séjourné dans le village.

Le nom de Citadelle fut donc attribué à ce lieu, même si aucune construction défensive n'y jamais été établie.

Il est possible que cette dénomination locale existe depuis le XVIe siècle lorsque les gens de guerre de Couvin dévastèrent le village. L'endroit fut sans doute encore occupé par les troupes lors de la guerre 1914-1918 puisqu'on y a découvert une baïonnette de cette époque.

  • 1639: autre jardin nommé la citadelle

  • 1740: le jardin nomé la citadelle

La Citadelle était implantée dans les jardins de la Ferme des Moines, en contre-haut de la rue principale du village.

22. Aux Quatre Chemins.

Le nom de ce carrefour est plus qu'évident! Il est apparu en 1880 lorsqu'on a construit l'actuelle route de Surice.

Jadis, la route descendant de Soulme continuait en ligne droite en remontant à travers champs pour rejoindre l'orée du bois et pouvoir rejoindre Rosée et Anthée (Morville n'étant alors qu'un hameau d'Anthée). Ce chemin disparu sans doute dans la seconde moitié du XIXe siècle lors de l'aménagement complet des routes locales.

Les Quatre Chemins sont visibles à droite de cette ancienne carte postale du début du XXe siècle.

Sources: Le Patois dans la vie rustique de Soulme (Entre-Sambre-et-Meuse) - Essai d'enquête linguistique - Mémoire de licence en philologie romane présenté par Jean Fabry (juin 1937) - Autographie G.Delporte, Mons.

Pour de plus amples informations cartographiques, consulter: