Extraction du marbre

Avant de commencer l'exploitation de la carrière, on procède à des sondages avec un marteau-pic pneumatique et on enlève la couche de schiste qui recouvre la calotte de calcaire.

Les ouvriers des carrières, souvent appelés "carioteux", sont hiérarchiquement divisés en "rocteux" (tailleurs de pierre) et en manoeuvres. Leurs outils principaux sont constitués d'un pic de fer pointu, d'une masse ("massette"), d'un ciseau et d'une règle.

Le bloc de marbre porte des noms différents suivant son état: le gros bloc de marbre en place est dénommé "masse" ou "roche", mais il devient "cayau" (caillou) lorsqu'il est abattu et "bloc" lorsqu'il est taillé.

Ecurette.

Les mines se creusent au moyen de la "barre à mine", long fer terminé en biseau qu'un des ouvriers fait tourner tandis qu'un autre frappe dessus avec la "massette". Lorsque le trou est assez profond, on le vide de la poussière de roche et on le nettoie avec une "écurette". On y place alors la poudre et la mèche. Par dessus la poudre, on enfonce alors de la "bourre", constituée de papier, poussière de roche et argile, avec le "bourroir", sorte de pieu que l'on enfonce avec un marteau. On fait alors sauter la mine.

Etant donné que le marbre extrait doit toujours être bien équarri, la mine n'est utilisée que pour faire sauter la calotte calcareuse supérieure. Les blocs de marbre sont en réalité sciés à l'aide du fil hélicoïdal qui a une longueur totale de plusieurs kilomètres. Ce fil hélicoïdal, entraînés par des poulies de rappel supportées par des colonnes, est mis en mouvement à partir de la centrale, se dirige vers le tendeur avant de descendre dans la carrière pour réaliser un sciage partiel des blocs extraits avant de retourner vers la centrale.

Lorsque le fil hélicoïdal doit scier une masse de roche en place, il est nécessaire de placer des poulies de soutien des deux côtés de cette masse. A cet effet, on doit placer les colonnes dans des puits qui, creusés initialement au fer et à la main, furent ensuite réalisés grâce à une foreuse qui extrayait une "carotte" (colonne de marbre). Les ruelles ainsi pratiquées dans la roche sont dénommées "dessertes". Lorsque les "dessertes" ne sont pas assez larges pour permettre le libre jeu des poulies, on creuse une "brayette" ("braguette", échancrure).

Fil hélicoïdal pour la découpe des blocs de marbre.

Grue pour rassembler les blocs de marbre sur l'aire de stockage.

Principe du marouflage.

Lorsque le bloc est scié sur place, il faut l'extraire: c'est ce qu'on appelle faire le "mouflage" ou plus couramment faire la "manoeuvre". On fixe dans le bloc une pièce métallique dans laquelle on attache une menotte avec une broche. Cette broche est reliée à un câble qui se termine par une poulie. Le câble sera tendu par un cabestan jusqu'à détacher et faire basculer le bloc de roche.

Principe du forage.

La vis de force dont on se sert pour écarter deux parois de pierre est dénommée "macreau": elle a une longueur de 60 cm. et une largeur de 12 cm. environ. Elle est perçée de deux trous dans lesquels on introduit un "bracart" (tige) que l'on enlève et replace dans un autre trou à chaque demi-tour. Cette opération est dénommée "tirer et pousser au macreau".

Les blocs de marbre bruts sont déplacés grâce à des rouleaux de bois qui roulent sur des rails de bois également. Les blocs sont tirés par un système de cabestan et déplacés à la main avec des fers recourbés. Les morceaux irréguliers de pierre sont emportés dans des wagonnets.

Le "rocteux" peut alors commencer sont travail. Il fend la pierre avec des coins et des serreurs: c'est ce que l'on appelle "faire un serrage". Le bloc est alors fendu en frappant le coin à l'aide de la masse. Cette action se dénomme "rocter" (équarrir).

Le fendage.

Afin de pouvoir fendre en ligne droite, le tailleur de pierre trace sur la roche une ligne droite à l'aide d'une règle et d'un coin arrondi. Prudemment, il faut alors marteler les coins de fendage tout le long de l'entaille. La parois fendue est alors aplanie grâce au martelage avec une pointe.

Un bloc est de préférence fendu à l'emplacement d'une cassure naturelle que l'on repère grâce à la présence de filets poussièreux (le marbre est alors "moucheté"). Parfois , des inclusions de schiste apparaissent également dans le marbre: l'ouvrier doit les "boucharder" (gratter) et les remplir de mastique est respectant la couleur du marbre.

Le marbre prêt au sciage est placé entre deux colonnes qui supportent le fil hélicoïdal. Le fil est "ravalé" (descendu) jusqu'à la surface supérieure qu'il ronge peu à peu. Le fil est arrosé constamment avec un mélange d'eau et de sable qui s'égoutte d'un bac surplombant le fil.

Les blocs de marbre sont alors rassemblés avec une grue sur une aire de stockage où ils sont numérotés en attendant leur commercialisation.

Crochet pour le déplacement des blocs de marbre.

Déplacement des blocs de marbre sur traineau.